Médiathèque baha'ie

La Foi baha'ie et le Sommet de l'Alliance des religions et de la conservation
Une déclaration de la Communauté internationale baha'ie
présentée au Sommet sur les Religions et la Conservation

Château de Windsor, Angleterre, 29 avril - 3 mai 1995


Religion et développement à la croisée des
chemins: convergence ou divergence

Une déclaration de la Communauté internationale baha'ie
présentée au Sommet
mondial pour le développement durable
Johannesburg, du 26 août au 4 septembre 2002


Somaire

 I. Les écrits baha'is sur la conservation et le développement durable
La nature, miroir des qualités et des attributs de Dieu
Interdépendance de toutes choses et loi de la réciprocité
L'unité de l'humanité, vérité sociale et spirituelle fondamentale de notre époque
Conclusion

 II. Vue d'ensemble du Programme d'environnement de la Communauté internationale baha'ie depuis son adhésion au Réseau de la Conservation et de la Religion en 1987
Education et formation
Projets
L'art
Activités de promotion
Lieux saints et jardins baha'is

III. Initiatives baha'ies en matière de conservation et de développement durable : perspectives d'avenir

IV. "Religion et développement à la croisée des chemins: convergence ou divergence" (Déclaration adressée par la Communaute Internationale Baha'ie au Sommet mondial pour le développement durable, conférence organisée par les Nations unies à Johannesburg, République d'Afrique du Sud, du 26 août au 4 septembre 2002)

 
I. Les écrits baha'is sur la conservation et le développement durable

En cette époque de transition vers une société mondiale, la protection de l'environnement et la conservation des ressources terrestres représentent un défi très complexe. Les rapides progrès de la science et de la technologie ont certes permis d'unir physiquement le monde, mais ils ont aussi accéléré la destruction de la diversité biologique et l'appauvrissement du patrimoine naturel de la planète. La civilisation matérielle, dirigée par les dogmes du consumérisme et de l'individualisme agressif, et désorientée par l'affaiblissement des règles de la morale et des valeurs spirituelles, a été portée à l'excès.

Seule la perspective générale d'une société mondiale s'appuyant sur des valeurs et des principes universels, peut inciter les individus à assumer leurs responsabilités en matière de protection à long terme de l'environnement. Les baha'is trouvent ce genre de vision et de système de valeurs dans les écrits de Baha'u'llah, qui préconisent l'avènement d'une ère de justice, de prospérité et d'unité mondiales.

Baha'u'llah invite en effet ses fidèles à cultiver en eux un sentiment de citoyenneté mondiale et une vocation de gestionnaire de la planète. Ses écrits sont imprégnés d'un profond respect pour le monde de la nature et pour l'interdépendance qui y règne. Ils insistent sur le fait que les résultats de l'amour de Dieu et de l'obéissance à ses commandements sont la dignité, la noblesse, et un sentiment de sa propre valeur. De ces attributs naît l'inclination naturelle à traiter autrui avec amour et compassion, ainsi que le sens du sacrifice au profit de la société. Baha'u'llah enseigne aussi la modération, une volonté de justice, et le détachement des choses de ce monde, disciplines spirituelles qui permettent à l'individu de contribuer à l'établissement d'une civilisation mondiale prospère et unie. Le modèle général de ce genre de civilisation et les principes appelés à la fonder sont contenus dans la révélation de Baha'u'llah. Il s'agit d'une civilisation porteuse d'espoir pour une humanité découragée, et remplie de promesses quant à la possibilité de satisfaire les besoins des générations présentes et futures et de jeter des fondements solides au développement économique et social. L'inspiration et la vision de cette civilisation trouvent leur expression dans l'affirmation suivante de Baha'u'llah: "La terre n'est qu'un seul pays dont tous les hommes sont les citoyens."1

Au nombre des principes qui fondent l'approche baha'ie en matière de conservation et de développement durable, les idées suivantes revêtent une importance particulière:

- La nature reflète les qualités et les attributs de Dieu et doit donc faire l'objet d'un amour et d'un respect extrêmes.

- Toutes les choses sont liées les unes aux autres et leur évolution obéit à la loi de la réciprocité.

- L'unité de l'humanité est la vérité sociale et spirituelle fondamentale de notre époque.

La nature, miroir des qualités et des attributs de Dieu

Les écrits baha'is décrivent la nature comme étant une émanation de la volonté divine:

" La nature en son essence est l'incarnation de mon nom, Le Façonneur, le Créateur. Ses manifestations sont diversifiées pour différentes raisons et, dans cette diversité, les hommes éclairés peuvent voir des signes. La nature est la manifestation de la volonté de Dieu, elle est son expression dans et à travers le monde contingent. C'est une loi de la Providence promulguée par l'Ordonnateur, le Très-Sage." 2

Considérer la nature comme un reflet de la majesté de Dieu et une expression de son but permet d'inspirer aux hommes un profond respect pour elle:

" Quoi que je regarde, tout te fait connaître à moi, tout me rappelle tes signes, tes symboles et tes témoignages. Par ta gloire! Chaque fois que je lève les yeux vers ton ciel, tout me rappelle ta majesté et ton élévation, ta gloire et ta grandeur incomparables; et chaque fois que je tourne mon regard vers ta terre, j'en viens à reconnaître les signes de ton pouvoir et les témoignages de ta bonté. Lorsque je contemple la mer, il me semble qu'elle me parle de ta majesté, de la force de ta puissance, de ta souveraineté et de ta grandeur. Et chaque fois que je contemple les montagnes, tout me pousse à y discerner les emblèmes de ta victoire et les étendards de ton omnipotence."3

Cette attitude de respect se trouve renforcée par d'abondantes références métaphoriques au monde de la nature, qui tissent la trame des écrits baha'is. Toutefois, si la nature est tenue en haute estime, elle ne doit pas faire l'objet de culte ou d'adoration. Elle doit au contraire permettre au genre humain d'atteindre le but que Dieu lui a assigné: faire avancer une civilisation en progrès constant. La vision baha'ie du monde n'est donc ni bio-centrée, ni anthropo-centrée proprement dit, mais plutôt théo-centrée ou axée sur les révélations divines. En s'efforçant de réaliser la volonté de Dieu dans ce monde physique, l'humanité devient le dépositaire et le garant de la nature.

Agir de manière responsable à l'égard du monde de la nature conduit tout naturellement à traiter les animaux avec humanité.

"Ce n'est pas seulement leurs semblables que les bien-aimés de Dieu doivent traiter avec miséricorde et compassion; toutes les créatures vivantes doivent faire l'objet d'une bienveillance extrême de leur part."4

"Formez vos enfants, dès leur plus jeune âge, à se montrer infiniment tendres et
aimants envers les animaux."5

Interdépendance de toutes choses et loi de la réciprocité

Les principes d'interdépendance et de réciprocité sous-tendent la compréhension baha'ie du fonctionnement de l'univers et des responsabilités de l'humanité tout à la fois.

"Chaque partie de l'univers, en effet, est reliée à chacune des autres parties par des liens très puissants qui ne souffrent aucun déséquilibre, ni aucun relâchement...."6

"La coopération et la réciprocité sont des propriétés essentielles inhérentes au système unifié du monde de l'existence et sans lesquelles, l'ensemble de la création serait réduite à néant."7

"Si l'on pouvait observer avec un oeil capable de discerner la réalité de toutes choses, il apparaîtrait évident que le lien suprême qui unit les divers éléments du monde de l'existence se trouve dans la variété même des choses créées, et que la coopération, l'entraide et la réciprocité sont des caractéristiques essentielles de l'organisme unifié du monde de l'existence, d'autant plus que les choses créées sont intimement liées les unes aux autres, et que chacune est influencée par l'autre ou en bénéficie soit directement, soit indirectement."8

Les écrits baha'is admettent explicitement le phénomène de l'évolution:

" Tous les êtres, grands ou petits, ont été créés parfaits et complets dès le départ, mais ils ne se perfectionnent par degrés. L'organisation divine est une; l'évolution de l'existence est une; le système divin est un....Si l'on considère ce système universel, on s'aperçoit qu'aucun être n'a atteint le degré de la perfection en venant à l'existence. Au contraire, tous grandissent et se développent peu à peu pour atteindre la perfection."9

On y met aussi en valeur les bénédictions apportées par la diversité biologique:

"La diversité est l'essence de la perfection et la cause de l'apparition des bienfaits du Seigneur Le Plus Glorieux.... Cette diversité, ces différences sont pareilles aux dissemblances et variétés, naturellement créées, des membres et des organes du corps humain, qui chacun contribue à la beauté, à l'efficacité et à la perfection de l'ensemble... Quel triste spectacle que celui d'un jardin dont les fleurs, les plantes, les feuilles, les bourgeons, les fruits, les branches et les arbres seraient tous de la même forme et de la même couleur! La diversité des teintes, des tailles et des formes enrichit et agrémente le jardin dont l'effet se trouve ainsi rehaussé..."10

Les mondes spirituel et matériel sont liés entre eux et agissent l'un sur l'autre:

"Nous ne pouvons pas séparer le coeur humain de l'environnement qui lui est extérieur et dire qu'une fois que l'un ou l'autre aura changé, tout s'améliorera. L'homme forme un tout organique avec le monde. Sa vie intérieure façonne l'environnement et il en est lui-même profondément influencé. L'un agissant sur l'autre, tout changement durable dans la vie de l'homme est le résultat de cette interaction."11

Etant donné l'unité fondamentale entre la science et la religion - autrement dit étant donné l'interaction des royaumes matériel et spirituel - il n'est guère surprenant de trouver dans les écrits baha'is l'éloge de la recherche scientifique:

"La faculté qui mène à l'investigation scientifique des secrets de la création ... est le pouvoir le plus louable de l'homme, car c'est en l'employant et en l'exerçant qu'il y a amélioration des conditions de la race humaine, que l'acquisition de vertus par l'humanité est rendu possible..."12

Toutefois, l'exercice de cette faculté doit être inspiré par des principes spirituels, en particulier la modération et l'humilité.

"Toute action, quelle qu'elle soit, fût-elle l'instrument du plus grand bien de l'humanité, peut être mal utilisée." 13

"Portée à l'excès, la civilisation dont découle tant de bien lorsque maintenue dans les limites de la modération, deviendra une source de aussi abondante de mal."14

"Tout homme de discernement qui, en foulant la terre, prendra pleinement conscience que ce même sol foulé par les pas de tous les hommes est à l'origine de sa prospérité, de sa richesse, de sa puissance, de son exaltation, de son progrès et de son pourvoir, se sentira empli de confusion. Nul doute que quiconque reconnaît cette vérité, est purifié et sanctifié de toute fierté, de toute arrogance et de toute vanité..."15

Considérant l'interdépendance et le lien de réciprocité qui unit toutes les parties de la nature, considérant de même la perfection évolutive de tous les êtres et l'importance de la diversité pour "la beauté, l'efficacité et la perfection de l'ensemble" 16, il est évident pour les baha'is que, dans l'organisation des affaires humaines, aucun effort ne doit être épargné pour préserver autant que faire se peut la diversité biologique et l'ordre naturel de la terre.

Néanmoins, dans leur volonté d'étendre la justice sociale et économique à l'ensemble de la famille humaine, les hommes pourront avoir à prendre certaines décisions difficiles et peut-être même irréversibles. Ce genre de décisions, estiment les baha'is, devront se prendre dans un cadre consultatif, faire intervenir ceux que ces décisions concernent, et tenir compte de l'impact des politiques, programmes et activités convenus sur la qualité de vie des générations futures.

La promesse de Baha'u'llah, selon laquelle la civilisation est appelée à durer pendant au moins 5000 siècles sur cette planète, interdit aux baha'is de fermer les yeux sur l'impact à long terme des décisions prises aujourd'hui. La communauté mondiale doit dès lors apprendre à faire un usage adéquat des ressources naturelles de la planète, renouvelables ou non, de façon à en assurer le caractère durable sur de longues périodes. Ce qui ne signifie nullement que les baha'is prônent une politique de retour en arrière. Au contraire, la civilisation mondiale qui finira tôt ou tard par émerger, selon les baha'is, sera animée d'une profonde foi religieuse et sera de celles où la science et la technologie seront mises au service de l'humanité pour l'aider à vivre en harmonie avec la nature.

L'unité de l'humanité, vérité sociale et spirituelle fondamentale de notre époque

L'unité de l'humanité est pour les baha'is le principe directeur et le but ultime de la vie collective de l'humanité sur cette planète. Ce principe est valable non seulement pour les individus, mais aussi pour les relations qui doivent exister entre tous les Etats et les nations en tant que membres d'une seule famille humaine:

"L'unité de l'humanité...implique une transformation organique de la structure de la société d'aujourd'hui, une transformation telle que le monde n'en a encore jamais vécue....Celle-ci exige ni plus ni moins la reconstruction et la démilitarisation de l'ensemble du monde civilisé -- un monde organiquement uni dans tous les aspects essentiels de sa vie, de ses mécanismes politiques, de ses aspirations spirituelles, de son commerce et de sa finance, de son écriture et de sa langue, et pourtant un monde infiniment diversifié de par les caractéristiques nationales de ses unités fédérées."17

"Il représente l'apogée de l'évolution humaine... et porte en lui ni plus ni moins l'affirmation solennelle qu'il est non seulement nécessaire mais inévitable d'atteindre l'étape finale de cette incroyable évolution, que ce but est tout près de se réaliser et que rien d'autre qu'une puissance d'origine divine ne peut parvenir à l'établir."18

Les écrits baha'is affirment haut et fort que l'adhésion au principe de l'unité de l'humanité aura un effet direct et durable sur l'environnement physique, social et spirituel de l'humanité. L'acceptation universelle de ce principe conduira à une restructuration majeure des systèmes politiques, juridiques, économiques, industriels, agricole, social, et d'éducation dans le monde. Ce phénomène facilitera l'émergence d'une civilisation mondiale prospère, juste et durable. En dernière analyse, seule une civilisation fondée sur des valeurs spirituelles - dans laquelle science et religion travaillent en harmonie - permettra de préserver l'équilibre écologique de la terre, encourager la stabilité de la population humaine, et accroître le bien-être à la fois matériel et spirituel de tous les peuples et de toutes les nations.

Conclusion

Les écrits baha'is nous enseignent qu'en qualité de dépositaire des vastes ressources de la planète et de sa diversité biologique, l'humanité doit chercher à protéger "l'héritage des générations futures; "19 voir en la nature un reflet du divin; adopter une attitude humble vis-à-vis de la terre, source de bénédictions matérielles; tempérer ses agissements et y mettre de modération; et se laisser guider par la vérité spirituelle fondamentale de notre ère, l'unité de l'humanité. La vitesse et la facilité avec lesquelles nous mettrons en place un cadre de vie durable dépendra, en dernière analyse, de notre volonté à nous transformer, à travers l'amour de Dieu et l'obéissance à ses lois, pour devenir des forces constructives travaillant à l'établissement d'une civilisation en progrès constant.

 

II. Vue d'ensemble du Programme d'environnement de la Communauté internationale baha'ie depuis son adhésion au Réseau de la Conservation et de la Religion en 1987

Voilà des décennies que des baha'is, individuellement ou en communauté, travaillent à la protection et à la préservation de l'environnement. Ces dix dernières années toutefois, ils ont considérablement augmenté leurs actions dans ce domaine.

A l'échelon mondial, la Communauté internationale baha'ie a officiellement adhéré en 1987 au Réseau du Fonds Mondial pour la Nature (WWF) pour la Conservation et la Religion.

En 1989, elle diffusait dans le monde une compilation des extraits des écrits baha'is. Cette dernière, intitulée La conservation des ressources terrestres, a été largement étudiée dans les communautés baha'ies à travers la planète et a permis de préciser la vision et d'augmenter l'inspiration de celles qui sont actives en matière de conservation.

La même année, un bureau de l'environnement a été créé dans le cadre de la Communauté internationale baha'ie pour représenter cette dernière auprès de l'ONU et d'autres instances internationales traitant de développement durable. Ce bureau est chargé de porter les problèmes d'environnement à l'attention des communautés baha'ies, et de catalyser leurs activités en leur fournissant des informations et en les aidant à s'organiser en réseau avec des individus, des institutions et autres ressources.

Des dizaines de communautés nationales baha'ies - au Brésil, au Japon, en Malaisie, aux Pays-Bas, au Nigéria, en Norvège, au Pakistan, aux Philippines et à Taïwan -- et de nombreuses communautés locales ont créé leur propre bureau de l'environnement ou l'équivalent. Ces bureaux s'emploient à promouvoir des activités et une éducation en matière de développement durable, souvent en coopération avec d'autres organisations et individus aux principes et aux buts similaires. Beaucoup d'autres communautés ont introduit la protection de l'environnement dans les objectifs de leurs bureaux de développement économique et social, déjà existants.

Voici les 5 grandes catégories dans lesquelles on peut regrouper les activités d'environnement et de développement des baha'is, à titre individuel ou collectif : Education et formation; projets; arts; activités de promotion; et entretien des lieux saints et jardins baha'is.

Education et formation

De nombreux programmes d'éducation et de sensibilisation encourageant la conservation et le développement durable ont été lancés par des baha'is de par le monde, à titre individuel ou collectif.

- Les communautés baha'ies n'ont de cesse de mieux comprendre les enseignements baha'is et à des appliquer aux défis écologiques qui se posent à l'humanité. Elles examinent donc les écrits baha'is sur la conservation et le développement et explorent les pistes qui leur permettraient de traduire les enseignements en actions. L'étude, la réflexion individuelle et collective, et la concertation conduisent souvent à l'élaboration de plans et de projets.

- Des articles sur l'environnement et le développement ont été publiés par des intellectuels baha'is, et plusieurs publications baha'ies contiennent désormais régulièrement des informations et des idées liées à la conservation.

- Les écoles baha'ies, les écoles d'été, les conférences de jeunes et autres rassemblements consacrent des sessions, parfois des programmes entiers à traiter de questions d'environnement et de développement. Des groupes de travail ont de la même manière été formés sur ces mêmes questions sous l'égide de diverses associations nationales et régionales d'études baha'ies.

- Le Bureau baha'i japonais de l'environnement a mis en oeuvre des programmes d'éducation de l'environnement dans des groupes communautaires à Honshu et Kyushu.

- La communauté baha'ie brésilienne, en coopération avec le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), a lancé un programme d'éducation à la conservation, qui permet de former les enseignants dans et autour de Brazilia, la capitale, et a publié des outils d'enseignement et une vidéo. La deuxième étape du projet est en cours, élargissant les mêmes activités à plusieurs autres Etats du Brésil.

- Diverses communautés locales et nationales baha'ies - de celles de Saskatoon, Fort Murray et Leicester, à celles du Zimbabwe, de la Guyane et de l'Inde - ont mis au point localement des modules et du matériel d'enseignement traitant de conservation.

- Le Bureau taïwannais baha'i de l'environnement a formé, en collaboration avec les autorités publiques, des centaines d'enseignants à travers le pays pour introduire les questions relatives à la conservation dans les programmes scolaires. Ce bureau a également produit toute une série d'émissions radiophoniques et télévisuelles sur la préservation et la protection de l'environnement, à l'échelon national.

- L'université de Nur à Santa Cruz, en Bolivie, dont les méthodes pédagogiques et l'administration s'inspirent des principes baha'is, a conçu un programme de maîtrise sur le développement.

- Les stations de radio baha'ies de six pays émettent des programmes et des annonces publiques traitant de questions d'environnement et de développement, tels que les pratiques agricoles durables et la préservation de la planète.

- Les jeunes Colombiens organisent des camps de vacances pour étudier les principes de la conservation tels qu'ils sont exposés dans les écrits baha'is, et les traduire en actes.

- Ecologia Y Unidad Mundial (Ecologie et Unité mondiale) une publication bimensuelle de la communauté baha'ie d'Argentine, traite des questions d'environnement et de développement. Elle est diffusée à l'échelon national et mondial.

- Vanguardia Trust, une organisation qui s'inspire des principes baha'is et qui a débuté à Puerto Rico, publie un bulletin d'information trimestriel contenant des idées et des projets portant sur l'éducation, les technologies appropriées et le développement.

- One Country, le bulletin trimestriel de la Communauté internationale baha'ie envoyé à plus de 30 000 individus et organisations (en versions allemande, anglaise, chinoise, espagnole, française, et russe ) traite régulièrement de questions d'environnement et de développement.

Projets

Parmi les projets de conservation, il y a des initiatives individuelles comme celle de la Rainbow Reforestation, prise par deux baha'is, M. et Mme Anne-Marie et Michael Karlberg, qui ont appliqué les principes spirituels d'unité et de concertation à un grand projet de reboisement au Canada. Il y a aussi des initiatives collectives, comme les campagnes de nettoyage communautaire des jeunes baha'is d'Ecosse et la plantation d'arbres en Islande, au Pakistan, en Ouganda, au Brésil, en Haïti et en Australie.

- Le projet Tora-san est une expérimentation sur la culture biologique menée en continue par la communauté baha'ie japonaise. Mis en oeuvre près de la ville de Kurume, dans le Kyushu, le projet aide des enfants, des jeunes et des adultes à cultiver des aliments sans pesticides et sans engrais artificiels.

- L'Institut professionnel baha'i pour les femmes rurales à Indore, en Inde, met en oeuvre des programmes visant l'amélioration de l'environnement social, physique et spirituel. Au Sommet de la Terre, cet Institut s'est vu déscerner par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUD) le prix Global 500.

- La campagne en faveur d'un Swaziland propre et beau (Clean and beautiful Swaziland) a été lancée par le gouvernement de ce pays à partir de l'idée d'une baha'ie, Irma Allen, qui s'est aussi vu déscerner la prestigieuse récompense Global 500.

- Mme Fatima Traazil, une baha'ie de Singapour, a remporté la "Green Leaf Award" du Ministère de l'Environnement en remerciement de la campagne qu'elle ne cesse de mener en faveur d'un environnement sain, pour le recyclage et contre le gaspillage.

- New Dawn Engineering, une entreprise dirigée par des baha'is du Swaziland fabrique des technologies appropriées à un environnement sain.

- Plus de 40 communautés nationales baha'ies de par le monde ont organisé des activités pour célébrer le 20e anniversaire de la Journée de la Terre en 1990. Chaque année, elles et beaucoup d'autres ne manquent pas de marquer cette journée et celle de l'environnement par des activités.

- L'émetteur de radio solaire SR-2, construit pour la Vanguardia Trust par Dr.Dean K. Stevens, un baha'i, a permis de perfectionner les nouvelles techologies dans le domaine de la diffusion radio de source solaire-voltaïque. Dix mille SR-2 ont été construits et le modèle est en cours d'expérimentation par un certain nombre d'organisations gouvernementales et non gouvernementales. Un modèle plus sophistiqué, le SR-4, est en voie de conception.

- En Bolivie et en Malaysie, des projets de pisciculture sont mis en oeuvre par des communautés baha'ies.

- La communauté baha'ie de Cochabamba, en Bolivie, a mis au point des serres solaires sur les altiplanos et a élargi cette techonologie peu coûteuse à plusieurs autres villages.

- En Malaisie, nombreuses sont les communautés locales bahai'es engagées dans le recyclage.

- Dans de nombreux endroits de la planète, les communautés baha'ies ont lancé des campagnes de plantation d'arbres à long et court termes. Parmi celles-ci, le projet Breath of Life de la communauté baha'ie de Hawaï qui a permis de planter des arbres du terroir sur toutes les îles hawaïennes; les efforts de reboisement des étudiants du collège baha'i Rabbani dans le Madhya Pradesh où des dizaines de milliers d'arbres ont été plantés tout autour du campus et dans les villages voisins; les efforts des baha'is de Washington, aux Etats-Unis, pour reboiser des rivages dénudés; le projet de l'école baha'ie Anis Zunuzi à Port au Prince, en Haïti, pour reboiser les villages; et l'initiative des baha'is islandais qui ont planté des milliers d'arbres dans le Skógar, propriété ancestrale du célèbre poète islandais, M. Jochum M Eggertsson.

- La contribution de la communauté baha'ie de l'île Maurice a été déterminante pour la mise en oeuvre d'un réseau national interreligieux de conservation.

- Les communautés baha'ies du Kenya construisent et distribuent des réchauds "jiko" à charbon de bois à fort rendement en combustibles.

- La communauté baha'ie des Philippines met en oeuvre, en coordination avec le Ministère de l'environnement et des ressources naturelles, des programmes d'éducation à l'environnement et travaille à la conservation du Parc national John Hay.

- De nombreuses communautés sont engagées dans des projets de nettoyage et d'embellissement des parcs, des routes nationales, et des lits de rivières. Plusieurs de ces actions sont en cours, par exemple les campagnes du type "adopte une route nationale".

L'art

L'importance de l'art comme vecteur de changement d'attitude et de comportement est souligné dans les écrits baha'is. Il n'est donc guère surprenant de constater que de nombreuses communautés baha'ies organisent des activités artistiques pour sensibiliser l'opinion et l'inciter à agir en faveur de la conservation. Voici quelques exemples du large éventail d'événements artistiques déjà réalisés:

- La Communauté internationale baha'ie a été à l'origine de la manifestation Arts for Nature, organisée à la Syon House, à Londres, à la fois pour encourager l'expression artistique au service de la conservation et récolter des fonds au profit du Fonds mondial pour la Nature (WWF).

- Le comité des femmes baha'ies de Singapour a organisé une manifestation semblable. De nombreuses oeuvres ont été spécialement créées pour l'occasion par des artistes de l'île, et des fonds ont été collectés au bénéfice de projets régionaux de conservation.

- La communauté baha'ie des Philippines organise des festivals de musique pour sensibiliser l'opinion sur les questions nationales d'environnement.

- La Communauté internationale baha'ie et son bureau affilié au Brésil, a publié en collaboration avec l'UNICEF, un livre de peintures d'enfants, intitulé Tomorrow belongs to the children (l'avenir appartient aux enfants). Des milliers d'enfants en âge de scolarité et de 26 nations différentes ont organisé des débats sur des questions de développement durable, qui leur ont inspiré des dessins et de la poésie. Leurs oeuvres ont été sélectionnées par voir de concours puis publiées dans un ouvrage:Tomorrow belongs to the children, avec ses messages poignants, a été distribué à des milliers de personnes, y compris des chefs d'Etats et des ambassadeurs de l'ONU.

- En 1994, le Bureau baha'i de l'environnement de Taïwan organisait un concours artistique pour enfants et une exposition sur le thème "La fragilité de notre environnement". Des dizaines de milliers de personnes ont visité cette exposition. Un second concours et une autre exposition sur le thème "Les animaux et moi", est prévu pour la fin de 1995.

- Le Monument de la Paix à Rio de Janeiro, est un symbole durable du nouvel esprit de coopération mondiale qui a caractérisé le Sommet de la Terre et le Forum global. Construit à l'initiative de la Communauté internationale baha'ie et de son bureau brésilien, ce monument a été dessiné par le célèbre artiste et sculpteur brésilien, M. Siron Franco. Parmi les cérémonies de clôture de ces deux manifestations historiques, des enfants ont versé de la terre provenant de 40 nations dans ce monument de 5 mètres de haut, en forme de sablier de ciment et de céramique. Chaque année, à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, de la terre provenant d'autres pays est cérémonieusement ajoutée dans le sablier géant. A ce jour, plus de 80 pays ont ainsi contribué à remplir le Monument de la paix. Celui-ci porte, en souvenir des aspirations les plus élevées du Sommet de la Terre et du Forum global, l'inscription suivante : "La terre n'est qu'un seul pays dont tous les habitants sont les citoyens - Baha'u'llah."

Activités de promotion

Les activités de promotion du monde baha'i en matière de conservation et de développement durable ont considérablement augmenté.

- La Communauté internationale baha'ie et beaucoup de ses bureaux locaux et nationaux ont largement pris part à l'ensemble des préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (le Sommet de la Terre). Près d'un million de déclarations et de documents de réflexion publiés par la Communauté internationale baha'ie sur le questions d'environnement et de développement ont été distribués dans le monde en plusieurs langues. Les communautés baha'ies qui ont pris activement part à cette préparation historique ont travaillé en collaboration avec leurs gouvernements et les organisations de la société civile. Par là-même, de nombreux baha'is ont été mieux informés sur les questions traitées par le Sommet de la Terre et beaucoup plus conscients des enjeux.

- La Communauté internationale baha'ie, en collaboration avec d'autres organisations, a organisé deux rassemblements de la "World Forestry Charter" (Charte mondiale forestière), l'un en 1989 et l'autre en 1994. Les premières réunions de la World Forestry Charter avaient réunié des diplomates à la Cour de St James dans les années 1940, 1950 et 1960, pour débattre de l'état des forêts du monde. Ces rassemblements ont été convoqués à l'initiative de Richard St Barbe Baker, qui figure parmi les pionniers des écologistes planétaires, et qui a mis en oeuvre dès les années 1920 une série d'ambitieux projets, dont des voyages, des activités sur le terrain, les conférences et la publication de livres - destinés à attirer l'attention du monde sur l'état de notre environnement. Le rassemblement de 1989 avait permis de commémorer le 100e anniversaire de la naissance du Dr. Baker et servi à traiter les programmes actuels de préservation des forêts. Celui de 1994 a essentiellement porté sur les principes de la forêt adoptés au Sommet de la Terre, et a permis de souligner la nécessité de considérer les forêts comme le patrimoine commun de l'humanité pour la conserver et la gérer de façon durable pour un avenir lointain.

- La Communauté internationale baha'ie est un des membres fondateurs et un des principaux adhérents de l'organisation Advocates for African Food Security: Lessening the burden of women (défenseurs de la sécurité alimentaire en Afrique: alléger le fardeau des femmes) une coalition d'organisations formée pour sensibiliser surtout les dirigeants sur le rôle crucial des paysannes africaines dans la sécurité alimentaire du continent.

- De nombreuses communautés baha'ies travaillent aujourd'hui avec les autorités locales et les organisations de la société civile pour encourager la mise en oeuvre de l'Agenda 21, ce plan d'action planétaire adopté par le Sommet de la Terre en faveur d'un développement durable. Par exemple, partout en Allemagne et au Royaume Uni, des communautés baha'ies s'adressent aux autorités locales (thème du chapitre 28 de l'Agenda 21) pour examiner comment elles pourraient promouvoir d'un commun accord le concept de citoyenneté mondiale comme fondement éthique et moral du développement. De même, au Danemark, en Suède et en Australie, des communautés baha'ies ont lancé des campagnes dans les écoles sur ce même thème.

- Les communautés baha'ies participent de plus en plus souvent aux échelons local, national et international à des conférences, des tables rondes, des commissions et des collectifs, dont beaucoup sont liées avec les grands rassemblements des Nations Unies. Les baha'is ont aussi pris largement part au processus du Sommet de la Terre, à la Conférence mondiale sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement, au Forum global 1994, à la Conférence internationale sur la population et le développement, au Sommet mondial pour le développement social, et à la Commission pour un développement durable.

Lieux saints et jardins baha'is

Les lieux saints et les Maisons d'adoration baha'ies sont réputés dans le monde entier pour la beauté exquise de leurs jardins. Les jardins du Centre mondial baha'i, si chers aux pélerins baha'is qui les considèrent comme des hâvres de rajeunissement spirituel, attirent aussi un grand nombre de touristes de tous les coins du globe. Leur beauté et leur tranquillité incite à un profond respect pour le monde de la nature. La métaphore sur la nature que l'on retrouve partout dans les écrits baha'is trouve dans ces jardins une expression très concrète et pourtant ô combien sublime.

Les centres administratifs et spirituels du monde baha'i se trouvent unis en un même lieu et entourés de magnifiques jardins, à dessin. En fait, c'est ce dessin qui incite à réfléchir à l'idée que le développement spirituel, l'administration des affaires communautaires et le respect de la nature sont des éléments inséparables de tous les programmes de promotion du bien-être de l'humanité, en vue de l'édification d'une civilisation mondiale durable.

Des jeunes bénévoles venus des quatre coins de la planète travaillent dans les jardins baha'is et offrent ainsi une année de service au Centre mondial. Beaucoup d'entre eux acquièrent non seulement un sens plus profond de respect pour la nature, mais retournent dans leurs communautés avec la ferme et durable volonté de la préserver.

 

III. Initiatives baha'ies en matière de conservation et de développement durable : perspectives d'avenir

Le développement implique pour les baha'is, une cohérence dynamique entre les exigences matérielles et spirituelles de la vie sur terre. L'approche baha'ie du développement est systématique et cherche à harmoniser les concepts apparemment contradictoires de mondialisation et de décentralisation. Une direction d'ensemble et des principes directeurs aux niveaux international et souvent national contribuent à conférer à toutes les activités de développement une dimension et une vocation mondiales. Parallèlement, les programmes et activités en cours proviennent en grande partie d'initiatives individuelles ou communautaires, dépendent de mécanismes collectifs de prise de décision et se fondent sur le principe de la participation universelle. Ils sont par conséquent à même de répondre aux besoins, aux conditions et aux aspirations de la société locale ou nationale. Cette approche empêche toute projection détaillée des programmes et projets communautaires dans les années à venir. Il est néanmoins possible d'indiquer les grandes lignes des activités futures de développement.

Dans les toutes prochaines années, la communauté mondiale baha'ie élargira sans aucun doute la portée et l'éventail de ses initiatives de conservation et de développement durable dans les domaines d'action déjà établis, par exemple:

- l'éducation et la formation en matière de conservation;

- la conception de projets, individuels et communautaires, de protection de l'environnement et de sa remise en état.

- l'utilisation de diverses formes d'art pour inciter à un engagement actif en faveur de la protection de l'environnement et du développement;

- les activités de promotion du développement durable aux échelons local, national et international.

L'extension en cours des jardins du Centre mondial baha'i, dont la construction de terrasses allant du pied au sommet du Mont Carmel, accentuera la grandeur et la majesté de ce point central du monde baha'i tout en offrant un cadre étendu au respect de la nature et la volonté de la soigner et de la protéger. De même, les terrains entourant les propriétés baha'ies, y compris les Maisons d'adoration, continueront de faire l'objet d'embellissements, source d'inspiration pour ceux qui visitent ces lieux.

Le monde baha'i intensifiera ses efforts en vue d'appliquer les principes spirituels d'unité, de justice, de solidarité et de modération aux défis politiques, sociaux, technologiques et économiques d'aujourd'hui. Il s'engagera de plus en plus dans la collaboration avec des individus et des groupes animés des mêmes sentiments .


Notes des chapitres I à III

1. Baha'u'llah, Extraits des Ecrits de Baha'u'llah, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies, 1979, section CXVII, p. 164

2. Baha'u'llah, Les Tablettes de Baha'u'llah révélées après le Kitab-i-Aqdas, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies, 1994, le éd., p. 148

3. Extrait traduit de Prayers and Meditations by Baha'u'llah, Wilmette, Baha'i Publishing Trust, 1987, p.272, voir aussi La conservation des ressources terrestres, compilation, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies, p.7

4. 'Abdu'l-Baha, Sélections des écrits d'Abdu'l-Baha, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies, section 138, p. 158

5. 'Abdu'l-Baha, Sélections des écrits d'Abdu'l-Baha, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies, section 138, p. 158

6. 'Abdu'l-Baha, Sélections des écrits d'Abdu'l-Baha, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies, section 137, p. 157

7. 'Abdu'l-Baha, tiré d'une tablette non précédemment traduite.

8. 'Abdu'l-Baha, tiré d'une tablette non précédemment traduite.

9. 'Abdu'l-Baha, Les Leçons de Saint Jean D'Acre, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies.

10. 'Abdu'l-Baha, Sélections des écrits d'Abdu'l-Baha, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies, section 225, p. 289

11. Le secrétaire de Shoghi Effendi, extrait d'une lettre du 17 février 1933 à un croyant

12. Extrait traduit de The Promulgation of Universal Peace: Talks Delivered by 'Abdu'l-Baha during His Visit to the United States and Canada in 1912, Wilmette, Baha'i Publishing Trust, 1982, p. 31, voir aussi La conservation des ressources terrestres, compilation, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies, p.23

13. 'Abdu'l-Baha, The Secret of Divine Civilization, Wilmette, Baha'i Publishing Trust, 1983, p. 16, traduction libre.

14. Baha'u'llah, Extraits des Ecrits de Baha'u'llah, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies, 1979, section CLXIII, p. 225

15. Baha'u'llah, Epistle to the Son of the Wolf, (revised edition) Wilmette, Baha'i Publishing Trust, 1979, p. 44, traduction libre.

16. 'Abdu'l-Baha, Sélections des écrits d'Abdu'l-Baha, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies, section 225, p. 291

17. Shoghi Effendi, The World Order of Baha'u'llah - Selected Letters, Wilmette, Baha'i Publishing Trust, 1974 (revised edition), p. 42-43, traduction libre.

18. Shoghi Effendi, The World Order of Baha'u'llah - Selected Letters, Wilmette, Baha'i Publishing Trust, 1974 (revised edition), p. 43, traduction libre.

19. Shoghi Effendi, extrait d'un télégramme du 23 mai 1951 adressé au "New Earth Luncheon," London, UK, voir aussi La conservation des ressources terrestres, compilation, Bruxelles, Maison d'Editions Baha'ies, p.22


IV. "Religion et développement à la croisée des chemins: convergence ou divergence"

Déclaration adressée par la Communaute Internationale Baha'ie au sommet mondial pour le développement durable, conférence organisée par les Nations unies à Johannesburg, République d'Afrique du Sud, du 26 août au 4 septembre 2002 :

NEW YORK, le 23 août 2002

Tout au long du 20ème siècle, les préjugés ethniques, raciaux et nationaux ont progressivement donné lieu à la prise de conscience que l'humanité forme une seule famille et la terre un seul pays (1). Les Nations unies (ONU), créées en réponse à cette prise de conscience, ont travaillé sans relâche afin de faire émerger un monde, dans lequel tous les hommes et toutes les nations puissent vivre ensemble, dans la paix et dans l'harmonie. Pour porter secours à ce monde, les Nations unies ont tissé un remarquable réseau d'institutions, d'organisations, de conventions internationales et de plans d'actions globales qui ont contribué à éviter les conflits et les guerres, à protéger les droits de l'homme, à encourager l'égalité entre hommes et femmes et à améliorer les conditions matérielles d'innombrables individus et communautés.

En dépit de ces victoires significatives, les Nations Unies doivent cependant comprendre à la fois le rôle positif que peut jouer la religion en créant un ordre mondial de paix et de prospérité, et l'impact destructeur que le fanatisme religieux peut avoir sur la stabilité et le progrès du monde. Ce manque de considération à l'égard de la religion peut être notamment observé dans le domaine du développement, où les Nations unies ont, pour une grande part, considéré les communautés religieuses comme de simples canaux pour l'acheminement de biens et de services, comme des moyens de réaliser des politiques et des programmes de développement. Plus même, lorsque les instruments des Nations unies (2) en faveur des droits de l'homme ont été utilisés pour condamner l'intolérance et la persécution religieuses (3), les politiques et les programmes de développement des Nations unies (4) ont stigmatisé la bigoterie religieuse comme l'obstacle majeur à l'établissement de la paix et du bien-être dans le monde.

La religion, fondement de civilisation et de progrès :

Il devient de plus en plus évident que le passage au point culminant du long processus millénaire d'organisation de la planète comme un seul pays pour la famille humaine tout entière, ne pourra se réaliser dans un vide spirituel. Selon les écrits baha'is, la religion est "source d'illumination, cause de développement et l'impulsion animatrice de toute progression humaine"(5) et "fut la base de toute civilisation et de tout progrès dans l'histoire de l'humanité"(6). Elle est source de sens et d'espoir pour la vaste majorité des habitants de la planète, et elle a un pouvoir infinie pour inspirer le sacrifice, l'évolution et l'engagement à long terme de ses disciples (7). Il est donc inconcevable qu'une société globale, pacifique et prospère, -société qui abrite une diversité spectaculaire de cultures et de nations- puisse s'établir et se maintenir sans impliquer, directement et substantiellement, les grandes religions mondiales dans ses projets et ses appuis (8).

On ne peut nier, en même temps, que le pouvoir de la religion a été perverti pour tourner le prochain contre son prochain. Les Écrits baha'is déclarent que "la religion doit être source de fraternité, cause d'unité et de proximité de Dieu pour l'homme. Si elle éveille haine et lutte, l'absence de religion est alors préférable et, l'homme sans religion est meilleur que celui qui la professe." (9) Tant que les animosités religieuses peuvent déstabiliser le monde, il sera impossible d'instaurer un modèle global de développement durable, but fondamental de ce Sommet.

Religion et Nations unies, un travail commun pour la paix et la justice :

Compte-tenu de l'histoire du fanatisme religieux, il est compréhensible que les Nations unies soient encore hésitantes à inviter les religions dans leurs négociations. Cependant, les Nations unies ne peuvent plus ignorer le bien incommensurable que les religions ont fait et continuent à faire dans le monde, ou les contributions salutaires et de grande portée qu'elles peuvent apporter à l'établissement d'un ordre global, durable, pacifique et prospère. En fait, les Nations unies ne réussiront à établir cet ordre global que dans la mesure où seront utilisées la puissance et la clairvoyance de la religion. Ceci exige d'accepter la religion non seulement comme un moyen de véhiculer et d'exécuter des initiatives de développement, mais aussi comme un associé actif dans la conceptualisation, l'organisation, l'exécution et l'évaluation des politiques et des programmes mondiaux (10). Le mur, historiquement justifié séparant l'ONU et les religions (11) doit tomber devant les impératifs d'un monde luttant pour l'unité et la justice (12).

La responsabilité réelle cependant réside dans les religions elles-mêmes. Les disciples, et plus encore les dirigeants des religions, doivent démontrer qu'ils sont les dignes partenaires de la mission importante qui consiste à construire une civilisation mondiale durable. Cela requiert que les dirigeants religieux travaillent consciencieusement et sans relâche à éradiquer la bigoterie et la superstition (13) à l'intérieur de leurs propres traditions religieuses. Ceci demande qu'ils acceptent la liberté de conscience pour tous, y compris pour leurs disciples (14), et renoncent aux revendications d'exclusivité et d'irrévocabilité religieuses (15).

Il paraît inimaginable que l'acceptation de la religion comme partenaire des Nations unies soit autrement que progressif, ou que les hostilités religieuses soient instantanément résolues. Mais les besoins désespérés de la famille humaine ne peuvent souffrir aucun délai supplémentaire pour reconnaître le rôle de la religion.

Religions et ONU, les prochaines étapes possibles :

Pour sa part, l'ONU pourrait commencer le processus consistant à impliquer de manière appréciable la religion dans les délibérations sur le futur de l'humanité, en organisant un premier rassemblement des dirigeants religieux, à l'initiative peut-être du Secrétaire Général. En priorité, les dirigeants pourraient demander qu'une convention sur la liberté de religion et de croyance soit élaborée et ratifiée, aussi vite que possible, par les gouvernements du monde, avec l'appui des communautés religieuses (16). Une telle action menée par les dirigeants religieux, marquera leur volonté de reconnaître la liberté de conscience pour tous, et réduira de manière significative, les tensions dans le monde. Ce rassemblement pourrait aussi discuter la mise en place d'un forum religieux permanent au sein de l'Organisation des Nations unies, dans un premier temps sur le modèle du forum permanent récemment instauré par l'ONU pour les Questions indigènes. La création de ce corps serait une étape importante vers une pleine intégration de la religion dans le travail de l'ONU pour établir un ordre mondial pacifique (17).

De leur côté, les dirigeants religieux devront démontrer qu'ils sont dignes de participer à ce forum. Seuls, les dirigeants religieux, qui clarifieront à leurs adeptes que les préjugés, la bigoterie et la violence n'ont pas de place dans la vie d'un croyant, seront invités à participer au travail de ce forum.

Le règne promis de paix et de justice :

Il est évident que plus l'ONU retardera l'implication significative de la religion dans ses travaux, plus l'humanité subira les ravages de l'injustice et de la désunion (18). Il est aussi clair que, tant que les religions mondiales ne renonceront pas au fanatisme et ne travailleront pas consciencieusement à l'éliminer de leurs propres rangs, la paix et la prospérité resteront du domaine de l'illusion. En fait, la responsabilité de la situation lamentable de l'humanité dépend, pour une bonne part, des dirigeants religieux mondiaux. Ce sont eux qui doivent élever leur voix pour en finir avec la haine, l'exclusion, l'oppression des consciences, la violation des droits de l'homme, le déni d'égalité, le refus de la science, la glorification du matérialisme, la violence et le terrorisme, qui sont perpétrés au nom de la vérité religieuse. De plus, ce sont les adeptes de toutes les religions qui devront transformer leur propre vie et revêtir le manteau du sacrifice au service du bien-être des autres, contribuant ainsi à la réalisation du règne depuis longtemps promis, de la paix et de la justice sur terre.


Notes du chapitre IV:

(1) Avec cette prise de conscience, s'est développée l'idée que la paix et la prospérité mondiales seront impossibles aussi longtemps que les droits de l'homme seront régulièrement violés, l'égalité des femmes niée, les minorités ethniques et raciales discriminées, les ravages de la pauvreté ignorés et la souveraineté nationale sans freins exercée.

(2) Malheureusement, les Nations unies ont été incapables d'aller au-delà de la Déclaration sur l'élimination de toutes les formes d'intolérance et de discrimination basées sur la religion ou la croyance, pour concevoir une convention sur la liberté de religion et de croyance. La capacité des Nations unies à transformer les déclarations de l'Assemblée générale, sur la race ou sur les femmes en conventions, souligne seulement son absence de réussite dans le domaine de la religion et de la croyance - c'est à dire que, après la Déclaration sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, et la Déclaration sur l'élimination de la discrimination envers les femmes, les Nations unies ont élaboré la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes.

(3) Bien que quelques-uns des plans d'action globale issus des conférences récentes des Nations unies suggèrent que le mésusage de la religion s'oppose au développement, les quelques références qu'elles y font, ni n'examinent les effets de la bigoterie et de la violence religieuses sur le développement et la sécurité, ni ne proposent de solutions. (Voir, par exemple, la Déclaration de Vienne et le programme d'Action, II-22, 38 ; la Déclaration de Copenhague et le programme d'Action, 69 ; la Plate-forme pour Action de la 4ème conférence mondiale sur les femmes, 24,80(f), 131,224 ; L'Agenda d'Habitat, 25 ; Nous, les peuples : le rôle des Nations unies au 21ème siècle, 200 ; la Déclaration de la conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale la xénophobie et l'intolérance qui s'y rattache, 59-60.) Agenda 21 mentionne la religion, mais sans aucune référence à l'impact de son mésusage sur le développement (voir, Agenda 21, 5.53, 6.1, 6.3, 6.4, 6.12, 6.32, 6.34 (a)(i), 36.13 (a)). De plus, le Programme pour l'exécution permanente d'Agenda 21, élaboré au Sommet de la terre +5, ne contient aucune mention de la religion, et l'Ébauche du plan d'exécution pour le sommet mondial pour un développement durable qui a été négocié à la 4ème session du comité préparatoire (27 mai - 7 juin 2002), mentionne une fois la religion et seulement à l'appui de la déclaration que l'organisation de services de soins de santé de base est " dans la logique...des valeurs culturelles et religieuses " (A/CONF 199/PC/L.5, #45). Cette omission des effets destructeurs du fanatisme religieux sur le développement durable, dans les plans d'action globale émanant du Sommet de la terre, du Sommet de la terre+5, et du Sommet mondial pour un développement durable, est pour le moins frappante, étant donné que quelques-unes des conférences des années 90 avaient, au moins, exprimé une préoccupation à propos de l'intolérance religieuse.

(4) Dans ses efforts pour combattre le terrorisme, les Nations unies ont hésité à s'adresser au fanatisme religieux. À travers une série de résolutions, de traités et d'actions, les Nations unies ont réclamé une coopération internationale concertée pour combattre le terrorisme, le stigmatisant comme " une des plus sérieuse menace à la paix internationale et à la sécurité pour le 21ème siècle " et contraire à " la prospérité et à la stabilité mondiale " (S/RES1377 (2001)). Cependant, en même temps, les Nations unies ont été réticentes à identifier le fanatisme religieux comme une source de terrorisme, s'y référant le plus souvent indirectement - par exemple, " le terrorisme motivé par l'intolérance ou l'extrémisme " (S/RES/1373 (2001)). Dans les quelques occasions où il est mentionné directement, il fait partie d'une liste de justifications diverses - par exemple, " les actes criminels dans l'intention de provoquer un état de terreur...sont...injustifiables, quelle que soit la nature, politique, philosophique, idéologique, raciale, ethnique, religieuse ou autre des considérations invoquées pour les justifier " (A/RES/55/158, para 2; voir aussi A/57/37, Annex III, Article 5, Report of the Ad Hoc Committee [chargé de l'esquisse de Comprehensive Convention on International Terrorism] élaboré par l'Assemblée générale Resolution 51/210 of 17 December 1996; and the International Convention for the Suppression of the Financing of Terrorism, Article 6). Curieusement, même les diverses résolutions prises par le Conseil de sécurité, l'Assemblée générale et la Commission des droits de l'homme en réponse aux actes terroristes du 11 septembre 2001, n'ont pas identifié le fanatisme religieux comme force animant ces actes (quelques discours du Secrétaire général des Nations unies font allusion à ces motivations fanatiques : " C'est pour nous un combat moral contre un démon qui est une abomination pour toutes les religions. " SG/SM8013, Message du Secrétaire général Kofi Annan à la Conférence de Varsovie pour combattre le terrorisme, 6 novembre 2001)Cette hésitation à reconnaître et à condamner vigoureusement la bigoterie religieuse comme motivation des actes terroristes, affaiblit l'efficacité des efforts des Nations unies à mettre une fin au terrorisme international. Car, c'est seulement en identifiant et en comprenant la motivation précise de telles actes qu'ils peuvent être efficacement combattus.

(5) Citations librement traduites de : 'Abdu'l-Baha, Promulgation of Universal Peace, Baha'i Publishing Trust, Wilmette, IL, 1982, p.361.

(6) Ibid.

(7) La religion a inspiré dans toutes les populations des aptitudes à aimer, à pardonner, à créer, à entreprendre, à vaincre les préjugés, à se sacrifier pour le bien commun, et à discipliner les instincts. Contre toute attente et avec peu d'encouragements en ce sens, elle continue à soutenir le combat pour la survie de multitudes innombrables, et de susciter partout des héros et des saints dont la vie est la justification la plus persuasive des principes contenus dans les écrits de leurs fois respectives. En fait ses lois fondamentales et ses principaux principes ont, au cours des âges, constitué la chaîne et la trame du tissu social, unissant les peuples en communautés et servant d'ultime autorité pour donner sens et direction à la vie individuelle et collective.

(8) Il est impensable de soutenir qu'un système de droits internationaux de l'homme peut remplacer un dessein religieux en tant que force apte à inspirer les profonds sacrifices et à orienter les changements de grande envergure nécessaires à l'unification et à la pacification de l'humanité. Bien qu'il soit exact que les normes et standards des droits internationaux de l'homme soient pour une grande part basés sur des principes ayant leurs racines dans les grandes religions du monde, un tel système, par lui-même - coupé de desseins religieux - ne peut mobiliser la vision morale et l'engagement nécessaires à l'établissement et au maintien de la paix et de la justice universelles. En fait, détachés des vertus enseignées par toutes les religions - telles que la bonté, le pardon, la compassion, la générosité, l'amour, le sacrifice, la responsabilité, et le service d'autrui - les droits de l'homme et les libertés fondamentales sont souvent utilisés pour justifier l'égoïsme individuel, les conduites anti-sociales, la sur-consommation, le relativisme moral, l'outrance culturelle et le chauvinisme national.

(9) 'Abdu'l-Baha, Promulgation of Universal Peace, Baha'i Publishing Trust, Wilmette, IL, 1982, p. 181. Les écrits baha'is insistent régulièrement sur ce principe - par exemple, "Si la religion doit être source de haine, d'antagonisme et de conflit, si elle devient cause de rivalité et de discorde et conduit les hommes à s'entretuer, son absence est préférable " (Ibid. p. 298); " Si une religion devient cause de haine et de dissension, il serait préférable qu'elle n'existe pas. Être sans une telle religion est mieux que d'être avec " ('Abdu'l-Baha, 'Abdu'l-Baha in London, Baha'i Publishing Trust, Oakham, England, 1982, p. 28); " Si une religion devient une cause d'inimitié, de haine et de division, il serait préférable d'être sans, et se retirer d'une telle religion serait un acte réellement religieux " ('Abdu'l-Baha, Paris Talks, eleventh edition, Baha'i Publishing Trust, London, 1969, p. 130).

(10) Alors que les principes religieux ont eu une notable influence sur les Nations unies, particulièrement dans le domaine des droits de l'homme, les Nations unies ont encore à accepter les religions du monde en tant que légitime partenaire dans ses travaux. L'implication d'Organisations non gouvernementales (ONGs) dans certaines activités des Nations unies ; les sentiments religieux que des officiels onusiens et gouvernementaux expriment occasionnellement pendant des négociations ; le statut d'Observateur permanent du Saint siège (représentant l'état du Vatican) ; et d'autres moyens similaires à travers lesquels la voix de la religion s'élève parfois aux Nations unies ; peuvent à peine être appelés une implication substantielle de la religion dans les délibérations et le travail conceptuel des Nations unies. Cette absence d'implication laisse perplexe, étant donné que les écritures des religions du monde promettent un âge de paix universelle et d'harmonie mondiale - âge dont l'établissement est l'objectif central des Nations unies.

(11) Pour avoir un aperçu intéressant de l'influence des ONG religieuses à l'ONU, voir Religion and Public Policy at the UN, Religion Counts, 2002.

(12) Des initiatives telles que le Dialogue du développement des religions du monde (une initiative commune de la Banque mondiale et de plusieurs religions du monde), et le Sommet du Millenium pour la paix mondiale des dirigeants religieux et spirituels (une réunion mondiale des dirigeants religieux qui s'est tenue en partie dans le hall des Nations unies, à laquelle participaient des officiels onusiens, mais qui n'était pas officiellement organisée par les Nations unies) pourraient être considérées comme un premier pas vers une implication directe de la religion dans le travail des Nations unies. Les Nations unies pourraient construire sur ces premiers pas, des mécanismes et des processus qui apporteraient, d'une manière significative, des valeurs religieuses, des aspirations et une vision au coeur de l'entreprise d'envergure mondiale que sont les Nations unies.

(13) Les dirigeants religieux devront accepter la science et la religion comme les deux systèmes de connaissance indispensables devant oeuvrer de pair si l'humanité doit progresser. En même temps, ceux qui nient l'importance de la religion dans la résolution des problèmes apparemment insolubles de l'humanité doivent regarder, d'un esprit impartial, vers les perspectives et orientations de la religion afin de garantir l'application correcte des connaissances et aptitudes générées par la recherche scientifique. L' harmonie de la science et de la religion est un principe fondamental de la foi baha'ie: "Dieu a doté l'homme d'intelligence et de raison avec lesquelles il doit déterminer la vérité des problèmes et des propositions. Si les croyances et les opinions religieuses se révèlent contraires aux critères scientifiques, ce sont de simples superstitions et imaginations; car l'antithèse de la connaissance est l'ignorance, et la superstition est fille de l'ignorance. Sans aucun doute possible, il doit y avoir accord entre la vraie religion et la science. Il est impossible d'avoir foi et de croire en quelque chose se révélant contraire à la raison; le résultat ne peut être qu'hésitation et incertitude." ('Abdu'l-Baha, The Promulgation of Universal Peace, Baha'i Publishing Trust, Wilmette, IL, 1982, p. 181)

(14) Encourager la liberté de conscience implique de permettre à tout individu d'explorer la réalité, d'étudier, de comprendre les autres religions et de changer de religion si tel est son choix. Les écrits baha'is insistent sur le fait que la force et la coercition en matière de religion et de croyance sont une violation du commandement divin: "la conscience de l'homme est sacrée et doit être respectée" ('Abdu'l-Baha, A Traveler's Narrative, Baha'i Publishing Trust, Wilmette, IL, 1980, p. 91.). Assurément, la spécificité humaine pour un individu signifie rechercher personnellement la réalité, choisir librement sa religion et adorer Dieu de la manière qu'il croit être juste.

(15) Dépasser de tels dogmes requiert d'accepter la notion que toutes les grandes religions du monde sont également valables en nature et en origine et sont les aspects d'un processus de civilisation divin et progressif, épurant les aptitudes de l'humanité à connaître, aimer et servir. Baha'u'llah déclare, "Il n'est point douteux, en effet, que tous les peuples de la terre, à quelque race ou religion qu'ils appartiennent, tirent leur inspiration spirituelle d'une même source céleste et qu'ils sont les sujets d'un seul Dieu" (Gleanings From the Writings of Baha'u'llah, second edition, Baha'i Publishing Trust, Wilmette, IL, 1976, p. 217.) L'avenir de l'humanité repose finalement sur l'acceptation ou le refus de cette compréhension de la nature et de la source des grandes religion du monde.

(16) D'autres efforts initiaux pourraient inclure l'élaboration et la ratification de conventions internationales sur l'éducation et les médias. Basées sur la Convention contre la discrimination en matière d'éducation, ces conventions condamneraient sans réserve et sanctionneraient avec force ceux qui, au nom de la religion, utilisent l'éducation et les médias pour faire pression sur la liberté de conscience et exhorter à la division, à la haine, au terrorisme, à la violence et aux effusions de sang. Elles n'auraient aucune tolérance pour les institutions et les initiatives éducatives ou les politiques et programmes médiatiques - tant publiques que privés - encourageant de telles attitudes et une telle conduite.

(17) L'idée que la diversité des religions exclut la possibilité d'une implication effective des religions aux Nations unies est contestable. Les religions du monde partagent un certain nombre de vérités et se rencontrent de plus en plus souvent, à tous les niveaux, pour explorer valeurs et aspirations communes, travailler à l'application de politiques et de programmes gouvernementaux et exécuter diverses d'initiatives. En fait, la vision commune d'un avenir pacifique, soutenue par toutes les grandes religions du monde, témoigne de l'immense dévouement, de 'énergie et des ressources que l'implication des religions aux Nations unies pourrait apporter à l'organisation dans son ambition d'accomplir remplir sa mission mondiale.

(18) Le danger croissant d'une conflagration mondiale d'origine religieuse ne fait que souligner le besoin d'accélérer l'implication religieuse dans le travail des Nations unies. Car un gouvernement civil, sans aide, ne peut surmonter un tel danger. De même ne peut-on imaginer que des appels à la tolérance mutuelle suffisent à eux seuls pour éteindre une animosité persuadée d'exprimer la sanction divine. La situation demande des dirigeants religieux une rupture avec le passé aussi décisive que celle qui a permis aux sociétés de faire face aux préjugés également corrosifs de race, de genre et de nation. Quelle justification pourrait exister pour exercer une influence en matière de conscience sinon celle de servir le bien-être de l'humanité. À ce tournant capital de l'histoire de la civilisation, l'urgence d'un tel service ne peut être plus claire.

Voir aussi http://www.bcca.org/ief/homefr.htm
BIC Document #02-0826



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