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L'abus des drogues Un point de vue baha'i sur la toxicomanie et l'alcoolisme par Abdu'l-Missagh Ghadirian, M.D. Retour à la bibliothèque |
Le docteur Abdu'l-Missagh Ghadirian est professeur titulaire à la Faculté de
médecine de l'Université McGill, psychiatre à l'Hôpital Royal Victoria de Montréal,
membre du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et de plusieurs
organisations professionnelles nationales et internationales. Il agit aussi
à titre de consultant auprès de la Communauté internationale baha'ie, une organisation
non gouvernementale travaillant auprès des Nations Unies, pour les questions
de prévention de la toxicomanie. Il est l'auteur de nombreux articles et d'ouvrages,
dont In Search of Nirvana: A New Perspective on Alcohol and Drug Dependency
; Ageing: Challenges and Opportunities ; et Environment and Psychopathology
(coéditeur). Le Dr Ghadirian est membre de l'institution baha'ie du Corps continental
des Conseillers pour les Amériques.
Table des matières
1. Les drogues interdites et la société
1.1. Pourquoi consommer des drogues ?
1.2. Les drogues et l'alcool: des substituts
1.3. Qui risque le plus d'abuser des drogues
?
1.4. La dépendance aux drogues: un problème
sérieux
1.5. Existe-t-il des solutions ?
2. La consommation abusive des drogues illicites: une véritable
épidémie
2.1. Les drogues synthétiques
2.2. Les effets de l'abus des drogues sur les
enfants
2.3. Ce que peuvent vivre des enfants d'alcooliques
2.4. Le don de l'esprit
2.5. La paix et la tranquillité intérieures
2.6. Les comportements humains devant les drogues
2.7. Les interactions entre les facteurs psychologiques,
physiques et sociaux
2.8. Les drogues et la réalité physique et
spirituelle de l'individu
2.9. Le point de vue baha'i sur la consommation
des drogues
2.10. La prévention précoce
2.10.1.
L'individu
2.10.2.
La famille
2.10.3.
La société
2.11. Des efforts internationaux pour prévenir
la consommation abusive des drogues
Bibliographie
Notes
Selon la science même une consommation modérée
d'alcool n'est pas bonne ! (compte rendu d'études scientifiques -
Addon NDLR)
Traduction de Marc Lachance, Révision et édition sous la direction du Comité
baha'i de littérature et de productions françaises - Copywrite: 2001 Baha'i
Canada ; ISBN : 0-88867-113-x
Remerciements
Cet article brosse un tableau de l'un des phénomènes les plus dévastateurs de
notre époque: l'abus des drogues, et ses effets abominables sur l'esprit humain.
L'auteur ne se contente pas d'identifier les causes probables de ce fléau, mais
il suggère aussi des méthodes de prévention précoce, notamment grâce à un programme
d'éducation et à une réflexion sur le sens de la vie.
L'auteur tient à témoigner sa gratitude au Dr Marc Lachance, grâce à qui la
traduction du texte original anglais a été réalisée. Je souhaite aussi remercier
le Dr Denis Allard pour son excellent travail, ainsi que le Comité baha'i de
littérature et de productions françaises pour la révision et l'édition de ce
texte. Je remercie aussi ma chère épouse, Marilyn ; sans son soutien ni son
encouragement, cet article n'aurait pu être produit.
Abdu'l-Missagh Ghadirian
Avant-propos
Cette publication devrait intéresser tous ceux qui s'inquiètent de la progression
du problème de la toxicomanie dans notre société, ainsi que ceux qui cherchent
une façon nouvelle et plus fondamentale d'y faire face. Plus précisément, l'information
fournie dans ce document devrait servir aux gens touchés de près ou de loin
par cette terrible affliction, ainsi qu'aux travailleurs des secteurs sanitaires
et des services sociaux qui oeuvrent sur le plan clinique ou qui participent
à la formulation de politiques et au développement de programmes. Le vocabulaire
utilisé n'est pas trop technique et devrait être facilement compris par tout
lecteur.
L'auteur présente brièvement l'état actuel des connaissances scientifiques sur
l'alcool et les drogues illicites, ainsi que sur leurs effets, en s'appuyant
sur des statistiques internationales récentes concernant l'usage de ces substances
et les dommages qu'elles causent. Il décrit un éventail de facteurs et de motifs
ayant une influence sur la consommation de substances psychoactives, et mentionne
les groupes les plus vulnérables au sein de la population, en soulignant particulièrement
le cas des enfants. L'auteur termine en recommandant un changement dans les
attitudes et dans les stratégies, que ce soit sur les plans individuel, familial
ou social, comme partie essentielle d'une approche intégrée visant à prévenir
et à atténuer le problème de la toxicomanie.
Abdu'l-Missagh Ghadirian propose d'aborder le problème autrement que par le
biais des stratégies qui, jusqu'à maintenant, ont mené vers des résultats limités
ou parfois même négatifs. Laissant de côté les activités régulatrices et policières
ainsi que les types de stratégies visant surtout à réduire les conséquences
néfastes de la consommation de drogues, il met plutôt l'accent sur une approche
préventive, fondée sur des concepts spirituels qui touchent la nature des êtres
humains et le but ultime de la vie.
Le docteur Ghadirian, un psychiatre et un universitaire respecté qui a acquis
une grande expérience clinique dans le domaine de la toxicomanie, est hautement
qualifié pour écrire sur le sujet. Les idées qu'il partage sur les causes fondamentales
du phénomène et les interventions préventives de base qu'il suggère ajoutent
une contribution intéressante à la littérature déjà disponible sur ce terrible
agent de la souffrance humaine.
Denis G. Allard, M.D., M.Sc., FRCPC
Conseiller médical principal, Agence canadienne d'inspection des aliments. Le
Dr Allard a aussi agi comme médecin-hygiéniste en chef au Nouveau-Brunswick
(Canada).
1. Les drogues interdites et la société
L'écroulement de l'ancien ordre mondial et la désintégration de la civilisation
matérielle et des modes de vie traditionnels ont profondément bouleversé la
société et continuent de causer beaucoup d'anxiété et de stress.
Bien que la science et la technique aient amélioré les conditions de vie et
de travail et qu'elles aient rendu possibles un degré de confort et une prospérité
matérielle encore jamais vus, elles n'ont réussi à créer ni un espoir ni un
bonheur durables. La science s'est coupée des sentiments humains, et ces sentiments
ont été manipulés et niés de toutes sortes de façons, entre autres par la consommation
d'alcool et l'utilisation de drogues à des fins non médicales. Qui aujourd'hui
est sûr de son avenir, qui aujourd'hui connaît le chemin menant à la véritable
paix de l'esprit ?
La crise actuelle atteint non seulement la société dans son ensemble, mais également
l'individu au plus profond de lui-même (1). Le déclin du
monde, tant sur le plan social que matériel, est le reflet de la pauvreté spirituelle
du genre humain. L'alcool et les autres drogues qui modifient l'activité mentale
normale sont devenus, pour l'humanité, le moyen de s'évader de la dure réalité
d'un monde en bouleversement. Aujourd'hui, en quête d'espoir et de bonheur,
des millions d'êtres humains, jeunes et vieux, hommes et femmes, pauvres et
riches, éduqués et illettrés, soumettent volontairement leur esprit à l'influence
de l'alcool, des narcotiques et d'autres drogues qui altèrent l'esprit. La consommation
de drogues illégales s'est répandue très rapidement partout sur la planète,
et aucune nation du monde n'est immunisée contre cette épidémie destructrice
des temps modernes.
1.1. Pourquoi consommer des drogues ?
Les objectifs que nous poursuivons dans cette publication sont de présenter
brièvement la problématique actuelle de la consommation de stupéfiants (2)
dans la société, de suggérer diverses approches en matière d'éducation préventive
et de mettre en lumière le point de vue baha'i sur ce problème dévastateur qui
se propage rapidement. Précisons ici que nous considérons également l'alcool
comme une drogue. En 1994, la Déclaration de Bangkok sur l'abus des drogues
recommandait que l'alcool et le tabac soient aussi considérés comme des "drogues".
Cette Déclaration a reçu plus tard l'approbation des Nations Unies. Le tabac
diffère toutefois des autres drogues mentionnées plus haut: bien qu'il soit
la cause de certaines maladies et qu'il provoque une certaine accoutumance,
il n'entraîne pas de dépendance psychique.
Les personnes qui consomment des drogues ne le font pas toutes pour les mêmes
motifs. Il y a en fait autant de raisons de faire usage de ces substances qu'il
y a d'individus. Parmi les facteurs servant à expliquer la consommation des
stupéfiants et de l'alcool, on mentionnera le plus souvent les pressions de
l'entourage, la curiosité, le plaisir, l'ennui, l'ignorance, l'aliénation et
l'isolement sur le plan affectif, les changements dans la structure sociale,
la vie urbaine et le chômage, la difficulté de faire face à toutes les tensions
de la vie, la quête d'identité, le manque d'affection et la détérioration de
la vie familiale.
Quelles que soient les raisons données par les individus pour justifier leur
consommation de drogue et d'alcool, il est urgent que la société assume ses
responsabilités dans la mise en place de solutions concrètes visant à contrer
l'abus de ces substances. Si nous ne réussissons pas, collectivement, à trouver
de telles solutions, si nous ne nous attardons pas à redécouvrir le but de la
vie et à comprendre notre destin spirituel, la consommation des drogues se poursuivra,
causant d'importants dommages physiques et spirituels chez un nombre grandissant
de personnes.
1.2. Les drogues et l'alcool: des substituts
D'un individu à l'autre, la drogue et l'alcool peuvent servir de substituts
à différentes choses. Certains les utilisent comme antidote contre la peur et
l'insécurité ; ils en consommeront alors pour se donner une impression de sécurité
et de courage. D'autres croiront retrouver le sens de la dignité et la confiance
en soi qu'ils avaient perdus, ou ils se berceront du faux sentiment de puissance
et d'exaltation que procurent ces substances. La consommation des drogues ne
permet toutefois jamais d'atteindre le but recherché, offrant tout au plus une
excursion illusoire dans un monde de bien-être irréel qu'on pourrait comparer,
pendant les quelques heures ou les quelques jours que dure ce "voyage", à une
"prise en otage" psychologique du cerveau qui devra payer tôt ou tard une lourde
rançon.
L'extrait suivant des paroles de Baha'u'llah permet de faire un parallèle entre
la façon spirituelle de répondre aux besoins de l'être humain et les efforts
acharnés de ce dernier pour atteindre le bonheur par des moyens chimiques:
Ô mon Seigneur ! Fais de ta beauté ma nourriture, de ta présence mon breuvage,
de ton plaisir mon espoir, de ta louange mon action, de ton souvenir mon compagnon,
de ta puissance souveraine mon secours, de ton habitation mon foyer, et fais
que ma demeure soit le lieu que tu as purifié des limitations imposées à ceux
qu'un voile sépare de toi (3).
1.3. Qui risque le plus d'abuser des drogues ?
Des recherches ont démontré qu'il existe chez certaines personnes une vulnérabilité
génétique à certaines substances toxiques comme l'alcool. De toute évidence,
les enfants d'alcooliques risquent plus que d'autres de devenir eux-mêmes alcooliques.
S'ajoute au facteur génétique l'environnement social et culturel qui joue aussi
un rôle important dans la dépendance aux drogues. Ainsi, le stress provenant
des conditions de vie et du milieu social peut provoquer le développement de
ce qui n'était au départ qu'une prédisposition génétique. De même, les pressions
exercées par l'entourage peuvent avoir un très grand impact sur la propagation
de la consommation des drogues chez les jeunes, et en particulier chez ceux
qui sont génétiquement vulnérables. Bien des jeunes font toutefois un usage
abusif de la drogue et de l'alcool sans qu'il y ait eu d'antécédent de dépendance
dans leur famille.
La consommation abusive des drogues est aujourd'hui un problème mondial qui
a franchi toutes les frontières sociales, économiques et géographiques. Pour
diverses raisons, certains segments de la population sont particulièrement vulnérables
à l'abus des drogues et de l'alcool (4):
- Les jeunes, et en particulier ceux qui sont seuls ou qui proviennent de foyers
désunis ou de milieux défavorisés.
- Les enfants et la famille immédiate d'alcooliques. On croit que certaines
drogues qui créent l'accoutumance peuvent entraîner une vulnérabilité biologique
chez les enfants, mais des recherches plus approfondies doivent être faites
dans ce domaine.
- Les personnes âgées, et surtout celles qui vivent seules et isolées ou qui
souffrent de douleurs chroniques nécessitant l'emploi de médicaments analgésiques.
L'abus de médicaments délivrés sur prescription médicale est très fréquent dans
ce groupe.
- Les personnes qui souffrent de dépression et d'autres formes de troubles psychoaffectifs
risquent de développer une accoutumance par l'emploi de médicaments sans prescription
médicale et en faisant usage de drogues pour combattre la dépression.
- Les membres de groupes minoritaires, et surtout ceux qui connaissent l'isolement,
l'instabilité socioéconomique et la discrimination. Les autochtones, par exemple,
qui ont perdu le sens traditionnel de la communauté, leur identité culturelle
et leurs valeurs risquent de connaître des problèmes de drogue et d'alcool.
- Les femmes qui souffrent d'isolement social, et particulièrement celles qui
sont seules, séparées ou divorcées, sans liens familiaux ni soutien. L'usage
du tabac et de l'alcool a augmenté chez les femmes depuis la Seconde Guerre
mondiale, et cette tendance s'accentue, surtout dans les pays industrialisés.
- Les gens du spectacle, les professionnels de la santé, les agents de police,
les juges et plusieurs autres.
De nos jours, presque tout le monde peut tomber dans la dépendance aux drogues
et à l'alcool. En règle générale, les risques seront très élevés dans une société
dont les membres se préoccupent avant tout de leur bien-être matériel, recherchent
de façon obsessive la satisfaction immédiate de tous leurs désirs et accordent
une grande valeur aux moyens matériels comme source principale de sécurité et
de bonheur. Par contre, dans une société dont les membres sont altruistes et
recherchent leur épanouissement personnel au-delà d'une gratification instantanée,
les risques seront beaucoup moins grands. Dans une telle société, ce n'est pas
dans l'aspect physique d'une personne qu'on cherchera sa vraie nature, mais
bien dans son esprit et son âme. Le corps est le temple de l'âme et non une
machine à recycler l'alcool et les drogues illicites.
1.4. La dépendance aux drogues: un problème sérieux
Dans les pays industrialisés comme dans d'autres pays, l'abus d'alcool et de
stupéfiants n'est plus le fait d'un groupe privilégié ou d'une seule catégorie
de riches consommateurs. Le problème atteint aujourd'hui toutes les couches
sociales, un peu partout dans le monde, à Moscou comme à Los Angeles, en Suède
comme au Nigeria. L'industrie des drogues s'est développée comme un marché mondial
du bien-être et une technologie du plaisir et de la solution miracle.
La toxicomanie et l'alcoolisme sont devenus une menace et un véritable fléau
pour toute l'humanité. Ils frappent durement toutes les nations et tuent des
milliers de personnes. Chaque année, des millions d'individus de tout âge soumettent
volontairement leur esprit aux effets néfastes des drogues. Ajoutons qu'il n'a
jamais été aussi facile qu'aujourd'hui de se procurer de l'alcool et des narcotiques,
et sous des formes aussi diversifiées, y compris les nouvelles drogues synthétiques
dont nous parlerons plus loin.
1.5. Existe-t-il des solutions ?
La plupart des moyens mis de l'avant pour contrer la consommation abusive d'alcool
et des drogues visent soit à punir plus sévèrement les contrevenants, soit à
légaliser les drogues. Existe-t-il d'autres solutions ? Car ce ne sont ni des
mesures punitives plus sévères ni la légalisation des drogues illicites qui,
selon nous, résoudront le problème. La plupart des experts qui s'intéressent
aux problèmes reliés à l'alcoolisme et à la toxicomanie s'entendent sur le fait
que les mesures préventives constituent l'approche la plus efficace pour contrer
l'épidémie.
Parmi ces mesures, la prévention précoce a pour but d'empêcher ou à tout le
moins de retarder le premier contact avec la drogue, et elle vise à amener les
gens à prendre conscience des effets néfastes des drogues avant même d'en consommer.
Elle exige un programme d'éducation sociale sur la nature et le but de la vie
qui débutera dans la famille, les parents servant d'exemples à leurs jeunes
enfants en s'abstenant eux-mêmes d'alcool et de drogues. Il est clair que le
succès complet d'une éducation préventive ne sera pas atteint si les parents,
les enseignants, les professionnels de la santé, les dirigeants politiques et
les personnes en vue continuent de consommer drogues et alcool.
Un des aspects d'un programme complet d'éducation préventive consistera à réexaminer
les concepts de bonheur et de liberté. Le vrai bonheur est une expérience personnelle
très profonde ; ce n'est pas un produit et on ne peut l'obtenir grâce à une
poudre, à une injection ou à une bouteille d'alcool. Il faudra également se
pencher sur le but véritable de la vie et sur la nature essentiellement noble
et spirituelle de l'être humain.
2. La consommation abusive des drogues
illicites: une véritable épidémie
La production d'alcool et de drogues illicites est aujourd'hui une grande industrie
qui offre ses produits sur le marché mondial de la consommation, certains pays
trouvant dans la production d'opium et de cocaïne une source majeure de revenus.
C'est le cas de quelques pays d'Amérique latine qui sont devenus d'importants
producteurs de cocaïne et, plus récemment, d'opium. En Asie, le Triangle d'Or
- la Thaïlande, la Birmanie (Myanmar) et le Laos - est bien connu pour sa production
d'opium. Trois autres pays se sont joints aux grands producteurs d'opium depuis
1970, constituant le Croissant d'Or qui comprend une partie de l'Afghanistan,
de l'Iran et du Pakistan (5). La production illégale d'opium
a explosé depuis peu et, en l'espace de sept ans (entre 1985 et 1992), elle
a augmenté de 152 %. Le volume global annuel de la production d'opium se situe
entre 3 000 et 4 000 tonnes (6).
Les conséquences de cette production massive sont énormes. Par exemple, parmi
toutes les nations industrialisées, c'est aux États-Unis qu'on trouve les plus
hauts taux de consommation de la drogue chez les adolescents. Dans ce pays,
la moitié des 40 000 décès dus à des accidents de la route et la moitié des
homicides sont reliés à l'usage abusif d'alcool ou de drogue (7).
De plus, 50 % des décès causés par le sida (syndrome d'immunodéficience acquise)
sont associés à l'utilisation de drogues administrées par voie intraveineuse,
l'une des plus grandes sources de nouvelles infections par le VIH (virus de
l'immunodéficience humaine) (8). Tous ces faits donnent
une image peu réjouissante d'une humanité menacée par un fléau qui, de bien
des façons, est aussi alarmant que celui de la pollution de l'environnement.
Les problèmes de dépendance et de consommation abusive de drogues sont si répandus
et si sérieux que l'ancien Secrétaire général des Nations Unies, Javier Perez
de Cuellar, a affirmé: "L'abus des drogues est pour la génération présente et
celles à venir une menace aussi sérieuse que l'a été la peste qui a dévasté
plusieurs parties du monde dans le passé (9)."
George Bush, ancien président des États-Unis, traduit bien l'opinion générale
lorsqu'il affirme que l'abus des drogues est le problème le plus sérieux de
ce pays (10). Et pourtant, moins de 10 % des toxicomanes
reçoivent de l'aide, que ce soit par des groupes d'entraide ou par des professionnels
(11).
Selon le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues
(PNUCID), chaque année, il y a de fortes chances pour que 3,3 % à 4,1 % de la
population mondiale utilise des drogues illégales. Le problème de dépendance
le plus sérieux est relié à l'héroïne, consommée par 8 millions de personnes.
Les utilisateurs de cocaïne sont toutefois plus nombreux: les évaluations les
plus prudentes indiquent que 13 millions de personnes ont développé une dépendance
à cette drogue. Mais la plus répandue de toutes les drogues demeure le cannabis,
qui est consommé par 140 millions de personnes, soit presque 2,5 % de la population
mondiale (12).
L'augmentation de l'usage de drogues injectables et de l'échange ou du partage
de seringues a grandement contribué à la propagation du VIH et du sida. Un nombre
important de séropositifs s'injecteraient des drogues, certains transmettant
la maladie par le partage d'aiguilles ou par des comportements contribuant à
la propagation de la maladie (13).
2.1. Les drogues synthétiques
Les drogues illicites ne sont pas toutes produites à partir de plantes ou de
matières végétales. Il existe également des drogues synthétiques dont la consommation
est en hausse, entre autres du fait qu'il est facile de s'en procurer. Par exemple,
parmi les drogues synthétiques, on trouve l'"ecstasy" (MDMA), une substance
synthétique qui peut être facilement fabriquée n'importe où dans le monde ;
elle provoque rapidement un sentiment d'euphorie. Les amphétamines font aussi
partie de ces substances ; trente millions de personnes les utilisent aujourd'hui,
et ce nombre ne cesse d'augmenter.
Lorsque des mesures ont été prises par les institutions responsables pour resserrer
le contrôle du trafic international des drogues, la production en laboratoire
de drogues synthétiques a réussi à contrer ces efforts. Ces drogues peu dispendieuses
peuvent maintenant être produites dans des domiciles privés ou en laboratoire
n'importe où dans le monde. Lorsque la science ne se préoccupe pas de l'aspect
moral des choses et que, dans l'ensemble de la société, les valeurs s'affaiblissent
et l'esprit cède la place à la simple recherche de plaisir, on ne peut que constater
que la conscience et les vertus humaines sont en crise.
2.2. Les effets de l'abus des drogues sur les enfants
On évalue, à l'échelle mondiale, qu'entre 80 et 100 millions d'enfants de moins
de 17 ans sont sans famille et sans abri. Il s'agit d'enfants qui ont perdu
leurs parents à cause de la guerre ou du sida, ou bien de ces "orphelins sociaux"
qui vivent dans une pauvreté extrême. En effet, au moins 30 millions d'enfants
vivent dans la rue ou y passent la plus grande partie de leur vie. Un grand
nombre d'entre eux sont impliqués dans des vols et des délits mineurs, dans
le trafic de la drogue et la prostitution (14). Selon certaines
estimations, le tiers des sept millions d'enfants vivant dans la rue au Brésil
seraient affectés d'une façon ou d'une autre par l'abus des drogues, et des
millions d'enfants à travers le monde naissent de parents alcooliques ou toxicomanes.
Les risques de complications physiques et psychologiques et d'inadaptation sociale
sont beaucoup plus élevés chez ces enfants que chez ceux qui proviennent de
familles où l'on ne consomme pas de drogues (15). C'est
ainsi que, dans certains pays d'Asie et dans d'autres parties du monde où les
femmes travaillent à la culture du pavot, des milliers d'enfants naissent dépendants
à l'opium ou le deviennent très tôt, les mères ayant l'habitude de calmer leurs
bébés en leur donnant de l'opium pendant qu'elles travaillent aux champs.
Les enfants qui grandissent dans des familles "dysfonctionnelles" auprès de
parents alcooliques ou toxicomanes tendent à reproduire les problèmes de ces
derniers. Ainsi, le risque sera quatre fois plus grand pour le fils de parents
alcooliques de devenir lui-même alcoolique que pour l'ensemble des garçons dans
la population en général. De la même façon, la fille de parents alcooliques
connaîtra plus de problèmes d'anxiété et de dépression au cours de sa vie que
celle dont les parents n'abusent pas de l'alcool. Soulignons qu'aux États-Unis,
10 à 15 % de la population souffre d'alcoolisme et qu'entre 28 et 34 millions
d'enfants ont des parents alcooliques (16). La violence
et les disputes, la séparation et le divorce étant fréquents dans les familles
d'alcooliques, la famille n'agit plus comme un refuge et une forteresse de bien-être
pour les enfants qui grandissent dans un tel contexte familial.
2.3. Ce que peuvent vivre des enfants d'alcooliques
Une fillette:
"Mon papa est toujours ivre. Il nous bat, maman et moi... Une fois, il m'a cassé
un bras... Quand j'ai des bleus, il m'empêche d'aller à l'école. Il dit que
si nous en parlons à quelqu'un, il va nous tuer... J'ai peur... Ça va de plus
en plus mal."
Un garçon souffrant du syndrome de l'alcoolisme foetal:
"S'il vous plaît, ne dites pas à ma mère d'arrêter de fumer... J'aime mieux
la voir fumer que trop boire."
Une jeune fille:
"Quand mon père boit, il frappe maman... J'ai fait une "overdose" la semaine
dernière... Je voudrais mourir. Je n'en parle pas à ma mère... Elle a déjà assez
de problèmes comme ça... Tout est de ma faute."
Tasha, 7 ans:
"Maman dit que papa a recommencé à boire. Papa dit que ce n'est pas vrai...
Je ne sais plus qui croire. Je vais juste essayer de m'en sortir."
Un voisin:
"La personne qui a appelé a dit qu'elle avait vu un bébé de deux ans qui se
promenait dans la rue, ne portant que T-shirt, culottes et chaussettes. Elle
lui a demandé où il habitait, et l'enfant l'a menée jusqu'à une maison située
de 200 à 300 mètres plus loin. La porte d'entrée était ouverte, et un homme
et une femme dormaient sur le sofa dans un salon qui sentait la cigarette et
l'alcool. L'enfant s'est approché de la femme en l'appelant: "Maman, maman...
!" Quand il l'a touchée, elle lui a dit: "Fiche-moi le camp de là !""
2.4. Le don de l'esprit
Selon les écrits de la foi baha'ie, c'est l'esprit qui constitue la réalité
de l'être humain, et l'intelligence et la compréhension sont le "plus grand
don" que Dieu ait fait à l'humanité (17). D'après ces enseignements,
la consommation de drogue et d'alcool empêche le progrès de l'esprit et de l'âme
; elle est en contradiction avec le but véritable de la vie qui est de réaliser
tout le potentiel humain et de reconnaître la noblesse de la nature et de la
destinée humaines. Pour atteindre cet objectif, l'individu doit utiliser de
la meilleure façon possible toutes ses qualités morales, et pour réaliser ce
potentiel, il doit faire appel à toutes ses capacités physiques, émotives, intellectuelles
et spirituelles. L'esprit, la cible de choix des drogues, est un don irremplaçable.
2.5. La paix et la tranquillité intérieures
Les êtres humains ont de tout temps poursuivi leur quête de paix et de tranquillité.
Mais comme la paix et la tranquillité véritables sont des expériences essentiellement
intérieures, se tourner vers un objet extérieur à soi comme l'alcool ou la drogue
pour diminuer la tension et l'insécurité s'avère un exercice futile. Au cours
des siècles, une grande variété d'herbes et de produits chimiques ont été découverts
et utilisés à des fins nutritionnelles, culturelles et médicinales. Certains
de ces produits, parfois utilisés pour soulager la douleur ou pour procurer
du plaisir, pouvaient aussi créer l'accoutumance. À propos de l'utilisation
de telles substances pour atteindre à la paix, rappelons cette parole de Baha'u'llah
(18):
"Ô fils de l'esprit ! Il n'y a de paix pour toi que si tu renonces à toi-même
et que tu te tournes vers moi ; il convient en effet que tu te glorifies par
mon nom [...](19)" Dans un autre passage, Baha'u'llah compare
l'effet du vin ordinaire (l'alcool) avec celui du "Vin mystique". "Le Vin mystique,
écrit-il, [...] produit une intoxication différente et procure une autre euphorie.
L'un diminue l'intelligence humaine, l'autre l'augmente. L'un mène à la perdition,
l'autre confère la vie (20)." Le "Vin mystique" est la parole
créatrice de la révélation divine qui allume dans les coeurs le feu de l'amour
de Dieu et de l'humanité.
L'usage régulier et abusif de la drogue est un rapport que développe une personne
avec un objet inanimé et attirant. Il en résulte dépendance et accoutumance,
et la personne qui consomme de la drogue en devient la victime. L'être humain,
qui est le couronnement de la création, est ainsi subjugué par une simple poudre
provenant du règne minéral.
2.6. Les comportements humains devant les drogues
Il ne fait aucun doute que la société et les institutions sociales exercent
une grande influence sur le comportement des individus, de même que le comportement
individuel a un effet sur l'ensemble de la société. Dans cette perspective,
la famille et l'éducation jouent un rôle très important dans le façonnement
de la société. L'éducation reçue pendant la petite enfance et l'attitude que
l'individu aura appris à développer envers lui-même influeront grandement sur
son esprit et ses sentiments. Il est permis de croire que ce sont les attitudes,
plus que le savoir, qui influenceront le développement de certains comportements
et d'un mode de vie particulier. Les attitudes acquises se transforment en valeurs,
et ce sont les valeurs qui orientent les décisions par rapport à des comportements
tels que le fait de boire de l'alcool ou de s'en abstenir (21).
2.7. Les interactions entre les facteurs psychologiques,
physiques et sociaux
Les comportements liés à la dépendance relèvent de facteurs psychologiques,
physiques (biologiques) et sociaux en constante interaction dans la vie quotidienne.
Les principaux facteurs psychologiques sont la détresse émotionnelle, la dépression,
l'ennui et d'autres états d'âme ou d'esprit. En ce qui a trait aux facteurs
physiques, le rôle de l'hérédité reste à éclaircir. On sait par contre que les
personnes âgées souffrant de douleurs chroniques et qui prennent des médicaments
sous ordonnance sont sujettes à l'abus de narcotiques, de tranquillisants et
d'alcool. Les facteurs sociaux incluent la pression des "pairs", la facilité
avec laquelle on peut se procurer de l'alcool et des drogues, l'attitude sociale
et culturelle envers la consommation d'alcool et de drogues, le rôle des médias,
l'influence des personnes en vue. Tous ces facteurs contribuent aux phénomènes
de la toxicomanie et de l'alcoolisme.
2.8. Les drogues et la réalité physique et spirituelle
de l'individu
La réalité physique, c'est-à-dire le corps humain, est louée par le Bab (22)
comme étant le trône de la réalité spirituelle de l'individu:
Étant donné que cette charpente physique est le trône du temple intérieur, tout
ce qui arrive à la première est ressenti par le second. En réalité, ce qui est
heureux dans la joie ou attristé par la souffrance est le temple intérieur du
corps, et non le corps lui-même. Puisque ce corps physique est le trône sur
lequel est établi le temple intérieur, Dieu a ordonné que le corps soit préservé
dans toute la mesure du possible, afin que rien de ce qui est cause de répugnance
ne soit éprouvé. Le temple intérieur contemple sa charpente physique qui est
son trône. Donc, si l'on respecte ce dernier, c'est comme si le premier en était
le récipient. L'inverse est également vrai (23).
C'est pourquoi on peut considérer le corps humain comme le gardien de l'âme
durant cette vie terrestre. L'âme, comme le corps, doit grandir et se développer,
car elle poursuit sa propre destinée. Elle a toutefois besoin du corps pour
se réaliser.
L'être humain a été doté de cinq sens par lesquels il perçoit le monde matériel:
la vue, l'ouïe, le goût, l'odorat et le toucher (les facultés physiques ou externes).
En plus de ces facultés sensorielles, il possède d'autres ressources, telles
l'imagination, la compréhension et la mémoire (les facultés intellectuelles
ou internes) (24). Un lien étroit existe entre ces deux
groupes de facultés qui permettent à l'individu de percevoir la réalité qui
l'entoure. Le réseau des sens transmet aux facultés internes les stimuli et
les informations provenant du monde matériel par l'entremise de ces messagers
du cerveau que sont les neurotransmetteurs. Le cerveau fonctionne comme un superbe
ordinateur central, recevant ces messages et y répondant d'une manière appropriée
grâce à la volonté et à la sagesse humaines.
L'usage des drogues affecte qualitativement et quantitativement le travail des
neurotransmetteurs, ce qui a pour effet d'altérer la perception ainsi que le
traitement des informations reliées aux émotions et à la pensée. Les messages
provenant des sens peuvent aviver ou bloquer les émotions, et ainsi avoir un
effet sur le caractère et les pensées. Ils peuvent stimuler l'activité intellectuelle
et faire naître une pensée ou une idée, ou ils peuvent provoquer une très vive
émotion. Dans certaines conditions, la perception des sens et l'interprétation
des images et des messages perçus peuvent être déformées, produisant ainsi une
impression fausse de la réalité ou une réaction émotionnelle excessive à un
événement extérieur tout à fait ordinaire (25). Par exemple,
l'effet psychotique d'une drogue peut faire qu'une rose ne sera pas perçue comme
telle, mais comme un objet effrayant provoquant la peur et l'angoisse. Une telle
perception fausse de la réalité est ce qu'on appelle une illusion (26).
2.9. Le point de vue baha'i sur la consommation des
drogues
Le point de vue baha'i sur la consommation des drogues est très clair. La foi
baha'ie reconnaît la valeur des drogues lorsqu'elles sont prescrites par des
médecins dans le cadre d'un traitement médical ou psychologique, car la médecine
a découvert les effets thérapeutiques de certaines de ces substances. Ce que
les enseignements baha'is interdisent de façon tout à fait catégorique, c'est
l'utilisation non médicale de narcotiques et d'autres formes de drogues psychotropes
et psychédéliques, comme ils interdisent la consommation d'alcool. 'Abdu'l-Baha
(27) affirme que l'alcool "est la cause de maladies chroniques,
affaiblit les nerfs et épuise les facultés mentales (28)."
Il dit aussi: "En ce qui concerne la consommation d'alcool: en accord avec le
Livre de l'Aqdas, les boissons alcooliques légères et fortes sont toutes prohibées.
La raison de cette interdiction est que l'alcool détourne l'esprit du droit
chemin et cause l'affaiblissement du corps (29)."
Le concept de "consommation modérée" d'alcool, qui est courant dans la société,
a fait l'objet de nombreux débats dans plusieurs milieux préoccupés par l'alcoolisme.
Non seulement le terme "modéré" est-il vague, mais ce qui est modéré pour une
personne peut ne pas l'être pour une autre. De plus, il peut s'avérer très difficile
de fixer la limite entre "modération" et "excès" dans les moments de forte tension
émotionnelle et lorsque l'individu connaît une période de stress ou de difficultés.
On sait aussi que plusieurs alcooliques étaient au départ des buveurs "modérés".
À la lumière de ce qui précède, il devient de plus en plus évident que l'option
la plus réaliste pour la prévention de l'alcoolisme est l'abstinence complète
d'alcool (30).
En ce qui concerne l'opium, 'Abdu'l-Baha déclare: "[...] l'opium s'attache à
l'âme de sorte que la conscience s'éteint, que l'esprit s'efface et que les
perceptions s'émoussent. L'opium transforme l'être vivant en une créature de
mort ; il détruit la chaleur naturelle (31)." Les écrits
baha'is mentionnent également que la consommation d'opium "met en ruine la fondation
même de ce qu'est un être humain (32)".
Le plus grand des dangers reliés à la consommation d'opium et de ses dérivés
réside dans la rapidité avec laquelle l'organisme tolère l'action de ces agents
chimiques ; il en résulte une forte dépendance physique et psychique. La dépendance
des cellules cérébrales à ces substances aura pour effet, si on cesse brusquement
d'en faire usage, de faire apparaître des symptômes très sérieux de sevrage
(33).
La cocaïne et d'autres drogues semblables peuvent provoquer, selon la quantité
consommée, une réaction émotive exagérée et des idées paranoïdes. Elles stimulent
les régions du cerveau où se situe la sensation de plaisir et entraînent un
désir incontrôlable d'en consommer à nouveau. Dans certains cas de consommation
de drogues illicites (phencyclidine ou PCP, par exemple), la perception de la
réalité est parfois à ce point perturbée que la personne qui en fait usage cherche
à s'automutiler et se comporte de façon imprévisible et violente. Les substances
psychédéliques comme le LSD (acide lysergique diéthylamide) et la mescaline
peuvent altérer la perception et l'interprétation des messages que les facultés
et stimuli externes envoient au cerveau. En conséquence, les expériences visuelles
et auditives peuvent être exagérément amplifiées, ou interprétées d'une manière
irrationnelle. Ces drogues peuvent également affecter les facultés internes,
en particulier l'imagination et le sens du réel ; ce qui aura pour effet d'affaiblir
le jugement et d'occasionner des erreurs de perception (34).
L'attitude que les baha'is devraient avoir envers l'utilisation non médicale
de drogues et d'hallucinogènes psychédéliques tels que le cannabis, la mescaline
et le LSD est explicite, comme l'indique la déclaration suivante de la Maison
universelle de justice (35):
En ce qui concerne les soi-disant vertus "spirituelles" des hallucinogènes [...]
la stimulation spirituelle devrait être obtenue en tournant son coeur vers Baha'u'llah,
et non par des moyens matériels comme les drogues [...] les agents hallucinogènes
sont une sorte de stupéfiants. Comme il est strictement exigé des amis, y compris
les jeunes, de s'abstenir de toute forme de stupéfiants, et qu'ils sont censés
obéir consciencieusement aux lois civiles de leur pays, il est évident qu'ils
ne doivent pas consommer ces drogues (36).
La Maison universelle de justice affirme également ce qui suit:
Les baha'is ne devraient pas utiliser d'agents hallucinogènes, y compris le
LSD, le peyotl et d'autres substances semblables, sauf s'ils sont prescrits
comme traitement médical. Ils ne devraient pas non plus participer à des expériences
utilisant de telles substances (37).
Le haschisch, un dérivé du cannabis (marijuana), est une autre drogue extrêmement
puissante. En plus de provoquer certains effets génétiques, la consommation
de haschisch affaiblit la volonté et la capacité de se concentrer sur l'atteinte
d'un objectif, elle fait perdre la notion du temps, diminue la concentration
et peut provoquer des hallucinations. 'Abdu'l-Baha parle clairement de l'usage
non médical de cette drogue:
L'alcool consume l'esprit et amène l'homme à commettre des actes déraisonnables,
mais [...] ce haschisch pernicieux éteint la raison, paralyse l'esprit, pétrifie
l'âme, ravage le corps et laisse l'homme dans un état de frustration et d'égarement
(38).
En ce qui concerne l'alcool, non seulement les enseignements baha'is enjoignent-ils
à chacun de s'en abstenir complètement, mais ils offrent les commentaires explicites
d'une manifestation de Dieu (39) sur les effets que des
substances telles que l'alcool et les narcotiques ont sur l'esprit et l'âme,
ce qu'on n'avait jamais vu jusqu'ici dans l'histoire religieuse. Notons que
la consommation de tabac, bien qu'elle ne soit pas interdite dans les écrits
baha'is, est fortement découragée.
2.10. La prévention précoce
Améliorer la qualité de la vie et affiner l'attitude de l'être humain à l'égard
de soi et d'autrui font partie des principes de base de l'éducation divine.
Selon les enseignements baha'is, "la civilisation n'a pas de fondement solide
si le sens moral, l'intelligence et les aptitudes des hommes ne sont pas éduqués
(40)".
Pour travailler efficacement à la prévention de la toxicomanie, il faut reconnaître
que la dépendance aux drogues est, à la base, le symptôme d'une crise profonde
chez l'être humain. Pour résoudre le problème de la consommation abusive des
drogues, il faut donc s'intéresser aux besoins des individus, des familles et
de la société, ainsi qu'aux conflits qu'ils vivent. L'usage des drogues a eu
un début ; il peut aussi avoir une fin. Mais on n'a rien sans peine.
Deux éléments extrêmement importants dans le développement de la toxicomanie
méritent une attention spéciale:
a) la facilité de se procurer des drogues,
b) l'attitude adoptée envers ces substances.
Alors qu'il appartient aux institutions gouvernementales et juridiques de contrôler
l'accès aux drogues illégales, il revient à l'individu, à la famille et à la
communauté de veiller à la formation des attitudes envers les drogues. La prévention
par l'éducation est fondée sur la notion que l'acquisition d'une attitude saine
et intelligente à l'égard de soi et des substances toxiques que l'on trouve
dans l'environnement fournit à l'individu les outils nécessaires pour éviter
le problème de la toxicomanie. En fait, notre attitude à l'égard de l'alcool
et des autres drogues a un impact important sur la production, la vente et le
trafic de ces substances. Toutefois, si les comportements des individus, des
familles et de la société ne changent pas, les institutions gouvernementales
et juridiques seront incapables d'éradiquer le fléau, même si elles réussissent
à restreindre la production des plantes d'où proviennent les drogues.
Des mesures de prévention précoce exigent donc une collaboration étroite entre
les trois niveaux de la société humaine: l'individu, la famille, et la société
en général, y compris l'État (41).
2.10.1. L'individu
L'individu est l'élément de base de la société, comme la cellule est l'élément
de base du corps humain. Il joue un rôle fondamental dans la vie de la famille
et de la société.
Sur le plan individuel, les écrits baha'is offrent plusieurs façons de se prémunir
contre la consommation de drogues et d'alcool:
1. Une raison d'être.
La foi baha'ie enseigne que "la raison d'être, la fin principale et dernière"
de l'existence est de connaître et d'aimer Dieu (42) et
"de faire avancer une civilisation en constante évolution (43)".
Si l'on vit ainsi, on se préoccupera des intérêts et du bien-être d'autrui,
plutôt que d'investir toute son énergie dans la réalisation de soi et la satisfaction
de ses propres besoins. Le fait, pour un individu, de reconnaître le but principal
et la mission spirituelle de son existence donne un nouveau sens à sa vie et
à sa destinée. Cette nouvelle perspective l'empêchera de tomber dans la consommation
abusive de drogues.
2. La valeur et la noblesse de l'être humain.
Une des étapes importantes dans la prévention de la toxicomanie est de comprendre
la noblesse de l'être humain. Les personnes qui consomment des drogues ou de
l'alcool ont souvent une mauvaise opinion d'elles-mêmes et développent un sentiment
d'impuissance. Le fait pour un individu de reconnaître le caractère noble de
son être intime est fondamental pour apprendre à se respecter lui-même et à
s'assumer. D'autre part, la consommation d'alcool et de drogues illicites est
en réalité une conséquence de la perception déformée que cet individu a de lui-même,
déformation due à son incapacité de s'accepter tel qu'il est vraiment. Soulignant
le caractère essentiel de la noblesse de l'être humain, Baha'u'llah adresse
ces paroles inspirées à l'humanité: "Ô fils de l'esprit ! Je t'ai créé riche,
pourquoi t'abaisses-tu à la pauvreté ? Je t'ai fait noble, comment peux-tu t'avilir
(44) ?"
3. Une façon nouvelle de concevoir le bonheur.
Si nous voulons changer nos attitudes envers les psychotropes et les drogues
qui créent une accoutumance, il nous faut réévaluer notre façon de concevoir
la joie et le bonheur. Le vrai bonheur, que tous recherchent, est essentiellement
une expérience spirituelle. Trop de gens l'identifient toutefois à l'acquisition
de biens matériels (45). Cette conception matérialiste du
bonheur est une pierre d'achoppement dans le processus de prévention et de guérison
de la toxicomanie.
4. L'obéissance et la liberté.
La vraie signification de la liberté est souvent mal comprise. Selon les enseignements
baha'is, la liberté véritable est d'être "émancipé de la captivité du monde
de la nature (46)" et elle est acquise par l'obéissance
aux lois et ordonnances de Dieu révélées, d'époque en époque, pour le bien-être
de l'humanité. Une telle obéissance, dégagée de toute superstition, protège
en fait la liberté de chaque personne de réaliser sa véritable nature. En tombant
dans l'alcoolisme et la toxicomanie, l'individu perd cette liberté et devient
prisonnier du monde matériel.
5. La pureté.
La propreté et la pureté sont des vertus qu'il est essentiel d'acquérir pour
progresser spirituellement dans cette vie. Par exemple, le problème de la consommation
abusive de drogues n'en est pas seulement un d'ingestion de substances dommageables,
mais aussi d'attitude et de comportement spirituels. 'Abdu'l-Baha a écrit:
Ô Seigneur ! Accorde au peuple de Baha la propreté et la sainteté en toutes
circonstances, purifie-le et libère-le de toute souillure, délivre-le de l'usage
de tout ce qui est exécrable, libère-le des chaînes de l'habitude, afin qu'il
soit pur et libre, propre et sans tache, qu'il soit digne de servir à ton seuil
sacré et qu'il mérite d'entrer en relation avec Dieu. Délivre-le de l'alcool
et du tabac, et protège-le de l'opium, le pourvoyeur de la folie ! Fais de lui
le compagnon des saintes brises, afin qu'il puisse connaître les plaisirs du
vin de l'amour de Dieu et qu'il puisse atteindre à la joie et au bonheur de
l'attraction au royaume d'Abha (47) !
2.10.2. La famille
L'éducation préventive commence dès l'enfance, au sein du foyer. Le rôle des
parents est d'apprendre à leurs enfants le sens sacré de la vie et des valeurs
humaines ainsi que la façon de grandir spirituellement dans un monde matériel.
Les parents devraient familiariser leurs enfants avec la dure réalité de la
vie et avec le fait qu'il n'est pas toujours possible de satisfaire immédiatement
ses désirs. Ils devraient discuter ouvertement de sujets tels que l'alcool,
la drogue et la toxicomanie, et permettre à leurs enfants d'en parler librement.
Les enseignements baha'is insistent sur le fait que l'être humain a été créé
noble, qu'il est le "talisman suprême" et qu'il est semblable à "une mine riche
en gemmes d'une valeur inestimable. Mais seule l'éducation peut révéler les
trésors de cette mine et permettre à l'humanité d'en profiter (48)".
La famille est à la base de la société, elle est le microcosme d'une nation.
Les changements qui s'y produisent se reflètent donc dans la société (49).
En tant que système, l'institution familiale est influencée par des facteurs
internes et externes. Les drogues et l'alcool en font partie car, de la même
façon que l'éclatement d'une famille peut rendre ses membres vulnérables à l'influence
de telles substances, ces dernières peuvent influencer et ruiner les relations
et les liens familiaux. Par conséquent, dans un effort de prévention de la toxicomanie,
l'éducation des familles peut avoir des effets d'une portée considérable.
L'amour et l'unité au sein de la cellule familiale peuvent contribuer à protéger
les individus dans un contexte de consommation de drogues. Souvent, nos enfants
ne sont pas prêts à affronter, avec foi et courage, le défi que pose la présence
de la drogue autour d'eux.
2.10.3. La société
Sur le plan social, plusieurs points doivent être pris en considération pour
prévenir la consommation abusive des drogues. Nous nous contenterons, dans cette
brève publication, d'en résumer quelques-uns (50):
1. L'habileté relationnelle et la gestion du stress.
Les jeunes, en particulier, doivent recevoir une éducation qui leur apprenne
à résoudre les problèmes et à gérer le stress, et aussi à faire face à la solitude
et à l'ennui. De plus, il faudrait que la nature véritable de l'être humain
fasse l'objet d'une éducation à grande échelle et que l'intégrité de l'esprit
humain soit sauvegardée grâce à l'étude des écrits saints.
2. Le rôle des médias.
Les médias ont une très grande influence sur l'opinion du public par rapport
à la consommation d'alcool et de drogue. Malheureusement, étant donné les intérêts
commerciaux reliés aux campagnes de publicité pour des produits tels que le
tabac et les boissons alcooliques, les médias ont contribué à faire obstacle
à l'éducation préventive visant à décourager l'usage de ces substances. Le fait
que la société fasse preuve d'une certaine complaisance devant la consommation
excessive d'alcool lors d'occasions de toutes sortes encourage les médias à
faire encore plus de publicité pour ce genre de produits.
3. Des solutions concrètes.
La société, avec l'appui des gouvernements, devrait offrir des solutions concrètes
à la consommation de substances qui engendrent une dépendance physique et psychique,
afin de favoriser et de promouvoir l'édification d'une société sans drogue.
Ces solutions devraient prendre en considération les besoins affectifs, physiques,
intellectuels, sociaux et spirituels des individus. Elles pourraient inclure,
entre autres, des activités artistiques et créatives, comme des ateliers de
danse pour les jeunes, des sports, des échanges socioculturels, des rencontres
de prière et de réflexion, et des services d'aide aux pauvres et aux défavorisés
(51).
4. Être au service de l'humanité.
La relation de l'être humain avec son environnement est dynamique et en constante
évolution. Les individus devraient être fortement encouragés à développer leurs
qualités morales et à rechercher l'excellence dans tout ce qu'ils entreprennent.
La société devrait inciter tous ses membres, et les jeunes en particulier, à
se mettre au service de l'humanité.
5. L'amitié et l'harmonie.
Il est très important de renforcer les liens d'amitié et d'unité dans la société.
L'amour et l'harmonie peuvent aider à contrer la solitude et l'isolement qui
sont si intimement liés à l'alcoolisme et à la toxicomanie.
6. L'exemple donné par les personnes en vue.
Les parents et les éducateurs, les professionnels de la santé, les chefs de
gouvernement, les artistes et les célébrités devraient donner l'exemple en s'abstenant
eux-mêmes de consommer de l'alcool et des drogues. L'usage des drogues est omniprésent,
en particulier dans le monde du spectacle. Il faudrait réévaluer ce style de
vie, et revoir de quelle façon on conçoit la joie et le plaisir dans notre société.
7. Une communauté thérapeutique.
Il faudrait transformer le concept de communauté thérapeutique en une culture
baha'ie de guérison et de spiritualité. La communauté baha'ie devrait être capable
de comprendre et d'aider, émotionnellement et spirituellement, ceux qui sont
affligés d'un problème d'alcoolisme ou de toxicomanie.
8. Oser être différent.
Les enfants devraient être éduqués de telle manière qu'ils n'auront pas peur
d'être différents des autres et de s'opposer à la consommation de drogues, malgré
les pressions exercées par leur entourage. Le système scolaire devrait offrir
une formation systématique et réaliste sur les effets et les dangers de l'alcoolisme
et de la toxicomanie.
9. Un espace intérieur sans pollution.
Il nous faut redéfinir l'environnement au-delà du concept traditionnel de l'espace
qui nous entoure. Notre propre espace intérieur, c'est-à-dire notre esprit et
nos pensées, a autant besoin d'attention et de protection que l'environnement
extérieur dont on parle constamment. Il faut apprendre à protéger cet espace
intérieur de la pollution causée par l'usage abusif des drogues.
10. La patience et le renoncement.
Nous vivons dans une société obsédée par la satisfaction instantanée de ses
désirs et de ses besoins, et qui se satisfait de solutions rapides pour résoudre
ses problèmes. Dans un tel contexte, les qualités d'endurance et de patience
ne sont pas très valorisées. Cependant, la souffrance et les difficultés quotidiennes
ne peuvent-elles pas contribuer à notre développement ?
11. Une approche spirituelle.
La conscience du but véritable de cette vie et de la vie dans l'au-delà et une
approche spirituelle de la réalité nous permettront de reconsidérer notre attitude
à l'égard du monde qui nous entoure et de notre vie intérieure.
12. Les gouvernements.
Les chefs de gouvernement et les politiciens devraient assumer leur responsabilité
sur le plan moral et concentrer leur volonté politique pour mettre un terme
à cette tragédie humaine. Ils doivent faire un effort unifié et concerté pour
que cessent la production, la vente et la consommation des drogues illicites
et de l'alcool. Sur le plan international, des efforts sont faits pour une meilleure
collaboration dans la prévention de la toxicomanie et de l'alcoolisme.
2.11. Des efforts internationaux pour prévenir la consommation
abusive des drogues
C'est au début du vingtième siècle que des efforts internationaux ont été faits
de façon systématique pour s'attaquer au problème de la drogue. En 1946, la
Société des Nations était remplacée par l'Organisation des Nations Unies qui,
depuis, a mis en place différentes mesures pour lutter contre le commerce de
la drogue. En 1990, les Nations Unies ont créé un organisme dont la responsabilité
était d'agir contre la production, le trafic et la consommation de drogues.
Cet organisme, connu sous le nom de Programme des Nations Unies pour le contrôle
international des drogues (PNUCID), a été établi à Vienne. Au cours de la même
année, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé la période 1991-2000
"La décennie des Nations Unies contre l'abus des drogues". Cette décision a
eu pour effet d'intensifier la coopération internationale et d'encourager les
nations membres à faire de plus grands efforts pour résoudre le problème (52).
Les organisations non gouvernementales (ONG) ont joué un rôle de plus en plus
important dans l'éradication et la prévention de l'alcoolisme et de la toxicomanie.
La Communauté internationale baha'ie (CIB), en tant qu'organisation non gouvernementale,
a collaboré étroitement avec les Nations Unies, depuis vingt ans, dans les domaines
de la prévention et de l'éducation auprès des communautés sur cette question.
Elle a participé à plusieurs conférences internationales dont la "Conférence
sur l'abus et le trafic de la drogue", tenue à Vienne en 1987 ; le "Forum mondial
des ONG sur la réduction de la demande des drogues", en Thaïlande en 1994 ;
la "Conférence des ONG", tenue lors des sessions spéciales des Nations Unies
en 1990 et en 1998, à New York, où on a abordé le problème de la consommation
abusive des drogues à l'échelle mondiale.
En 1987, au cours de la Conférence internationale de Vienne, il a été recommandé
puis approuvé par les Nations Unies que chaque année, dans tous les pays du
monde, le 26 juin soit désormais reconnu comme la Journée internationale contre
l'abus des drogues (Journée de sensibilisation à la prévention de l'abus des
drogues). Appliquée depuis 1988, cette décision a pour but de rendre les populations
conscientes du problème et de renforcer la coopération des nations en vue d'y
mettre un terme. Les communautés baha'ies sont encouragées à souligner cette
journée et à participer au processus de guérison de cette maladie d'envergure
mondiale. Éclairés par les enseignements de leur foi et s'appuyant sur le principe
de l'accord entre la science et la religion, les baha'is peuvent contribuer
de façon importante à la prévention de la toxicomanie et de l'alcoolisme et
partager, avec les millions d'êtres humains affectés par cette tragédie, le
remède qu'apporte la révélation de Baha'u'llah.
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Notes
1. Ghadirian, Abdu'l-Missagh, In Search of Nirvana, 2e édition, Oxford, George
Ronald Publisher, 1989.
2. Dans le cours du texte, les expressions "drogues", "psychotropes", "drogues
illicites", "stupéfiants" et "substances toxiques", qui référent toutes à un
usage des drogues à des fins non médicales, seront utilisées de façon interchangeable.
3. Baha'u'llah, Prières baha'ies, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1973,
p. 23.
4. Ghadirian, In Search of Nirvana, op. cit., p. 95.
5. B. Reberg, A. Nikifarov et G. Bouchbauer, "Fifty years of development of
opium characterization methods", Bulletin on Narcotics (ONU), vol. XLVI, n°
2, 1994, p. 79-80.
6. Ibid.
7. R .J. Frances et S. I. Miller, sous la direction de, Clinical Textbook of
Addictive Disorders, New York, The Guilford Press, 1991, p. 4.
8. Ibid.
9. 1986 - le Secrétaire général des Nations Unies, Javier Perez de Cuellar.
10. Frances et Miller, op. cit., p. 3.
11. Ibid.
12. World Drug Report, United Nations International Drug Control Programme,
New York, Oxford University Press, 1997.
13. Ibid.
14. La Septième journée internationale contre l'abus et le commerce illicite
des drogues, le 26 juin 1997.
15. Frances et Miller, op. cit., p. 4.
16. R. J. Matthew, W. H. Wilson, D. G. Blazer et L. K. George, "Psychiatric
disorders in adult children of alcoholics: Data from the epidemiologic catchment
area project", American Journal of Psychiatry, 1993, n° 150, p. 793-800.
17. Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha, The Reality of Man, Wilmette, Ill., Baha'i
Publishing Trust, 1962, p. 10.
18. Mirza Husayn 'Ali (1817-1892), fondateur de la foi baha'ie.
19. Baha'u'llah, Les Paroles cachées, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies,
1977, n° 8, p. 5.
20. Extrait d'une épître de Baha'u'llah.
21. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 66.
22. Siyyid 'Ali-Muhammad, dit Le Bab (1819-1850). Fondateur de la foi babie
et précurseur de Baha'u'llah.
23. Le Bab, Sélections des Écrits du Bab, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies,
1984, p. 87-88.
24. 'Abdu'l-Baha, Les leçons de Saint-Jean-d'Acre, Paris, Presses universitaires
de France, 1982, p. 216-217.
25. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 50.
26. Ibid.
27. 'Abdu'l-Baha (1844-1921), fils aîné de Baha'u'llah et interprète de ses
Écrits.
28. Shoghi Effendi, L'avènement de la justice divine, Bruxelles, Maison d'éditions
baha'ies, 1973, p. 46.
29. Extrait d'une lettre de 'Abdu'l-Baha à un individu.
30. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 6.
31. 'Abdu'l-Baha, Sélections des écrits de 'Abdu'l-Baha, Bruxelles, Maison d'éditions
baha'ies, 1983, p. 148.
32. Ibid.
33. Ghadirian, "A tissue culture study of morphine dependence on the mamalian
CNS", Canadian Psychiatric Association Journal, vol. 14, 1969, p. 607-615.
34. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 51-52.
35. Institution administrative suprême de la foi baha'ie élue tous les cinq
ans.
36. La Maison universelle de justice, extrait d'une lettre datée du 15 avril
1965.
37. La Maison universelle de justice, extrait d'une lettre datée du 19 mai 1965.
38. 'Abdu'l-Baha, cité dans une lettre du 6 octobre 1967 de la Maison universelle
de justice à l'Assemblée spirituelle nationale des États-Unis.
39. Messager porteur d'une révélation divine à l'origine d'une nouvelle religion.
40. 'Abdu'l-Baha, Les causeries de 'Abdu'l-Baha à Paris, Bruxelles, Maison d'éditions
baha'ies, 1980, p. 28.
41. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 76-95.
42. Baha'u'llah, Extraits des Écrits de Baha'u'llah, Bruxelles, Maison d'éditions
baha'ies, 1979, p. 44, n° XXVII.
43. Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha, Foi mondiale baha'ie, Bruxelles, Maison d'éditions
baha'ies, 1968, p. 201.
44. Baha'u'llah, Les Paroles cachées, première partie, Bruxelles, Maison d'éditions
baha'ies, 1977, p. 6, n° 13.
45. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 43-48.
46. 'Abdu'l-Baha, Sélections des écrits de 'Abdu'l-Baha, Bruxelles, Maison d'éditions
baha'ies, 1983, p. 301.
47. Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha, Foi mondiale baha'ie, Bruxelles, Maison d'éditions
baha'ies, 1968, p. 335-336.
48. Baha'u'llah, Extraits des Écrits de Baha'u'llah, Bruxelles, Maison d'éditions
baha'ies, 1979, p. 171, no CXXII.
50. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 93-95.
49. 'Abdu'l-Baha, The Promulgation of Universal Peace, Wilmette, Ill., Baha'i
Publishing Trust, 1982, p. 157.
51. Id., p. 99-103.
52. Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID),Vienne,
1992, p. 7.
Selon la science même une consommation
modérée d'alcool n'est pas bonne !
Addon NDLR: article de
presse du journal national "Le Figaro" en France du 01/04/2006
rendant compte d'études scientifiques affirmant que même
une consommation modéré d'alcool n'est pas bonne pour la santé
contrairement à la croyance populaire.
Ci-dessous l'article intégral que l'on peut aussi retrouver sur le site
du Figaro:
Boire peu ne protège pas le coeur
Jean-Michel Bader
Les études ayant abouti à l'idée qu'une consommation
modérée d'alcool est bonne pour le coeur auraient été
biaisées. (Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro)
DEPUIS 30 ANS, un
solide corpus d'études épidémiologiques avait ancré
dans l'opinion l'idée qu'une consommation modérée d'alcool
protège le coeur et les vaisseaux. En fait, non. Une méta-analyse
effectuée par des chercheurs de l'université de Californie à
San Francisco et du centre de recherches sur les intoxications alcooliques de
l'université de Victoria (Canada) secoue cette idée reçue
dans l'édition électronique du journal Addiction Research and
Theory, publiée jeudi 30 mars.
Kaye Filmore, sociologue à San Francisco, et ses collaborateurs ont analysé
54 grandes études sur une trentaine d'années, celles qui montraient
un bénéfice de santé cardiovasculaire particulièrement
net d'une consommation d'alcool modérée (jusqu'à 4 verres
par jour). Presque toutes ces études font la même erreur fondamentale
qui biaise les résultats. C'est cette erreur qui a fait croire si longtemps
que les consommateurs modérés étaient globalement en meilleure
santé que les abstinents totaux (le chiffre de 25% de maladies coronaires
supplémentaires chez les abstinents est régulièrement avancé).
Erreur découverte en 1988
L'erreur consiste à inclure dans le groupe des abstinents ceux qui étaient
buveurs et ont arrêté, en particulier du fait d'une maladie, d'un
âge avancé, ou parce qu'ils prennent des médicaments au
long cours. Les inclure dans ce groupe augmente artificiellement la mortalité
des vrais abstinents.
C'est Gerry Shaper, épidémiologiste à la Royal Free University
de Londres, qui avait le premier découvert cette erreur en 1988, mais
sa voix dans le désert n'avait pas été entendue. Sur les
54 études revues par les chercheurs américains et canadiens, seulement
7 ne mélangeaient pas indistinctement les ex-buveurs en petite forme
et les abstinents en bonne santé.
Le docteur Arthur Klastky, cardiologue de la compagnie de santé Kaiser
Permanente, reconnaît, lui qui mena certaines des grandes études
en question, «qu'il s'agit d'un biais grave». Et comme l'enfer est
pavé de bonnes intentions, le docteur Klastky estime maintenant qu'il
faut lancer une étude prospective comparant la santé des buveurs
obligatoires (un à deux verres par jour) à celle des abstinents,
sur une dizaine d'années. Tout est à refaire sur le sujet !
Jean-Michel Bader