Médiathèque baha'ie

La vision qui guide notre action

Synthèse du Département du Secrétariat de
l'Assemblée Spirituelle Nationale des baha'is de France
avec un choix de citations de la Maison Universelle de Justice


février 2003


Sommaire

1. Résumé
2. Le contexte global
2.1. Le Plan Majeur de Dieu
2.2. La société non baha'ie
2.3. Le plan mineur de la communauté baha'ie
3. Le caractère particulier du XXème siècle
3.1. Le siècle de lumière
3.2. Se préparer au XXIème siècle
4. Le tournant de 1996
4.1. Le début de la systématisation
4.2. La libération de l'esprit humain
4.3. Le troisième acteur
5. Le changement de culture
5.1. L'entrée dans la cinquième époque
5.2. L'Occident à la traîne
5.3. L'individu
5.4. Les institutions
5.4.1. Les institutions et l'entrée en troupes
5.4.2. Les institutions et la communauté
5.4.3. Une approche renouvelée de la planification
5.5. La communauté
5.5.1. Attirer par l'exemple
5.5.2. Le début du processus de construction communautaire
5.6. Changer dans la continuité
5.7. Le second pilier
6. L'unité et la justice
6.1. L'unité est le fruit d'un travail
6.2. L'unité ne va pas sans la justice

Le présent document est une synthèse d'un certain nombre d'éléments de vision donnés par la Maison Universelle de Justice dans l'ensemble de ses messages et publications depuis 1996, année du lancement de l'expansion systématique. Une seule citation parmi toutes celles utilisées est antérieure à 1996, ce qui montre que tous ces éléments de vision sont plus que jamais d'actualité.

Le Département du Secrétariat pense que cette synthèse, en dépit de ses imperfections, pourra aider les amis à mieux cerner la teneur du changement de culture qui nous est demandé par la Maison Universelle de Justice, à l'occasion de l'entrée dans la cinquième époque de l'âge de formation de notre communauté mondiale. Elle ne résout pas, toutefois, les problèmes d'organisation interne de la communauté, ces derniers étant destinés à être solutionnés à travers le processus d'apprentissage dans lequel tous les baha'is du monde sont engagés.

Les traductions, notamment celles des extraits de "Century of Light", doivent être considérées comme des traductions de courtoisie.


1. Résumé

Les forces mises en action par la volonté divine ont ébranlé le monde au cours du vingtième siècle et ont mis en place les fondations pour construire une nouvelle société, basée sur les principes inséparables d'unité et de justice. Elles ont également permis à la communauté mondiale baha'ie d'émerger de l'obscurité en tant que religion mondiale. Cette étape étant franchie, la Maison Universelle de Justice appelle les baha'is du monde entier à ce qu'elle nomme elle-même un changement de culture, pour aborder cette tâche entièrement nouvelle qu'est l'expansion systématique à travers la construction communautaire et l'enseignement à grande échelle.

Le changement de culture résultera d'une collaboration étroite entre les deux piliers de l'ordre administratif baha'i. Les points principaux en sont les suivants :

Chaque baha'i est appelé, dans le cadre du développement de la civilisation mondiale de Baha'u'llah, à passer du stade de spectateur à celui d'acteur. La passivité héritée depuis de nombreuses générations n'a plus sa place.

Chaque baha'i est appelé à comprendre le sens du profond changement qui s'est opéré dans le monde au cours du XXème siècle, afin d'être en mesure de relever les défis que le XXIème siècle va apporter.

Chaque institution (ASN et ASLs) est appelée à anticiper et accompagner l'entrée en troupes.

Chaque institution est appelée à plus de perception spirituelle dans sa démarche de planification.

Baha'is et institutions sont appelés à développer une volonté collective pour bâtir des communautés qui, en tant qu'unités de civilisation, serviront d'exemple au reste du monde et seront ouvertes, prêtes à intégrer les nouveaux arrivants.


2. Le contexte global
2.1. Le Plan Majeur de Dieu


Le Plan Majeur de Dieu mène l'humanité vers son unité et sa maturité, à travers des forces d'intégration et de désintégration, en dehors du contrôle des hommes. Au sein de ce Plan Majeur, se trouve le processus qui conduit à la Moindre Paix.

La Moindre Paix (paix politique) ne sera pas établie directement par la communauté baha'ie mais celle-ci doit néanmoins donner une impulsion spirituelle pour favoriser sa venue.

"Le Plan majeur s'accompagne de turbulences et de calamités et se développe apparemment de façon aveugle et chaotique, mais en fait il conduit inexorablement l'humanité vers l'unité et la maturité. Ses principaux exécutants sont les gens qui ignorent tout de son action et sont même hostiles à son objectif. Comme Shoghi Effendi l'a indiqué, le Plan majeur de Dieu se sert à la fois " des puissants et des humbles comme pions dans son jeu de construction du monde, pour la réalisation de son objectif immédiat et l'établissement ultime de son Royaume sur terre ". L'accélération des processus qu'il génère provoque des développements qui sont pour nous les baha'is, malgré toute la douleur et la souffrance qui les accompagnent au début, les signes de l'émergence de la moindre paix"
MUJ, Ridvan 1998

"Il est vrai que l'établissement de la moindre paix ne dépend d'aucun plan, ni d'aucune action baha'is et qu'elle n'est pas le but ultime que l'humanité est destinée à connaître dans son âge d'or. Néanmoins, notre communauté a la responsabilité de donner une impulsion spirituelle aux processus qui conduiront à cette moindre paix."
MUJ, Ridvan 1996


2.2. La société non baha'ie

La société non baha'ie, qui ne bénéficie pas de la vision de la Maison Universelle de Justice, est totalement désemparée et effrayée par ce qu'elle perçoit du Plan Majeur.

"le contraste entre la vision confiante animant les efforts constructifs d'une communauté éclairée et les peurs confuses saisissant des millions et des millions d'êtres qui n'ont pas encore pris conscience du jour dans lequel ils vivent. N'ayant aucune source véritable pour les guider, ils s'appesantissent sur les horreurs de ce siècle, désespérant de leur possible signification pour l'avenir, réalisant à peine que ce siècle même contient une lumière qui éclairera les siècles à venir. Mal outillés pour interpréter les troubles sociaux qui agitent toute la planète, ils écoutent les experts en erreur et sombrent davantage dans un bourbier de découragement. Troublés par des pronostics de malheur, ils luttent avec les fantômes d'une imagination mal informée. Ignorant tout de la vision transformatrice octroyée par le Seigneur de l'Age, ils avancent en trébuchant, aveugles au caractère sans pareil de ce nouveau Jour de Dieu."
MUJ, Ridvan 1999

"Aussi court que soit le chemin vers la paix, il sera tortueux ; aussi prometteur que puisse être l'événement qui y conduira, cette paix, devra mûrir et passer par une longue période d'évolution, avec ses inévitables épreuves, ses reculs et ses conflits, avant d'émerger, sous l'influence directe de la Foi de Dieu, comme la Plus Grande Paix. Entre-temps, partout, les gens seront plongés dans le désespoir et la perplexité avant de pouvoir saisir la nature de la transition en cours. Nous qui sommes illuminés par la nouvelle Révélation, nous avons les Textes sacrés pour nous convaincre, un Plan divin pour nous guider et tout un passé valeureux pour nous encourager."
MUJ, Ridvan 1996


2.3. Le plan mineur de la communauté baha'ie

Dieu a bien voulu conférer à la communauté baha'ie la tâche de redonner une vie spirituelle au corps inerte de l'humanité. C'est le plan mineur, que les baha'is exécutent sous la direction divinement inspirée de la Maison Universelle de Justice.

Le plan mineur se décompose en une longue succession de plans qui couvrent les âges successifs dans lesquels passe la communauté baha'ie (âge héroïque, âge de formation et âge d'or). La fin de l'âge actuel de formation coïncidera avec la consolidation du processus menant vers la moindre paix.

"Contrairement à son Plan majeur, qui opère mystérieusement, le Plan mineur de Dieu est clairement tracé, se déroule selon des processus-règles bien connus, et nous a été donné à exécuter. Son objectif ultime est la Plus Grande Paix."
MUJ, Ridvan 1998

"Nous savons par Shoghi Effendi que deux grands processus sont en cours dans le monde : le grand Plan de Dieu, tumultueux dans sa progression, agissant à travers l'ensemble de l'humanité, arrachant les barrières qui font obstacle à l'unité mondiale et forgeant le genre humain en un corps unifié, dans le feu de la souffrance et de l'expérience vécue. A l'heure voulue par Dieu, ce processus conduira à la moindre paix, à l'unification politique du monde. A ce moment-là, l'humanité pourra être comparée à un corps unifié mais sans vie. Le second processus, la tâche consistant à insuffler la vie à ce corps unifié - à créer l'unité et la spiritualité véritables, culminant dans la plus Grande Paix - incombe aux baha'is qui, munis d'instructions détaillées et de la direction divine qui leur est accordée en permanence, oeuvrent consciemment à édifier la structure du royaume de Dieu sur la terre, auquel ils convient leurs semblables, leur conférant ainsi la vie éternelle.
L'élaboration du grand Plan de Dieu se poursuit mystérieusement par des voies fixées par Lui seul, mais le plan mineur qu'Il nous a chargé d'accomplir, notre contribution à son grand dessein pour le salut de l'humanité, est clairement tracé. C'est à ce but que nous devons consacrer toute notre énergie, car il n'y a personne d'autre pour le faire"
MUJ, 8 décembre 1967

"Pour ne pas vous laisser préoccuper, ni détourner par les événements rigoureux de cet âge de transition, gardez toujours présent à l'esprit le conseil de notre guide infaillible, Shoghi Effendi : " Ce n'est pas à nous, chétifs mortels que nous sommes, de tenter, à un stade aussi critique de la longue et si diverse histoire de l'Humanité, de parvenir à une compréhension précise et satisfaisante des démarches successives qui doivent conduire, de son calvaire à son ultime résurrection, une humanité blessée, misérablement oublieuse de son Dieu et insouciante de Baha'u'llah... . C'est plutôt notre tâche, si confuse que soit la scène, si sombres que soient les perspectives, et si limitées les ressources dont nous disposons, de travailler sans relâche, dans la sérénité et la confiance pour coopérer, de quelque manière que les circonstances puissent nous le permettre, à faire sortir l'Humanité de la vallée de la misère et de la honte, pour la conduire aux cimes les plus hautes de la puissance et de la gloire. "" MUJ, Ridvan 1996

"Le développement progressif de la moindre paix, y compris sa consolidation, est expliqué dans la déclaration du Gardien renfermée dans sa lettre de Ridvan È.B. 105 adressée aux amis en Orient, en ce qui concerne la durée de l'âge de formation :
'Sa durée est inconnue et reste cachée dans le trésor de la connaissance de Dieu. Sa fin coïncidera avec l'établissement de cet ordre très parfait, très puissant, en Orient et en Occident, l'apparition resplendissante de l'unité organique parmi les parties composantes de la société humaine, et la consolidation des fondations de la moindre paix parmi les gouvernements et nations du monde.'"
DS de la MUJ, 19 avril 2001


3. Le caractère particulier du XXème siècle
3.1. Le siècle de lumière


Abdu'l Baha a qualifié le XXième siècle de siècle de lumière car c'est au cours de ce siècle que le principe de l'unité du genre humain a été fermement établi (cinquième flambeau de la tablette des sept flambeaux : l'unité des nations). C'est un siècle qui a vu la communauté mondiale baha'ie commencer à se former, puis émerger de l'obscurité. Le Plan Majeur et le plan mineur se sont déroulés en occasionnant d'énormes transformations.

On ne peut pas laisser passer ce siècle sans se retourner un instant, pour réfléchir et tenter de comprendre la portée de ce qui s'est réellement passé. La Maison Universelle de Justice insiste sur cette nécessaire réflexion de la part des baha'is et écrit un ouvrage magistral à leur intention, rempli d'analyses particulièrement éclairantes : Century of Light.

"L'image utilisée par Abdu'l Baha pour faire comprendre à ses interlocuteurs la transformation à venir de la société, était celle de la lumière. 'L'unité', a-t-il déclaré, 'est la puissance qui illumine et qui accélère le développement de toutes les formes d'entreprises humaines'. Le siècle qui débutait serait considéré dans le futur comme le 'siècle de lumière', car, pendant son déroulement, l'unité du genre humain serait réalisée. Avec cette fondation en place, le processus de construction d'une société mondiale incarnant le principe de justice va commencer."
MUJ, Century of Light

"Il est vrai qu'`Abdu'l Baha a fait des déclarations reliant l'établissement de l'unité des nations au vingtième siècle. Par exemple : " Le cinquième flambeau est l'unité des nations - une unité qui sera fermement établie dans le courant de ce siècle et qui entraînera tous les peuples du monde à se considérer comme les citoyens d'une même patrie. "Et dans The Promised Day is Come, suite à une déclaration semblable citée dans Les Leçons de Saint-Jean d'Acre, Shoghi Effendi fait le commentaire : " C'est le stade que le monde est maintenant en train d'atteindre, le stade de l'unité mondiale qui, comme nous l'assure `Abdu'l Baha, sera, au cours de ce siècle, fermement établi. "
Cependant, la réalisation de l'unité des nations ne devrait pas être considérée comme étant synonyme de l'établissement de la moindre paix. En réponse à une question de savoir quand la moindre paix arriverait, Shoghi Effendi a affirmé, dans une lettre écrite de sa part en 1946, que : " Tout ce que nous savons, c'est que la moindre paix et la plus grande paix vont bel et bien venir- nous ignorons les dates exactes de leur avènement. ""
DS de la MUJ, 19 avril 2001

"En exaltant le potentiel sans précédent du vingtième siècle, le Maître bien-aimé a affirmé qu'il laisserait à tout jamais des traces."
MUJ, Ridvan 1998

"ce siècle même contient une lumière qui éclairera les siècles à venir"
MUJ, Ridvan 1999

"Nous gardons en nous un souvenir sacré et durable du vingtième siècle qui stimule notre énergie tout en nous montrant le chemin à suivre: c'est celui de ce moment fécond dans l'histoire de l'humanité, lorsque le Centre de l'Alliance de Baha'u'llah, conçut, durant un ministère sans égal, l'architecture d'un nouvel ordre mondial et lorsque par la suite, durant quelques unes des années les plus dévastatrices, le Gardien de la Foi consacra toute son énergie à élever les structures d'un système administratif qui, en cette fin de siècle, est visible aux yeux du monde dans la plénitude de sa forme essentielle."
MUJ, Ridvan 2000

"Un siècle qui mérite une réflexion de la part de chaque baha'i qui souhaite comprendre les forces tumultueuses qui ont influencé la vie de la planète et le processus de la Cause elle-même, à une période cruciale dans l'évolution sociale et spirituelle de l'humanité. En guise de soutien à un effort si louable, une vue d'ensemble du vingtième siècle a été préparée, à notre demande et sous notre direction, intitulée Century of Light"
MUJ, Ridvan 2001

"Ce que les luttes du vingtième siècle sont parvenues à accomplir, c'est le changement de direction fondamental requis par la volonté divine. Ce changement est irréversible. Il n'y a pas de chemin de retour vers un état de choses antérieur, quelle que soit la vigueur avec laquelle certains éléments de la société ont pu, de temps en temps, être tentés d'en chercher un."
MUJ, Century of Light


3.2. Se préparer au XXIème siècle

Les défis auxquels la communauté baha'ie sera confrontée au XXIème siècle seront immenses. C'est précisément pour s'y préparer que les baha'is sont invités à étudier et à comprendre le XXème siècle, sans compter qu'ils devront le faire comprendre aux non-baha'is désorientés. Agir sans comprendre n'a pas de valeur, et sans doute également pas d'effet. L'effort de compréhension qui nous est demandé traduit la nécessité d'une plus grande maturité spirituelle.

"C'est seulement lorsque l'humanité parviendra à comprendre la portée de ce qui est advenu pendant cette période de l'histoire, qu'elle sera capable de relever les défis à venir. La contribution que nous pouvons apporter à ce processus en tant que baha'is n'a de réelle valeur que si nous parvenons à saisir le sens de cette transformation historique mise en oeuvre par le vingtième siècle"
MUJ, Century of Light

"Droit devant nous se profilent des horizons qui exhortent instamment la communauté à des accomplissements encore plus grands dans ce court laps de temps qui la sépare du centenaire [année 2021]. Ces sommets peuvent et doivent être gravis. Le Plan de cinq ans, auquel nous demandons aux amis de par le monde d'accorder sans plus tarder une attention soutenue, est destiné à relever ce défi."
MUJ, Ridvan 2001

"Bien que les luttes de ces dernières années étaient relativement modestes (tout du moins lorsqu'on les compare à celles de l'Age héroïque), elles apportent à la génération actuelle de baha'is une image de ce que Shoghi Effendi décrit comme la nature cyclique de l'histoire de la Foi :'Une série de crises internes et externes, de gravités diverses, dévastatrices dans leurs effets immédiats, chacune cependant libérant une mesure de puissance divine, conférant par là une nouvelle impulsion à son déroulement'. Ces mots mettent en perspective la succession d'efforts, d'expériences, de déchirements et de victoires qui a caractérisé le commencement de l'enseignement à grande échelle, et préparé la communauté baha'ie pour les défis bien plus importants à venir."
MUJ, Century of Light

"S'il plaît à Dieu, nos frères et soeurs iraniens seront sous peu libérés du joug qu'i1s supportent encore et connaîtront alors les gloires et les merveilles d'une victoire que seule la Beauté bénie peut octroyer. Leur expérience est un signe et un exemple pour nous tous, où que nous vivions ; car, un jour ou l'autre, le Maître nous l'a dit, l'opposition se dressera sur tous les continents. Il se peut qu'elle diffère suivant les lieux, mais elle sera féroce, sans aucun doute."
MUJ, Ridvan 1996

"C'était en dépit de la plus intense résistance à tous les niveaux de la société, tant parmi les gouvernants que parmi les gouvernés, que les changements politiques, sociaux et conceptuels des cent dernières années ont été accomplis. En définitive, ils furent accomplis seulement au prix de terribles souffrances. Il serait irréaliste d'imaginer que les défis à venir n'exigeront pas un encore plus grand prix de la part de la race humaine, qui cherche encore, par tous les moyens dont elle peut disposer, à éviter les implications spirituelles de l'expérience qu'elle est en train de vivre."
MUJ, Century of Light

"présage des splendeurs encore inimaginables destinées à se dévoiler au cours du vingt et unième siècle"
MUJ, Ridvan 1996 aux baha'is d'Europe


Quelle que soit la teneur des défis du XXIème siècle, la Maison Universelle de Justice ne tombe jamais dans le catastrophisme. Elle nous encourage toujours à persévérer, sans prêter attention aux obstacles, certains du résultat final.

"Une communauté si riche, si expérimentée, si concentrée sur un plan d'action divinement inspiré se trouve face à un monde dont les habitants ont, depuis les événements de mai 2001 en Terre sainte, sombré plus profondément dans un bourbier de désordres multiples. Et pourtant, c'est précisément dans ces conditions apparemment hostiles que la Cause est destinée à progresser et qu'elle prospèrera. […] La Beauté bénie ne nous a-t-elle pas fortifiés et rassurés par de puissants mots ? " Ne souffrez pas que les événements du monde vous attristent ", nous conseille-t-il avec amour. " Je jure par Dieu ! " continue-t-il, " La mer de joie soupire d'atteindre votre présence, car toute bonne chose a été créée pour vous et selon les besoins de l'époque, elle vous sera dévoilée. "
Sans avoir le moindre doute, sans prêter attention aux obstacles sur le chemin, persévérez, donc, avec le plan en cours."
MUJ, Ridvan 2002


4. Le tournant de 1996
4.1. Le début de la systématisation


Dans son ouvrage "Century of Light", la Maison Universelle de Justice raconte comment, depuis sa création en 1963, elle a piloté l'expansion de la communauté baha'ie. Elle met en lumière le changement de cap opéré au lancement du plan de 4 ans, en 1996. Jusque là, pendant une période d'environ trente ans, il avait fallu mener différentes expériences en matière d'enseignement, de consolidation, de développement socio-économique, etc… Ce qui marchait à un endroit ne marchait pas forcément dans un autre, ou ce qui convenait aux occidentaux était remis en question par les modèles culturels africains ou asiatiques. Au fur et à mesure que la Foi embrassait de nouvelles populations, de nouveaux défis inattendus surgissaient et apportaient leurs enseignements.

Ainsi, tant que la communauté n'avait pas suffisamment intégré la pensée et la culture des différents peuples de la planète, son expansion ne pouvait se faire que par à-coups, en multipliant les expériences, sans savoir à priori lesquelles rencontreraient le succès. En 1996, la Maison Universelle de Justice estime qu'elle a suffisamment appris et qu'il est temps de mettre en place une stratégie d'expansion unique partout dans le monde. C'est le début de l'expansion systématique. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus rien à apprendre, mais que tous les baha'is entreprennent les mêmes types d'action et apprennent en même temps. Il y a un processus d'apprentissage mondial, piloté par la Maison Universelle de Justice.

Le but de cette expansion systématique est l'entrée en troupes, qui doit nécessairement précéder l'arrivée des masses de la population au sein de la communauté baha'ie. Quant à la raison, la Maison Universelle de Justice estime que c'est une question d'efficacité et d'urgence.

"La signification de ces trois décennies de lutte, d'apprentissage et de sacrifice devint apparente quand le moment arriva d'établir un plan mondial qui capitaliserait l'expérience et les ressources développées jusqu'ici. La communauté baha'ie qui s'engagea dans le Plan de quatre ans, en 1996, était devenue très différente de celle qui, nouvelle et inexpérimentée malgré son ardeur, s'était aventurée en 1964, dans la première de ces entreprises à n'être plus soutenue par Shoghi Effendi. En 1996, il devenait possible de voir tous les composantes distinctes de l'action des baha'is, comme les parties intégrantes d'un tout cohérent."
MUJ, Century of Light

"Le Plan de quatre ans, qui a constitué une avancée majeure par rapport à ceux qui l'ont immédiatement précédé, a été conçu pour tirer partie des circonstances et de la perspective ainsi offerte. L'objectif de faire avancer le processus d'entrée en troupes devint l'unique but de cette entreprise. Les leçons qui avaient été apprises au cours des plans précédents contribuaient à mettre l'accent sur le développement des capacités des croyants, où qu'ils soient, de façon à ce qu'ils puissent se lever, tels des acteurs confiants, pour le travail de la Cause."
MUJ, Century of Light

"Mais pour réaliser l'entrée en troupes, il est également d'une importance cruciale d'adopter une approche réaliste et une action systématique. Il n'y a plus de raccourcis. La systématisation assure une cohérence de lignes d'action basées sur des plans bien conçus. D'une manière générale, elle implique une approche méthodique dans tout ce qui touche au service baha'i, que ce soit l'enseignement ou l'administration, l'effort individuel ou collectif. Tout en permettant l'initiative individuelle et la spontanéité, elle suggère le besoin de lucidité, de méthode, d'efficacité, de persévérance, d'équilibre et d'harmonie. La systématisation est un mode de fonctionnement nécessaire, imposé par l'urgence à agir."
MUJ, Ridvan 1998

"En associant cercles d'études, réunions de prières et classes d'enfants dans le contexte des groupements, un modèle cohérent de lignes d'action s'est mis en place et donne déjà des résultats réjouissants. L'application de ce modèle dans le monde entier réserve, nous en sommes certains, d'immenses possibilités pour le progrès de la Cause dans les années à venir."
MUJ, Ridvan 2002

"tant que l'entrée en troupes ne sera pas plus largement poursuivie, les conditions ne seront pas mûres pour une conversion en masse, cette percée que promet Shoghi Effendi dans ses écrits."
MUJ, Ridvan 2000

"Ne doutons pas un seul instant que ce à quoi nous assistons n'est autre que l'accélération du mouvement d'entrée en troupes de l'humanité dans la Cause, celui-là même que Baha'u'llah annonçait dans sa tablette au Roi de Perse, que le Maître anticipait avec ardeur et que le Gardien décrivait comme étant le prélude nécessaire à la conversion en masses. A la tête de ce mouvement, il y a précisément ces groupements qui, bien qu'encore relativement peu nombreux, sont désormais prêts à initier des programmes intensifs de croissance."
MUJ, 17 janvier 2003


4.2. La libération de l'esprit humain

Nous qui vivons actuellement le déroulement du plan de cinq ans, nous pouvons constater que la systématisation de l'expansion de la communauté baha'ie passe par un découpage de chaque pays du monde en de nombreux groupements sectoriels. Aussi important que cela soit, il a fallu attendre le plan de cinq ans pour que la Maison Universelle de Justice nous invite à mettre en place cette stratégie. Il n'en a pas été question dans le plan de quatre ans, qui était pourtant le premier plan de l'expansion systématique, ni même d'ailleurs dans le plan de douze mois qui a suivi. C'est donc qu'il y avait quelque chose de plus important et de plus prioritaire à mettre en place. Il s'agit en l'occurrence des instituts de formation.

C'est sans doute l'ouvrage "Century of Light" qui donne la vision la plus claire et la plus saisissante de l'objectif qui est poursuivi à travers la mise en place des instituts. Les mots peuvent frapper mais il ne s'agit rien de moins que de libérer l'esprit humain de l'esclavage auquel il est soumis depuis toujours. Les révélations précédant celle de Baha'u'llah, bien que contenant potentiellement les moyens de cette libération, ont été bridées par l'ego démesuré des élites politiques et religieuses de tous temps, qui se nourrissaient de cet asservissement. Cette fois, le pouvoir de l'Alliance est tel que la libération est inéluctable. Les hommes, jusqu'ici spectateurs passifs, dans leur immense majorité, de l'avancement de la civilisation, vont pouvoir devenir des acteurs. Il n'y a évidemment rien à voir avec ce que nous entendons communément dans les entreprises ou les administrations, par l'expression "formation des ressources humaines".

La passivité est si fortement ancrée dans l'inconscient collectif que la Maison Universelle de Justice doit mettre en place un système d'instituts pour tous, baha'is comme non-baha'is, comme on mettrait un malade très affaibli en urgence sous perfusion.

La première expérience significative d'institut a eu lieu pendant 10 ans en Colombie avec l'institut Ruhi. Le fait de systématiser cette expérience en la généralisant au monde entier devrait doper le processus d'apprentissage et faire rapidement des cercles d'étude un outil unique et merveilleux, au centre du plan mineur, pour transformer des spectateurs en acteurs.

"L'expansion de la Cause au cours des trois précédentes décennies s'est effectuée à travers la réponse de plusieurs millions d'êtres humains qui ont été touchés par leur rencontre avec le message de Baha'u'llah, au point où ils se sont sentis poussés à s'identifier, à des degrés divers, à la Cause de Dieu. Ils étaient conscients qu'un nouveau messager de Dieu était apparu, avaient capté une part de l'esprit de la Foi et avaient été fortement touchés par le principe de l'unité du genre humain. Une petite minorité d'entre eux avait réussi à parvenir au-delà de ce point. Pour la plupart, cependant, ces amis étaient essentiellement les bénéficiaires de programmes d'enseignement, conduits par des enseignants et des pionniers de l'extérieur. Une des plus grandes forces de la masse d'êtres humains au sein de laquelle figuraient les nouveaux déclarés, consiste en une ouverture de coeur qui a le potentiel d'engendrer des transformations sociales durables. Le principal handicap de ces mêmes populations a été jusqu'à présent une passivité, apprise à travers des générations d'exposition à des influences externes qui, quels que soient les avantages matériels qu'elles procuraient, poursuivaient des objectifs qui n'étaient souvent que faiblement, voire pas du tout, reliés aux réalités des besoins et des vies quotidiennes des populations locales."
MUJ, Century of Light

"A travers l'histoire, les masses de l'humanité ont été, au mieux, spectatrices de l'avancement de la civilisation. Leur rôle s'est cantonné à servir les desseins des élites, quelles qu'elles soient, qui avaient temporairement pris le contrôle de ce processus. Même les Révélations divines qui se sont succédées, et dont l'objectif commun était la libération de l'esprit humain, ont été, en leur temps, pris en otage par l'ego insistant, emprisonnées dans des dogmes qui n'étaient que créations humaines, des rituels, des privilèges cléricaux et des querelles sectaires, et sont arrivées à leur terme sans que leur but ultime soit accompli.
Baha'u'llah est venu pour libérer l'humanité de ce long asservissement, et les décennies qui ont clôturé le vingtième siècle ont été consacrées par la communauté de ses adeptes à des expériences créatives destinées à réaliser Son but. La bonne marche du Plan Divin n'exige pas moins que l'implication de l'ensemble du genre humain dans son propre développement spirituel, social et intellectuel. Les épreuves rencontrées par les communautés baha'ies au cours des décennies qui ont suivi l'année 1963 sont du type de celles qui sont nécessaires pour recadrer l'effort et purifier la motivation, rendant ainsi les acteurs dignes d'une telle mission."
MUJ, Century of Light

"mettre l'accent sur le développement des capacités des croyants, où qu'ils soient, de façon à ce qu'ils puissent se lever, tels des acteurs confiants, pour le travail de la Cause"
MUJ, Century of Light

"Il est donc d'une importance vitale de rechercher systématiquement des méthodes pour éduquer de grands nombres de croyants dans les vérités fondamentales de la Foi, et pour les former et les aider à servir la Cause dans la mesure des talents dont Dieu les a dotés."
MUJ, Ridvan 1996

"l'institut de formation parvient non seulement à mettre en valeur les capacités de chacun, mais également à donner de la vitalité aux communautés et aux institutions. Aussi le développement continu des instituts de formation dans les différents pays et territoires du monde doit-il figurer au centre du nouveau plan"
MUJ, 9 janvier 2001

"Les cercles d'étude, renforcés par des cours supplémentaires et campagnes spécifiques, ont prouvé leur capacité à servir de charpente au processus d'éducation spirituelle à la base." MUJ, 9 janvier 2001


4.3. Le troisième acteur

C'est au lancement de l'expansion systématique, à Ridvan 1996, que la Maison Universelle de Justice a présenté au monde baha'i la "communauté", un troisième acteur dans le plan mineur, en plus des deux jusque là habituellement identifiés, à savoir l'individu et les institutions. L'attention étant focalisée sur la mise en place des instituts, ce nouvel acteur est passé relativement inaperçu pendant le plan de quatre ans. C'est avec le plan de cinq ans qu'il rentre véritablement en scène. Le groupement sectoriel est une communauté.

"des progrès marquants dans l'activité et le développement du croyant individuel, des institutions et de la communauté locale"
MUJ, Ridvan 1996

"les trois éléments constitutifs dans l'édification de l'Ordre de Baha'u'llah - l'individu, les institutions et la communauté"
MUJ, Ridvan 1996

"un influx constant de nouveaux adhérents, une évolution ininterrompue des Assemblées baha'ies et une consolidation constante de la communauté"
MUJ, Ridvan 1996

"les trois participants constitutifs de ce Plan - l'individu, les institutions et la communauté locale"
MUJ, Ridvan 2000

"L'individu, les institutions et la communauté locale sont vivement encouragés à concentrer leur attention sur ces tâches essentielles"
MUJ, Ridvan 2000

"L'accélération de ce processus vital sera réalisée par une systématisation des activités menées par les trois acteurs du plan: le croyant individuel, les institutions et la communauté."
MUJ, 9 janvier 2001

"l'institut de formation parvient non seulement à mettre en valeur les capacités de chacun, mais également a donner de la vitalité aux communautés et aux institutions."
MUJ, 9 janvier 2001

"Les programmes initiés dans de telles zones doivent viser à alimenter une croissance durable en créant les compétences nécessaires aux niveaux individuel, institutionnel et communautaire"
MUJ, 9 janvier 2001

"Il requiert une accélération de ce processus vital, et de surcroît, met l'accent sur la continuité entre les efforts systématiques fournis par ses trois participants constitutifs : le croyant, les institutions et la communauté"
MUJ, Ridvan 2001

"les groupements déjà ouverts à la Foi se concentrent sur leur développement interne, organisé par le travail complémentaire des trois éléments constitutifs du Plan: l'individu, les institutions et la communauté"
MUJ, Ridvan 2002

"la capacité des institutions à utiliser ces ressources au service de la communauté"
MUJ, 17 janvier 2003


5. Le changement de culture
5.1. L'entrée dans la cinquième époque


Lorsque le capitaine d'un gros navire décide de donner un coup de barre pour effectuer un changement de cap, il faut attendre un certain temps avant que le navire se mette effectivement à virer, à cause de son inertie. L'annonce par la Maison Universelle de Justice de l'entrée de la communauté baha'ie dans la cinquième époque de son âge de formation évoque un peu cette image. Le coup de barre a été donné en 1996, sous l'impulsion de l'Institution suprême, mais il a fallu cinq ans pour que celle-ci ressente au sein de la communauté les signes d'un changement spirituel annonciateur d'une époque nouvelle.

Le terme qu'elle a alors choisi d'utiliser pour fixer cette transformation dans les esprits est "changement de culture". Elle a même commencé à l'employer un an à l'avance, comme pour anticiper ce passage tant attendu.

La nouvelle culture est qualifiée de "culture de croissance".

"Alors qu'approchait le temps de la conférence, il y eut des signes indiquant que la Foi était arrivée a un point dans son développement au-delà duquel un nouvel horizon s'ouvrait devant nous. Ces indices furent mentionnés a Ridvan dernier, dans notre rapport au sujet du changement de culture que connaissait la Communauté Bahà'ie, alors qu'émergeaient les Instituts de Formation, que s'achevaient les travaux de construction sur le Mont Carmel et que se synchronisaient plus complètement les processus internes de consolidation institutionnelle et les processus externes tendant vers l'unité mondiale. Ces indices ont été développés dans le Message que nous avons adressé il y a quelques jours a la conférence des Corps Continentaux des Conseillers.
Mais l'extraordinaire dynamique a l'oeuvre tout au long de la conférence a concrétisé ces signes en une réalité reconnaissable. C'est dans un esprit d'exultation que nous nous sentons poussés a vous annoncer ceci : la Foi de Bahà'u'llàh entre maintenant dans la cinquième "Époque" de son "Âge de Formation".
La reconnaissance de ce jalon correspond aux modèles que Shoghi Effendi a établis pour marquer les mesures du temps dans l'histoire de la Cause; il prévoyait parmi ceux-ci une succession d'époques survenant au cours de l'Age de Formation. Cela doit remplir chaque disciple dévoué de Baha'u'llah de joie et d'émerveillement de voir que Son Ordre Administratif a atteint un point aussi important a un moment aussi crucial, ou tant de membres de l'Institution des Conseillers sont réunis en une splendide assemblée au Centre Mondial de Sa Foi."
MUJ, 16 janvier 2001

"La culture de la communauté baha'ie a connu un changement.[…] Le principal moteur de ce changement a été le système d'instituts de formation qui a été établi très rapidement à travers le monde - accomplissement qui, dans le domaine de l'expansion et de la consolidation, constitue à lui seul le legs le plus important du Plan de quatre ans"
MUJ, Ridvan 2000

"Les membres de la communauté en sont venus peu à peu à comprendre comment la systématisation faciliterait les processus de croissance et de développement. Cette prise de conscience a constitué un pas énorme qui a conduit à une amélioration des activités d'enseignement et à un changement dans la culture de la communauté."
MUJ, Ridvan 2000

"La formation et l'encouragement, lorsqu'ils sont efficaces, nourrissent une culture de croissance dans laquelle les croyants voient leur devoir d'enseigner comme conséquence naturelle de leur reconnaissance de Baha'u'llah."
MUJ, 9 janvier 2001

"Cette culture naissante veut que les fidèles de Baha'u'llah explorent ensemble les vérités de ses enseignements, ouvrent librement leurs cercles d'études, leurs réunions de prières et leurs classes d'enfants aux amis et voisins, et mettent toute leur confiance dans la mise en oeuvre de plans d'action qui, s'appliquant à l'échelon des groupements sectoriels, font de la croissance un objectif facile à gérer."
MUJ, 9 août 2002

"Les plans de 4 ans et de 12 mois ainsi que le plan de 5 ans en cours ont été conçus pour conduire progressivement la communauté baha'ie à ce changement de culture."
MUJ, 9 août 2002


5.2. L'Occident à la traîne

Un croyant a écrit à la Maison Universelle de Justice le 9 août 2002 pour savoir pourquoi le nombre de croyants n'augmente pas de manière significative dans les communautés occidentales, en citant des passages de "Century of Light". La réponse contient le passage suivant :

"Votre remarque sur le fait que le nombre des baha'is n'augmente pas de manière significative dans les communautés occidentales, même si elle s'applique davantage à certains pays qu'à d'autres, est en grande partie exacte et justifie pleinement le sentiment de tristesse qui vous étreint. Il est en effet douloureux pour des croyants conscients de la puissance du message de Baha'u'llah de voir que certaines grandes communautés baha'ies manquent cruellement des ressources humaines nécessaires pour répondre aux besoins de populations qui cherchent désespérément des solutions à la crise où sombre la société.
Cette réflexion a été un des éléments majeurs qui a poussé la Maison de Justice à rédiger les passages du document 'Century of Light' que vous citez. Ces passages ont pour objectif de familiariser les croyants, où qu'ils se trouvent, avec le changement fondamental de culture auquel des décennies de luttes, de victoires et de déceptions les ont préparés et auquel le plan de quatre ans les a exposé."
MUJ, 9 août 2002

Ce passage relie sans équivoque le changement de culture avec le nécessaire passage de la condition de spectateur à celle d'acteur du développement de la civilisation. Car, en effet, comment douter un seul instant que les fameux passages de "Century of Light" évoqués ici soient ceux cités dans ce document à propos de la libération de l'esprit humain ?

Ainsi, la Maison Universelle de Justice essaye désespérément de faire comprendre aux baha'is occidentaux que leur esprit est encore colonisé par la passivité et l'inconscience, et qu'ils doivent rattraper le reste du monde baha'i dans sa transformation spirituelle, en se consacrant pleinement au processus d'édification des instituts, jusqu'à ce qu'ils deviennent eux aussi des acteurs au sens profond du terme.

"Hélas, l'engagement est encore loin d'être partout satisfaisant. Aussi longtemps que les communautés baha'ies auront du mal à se défaire d'un mode de vie baha'ie révolu depuis longtemps, même s'il a porté ses fruits à une époque, le travail d'enseignement sera dépourvu tant du caractère systématique requis que de l'esprit qui doit animer tout service efficace à la Cause. Identifier à tort la vie communautaire baha'ie au mode d'activité religieuse qui caractérise la société en général (dans lequel les croyants appartiennent à une assemblée de fidèles, s'en remettent pour la direction des affaires religieuses à un ou plusieurs individus censés être qualifiés en la matière, et décident de leur participation personnelle en fonction d'un calendrier dominé par des intérêts de nature très différente) ne peut qu'entraîner une marginalisation de la Foi et priver la communauté de la vitalité spirituelle qu'elle possède."
MUJ, 9 août 2002

Qu'en est-il de la France dans cette exhortation à combattre la passivité ?


5.3. L'individu

Depuis que la Cause existe, l'individu a toujours détenu la capacité et la responsabilité d'agir, et notamment d'enseigner la Foi. Il n'y a pas de raison que cela change. Lorsque la Maison Universelle de Justice le présente en tant que premier acteur du Plan dans son message de Ridvan 1996, elle rappelle ces vérités fondamentales, tout en soulignant qu'il doit agir non seulement en tant que tel, mais également en tant que membre éventuel d'une institution ou tout du moins en tant que soutien de l'action des institutions, et en tant que membre d'une communauté.

Ainsi, le premier acteur du Plan est en quelque sorte inclus dans les deux autres. L'apparition du troisième acteur (la communauté) et la montée en puissance du deuxième (les institutions) confèrent à chaque baha'i individuellement une responsabilité nouvelle. D'où certainement cette exhortation à méditer sur sa préparation au siècle qui commence.

"Le rôle de l'individu est d'une importance unique dans le travail de la Cause. C'est lui qui exprime la vitalité de la Foi dont dépendent le succès du travail d'enseignement et le développement de la communauté. Le commandement de Baha'u'llah, selon lequel chaque croyant doit enseigner sa Foi, confère une responsabilité incontournable qui ne peut être ni transférée ni assumée par aucune institution de la Cause. L'individu seul peut exercer ces aptitudes qui comprennent la capacité de prendre des initiatives, de saisir les opportunités, de forger des amitiés, d'agir personnellement avec d'autres, d'établir des relations, de coopérer avec les autres dans le service commun de la Foi et de la société et de traduire en action les décisions prises par les corps consultatifs. C'est le devoir de l'individu "...qu'il considère soigneusement chaque voie d'approche qu'il pourrait utiliser dans ses tentatives personnelles à capter l'attention, à maintenir l'intérêt et à approfondir la foi de ceux qu'il cherche à amener au sein de la Foi ".
Pour optimiser l'utilisation de ces facultés, l'individu doit faire appel à son amour pour Baha'u'llah, au pouvoir de l'Alliance, à la dynamique de la prière, à l'inspiration et à l'éducation qui découlent de la lecture et de l'étude régulière des Textes sacrés, et à la force transformatrice qui agit sur son âme lorsqu'il s'efforce de se conduire en accord avec les lois et les principes divins. A ceci s'ajoute le fait que l'individu, s'étant vu donner le devoir d'enseigner la Cause, se trouve investi de la capacité d'attirer les bénédictions particulières promises par Baha'u'llah. " Quiconque, en ce jour, ouvre les lèvres, " affirme la Beauté bénie, " pour prononcer le nom de son Seigneur, les armées de l'inspiration divine descendront sur lui du ciel de mon nom, l'Omniscient, le très Sage. Sur lui descendra aussi toute l'Assemblée céleste, chacun de ses membres portant haut un calice de pure lumière
Shoghi Effendi soulignait la nécessité absolue pour les individus d'avoir l'esprit d'initiative et d'action. Il expliquait que sans le soutien, " à la fois sans réserve, continu et généreux " de l'individu, toutes mesures et tout plan de son Assemblée Spirituelle Nationale sont " voués à l'échec ", et le but du Plan divin du Maître est " entravé ". De plus, la force nourrissante de Baha'u'llah Lui-même qui soutient " sera retirée de tout individu qui manque à la longue de se lever pour jouer son rôle. " Ainsi, au coeur même de tout progrès à réaliser, se trouve le croyant, qui possède un pouvoir d'exécution que lui seul peut exercer de sa propre initiative et par une action soutenue. En ce qui concerne le sentiment d'imperfection qui parfois entrave l'initiative individuelle, voici ce que conseille le Gardien dans une lettre écrite de sa part : " par-dessus tout, vous mentionnez le manque de courage et d'initiative de la part des croyants, et un sentiment d'infériorité qui les empêche de s'adresser au public. Ce sont précisément ces faiblesses qu'il souhaite voir les amis surmonter, car celles-ci ne paralysent pas seulement leurs efforts, mais, de fait, contribuent à éteindre la flamme de la foi dans leurs coeurs. Tant que tous les amis ne parviendront pas à prendre conscience que chacun d'eux est capable, à sa propre mesure, de délivrer le Message, ils ne pourront jamais espérer atteindre le but qui leur a été fixé par un Maître sage et affectueux... . Chacun est un enseignant potentiel. Il n'a qu'à utiliser ce que Dieu lui a donné et prouver par-là qu'il est fidèle à sa confiance.""
MUJ, Ridvan 1996


5.4. Les institutions

Deux facteurs contribuent à la montée en puissance du rôle des institutions (ASN et ASL) au cours de la cinquième époque de l'âge de formation : le premier est l'entrée en troupes et le second est l'apparition de la communauté en tant que troisième acteur du Plan.

"les institutions baha'ies locales et nationales ont atteint de nouvelles étapes de leur évolution."
MUJ, Ridvan 2000

5.4.1. Les institutions et l'entrée en troupes

L'entrée en troupes ne peut qu'amener une quantité de nouveaux problèmes dans les villes et pays où elle a lieu. Les institutions seront alors en charge de les résoudre et grandiront à travers les épreuves et autres crises de toutes natures, ce qui ne pourra qu'accélérer l'entrée en troupes, et ainsi de suite. Toutefois, pour que le cycle soit vertueux, il faut que les institutions le pilotent elles-mêmes. Peut-être que parfois, la tempête sera trop forte pour maîtriser complètement le navire mais il faudra tenir la barre fermement en attendant l'accalmie. La Maison Universelle de Justice le rappelle opportunément dans son message de Ridvan 1998 :

"Parfois, il peut sembler que l'opération du Plan majeur perturbe le fonctionnement du Plan mineur, mais les amis ont toutes les raisons de ne pas s'en alarmer. Car ils reconnaissent l'origine de cette turbulence qui ne cesse d'agiter le monde et, selon les paroles de notre Gardien, " reconnaissent sa nécessité, observent avec confiance ses procédés mystérieux, prient ardemment pour que soit mitigée sa sévérité, oeuvrent intelligemment à en apaiser la furie, et anticipent avec une parfaite clarté l'aboutissement des craintes et des espoirs qu'elle doit nécessairement engendrer."
MUJ, Ridvan 1998

L'institution de la cinquième époque ne gère plus la communauté mais plutôt la croissance de la communauté. Plus encore, elle ne se contente pas de gérer. Elle anticipe, elle provoque, elle anime. En un mot, elle est acteur du Plan.

"Quant aux institutions, l'entrée en troupes agira sur elles autant que les institutions agiront sur l'entrée en troupes. L'évolution des Assemblées baha'ies locales et nationales demande actuellement un nouvel état d'esprit, tant de la part de leurs membres que de la part de ceux qui les élisent, car la communauté baha'ie se trouve engagée dans un immense processus historique qui entre dans une phase charnière. Baha'u'llah a donné au monde des institutions qui fonctionnent dans un Ordre appelé à canaliser les forces d'une nouvelle civilisation. Les progrès accomplis vers ce glorieux objectif exige une vaste et continuelle expansion de la communauté baha'ie afin de fournir des moyens adéquats à la maturation de ces institutions. C'est là une question d'une importance pressante pour les disciples déclarés de Baha'u'llah dans tous les pays.
Pour encourager et adapter cette expansion, les Assemblées Spirituelles devront s'élever à un niveau supérieur dans l'exercice de leurs responsabilités en tant que canaux de la direction divine, planificateurs du travail d'enseignement, révélateurs des ressources humaines, bâtisseurs de communautés, bergers aimants des multitudes. Pour atteindre ces objectifs il leur faudra augmenter l'aptitude de leurs membres à se consulter suivant les principes de la Foi ; à rechercher les avis des amis sous leur juridiction ; à promouvoir l'esprit de service ; à collaborer spontanément avec les Conseillers continentaux et leurs auxiliaires ; à cultiver leurs relations extérieures. Le développement de ces institutions doit en particulier se manifester par la multiplication de localités où le fonctionnement d'une Assemblée Spirituelle permet d'améliorer la capacité des croyants à servir la Cause et promouvoir l'unité dans l'action. En résumé, la maturité de l'Assemblée Spirituelle doit se mesurer non seulement à la régularité de ses réunions et l'efficacité de son fonctionnement, mais aussi à l'aune de la croissance continue du nombre de baha'is, à l'efficacité de l'interaction entre l'Assemblée et les membres de sa communauté, à la qualité de la vie spirituelle et sociale qui anime celle-ci et au sentiment général de vitalité d'une communauté engagée dans un processus de développement dynamique et croissant."
MUJ, Ridvan 1996

"à tous les niveaux, les éléments de l'administration baha'ie s'engagèrent dans le processus de planification et passèrent ensuite à l'étape de l'exécution, au cours de laquelle la capacité institutionnelle à faire face à l'entrée en troupes dût être créée."
MUJ, Ridvan 2000


5.4.2. Les institutions et la communauté

Le deuxième acteur du Plan (les institutions) est inclus dans le troisième (la communauté). Et le rôle crucial attribué au troisième fait rejaillir une responsabilité nouvelle sur le deuxième : celle de mettre à profit l'énergie et les talents des ressources humaines apportées par l'institut. Cette responsabilité justifie à elle seule la nouvelle approche du concept de planification préconisée maintenant par la Maison Universelle de Justice.

"Des perspectives palpitantes s'ouvrent ainsi aux assemblées spirituelles locales. Le défi qu'elles sont appelées à relever consiste à mettre à profit, en collaboration avec les membres du Corps Auxiliaire chargés de leur fournir conseils et assistance, l'énergie et les talents des ressources humaines de plus en plus nombreuses disponibles dans leurs zones de juridiction respectives, tant pour dynamiser la vie communautaire que pour commencer à agir sur la société qui les entoure."
MUJ, 17 janvier 2003


5.4.3. Une approche renouvelée de la planification

La quatrième époque de l'âge de formation était caractérisée par le fait que la Maison Universelle de Justice avait transféré aux communautés nationales, devenues plus matures, la charge qu'elle se réservait auparavant, consistant à fixer les objectifs des plans. Les ASN avaient associé les ASL dans cette démarche de fixation des objectifs et une liste nationale d'objectifs, tant qualitatifs que quantitatifs, finissait par être envoyée au centre mondial et distribuée à chaque croyant. Parfois, les ASL avaient également leur propre liste d'objectifs locaux.

Chacun voyait bien toutefois que l'institution suprême ne procédait pas de la même façon pour sa propre planification, ni d'ailleurs Shoghi Effendi auparavant. Avec la cinquième époque, toutes les institutions sont appelées à calquer leur démarche de planification sur celle de la Maison Universelle de Justice. Ceci n'implique rien de moins que d'essayer de percevoir les effets du Plan Majeur dans le pays ou la ville concerné et d'harmoniser l'action concrète des baha'is avec les forces en action sous le seul contrôle de la volonté divine, tout en tenant compte des circonstances locales et des ressources de la communauté.

Il s'agit là d'un exercice complètement nouveau et à priori d'une grande difficulté. C'est sans doute pour cela que le second pilier est chargé d'apporter toute l'aide nécessaire, comme son rôle l'y autorise.

"Il est utile pour les baha'is de comprendre non seulement le rôle que la planification joue dans la vie de la Cause, mais aussi la nature unique de cette technique dans son expression baha'ie. L'identification systématique d'objectifs à atteindre et les décisions relatives à la manière de les atteindre ne signifient pas que la communauté baha'ie a endossé la responsabilité de se concevoir un futur pour elle-même, ainsi que le concept de planification l'implique habituellement. Ce que les institutions baha'ies font, pour leur part, c'est de s'efforcer d'aligner le travail de la Cause avec le processus divin qu'elles voient se dérouler de façon continue dans le monde, un processus qui finira par réaliser son objectif, quels que soient les évènements ou les circonstances historiques. Le défi de l'Ordre Administratif est de s'assurer que, dans la mesure où la Providence le permet, les efforts des baha'is soient en harmonie avec le Grand Plan de Dieu, car c'est en faisant ainsi que les potentialités implantées dans la Cause de Baha'u'llah porteront leurs fruits."
MUJ, Century of Light

"La nature du processus de planification auquel vous apporterez votre aide est, à bien des égards, unique. C'est, en essence, un processus spirituel par lequel les communautés et institutions tachent d'aligner leurs efforts sur la volonté de Dieu. Le Plan majeur de Dieu est à l'oeuvre et les forces qu'il génère forcent l'humanité vers son destin. Dans leur propre plan d'action, les institutions de la Foi doivent chercher à percer le fonctionnement de ces puissantes forces, à explorer les potentialités du peuple qu'elles servent, à mesurer les ressources et forces de leurs communautés et à prendre des mesures pratiques afin de s'assurer la participation inconditionnelle des croyants".
MUJ, 9 janvier 2001

"Les plans d'actions élaborés ensuite par les conseils régionaux, les comités régionaux d'enseignement et les assemblées spirituelles locales doivent dépasser la simple énumération de buts et inclure une analyse des approches à adopter et des lignes d'action à suivre. En fait, à ce niveau, la planification et l'exécution doivent aller de pair. Quand l'apprentissage est le principal mode opératoire d'une communauté, les perspectives, les stratégies, les buts et les méthodes doivent être régulièrement réexaminés. Au fur et à mesure que des tâches sont accomplies, des obstacles écartés, des ressources multipliées et des leçons apprises, il est nécessaire d'apporter des modifications dans les buts et les méthodes, mais sans nuire à la continuité de l'action.
L'implication des membres des corps auxiliaires dans ce processus d'élaboration et d'exécution présente de nombreuses facettes. Ils participent aux délibérations au cours desquelles les buts mondiaux et les réalisations de la Foi sont analysés, l'état de la société et les forces qui y travaillent sont examinés, les opportunités et les besoins sont évalués. Ils apportent leurs connaissances de la Foi lors des consultations qui débouchent sur une vision commune et des stratégies de croissance".
MUJ, l'institution des Conseillers


5.5. La communauté
5.5.1. Attirer par l'exemple


A plusieurs reprises, la Maison Universelle de Justice donne la clé qui permettra à l'Ordre Mondial de Baha'u'llah de recueillir l'adhésion de la majorité de la population mondiale, sans avoir besoin de faire une révolution. Il s'agit de l'exemple. En d'autres termes, les baha'is sont appelés à construire des communautés unies autour de leurs institutions, et à apprendre à les faire fonctionner selon les lois de Baha'u'llah, jusqu'à ce qu'elles deviennent comme des unités de civilisation divine, montrant de façon convaincante aux leaders de pensée qui les observent, que l'ensemble des problèmes affectant la race humaine peuvent être résolus.

"Le Plan auquel nous allons maintenant nous consacrer est établi à l'un des moments les plus critiques de la vie de la planète. Il a pour but de préparer notre communauté à affronter les transformations toujours plus rapides qui affectent le monde autour de nous et à placer la communauté dans une position qui lui permettra, à la fois, de soutenir le poids des épreuves et des défis inévitables et de mettre en évidence un mode de fonctionnement vers lequel, à la suite d'une transition tumultueuse, le monde pourra se tourner, pour chercher de l'aide et un modèle."
MUJ, Ridvan 1996

"le pouvoir que la Cause possède pour influencer le cours de l'histoire ne réside pas seulement dans la force spirituelle de son message, mais dans l'exemple qu'elle fournit. 'Si puissante est la lumière de l'unité', affirme Baha'u'llah, 'qu'elle peut illuminer le monde entier'. L'unité du genre humain incarnée dans la Foi ne représente pas, ainsi que le soulignait Shoghi Effendi, 'la simple expression d'une émotivité ignorante ou la formulation d'un espoir vague et pieux'. L'unité organique du corps des croyants (et l'Ordre Administratif qui la rend possible) sont des preuves de ce que Shoghi Effendi qualifiait de 'pouvoir de bâtisseur de société que leur Foi possède'. Au fur et à mesure que la Cause se développera et que les capacités latentes de son Ordre Administratif deviendront de plus en plus apparentes, elle attirera l'attention des leaders de pensée, instillant dans les esprits de progrès la confiance dans le fait que leurs idéaux sont finalement atteignables."
MUJ, Century of Light


5.5.2. Le début du processus de construction communautaire

L'époque où les masses de l'humanité seront illuminées par le modèle de fonctionnement des communautés baha'ies n'est peut-être pas celle dans laquelle nous venons d'entrer, car la Maison Universelle de Justice nous indique que, partout dans le monde, les baha'is en sont au début du processus de construction communautaire. Cependant, elle indique clairement que le moment est venu de faire "d'énormes efforts" dans cette direction. Le terme de "volonté collective" revient très souvent. L'entrée en troupes passe d'abord par l'entrée en scène du troisième acteur.

Chaque baha'i doit être impliqué dans la construction d'une communauté, même si il ne se situe pas sous la juridiction d'une assemblée locale. L'introduction des groupements sectoriels répond à cette exigence. Les actes de base du fonctionnement d'une communauté sont les fêtes de 19 jours, les cercles d'études, les classes d'enfants et les réunions de prières. Mais le fonctionnement global est plus complexe et se dévoilera progressivement à travers le processus d'apprentissage.

La communauté ne doit pas être refermée sur elle-même. Elle est appelée au contraire à s'ouvrir sur l'extérieur et développer ses capacités d'intégration de nouveaux arrivants. Mieux la communauté fonctionnera, plus elle attirera de nouveaux membres. C'est ce que la Maison Universelle de Justice nomme "l'enseignement à grande échelle". Le défi consiste à réaliser l'entrée en troupes de cette manière là. Pour ce faire, il faut que les individus et les institutions soient pleinement acteurs, avec en plus la volonté collective.

"Il est maintenant demandé à toutes les communautés de prendre des mesures et de soutenir les efforts pour atteindre un niveau d'expansion et de consolidation à la mesure de leurs possibilités."
MUJ, Ridvan 1996

"La communauté, contrairement à l'individu et aux institutions, acquiert un caractère et une identité propre, au fur et à mesure que sa taille augmente. C'est une évolution nécessaire à laquelle il faut prêter beaucoup d'attention, à la fois dans les lieux où les adhésions se font sur une grande échelle mais aussi en prévision d'occasions plus nombreuses d'entrées en troupes. Il est évident qu'une communauté est plus que la somme de ses membres : c'est une unité complète de la civilisation, formée d'individus, de familles et d'institutions qui sont à l'origine ou qui soutiennent des systèmes, des services et des organisations, travaillant ensemble à un but commun pour le bien-être des hommes, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de ses propres limites. C'est aussi un ensemble de participants divers, interactifs, qui tendent vers l'unité dans une inlassable quête de progrès spirituel et social. Partout, les Baha'is, n'en sont qu'au tout début de la construction communautaire et doivent donc consacrer d'énormes efforts aux tâches qui les attendent.
Comme nous le disions dans un précédent message, l'épanouissement de la communauté, surtout au niveau local, exige que l'on valorise considérablement les modes de comportement par lesquels l'expression collective des vertus des individus et le fonctionnement des Assemblées Spirituelles se manifestent autant dans l'unité et l'amitié de la communauté que dans le dynamisme de ses activités et de sa croissance. Pour cela, il faut que tous les composants de la communauté, adultes, jeunes et enfants, s'intègrent dans les activités, qu'elles soient spirituelles, sociales, éducatives ou administratives, et s'appliquent dans les plans d'enseignement et de développement locaux. Il faut aussi une volonté collective et un sens de mission pour perpétuer l'Assemblée Spirituelle en participant aux élections annuelles, sans oublier la pratique collective de la prière. Il est donc essentiel pour la vie spirituelle de la communauté que les amis organisent des réunions de prières régulières, dans les centres baha'is locaux lorsqu'ils existent, ou ailleurs, notamment chez les croyants".
MUJ, Ridvan 1996

"L'un des grands défis à relever par toutes les institutions de la Foi pendant cet âge de formation est le développement de communautés locales caractérisées par la tolérance et l'amour, guidées par un sens aigu du but à atteindre et une volonté collective. Ces communautés servent d'environnement où se développent les capacités de tous les composants - femmes, hommes, jeunes et enfants - et où se multiplient leurs pouvoirs d'agir ensemble."
MUJ, l'institution des Conseillers

"la systématisation des efforts d'enseignement […] tant au niveau de l'initiative individuelle qu'à celui de la volonté collective."
MUJ, 9 janvier 2001

"Au fur et a mesure que s'accroît le nombre des croyants dans la zone, leurs capacités doivent être axées sur le développement de communautés locales"
MUJ, 9 janvier 2001

"Au nombre des objectifs que chaque communauté doit se fixer initialement sont l'établissement de cercles d'étude, de classes d'enfants et de réunions de prières, ouverts à tous les habitants de la localité. Il faut donner à l'observance de la fête des dix-neuf jours tout son poids, et déployer des efforts soutenus pour renforcer les Assemblées spirituelles locales."
MUJ, 9 janvier 2001

"Un nombre considérable des peuples du monde sont prêts et, en fait, aspirent à recevoir les bienfaits que seul Baha'u'llah peut leur octroyer, une fois qu'ils se seront engagés à construire la société nouvelle qu'Il a conçue. En apprenant à systématiser leur travail d'enseignement mené à grande échelle, les communautés baha'ies sont de mieux en mieux équipées pour répondre à cette aspiration. Elles ne peuvent refuser les efforts et sacrifices, quels qu'ils soient, qui leur seront peut-être demandés."
MUJ, 9 janvier 2001


5.6. Changer dans la continuité

Aussi intenses que soient les efforts demandés dans le développement des activités de base de la construction communautaire, il ne s'agit pas d'arrêter les activités d'autres natures, mises en place jusqu'à maintenant, et qui restent vitales pour la Foi.

"Il est évident que les communautés baha'ies sont engagées dans une variété de projets essentiels, tels qu'activités d'information publique, efforts de proclamation, travail dans le domaine des affaires extérieures, production de littérature et projets complexes de développement socio-économique. A mesure qu'elles concevront des plans, les communautés ne manqueront certainement pas de s'attaquer à ces défis."
MUJ, 9 janvier 2001


5.7. Le second pilier

La tâche de chacun des trois acteurs du Plan est considérable et sans aucun doute difficile. C'est sans doute pour cela que la Maison Universelle de Justice compte plus que jamais sur l'aide et le soutien du second pilier. Les Membres Auxiliaires et Assistants sont appelés comme auparavant à libérer la capacité d'action des individus et aider au fonctionnement des institutions. Mais, de plus, ils sont appelés à soutenir le troisième acteur, à savoir libérer cette volonté collective évoquée par l'Institution suprême.

Le rôle du pilier nommé a toujours été moins bien perçu par l'ensemble des croyants, que celui du pilier élu. L'arrivée de la cinquième époque va certainement le mettre tout particulièrement en lumière.

"Dans le document qui vient d'être publié, intitulé "L'institution des Conseillers", nous soulignons le rôle que les membres du Corps auxiliaire et leurs assistants jouent en aidant les amis à relever ce défi, tant au niveau de l'initiative individuelle qu'à celui de la volonté collective."
MUJ, 9 janvier 2001

"La formation à elle seule, bien entendu, ne mène pas nécessairement à une poussée d'activité d'enseignement. Dans chaque champ de service, les amis ont besoin d'être constamment encouragés. Notre espérance est de voir les membres du Corps auxiliaire, aidés de leurs assistants, réfléchir mûrement sur la manière de cultiver l'initiative individuelle, notamment dans le domaine de l'enseignement. La formation et l'encouragement, lorsqu'ils sont efficaces, nourrissent une culture de croissance dans laquelle les croyants voient leur devoir d'enseigner comme conséquence naturelle de leur reconnaissance de Baha'u'llah".
MUJ, 9 janvier 2001

"l'engagement actif de plusieurs assistants de membres du Corps auxiliaire à promouvoir la vie communautaire"
MUJ, 9 janvier 2001

"L'exécution d'un tel programme exigera une étroite collaboration entre l'institut, les membres du Corps auxiliaire et leurs assistants, et le comité zonal d'enseignement."
MUJ, 9 janvier 2001

"L'autorité de diriger les affaires de la Foi au niveau local, national et international est divinement conférée aux institutions élues. La capacité d'agir, cependant, réside en premier lieu dans l'ensemble des croyants. Cette capacité se libère tant au niveau de l'initiative individuelle qu'à celui de la volonté collective. Pour que la Cause réalise le dessein de Baha'u'llah pour l'humanité, chaque institution de la Foi doit s'attacher à libérer la puissance qui réside à ces deux niveaux, de la même manière qu'elle assure une administration sage des affaires de la communauté. L'institution des conseillers est spécialement chargée de cette tâche essentielle; elle est dotée de la capacité de l'accomplir."
MUJ, l'institution des Conseillers


6. L'unité et la justice
6.1. L'unité est le fruit d'un travail


Dans son ouvrage "Century of Light", la Maison Universelle de Justice choisit de s'attarder sur le concept d'unité, en particulier pour bien appuyer l'idée que l'unité est le fruit d'un travail. Il ne s'agit pas d'un simple état d'esprit consistant à n'éprouver de haine pour personne et à accepter que tout le monde se côtoie sur la planète.

L'unité est le fruit d'un travail pour une grande part encore à accomplir, car elle résulte de deux conditions qui ne sont actuellement pas vérifiées, si ce n'est à petite échelle, de façon encore imparfaite, et dans des endroits encore trop peu nombreux.

La première condition à vérifier pour que l'unité existe au sein d'un groupe de personnes, est que celles-ci parviennent à un certain niveau d'accord sur la nature de la réalité. Cette base conceptuelle commune est en train d'être apportée par les séquences de cours de l'Institut, qui ne cesseront de s'améliorer avec le temps, et dont la valeur en tant que référence sera certainement jugée à son fruit : la qualité de fonctionnement des communautés qui en découlent.

La deuxième condition est la soumission à une autorité reconnue pour toutes les décisions engageant le groupe de personnes. Chaque assemblée spirituelle baha'ie est une de ces autorités à établir. Là aussi, ces assemblées ne peuvent pas s'établir par la force mais par le travail des baha'is, dans le cadre du Plan mineur dont la réalisation leur a été confiée par Dieu.

Finalement, tout le travail des trois acteurs du Plan peut se résumer en une phrase : Etablir l'unité dans le monde. La "volonté collective" évoquée par la Maison Universelle de Justice se traduit par un travail dont le fruit ultime est l'unité dont le monde a besoin.

"'Si puissante est la lumière de l'unité', affirme Baha'u'llah, 'qu'elle peut illuminer le monde entier'"
MUJ, Century of Light

"Pour que l'unité existe parmi des êtres humains (même au niveau le plus simple), deux conditions fondamentales doivent être réalisées : les personnes concernées doivent d'abord parvenir à un certain niveau d'accord sur la nature de la réalité car cela affecte leurs relations les unes avec les autres, ainsi qu'avec le monde contingent. Elles doivent ensuite se soumettre de plein gré à une autorité reconnue, qui prendra les décisions qui concernent leur association et déterminent leurs objectifs communs.
L'unité n'est pas simplement une condition résultant d'un sentiment de bonne volonté mutuelle et d'un objectif commun, quelle que soit la profondeur ou la sincérité de ce sentiment, pas plus qu'un organisme n'est un produit d'une quelconque association fortuite et amorphe d'éléments divers. L'unité est un phénomène de force créatrice, dont l'existence devient apparente à travers les effets produits par l'action collective, et dont l'absence est trahie par la faiblesse de cette action. Quand bien même handicapée par l'ignorance et la perversité, cette force a constitué la principale source d'influence conduisant l'avancement de la civilisation, produisant des lois, des institutions sociales et politiques, des oeuvres artistiques, un progrès technologique sans fin, des percées en matière de morale, de prospérité matérielle, et de longues périodes de paix dont les dernières lueurs persistent dans la mémoire des générations ultérieures en faisant figure d'âges d'or."
MUJ, Century of Light


6.2. L'unité ne va pas sans la justice

Toujours dans "Century of Light", la Maison Universelle de Justice rappelle que la véritable unité ne peut pas se faire sans la justice, en soulignant au passage que l'absence de justice est le principal facteur qui pousse des millions d'êtres humains à redouter et à combattre le processus de mondialisation actuellement à l'oeuvre sur la planète.

Le rôle de la justice est clairement attribué aux institutions baha'ies et la Maison Universelle de Justice affirme dans "Century of Light" que le processus de construction de la communauté mondiale baha'ie s'est considérablement renforcé à travers la publication en 1992 du livre de lois, le Kitab-i-Aqdas. Cependant, les assemblées spirituelles locales et nationales ne se sont pas encore vu conférer les titres de "Maison de Justice locale" et "Maison de Justice nationale", et la majorité des lois du Kitab-i-Aqdas n'est pas encore en application. Il est peu probable que l'humanité, qui en a pourtant tant besoin, puisse recevoir la lumière de la justice de la part des institutions baha'ies, avant que l'entrée en troupes n'ait pu renforcer considérablement les capacités et l'influence de ces dernières. C'est donc une raison supplémentaire d'accélérer autant que possible l'entrée en troupes.

"'La lumière des hommes', dit Baha'u'llah, 'est la justice'. 'Son but', ajoute-t-il, 'est l'apparition de l'unité entre les hommes. L'océan de la sagesse divine surgit dans cette parole exaltée'. L'appellation 'Maisons de justice' donnée aux institutions qui dirigeront l'ordre mondial qu'il a conçu, aux niveaux local, national et international, illustre le caractère central de ce principe dans les enseignements de la Révélation et de la vie de la Cause. Au fur et à mesure que la communauté baha'ie participera à la vie de la société, son expérience offrira des preuves de plus en plus encourageantes de la capacité de ce principe cardinal à guérir les nombreux maux qui, en dernière analyse, sont les conséquences de la désunion affligeant la famille humaine."
MUJ, Century of Light

"L'unification de la société humaine, forgée par le feu du vingtième siècle, est une réalité qui ouvre, chaque jour qui passe, des possibilités nouvelles à en couper le souffle. Une autre réalité, qui s'implante partout dans les esprits sérieux, est la revendication selon laquelle la justice doit être l'instrument capable de mettre ces immenses potentialités au service de l'avancement de la civilisation. Nul besoin d' être doué de prophétie pour réaliser que le sort de l'humanité dans le siècle qui débute maintenant, sera déterminé par la relation entre ces deux forces fondamentales du processus historique, les principes inséparables de l'unité et de la justice."
MUJ, Century of Light

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