Médiathèque baha'ie

L'abus des drogues
Un point de vue baha'i sur la toxicomanie et l'alcoolisme
par Abdu'l-Missagh Ghadirian, M.D.


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Le docteur Abdu'l-Missagh Ghadirian est professeur titulaire à la Faculté de médecine de l'Université McGill, psychiatre à l'Hôpital Royal Victoria de Montréal, membre du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et de plusieurs organisations professionnelles nationales et internationales. Il agit aussi à titre de consultant auprès de la Communauté internationale baha'ie, une organisation non gouvernementale travaillant auprès des Nations Unies, pour les questions de prévention de la toxicomanie. Il est l'auteur de nombreux articles et d'ouvrages, dont In Search of Nirvana: A New Perspective on Alcohol and Drug Dependency ; Ageing: Challenges and Opportunities ; et Environment and Psychopathology (coéditeur). Le Dr Ghadirian est membre de l'institution baha'ie du Corps continental des Conseillers pour les Amériques.

Table des matières

1. Les drogues interdites et la société
   1.1. Pourquoi consommer des drogues ?
   1.2. Les drogues et l'alcool: des substituts
   1.3. Qui risque le plus d'abuser des drogues ?
   1.4. La dépendance aux drogues: un problème sérieux
   1.5. Existe-t-il des solutions ?
2. La consommation abusive des drogues illicites: une véritable épidémie
   2.1. Les drogues synthétiques
   2.2. Les effets de l'abus des drogues sur les enfants
   2.3. Ce que peuvent vivre des enfants d'alcooliques
   2.4. Le don de l'esprit
   2.5. La paix et la tranquillité intérieures
   2.6. Les comportements humains devant les drogues
   2.7. Les interactions entre les facteurs psychologiques, physiques et sociaux
   2.8. Les drogues et la réalité physique et spirituelle de l'individu
   2.9. Le point de vue baha'i sur la consommation des drogues
   2.10. La prévention précoce
         2.10.1. L'individu
         2.10.2. La famille
         2.10.3. La société
   2.11. Des efforts internationaux pour prévenir la consommation abusive des drogues

Bibliographie
Notes

Selon la science même une consommation modérée d'alcool n'est pas bonne ! (compte rendu d'études scientifiques - Addon NDLR)

Traduction de Marc Lachance, Révision et édition sous la direction du Comité baha'i de littérature et de productions françaises - Copywrite: 2001 Baha'i Canada ; ISBN : 0-88867-113-x


Remerciements

Cet article brosse un tableau de l'un des phénomènes les plus dévastateurs de notre époque: l'abus des drogues, et ses effets abominables sur l'esprit humain. L'auteur ne se contente pas d'identifier les causes probables de ce fléau, mais il suggère aussi des méthodes de prévention précoce, notamment grâce à un programme d'éducation et à une réflexion sur le sens de la vie.

L'auteur tient à témoigner sa gratitude au Dr Marc Lachance, grâce à qui la traduction du texte original anglais a été réalisée. Je souhaite aussi remercier le Dr Denis Allard pour son excellent travail, ainsi que le Comité baha'i de littérature et de productions françaises pour la révision et l'édition de ce texte. Je remercie aussi ma chère épouse, Marilyn ; sans son soutien ni son encouragement, cet article n'aurait pu être produit.
Abdu'l-Missagh Ghadirian


Avant-propos

Cette publication devrait intéresser tous ceux qui s'inquiètent de la progression du problème de la toxicomanie dans notre société, ainsi que ceux qui cherchent une façon nouvelle et plus fondamentale d'y faire face. Plus précisément, l'information fournie dans ce document devrait servir aux gens touchés de près ou de loin par cette terrible affliction, ainsi qu'aux travailleurs des secteurs sanitaires et des services sociaux qui oeuvrent sur le plan clinique ou qui participent à la formulation de politiques et au développement de programmes. Le vocabulaire utilisé n'est pas trop technique et devrait être facilement compris par tout lecteur.

L'auteur présente brièvement l'état actuel des connaissances scientifiques sur l'alcool et les drogues illicites, ainsi que sur leurs effets, en s'appuyant sur des statistiques internationales récentes concernant l'usage de ces substances et les dommages qu'elles causent. Il décrit un éventail de facteurs et de motifs ayant une influence sur la consommation de substances psychoactives, et mentionne les groupes les plus vulnérables au sein de la population, en soulignant particulièrement le cas des enfants. L'auteur termine en recommandant un changement dans les attitudes et dans les stratégies, que ce soit sur les plans individuel, familial ou social, comme partie essentielle d'une approche intégrée visant à prévenir et à atténuer le problème de la toxicomanie.

Abdu'l-Missagh Ghadirian propose d'aborder le problème autrement que par le biais des stratégies qui, jusqu'à maintenant, ont mené vers des résultats limités ou parfois même négatifs. Laissant de côté les activités régulatrices et policières ainsi que les types de stratégies visant surtout à réduire les conséquences néfastes de la consommation de drogues, il met plutôt l'accent sur une approche préventive, fondée sur des concepts spirituels qui touchent la nature des êtres humains et le but ultime de la vie.

Le docteur Ghadirian, un psychiatre et un universitaire respecté qui a acquis une grande expérience clinique dans le domaine de la toxicomanie, est hautement qualifié pour écrire sur le sujet. Les idées qu'il partage sur les causes fondamentales du phénomène et les interventions préventives de base qu'il suggère ajoutent une contribution intéressante à la littérature déjà disponible sur ce terrible agent de la souffrance humaine.

Denis G. Allard, M.D., M.Sc., FRCPC
Conseiller médical principal, Agence canadienne d'inspection des aliments. Le Dr Allard a aussi agi comme médecin-hygiéniste en chef au Nouveau-Brunswick (Canada).



1. Les drogues interdites et la société

L'écroulement de l'ancien ordre mondial et la désintégration de la civilisation matérielle et des modes de vie traditionnels ont profondément bouleversé la société et continuent de causer beaucoup d'anxiété et de stress.

Bien que la science et la technique aient amélioré les conditions de vie et de travail et qu'elles aient rendu possibles un degré de confort et une prospérité matérielle encore jamais vus, elles n'ont réussi à créer ni un espoir ni un bonheur durables. La science s'est coupée des sentiments humains, et ces sentiments ont été manipulés et niés de toutes sortes de façons, entre autres par la consommation d'alcool et l'utilisation de drogues à des fins non médicales. Qui aujourd'hui est sûr de son avenir, qui aujourd'hui connaît le chemin menant à la véritable paix de l'esprit ?

La crise actuelle atteint non seulement la société dans son ensemble, mais également l'individu au plus profond de lui-même (1). Le déclin du monde, tant sur le plan social que matériel, est le reflet de la pauvreté spirituelle du genre humain. L'alcool et les autres drogues qui modifient l'activité mentale normale sont devenus, pour l'humanité, le moyen de s'évader de la dure réalité d'un monde en bouleversement. Aujourd'hui, en quête d'espoir et de bonheur, des millions d'êtres humains, jeunes et vieux, hommes et femmes, pauvres et riches, éduqués et illettrés, soumettent volontairement leur esprit à l'influence de l'alcool, des narcotiques et d'autres drogues qui altèrent l'esprit. La consommation de drogues illégales s'est répandue très rapidement partout sur la planète, et aucune nation du monde n'est immunisée contre cette épidémie destructrice des temps modernes.


1.1. Pourquoi consommer des drogues ?

Les objectifs que nous poursuivons dans cette publication sont de présenter brièvement la problématique actuelle de la consommation de stupéfiants (2) dans la société, de suggérer diverses approches en matière d'éducation préventive et de mettre en lumière le point de vue baha'i sur ce problème dévastateur qui se propage rapidement. Précisons ici que nous considérons également l'alcool comme une drogue. En 1994, la Déclaration de Bangkok sur l'abus des drogues recommandait que l'alcool et le tabac soient aussi considérés comme des "drogues". Cette Déclaration a reçu plus tard l'approbation des Nations Unies. Le tabac diffère toutefois des autres drogues mentionnées plus haut: bien qu'il soit la cause de certaines maladies et qu'il provoque une certaine accoutumance, il n'entraîne pas de dépendance psychique.

Les personnes qui consomment des drogues ne le font pas toutes pour les mêmes motifs. Il y a en fait autant de raisons de faire usage de ces substances qu'il y a d'individus. Parmi les facteurs servant à expliquer la consommation des stupéfiants et de l'alcool, on mentionnera le plus souvent les pressions de l'entourage, la curiosité, le plaisir, l'ennui, l'ignorance, l'aliénation et l'isolement sur le plan affectif, les changements dans la structure sociale, la vie urbaine et le chômage, la difficulté de faire face à toutes les tensions de la vie, la quête d'identité, le manque d'affection et la détérioration de la vie familiale.

Quelles que soient les raisons données par les individus pour justifier leur consommation de drogue et d'alcool, il est urgent que la société assume ses responsabilités dans la mise en place de solutions concrètes visant à contrer l'abus de ces substances. Si nous ne réussissons pas, collectivement, à trouver de telles solutions, si nous ne nous attardons pas à redécouvrir le but de la vie et à comprendre notre destin spirituel, la consommation des drogues se poursuivra, causant d'importants dommages physiques et spirituels chez un nombre grandissant de personnes.


1.2. Les drogues et l'alcool: des substituts

D'un individu à l'autre, la drogue et l'alcool peuvent servir de substituts à différentes choses. Certains les utilisent comme antidote contre la peur et l'insécurité ; ils en consommeront alors pour se donner une impression de sécurité et de courage. D'autres croiront retrouver le sens de la dignité et la confiance en soi qu'ils avaient perdus, ou ils se berceront du faux sentiment de puissance et d'exaltation que procurent ces substances. La consommation des drogues ne permet toutefois jamais d'atteindre le but recherché, offrant tout au plus une excursion illusoire dans un monde de bien-être irréel qu'on pourrait comparer, pendant les quelques heures ou les quelques jours que dure ce "voyage", à une "prise en otage" psychologique du cerveau qui devra payer tôt ou tard une lourde rançon.

L'extrait suivant des paroles de Baha'u'llah permet de faire un parallèle entre la façon spirituelle de répondre aux besoins de l'être humain et les efforts acharnés de ce dernier pour atteindre le bonheur par des moyens chimiques:

Ô mon Seigneur ! Fais de ta beauté ma nourriture, de ta présence mon breuvage, de ton plaisir mon espoir, de ta louange mon action, de ton souvenir mon compagnon, de ta puissance souveraine mon secours, de ton habitation mon foyer, et fais que ma demeure soit le lieu que tu as purifié des limitations imposées à ceux qu'un voile sépare de toi (3).


1.3. Qui risque le plus d'abuser des drogues ?

Des recherches ont démontré qu'il existe chez certaines personnes une vulnérabilité génétique à certaines substances toxiques comme l'alcool. De toute évidence, les enfants d'alcooliques risquent plus que d'autres de devenir eux-mêmes alcooliques. S'ajoute au facteur génétique l'environnement social et culturel qui joue aussi un rôle important dans la dépendance aux drogues. Ainsi, le stress provenant des conditions de vie et du milieu social peut provoquer le développement de ce qui n'était au départ qu'une prédisposition génétique. De même, les pressions exercées par l'entourage peuvent avoir un très grand impact sur la propagation de la consommation des drogues chez les jeunes, et en particulier chez ceux qui sont génétiquement vulnérables. Bien des jeunes font toutefois un usage abusif de la drogue et de l'alcool sans qu'il y ait eu d'antécédent de dépendance dans leur famille.

La consommation abusive des drogues est aujourd'hui un problème mondial qui a franchi toutes les frontières sociales, économiques et géographiques. Pour diverses raisons, certains segments de la population sont particulièrement vulnérables à l'abus des drogues et de l'alcool (4):

- Les jeunes, et en particulier ceux qui sont seuls ou qui proviennent de foyers désunis ou de milieux défavorisés.

- Les enfants et la famille immédiate d'alcooliques. On croit que certaines drogues qui créent l'accoutumance peuvent entraîner une vulnérabilité biologique chez les enfants, mais des recherches plus approfondies doivent être faites dans ce domaine.

- Les personnes âgées, et surtout celles qui vivent seules et isolées ou qui souffrent de douleurs chroniques nécessitant l'emploi de médicaments analgésiques. L'abus de médicaments délivrés sur prescription médicale est très fréquent dans ce groupe.

- Les personnes qui souffrent de dépression et d'autres formes de troubles psychoaffectifs risquent de développer une accoutumance par l'emploi de médicaments sans prescription médicale et en faisant usage de drogues pour combattre la dépression.

- Les membres de groupes minoritaires, et surtout ceux qui connaissent l'isolement, l'instabilité socioéconomique et la discrimination. Les autochtones, par exemple, qui ont perdu le sens traditionnel de la communauté, leur identité culturelle et leurs valeurs risquent de connaître des problèmes de drogue et d'alcool.

- Les femmes qui souffrent d'isolement social, et particulièrement celles qui sont seules, séparées ou divorcées, sans liens familiaux ni soutien. L'usage du tabac et de l'alcool a augmenté chez les femmes depuis la Seconde Guerre mondiale, et cette tendance s'accentue, surtout dans les pays industrialisés.

- Les gens du spectacle, les professionnels de la santé, les agents de police, les juges et plusieurs autres.

De nos jours, presque tout le monde peut tomber dans la dépendance aux drogues et à l'alcool. En règle générale, les risques seront très élevés dans une société dont les membres se préoccupent avant tout de leur bien-être matériel, recherchent de façon obsessive la satisfaction immédiate de tous leurs désirs et accordent une grande valeur aux moyens matériels comme source principale de sécurité et de bonheur. Par contre, dans une société dont les membres sont altruistes et recherchent leur épanouissement personnel au-delà d'une gratification instantanée, les risques seront beaucoup moins grands. Dans une telle société, ce n'est pas dans l'aspect physique d'une personne qu'on cherchera sa vraie nature, mais bien dans son esprit et son âme. Le corps est le temple de l'âme et non une machine à recycler l'alcool et les drogues illicites.


1.4. La dépendance aux drogues: un problème sérieux

Dans les pays industrialisés comme dans d'autres pays, l'abus d'alcool et de stupéfiants n'est plus le fait d'un groupe privilégié ou d'une seule catégorie de riches consommateurs. Le problème atteint aujourd'hui toutes les couches sociales, un peu partout dans le monde, à Moscou comme à Los Angeles, en Suède comme au Nigeria. L'industrie des drogues s'est développée comme un marché mondial du bien-être et une technologie du plaisir et de la solution miracle.

La toxicomanie et l'alcoolisme sont devenus une menace et un véritable fléau pour toute l'humanité. Ils frappent durement toutes les nations et tuent des milliers de personnes. Chaque année, des millions d'individus de tout âge soumettent volontairement leur esprit aux effets néfastes des drogues. Ajoutons qu'il n'a jamais été aussi facile qu'aujourd'hui de se procurer de l'alcool et des narcotiques, et sous des formes aussi diversifiées, y compris les nouvelles drogues synthétiques dont nous parlerons plus loin.


1.5. Existe-t-il des solutions ?

La plupart des moyens mis de l'avant pour contrer la consommation abusive d'alcool et des drogues visent soit à punir plus sévèrement les contrevenants, soit à légaliser les drogues. Existe-t-il d'autres solutions ? Car ce ne sont ni des mesures punitives plus sévères ni la légalisation des drogues illicites qui, selon nous, résoudront le problème. La plupart des experts qui s'intéressent aux problèmes reliés à l'alcoolisme et à la toxicomanie s'entendent sur le fait que les mesures préventives constituent l'approche la plus efficace pour contrer l'épidémie.

Parmi ces mesures, la prévention précoce a pour but d'empêcher ou à tout le moins de retarder le premier contact avec la drogue, et elle vise à amener les gens à prendre conscience des effets néfastes des drogues avant même d'en consommer. Elle exige un programme d'éducation sociale sur la nature et le but de la vie qui débutera dans la famille, les parents servant d'exemples à leurs jeunes enfants en s'abstenant eux-mêmes d'alcool et de drogues. Il est clair que le succès complet d'une éducation préventive ne sera pas atteint si les parents, les enseignants, les professionnels de la santé, les dirigeants politiques et les personnes en vue continuent de consommer drogues et alcool.

Un des aspects d'un programme complet d'éducation préventive consistera à réexaminer les concepts de bonheur et de liberté. Le vrai bonheur est une expérience personnelle très profonde ; ce n'est pas un produit et on ne peut l'obtenir grâce à une poudre, à une injection ou à une bouteille d'alcool. Il faudra également se pencher sur le but véritable de la vie et sur la nature essentiellement noble et spirituelle de l'être humain.


2. La consommation abusive des drogues illicites: une véritable épidémie

La production d'alcool et de drogues illicites est aujourd'hui une grande industrie qui offre ses produits sur le marché mondial de la consommation, certains pays trouvant dans la production d'opium et de cocaïne une source majeure de revenus. C'est le cas de quelques pays d'Amérique latine qui sont devenus d'importants producteurs de cocaïne et, plus récemment, d'opium. En Asie, le Triangle d'Or - la Thaïlande, la Birmanie (Myanmar) et le Laos - est bien connu pour sa production d'opium. Trois autres pays se sont joints aux grands producteurs d'opium depuis 1970, constituant le Croissant d'Or qui comprend une partie de l'Afghanistan, de l'Iran et du Pakistan (5). La production illégale d'opium a explosé depuis peu et, en l'espace de sept ans (entre 1985 et 1992), elle a augmenté de 152 %. Le volume global annuel de la production d'opium se situe entre 3 000 et 4 000 tonnes (6).

Les conséquences de cette production massive sont énormes. Par exemple, parmi toutes les nations industrialisées, c'est aux États-Unis qu'on trouve les plus hauts taux de consommation de la drogue chez les adolescents. Dans ce pays, la moitié des 40 000 décès dus à des accidents de la route et la moitié des homicides sont reliés à l'usage abusif d'alcool ou de drogue (7). De plus, 50 % des décès causés par le sida (syndrome d'immunodéficience acquise) sont associés à l'utilisation de drogues administrées par voie intraveineuse, l'une des plus grandes sources de nouvelles infections par le VIH (virus de l'immunodéficience humaine) (8). Tous ces faits donnent une image peu réjouissante d'une humanité menacée par un fléau qui, de bien des façons, est aussi alarmant que celui de la pollution de l'environnement.

Les problèmes de dépendance et de consommation abusive de drogues sont si répandus et si sérieux que l'ancien Secrétaire général des Nations Unies, Javier Perez de Cuellar, a affirmé: "L'abus des drogues est pour la génération présente et celles à venir une menace aussi sérieuse que l'a été la peste qui a dévasté plusieurs parties du monde dans le passé (9)."

George Bush, ancien président des États-Unis, traduit bien l'opinion générale lorsqu'il affirme que l'abus des drogues est le problème le plus sérieux de ce pays (10). Et pourtant, moins de 10 % des toxicomanes reçoivent de l'aide, que ce soit par des groupes d'entraide ou par des professionnels (11).

Selon le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID), chaque année, il y a de fortes chances pour que 3,3 % à 4,1 % de la population mondiale utilise des drogues illégales. Le problème de dépendance le plus sérieux est relié à l'héroïne, consommée par 8 millions de personnes. Les utilisateurs de cocaïne sont toutefois plus nombreux: les évaluations les plus prudentes indiquent que 13 millions de personnes ont développé une dépendance à cette drogue. Mais la plus répandue de toutes les drogues demeure le cannabis, qui est consommé par 140 millions de personnes, soit presque 2,5 % de la population mondiale (12).

L'augmentation de l'usage de drogues injectables et de l'échange ou du partage de seringues a grandement contribué à la propagation du VIH et du sida. Un nombre important de séropositifs s'injecteraient des drogues, certains transmettant la maladie par le partage d'aiguilles ou par des comportements contribuant à la propagation de la maladie (13).


2.1. Les drogues synthétiques

Les drogues illicites ne sont pas toutes produites à partir de plantes ou de matières végétales. Il existe également des drogues synthétiques dont la consommation est en hausse, entre autres du fait qu'il est facile de s'en procurer. Par exemple, parmi les drogues synthétiques, on trouve l'"ecstasy" (MDMA), une substance synthétique qui peut être facilement fabriquée n'importe où dans le monde ; elle provoque rapidement un sentiment d'euphorie. Les amphétamines font aussi partie de ces substances ; trente millions de personnes les utilisent aujourd'hui, et ce nombre ne cesse d'augmenter.

Lorsque des mesures ont été prises par les institutions responsables pour resserrer le contrôle du trafic international des drogues, la production en laboratoire de drogues synthétiques a réussi à contrer ces efforts. Ces drogues peu dispendieuses peuvent maintenant être produites dans des domiciles privés ou en laboratoire n'importe où dans le monde. Lorsque la science ne se préoccupe pas de l'aspect moral des choses et que, dans l'ensemble de la société, les valeurs s'affaiblissent et l'esprit cède la place à la simple recherche de plaisir, on ne peut que constater que la conscience et les vertus humaines sont en crise.


2.2. Les effets de l'abus des drogues sur les enfants

On évalue, à l'échelle mondiale, qu'entre 80 et 100 millions d'enfants de moins de 17 ans sont sans famille et sans abri. Il s'agit d'enfants qui ont perdu leurs parents à cause de la guerre ou du sida, ou bien de ces "orphelins sociaux" qui vivent dans une pauvreté extrême. En effet, au moins 30 millions d'enfants vivent dans la rue ou y passent la plus grande partie de leur vie. Un grand nombre d'entre eux sont impliqués dans des vols et des délits mineurs, dans le trafic de la drogue et la prostitution (14). Selon certaines estimations, le tiers des sept millions d'enfants vivant dans la rue au Brésil seraient affectés d'une façon ou d'une autre par l'abus des drogues, et des millions d'enfants à travers le monde naissent de parents alcooliques ou toxicomanes. Les risques de complications physiques et psychologiques et d'inadaptation sociale sont beaucoup plus élevés chez ces enfants que chez ceux qui proviennent de familles où l'on ne consomme pas de drogues (15). C'est ainsi que, dans certains pays d'Asie et dans d'autres parties du monde où les femmes travaillent à la culture du pavot, des milliers d'enfants naissent dépendants à l'opium ou le deviennent très tôt, les mères ayant l'habitude de calmer leurs bébés en leur donnant de l'opium pendant qu'elles travaillent aux champs.

Les enfants qui grandissent dans des familles "dysfonctionnelles" auprès de parents alcooliques ou toxicomanes tendent à reproduire les problèmes de ces derniers. Ainsi, le risque sera quatre fois plus grand pour le fils de parents alcooliques de devenir lui-même alcoolique que pour l'ensemble des garçons dans la population en général. De la même façon, la fille de parents alcooliques connaîtra plus de problèmes d'anxiété et de dépression au cours de sa vie que celle dont les parents n'abusent pas de l'alcool. Soulignons qu'aux États-Unis, 10 à 15 % de la population souffre d'alcoolisme et qu'entre 28 et 34 millions d'enfants ont des parents alcooliques (16). La violence et les disputes, la séparation et le divorce étant fréquents dans les familles d'alcooliques, la famille n'agit plus comme un refuge et une forteresse de bien-être pour les enfants qui grandissent dans un tel contexte familial.


2.3. Ce que peuvent vivre des enfants d'alcooliques


Une fillette:

"Mon papa est toujours ivre. Il nous bat, maman et moi... Une fois, il m'a cassé un bras... Quand j'ai des bleus, il m'empêche d'aller à l'école. Il dit que si nous en parlons à quelqu'un, il va nous tuer... J'ai peur... Ça va de plus en plus mal."

Un garçon souffrant du syndrome de l'alcoolisme foetal:

"S'il vous plaît, ne dites pas à ma mère d'arrêter de fumer... J'aime mieux la voir fumer que trop boire."

Une jeune fille:

"Quand mon père boit, il frappe maman... J'ai fait une "overdose" la semaine dernière... Je voudrais mourir. Je n'en parle pas à ma mère... Elle a déjà assez de problèmes comme ça... Tout est de ma faute."

Tasha, 7 ans:

"Maman dit que papa a recommencé à boire. Papa dit que ce n'est pas vrai... Je ne sais plus qui croire. Je vais juste essayer de m'en sortir."

Un voisin:

"La personne qui a appelé a dit qu'elle avait vu un bébé de deux ans qui se promenait dans la rue, ne portant que T-shirt, culottes et chaussettes. Elle lui a demandé où il habitait, et l'enfant l'a menée jusqu'à une maison située de 200 à 300 mètres plus loin. La porte d'entrée était ouverte, et un homme et une femme dormaient sur le sofa dans un salon qui sentait la cigarette et l'alcool. L'enfant s'est approché de la femme en l'appelant: "Maman, maman... !" Quand il l'a touchée, elle lui a dit: "Fiche-moi le camp de là !""


2.4. Le don de l'esprit

Selon les écrits de la foi baha'ie, c'est l'esprit qui constitue la réalité de l'être humain, et l'intelligence et la compréhension sont le "plus grand don" que Dieu ait fait à l'humanité (17). D'après ces enseignements, la consommation de drogue et d'alcool empêche le progrès de l'esprit et de l'âme ; elle est en contradiction avec le but véritable de la vie qui est de réaliser tout le potentiel humain et de reconnaître la noblesse de la nature et de la destinée humaines. Pour atteindre cet objectif, l'individu doit utiliser de la meilleure façon possible toutes ses qualités morales, et pour réaliser ce potentiel, il doit faire appel à toutes ses capacités physiques, émotives, intellectuelles et spirituelles. L'esprit, la cible de choix des drogues, est un don irremplaçable.


2.5. La paix et la tranquillité intérieures

Les êtres humains ont de tout temps poursuivi leur quête de paix et de tranquillité. Mais comme la paix et la tranquillité véritables sont des expériences essentiellement intérieures, se tourner vers un objet extérieur à soi comme l'alcool ou la drogue pour diminuer la tension et l'insécurité s'avère un exercice futile. Au cours des siècles, une grande variété d'herbes et de produits chimiques ont été découverts et utilisés à des fins nutritionnelles, culturelles et médicinales. Certains de ces produits, parfois utilisés pour soulager la douleur ou pour procurer du plaisir, pouvaient aussi créer l'accoutumance. À propos de l'utilisation de telles substances pour atteindre à la paix, rappelons cette parole de Baha'u'llah (18):
"Ô fils de l'esprit ! Il n'y a de paix pour toi que si tu renonces à toi-même et que tu te tournes vers moi ; il convient en effet que tu te glorifies par mon nom [...](19)" Dans un autre passage, Baha'u'llah compare l'effet du vin ordinaire (l'alcool) avec celui du "Vin mystique". "Le Vin mystique, écrit-il, [...] produit une intoxication différente et procure une autre euphorie. L'un diminue l'intelligence humaine, l'autre l'augmente. L'un mène à la perdition, l'autre confère la vie (20)." Le "Vin mystique" est la parole créatrice de la révélation divine qui allume dans les coeurs le feu de l'amour de Dieu et de l'humanité.

L'usage régulier et abusif de la drogue est un rapport que développe une personne avec un objet inanimé et attirant. Il en résulte dépendance et accoutumance, et la personne qui consomme de la drogue en devient la victime. L'être humain, qui est le couronnement de la création, est ainsi subjugué par une simple poudre provenant du règne minéral.


2.6. Les comportements humains devant les drogues

Il ne fait aucun doute que la société et les institutions sociales exercent une grande influence sur le comportement des individus, de même que le comportement individuel a un effet sur l'ensemble de la société. Dans cette perspective, la famille et l'éducation jouent un rôle très important dans le façonnement de la société. L'éducation reçue pendant la petite enfance et l'attitude que l'individu aura appris à développer envers lui-même influeront grandement sur son esprit et ses sentiments. Il est permis de croire que ce sont les attitudes, plus que le savoir, qui influenceront le développement de certains comportements et d'un mode de vie particulier. Les attitudes acquises se transforment en valeurs, et ce sont les valeurs qui orientent les décisions par rapport à des comportements tels que le fait de boire de l'alcool ou de s'en abstenir (21).


2.7. Les interactions entre les facteurs psychologiques, physiques et sociaux

Les comportements liés à la dépendance relèvent de facteurs psychologiques, physiques (biologiques) et sociaux en constante interaction dans la vie quotidienne. Les principaux facteurs psychologiques sont la détresse émotionnelle, la dépression, l'ennui et d'autres états d'âme ou d'esprit. En ce qui a trait aux facteurs physiques, le rôle de l'hérédité reste à éclaircir. On sait par contre que les personnes âgées souffrant de douleurs chroniques et qui prennent des médicaments sous ordonnance sont sujettes à l'abus de narcotiques, de tranquillisants et d'alcool. Les facteurs sociaux incluent la pression des "pairs", la facilité avec laquelle on peut se procurer de l'alcool et des drogues, l'attitude sociale et culturelle envers la consommation d'alcool et de drogues, le rôle des médias, l'influence des personnes en vue. Tous ces facteurs contribuent aux phénomènes de la toxicomanie et de l'alcoolisme.


2.8. Les drogues et la réalité physique et spirituelle de l'individu

La réalité physique, c'est-à-dire le corps humain, est louée par le Bab (22) comme étant le trône de la réalité spirituelle de l'individu:

Étant donné que cette charpente physique est le trône du temple intérieur, tout ce qui arrive à la première est ressenti par le second. En réalité, ce qui est heureux dans la joie ou attristé par la souffrance est le temple intérieur du corps, et non le corps lui-même. Puisque ce corps physique est le trône sur lequel est établi le temple intérieur, Dieu a ordonné que le corps soit préservé dans toute la mesure du possible, afin que rien de ce qui est cause de répugnance ne soit éprouvé. Le temple intérieur contemple sa charpente physique qui est son trône. Donc, si l'on respecte ce dernier, c'est comme si le premier en était le récipient. L'inverse est également vrai (23).

C'est pourquoi on peut considérer le corps humain comme le gardien de l'âme durant cette vie terrestre. L'âme, comme le corps, doit grandir et se développer, car elle poursuit sa propre destinée. Elle a toutefois besoin du corps pour se réaliser.

L'être humain a été doté de cinq sens par lesquels il perçoit le monde matériel: la vue, l'ouïe, le goût, l'odorat et le toucher (les facultés physiques ou externes). En plus de ces facultés sensorielles, il possède d'autres ressources, telles l'imagination, la compréhension et la mémoire (les facultés intellectuelles ou internes) (24). Un lien étroit existe entre ces deux groupes de facultés qui permettent à l'individu de percevoir la réalité qui l'entoure. Le réseau des sens transmet aux facultés internes les stimuli et les informations provenant du monde matériel par l'entremise de ces messagers du cerveau que sont les neurotransmetteurs. Le cerveau fonctionne comme un superbe ordinateur central, recevant ces messages et y répondant d'une manière appropriée grâce à la volonté et à la sagesse humaines.

L'usage des drogues affecte qualitativement et quantitativement le travail des neurotransmetteurs, ce qui a pour effet d'altérer la perception ainsi que le traitement des informations reliées aux émotions et à la pensée. Les messages provenant des sens peuvent aviver ou bloquer les émotions, et ainsi avoir un effet sur le caractère et les pensées. Ils peuvent stimuler l'activité intellectuelle et faire naître une pensée ou une idée, ou ils peuvent provoquer une très vive émotion. Dans certaines conditions, la perception des sens et l'interprétation des images et des messages perçus peuvent être déformées, produisant ainsi une impression fausse de la réalité ou une réaction émotionnelle excessive à un événement extérieur tout à fait ordinaire (25). Par exemple, l'effet psychotique d'une drogue peut faire qu'une rose ne sera pas perçue comme telle, mais comme un objet effrayant provoquant la peur et l'angoisse. Une telle perception fausse de la réalité est ce qu'on appelle une illusion (26).


2.9. Le point de vue baha'i sur la consommation des drogues

Le point de vue baha'i sur la consommation des drogues est très clair. La foi baha'ie reconnaît la valeur des drogues lorsqu'elles sont prescrites par des médecins dans le cadre d'un traitement médical ou psychologique, car la médecine a découvert les effets thérapeutiques de certaines de ces substances. Ce que les enseignements baha'is interdisent de façon tout à fait catégorique, c'est l'utilisation non médicale de narcotiques et d'autres formes de drogues psychotropes et psychédéliques, comme ils interdisent la consommation d'alcool. 'Abdu'l-Baha (27) affirme que l'alcool "est la cause de maladies chroniques, affaiblit les nerfs et épuise les facultés mentales (28)." Il dit aussi: "En ce qui concerne la consommation d'alcool: en accord avec le Livre de l'Aqdas, les boissons alcooliques légères et fortes sont toutes prohibées. La raison de cette interdiction est que l'alcool détourne l'esprit du droit chemin et cause l'affaiblissement du corps (29)."

Le concept de "consommation modérée" d'alcool, qui est courant dans la société, a fait l'objet de nombreux débats dans plusieurs milieux préoccupés par l'alcoolisme. Non seulement le terme "modéré" est-il vague, mais ce qui est modéré pour une personne peut ne pas l'être pour une autre. De plus, il peut s'avérer très difficile de fixer la limite entre "modération" et "excès" dans les moments de forte tension émotionnelle et lorsque l'individu connaît une période de stress ou de difficultés. On sait aussi que plusieurs alcooliques étaient au départ des buveurs "modérés". À la lumière de ce qui précède, il devient de plus en plus évident que l'option la plus réaliste pour la prévention de l'alcoolisme est l'abstinence complète d'alcool (30).

En ce qui concerne l'opium, 'Abdu'l-Baha déclare: "[...] l'opium s'attache à l'âme de sorte que la conscience s'éteint, que l'esprit s'efface et que les perceptions s'émoussent. L'opium transforme l'être vivant en une créature de mort ; il détruit la chaleur naturelle (31)." Les écrits baha'is mentionnent également que la consommation d'opium "met en ruine la fondation même de ce qu'est un être humain (32)".

Le plus grand des dangers reliés à la consommation d'opium et de ses dérivés réside dans la rapidité avec laquelle l'organisme tolère l'action de ces agents chimiques ; il en résulte une forte dépendance physique et psychique. La dépendance des cellules cérébrales à ces substances aura pour effet, si on cesse brusquement d'en faire usage, de faire apparaître des symptômes très sérieux de sevrage (33).

La cocaïne et d'autres drogues semblables peuvent provoquer, selon la quantité consommée, une réaction émotive exagérée et des idées paranoïdes. Elles stimulent les régions du cerveau où se situe la sensation de plaisir et entraînent un désir incontrôlable d'en consommer à nouveau. Dans certains cas de consommation de drogues illicites (phencyclidine ou PCP, par exemple), la perception de la réalité est parfois à ce point perturbée que la personne qui en fait usage cherche à s'automutiler et se comporte de façon imprévisible et violente. Les substances psychédéliques comme le LSD (acide lysergique diéthylamide) et la mescaline peuvent altérer la perception et l'interprétation des messages que les facultés et stimuli externes envoient au cerveau. En conséquence, les expériences visuelles et auditives peuvent être exagérément amplifiées, ou interprétées d'une manière irrationnelle. Ces drogues peuvent également affecter les facultés internes, en particulier l'imagination et le sens du réel ; ce qui aura pour effet d'affaiblir le jugement et d'occasionner des erreurs de perception (34).

L'attitude que les baha'is devraient avoir envers l'utilisation non médicale de drogues et d'hallucinogènes psychédéliques tels que le cannabis, la mescaline et le LSD est explicite, comme l'indique la déclaration suivante de la Maison universelle de justice (35):

En ce qui concerne les soi-disant vertus "spirituelles" des hallucinogènes [...] la stimulation spirituelle devrait être obtenue en tournant son coeur vers Baha'u'llah, et non par des moyens matériels comme les drogues [...] les agents hallucinogènes sont une sorte de stupéfiants. Comme il est strictement exigé des amis, y compris les jeunes, de s'abstenir de toute forme de stupéfiants, et qu'ils sont censés obéir consciencieusement aux lois civiles de leur pays, il est évident qu'ils ne doivent pas consommer ces drogues (36).

La Maison universelle de justice affirme également ce qui suit:

Les baha'is ne devraient pas utiliser d'agents hallucinogènes, y compris le LSD, le peyotl et d'autres substances semblables, sauf s'ils sont prescrits comme traitement médical. Ils ne devraient pas non plus participer à des expériences utilisant de telles substances (37).

Le haschisch, un dérivé du cannabis (marijuana), est une autre drogue extrêmement puissante. En plus de provoquer certains effets génétiques, la consommation de haschisch affaiblit la volonté et la capacité de se concentrer sur l'atteinte d'un objectif, elle fait perdre la notion du temps, diminue la concentration et peut provoquer des hallucinations. 'Abdu'l-Baha parle clairement de l'usage non médical de cette drogue:

L'alcool consume l'esprit et amène l'homme à commettre des actes déraisonnables, mais [...] ce haschisch pernicieux éteint la raison, paralyse l'esprit, pétrifie l'âme, ravage le corps et laisse l'homme dans un état de frustration et d'égarement (38).

En ce qui concerne l'alcool, non seulement les enseignements baha'is enjoignent-ils à chacun de s'en abstenir complètement, mais ils offrent les commentaires explicites d'une manifestation de Dieu (39) sur les effets que des substances telles que l'alcool et les narcotiques ont sur l'esprit et l'âme, ce qu'on n'avait jamais vu jusqu'ici dans l'histoire religieuse. Notons que la consommation de tabac, bien qu'elle ne soit pas interdite dans les écrits baha'is, est fortement découragée.


2.10. La prévention précoce

Améliorer la qualité de la vie et affiner l'attitude de l'être humain à l'égard de soi et d'autrui font partie des principes de base de l'éducation divine. Selon les enseignements baha'is, "la civilisation n'a pas de fondement solide si le sens moral, l'intelligence et les aptitudes des hommes ne sont pas éduqués (40)".

Pour travailler efficacement à la prévention de la toxicomanie, il faut reconnaître que la dépendance aux drogues est, à la base, le symptôme d'une crise profonde chez l'être humain. Pour résoudre le problème de la consommation abusive des drogues, il faut donc s'intéresser aux besoins des individus, des familles et de la société, ainsi qu'aux conflits qu'ils vivent. L'usage des drogues a eu un début ; il peut aussi avoir une fin. Mais on n'a rien sans peine.

Deux éléments extrêmement importants dans le développement de la toxicomanie méritent une attention spéciale:

a) la facilité de se procurer des drogues,

b) l'attitude adoptée envers ces substances.


Alors qu'il appartient aux institutions gouvernementales et juridiques de contrôler l'accès aux drogues illégales, il revient à l'individu, à la famille et à la communauté de veiller à la formation des attitudes envers les drogues. La prévention par l'éducation est fondée sur la notion que l'acquisition d'une attitude saine et intelligente à l'égard de soi et des substances toxiques que l'on trouve dans l'environnement fournit à l'individu les outils nécessaires pour éviter le problème de la toxicomanie. En fait, notre attitude à l'égard de l'alcool et des autres drogues a un impact important sur la production, la vente et le trafic de ces substances. Toutefois, si les comportements des individus, des familles et de la société ne changent pas, les institutions gouvernementales et juridiques seront incapables d'éradiquer le fléau, même si elles réussissent à restreindre la production des plantes d'où proviennent les drogues.

Des mesures de prévention précoce exigent donc une collaboration étroite entre les trois niveaux de la société humaine: l'individu, la famille, et la société en général, y compris l'État (41).


2.10.1. L'individu

L'individu est l'élément de base de la société, comme la cellule est l'élément de base du corps humain. Il joue un rôle fondamental dans la vie de la famille et de la société.

Sur le plan individuel, les écrits baha'is offrent plusieurs façons de se prémunir contre la consommation de drogues et d'alcool:

1. Une raison d'être.

La foi baha'ie enseigne que "la raison d'être, la fin principale et dernière" de l'existence est de connaître et d'aimer Dieu (42) et "de faire avancer une civilisation en constante évolution (43)". Si l'on vit ainsi, on se préoccupera des intérêts et du bien-être d'autrui, plutôt que d'investir toute son énergie dans la réalisation de soi et la satisfaction de ses propres besoins. Le fait, pour un individu, de reconnaître le but principal et la mission spirituelle de son existence donne un nouveau sens à sa vie et à sa destinée. Cette nouvelle perspective l'empêchera de tomber dans la consommation abusive de drogues.

2. La valeur et la noblesse de l'être humain.

Une des étapes importantes dans la prévention de la toxicomanie est de comprendre la noblesse de l'être humain. Les personnes qui consomment des drogues ou de l'alcool ont souvent une mauvaise opinion d'elles-mêmes et développent un sentiment d'impuissance. Le fait pour un individu de reconnaître le caractère noble de son être intime est fondamental pour apprendre à se respecter lui-même et à s'assumer. D'autre part, la consommation d'alcool et de drogues illicites est en réalité une conséquence de la perception déformée que cet individu a de lui-même, déformation due à son incapacité de s'accepter tel qu'il est vraiment. Soulignant le caractère essentiel de la noblesse de l'être humain, Baha'u'llah adresse ces paroles inspirées à l'humanité: "Ô fils de l'esprit ! Je t'ai créé riche, pourquoi t'abaisses-tu à la pauvreté ? Je t'ai fait noble, comment peux-tu t'avilir (44) ?"

3. Une façon nouvelle de concevoir le bonheur.

Si nous voulons changer nos attitudes envers les psychotropes et les drogues qui créent une accoutumance, il nous faut réévaluer notre façon de concevoir la joie et le bonheur. Le vrai bonheur, que tous recherchent, est essentiellement une expérience spirituelle. Trop de gens l'identifient toutefois à l'acquisition de biens matériels (45). Cette conception matérialiste du bonheur est une pierre d'achoppement dans le processus de prévention et de guérison de la toxicomanie.

4. L'obéissance et la liberté.

La vraie signification de la liberté est souvent mal comprise. Selon les enseignements baha'is, la liberté véritable est d'être "émancipé de la captivité du monde de la nature (46)" et elle est acquise par l'obéissance aux lois et ordonnances de Dieu révélées, d'époque en époque, pour le bien-être de l'humanité. Une telle obéissance, dégagée de toute superstition, protège en fait la liberté de chaque personne de réaliser sa véritable nature. En tombant dans l'alcoolisme et la toxicomanie, l'individu perd cette liberté et devient prisonnier du monde matériel.

5. La pureté.

La propreté et la pureté sont des vertus qu'il est essentiel d'acquérir pour progresser spirituellement dans cette vie. Par exemple, le problème de la consommation abusive de drogues n'en est pas seulement un d'ingestion de substances dommageables, mais aussi d'attitude et de comportement spirituels. 'Abdu'l-Baha a écrit:

Ô Seigneur ! Accorde au peuple de Baha la propreté et la sainteté en toutes circonstances, purifie-le et libère-le de toute souillure, délivre-le de l'usage de tout ce qui est exécrable, libère-le des chaînes de l'habitude, afin qu'il soit pur et libre, propre et sans tache, qu'il soit digne de servir à ton seuil sacré et qu'il mérite d'entrer en relation avec Dieu. Délivre-le de l'alcool et du tabac, et protège-le de l'opium, le pourvoyeur de la folie ! Fais de lui le compagnon des saintes brises, afin qu'il puisse connaître les plaisirs du vin de l'amour de Dieu et qu'il puisse atteindre à la joie et au bonheur de l'attraction au royaume d'Abha (47) !


2.10.2. La famille

L'éducation préventive commence dès l'enfance, au sein du foyer. Le rôle des parents est d'apprendre à leurs enfants le sens sacré de la vie et des valeurs humaines ainsi que la façon de grandir spirituellement dans un monde matériel. Les parents devraient familiariser leurs enfants avec la dure réalité de la vie et avec le fait qu'il n'est pas toujours possible de satisfaire immédiatement ses désirs. Ils devraient discuter ouvertement de sujets tels que l'alcool, la drogue et la toxicomanie, et permettre à leurs enfants d'en parler librement.

Les enseignements baha'is insistent sur le fait que l'être humain a été créé noble, qu'il est le "talisman suprême" et qu'il est semblable à "une mine riche en gemmes d'une valeur inestimable. Mais seule l'éducation peut révéler les trésors de cette mine et permettre à l'humanité d'en profiter (48)". La famille est à la base de la société, elle est le microcosme d'une nation. Les changements qui s'y produisent se reflètent donc dans la société (49). En tant que système, l'institution familiale est influencée par des facteurs internes et externes. Les drogues et l'alcool en font partie car, de la même façon que l'éclatement d'une famille peut rendre ses membres vulnérables à l'influence de telles substances, ces dernières peuvent influencer et ruiner les relations et les liens familiaux. Par conséquent, dans un effort de prévention de la toxicomanie, l'éducation des familles peut avoir des effets d'une portée considérable.

L'amour et l'unité au sein de la cellule familiale peuvent contribuer à protéger les individus dans un contexte de consommation de drogues. Souvent, nos enfants ne sont pas prêts à affronter, avec foi et courage, le défi que pose la présence de la drogue autour d'eux.


2.10.3. La société

Sur le plan social, plusieurs points doivent être pris en considération pour prévenir la consommation abusive des drogues. Nous nous contenterons, dans cette brève publication, d'en résumer quelques-uns (50):

1. L'habileté relationnelle et la gestion du stress.

Les jeunes, en particulier, doivent recevoir une éducation qui leur apprenne à résoudre les problèmes et à gérer le stress, et aussi à faire face à la solitude et à l'ennui. De plus, il faudrait que la nature véritable de l'être humain fasse l'objet d'une éducation à grande échelle et que l'intégrité de l'esprit humain soit sauvegardée grâce à l'étude des écrits saints.

2. Le rôle des médias.

Les médias ont une très grande influence sur l'opinion du public par rapport à la consommation d'alcool et de drogue. Malheureusement, étant donné les intérêts commerciaux reliés aux campagnes de publicité pour des produits tels que le tabac et les boissons alcooliques, les médias ont contribué à faire obstacle à l'éducation préventive visant à décourager l'usage de ces substances. Le fait que la société fasse preuve d'une certaine complaisance devant la consommation excessive d'alcool lors d'occasions de toutes sortes encourage les médias à faire encore plus de publicité pour ce genre de produits.

3. Des solutions concrètes.

La société, avec l'appui des gouvernements, devrait offrir des solutions concrètes à la consommation de substances qui engendrent une dépendance physique et psychique, afin de favoriser et de promouvoir l'édification d'une société sans drogue. Ces solutions devraient prendre en considération les besoins affectifs, physiques, intellectuels, sociaux et spirituels des individus. Elles pourraient inclure, entre autres, des activités artistiques et créatives, comme des ateliers de danse pour les jeunes, des sports, des échanges socioculturels, des rencontres de prière et de réflexion, et des services d'aide aux pauvres et aux défavorisés (51).

4. Être au service de l'humanité.

La relation de l'être humain avec son environnement est dynamique et en constante évolution. Les individus devraient être fortement encouragés à développer leurs qualités morales et à rechercher l'excellence dans tout ce qu'ils entreprennent. La société devrait inciter tous ses membres, et les jeunes en particulier, à se mettre au service de l'humanité.

5. L'amitié et l'harmonie.

Il est très important de renforcer les liens d'amitié et d'unité dans la société. L'amour et l'harmonie peuvent aider à contrer la solitude et l'isolement qui sont si intimement liés à l'alcoolisme et à la toxicomanie.

6. L'exemple donné par les personnes en vue.

Les parents et les éducateurs, les professionnels de la santé, les chefs de gouvernement, les artistes et les célébrités devraient donner l'exemple en s'abstenant eux-mêmes de consommer de l'alcool et des drogues. L'usage des drogues est omniprésent, en particulier dans le monde du spectacle. Il faudrait réévaluer ce style de vie, et revoir de quelle façon on conçoit la joie et le plaisir dans notre société.

7. Une communauté thérapeutique.

Il faudrait transformer le concept de communauté thérapeutique en une culture baha'ie de guérison et de spiritualité. La communauté baha'ie devrait être capable de comprendre et d'aider, émotionnellement et spirituellement, ceux qui sont affligés d'un problème d'alcoolisme ou de toxicomanie.

8. Oser être différent.

Les enfants devraient être éduqués de telle manière qu'ils n'auront pas peur d'être différents des autres et de s'opposer à la consommation de drogues, malgré les pressions exercées par leur entourage. Le système scolaire devrait offrir une formation systématique et réaliste sur les effets et les dangers de l'alcoolisme et de la toxicomanie.

9. Un espace intérieur sans pollution.

Il nous faut redéfinir l'environnement au-delà du concept traditionnel de l'espace qui nous entoure. Notre propre espace intérieur, c'est-à-dire notre esprit et nos pensées, a autant besoin d'attention et de protection que l'environnement extérieur dont on parle constamment. Il faut apprendre à protéger cet espace intérieur de la pollution causée par l'usage abusif des drogues.

10. La patience et le renoncement.

Nous vivons dans une société obsédée par la satisfaction instantanée de ses désirs et de ses besoins, et qui se satisfait de solutions rapides pour résoudre ses problèmes. Dans un tel contexte, les qualités d'endurance et de patience ne sont pas très valorisées. Cependant, la souffrance et les difficultés quotidiennes ne peuvent-elles pas contribuer à notre développement ?

11. Une approche spirituelle.

La conscience du but véritable de cette vie et de la vie dans l'au-delà et une approche spirituelle de la réalité nous permettront de reconsidérer notre attitude à l'égard du monde qui nous entoure et de notre vie intérieure.

12. Les gouvernements.

Les chefs de gouvernement et les politiciens devraient assumer leur responsabilité sur le plan moral et concentrer leur volonté politique pour mettre un terme à cette tragédie humaine. Ils doivent faire un effort unifié et concerté pour que cessent la production, la vente et la consommation des drogues illicites et de l'alcool. Sur le plan international, des efforts sont faits pour une meilleure collaboration dans la prévention de la toxicomanie et de l'alcoolisme.


2.11. Des efforts internationaux pour prévenir la consommation abusive des drogues

C'est au début du vingtième siècle que des efforts internationaux ont été faits de façon systématique pour s'attaquer au problème de la drogue. En 1946, la Société des Nations était remplacée par l'Organisation des Nations Unies qui, depuis, a mis en place différentes mesures pour lutter contre le commerce de la drogue. En 1990, les Nations Unies ont créé un organisme dont la responsabilité était d'agir contre la production, le trafic et la consommation de drogues. Cet organisme, connu sous le nom de Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID), a été établi à Vienne. Au cours de la même année, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé la période 1991-2000 "La décennie des Nations Unies contre l'abus des drogues". Cette décision a eu pour effet d'intensifier la coopération internationale et d'encourager les nations membres à faire de plus grands efforts pour résoudre le problème (52). Les organisations non gouvernementales (ONG) ont joué un rôle de plus en plus important dans l'éradication et la prévention de l'alcoolisme et de la toxicomanie.

La Communauté internationale baha'ie (CIB), en tant qu'organisation non gouvernementale, a collaboré étroitement avec les Nations Unies, depuis vingt ans, dans les domaines de la prévention et de l'éducation auprès des communautés sur cette question. Elle a participé à plusieurs conférences internationales dont la "Conférence sur l'abus et le trafic de la drogue", tenue à Vienne en 1987 ; le "Forum mondial des ONG sur la réduction de la demande des drogues", en Thaïlande en 1994 ; la "Conférence des ONG", tenue lors des sessions spéciales des Nations Unies en 1990 et en 1998, à New York, où on a abordé le problème de la consommation abusive des drogues à l'échelle mondiale.

En 1987, au cours de la Conférence internationale de Vienne, il a été recommandé puis approuvé par les Nations Unies que chaque année, dans tous les pays du monde, le 26 juin soit désormais reconnu comme la Journée internationale contre l'abus des drogues (Journée de sensibilisation à la prévention de l'abus des drogues). Appliquée depuis 1988, cette décision a pour but de rendre les populations conscientes du problème et de renforcer la coopération des nations en vue d'y mettre un terme. Les communautés baha'ies sont encouragées à souligner cette journée et à participer au processus de guérison de cette maladie d'envergure mondiale. Éclairés par les enseignements de leur foi et s'appuyant sur le principe de l'accord entre la science et la religion, les baha'is peuvent contribuer de façon importante à la prévention de la toxicomanie et de l'alcoolisme et partager, avec les millions d'êtres humains affectés par cette tragédie, le remède qu'apporte la révélation de Baha'u'llah.


Bibliographie

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World Drug Report, United Nations International Drug Control Programme, New York, Oxford University Press, 1997.


Notes

1. Ghadirian, Abdu'l-Missagh, In Search of Nirvana, 2e édition, Oxford, George Ronald Publisher, 1989.

2. Dans le cours du texte, les expressions "drogues", "psychotropes", "drogues illicites", "stupéfiants" et "substances toxiques", qui référent toutes à un usage des drogues à des fins non médicales, seront utilisées de façon interchangeable.

3. Baha'u'llah, Prières baha'ies, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1973, p. 23.

4. Ghadirian, In Search of Nirvana, op. cit., p. 95.

5. B. Reberg, A. Nikifarov et G. Bouchbauer, "Fifty years of development of opium characterization methods", Bulletin on Narcotics (ONU), vol. XLVI, n° 2, 1994, p. 79-80.

6. Ibid.

7. R .J. Frances et S. I. Miller, sous la direction de, Clinical Textbook of Addictive Disorders, New York, The Guilford Press, 1991, p. 4.

8. Ibid.

9. 1986 - le Secrétaire général des Nations Unies, Javier Perez de Cuellar.

10. Frances et Miller, op. cit., p. 3.

11. Ibid.

12. World Drug Report, United Nations International Drug Control Programme, New York, Oxford University Press, 1997.

13. Ibid.

14. La Septième journée internationale contre l'abus et le commerce illicite des drogues, le 26 juin 1997.

15. Frances et Miller, op. cit., p. 4.

16. R. J. Matthew, W. H. Wilson, D. G. Blazer et L. K. George, "Psychiatric disorders in adult children of alcoholics: Data from the epidemiologic catchment area project", American Journal of Psychiatry, 1993, n° 150, p. 793-800.

17. Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha, The Reality of Man, Wilmette, Ill., Baha'i Publishing Trust, 1962, p. 10.

18. Mirza Husayn 'Ali (1817-1892), fondateur de la foi baha'ie.

19. Baha'u'llah, Les Paroles cachées, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1977, n° 8, p. 5.

20. Extrait d'une épître de Baha'u'llah.

21. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 66.

22. Siyyid 'Ali-Muhammad, dit Le Bab (1819-1850). Fondateur de la foi babie et précurseur de Baha'u'llah.

23. Le Bab, Sélections des Écrits du Bab, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1984, p. 87-88.

24. 'Abdu'l-Baha, Les leçons de Saint-Jean-d'Acre, Paris, Presses universitaires de France, 1982, p. 216-217.

25. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 50.

26. Ibid.

27. 'Abdu'l-Baha (1844-1921), fils aîné de Baha'u'llah et interprète de ses Écrits.

28. Shoghi Effendi, L'avènement de la justice divine, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1973, p. 46.

29. Extrait d'une lettre de 'Abdu'l-Baha à un individu.

30. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 6.

31. 'Abdu'l-Baha, Sélections des écrits de 'Abdu'l-Baha, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1983, p. 148.

32. Ibid.

33. Ghadirian, "A tissue culture study of morphine dependence on the mamalian CNS", Canadian Psychiatric Association Journal, vol. 14, 1969, p. 607-615.

34. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 51-52.

35. Institution administrative suprême de la foi baha'ie élue tous les cinq ans.

36. La Maison universelle de justice, extrait d'une lettre datée du 15 avril 1965.

37. La Maison universelle de justice, extrait d'une lettre datée du 19 mai 1965.

38. 'Abdu'l-Baha, cité dans une lettre du 6 octobre 1967 de la Maison universelle de justice à l'Assemblée spirituelle nationale des États-Unis.

39. Messager porteur d'une révélation divine à l'origine d'une nouvelle religion.

40. 'Abdu'l-Baha, Les causeries de 'Abdu'l-Baha à Paris, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1980, p. 28.

41. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 76-95.

42. Baha'u'llah, Extraits des Écrits de Baha'u'llah, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1979, p. 44, n° XXVII.

43. Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha, Foi mondiale baha'ie, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1968, p. 201.

44. Baha'u'llah, Les Paroles cachées, première partie, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1977, p. 6, n° 13.

45. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 43-48.

46. 'Abdu'l-Baha, Sélections des écrits de 'Abdu'l-Baha, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1983, p. 301.

47. Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha, Foi mondiale baha'ie, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1968, p. 335-336.

48. Baha'u'llah, Extraits des Écrits de Baha'u'llah, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1979, p. 171, no CXXII.

50. Ghadirian, In Search of Nirvana, op.cit. p. 93-95.

49. 'Abdu'l-Baha, The Promulgation of Universal Peace, Wilmette, Ill., Baha'i Publishing Trust, 1982, p. 157.

51. Id., p. 99-103.

52. Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID),Vienne, 1992, p. 7.


Selon la science même une consommation modérée d'alcool n'est pas bonne !

Addon NDLR: article de presse du journal national "Le Figaro" en France du 01/04/2006 rendant compte d'études scientifiques affirmant que même une consommation modéré d'alcool n'est pas bonne pour la santé contrairement à la croyance populaire
. Ci-dessous l'article intégral que l'on peut aussi retrouver sur le site du Figaro:

Boire peu ne protège pas le coeur
Jean-Michel Bader


Les études ayant abouti à l'idée qu'une consommation modérée d'alcool est bonne pour le coeur auraient été biaisées. (Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro)

DEPUIS 30 ANS, un solide corpus d'études épidémiologiques avait ancré dans l'opinion l'idée qu'une consommation modérée d'alcool protège le coeur et les vaisseaux. En fait, non. Une méta-analyse effectuée par des chercheurs de l'université de Californie à San Francisco et du centre de recherches sur les intoxications alcooliques de l'université de Victoria (Canada) secoue cette idée reçue dans l'édition électronique du journal Addiction Research and Theory, publiée jeudi 30 mars.

Kaye Filmore, sociologue à San Francisco, et ses collaborateurs ont analysé 54 grandes études sur une trentaine d'années, celles qui montraient un bénéfice de santé cardiovasculaire particulièrement net d'une consommation d'alcool modérée (jusqu'à 4 verres par jour). Presque toutes ces études font la même erreur fondamentale qui biaise les résultats. C'est cette erreur qui a fait croire si longtemps que les consommateurs modérés étaient globalement en meilleure santé que les abstinents totaux (le chiffre de 25% de maladies coronaires supplémentaires chez les abstinents est régulièrement avancé).

Erreur découverte en 1988

L'erreur consiste à inclure dans le groupe des abstinents ceux qui étaient buveurs et ont arrêté, en particulier du fait d'une maladie, d'un âge avancé, ou parce qu'ils prennent des médicaments au long cours. Les inclure dans ce groupe augmente artificiellement la mortalité des vrais abstinents.

C'est Gerry Shaper, épidémiologiste à la Royal Free University de Londres, qui avait le premier découvert cette erreur en 1988, mais sa voix dans le désert n'avait pas été entendue. Sur les 54 études revues par les chercheurs américains et canadiens, seulement 7 ne mélangeaient pas indistinctement les ex-buveurs en petite forme et les abstinents en bonne santé.

Le docteur Arthur Klastky, cardiologue de la compagnie de santé Kaiser Permanente, reconnaît, lui qui mena certaines des grandes études en question, «qu'il s'agit d'un biais grave». Et comme l'enfer est pavé de bonnes intentions, le docteur Klastky estime maintenant qu'il faut lancer une étude prospective comparant la santé des buveurs obligatoires (un à deux verres par jour) à celle des abstinents, sur une dizaine d'années. Tout est à refaire sur le sujet !


Jean-Michel Bader

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