Médiathèque baha'ie

Les récits de Nabil
- Histoires pour enfants -

Textes tiré du livre "Les récits de Nabil"
Ecrit par Zoé Meyer, illustré par Carl Scheffler,
et traduit en français par Suzi Zein.

Chapitre suivant Partie 1    Retour à la bibliothèque


9. LA TEMPETE



N'avez-vous jamais fait un voyage sur un très beau bateau, presque aussi confortable qu'une belle maison? A l'époque où vivaient le Bab et Baha'u'llah, ce genre de bateau n'existait pas. Il n'y avait que des petits bateaux sans moteur. Ils dépendaient du vent qui gonflait leurs voiles et bien sûr, ils ne se déplaçaient pas très vite.

Un jour, le Bab décida de se rendre à La Mecque, ville où avait vécu Muhammad lorsqu'Il et enseignait sur terre.

Chaque année, beaucoup de gens qui aimaient Muhammad et étudiaient son Livre "Le Coran", se rendaient à La Mecque pour prier. Le Bab savait qu'Il allait y trouver beaucoup de monde et Il voulait leur annoncer le nouveau message de Dieu. Alors Il partit en voyage avec Quddus, qui était une des Lettres du Vivant, et avec son serviteur.

Pour arriver à cette ville, ils devaient voyager en bateau. Cela leur prit deux longs mois, car il n'y avait pas autre chose, que ces petits bateaux. Il y eut aussi le mauvais temps et une terrible tempête soufflait. Pour les voyageurs qui étaient sur le bateau, les grosses vagues devaient ressembler à des montagnes et ils étaient tellement remués, qu'ils avaient presque tous le mal de mer.

Mais le Bab et Quddus, ne semblaient pas en être incommodés. Les autres voyageurs avaient peur de la tempête, mais le Bab et son compagnon savaient que Dieu veillait sur eux et c'est pourquoi ils ne craignaient rien.

Chaque jour Quddus écrivait les belles prières et les paroles que le Bab lui dictait. Même lorsque la tempête soufflait le plus fort, et que les autres voyageurs craignaient que le bateau coule, le Bab, Quddus continuaient de travailler, sans se préoccuper du danger.

Ils eurent ensuite d'autres sortes de problèmes. Le voyage avait duré si longtemps, qu'ils se retrouvaient finalement sans une goutte d'eau à boire. Bien sûr vous savez que l'eau de l'océan est trop salée pour qu'on puisse la boire. Si vous la buviez, vous auriez encore plus soif. Le Bab écrivit plus tard à quelqu'un que durant plusieurs jours, ils durent étancher leur soif avec du jus de citron à la place de l'eau.

Les voyageurs de ce bateau ont dû souffrir beaucoup. Mais de cette souffrance, quelque chose de bon en sortit. Quand le Bab vit cela, Il pria Dieu de rendre les voyages par mer plus faciles. Il pria aussi pour que ces voyages soient moins dangereux.

Dieu répondit à la prière du Bab. En quelques années, les hommes apprirent à faire des bateaux plus grands et plus solides que les tempêtes n'abîmaient plus autant. Ils apprirent à utiliser des moteurs à la place des voiles pour aller plus vite. Quel progrès! Pensez un peu: il suffit de quelques jours aujourd'hui pour faire le voyage qui prit deux mois au Bab. Bien sûr nous savons que ce sont les prières du Bab qui ont amené ces améliorations, mais à cette époque les gens ne le savaient pas. Ils n'avaient pas le temps de réfléchir pour pouvoir découvrir que c'était Dieu qui leur envoyait toutes ces bonnes choses.

Finalement, en dépit de leur dur voyage, le Bab et Quddus arrivèrent sains et saufs à la ville du bord de mer la plus proche de l'endroit où ils se rendaient. De là, ils devaient voyager à dos de chameau à travers le désert avant d'atteindre La Mecque, ville sainte, car Muhammad y avait vécu.



10. L'AVENTURE DANS LE DESERT

Pour se rendre à La Mecque, le Bab et Quddus devaient traverser un grand désert de sable. Il n'y a pas beaucoup d'eau dans le désert, et de temps en temps seulement les voyageurs trouvaient un puits. Il fallait qu'ils fassent alors une provision d'eau assez grande pour durer jusqu'au prochain puits

Les chevaux ont besoin de beaucoup d'eau et pour cette raison on les utilise rarement dans le désert. Maintenant nous le traversons en voiture, ou le survolons en avion, mais au temps du Bab, il n'y avait ni voiture ni avion. Savez-vous alors comment on voyageait dans le désert?

Il y a un animal qui peut résister longtemps sans boire, c'est le chameau. Autrefois quand quelqu'un voulait traverser le désert, il devait le faire à dos de chameau. Et c'est ce que fit le Bab pour se rendre à La Mecque.

Quddus cependant, ne voulait pas monter à dos de chameau. Son désir était de marcher aux côtés du Bab durant tout le voyage, tenant la bride de son chameau. De cette façon, il se sentait mieux en mesure de défendre son maître, au cas où il y aurait eu un danger. Et chaque nuit, du crépuscule jusqu'à l'aurore, il passait la plus grande partie du temps à prier et à monter la garde afin que rien ne Lui arrive. Combien il devait aimer le Bab pour faire cela. Et il en était très heureux.

Dans le désert le soleil est brûlant, il n'y a pas d'arbre du tout et le sable devient si chaud, qu'il est difficile de pouvoir y marcher. Pour cette raison ils partaient toujours de bonne heure le matin, avant que le soleil ne soit levé

Un matin, le Bab s'arrêta à un puits, et descendit de son chameau pour faire sa prière du matin. Comme vous le voyez, Il n'oubliait jamais de prier, car Il savait qu'en priant Il restait en proche contact avec Dieu et savait ainsi quelle était sa volonté.

Pendant qu'Il priait, un nomade qui vivait dans le désert, se déplaçant d'un endroit à l'autre, apparut soudain près des voyageurs. Les voyant prier, il rampa doucement vers eux, se saisit vivement de la sacoche du Bab, qui se trouvait sur le sol près de Lui, et se sauva en l'emportant

Vous rappelez-vous que lorsqu'ils voyageaient en bateau, Quddus avait écrit les prières et les paroles du Bab? Bien sûr, ces prières étaient très précieuses, car elles parlaient du Promis et du nouveau Jour, et elles apportaient beaucoup de bénédictions à tous ceux qui les lisaient.

Tous ces papiers étaient dans la sacoche que l'homme avait volé. Le serviteur voulait rattraper le voleur, mais le Bab lui fit signe de revenir. Cela nous semble étrange n'est-ce pas que le Bab ait laissé l'homme emporter des papiers qui étaient si importants? Mais voici la raison que le Bab donna: l'homme qui était parti avec les papiers, les emmènerait dans les différents endroits du désert où il allait. De cette façon beaucoup de gens les liraient et auraient ainsi connaissance de la venue du Promis. Et probablement que pour ces gens c'était le seul moyen de l'apprendre, car ils n'allaient jamais dans les grandes villes très éloignées de là.

"Par conséquent, ne soyez pas triste par cette action", dit le Bab à son serviteur, "car ceci a été ordonné par Dieu, l'Ordonnateur, le Tout-Puissant".

Ce qui voulait dire: ne soyez pas désolé, car c'était la volonté de Dieu qu'il emporte ces papiers.



11. L'HISTOIRE DE SADIQ

Le Bab et Quddus restèrent pendant quelques temps à La Mecque, puis ils retournèrent chez eux.
Sur le chemin du retour, le Bab dit à Quddus, que lorsqu'ils atteindraient leur pays ils devaient se séparer afin de pouvoir enseigner dans des endroits différents et qu'ils ne pourraient pas toujours être ensemble.

Il prévint Quddus que les gens seraient très cruels envers lui, qu'ils ne l'écouteraient pas et que finalement, ils le tueraient. Le Bab promit cependant à Quddus une joie infinie due au fait qu'il serait appelé à donner sa vie pour la Cause de Dieu. Il Lui promit également qu'avant sa mort, il recevrait une grande bénédiction: il rencontrerait le second Envoyé que Dieu devait manifester.

Tout arriva comme le Bab l'avait prédit. Beaucoup de gens ne croyaient pas au Message et étaient très cruels. Un de ceux qui crut aux paroles de Quddus s'appelait Mulla Sadiq, et sa profession était d'enseigner le Coran. Partout où il allait, Sadiq parlait du nouvel Enseignant, ou Prophète, que Dieu avait envoyé, jusqu'à ce que, finalement, ceux qui ne voulaient pas l'écouter décidèrent de le faire taire. Alors ils l'arrêtèrent et il fut condamné à recevoir mille coups de fouet.

Mulla Sadiq était un homme âgé et ils ne pensaient pas qu'il pourrait supporter les coups de fouet. Mais ceux qui regardaient, eurent une grande surprise. Car, que pensez-vous qu'il arriva? Pendant tout le temps qu'on le fouettait, et que le sang coulait de ses blessures, Mulla Sadiq était calme et souriant et ne semblait même pas éprouver de douleur. Les gens n'arrivaient pas à comprendre.

C'était vrai que Mulla Sadiq ne sentait pas les coups. Il raconta à un ami, plus tard, que les sept premiers coups de fouet furent très douloureux. Mais après cela, il se demandait si c'était bien sur son corps que l'on appliquait les coups, parce qu'il ne les sentait pas. Il dut même mettre sa main sur sa bouche, pour s'empêcher d'éclater de rire, tellement il était heureux.

"Maintenant", dit-il, "je peux me rendre compte, de quelle façon, l'Omnipotent Libérateur, peut changer en un clin d'oeil la douleur en confort, et la peine en plaisir."

Dieu peut toujours supprimer notre douleur et nous rendre heureux, si nous nous tournons vers Lui, et si nous mettons en Lui toute notre confiance comme l'avait fait Mulla Sadiq. Et il n'était pas le seul qui montrait sa joie à servir le Bab sans être touché par la cruauté des gens envers lui. En effet, tous les gens qui voyaient ceux qui donnaient le Message du Bab, ne pouvaient pas comprendre comment ils n'étaient pas remplis de terreur par les choses terribles qui leur étaient faites.

Cependant, nous connaissons le secret: ils étaient sûrs que Dieu les gardait sous sa protection à tout moment et que rien de ce qui était contre son désir ne pouvait leur arriver. Bien sûr ils étaient si heureux parce qu'ils aimaient tendrement le Bab. Et cela rend toujours heureux d'aimer les autres.



12. LE BAB EST FAIT PRISONNIER

Après avoir été traité avec tant de cruauté, Mulla Sadiq dut quitter la ville accompagné de Quddus. Le gouverneur ne voulait pas les laisser rester plus longtemps car il avait peur que les gens se convertissent et se tournent contre lui. Mais cela leur était égal de partir, car ainsi ils pouvaient donner le Message ailleurs.

Lorsqu'ils eurent quitté la ville, le gouverneur décida qu'il devait faire arrêter le Bab pour l'empêcher Lui aussi de parler à la population. Pour cela, il envoya des soldats à cheval qui devraient Le ramener enchaîné. Alors qu'ils arrivaient dans un endroit un peu isolé, ils virent un jeune homme portant un turban vert. Il était à cheval, et son serviteur marchait derrière Lui. Quand ces soldats arrivèrent à sa hauteur, le jeune homme les salua et leur demanda où ils allaient. Leur chef pensa qu'il valait mieux ne pas dire à cet étranger pourquoi ils étaient là, alors il répondit qu'ils étaient en mission pour le gouverneur.

Le jeune homme sourit en disant: "Le gouverneur vous a envoyé pour m'arrêter. Me voici! Faites de Moi ce que vous voudrez. En venant à votre rencontre, Je vous ai permis de Me trouver sans difficulté".

Le soldat fut très étonné. Il ne pouvait pas comprendre pourquoi le Bab ne s'était pas enfui lorsqu'Il les avait vus, au lieu de venir à leur rencontre. Il ne voulait pas L'emmener, alors il fit semblant de ne pas entendre et commença à s'en aller.

Mais le Bab vint vers lui et déclara qu'Il n'avait rien dit d'autre que la vérité, qu'Il n'avait d'autre souhait que celui d'aider les autres. "Je sais que vous Me cherchez", dit-Il, "et Je préfère Me livrer à vous, plutôt que de vous voir subir par ma faute des ennuis qui pourraient vous être évités".

Le soldat fut tellement ému par ces mots, qu'il descendit de cheval et alla embrasser les étriers du Bab. Il supplia le Bab de Se sauver et de ne pas permettre au cruel gouverneur de L'emprisonner. Il dit qu'il pouvait avoir confiance en ses hommes et qu'ils ne révéleraient pas le lieu où Il était allé.

Mais le Bab refusa de S'enfuir. Il assura le soldat que Dieu le récompenserait pour sa bonté, mais qu'Il Lui était impossible de fuir. Il lui dit aussi que Dieu Le protégerait et que personne ne pourrait Lui faire de mal tant que sa tâche ne serait pas accomplie. Et quand Il aurait fini, comme Il aimait Dieu infiniment, Il serait très heureux de donner sa vie pour Lui.

"Me voici", dit-Il, "Livrez-moi à votre maître. Soyez sans crainte, car personne ne vous en blâmera".

Alors, ils partirent ensemble pour la ville, mais les soldats refusèrent d'enchaîner le Bab. Durant tout le trajet Il était à la tête du régiment de soldats, libre comme eux. Lorsqu'ils arrivèrent, le gouverneur posa beaucoup de questions au Bab, et il Lui parla sur un ton tel que cela fâcha tous ceux qui l'entendirent.

Mais le gouverneur ne voulait pas faire de mal au Bab, car cela aurait tourné les gens contre lui, et finalement, il Le laissa partir. Mais avant de Le libérer il fit payer à l'oncle du Bab une forte somme d'argent. Il lui fit également signer un papier lui faisant promettre d'amener le Bab si plus tard il désirait l'interroger.

La mère et l'épouse du Bab, étaient alors avec son oncle, et vous pouvez vous imaginer leur bonheur d'être encore une fois ensemble. Pendant quelques temps, Il vécut très paisiblement ne recevant aucune visite, excepté celle de ses amis les plus proches.



13. L'OISEAU BLANC



Cette histoire raconte comment un bel oiseau blanc permit à 'Abdu'l-Karim de trouver le Bab. Depuis longtemps 'Abdu'l-Karim cherchait à connaître Dieu et les grands Messagers qu'Il envoyait. Et il savait que pour arriver à comprendre, il devait passer de longues années à étudier et à prier.

Il passait ses journées à étudier et à s'entretenir avec ses amis de ce qu'il avait appris. Et quelquefois même, il étudiait tard dans la nuit. Après avoir étudié le Coran pendant plusieurs années, ses maîtres lui dirent qu'à présent lui aussi était prêt à enseigner. Bien sûr , Abdu'l-Karim fut très heureux et demanda à son père, qui voulait préparer une fête à cette occasion, d'attendre quelques jours.

La raison pour laquelle il demanda à son père d'attendre est la suivante: il ne se sentait pas assez sage ou assez proche de Dieu pour pouvoir enseigner le Coran aux autres, malgré ses longues années d'étude. Il savait qu'un maître qui enseignait le Coran ne pouvait pas faire d'erreur. Alors il se rendit dans sa chambre, et toute la nuit il pria Dieu de l'aider. Et pendant qu'il priait il eut une vision. Un homme s'adressait à une foule, et ces personnes avaient des visages rayonnants. Cet homme leur parlait d'un verset du Coran qu'Abdu'l-Karim connaissait bien. Alors qu'Abdu'l-Karim se dirigeait vers lui, il disparut de sa vue. Le lendemain , Abdu'l-Karim décrivit sa vision à un sage qu'il connaissait. "Cet homme", dit-il, "est Siyyid Kazim, qui se trouve en ce moment à Karbila il est aimé de tous ceux qui l'écoutent".

Bien sûr comme vous pouvez vous en douter, cette nouvelle rendit Abdu'l-Karim très heureux. Le jour même il se rendit à Karbila pour voir Siyyid Kazim. C'était lui qu'Abdu'l-Karim avait vu dans son rêve et il parlait justement du même verset du Coran. Il parlait du Promis à ceux qui l'écoutaient. "Le Promis", leur disait-il, "vit au milieu de nous tous. Préparez le chemin pour Lui et purifiez votre coeur afin de pouvoir reconnaître sa Beauté. Vous ne devez pas vous reposer un instant avant de l'avoir trouvé."

Abdu'l-Karim resta quelques temps à Karbila, puis retourna chez lui. Chaque jour il était très occupé, mais le soir il priait et pensait au Promis demandant à Dieu de le guider dans sa recherche.

Une nuit il eut une autre vision. Il vit un oiseau blanc comme la neige au dessus de sa tête. Il était à coté de la branche d'un arbre qui se posa sur lui, et dit d'une voix douce: "0 'Abdu'l-Karim, toi qui cherches la Manifestation. Attends l'année soixante".

Puis il s'envola laissant 'Abdu'l-Karim très heureux.

Chaque jour, il pensait à cette vision. Quelques années plus tard, il entendit parler du Bab et se dépêcha de se rendre à Shiraz pour Le voir. Et que croyez-vous qu'il arriva?

Le Bab était en train d'enseigner le Coran, et lorsqu'Il vit Abdu'l-Karim, Il lui dit d'une voix semblable à celle de l'oiseau: "Abdu'l-Karim cherches-tu la Manifestation?"

Vous souvenez-vous? C' étaient exactement les mêmes mots que ceux de l'oiseau blanc. 'Abdu'l-Karim comprit alors qu'il avait trouvé le Promis. Il se prosterna, rempli de joie et incapable de prononcer un mot. Et comme l'oiseau blanc l'avait prédit, c'était l'année soixante.



14. LA PESTE

L'histoire suivante raconte comment une nuit, Dieu sauva le vie du Bab, alors que le méchant gouverneur avait envoyé quelqu'un pour le faire prisonnier et le mettre à mort.

Voyez-vous, ce gouverneur n'aimait pas le Bab car des foules de gens venaient Le voir et écouter son message. Le gouverneur le faisait surveiller partout où Il allait. Finalement, une nuit, il fit appeler le chef de police de la ville, et lui dit de se rendre immédiatement à la maison où demeurait le Bab. Il devait grimper sur le mur, atteindre le toit de la maison sans se faire remarquer, pénétrer subrepticement à l'intérieur et arrêter le Bab ainsi que tous ceux qui étaient avec Lui Il devait également emporter tous les livres qui étaient dans la maison.

"Je jure que cette même nuit", dit le gouverneur, "je ferai exécuter le Bab et tous ses misérables compagnons".

Le chef de police fit exactement ce que lui avait ordonné le gouverneur. Il arrêta le Bab et ses compagnons, et se rendit avec eux à la maison du gouverneur. Mais en route, une chose étrange se produisit.

Alors qu'ils arrivaient vers la place du marché, ils rencontrèrent des gens qui couraient dans tous les sens, comme s'ils essayaient de fuir quelque chose. Tous semblaient trop effrayés pour s'arrêter et parler. Puis ils virent une longue procession de cercueils passer rapidement à travers les rues, chacun suivi d'hommes et de femmes criant et se lamentant.

Le chef de police arrêta une de ces personnes pour demander ce qui était arrivé. On lui dit que la nuit même la peste avait frappé et que déjà une centaine de personnes étaient mortes. La peste est une terrible maladie, si contagieuse que tous ceux qui se trouvent autour d'une personne atteinte, peuvent aussi l'attraper et beaucoup d'entre eux meurent.

Le chef de police, terrifié, courut à la maison du gouverneur. Mais le gardien de la maison lui dit que le gouverneur avait fui en emmenant sa famille hors de la ville. Un de ses serviteurs était mort de la peste et certains membres de sa famille étaient malades.

Le policier se demandait ce qu'il devait faire. Il décida alors d'emmener le Bab dans sa propre maison et de le garder prisonnier, jusqu'au retour du gouverneur. Cependant, alors qu'il arrivait près de sa maison, il entendit des pleurs, et on lui apprit que son fils était mourant. Dans son désespoir, l'homme se jeta aux pieds du Bab, et le supplia de sauver la vie de son fils.

"Ne le punis pas pour la faute que son père a commise", supplia-t-il. Il dit au Bab qu'il regrettait ce qu'il avait fait et que plus jamais il n'obéirait aux désirs pervers du gouverneur, même s'il n'arrivait plus à trouver de travail et devait mourir de faim.

Le Bab était juste sur le point de se laver le visage et les mains, comme Il le faisait toujours avant de prier. Il dit à l'homme de porter un peu de cette eau à son fils et de lui demander de la boire. "Cela lui sauvera la vie", dit-il.

Le policier fit ce que le Bab Lui avait dit, et aussitôt son fils alla mieux. Ensuite le père envoya une lettre au gouverneur pour lui expliquer ce qui était arrivé et le supplier de laisser partir le Bab avant que toute la population de la ville ne meure de la peste. Bien sûr, le gouverneur était effrayé et il répondit que le Bab devait être libéré immédiatement. Il pouvait aller où bon Lui semblait.

Quant au méchant gouverneur, le Shah le congédia de son poste et il mourut pauvre et sans amis. Voyez-vous, la tâche du Bab n'était pas encore finie et même un homme aussi puissant que le gouverneur, ne pouvait pas Lui faire de mal.



15. EN ROUTE VERS TEHERAN

Maintenant beaucoup de gens avaient entendu le Message du Bab et affluaient de toutes parts pour L'écouter. Tous ceux qui étaient près de Lui L'aimaient tendrement et auraient fait n'importe quoi pour Lui. Mais ils étaient loin d'avoir les mêmes sentiments envers les dirigeants de la ville. La plupart de ces personnages étaient hautains et très cruels envers ceux qui ne partageaient pas leurs idées. Ces hommes devenaient de plus en plus jaloux du Bab et décidèrent finalement de se débarrasser de Lui.

Manuchir Khan était le gouverneur de la région où le Bab enseignait maintenant. Il avait beaucoup de sympathie pour le Bab et croyait en son Message. Ainsi, quand il apprit le plan diabolique élaboré contre Bab, il décida secrètement de le sauver. Il prétendit envoyer le Bab auprès du Shah, qui se trouvait à Téhéran, et ceci afin de le faire sortir de la ville.

Un jour donc, au coucher du soleil, le Bab, accompagné de cinq cents gardes du corps appartenant au gouverneur, quitta la ville en direction de Téhéran. Cependant, ils n'allèrent pas à Téhéran. Suivant l'ordre du gouverneur, tous les quelques kilomètres, une partie des soldats devaient revenir vers la ville, jusqu'à ce qu'il en reste seulement trois avec le Bab.

C'étaient les gardes en qui le gouverneur avait le plus confiance. Ils devaient ramener le Bab à la ville par une route peu fréquentée, ils y arrivèrent à l'aurore et emmenèrent le Bab à la maison personnelle du gouverneur. Là, Il vécut paisiblement pour quelques temps. Sa présence n'était connue que de quelques amis seulement.

Hélas, peu de temps après, Manuchir Khan mourut. Son neveu, qui n'aimait pas le Bab, devint le nouveau gouverneur. A l'instant même où il apprit que le Bab était encore dans la ville, il écrivit au Shah, qui ordonna que le Bab lui soit envoyé sur le champ.

Le voyage se fit à cheval et fut très long. Le commandant des soldats qui accompagnait le Bab s'appelait Muhammad Big. Très vite, le commandant et les soldats furent très attachés au Bab et l'aimaient beaucoup. s'Il avait désiré s'échapper, ils l'auraient laissé partir avec joie. Mais le Bab ne le fit pas, car Il ne voulait pas leur créer des ennuis. Et en toutes circonstances, le Bab était toujours bon et juste.

La Bab aimait la nature. Et lorsqu'un soir ils s'arrêtèrent pour camper sur une jolie colline toute couverte de vergers et de prairies, Il en fut très heureux. Une tente fut dressée pour Lui afin qu'Il fut à l'aise. Pendant qu'ils étaient dans cet endroit, le Bab reçut de Baha'u'llah une lettre et des cadeaux qui le rendirent si heureux, que tous se posaient des questions en voyant son visage radieux. Si vous vous rappelez, Baha'u'llah était le second Messager que Dieu allait envoyer. Mais à ce moment là Il n'avait pas encore déclaré sa Mission aux gens.

Une nuit, alors qu'ils campaient sur la colline, on découvrit que la tente du Bab était vide. Personne ne savait où Il était Tout d'abord, certains des gardes eurent peur, car ils pensaient que le Bab s'était échappé.

Mais Muhammad Big leur parla calmement: "Sans doute est-il allé chercher au clair de lune un endroit solitaire où Il peut communier avec Dieu sans être dérangé. Et il n'y a aucun doute qu'Il reviendra dans sa tente un peu plus tard. Jamais Il ne s'échappera".

Effectivement, quelques instants plus tard, ils le virent qui revenait seul de la direction de Téhéran.

"Vous pensiez que je m'étais échappé?", leur demanda-t-il. Il était si radieux et heureux que Muhammad Big se jeta à ses pieds: "Loin de moi cette pensée" lui dit-il. Ils restèrent deux semaines dans cet endroit merveilleux. Puis arriva un message venant du Shah. Le message disait que le Shah devait quitter Téhéran et ne pouvait pas voir le Bab pour le moment. Il devait être emmené à la forteresse de Mah-Ku. Il devait y rester jusqu'à ce que le Shah lui demande de venir.

Bien sûr, le Bab savait que c'étaient ses ennemis qui avaient poussé le Shah à prendre cette décision. Ils pensaient que si le Bab était envoyé dans cet endroit retiré, ses amis ne pourraient pas le rejoindre. Ils espéraient ainsi que les gens allaient oublier ce qu'ils avaient entendu au sujet de la venue du Promis.

Ils n'avaient pas compris que Dieu fait "Ce qui Lui plaît". Et que personne ne pouvait empêcher son Message d'atteindre les gens, comme vous allez le voir par la suite.

Quand le voyage fut terminé et que le Bab quitta les soldats, Muhammad Big, les larmes aux yeux demanda au Bab de lui pardonner car il n'avait pas été assez bon pour Lui. Mais le Bab lui dit qu'Il se rappellerait toujours de sa bonté et que tous ceux qui entendraient parler de lui le béniraient.

Les autres soldats aussi se jetèrent aux pieds du Bab, et avec des larmes aux yeux Lui demandèrent de les bénir. Et Il remercia chacun d'entre eux avec beaucoup de chaleur pour leur bonté envers Lui.



16. LA FORTERESSE DE MAH-KU

Dans l'histoire précédente nous avons appris comment le Shah ordonna l'emprisonnement du Bab dans la forteresse de Mah-Ku. Le Shah et son entourage, espéraient ainsi que les gens oublieraient le Bab et son Message. Mais vous allez voir à quel point ils s'étaient trompés.

La forteresse de Mah-Ku était bâtie sur le sommet d'une montagne dans une partie isolée du pays. Au pied de la montagne, il y avait un petit village. Et les habitants de ce village étaient rudes et querelleurs. Une seule route menait au château, en passant par le village, pour aboutir à une porte toujours fermée et gardée.

'Ali Khan qui était responsable de la garde de la forteresse, était un soldat impartial et dur, qui n'aimait pas beaucoup le Bab et les deux compagnons autorisés à rester avec Lui. Quant aux autres amis, ils n'avaient même pas le droit d'approcher du village.

Le Bab était si bon et si gentil qu'il ne fallut pas longtemps aux villageois pour L'aimer, comme ce fut le cas partout ailleurs. Tôt le matin, la plupart d'entre eux, se rendaient au pied de la montagne, d'où ils pouvaient apercevoir la fenêtre du Bab. Et ils espéraient le voir juste un instant. Il bénissait alors leur travail de la journée.

Mais 'Ali Khan n'éprouvait toujours pas de sympathie pour le Bab et n'autorisait aucune visite. Jusqu'au jour où une chose étrange arriva et qui nous montre combien le Bab était merveilleux.

Le Bab et ses deux compagnons entendirent un jour quelqu'un frapper à la porte. En ouvrant la porte, ils virent 'Ali Khan qui désirait entrer. Mais c'était un 'Ali Khan tout à fait différent. Auparavant son attitude était fière et cruelle. Maintenant il semblait plus doux et son visage traduisait la surprise. En entrant dans la pièce où était assis le Bab, il tremblait. Quelques instants plus tard, à la grande surprise des deux amis, il se jeta aux pieds du Bab. Ils ne pouvait pas en croire leurs yeux.

Délivre-moi de ma perplexité supplia-t-il en regardant le Bab. Puis il raconta la chose étrange qui lui était arrivée et qu'il n'arrivait pas à comprendre.

Ce jour là, à l'aurore, il se promenait à cheval en dehors de la ville. Il était si tôt que personne n'était encore sorti, à l'exception d'un homme qui était debout au bord de la rivière en train de prier. Ali Khan se rapprocha de l'homme, et vit à son grand étonnement que c'était le Bab. 'Ali Khan se dirigea vers Lui afin de Le réprimander pour avoir quitté la forteresse. Mais le Bab était si profondément absorbé dans ses prières, qu'II ne l'entendit pas. 'Ali Khan décida alors de le laisser là pour un moment. Puis il retourna vers la forteresse, afin de punir les gardes qui L'avaient laissé partir.

Quand il arriva au village, il fut très surpris de trouver la porte verrouillée. La porte de la forteresse était également fermée à clé comme il l'avait laissée Et quand il ouvrit la porte, le Bab était là devant ses yeux, tranquillement assis. Vous pouvez facilement imaginer sa stupéfaction, car il venait de quitter le Bab quelques instants auparavant, au bord de la rivière.

"Je suis dans la plus grande confusion", dit-il. "Et je me demande même si je n'ai pas perdu la raison". "Ce dont tu as été témoin", lui dit le Bab, "est vrai". Puis Il lui expliqua que Dieu désirait ainsi lui montrer la vérité de son Message. Il lui dit que Dieu dans sa miséricorde avait voulu instiller dans son coeur l'amour de son Messager et avait voulu qu'il reconnaisse la puissance de sa foi. Après cette expérience, il avait tellement changé que les gens de la ville avaient du mal à le reconnaître.

Au lieu d'être cruel et fier, il était devenu gentil et doux. La porte de la forteresse était fermée la nuit, mais durant la journée elle restait ouverte et tous ceux qui désiraient voir le Bab pouvaient entrer librement. Chaque jour, Ali Khan Lui apportait des fruits frais ou d'autres aliments.

Pendant son emprisonnement dans la forteresse, le Bab écrivit un livre qui s'appelait le Bayan persan. Dans ce livre Il révéla les lois auxquelles les gens devaient obéir, Il parlait de l'autre Enseignant divin que Dieu devait manifester et Il encourageait tout le monde à Le chercher.

Cette histoire est vraie et en la lisant on peut comprendre comment Dieu fait sortir du bien de toute chose, même quand cela semble impossible. En envoyant le Bab à Mah-Ku, le Shah pensait L'envoyer dans un endroit où personne ne pourrait Le voir ou Lui parler. Mais c'est le contraire qui arriva, toutes les personnes qui vivaient dans la montagne aux alentours de la forteresse, entendirent son Message et devinrent ses amis. Et Il écrivit un très grand Livre qui devint la Loi pour son temps.


.
17. LE REVE D'ALI KHAN

Un jour, alors que le Bab était prisonnier dans la forteresse de Mah-Ku. Mulla Husayn Lui rendit visite. Comme il devait être heureux à la pensée de revoir le Bab! Nous savons que cette visite avait beaucoup d'importance pour Mulla Husayn, car il marcha durant tout le voyage qui était long et difficile. Ses amis voulaient lui offrir le nécessaire pour faciliter son voyage, mais il refusa. Voici le récit de son arrivée à Mah-Ku: La veille de l'arrivée de Mulla Husayn, était la veille de nouvel an. Durant cette nuit-là, Ali Khan, le responsable de la citadelle, eut un rêve. Dans son rêve il entendit que Muhammad devait rendre visite au Bab, le jour du nouvel an. Au comble de l'émotion, 'Ali Khan courut à sa rencontre. Il se dirigeait vers la rivière, et comme il atteignait le pont, il vit deux hommes venir dans sa direction, l'un derrière l'autre, Pensant que le premier était Muhammad, il se précipita vers Lui. Et il était sur le point de se jeter à ses pieds quand il se réveilla.

Il ne s'était jamais senti aussi heureux de toute sa vie. Il avait l'impression d'être au paradis. Et tout cela lui semblait si réel qu'il était sûr que c'était plus qu'un rêve.

'Ali Khan récita ses prières du matin et revêtit ses plus beaux vêtements. Puis il se dirigea vers l'endroit où, dans son rêve, il avait vu Muhammad. Il ordonna à ses serviteurs de seller trois de ses meilleurs et plus rapides chevaux et de les emmener immédiatement près du pont.

Il était très tôt. Le soleil venait juste de se lever quand, Ali Khan se dirigea seul vers la rivière. Arrivé au pont, Il vit deux hommes marchant l'un derrière l'autre exactement comme dans son rêve.

'Ali Khan se mit à genoux aux pieds de celui qu'il croyait être Muhammad et le supplia, lui et son compagnon, de monter ses chevaux pour le reste du chemin.

Non, dit-il, car j'ai fait le voeu d'accomplir tout mon voyage à pied. J'irai jusqu'au sommet de cette montagne et là je rendrai visite à votre prisonnier.

Le visiteur n'était pas Muhammad, comme 'Ali Khan l'avait rêvé, mais Mulla Husayn. 'Ali Khan l'accompagna jusqu'à ce qu'ils atteignent la porte de la forteresse. Là, le Bab les attendait. A sa vue, Mulla Husayn se prosterna très bas, mais le Bab le prit dans ses bras. Puis prenant Mulla Husayn par la main, il le conduisit à l'intérieur de la forteresse où ils célébrèrent ensemble la fête de Naw Ruz qui est le nouvel an.

Jusqu'à ce jour, aucun des amis du Bab, n'avait eu la permission de passer la nuit dans la citadelle à l'exception des deux compagnons du Bab. Mais ce jour-là, 'Ali Khan se rendit auprès du Bab et lui dit: "Si vous souhaitez que Mulla Husayn reste avec vous cette nuit, je suis prêt à accepter votre désir, car désormais ma volonté ne m'appartient plus. Aussi longtemps que vous désirez sa présence, je m'engage à exécuter votre commandement".

Ceci nous montre à quel point 'Ali Khan avait changé.

Alors que Mulla Husayn était toujours en visite dans la forteresse, le Bab lui dit: "Quelques jours après votre départ, nous serons transférés dans une autre montagne. Avant que vous arriviez au terme de votre voyage, la nouvelle de notre départ vous sera parvenue".

Cela arriva comme le Bab l'avait prédit. Le Bab fut transféré dans une autre forteresse, car 'Ali Khan était devenu trop gentil envers Lui et par conséquent les amis du Bab étaient autorisés à Le voir. Et durant une de ses escales sur le chemin du retour, Mulla Husayn apprit cette nouvelle.

Suivant le voeu fait auparavant, Mulla Husayn fit le trajet du retour à pied, comme il l'avait fait pour atteindre la forteresse de Mah-Ku.



18. TAHIRIH



Jusqu'à présent nous vous avons surtout parlé d'un grand nombre d'hommes qui avaient accepté le Message du Bab et qui étaient partis l'enseigner. Maintenant voici l'histoire d'une femme merveilleuse, qui elle aussi voyagea beaucoup pour propager ce Message. Elle s'appelait Tahirih, et était d'une grande beauté. Elle écrivait de très beaux poèmes que vous lirez sans doute un jour.

A cette époque là, les femmes d'Iran ne se promenaient pas parmi les gens aussi librement que le faisaient les hommes. Lorsqu'elles devaient sortir dans les rues, elles portaient un voile afin de ne pas être vues. Mais un jour, Tahirih décida que cette pratique n'était plus nécessaire et enleva le sien, et fut la première femme à sortir sans voile. Nous verrons par la suite dans quelle circonstance elle se dévoila.

Tahirih était une des Lettres du Vivant. Vous en souvenez-vous? Les dix-huit disciples du Bab étaient tous des hommes à l'exception de Tahirih. Et dire que sans voir le Bab, elle avait cru en Lui. Dès l'instant où elle entendit le Message, elle l'accepta. Elle écrivit immédiatement au Bab. Dans cette lettre, elle Lui fit part de sa joie à l'annonce de son Message et déclara que c'était la Vérité. Le Bab lui répondit et la nomma une des Lettres du Vivant.

Dès lors, Tahirih passa tout son temps à parler du Bab à tous ceux qui voulaient l'écouter. Et bientôt les ennemis du Bab commencèrent à lui faire du mal. Ils voulaient l'empêcher de parler. Finalement elle fut emprisonnée dans la maison de l'un d'entre eux où personne ne pouvait lui rendre visite.

Tahirih savait qu'ils voulaient la tuer comme ils l'avaient fait pour les autres disciples. Mais elle n'avait aucune crainte car elle savait que Dieu la protégerait.

Elle dit à ceux qui la retenaient prisonnière qu'elle leur prouverait l'origine divine du Message du Bab.

Si son Message était vrai, leur dit-elle, dans neuf jours Dieu la libérerait de cette maison où elle était enfermée et surveillée. Bien sûr, ils étaient certains que cela était impossible. Mais nous allons voir ce qui arriva.

Baha'u'llah décida alors que Tahirih devait être libérée. Il était résolu à prouver aux gens que son Message était vraiment divin. Il envoya chercher un de ses amis et lui dit qu'il devait ramener Tahirih dans sa propre maison qui se trouvait dans la ville de Téhéran.

Voici comment tout se passa: L'épouse de l'homme qui avait été chargé de ramener Tahirih à Téhéran, se déguisa en mendiante afin que personne ne puisse la soupçonner. Puis elle se rendit à la maison où Tahirih était prisonnière pour lui remettre une lettre de Baha'u'llah. Cette lettre expliquait exactement à Tahirih ce qu'elle devait faire. La femme attendit à la porte de la maison jusqu'à ce que Tahirih la rejoigne. Puis elles se hâtèrent de retourner vers son mari. Bien sûr Tahirih, elle aussi, était déguisée afin que personne ne puisse la reconnaître et l'arrêter.

A cette époque la ville était entourée d'une muraille très haute pour empêcher les ennemis d'y entrer. L'homme avait apporté trois chevaux et les avait laissés dans un endroit sûr en dehors de l'enceinte de la ville. Il réussit en compagnie des deux femmes, à prendre les chevaux sans être vu. Puis tous les trois partirent vers Téhéran par une route déserte et y arrivèrent à l'aube. Ainsi Tahirih put se rendre en toute sécurité à la maison de Baha'u'llah.

Pendant ce temps quand la fuite de Tahirih fut découverte, tout le monde en fut stupéfait. Même ses amis n'arrivaient pas à s'imaginer où elle avait pu aller, ni comment elle s'était échappée. Durant toute la nuit on fouilla les maisons du voisinage mais sans succès bien sûr.

C'est alors qu'ils se rappelèrent ce qu'elle leur avait dit que si son Message concernant le Bab était vrai, Dieu la libérerait de son emprisonnement dans les neuf jours qui suivraient. Les neuf jours n'étaient pas encore écoulés et elle était libre!

A cause de cet incident, un grand nombre de personnes acceptèrent le Message du Bab. Le séjour que passa Tahirih dans la maison de Baha'u'llah fut très heureux. Il n'avait pas encore annoncé qu'il était le second Enseignant divin que Dieu devait envoyer. Mais Tahirih était si pure et si proche de Dieu qu'elle avait deviné son secret. Et vous pouvez facilement imaginer comme elle était heureuse de vivre dans sa maison.



19. LE NOUVEL ORDRE

A cette époque là, le Bab, Baha'u'llah et leurs disciples obéissaient encore aux lois révélées dans le Coran. Ainsi, comme vous le voyez, quand un enseignant divin vient sur terre, il nous laisse dans un livre, des instructions ou lois. Muhammad avait laissé les siennes dans le Coran.

Cependant, après beaucoup d'années, certaines lois doivent être changées, car les gens étant devenus plus sages, n'en ont plus besoin. Dieu envoie alors, un nouveau Messager pour donner de nouvelles lois et de nouvelles directives. Dans la période de l'histoire que nous étudions, le moment était venu pour que certaines de ces lois soient changées, car elles n'étaient plus nécessaires. Cette histoire raconte comment l'une d'entre elles fut changée.

Vous vous souviendrez que Tahirih avait vécu dans la maison de Baha'u'llah? Après quelques temps, Il décida de l'envoyer dans une autre ville. Ce qui n'était pas chose facile, car les portes de la ville étaient gardées, et les femmes n'avaient pas le droit de sortir sans une lettre ou un laissez-passer. Aussi étrange que cela puisse paraître, les gardes n'essayèrent pas d'arrêter Tahirih et ses compagnons. Ils ne leur demandèrent même pas le lieu de leur destination. Ceci nous montre le pouvoir de la volonté de Baha'u'llah.

Quelques jours plus tard, Baha'u'llah aussi quitta la ville allant dans la même direction. Peu après, ils rencontrèrent Quddus qui était venu accueillir Baha'u'llah.

Les habitants du quartier étaient extrêmement heureux à cause de la présence de Baha'u'llah et de Quddus. Certains étaient si contents qu'iIs étaient prêts à faire n'importe quoi pour eux. Alors que d'autres étaient pleins de haine et voulaient leur faire du maI.

C'est toujours ainsi quand un Messager de Dieu vient. Les gens les aiment de tout leur coeur, ou alors ils en ont peur et veulent leur faire du mal. Comme vous le voyez, cela dépend essentiellement de ce que chacun a dans son coeur. Si leur coeur est bon, ils aiment ces Enseignants. Autrement, ils refusent de Ies écouter. C' était le début de l'été. Baha'u'IIah avait loué trois jardins; un pour Tahirih, le deuxième pour Quddus et le troisième pour Lui-même. Quand les amis apprirent cette nouvelle, ils vinrent nombreux pour être près d'eux. Ils étaient quatre-vingt, tous invités de Baha'u'llah.

Un jour, alors qu'ils étaient réunis, un messager arriva portant un message de Tahirih. Le message invitait Quddus à lui rendre visite. Mais comme Quddus ne voulait pas quitter Baha'u'llah, il refusa cette invitation. Le messager revint alors avec le même message.
"Elle insiste pour que vous veniez la voir", dit-il, "si vous persistez dans votre refus, elle se dérangera pour venir elle-même".

Quddus était encore sur le point de refuser lorsque Tahirih apparut. Et au grand étonnement de tous, elle ne portait pas de voile.

Nous pouvons difficilement imaginer le choc qu'ils éprouvèrent en la voyant ainsi. Car les femmes portaient toujours un voile lorsqu'elles étaient en public. Quelques-uns pensaient que Tahirih était très perverse et se seraient sauvés si Baha'u'llah ne les avait pas retenus. Il leur parla avec douceur, leur demandant d'être calmes et joyeux et ces mots les apaisèrent. Le visage de Tahirih rayonnait de joie, car elle savait que ce qu'elle faisait était juste. "Je suis le son de la trompette, l'appel du clairon, je suis venue réveiller les esprits endormis". En parlant ainsi Tahirih voulait leur faire comprendre que le moment était venu pour que les lois anciennes concernant les femmes soient changées.

Pendant qu'elle leur parlait, tous étaient surpris et captivés, car ses mots ressemblaient tellement à ceux du Coran. C'est alors que Baha'u'llah lui donna le nom de Tahirih "la Pure". A partir de ce moment, les femmes de l'Est, commencèrent à avoir plus de liberté dans beaucoup de domaines. Combien elles ont dû être reconnaissantes à cette femme si courageuse.

A partir de ce jour, la vie et les habitudes des croyants du Bab, furent changées sous beaucoup d'aspects. Ils savaient que l'ordre ancien ou l'ancienne manière de faire les choses était finie; et que le "Nouvel Ordre" ou "Nouveau Jour" était arrivé. Quand ils allèrent dans une autre ville, Quddus et Tahirih voyagèrent ensemble dans le même howdah ou moyen de transport.



20. LA VISION DE MUHAMMAD ALI

Vous souvenez-vous comment le Bab fut emmené prisonnier dans la forteresse de Mah-Ku? Après un certain temps, il fut transféré à une deuxième prison et puis à une troisième. Et pourtant ses ennemis étaient incapables d'empêcher la population de le voir. Ils venaient nombreux chaque jour, témoigner leur amour envers Lui. Vous aimerez certainement ce récit d'un jeune homme, Ali Muhammad, qui après avoir pris connaissance du Message du Bab était décidé à le voir même en prison. Ali était prêt à donner sa vie pour Lui.

Le beau-père de Muhammad Ali cependant, lui avait interdit de quitter la ville. Et il l'enferma chez lui en lui assurant une surveillance très rigoureuse. Il ne croyait pas au Bab et avait peur que son fils ne perde l'esprit. Il se produisit quelque chose de très curieux. Jusqu'à ce jour Muhammad Ali pleurait sans cesse parce qu'il ne pouvait pas voir le Bab. Et soudain il était devenu très joyeux; au lieu de pleurer, il souriait.

En voici la raison: durant toute une journée, Muhammad Ali avait prié pour que le Bab lui accorde le privilège de le rencontrer. Il pria avec tellement d'intensité qu'à la fin, il sembla perdre conscience Puis il eut une vision.

Dans sa vision, il entendit la voix du Bab l'appeler. La voix lui commanda de se lever, et lorsqu'il fut debout, il lui semblait qu'il regardait dans les yeux souriants du Bab. Plein de joie et de reconnaissance, le jeune homme se jeta à ses pieds.

"Réjouis-toi". lui dit le Bab, "l'heure approche, où dans cette même ville, je serai suspendu devant les yeux de la foule, et je tomberai victime du feu de l'ennemi. Je ne choisirai personne d'autre que toi pour partager avec moi la coupe du martyre. Sois assuré que la promesse que je te fais sera accomplie".

Savez-vous ce que le Bab voulait dire par ces mots? En voici l'explication: dans quelques temps, Lui, le Bab serait mis à mort dans cette même ville et beaucoup de gens assisteraient à son exécution, et c'est à ce moment qu'Il choisirait le jeune Ali pour mourir avec Lui. C'était cela sa promesse. Mourir avec le Bab était une grande bénédiction, et tous ceux qui l'aimaient espéraient être choisis. Mais seulement ce jeune homme, dit-il, serait choisi.

C'était cette promesse qui avait rendu Ali si heureux. A partir de ce jour, plus rien ne pouvait l'attrister. Il disait qu'il avait l'impression de vivre dans un océan de joie. La voix du Bab résonnait continuellement dans ses oreilles et il lui semblait le voir souvent durant le jour et la nuit. Son père ne comprenait pas le changement qui s'était passé en lui et lui redonna finalement sa liberté.

A partir de ce jour, Ali vécut paisible et heureux avec sa famille et ses amis. Il était si tendrement aimé que lorsqu'il mourut avec le Bab, comme cela avait été promis, tous les gens de la ville le pleurèrent.



21. LE PROCES DU BAB

Maintenant les foules venaient de plus en plus nombreuses écouter le Bab. Mais presque toujours les chefs de la ville et leurs amis s'acharnaient contre le Bab. Et savez-vous pourquoi?

Certains étaient vaniteux car ayant étudié plus que les autres, ils se croyaient capables de commenter le Coran. D'autres étaient fiers à cause de leur richesse ou parce qu'ils occupaient une position importante dans le gouvernement. Et ils avaient tous peur de perdre leur rang si la population acceptait le nouveau Message. Ceci explique que partout où allait le Bab, Il était traité cruellement. Cependant, ceux qui restaient avec le Bab quelques temps, devenaient ses amis. Il était même aimé des animaux. Car, s'ils étaient féroces, ils devenaient doux. Voici ce qui arriva un jour

Le prince chez qui le Bab était reçu, désirait savoir s'Il était brave, et Lui donna un cheval très sauvage à monter. Le palefrenier qui s'occupait des chevaux, alla secrètement vers le Bab et Lui demanda de ne pas monter ce cheval. Car, lui dit-il, le cheval avait rejeté tous ceux qui avaient essayé de le monter. Le Bab le remercia et lui dit de Le laisser entre les mains de Dieu. Tout se passerait bien. Quand le Bab se dirigea tranquillement vers le cheval et qu'Il le caressa en mettant son pied à l'étrier, l'animal ne broncha pas et laissa le Bab s'installer en selle. Et pendant tout le temps que dura la promenade du Bab, il était calme.

Il y avait tant de gens qui avaient accompagné le Bab à Tabriz, que ses ennemis, les chefs religieux ne voulaient pas Le laisser entrer dans la ville. Ils craignaient des ennuis.

C'est pourquoi, ils envoyèrent un message au Bab, lui demandant de camper à l'extérieur de la ville. Puis ils organisèrent une réunion et demandèrent au Bab de comparaître devant eux, pour être questionné.

Lorsque le Bab arriva dans la salle, tous les sièges étaient pris, à l'exception d'un seul. Les gens se pressaient de partout. Et quand le Bab marcha à travers la foule pour aller vers le siège libre, les gens soudain donnèrent l'impression de ressentir son pouvoir. Ils parlaient tous à la fois avec grand bruit. Et soudain un grand et mystérieux silence tomba sur eux. Personne n'osait prononcer un seul mot.

Finalement le silence fut brisé par un des dirigeants. "Qui prétends-tu être?", demanda-t-il au Bab, "Et quel est le message que tu apportes?"

"Je suis", répondit le Bab, par trois fois, "Je suis, Je suis le Promis. Je suis Celui dont vous avez invoqué le Nom depuis un millier d'années, à la mention duquel vous vous êtes levés, l'avènement duquel vous avez ardemment désiré être les témoins, et l'heure de la Révélation duquel vous avez prié Dieu de hâter".

Vous voyez, ils l'avaient attendu. Il était venu, et pourtant, ils refusaient de l'accepter. Ils lui posèrent beaucoup de questions auxquelles Il répondit intégralement, mais ils refusaient toujours de croire qu'Il était le Promis. Ils Le traitèrent de façon honteuse et Le renvoyèrent en prison.

La nouvelle de ce procès se répandit à travers le pays, et fit que ses amis désiraient de plus en plus L'aider. Un grand nombre parmi ceux qui n'étaient pas ses disciples et qui avaient été choqués de la façon injuste dont les chefs religieux avaient traité le Bab devinrent eux aussi ses amis. Ainsi comme vous le voyez, tout ce qu'ils essayaient contre Lui ne réussissait pas et rapprochait davantage la population du Bab.



22. FORT TABARSI



Vous rappelez-vous Mulla Husayn? Il était le premier à qui le Bab avait révélé le secret de sa mission. Et depuis cette nuit importante à Shiraz, Mulla Husayn parlait continuellement du Bab autour de lui.

Un jour, un messager vint chez Mulla Husayn Lui apporter le turban du Bab en lui disant qu'il devait aller aider Quddus. Quddus, vous vous rappelez, était celui qui traversa le désert avec le Bab pour se rendre à la ville de la Mecque.

Aussitôt que Mulla Husayn reçut les messages, il partit avec deux cent deux compagnons. Partout où ils s'arrêtaient, ils donnaient le message du Nouveau Jour et invitaient certains de ceux qui avaient accepté le message à se joindre à eux.

Un jour, lors d'une escale, Mulla Husayn parla aussi à ses compagnons: "que celui qui ne se sent pas prêt pour les grandes épreuves qui nous attendent, retourne immédiatement chez lui et mette fin à son voyage. Soixante-douze de mes compagnons et moi-même donnerons notre vie pour le Bien-Aimé. Que celui qui est incapable de renoncer, parte à cet instant précis, car plus tard, il lui sera impossible de s'échapper."

Bien sûr, vous avez compris ce qu'il voulait dire - que ceux qui avaient peur de mourir pour Dieu, devaient les quitter maintenant, avant qu'il ne soit trop tard. Vingt d'entre eux les quittèrent et retournèrent chez eux. Puis Mulla Husayn dit à ceux qui restaient de laisser derrière eux tout ce qu'ils possédaient, à l'exception de leurs chevaux et de leurs épées. Car ainsi les gens verraient qu'ils n'étaient pas attachés aux choses de ce monde, mais désiraient seulement enseigner le message de Dieu.

Très souvent, les membres de ce petit groupe furent obligés de se battre pour défendre leur vie. Leur chef cependant ne les laissait jamais attaquer. Ils ne se battaient que lorsqu'ils y étaient obligés. Tous étaient étonnés par sa bravoure, et par une force mystérieuse qui semblait lui venir chaque fois qu'il en avait besoin. Ses ennemis tremblaient dès qu'ils entendaient sa voix.

La nuit qui précéda leur arrivée au Tombe au de Fort Tabarsi, le gardien du Tombeau rêva que Mulla Husayn était venu avec un grand nombre de gens. Il rêva qu'ils restaient là, remportant toutes les batailles contre leurs ennemis. Et qu'une nuit, le prophète de Dieu les rejoignit. Un prophète, savez-vous est un de ces Enseignants divins dont nous avons entendu parler. Lorsque Mulla Husayn arriva le lendemain, le gardien savait que c'était l'homme dont il avait rêvé, et le gardien lui raconta son rêve.

"Tout ce dont tu as été le témoin", lui dit Mulla Husayn, "se passera".

Mulla Husayn décida de bâtir un fort près du Tombeau, et mit aussitôt ses hommes au travail. Très souvent, ils devaient interrompre leur travail, pour combattre les gens des villages voisins, qui faisaient tout pour leur nuire. Mais ils réussissaient toujours à chasser leurs ennemis.

Alors que le fort venait juste d'être fini, la visite de Baha'u'llah fut annoncée à Mulla Husayn. Vous vous rappelez, que dans le rêve du gardien du Tombeau, le Prophète de Dieu venait les visiter? Le Prophète était Baha'u'llah.

Les compagnons de Mulla Husayn ne savaient pas encore qui était Baha'u'llah, et ils ne comprenaient pas pourquoi leur chef était si heureux qu'il, en oubliait même leur présence. Quand Baha'u'llah arriva, personne ne pouvait s'asseoir avant que Mulla Husayn n'en donne l'ordre, ce qu'il oublia de faire jusqu'à ce que Baha'u'llah Lui-même leur dit de s'asseoir.

Baha'u'llah était très satisfait du fort et leur dit qu'il ne manquait qu'une chose pour qu'il soit parfait. La présence de Quddus. A ce moment là, Quddus était en prison. Baha'u'llah, dit à Mulla Husayn d'envoyer six hommes le chercher, et ainsi il pourrait être parmi eux.

Avant de les quitter, Baha'u'llah leur dit "Quoi qu'il arrive, la victoire vous appartient, une victoire complète et certaine".

Après le départ de Baha'u'llah, Mulla Husayn envoya six hommes chercher Quddus. Il dit alors aux autres, qu'ils devaient traiter Quddus avec le plus grand respect, comme ils l'auraient fait pour le Bab. "Quant à moi-même", dit-il, "Je ne suis que son humble serviteur".

Quddus arriva au fort dans le courant de la nuit. Dès qu'un messager annonça son arrivée, Mulla Husayn et cent de ses hommes partirent à pied à sa rencontre. Chaque homme portait deux bougies allumées, ce qui illuminait toute la forêt autour d'eux. Quddus était à cheval et tous l'entouraient, et en retournant vers le fort, ils chantaient des hymnes de joie.

Chaque jour, sans prendre garde à la férocité avec laquelle l'ennemi attaquait le fort, Quddus prenait toujours le temps de prier avec ses compagnons autour de lui. Rien ne pouvait l'empêcher de parler de cette façon avec Dieu, qu'il aimait et en qui il avait confiance.



23. LE SIEGE DE FORT TABARSI

Pendant plusieurs semaines, Quddus, Mulla Husayn et leurs compagnons étaient retenus dans le fort par ceux qui désiraient leur nuire. Ils ne pouvaient pas sortir pour se procurer de la nourriture, car tous ceux qui essayaient, étaient abattus. A la fin, même l'eau finit par manquer.

Quand quelqu'un en informa Quddus, il dit: "Si telle est la volonté de Dieu, cette nuit même, une forte pluie surprendra nos adversaires, suivie d'une abondante chute de neige".

Effectivement, une pluie torrentielle tomba la nuit même et détruisit toutes les munitions de l'ennemi. Ils réussirent à ramasser assez d'eau dans le fort, pour soutenir les hommes pendant longtemps. Et la nuit suivante, la neige tomba avec une telle abondance, que personne dans le voisinage du fort ne pouvait se souvenir d'en avoir vu une semblable même en plein coeur de l'hiver. Ainsi, vous voyez, ce qui causa beaucoup de problèmes à l'ennemi, fut pour ceux qui étaient dans le fort une source de bénédictions.

La petite troupe à l'intérieur du fort savait qu'à l'extérieur, la garde armée s'apprêtait à les attaquer. Quddus décida alors de leur tomber dessus par surprise et d'essayer de les repousser ou les disperser. Deux heures après le lever du soleil, Quddus et deux autres compagnons, montèrent sur leurs chevaux et sortirent du fort. Le reste du groupe suivait à pied. Aussitôt qu'ils furent dehors, tous crièrent de toutes leurs forces, "Seigneur des Anges". C'était un des noms du divin Enseignant qu'ils attendaient.

Le grondement de leur clameur et l'étincellement du soleil sur leurs armes, effrayèrent l'ennemi. Ils couraient dans toutes les directions, laissant derrière eux toutes leurs possessions. Et pas un seul des compagnons du fort ne fut tué.

Quddus ne laissa pas ses hommes poursuivre ceux qui se sauvaient. Il ne voulaient pas faire de mal si ce n'était pas nécessaire. Il voulait seulement démontrer le pouvoir de Dieu, pour qu'il leur soit permis d'enseigner le message de Dieu en toute liberté.

Cette même situation se renouvela souvent. La minuscule armée se précipitait soudain vers l'extérieur du fort en criant "Seigneur des Anges". Et toujours, ils réussissaient à repousser la grande armée organisée qui était venue les combattre. C'est durant une de ces batailles que Quddus fut touché par une balle et blessé à la bouche et à la gorge. Mais Mulla Husayn, une épée dans chaque main, suivi par le reste de ses hommes repoussa l'ennemi. Puis ils retournèrent au fort avec Quddus, qui fut bientôt guéri de ses blessures.

Baha'u'llah décida par la suite de venir les rejoindre, mais Il fut, ainsi que ceux qui l'accompagnaient, capturé par l'ennemi et gardé prisonnier pour quelques temps. Baha'u'llah fut traité avec beaucoup d'égard, pas du tout comme un prisonnier. Il fut ainsi retenu loin de ceux qui étaient dans le fort. Et c'était une bonne chose, car peut-être aurait-Il succombé avec eux. Vous voyez, c'est ainsi que Dieu prend soin de sa Cause.

C'est durant une de ces batailles que Mulla Husayn fut mortellement blessé. Voici ce qui arriva durant la bataille: le pied de son cheval se mêla dans les cordes d'une tente, et avant qu'il ne puisse se dégager, une balle l'atteignit en pleine poitrine. Il tomba de cheval. fit quelques pas en titubant, puis s'écroula sur le sol. Deux de ses compagnons le portèrent au fort.

Et là, dans le fort, une chose étrange arriva. Bien que Mulla Husayn fut inconscient quand on le ramena au fort, Quddus demanda aux autres de les laisser seuls. Il leur dit qu'il désirait parler à Mulla Husayn.

Par une fente de la porte, un des compagnons vit ce qui se passa. Aussitôt qu'ils furent seuls, Quddus appela Mulla Husayn qui se leva et s'assit à ses pieds. Les autres purent l'entendre répondre aux questions et parler.

Ils parlèrent ainsi pendant deux heures. Puis la porte s'ouvrit et Quddus sortit. Je lui ai dit mon dernier au revoir, dit-il.

Il leur expliqua qu'il avait dit à Mulla Husayn beaucoup de choses qu'il n'était pas prêt à entendre auparavant. Quand les amis entrèrent dans la pièce, Mulla Husayn était mort. Son visage était souriant et il semblait dormir.

Mulla Husayn fut enterré près du tombeau de Shaykh Tabarsi. Et plus tard, les corps de tous ceux qui étaient morts dans cette même bataille, furent enterrés dans le même endroit. Ils avaient tous donné leur vie pour la Cause de Dieu, ce qui était la chose la plus glorieuse qu'il soit possible de faire.



24. LA MORT DE QUDDUS

Après la mort de Mulla Husayn, la situation devint très difficile dans le fort. Les ennemis ne laissaient personne entrer ni sortir, pour les empêcher de se procurer à manger. Mais avec la présence de Quddus, ils étaient si heureux, qu'ils oubliaient leur faim. S'ils commençaient à se sentir faibles ou malades, il leur suffisait de regarder son visage joyeux et d'entendre sa voix, pour se sentir forts à nouveau, et capables de faire n'importe quoi. Un jour, un boulet de canon tomba dans le fort et roula jusqu'à l'endroit où se tenait Quddus. Il ne fut pas du tout effrayé et poussa seulement le boulet de coté avec son pied. Puis il dit à ses compagnons qu'ils n'avaient pas besoin d'avoir peur de l'ennemi. Car jusqu'à l'heure prédestinée de leur mort, rien ne pourrait leur nuire. Mais s'ils se laissaient effrayer par les coups de fusil, ils seraient privés de la protection divine. Ce qui voulait dire que cette peur les empêcherait d'être protégés. Ils devaient avoir la certitude que Dieu s'occuperait d'eux. C'est quelque chose que nous devrions nous rappeler en ce moment, n'est-ce pas?

Peu de temps après, l'ennemi décida qu'il était incapable de capturer le fort, ainsi que les hommes courageux qui s'y trouvaient. Ils décidèrent alors d'un plan très méchant. Ils allaient promettre à ceux qui étaient dans le fort de retourner chez eux en toute sécurité. Puis lorsqu'ils auraient quitté le fort, ils en feraient ce qu'ils voulaient.

Le capitaine des forces ennemies envoya aux occupants du fort une copie du Coran, en leur promettant sa protection s'ils sortaient Quddus savait que le capitaine mentait mais puisqu'il avait donné sa parole sur le Coran, ils devaient lui faire confiance.

Ils sortirent tous du fort. Quddus portait le turban vert que le Bab lui avait envoyé, et montait le cheval que lui avait fait parvenir le prince qui dirigeait l'armée ennemie. Mais comme Quddus l'avait craint, ces hommes cruels ne gardèrent pas leur promesse. Le fort fut complètement détruit et tous les compagnons de Quddus furent vendus comme esclaves ou tués.

Quant à Quddus, il fut pour un certain temps sous la protection du prince. Plus tard cependant, les chefs religieux, qui avaient toujours été ses ennemis, lui ordonnèrent de comparaître devant eux pour répondre à leurs questions.

Le prince, qui savait qu'ils voulaient condamner Quddus à mort, dit alors pour s'en débarrasser: "Je me lave les mains de toute responsabilité concernant le mal qui pourrait arriver à cet homme. Vous êtes libres de faire ce que vous voulez de Lui. Vous seuls serez responsables devant Dieu, au jour du jugement".

Puis il demanda qu'on lui apporte immédiatement son cheval et s'en alla, laissant Quddus entre les mains de ses ennemis. N'est-ce pas là, une chose très lâche à faire?

Ils le tuèrent de façon si cruelle, que lorsque le Bab entendit parler de sa mort et de ce qui s'était passé au fort, des larmes coulèrent de ses yeux. Durant neuf jours, il ne voulut voir aucun de ses amis et pendant six longs mois il Lui fut impossible d'écrire.

Mais Quddus n'en voulait pas à ses bourreaux. En pleine souffrance, on pouvait l'entendre dire: "Pardonne, O mon Dieu, les fautes de ces gens. Traite-les avec miséricorde, car ils ne savent pas ce que nous avons déjà découvert, et que nous chérissons. Montre-leur, O Dieu, le chemin de la vérité, et change leur ignorance en foi". Vous voyez, il était désolé pour eux, car ils ne connaissaient pas comme lui, ni le Bab, ni Baha'u'llah.

Ainsi Quddus mourut, comme Mulla Husayn avant lui, et comme le Bab qui savait que plus tard, il donnerait sa vie Lui aussi pour la Cause de Dieu. Mais de plus en plus de gens acceptaient ce Message qui était la seule chose à laquelle ils tenaient et à laquelle ils pensaient continuellement



25. L´HISTOIRE DE VAHID

Vahid était un chef courageux qui avait accepté le message du Bab et l'enseignait tout autour de lui. Sa foi provoqua la colère du gouverneur, qui envoya des soldats pour le combattre et disperser ses amis. Vahid les entendit arriver et ordonna à un de ses disciples de prendre six hommes et d'aller à leur rencontre. Cela semble bien peu pour combattre des soldats entraînés. Mais voici ce qui arriva:

Vahid leur dit de crier sept fois les mots "Allah-u-Akbar" Ce qui veut dire "Dieu est le plus Grand." A la septième fois, ils devaient se précipiter sur l'ennemi et le disperser. Les sept hommes avaient une telle foi qu'ils semblaient devenir plus forts et n'eurent aucun mal à disperser les soldats. C'est incroyable ce que l'on peut accomplir si on a la foi.

Cette nuit-là, Vahid dit à ses amis de s'en aller silencieusement. Sa femme et ses enfants furent envoyés chez son père pour être en sécurité. Puis au milieu de la nuit, lui même quitta la ville discrètement. Ses deux fils plus âgés, ainsi que deux compagnons partirent avec lui.

Pendant la journée, ils se cachaient dans les montagnes, et le frère de Vahid, qui habitait dans le voisinage, leur envoyait de la nourriture. Ce jour-là, une compagnie de soldats du gouverneur qui poursuivait Vahid, fouilla la maison de son frère, mais bien sûr, ils ne le trouvèrent pas.

Vahid et ses compagnons continuaient de voyager, s'arrêtant dans chaque village où ils enseignaient leur message sur les nouveaux Enseignants et sur le nouveau Jour qui venait de naître.

Ils arrivèrent finalement à un endroit qui s'appelait Nayriz. Là, Vahid enseigna encore une fois son message, et les gens, de plus en plus nombreux, vinrent l'écouter. Il y avait une telle foule, que Vahid craignait que le gouverneur envoie encore une fois ses hommes. Il dit alors à ceux qui étaient venus avec lui de se rendre dans un vieux fort qui se trouvait près de là, et de le renforcer autant que possible. Il vint lui aussi les rejoindre plus tard.

Effectivement, le gouverneur ne les laissa pas vivre en paix. Son armée attaquait continuellement le fort, où il n'y avait que soixante-douze hommes. La plupart étaient soit des hommes âgés, soit de jeunes garçons. Et pourtant, chaque fois qu'ils s'élançaient en criant "Allah-u-Akbar", ils effrayaient l'ennemi et le dispersaient. Vous vous rappelez que la même chose arriva au siège de fort Tabarsi.

Comme le chef des ennemis à Tabarsi, le gouverneur arriva à la conclusion qu'il ne pourrait pas gagner dans un combat équitable contre la petite poignée d'hommes et de garçons qui se trouvaient dans le fort. Il fallait les attraper par la ruse. Il envoya un message à Vahid disant que lui et ses amis n'avaient pas compris ce que voulait Vahid. Ils avaient cru qu'il voulait devenir un grand chef dans la ville.

Maintenant, disaient-ils, ils savaient que Vahid voulait seulement enseigner son message. Et s'il acceptait de venir les voir, ils seraient en paix, et lui et ses compagnons seraient libres. Autrement ils seraient tous tués.

Comme Quddus à Tabarsi, Vahid savait qu'ils ne pensaient pas ce qu'ils disaient, mais il pensait qu'il fallait saisir l'occasion pour donner encore une fois le message. Pendant l'entrevue, Vahid et ses compagnons furent bien traités. Leurs ennemis n'osaient rien leur faire tant que les amis de Vahid étaient encore dans le fort. Ils lui firent écrire une lettre au fort leur disant de venir le rejoindre au quartier général de l'armée.

Sachant que le gouverneur avait l'intention de les tuer lorsqu'ils sortiraient, Vahid écrivit secrètement une autre lettre leur demandant de rester là où ils étaient. Le messager devait détruire la première lettre et apporter la seconde au fort.

Mais le messager était un traître. Il détruisit la seconde lettre et apporta la première au fort. Et quand les compagnons sortirent du fort, ils furent dispersés et la plupart d'entre eux tués. C'est ainsi que mourut pour la Cause de Dieu, un autre héros. Mais il avait un grand nombre d'amis partout qui continueraient son travail.



26. LE MARTYRE DU BAB

Savez-vous ce que veut dire le mot martyre? Cela veut dire mourir pour la Cause de Dieu. Ceux qui instruisent les autres des enseignements divins et que l'on tue à cause de cela, sont appelés des martyrs. Bien entendu tous ceux dont nous avons lu l'histoire sont des martyrs. Ils donnèrent leur vie en annonçant qu'un nouvel Enseignant divin, le Bab, était venu.

Vous devez sans doute penser qu'après tant de personnes tuées, les gens avaient peur d'écouter ou de dire qu'ils étaient croyants. Pourtant la plupart d'entre eux n'avaient pas peur. Quand ils virent que tant de gens étaient heureux de donner leur vie pour cette Cause, ils savaient que c'était la vérité. Il y avait de plus en plus de disciples du Bab. Jusqu'à présent personne n'avait pu lui faire de mal. Partout où Il allait la plupart des gens L'aimaient et étaient prêts à donner leur vie pour Lui. Certains même embrassaient la terre que ses pieds avaient foulée.

Le grand Vizir, l'homme le plus proche du Shah et qui l'assistait dans ses décisions, détestait le Bab. Bien entendu, c'était un poste important. Le grand Vizir n'avait pas compris le Message du Bab. Il ne voulait pas que le Bab parle avec le Shah, de peur que lui aussi devienne Babi. Le grand Vizir craignait que, si cela arrivait, il perdrait sa position.

Il décida alors que le Bab devait mourir. Il pensait qu'après sa mort, ses disciples auraient peur de continuer sans Lui et que sa Cause s'éteindrait. Alors il envoya un soldat à la prison du Bab. Ce soldat avait pour mission d'emmener le Bab à Tabriz.

Bien que prisonnier dans un lieu éloigné, le Bab savait ce qui était en train de se préparer. Quarante jours avant l'arrivée du message, le Bab rassembla tous ses Ecrits, y ajouta ses sceaux, ses bagues en agathe et les envoya par l'intermédiaire d'une des Lettres du Vivant à Ahmad, son secrétaire. Il pria instamment le messager de prendre le plus grand soin de ces objets et de n'en parler à personne excepté Ahmad.

Quand les objets furent remis à Ahmad, il trouva parmi ces derniers une lettre du Bab. Dans cette lettre le Bab demandait que ces objets précieux soient portés à Baha'u'llah. Ahmad partit donc immédiatement pour la ville de Téhéran. Là, il donna les objets à Baha'u'llah.

Trois jours après l'arrivée du Bab à Tabriz, un ordre du grand Vizir arriva disant que le Bab devait être exécuté le jour même dans la cour de la caserne, qui était l'endroit où habitaient les soldats. Et en même temps tous ceux qui étaient des babis devaient aussi être exécutés.

L'homme, dans la maison duquel le Bab était reçu, refusa d'être complice d'un ordre si terrible. Un autre ordre arriva alors, pour que le Bab et son secrétaire soient emmenés dans une des pièces de la caserne. Dix hommes devaient monter la garde devant sa porte.

Il y eut une grande agitation dans les rues quand le Bab et son secrétaire y passèrent. Alors qu'ils approchaient de la caserne, un jeune homme se frayant un passage à travers la foule, se précipita vers le Bab et se jeta à ses pieds.

"Ne me renvoie pas, O Maître", supplia-t-il, "où que tu ailles, permets-moi de Te suivre". "Muhammad Ali", lui répondit le Bab, "Lève-toi et sois certain que tu seras avec Moi. Demain tu seras témoin de ce que Dieu a ordonné".

Vous rappelez-vous de Muhammad Ali? C'était le jeune homme qui avait rêvé que le Bab était venu le voir et lui avait promis qu'il allait mourir avec Lui. Maintenant cette promesse était sur le point de se réaliser. Deux autres se précipitèrent vers le Bab et ils furent mis dans la même cellule que Lui et Husayn.

Cette nuit-là, le visage du Bab rayonnait de joie, alors qu'Il parlait avec ses compagnons.

Le lendemain, le Bab parlait avec Husayn quand ils furent interrompus par un officier venu chercher Husayn. "Tant que Je ne lui ai pas dit tout ce que J'ai à dire", fut l'avertissement du Bab, "aucune force terrestre ne pourra me réduire au silence, même si le monde se soulevait contre. Moi, il serait néanmoins incapable de m'empêcher d'accomplir ma volonté jusqu'au dernier mot.

L'homme fut très étonné par ces mots du Bab. Cependant, il ne dit rien, et demanda à Husayn de le suivre.

Ce même matin, on disait au jeune Muhammad Ali que s'il voulait se tourner contre le Bab et ne plus l'écouter, il aurait la vie sauve. "Jamais", s'écria-t-il, "car en Lui, j'ai trouvé mon paradis".

Il fut alors remis entre les mains de Sam Khan qui commandait le régiment chargé d'exécuter le Bab. Et lui aussi devait mourir, à moins qu'il ne fasse ce qu'on lui avait demandé.

Plus il connaissait son prisonnier, plus cela devenait difficile pour Sam Khan d'exécuter les ordres qu'on lui avait donnés. Il dit au Bab qu'il était chrétien et qu'il ne voulait pas lui faire de mal. Il Lui demanda de le libérer de la responsabilité de son exécution
"Suivez vos instructions", lui dit le Bab, "et si vous êtes sincère dans vos intentions, le Tout-Puissant vous délivrera de cette tâche".

On enfonça un clou dans le mur de la caserne. Le Bab et son compagnon devaient être suspendus à ce clou. Muhammad Ali demanda à être placé de telle façon que son corps serve de bouclier à celui du Bab. Il fut suspendu de telle sorte que sa tête reposât sur la poitrine du Bab.

Sept cent cinquante soldats furent mis en rang et tirèrent sur les deux victimes. La fumée de leurs fusils cacha la lumière du soleil et transforma le jour en obscurité.

Beaucoup de gens étaient montés sur les toits des maisons voisines pour regarder. Quand le nuage de fumée fut dissipé, les spectateurs ne pouvaient pas en croire leurs yeux Muhammad Ali se tenait debout devant eux, en vie et sans une égratignure. La corde avec laquelle les deux compagnons avaient été suspendus, était coupée et Les soldats le cherchèrent frénétiquement et finalement ils Le trouvèrent dans la pièce où Il avait passé la nuit. Il finissait sa conversation avec Husayn - celle qui avait été interrompue ce matin- là. Et comme Muhammad Ali, Il n'avait rien.

"J'ai terminé ce que j'avais à dire à Siyyid Husayn", dit-Il aux soldats, "Vous pouvez maintenant mettre votre projet à exécution".

Mais Sam Khan était tellement troublé par ce qui venait d'arriver qu'il ordonna à ses hommes de quitter la caserne sur le champ. Il dit qu'il ne voulait plus être chargé de tuer le Bab, même si cela devait lui coûter la vie.

On fit venir un autre régiment. Le Bab et son compagnon furent suspendus à nouveau. Et cette fois l'horrible commandement fut exécuté. Le Bab et son compagnon furent tous les deux tués.

Au moment où on tira sur eux, une grosse tempête s'abattit sur la ville. Un tourbillon de poussière cacha la lumière du soleil et aveugla les yeux des gens qui regardaient. La ville entière fut enveloppée de ténèbres de midi jusqu'à la nuit. Mais même après tous ces événements, les gens n'avaient pas compris quelle terrible chose ils avaient faite.

La méchanceté de la population causa beaucoup de problèmes à leur pays. Beaucoup de ceux qui avaient regardé sans essayer de sauver le Bab, moururent aussitôt après, ou perdirent leur argent et tout ce qu'ils possédaient. Une étrange maladie inconnue causa la mort de beaucoup d'entre eux.

Quant au régiment qui avait tué le Bab, il paya pour son crime. Certains furent tués dans un tremblement de terre. D'autres, alors qu'ils se reposaient à l'ombre d'un mur, furent écrasés par la chute de ce mur. Quant au restant, ils furent fusillés à cause de leurs mauvaises actions.

Maintenant que le Bab était mort, ses ennemis étaient persuadés que sa Cause elle aussi allait mourir. Mais vous allez voir combien ils se trompaient. Rien ne pouvait éteindre la Cause pour laquelle Il avait donné sa vie, car ce n'était pas le désir de Dieu.



27. HUJJAT

L'histoire qui suit est celle d'un homme très courageux, qui était prêt à sacrifier sa vie pour le Bab. Hujjat, originaire de Zanjan, était tellement aimé pour sa sagesse que les gens venaient nombreux pour l'écouter.

Mais quand Hujjat entendit parler du Bab et qu'il commença à enseigner son message, les chefs religieux se retournèrent immédiatement contre lui.

N'est-ce pas étrange qu'ils réagissaient toujours ainsi, chaque fois qu'ils entendaient quelqu'un enseigner la vérité.

Lorsque Hujjat entendit parler du siège de Tabarsi, il décida de se joindre aux vaillants défenseurs du fort. Mais étant prisonnier à Téhéran, il était incapable de s'y rendre. Peu de temps après, cependant, il s'échappa en se déguisant et retourna chez lui. Des hommes, des femmes et des enfants étaient allés à sa rencontre prêts à lui venir en aide.

Les habitants de Zanjan avaient été menacés de mort s'ils écoutaient Hujjat. Bien sûr ces menaces n'inquiétaient nullement la plupart des amis de Hujjat. Ils décidèrent toutefois de se réfugier dans un fort voisin, car ils savaient que le gouverneur allait bientôt envoyer ses soldats pour les combattre. Les femmes et les enfants les accompagnaient.

Ce fut comme à Tabarsi et à Nayriz. Chaque fois que l'armée du gouverneur attaquait le fort, quelques-uns de ses occupants s'élançaient en criant "Seigneur des âges". Leurs cris paraissaient si féroces que l'ennemi se dispersait. Même les habitants de la ville étaient terrifiés par ces cris qui ressemblaient au tonnerre. Cependant, comme tous les disciples du Bab, ils ne tuaient que pour défendre leurs vies et celles de leurs familles.
La situation devint grave, car la nourriture commença à manquer. Tout ce qu'ils pouvaient se procurer provenait de quelques femmes qui avaient réussi, à atteindre le fort et vendaient très cher ce qu'elles avaient.

Une jeune fille d'un village proche, voulait à tout prix les aider. Elle se déguisa en homme et prenant un fusil, une épée et un bouclier, elle se précipita pour se battre avec ses compagnons. Personne ne savait que c'était une fille. Son courage exemplaire avait redonné des forces aux autres. Une fois de plus ils repoussèrent le puissant ennemi.

Hujjat qui regardait du fort, la reconnut et envoya quelqu'un la chercher. Elle fondit en larmes et le supplia de ne révéler à personne son identité, et de lui permettre de combattre aux côtés de ses compagnons. Hujjat finit par accepter.

Durant cinq mois, elle combattit avec les autres, ne cessant de les encourager. Elle dormait même la tête posée sur son épée. Et son plus grand désir était de mourir pour la Cause. Un jour son souhait fut enfin exaucé, car elle fut mortellement blessée alors qu'elle aidait à repousser l'ennemi. Par son exemple, vingt femmes reconnurent le Bab.
Un jour Hujjat sollicita l'aide du Shah, mais cette lettre malheureusement ne lui parvint jamais. Le messager fut capturé et exécuté. Le message fut détruit et remplacé par une deuxième lettre contenant des mensonges et des calomnies; celle-ci fut envoyée au Shah à la place de l'autre. Les femmes faisaient du pain, soignaient les blessés, remontaient le moral et encourageaient les combattants. Même les enfants voulaient aider. Finalement le gouverneur essaya de leur tendre un piège, comme cela s'était passé auparavant dans les autres forts. Hujjat envoya quelques hommes à sa rencontre. Certains furent tués, d'autres emmenés prisonniers. Seul un enfant de neuf ans put s'échapper et parvint au fort où il raconta ce qui était arrivé.

Malheureusement, un jour Hujjat fut atteint au bras par une balle. Voyant le sang couler sur le bras de leur chef bien-aimé, les combattants laissèrent tomber leurs armes pour se précipiter vers lui. Et c' est à ce moment-là que l'ennemi put entrer dans le fort. Une centaine de femmes et d'enfants furent capturés et plus tard beaucoup d'entre eux moururent de froid.
Les hommes qui n'avaient pas été faits prisonniers continuaient de se battre avec bravoure, mais chaque jour hélas, il y avait beaucoup de tués. Malheureusement, un jour, alors qu'il était en train d'adresser ses prières au Bab, Hujjat mourut des blessures qu'il avait reçues au bras.

Alors l'ennemi crut qu'une fois encore il avait réussi à éteindre la Cause de Dieu. Mais il y avait toujours plus de croyants qui acceptaient le Message, grâce à l'exemple de ceux qui avaient donné leur vie avec tant de courage.



28. BAHA'U'LLAH

Après la mort du Bab et de ses nombreux disciples, ses ennemis pensaient qu'ils n'auraient plus de problèmes avec les babis. On les appelait babis parce qu'ils croyaient au Bab. Ils étaient éparpillés à travers le pays et bien entendu étaient profondément attristés par toutes les persécutions.

Mais bien que leur chef spirituel ait été supprimé, un autre était attendu. Le Bab avait annoncé à ses disciples qu'Il était venu préparer la voie pour le second Enseignant que Dieu devait envoyer. Le Bab l'appelait "Sa Sainteté".

Il fallait nécessairement préparer le chemin car voyez-vous, au début les hommes n'étaient pas prêts pour un si grand changement. Ils étaient attachés aux choses qu'ils connaissaient depuis toujours. C'est la raison pour laquelle ils ne voulaient pas écouter le Bab. Ils pensaient que Muhammad et le Coran leur suffisaient. Mais quand le message d'un nouvel Enseignant fut proclamé dans tout le pays, la voie pour le second devenait plus facile. Il était possible alors, d'envoyer son message au monde entier.

Ainsi, après le martyre du Bab, les disciples qui restaient n'étaient pas seuls. Baha'u'llah les rassemblait un peu partout, et leur donnait le courage de persévérer dans leur nouvelle religion.

Quelquefois les gens agissent follement, sans réfléchir, ils font des choses qui plus tard apportent beaucoup de problèmes. C'est ce qui arriva avec deux jeunes gens qui vivaient dans le pays de Baha'u'llah. Ils essayèrent de tuer le Shah car il était responsable de la mort de beaucoup de leurs amis. Ils ne réussirent pas à tuer le Shah mais à cause de leur acte irréfléchi, des chose terribles s'en suivirent.

Comme ces jeunes étaient babis, on rejeta la faute sur tous les babis. Les gens étaient surexcités, et beaucoup d'innocents eurent à souffrir pour une faute qu'ils n'avaient pas commise. Même Baha'u'llah fut condamné, car Il était maintenant le chef des babis. On Le traita avec la plus grande cruauté et finalement Il fut emprisonné dans un cachot souterrain. Son cou et ses pieds étaient attachés par des chaînes extrêmement lourdes. Et pendant trois jours Il n'avait ni à boire, ni à manger. A cette époque, la "Plus Grande Branche" était un garçon de huit ans. Le saviez-vous? La Plus Grande Branche était 'Abdu'l-Baha', le fils de Baha'u'llah. Il vivait ainsi que le reste de sa famille, avec un de leurs oncles pendant que son père était en prison.

Chaque fois que le petit garçon était envoyé dans la rue, les garçons de son âge le poursuivaient en lui jetant des pierres. Un jour qu'il marchait seul vers sa maison en revenant du marché, il se retourna et vit un groupe d'enfants qui couraient vers lui avec des bâtons et des pierres. Le seul moyen de se sauver était de montrer qu'il n'avait pas peur. Ils se dirigea alors vers eux avec un air si déterminé et si brave qu'ils retournèrent sur leurs pas en courant. Après ce jour, ils ne l'ennuyèrent plus jamais.

Quand Baha'u'llah était en prison, beaucoup de ses disciples furent également emprisonnés. Et malgré toutes les souffrances qu'ils enduraient dans cet endroit terrible, ils étaient très joyeux parce que Baha'u'llah était avec eux. Ils chantaient même dans l'obscurité. Beaucoup furent exécutés après un certain temps. Plus tard Baha'u'llah fut libéré parce que l'un de ceux qui avaient essayé de tuer le Shah, avait avoué son crime. Cependant, toute sa vie durant, Baha'u'llah porta sur son corps les marques de cette terrible prison.

A présent l'exécution des babis était arrêtée sur l'ordre du Shah. Mais aussitôt que Baha'u'llah fut libéré, le Shah Lui ordonna de quitter immédiatement l'Iran avec sa famille. Un officier russe résidant à Téhéran invita Baha'u'llah à s'installer en Russie. Mais il refusa, car telle n'était pas la volonté de Dieu. Ainsi donc, un jour, accompagné d'un garde du corps du Shah et d'un officier russe, Baha'u'llah et sa famille quittèrent leur pays et se dirigèrent vers l'Iraq, de l'autre côté des montagnes.



29. LA CAUSE DE DIEU POUR NOTRE EPOQUE

Avec toutes les attaques et les persécutions depuis les jours de Shaykh Ahmad, on pourrait se demander comment cette nouvelle religion a pu survivre jusqu'à nos jours.

Dans certaines parties du monde, les gens ont surtout entendu parler de Jésus, dans d'autres de Muhammad et ailleurs de Moise. Grâce aux actes héroïques des premiers martyrs, la Cause de Baha'u'llah est maintenant connue dans le monde entier. Essayons de penser encore une fois à ces courageux martyrs.

Vous rappelez-vous de Shaykh Ahmad, le premier à savoir que la venue du Promis était imminente? Vous souvenez-vous ensuite comment Siyyid Kazim vit le Bab et fut invité chez Lui? Ces deux illustres personnages parlèrent du Bab à beaucoup de gens. C'était comme s'ils avaient labouré la terre pour permettre à la Cause de Dieu de grandir.

Après la mort de Shaykh Ahmad et de Siyyid Kazim, Quddus et Mulla Husayn continuèrent leur tâche.

Vous rappelez-vous du siège de Fort Tabarsi et comment Mulla Husayn et Quddus sacrifièrent leurs vies pour la Cause de Dieu?

Ensuite Vahid et Hujjat durent se défendre pour avoir l'occasion de parler un jour du Promis. Finalement, eux aussi furent martyrisés. Et puis le Bab Lui-même fut tué par des gens cruels et sans pitié qui refusaient d'écouter son Message. Maintenant que le Bab n'était plus, ses ennemis pensaient que personne n'entendrait plus parler de cette nouvelle religion. Mais nous savons ce qui arriva par la suite.

Il restait Baha'u'llah qui avait rassemblé autour de Lui tous ceux qui avaient cru au Bab et accepté son Message. Mais vous vous rappelez certainement des événements tragiques de cette époque. Ainsi, lorsque un jeune homme essaya de tuer le Shah, tous les babis ainsi que Baha'u'llah furent accusés.

Tahirih, la "Lettre du Vivant" qui aida toutes les femmes et qui enseigna la venue du Promis fut assassinée. Toutes les "Lettres du Vivant" furent tués, emprisonnés ou exilés. Et combien d'autres encore moururent, et parmi eux des femmes et des enfants.

Et finalement Baha'u'llah fut banni du pays où Il était né et où Il avait toujours vécu. Il devait avec sa famille, traverser des montagnes, en plein milieu d'un hiver extrêmement froid et s'installer en Iraq. Et de là, ils allèrent en Palestine, qui est maintenant appelée la Terre Sainte, parce que tant d'Enseignants divins y ont vécu.

Il n'est pas surprenant de savoir que le Shah pensait ne plus jamais entendre parler du Bab ou de Baha'u'llah ou de leur Message. Mais il ne savait pas combien il se trompait et comme c'était ridicule. Car il y avait quelque chose dans cette sublime Cause de Dieu, qui ne pouvait pas se laisser éteindre.

Tout comme il paraît que dans la nuit, le moment le plus sombre précède les premières lueurs du jour, la Cause de Dieu traverse des moments semblables. Les ennemis pensaient qu'elle avait entièrement disparu et qu'ils n'en entendraient plus jamais parler. Mais en fait ,c'est durant cette période qu'elle commença à devenir de plus en plus forte.

Le Shah ne le savait pas ; il se croyait puissant alors qu'il n'était qu'un instrument que Dieu utilisait pour sa Cause dans un autre pays. En Iraq Baha'u'llah avait beaucoup plus de liberté pour enseigner son Message. Et aujourd'hui, ce Message est répandu à travers le monde entier. Ceux qui en font partie ne sont plus appelés des babis ; on les appelle des baha'is parce qu'ils croient en Baha'u'llah. Il y a des baha'is dans plus de deux cents pays et les livres du Bab, de Baha'u'llah et Abdu'l-Baha sont imprimés dans beaucoup de langues pour que les peuples du monde puissent les lire.

La Cause peut être comparée à un arbre. D'abord, Shaykh Ahmad commença ses enseignements sur le Promis; c'était comme si une petite graine était plantée. Cette graine grandit jusqu'à devenir un arbre sous lequel beaucoup de gens s'abritent.

'Abdu'l-Baha porta la bonne nouvelle de la venue du Bab et de Baha'u'llah en Egypte, en France, en Amérique, en Angleterre, et dans d'autres pays encore. Vous rappelez-vous l'histoire d'Abdu'l-Baha lorsqu'il était enfant et que les autres garçons étaient méchants envers lui? Ceci se passait pendant que son père, Baha'u'llah était en prison.

Maintenant Baha'u'llah et Abdu'l-Baha sont tous deux allés dans ce beau pays où nous devons tous aller quand notre travail dans ce monde est fini. La Cause grandit chaque jour et le jour viendra où le monde entier aura entendu parler de la Foi parce que ceux qui la connaissent se sentent plus heureux lorsqu'ils en parlent aux autres.

Peut-être même qu'un jour vous serez l'un de ces enseignants qui voyagent vers des pays lointains pour enseigner le Message de Baha'u'llah. Et nous ne savons pas encore quelles grandes choses ces enseignements accompliront. A l'époque du Bab et de Baha'u'llah, il y avait beaucoup de persécutions et de martyrs; mais pour le nouveau jour qui commence à peine, Baha'u'llah nous a prédit qu'il y aurait beaucoup de guerres dans ce monde.

La terre sera un endroit merveilleux lorsque chacun d'entre nous pensera aux autres et ne voudra faire de mal à personne. Nous pouvons dès maintenant commencer à agir comme cela. Comme le Bab l'a fait quand Il était petit garçon. Alors Dieu nous aidera, comme Il a aidé ceux qui, les premiers, quittèrent leur maison pour annoncer la venue du Promis.


Chapitre suivant Partie 1    Retour à la bibliothèque