Toute gloire soit à ce jour où les fragrances de la miséricorde ont été répandues
sur toutes choses créées, jour tant béni que les âges et les siècles passés ne
pourront jamais espérer égaler, jour où la face de l'Ancien des jours s'est tournée
vers son siège sacré.
Alors, on entendit les voix de toutes les créatures et, au-delà, celles du concours
céleste proclamer : "Hâte-toi, ô Carmel, car voici que la lumière de la face de
Dieu, le Souverain du royaume des noms et le Façonneur des cieux, s'est levée
sur toi."
Saisi de transports de joie et élevant haut la voix, il s'exclama : "Puisse ma
vie t'être offerte en sacrifice puisque tu as fixé ton regard sur moi, tu m'as
comblé de ta bonté et tu as dirigé tes pas vers moi. Ma séparation d'avec toi,
ô toi, Source de vie éternelle, m'a presque consumé, et mon éloignement de ta
présence a réduit mon âme en cendres. Loué sois-tu pour m'avoir permis d'entendre
ton appel, pour m'avoir honoré de tes pas et pour avoir ranimé mon âme par la
fragrance vivifiante de ton jour et la voix stridente de ta Plume, voix que tu
décrétas être le vibrant appel de ta trompette parmi ton peuple. Et lorsque sonna
l'heure qui devait rendre ton irrésistible foi manifeste, tu insufflas à ta Plume
un souffle de ton Esprit, et ainsi la création tout entière fut ébranlée jusque
dans ses fondements mêmes, dévoilant à l'humanité des mystères recelés dans les
trésors de celui qui possède toutes les choses créées."
Aussitôt que sa voix eut atteint le lieu le plus exalté, nous répondîmes : "Rends
grâce à ton Seigneur, ô Carmel. Le feu de ta séparation d'avec moi te consumait
rapidement lorsque l'océan de ma présence surgit devant ton visage, encourageant
tes yeux et ceux de toute la création, remplissant d'allégresse toutes choses
visibles et invisibles. Réjouis-toi, car Dieu en ce jour a établi son trône sur
toi, a fait de toi l'aurore de ses signes et la source des témoignages de sa révélation.
Heureux celui qui gravite autour de toi, qui proclame la révélation de ta gloire
et relate combien la bonté du Seigneur ton Dieu t'a comblé. Saisis le calice de
l'immortalité au nom de ton Seigneur, le Très-Glorieux, et rends-lui grâce, puisqu'Il
a, en gage de sa miséricorde à ton égard, transformé ta peine en allégresse, ton
chagrin en joie sereine. En vérité, Il chérit ce lieu qui est devenu le siège
de son trône, que ses pas ont marqué, qui a été honoré de sa présence, d'où Il
éleva son appel et sur lequel Il répandit ses larmes."
Appelle Sion, ô Carmel, et annonce la joyeuse nouvelle : Celui qui était caché
aux yeux des mortels est venu ! Sa souveraineté conquérante est manifeste ; son
universelle splendeur est révélée. Prends garde d'hésiter et de t'arrêter. Hâte-toi
et fais le tour de la cité de Dieu qui est descendue du ciel, la céleste Kaaba,
qu'ont entourée en adoration les élus de Dieu, les coeurs purs et l'assemblée des
anges les plus exaltés. Oh, combien j'ai hâte d'annoncer en chaque lieu de la
terre et d'apporter à chacune de ses villes la bonne nouvelle de sa révélation
- révélation qui a attiré le coeur du Sinaï et au nom de laquelle le Buisson ardent
proclame : "C'est à Dieu, le Seigneur des seigneurs, qu'appartiennent les royaumes
des cieux et de la terre." En vérité, voici le jour où la terre et la mer se réjouissent
de cette annonce, le jour pour lequel ont été accumulées ces choses que Dieu,
dans sa bonté inconcevable à l'esprit ou au coeur du mortel, a réservées pour être
révélées. Bientôt Dieu conduira son arche vers toi et rendra manifeste le peuple
de Baha, mentionné dans le Livre des Noms.
Sanctifié soit le Seigneur de toute l'humanité ; tous les atomes de la terre ont
été façonnés pour vibrer à la mention de son nom, et la Langue de grandeur s'est
animée pour révéler ce qui avait été enfoui dans sa connaissance et dissimulé
dans le trésor de sa puissance. Par la force de son nom, le Tout-Puissant, le
Très-Haut, Il est, en vérité, le Souverain de tout ce qui existe dans les cieux
et sur la terre.
Baha'u'llah
2) Le Mausolée du Bab (paroles d'éloge
par Shoghi Effendi)
Paroles d'éloge par Shoghi Effendi :
O toi, ô reine du Carmel, s'adressent les plus pures, les plus saintes salutations,
et sur toi reposent les plus belles, les plus bienveillantes bénédictions !
Gloire soit à celui qui a ordonné ton siège et l'a honoré de se pas et qui a fait
mention de toi dans ses saintes Ecritures.
Grande, ô combien, est la force de ta puissance, puissance qui a ébranlé l'âme
des élus de Dieu et de ses messagers !
Je te vois comme dans un rêve, établie sur ton glorieux trône, parée de blanc,
couronnée d'or, resplendissante de ces lumières brillant en ton sein et tout autour
de toi, lançant ton appel entre ciel et terre d'une voix haute et vibrante.
Je vois l'âme des saints et des hôtes des royaumes célestes se hâter ver toi,
entièrement dévouée à toi, remplie d'amour et captivée par toi, attirant vers
toi l'attention, tournant autour de toi, humant les effluves s'exhalant de tes
fleurs, demandant bénédiction à la terre de ton enceinte et s'incliner jusqu'au
sol, en signe de reconnaissance devant la majesté et la gloire qui entourent le
dépôt de Dieu reposant en ton coeur et la perle enchâssée en ton sein.
Béni, immensément béni est celui qui te rend visite pour faire de toi le tour,
qui sert à ton seuil, arrose tes fleurs, hume les effluves de sainteté qu'exhalent
tes roses, célèbre ta louange et magnifie ton rang par amour pour Dieu, pour celui
qui t'a créé en cet âge des plus sanctifiés et lumineux, des plus merveilleux,
augustes et exaltés.
Paroles d'éloge par Shoghi Effendi :
"Ce sentier magnifique et majestueux, qui va du Tombeau du Bâb vers la ville de
Haïfa, en alignement avec la plus grande avenue de cette cité bénie, (...) sera
par la suite converti, comme l'a prévu le "Centre de l'Alliance" (1), en "sentier
des Rois et des Dirigeants du monde".
Ces puissantes incarnations du pouvoir royal, [devenus d'] humbles pèlerins du
Sanctuaire du Seigneur, iront d'abord, à leur arrivée en Terre Sainte, vers la
plaine de 'Akka (Saint-Jean-d'Acre), pour rendre visite à la Qiblih (2) du Peuple
de Baha, et évoluer autour du Point autour duquel gravite en adoration le Concours
céleste.
Puis, ils se rendront vers cette cité auguste et vénérable, et ils graviront les
pentes du Mont Carmel.
Dans le ravissement, la ferveur et la dévotion les plus absolus, ils se hâteront
vers ce Lieu sacré et, avec révérence et soumission, humilité et modestie, ils
remonteront les Terrasses pour s'approcher de l'enceinte lumineuse de ce Tombeau
sacré et sanctifié.
Ensuite, ils marcheront sur les vastes pelouses et, grâce aux merveilleux jardins
de ce lieu sublime et sacré, ce jardin du Paradis exalté, ils inhaleront ses parfums
odorants et goûteront ses fruits savoureux et choisis.
Des larmes plein les yeux et d'un coeur enflammé, ils se souviendront de la douleur
et de la souffrance, de chaque affliction et de chaque calamité, de la coercition,
de l'emprisonnement et du martyre qui accablèrent cet "Opprimé du monde" (3).
Ils verront de leurs propres yeux, dans chaque direction de ce Lieu exalté, la
Gloire du Carmel, ainsi que les preuves du pouvoir et de la grandeur irrésistible,
l'invincibilité, l'Empire universel du Conquérant des Mondes, et ils loueront
et glorifieront le Seigneur du Carmel."
Shoghi Effendi Rabbani [Extraits d'une lettre de Shoghi Effendi, "Gardien de la Cause de Dieu", adressée
aux Baha'is d'Orient, datée du Naw Ruz 1951, traduction de courtoisie du Persan]
Notes :
(1)- C'est-à-dire : le Maître Abdu'l-Baha.
(2)- "Qiblih" se prononce "Ghéb-lèh". C'est la direction vers laquelle se tournent
les croyants pour faire leur Prière quotidienne de rigueur. Pour les Baha'is,
c'est le Tombeau de Baha'u'llah à Bahji ('Akka).
(3)- C'est-à-dire : Le Bâb.
3) Commentaires sur le Carmel de M. Adib
Taherzadeh
(commentaires tiré du livre "The revelation of Baha'u'llah" de M. Adib Taherzadeh,
vol IV, chap 23 - traduit par Paulette Bodansen)
Cette tablette si renommée, écrite en arabe, fut révélée par Baha'u'llah sur le
Mont Carmel. C'est l'une des tablettes les plus importantes révélées durant son
ministère. La première fois que Baha'u'llah visita Haïfa, fut en 1868 lorsque
le bateau à vapeur de la compagnie Austrian Lloyd y accosta le matin du 31 août.
Haifa était alors une petite ville. Lorsque Baha'u'llah débarqua Il resta quelques
heures sur la plage puis s'embarqua à nouveau, en route vers la cité prison de
Akka. Près de quinze ans plus tard, lorsqu'Il eut transporté sa résidence dans
la demeure de Bahji, Baha'u'llah fit une courte visite à Haifa et demeura dans
une maison de la colonie allemande. Ainsi que nous l'avons mentionné dans un précédent
volume, un certain nombre de Templiers allemands attendant le retour du Christ,
s'étaient rendus en Terre Sainte et avaient construit leurs maisons au pied du
Mont Carmel, mais lorsqu'Il leur apparut, aucun d'eux ne Le reconnut. Baha'u'llah
vécut même dans l'une de leurs maisons et révéla une tablette pour leur chef,
et pourtant, ils restèrent ignorants de l'avènement du Jour de Dieu. La troisième
visite eut lieu en 1890 lorsque à nouveau Il demeura dans la colonie allemande
; et la quatrième visite, eut lieu en 1891 à peu près un an avant Son ascension,
lorsqu'Il passa trois mois dans cette région.
Nous pensons que ce fut à cette occasion, que Baha'u'llah visita la Cave d'Élie
sur le Mont Carmel. Des siècles plus tôt, un ordre chrétien y avait construit
un monastère dans l'attente que le Christ, retournant dans la gloire du Père,
le bénirait par sa présence. Il n'est pas surprenant, que, comme les Templiers
allemands, neuf des moines qui étaient présents à l'époque reconnurent le rang
de Baha'u'llah lorsqu'Il visita ce lieu. Baha'u'llah planta sa tente à proximité
du monastère et là, révéla la Tablette du Carmel. Nous savons que dans le futur
un Mashriqu'l-Adhkar (Maison baha'ie d'adoration) sera construit sur ce site.
Cette tablette contient des allusions éloquentes sur l'établissement du Centre
mondial de la Foi. Elle est considérée comme en étant la charte. Avant la révélation
de cette tablette, il n'y avait apparemment aucun Écrit de Baha'u'llah concernant
le Siège international de Son ordre qui encercle le monde. À l'instant même où
Il bénit la montagne de Dieu en y posant les pieds, des forces mystérieuses furent
libérées pour la création du centre spirituel et administratif de la Foi, un centre
duquel s'écouleront vers l'humanité, les énergies vivifiantes recelées à l'intérieur
de Sa révélation.
Dans la tablette du Carmel , Baha'u'llah entame un dialogue avec Carmel, la montagne.
Ceci n'est pas inhabituel ; dans d'autres tablettes Il s'est pareillement adressé
à certaines cités ou lieux - par exemple, Son discours à la Terre de Ta (Téhéran),
ou Son dialogue avec Jérusalem ainsi que cela est révélé dans la Lawh-i-Aqdas,
(la tablette de l'Aqdas). Dans la tablette du Carmel, le dialogue est à la fois
merveilleux, profond et émouvant. Le tableau sublime que Baha'u'llah dépeint,
commence par Lui-même, lorsque ses pas le mènent vers le Carmel ; le premier acte
dans cette scène divine se situe lorsque les voix de "toutes choses créées" s'adressent
au Carmel. Puis viennent les paroles d'exultation du Carmel louant son Seigneur
et finalement la réponse de Baha'u'llah. Le paragraphe d'ouverture de cette tablette
soulève le rideau de ce spectacle exalté.
Gloire à ce Jour, Jour où les parfums de miséricorde ont été répandus sur toute
la création, Jour béni, et sans rival dans les siècles passés, où la face de l'Ancien
des jours s'est tournée vers son siège sacré. Alors, les voix de toutes choses
créées et, au-dessus d'elles les voix de l'Assemblée céleste ont crié cet appel
: "Hâte-toi ô Carmel, car voici que, sur toi, s'est levée la lumière du visage
de Dieu, le Souverain du royaume des noms, le Modeleur des cieux !" (Extraits
des Écrits p.12)
Combien est fascinant ce concept de voix informant le Carmel de la venue de Baha'u'llah,
et combien ces mots sont beaux, "Hâte-toi, ô Carmel, car voici que, sur toi, s'est
levée la lumière du visage de Dieu, le Souverain du royaume des noms, le Modeleur
des cieux !" Dans ce passage, Baha'u'llah loue la gloire de Sa Révélation et montre
clairement par sa présence à cet endroit, qu'Il a choisi le Mont Carmel comme
son "siège sacré". Le siège est un signe visible, le centre apparent de sa majesté
et de son royaume intimes.
Il est évident que nulle personne ne peut entendre physiquement les voix de "toutes
choses créées" mentionnées dans le passage ci-dessus. Et encore moins lorsque
Baha'u'llah s'adresse à la montagne. Ceci est un phénomène spirituel auquel seule
la Manifestation de Dieu a accès. Cependant, il est intéressant à noter qu'en
de nombreuses occasions, Baha'u'llah a déclaré que toutes les choses créées, tels
les atomes de la terre, les gouttes de l'océan, les rochers et les arbres ont
été animés par l'influence vibrante de Sa révélation. Par exemple, dans la tablette
de l'Aqdas Il témoigne que "chaque pierre et chaque arbre se sont écriés :'Le
Seigneur est venu dans toute Sa gloire."( TAB)
Dans une autre tablette (compilation non publiée, comité des archives nationales,
n° 19 pp 262-3), Il exprime sa stupéfaction du fait qu'en ce jour le monde
minéral puisse vibrer par le souffle des paroles de Dieu, et que, le monde humain
dans son ensemble, est resté lui, sans en être affecté. Lorsque Baha'u'llah partit
en bateau de Gallipoli vers Akka, Il indiqua dans une tablette que, du fait que
le Seigneur naviguait sur les flots, les gouttes de mer s'animèrent de telle sorte,
qu'Il pouvait entendre, provenant de chaque goutte, ce qu'aucune oreille ne pourrait
jamais entendre. Nous, en tant qu'êtres humains, n'avons pas la capacité de voir
ou d'entendre de telles expressions d'objets inanimés. Nous ne pouvons rien faire
d'autre qu'admettre notre incapacité à saisir ces déclarations d'un point de vue
physique, et à essayer de comprendre leur signification spirituelle.
D'un autre côté, toutes les choses dans l'univers sont d'une manière ou d'une
autre reliées les unes aux autres et chaque chose créée, même un atome, doit avoir
une relation avec son créateur. Mais comment fonctionne cette relation, cela nous
ne le saurons jamais. La science a déjà prouvé que beaucoup de choses se passent
autour de nous que le corps humain n'a aucun moyen de ressentir. Par exemple,
les sens humains sont incapables de détecter les ondes électromagnétiques, pourtant
nous sommes immergés dedans. Récemment, les scientifiques ont découvert que les
arbres communiquent les uns avec les autres, mais ils n'ont pas encore pu trouver
par quel moyen. Ceci a pu être démontré en laissant une nuée d'insectes attaquer
un arbre. Ils se sont ainsi rendus compte que, tous les autres arbres à l'intérieur
d'un large secteur changeaient leur chimie, s'apprêtant à une attaque similaire.
Nos sens n'ont pas la capacité de détecter une telle communication.
Si cela est, ne pouvons-nous croire, ainsi qu'en a attesté Baha'u'llah, qu'il
y avait une certaine réaction des gouttes de la mer, lorsque Lui, la personnification
du Plus Grand Esprit de Dieu, voguait au-dessus d'elles ? Ou, ne pouvons-nous
dire que le Mont Carmel exprimait, dans un langage que seul son créateur pouvait
comprendre, un sentiment de joie intense lorsque Baha'u'llah marchait sur lui
? Mais qui connaît les réponses ? Quoi que ce soit que ces déclarations puissent
signifier à chaque croyant, souvenons-nous que, Baha'u'llah, les a plusieurs fois
mentionnées dans ses Écrits. Il n'est pas correct de regarder Dieu et sa création
à travers sa propre vision étroite et limitée. Qui connaît les mystérieux rouages
de Dieu dans ce vaste univers ? Qui sait de quelle manière toutes choses créées
répondent à leur créateur ?
Une approche simple et éclairée de l'étude de la tablette du Carmel serait de
considérer le dialogue entre la voix de la montagne et celle de Baha'u'llah comme
un moyen d'expliquer le plan de Dieu dans un langage imagé. Ce plan était d'ériger
sur la montagne le siège majestueux de Sa souveraineté spirituelle et temporelle.
Dans ce dialogue, la montagne de Dieu s'adresse à Baha'u'llah de cette façon :
Saisie de joyeux transports et élevant la voix, elle s'est écriée : "Que ma vie
Te soit offerte en sacrifice car tu as fixé ton regard sur moi, car tu as répandu
sur moi tes bienfaits et dirigé vers moi tes pas ! Je me consumais d'être séparée
de toi, ô Source de vie éternelle, et mon éloignement de ta présence avait réduit
mon âme en cendres. Loué sois-tu pour avoir permis que j'entende ton appel et
m'avoir ainsi honorée de tes pas. Ranimée par le vivifiant parfum de ton jour,
mon âme a tressailli à la voix de ta plume résonnant parmi ton peuple, comme l'appel
de ta trompette. L'heure étant venue où devait être manifestée ta foi irrésistible,
tu as animé ta plume par un souffle de ton esprit, et voici qu'aussitôt la création,
ébranlée jusqu'en ses fondements, a dévoilé les mystères cachés parmi les trésors
de Celui qui est le possesseur de toutes choses créées." ( Extraits des Écrits
p. 12)
La signification littérale de ces paroles est, qu'avant la venue de Baha'u'llah
qui bénit ce lieu par ses pas, le Mt Carmel était une étendue sauvage, un tas
de rocs et de débris. "Je me consumais d'être séparée de toi, ô Source de vie
éternelle, et mon éloignement de ta présence avait réduit mon âme en cendres."
Et la réponse de Baha'u'llah change la scène de désolation, en joie et abondance
: "Sois dans l'allégresse, car Dieu, en ce jour, a établi sur toi son trône...
rends-Lui grâce pour avoir... changé ta peine en allégresse...", telles sont Ses
paroles rassurantes. Ces paroles font écho à la vision d'Ésaïe :
Le désert et le pays aride se jouiront ; la solitude s'égaiera, et fleurira comme
un narcisse ; elle se couvrira de fleurs, et tressaillira de joie, avec chants
d'allégresse et cris de triomphe ; la gloire du Liban lui sera donnée, la magnificence
du Carmel et de Saron, ils verront la gloire de l'Éternel, la magnificence de
notre Dieu. (Isaïe : 35 1-2)
Dans cette déclaration de Baha'u'llah, il n'y a aucune ambiguïté sur le lieu où
doit être établi le Siège international de Sa foi. À partir de l'instant où cette
tablette a été révélée, le Mt Carmel fut destiné à fleurir et à devenir le Centre
Mondial d'une Foi mondiale, et dont les premières étapes ont déjà été réalisées.
Baha'u'llah s'adresse au Carmel en ces termes :
Et la voix du Carmel n'avait pas plutôt atteint ce lieu sacré que Nous lui répondions
: "Rends grâce, ô Carmel, à ton Seigneur. Le feu de ta séparation d'avec moi te
consumait en effet rapidement, quand l'océan de ma présence, s'enflant soudain
devant toi, est venu réjouir tes yeux et ceux de la création, et remplir de délices
toutes choses, tant visibles qu'invisibles. Rends donc grâces, ô Carmel, et sois
dans l'allégresse, car Dieu a, en ce jour, établi sur toi son trône, et a fait
de toi l'orient de ses signes et l'aurore des preuves de sa révélation. Heureux
qui gravite autour de toi, qui proclame la révélation de ta gloire et rapporte
les merveilles de ce que la bonté du Seigneur ton Dieu a fait pleuvoir sur toi.
Prends le calice d'immortalité au nom de ton Seigneur, le très-Glorieux, et rends-Lui
grâces pour avoir, en gage de sa miséricorde, changé ta peine en allégresse et
mué en joie ton affliction. Il chérit, en vérité, ce lieu dont Il a fait le siège
de son trône, que ses pas ont foulé, qu'il a honoré de sa présence, d'où Il a
lancé son appel, et sur lequel ont coulé ses pleurs. "
Bien que dans cette tablette Baha'u'llah s'adresse au Carmel, et que beaucoup
de passages concernent la construction du Centre mondial de la Foi, en réalité
Il s'adresse aussi à ses disciples. Il y a, en effet, de nombreuses significations
dissimulées dans cette tablette que les croyants peuvent appréhender en se tournant
vers Baha'u'llah dans une attitude de prière et de méditation. Il n'est pas convenable
pour nous de nous embarquer dans des interprétations sur des nombreux passages
qui sont chargés de sagesse divine et qui préfigurent de grands évènements. Chaque
croyant doit s'approfondir lui-même dans la connaissance de la Foi et par les
prières et l'étude des Écrits découvrir les significations qui y sont cachées.
Chaque âme a le droit de découvrir sa propre interprétation, qui doit, cependant,
restée personnelle. Ses conclusions ne seront jamais autoritaires à moins qu'elles
ne soient conformes aux interprétations du Maître et du Gardien de la Foi.
Ce qui suit sont les derniers passages de la tablette du Carmel :
Rassemble tout Sion, ô Carmel, et annonce la joyeuse nouvelle : "Celui qui était
caché aux yeux des mortels est venu ! Sa conquérante souveraineté est aujourd'hui
manifeste et son universelle splendeur révélée. Garde-toi d'hésiter ou de t'arrêter.
Hâte-toi de faire le tour de la cité de Dieu descendue du ciel, de la céleste
Kaaba autour de laquelle gravitèrent en adoration les favoris de Dieu, ceux qui
avaient le coeur pur, et aussi les anges les plus élevés. Oh ! combien il me tarde
de pouvoir annoncer sur tous les ponts du globe et porter à toutes ses cités la
joyeuse nouvelle de cette révélation qui a attiré le coeur du Sinaï et au nom de
laquelle le buisson ardent s'écrie : "À Dieu, le Seigneur des seigneurs, appartiennent
les royaumes du ciel et de la terre." En vérité, voici le jour où la terre et
la mer se réjouissent d'une telle déclaration, le jour en vue duquel furent mises
en réserve toutes ces choses que Dieu, dans sa bonté inconcevable au coeur et à
l'esprit humains, a décidé de révéler. Avant peu, Il t'enverra son arche d'alliance
et manifestera le peuple de Baha dont il est parlé ans le Livre des Noms."
Sanctifié soit le Seigneur de tout le genre humain. À la mention de son nom, tous
les atomes de la terre sont entrés en vibration et la Langue de Grandeur a été
incitée à dévoiler ce qui était enfoui dans sa connaissance et restait caché dans
le trésor de son pouvoir. Lui, en vérité, par l'autorité de son nom, le Fort,
le Tout-Puissant, le Très-Haut, est le Souverain de tout ce qui est dans les cieux
et sur la terre. (Extraits des Écrits p. 13)
La première partie du passage ci-dessus, "Rassemble tout Sion, ô Carmel, et annonce
la joyeuse nouvelle : Celui qui était caché aux yeux des mortels est venu !" peut
être considérée comme un commandement de Baha'u'llah de proclamer Sa Cause à l'humanité.
L'attente de Baha'u'llah "de pouvoir annoncer sur tous les points du globe et
porter à toutes ses cités la joyeuse nouvelle de cette révélation ..." a été au
départ, peut-on dire, accomplie par Abdu'l-Baha avec la publication des Tablettes
du Plan divin. Ces tablettes, quatorze en tout, qui constituent la charte pour
l'enseignement de la Foi, furent adressées par Abdu'l-Baha aux baha'is d'Amérique
du Nord. Il y détermine un plan d'enseignement, qui recouvre le globe dont les
étapes initiales furent par la suite incorporées par Shoghi Effendi dans une série
de plans nationaux et eux-mêmes furent suivis par un plan mondial connu sous le
nom de Croisade de Dix ans. La mise en oeuvre de cette dernière fut particulièrement
responsable pour apporter le message de Baha'u'llah à pratiquement chaque partie
du monde. Ce processus continuera jusqu'à ce que ces paroles de Baha'u'llah révélées
dans le Lawh-i-Dunya soient accomplies :
"Combien vaste est le tabernacle de la cause de Dieu ! Il recouvre tous les peuples
et toutes les familles de la terre et rassemblera d'ici peu l'humanité tout entière
sous son aile." (TAB)
La partie la plus significative de la tablette du Carmel est la suivante :
Hâte-toi de faire le tour de la cité de Dieu descendue du ciel, de la céleste
Kaaba autour de laquelle gravitèrent en adoration les favoris de Dieu. (Extraits
des Écrits p. 13)
Shoghi Effendi a interprété la signification de "cité de Dieu, la céleste Kaaba"
comme étant le Tombeau du Bab sur le Mt Carmel. Les forces qui furent libérées
par Baha'u'llah pour la mise en oeuvre de cette grandiose entreprise comprennent
le transfert des restes du Bab et la construction de son Mausolée, elles devinrent
effectives presque immédiatement après la révélation de cette Tablette. Un jour,
Baha'u'llah alla au coeur de la montagne où un massif de cyprès poussait en cercle.
Sa tente fut plantée en son milieu, Abdu'l-Baha était là, présent et à Son service.
Shoghi Effendi a décrit cet événement en ces mots:
Cette même année, la tente de Baha'u'llah, le "Tabernacle de Gloire" fut plantée
sur le Mt Carmel, "la Colline de Dieu et Son Vignoble", la demeure d'Élie, saluée
par Ésaïe comme étant la "montagne de Dieu", vers laquelle "toutes les nations
afflueront". (Dieu passe près de nous)
Un témoin oculaire a expliqué que tandis que Baha'u'llah faisait face à l'Est
et Abdu'l-Baha à l'Ouest, la Langue de Grandeur donnait des instructions au Maître
pour organiser le transport des restes du Bab de Perse vers la terre Sainte et
leur enterrement dans un mausolée sous le buisson de cyprès à un endroit qu'Il
indiqua de sa main. Ainsi le premier pas de cette entreprise sacrée fut inauguré
par Baha'u'llah Lui-même.
Il fallut près de huit ans avant que Abdu'l-Baha puisse organiser le transfert
des restes du Bab. Le cercueil contenant les restes sacrés arriva à Akka le 31
janvier 1899. Dix ans plus tard, à Naw-Ruz 1909, Abdu'l-Baha, de ses propres mains
et en présence des croyants d'orient et d'occident, plaça le cercueil de bois
dans un sarcophage de marbre qui fut descendu dans le caveau construit spécialement
pour lui à l'intérieur de l'une des six chambres construites, à cet effet, par
Abdu'l-Baha. Dans une tablette, Il transmis cette bonne nouvelle aux croyants
en ces termes :
La plus joyeuse nouvelle est ceci, le saint corps, le corps lumineux du Bab...
après avoir été pendant soixante ans transféré de place en place, à cause de l'emprise
des ennemis et par crainte des malveillants, et n'ayant connu ni repos ni tranquillité,
grâce à la miséricorde de la beauté d'Abha, a été cérémonieusement déposé, le
jour de Naw-Ruz, à l'intérieur du cercueil, dans le tombeau glorifié sur le Mont
Carmel. Par une étrange coïncidence, le même jour de Naw-Ruz, un télégramme arriva
de Chicago, annonçant que les croyants de chacun des centres américains avaient
élu un délégué et l'avaient envoyé dans cette ville... ils avaient définitivement
choisi le site pour la construction de Mashriqu'il-Adhkar.
En 1948, les préparatifs furent commencés par Shoghi Effendi pour la construction
de la superstructure du Tombeau du Bab. Au cours de sa construction, en 1951 il
donna cette description dans un message aux croyants américains :
À ce point, je ne saurai trop souligner le caractère de sainteté de cette poussière
sacrée enserrée dans le coeur du Vignoble de Dieu, ni surévaluer les potentialités
inimaginables de cette puissante institution fondée, il y a soixante ans, par
l'opération de la volonté du Fondateur de notre Foi et le choix précis fait par
Lui, à l'occasion de Sa visite historique à cette montagne sacrée. Je ne saurai
non plus trop insister sur le rôle que cette institution, à laquelle la construction
de la superstructure de cet édifice va sûrement conférer une impulsion sans précédent,
est destinée à jouer dans le développement du Centre Administratif Mondial de
la Foi de Baha'u'llah et dans l'efflorescence de ses institutions les plus élevées
constituant l'embryon de son futur Ordre Mondial.
Car, comme dans le royaume de l'esprit, la réalité du Bab a été saluée par l'auteur
de la Révélation baha'ie comme étant "le Point autour duquel tournent les réalités
des Prophètes et des Messagers", de même, sur cette planète visible, Ses restes
sacrés constituent le coeur et le centre de ce qui peut être considéré comme neuf
cercles concentriques, égalant et mettant ainsi plus d'accent sur la position
centrale accordée par le Fondateur de notre Foi à Celui "par qui Dieu a permis
de faire avancer la connaissance de tout ce qui a été et de tout ce qui sera',
le Premier Point par qui ont été générées toutes choses créées." (Citadel of
Faith p 95)
En 1953, la superstructure du Mausolée du Bab était achevée par Shoghi Effendi.
Et maintenant, "la cité de Dieu... la céleste Kaaba autour de laquelle gravitèrent
en adoration les favoris de Dieu, ceux qui avaient le coeur pur, et aussi la compagnie
des anges les plus élevés. ", se dresse majestueuse au coeur de la montagne de
Dieu.
Dans son câble au monde baha'i, Shoghi Effendi décrit le Tombeau comme étant "REINE
DU CARMEL ENCHASSÉE MONTAGNE DIEU, COURONNÉE D'OR SCINTILLANT, VÊTUE DE BLANC
CHATOYANT, GAINÉE DE VERT ÉMERAUDE, ENCHANTANT TOUS LES YEUX, DE CIEL, MER, PLAINE
,COLLINE" (Baha'i World , vol. XII, p 239)
Un autre passage significatif de la tablette du Carmel est le suivant :
Avant peu, Il t'enverra son arche d'alliance et manifestera le peuple de Baha
dont il est parlé dans le Livre des Noms. (Extraits des Écrits p 13)
Dans les Écrits baha'is, on se sert souvent du terme "arche" pour désigner la
Cause de Dieu, ou le Covenant, et Baha'u'llah, le Saint Marin. Par exemple, le
Bab dans la Qayyumu'l-Asma a loué la communauté du Plus Grand Nom, les baha'is,
comme étant les compagnons de l'Arche pourpre. Mais "l'arche" dans la tablette
du Carmel, signifie, d'après Shoghi Effendi, l'arche de la Loi de Dieu. Il explique
que la traversée de l'arche sur le Mont Carmel est une allusion à l'établissement
de la Maison Universelle de Justice, le corps législatif suprême de la Foi, de
laquelle la loi de Dieu s'écoulera vers toute l'humanité. Shoghi Effendi se réfère
aussi aux membres de la Maison de Justice comme les occupants de l'arche mentionnée
dans la tablette du Carmel. La Maison Universelle de Justice est le principal
organe du Centre administratif international de la Foi, bien qu'il y ait d'autres
institutions qui fassent partie de ce centre.
À nouveau, les prophètes d'Israël prévoyaient déjà ces évènements, il y a des
milliers d'années, comme dans cette citation d'Isaïe :
Il arrivera, dans la suite des temps, que la montagne de l'Éternel sera fondée
sur le sommet des montagnes, qu'elle élèvera par-dessus les collines, et que toutes
les nations y afflueront. Des peuples s'y rendront en foule, et diront : Venez,
et montons à la montagne de l'Éternel, à la maison du Dieu de Jacob, afin qu'il
nous enseigne ses voies, et que nous marchions dans ses sentiers. Car de Sion
sortira la loi, et de Jérusalem la parole de l'Éternel. Il sera le jugement des
nations, l'arbitre d'un grand nombre de peuples. De leurs glaives, ils forgeront
des hoyaux, et de leurs lances des serpes : une nation ne tirera plus l'épée contre
une autre, et l'on n'apprendra plus la guerre. (Isaïe 2 : 2-4)
La première étape prise par Shoghi Effendi en créant le Centre administratif mondial
fut d'acquérir un terrain sur le Mt Carmel proche du Tombeau du Bab et l'inhumation
des restes de la Plus Sainte Feuille, la fille de Baha'u'llah, la femme la plus
noble de la dispensation baha'ie dans ce lieu sacré. Puis, suivit le transfert
des restes de la Branche la Plus Pure, "créé de la lumière de Baha", le fils martyre
de Baha'u'llah, offert par son Père en "rançon pour l'unification de la race humaine",
ainsi que ceux de sa mère la sainte Navvab, et leur inhumation dans le même environnement.
L'étape suivante prise par Shoghi Effendi fut la création d'un arc entourant leurs
dernières demeures et faisant face au Qiblih du peuple de Baha (le Point d'adoration,
le Tombeau de Baha'u'llah). Les diverses institutions du Centre administratif,
y compris la Maison Universelle de Justice, seront logées dans différents édifices
érigés autour de l'arc. Cette étape initiale dans la construction de ce Centre
administratif eut lieu après la construction du Bâtiment des Archives internationales.
Il fut achevé par Shoghi Effendi en 1957.
Depuis lors, le Siège de la Maison Universelle de Justice a été construit, et
maintenant, il est prévu d'ériger d'autres édifices pour abriter les institutions
restantes et ainsi compléter le Centre Mondial Administratif Baha'i. L'établissement
du Trône de Dieu, mentionné dans la tablette du Carmel, ainsi que l'a interprété
Shoghi Effendi, n'est rien d'autre que l'établissement du Centre Mondial sur le
Mont Carmel. Il écrit :
Le fait que ces trois dernières demeures soient rassemblées à l'ombre du propre
tombeau du Bab, blotties au coeur du Carmel, face à la ville d'un blanc de neige
située de l'autre côté de la baie d'Akka, le qibla* du monde baha'i, qu'elles
soient placées dans un jardin d'une exquise beauté, renforce, si nous estimons
correctement sa signification, les puissantes possibilités spirituelles d'un lieu
que Baha'u'llah lui-même appelle le trône de Dieu. Ce fait marque aussi une nouvelle
avance dans le chemin conduisant à l'établissement final de ce centre administratif
mondial permanent du futur Commonwealth baha'i, destiné à ne jamais être séparé
du centre spirituel de cette foi et à remplir sa tâche auprès de lui, sur une
terre déjà vénérée et tenue pour sacrée par les disciples de trois des plus importantes
religions du monde.( Dieu passe près de nous p 336)
Le centre spirituel sur le Mt Carmel, est le Mausolée du Bab "le lieu autour duquel
l'Assemblée céleste gravite en adoration". Le centre administratif est sous l'ombre
de ce tombeau sacré. L'association des centres spirituel et administratif constitue
le Centre Mondial baha'i sur le Mt Carmel.
Dans les religions du passé, les centres spirituel et administratif ont été séparés
les uns des autres. Dans la chrétienté, par exemple, l'administration de la religion
a été transportée hors de la Terre Sainte qui était son lieu de naissance et sa
maison spirituelle. Ceci est aussi arrivé dans l'Islam : le siège du Califat,
le corps dirigeant temporel, fut établi très loin de la Mecque. Cette séparation
des centres spirituel et administratif des précédentes religions peut être considéré
comme un reflet de la désunion régnant parmi les disciples, divisés comme ils
l'étaient en de nombreuses sectes et confessions. Un des traits distinctifs de
la Révélation de Baha'u'llah est que les centres spirituel et administratif de
la Foi sont unis et établis de façon permanente sur la Montagne de Dieu. La source
de ceci provient de Baha'u'llah dans sa tablette du Carmel et c'est Lui qui libère
les forces spirituelles pour sa réalisation. Le développement progressif des institutions
internationales de la Cause en Terre Sainte démontre qu'elles sont indissociables
de leur centre spirituel. L'unité des deux est symbolique de l'unité de la communauté
baha'ie de par le monde, une unité qui est destinée à englober l'humanité tout
entière et dont l'établissement dans la société humaine reste le but principal
et le dessein de la révélation de Baha'u'llah pour cet âge.
Dans un de ses messages au monde baha'i, Shoghi Effendi projette sa vision pour
le développement futur du Centre Mondial de la Foi, dévoilant des perspectives
de gloire inimaginable en réserve pour l'humanité :
L'érection de cet édifice (Bâtiment des Archives baha'ies internationales) deviendra
à son tour le signe avant-coureur de la construction, au cours d'époques successives
dans l'Âge de formation de la Foi, de plusieurs autres structures, qui serviront
comme sièges administratifs d'institutions divinement nommées, comme le Gardiennat,
les Mains de la Cause et la Maison Universelle de Justice. Ces édifices, ayant
la forme d'un arc tendu, et suivant un style d'architecture harmonieux, entoureront
les dernières demeures de la Très Sainte Feuille, dont le rang est le plus élevé
parmi les membres féminins de la Dispensation baha'ie ; de son Frère, offert en
rançon par Baha'u'llah pour la vivification du monde et son unification ; et de
leur Mère, proclamée par Lui comme étant Son élue "Son Épouse dans tous les mondes
de Dieu". L'achèvement final de cette entreprise prodigieuse marquera le point
culminant du développement d'un Ordre administratif mondial divinement nommé dont
les origines peuvent être retracées aussi loin que les dernières années de l'Âge
Héroïque de la Foi.
Ce vaste et irrésistible processus, sans pareil dans l'histoire spirituelle de
l'humanité, et qui synchronisera avec deux développements non moins significatifs
- l'établissement de la Paix mineure et l'évolution des institutions baha'ies
locales et nationales - l'une à l'extérieur et l'autre à l'intérieur du monde
baha'i - atteindra son aboutissement final, à l'Âge d'Or de la Foi, lorsque sera
hissée la bannière de la Paix majeure. Et, l'apparition, dans la plénitude de
son pouvoir et de sa gloire, du Centre des agences constituant l'Ordre Mondial
de Baha'u'llah. L'établissement final de ce siège du futur Commonwealth Baha'i
mondial sera le signal de la proclamation de la souveraineté du Fondateur de notre
Foi et l'avènement du royaume du Père plusieurs fois loué et promis par Jésus-Christ.
À son tour, cet ordre mondial, au cours des dispensations successives du Cycle
baha'i, portera ses plus beaux fruits par la naissance et la floraison d'une civilisation,
divinement inspirée, unique en ses traits, englobant le monde dans son étendue
et fondamentalement spirituelle dans son caractère. Une civilisation destinée
en se développant, à tirer son impulsion première de l'esprit animant les mêmes
institutions, qui, dans leur état embryonnaire, se manifestent au sein de l'actuel
Âge de Formation de la Foi.( Messages to the Baha'i World pp 74-5)