Médiathèque baha'ie

Lire le Coran avec un autre regard
afin d'en saisir des contenus essentiels

Dr Arashimidos Monjazeb
Traduction par Aïcha Benmamar


Table des matières

Préface
Messager et/ou prophète
Un processus continu
Mohammed et ses enseignements
Les concepts de la vie après la mort, de la résurrection et du jour du jugement dernier
Le jour de la résurrection pour une communauté

Voir aussi le texte du Coran

Remerciements

Travailler sur ce manuscrit, qui a démarré il y a environ deux ans, s'est avéré être non seulement un défi et une joie, mais encore un acte d'adoration. Ceux, qui se permettent d'être des chercheurs de nouvelles idées, ou bien s'interrogent sur de nouvelles perspectives, ou sont en quête de nouvelles réalités qui se situent au-delà de leur environnement immédiat, comprennent ce que j'entends par des sentiments de joie et d'amour lesquels évoluent dans le cadre d'un projet, certes critique, mais pour autant dynamique.

Ceux qui m'ont soutenu et encouragé dans cette démarche sont nombreux. Ils font partie de la catégorie de mes proches comme mon épouse, mes parents, mais ils représentent aussi de simples relations jusqu'à la catégorie de chercheurs, d'amis, de collègues. Je suis, tout particulièrement reconnaissant à certains amis de longue date qui ont participé à la direction, au développement et à la révision de mes notes dont le résultat est la version actuelle.

Néanmoins, je dirais qu'il s'agissait, en définitive, et j'en suis certain, d'une inspiration et d'une assistance divines qui m'ont continuellement motivées non seulement pour entreprendre ce projet, mais surtout pour le mener à bien sans anxiété ni doute.


Préface

L'histoire récente des conflits, qui se sont élevés au sein d'un certain nombre de nations issues de différentes régions du monde, a révélé qu'un bon nombre desdits conflits sont nés à partir d'inimitiés fanatiques. Il ne s'agit pas d'ignorer les raisons économiques, nationales ou historiques qui accentuent régulièrement ces conflits souvent sanglants ; mais le fait est que dans divers endroits, tels que le Moyen Orient, la Bosnie, l'Irlande du Nord, les Philippines, l'Inde ; et de même qu'au sein de traditions religieuses soudanaises voire également de haines sectaires, tous ces facteurs jouent un rôle important lorsqu'il s'agit d'attiser les feux de la guerre.

Au cours des deux dernières décennies, tandis que nous passons en revue l'attention extrême avec laquelle les médias occidentaux ont couvert la situation du Moyen Orient, nous constatons que ces derniers ont identifié des groupes appelés musulmans, et dépeint ceux-ci comme des entités coupables et responsables de nombreux conflits associés non seulement au Moyen Orient mais encore à d'autres régions. Cette caractérisation négative des musulmans, et donc de l'Islam a fabriqué une image peu flatteuse de cette ancienne religion monothéiste dans l'esprit de beaucoup de gens à travers le monde entier. En conséquence, il a été facile, pour les médias à tous les niveaux et en Occident en particulier, de s'emparer de cette religion et de ses disciples pour montrer leur devoir religieux et de mettre ainsi en lumière leurs défauts justifiés ou non.

Influencé par les représentations continues et négatives de l'image de l'Islam, et du fait de mon expérience personnelle peu gratifiante dans les pays musulmans, j'ai, moi aussi, fini par avoir des sentiments ambivalents au sujet de cette religion. J'ai été bien souvent déstabilisé et plus ou moins conscient des conflits qui pouvaient surgir entre la pratique apparente de ces défenseurs islamiques et d'une petite minorité qui témoignaient et pratiquaient leur foi. Il y avait, en l'occurrence, des exemples flagrants du non respect de la vie humaine telle quelle soit à l'égard d'amis tout comme à l'égard d'ennemis ; il y avait notamment le cas du père et de la mère (au Michigan) qui ont découpé leur fille adolescente en morceaux car ils la soupçonnaient d'avoir pu commettre un adultère ; ou encore que penser du massacre de milliers de garçons qui, pendant la guerre Irano-Iraquienne, avaient été encouragés par leur clergé à courir au milieu de champs de mine en quête de paradis ?

Malheureusement, nous pouvons fournir une longue liste d'atrocités perpétrées au nom de la religion au cours de l'histoire récente, cependant mon propos dans ce cadre consiste à expliquer que parvenu à un certain stade de la réflexion, j'ai fini par comprendre que l'Islam a souvent été considérée comme l'une des trois grandes religions monothéistes, et en tant que telle, elle doit contenir une réalité intrinsèque qui n'a pas été perçue en raison de tout le matraquage négatif et médiatique qui s'est fait autour de cette religion. Au vu de ces éléments, je suis parvenu à la conclusion que les enseignements du prophète Mohammed n'auraient pas pu se propager et résister aux épreuves du temps.

J'ai, par conséquent, décidé d'entreprendre une analyse, de ma propre initiative et de façon méthodique sur la source centrale de l'Islam qui est le Coran. L'un de mes professeurs, lors d'un cours de recherche analytique, me disait souvent : "Si vous avez un doute, aller directement à la source ". Ceci s'est révélé être un conseil judicieux à mon niveau lorsque j'ai voulu chercher personnellement les enseignements d'une religion pour laquelle j'avais des sentiments ambivalents. Parmi les choix qui s'offraient à moi au niveau des versions traduites en langue anglaise, j'ai trouvé l'ouvrage, " The Meaning of the Glorious Quran " de Marmaduke and Ricktall, très utile. J'ai également reçu l'assistance d'amis pour la lecture et la compréhension de la version arabe. Je me suis aussi référé à la traduction persane du Coran. En définitive, j'ai lu la plupart de ces livres sept fois, et plusieurs chapitres plusieurs fois encore.

J'ai tenté de lire et de comprendre ce livre sacré en laissant de côté toutes mes notions préconçues ; je me suis constamment répété que la révélation divine ne peut pas être jugée par les mauvaises actions d'une poignée de prétendus disciples ; qu'il était injuste de peindre tout et tout le monde à l'aide d'un large pinceau. Ce qui suit est ma propre compréhension des enseignements fondamentaux du Coran.


MESSAGER ET/OU PROPHETE

Lorsque nous examinons l'histoire des plus grandes religions, nous apprenons, qu'à certains moments dans la chronologie du temps, les adeptes de chaque religion ont fini par considérer leur religion et son fondateur comme uniques dans la révélation divine. En d'autres termes, chaque religion en vient à se voir comme la plus complète, et celle qui est choisie pour toutes les époques comme étant la foi finale et définitive révélée par Dieu aux hommes. Ce phénomène peut bien sûr être observé à partir de la manière particulière avec laquelle les chrétiens, les juifs, ou les musulmans considèrent leur religion et eux-mêmes. Et même antérieurement à ces religions mondiales, à l'époque de Moïse, ceux qui croyaient aux enseignements de Joseph, refusaient d'accepter avec empressement la révélation de Moïse, ils prétendaient qu'aucun autre éducateur n'apparaîtrait après Joseph. En vérité les fondateurs de ces religions ont en effet souligné l'unicité de leurs révélations et de leurs enseignements destinés à leurs disciples. Dans le Coran, par exemple, on fait référence au fait que Dieu a attribué le titre de " Peuple Elu " aux " Enfants d'Israël ". Des attributs plus ou moins similaires sont conférés aux chrétiens et aux musulmans eux-mêmes.

Dans le cadre historique au sein duquel ces révélations sont apparues, leurs disciples sont, pratiquement, le peuple élu à qui Dieu a dévoilé son message et ses enseignements. Cependant, ces révélations ont été attribuées pour un temps déterminé, comme l'ont énoncé les écritures en se référant à l'avènement d'un autre éducateur à venir. En conséquence, la majorité des religions du monde attendent l'apparition d'un nouveau messager, parce que c'est la promesse qui leur a été faite. C'est le cas en l'occurrence pour le Bouddhisme, le Judaïsme, l'Hindouisme, le Christianisme et l'Islam.

Etant donné que dans cette étude, nous nous intéressons au Coran [NDT: " Le Saint Coran " d'après la traduction de Muhammed Hamidullah] ainsi qu'aux enseignements et interprétations s'y rapportant, nous ferons donc remarquer que dans les autres religions mentionnées ci-dessus, il y a eu des problèmes et des difficultés suscités par la compréhension de la nature et de l'apparition d'un nouvel éducateur. Une raison particulière est due au malentendu qui résulte de l'usage des termes " messager " et " prophète " utilisés dans le Coran et qui se rapportent à la venue d'un nouveau messager.

Il existe deux expressions dans le Coran qui sont employées pour décrire des intermédiaires divins : messager (rasoul) [NDT: rasul - en arabe] et prophète (nabi). Malheureusement, la distinction entre ces deux rangs ou stations n'est pas très claire pour la plupart des gens.
En parcourant le Coran, nous allons nous apercevoir que ces deux expressions ne représentent pas le même statut. Par exemple, dans la Sourate 22-verset 52, nous lisons que Dieu dit : " Nous n'avons envoyé, avant toi, ni Messager ni Prophète qui n'ait récité (ce qui lui a été révélé) sans que le Diable n'ait essayé d'intervenir [pour semer le doute dans le coeur des gens au sujet] de sa récitation... " Nous constatons dans ce passage que Dieu fait une distinction entre les deux mots en citant prophète ou un messager.

De plus, dans la Sourate 3, " La Famille d'Imran " - verset 81, nous avons : " Et lorsque Dieu prit cet engagement des prophètes: "Chaque fois que Je vous accorderai un Livre et de la Sagesse, et qu'ensuite un messager vous viendra confirmer ce qui est avec vous, vous devez croire en lui, et vous devrez lui porter secours... " Il est parfaitement clair que le terme " messager " possède un rang plus élevé que celui de " prophète ". Comme vous le constatez dans cet extrait les prophètes sont envoyés pour assister les messagers.

Lorsque Dieu fit venir Moïse pour être Son messager, celui-ci demanda à Dieu d'accorder à son frère Aaron le titre d'assistant. Dans la Sourate 25, verset 35, nous lisons : " En effet, Nous avons apporté à Moïse le Livre et lui avons assigné son frère Aaron comme assistant." Dans le verset 104 de la Septième Sourate, nous avons : " Et Moïse dit: "ô Pharaon, je suis un Messager de la part du Seigneur de I'Univers." Comparez ces deux derniers versets et voyez si le terme messager est synonyme de prophète.

Dans la Septième Sourate, verset 142, il est révélé : " Et Nous donnâmes à Moïse rendez-vous pendant trente nuits, et Nous les complétâmes par dix, de sorte que le temps fixé par son Seigneur se termina au bout de quarante nuits. Et Moïse dit à Aaron son frère: "Remplace-moi auprès de mon peuple, et agis en bien, et ne suis pas le sentier des corrupteurs. " Puis, dans la Sourate 28, verset 34 Moïse demande à Dieu : " [...] Envoie-le donc avec moi comme auxiliaire... ". D'après les deux derniers versets, ne nous semblerait-il pas juste d'admettre que le prophète est l'assistant du messager ?

En outre, nous trouvons dans la Sourate Marie (19), verset 53 : " Et par Notre miséricorde, Nous lui donnâmes Aaron son frère comme prophète. " Ainsi, nous remarquons que Moïse était le messager et Aaron était le prophète.

Dans la Deuxième Sourate " La Vache " (2), versets 246 et 247, nous lisons : " N'as-tu pas su l'histoire des notables, parmi les enfants d'Israël, lorsqu'après Moïse ils dirent à un prophète à eux..." Ainsi, après Moïse, le messager, ils avaient un prophète. " Et leur prophète leur dit: "Voici que Dieu vous a envoyé Talut pour roi." [NDT Saul traduit par " Talut " dans la traduction arabe " Le Saint Coran " de Muhammed Hamidullah]

Après Moïse, il y eut de nombreux prophètes et un messager (Le Christ). Beaucoup de prophètes ont été tués et, selon le Coran, dans la Sourate 4, verset 155 et 157, nous constatons encore une fois la différence qui existe entre les deux stations : " (Nous les avons maudits) à cause de leur rupture de l'engagement, leur mécréance aux révélations de Dieu, leur meurtre injustifié des prophètes... " Nous observons qu'ici le mot prophète est conjugué au pluriel. Il est aussi rapporté que : " [...] et à cause de leur parole: "Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager de Dieu... ". Ainsi, de toute évidence Jésus est reconnu en qualité de messager et n'appartient pas à la catégorie des autres prophètes qui ont été mis à mort.

Pour explorer davantage la différence qui est faite entre ces deux expressions, nous pouvons nous reporter à la Sourate 5, verset 44 : " Nous avons fait descendre la Thora dans laquelle il y a guide et lumière C'est sur sa base que les prophètes qui se sont soumis à Dieu, ainsi que les rabbins et les docteurs jugent les affaires des Juifs... ". Ainsi, ceux, qui après la venue de Moïse ont été jugés par les juifs, étaient des prophètes.

En outre, dans la troisième Sourate, verset 39, lorsque Zacharie demande un enfant à Dieu : " Alors, les anges l'appelèrent pendant que, debout, il priait dans le Sanctuaire: "Voilà que Dieu t'annonce la naissance de Yahya, confirmateur d'une parole de Dieu. Il sera un chef, un chaste, un prophète et du nombre des gens de bien" [NDT: Yahya se réfère à Jean Le Baptiste dans le Nouveau Testament - NDT]. Donc, dans ce passage, Jean est clairement reconnu comme un prophète et sa tâche est de confirmer la parole de Dieu. Jean est bien sûr venu pour préparer le peuple à la l'apparition de Jésus, le messager.

Dans la même Sourate, au verset 49, en référence au Christ, il est rapporté : " et Il sera le messager aux enfants d'Israël.. ".

Maintenant, dans le Coran, Dieu se réfère à Mohammed comme un messager à travers différentes sourates. Par exemple, dans la deuxième Sourate, au verset 252, nous avons : " Voilà les versets de Dieu, que Nous te (Mohammed) récitons avec la vérité. Et tu es, certes parmi les Envoyés ". Nous pourrions aisément trouver de telles déclarations et allusions dans le Coran, mais nous ne pouvons pas les mentionner toutes car ce n'est pas l'objectif de ce chapitre. Pourtant, les exemples cités ci-dessus nous fournissent heureusement certaines notions et concepts nous permettant de progresser dans notre analyse afin de saisir les rangs d'un messager et d'un prophète tels qu'ils sont rapportés dans le Livre Saint.

Pour conclure, nous pouvons nous référer au verset 40 de la Sourate Les Coalisés :
" Mohammed n'a jamais été le père de l'un de vos hommes, mais le messager de Dieu et le dernier des prophètes. Dieu est Omniscient ". Nous avons manifestement ici l'utilisation de deux mots " messager " et " prophète " qui se réfèrent à Mohammed, et, plus important, c'est qu'il est considéré comme le sceau mais non pas de la figure centrale des messagers mais plutôt au sens de la figure moindre issue de la lignée des prophètes.

La question cruciale à se poser à ce stade de la réflexion c'est de savoir si Dieu, a envoyé ou non, en réalité, des messagers à l'humanité. Le peuple de l'Islam considère que Dieu a envoyé le Coran et qu'à travers le contenu de son message sacré, l'accent est mis sur l'éducation, au même titre que la connaissance et la compréhension. Dans la Sourate 7, verset 52, il est stipulé : " Nous leur avons, certes, apporté un Livre que Nous avons détaillé, en toute connaissance, à titre de guide et de miséricorde pour les gens qui croient ".

La première chose qui est mentionnée ici c'est la connaissance ; par conséquent, nous ne pouvons pas et ne devrions pas accepter des idées qui ne cadrent pas avec la logique, la compréhension et le bon sens. Nous devrions éviter de parler d'un sujet dont nous ne sommes pas sûrs. Nous pouvons nous demander si le fait de croire qu'il n'y aura jamais plus de révélations émanant de Dieu et suscitées sous la forme de messagers est vraiment une conclusion logique. Et de quelle manière évidente pourrions-nous en être certain ? Quel est le fondement de notre croyance ? Comment l'antériorité des faits historiques peut-elle nous aider dans notre exploration ? Que nous dit notre " compréhension " ?

Dans la Sourate 18, verset 5, nous sommes avertis de : "Ni eux ni leurs ancêtres n'en savent rien. Quelle monstrueuse parole que celle qui sort de leurs bouches! Ce qu'ils disent n'est que mensonge ". Ainsi parler de quelque chose sans la comprendre est un acte " monstrueux ". Ceci est un conseil qui a été prodigué par d'autres éducateurs religieux à leurs disciples, avec comme objectif essentiel d'apporter un enseignement divin qui puisse élever à la fois l'intelligence et le progrès intellectuel par opposition aux superstitions et à l'ignorance.

Cependant, la question capitale est de comprendre pourquoi Dieu envoie des messagers aux êtres humains. Lorsque Dieu a placé Adam et Eve sur terre, Il leur a promis de les guider. Dans la seconde Sourate, verset 38, nous avons : " - Nous dîmes: "Descendez d'ici, vous tous! Toutes les fois que Je vous enverrai un guide, ceux qui [le] Suivront n'auront rien à craindre et ne seront point affligés". Ainsi, les êtres humains ont besoin d'être guidés et Dieu est le seul pourvoyeur.

Il existe un bon nombre d'affirmations dans le Coran où Dieu manifeste clairement qu'Il tiendra sa promesse et que rien ne saurait altérer Sa volonté. Dans la Sourate 48, au verset 22, Dieu parle de ceux qui ne seront pas protégés à cause de leur incroyance en Dieu, et le prochain verset déclare : " Telle est la règle de Dieu appliquée aux générations passées. Et tu ne trouveras jamais de changement à la règle de Dieu ".

Une des lois de Dieu est d'envoyer des messagers qui guident ; or Il a crée les êtres humains sur cette terre et leur a promis Son soutien. Mais comment et sous quelle forme recevons nous cette assistance ? La recevons-nous chacun à travers nos propres pôles de réception ? C'est ce qu'ont cru pratiquement toutes les religions du monde. Bien sûr, les révélations divines et ses enseignements nous sont transmis par le canal de Ses messagers. Dieu ne Se révèle pas à nous directement, mais plutôt par le biais des instruments qu'Il détermine afin que ceux-ci soient Ses porte-paroles.

En l'occurrence, dans la Sourate 5, versets 92 et 99, nous entendons Dieu dire à Mohammed que sa tâche consiste à avertir l'humanité : " Il n'incombe au Messager que de transmettre (le message) ". Ou encore la Sourate 22, verset 49 qui stipule que : " Dis "ô hommes! Je ne suis pour vous, en vérité, qu'un avertisseur explicite."

En même temps, Dieu est le Miséricordieux et le Clément, et Il désire que nous en soyons conscients. Par conséquent, Il nous informe qu'à travers ses messagers nous pouvons rechercher le pardon. Dans la Sourate " Les Femmes " (4), verset 64, Il dit : " Nous n'avons envoyé de Messager que pour qu'il soit obéi, par la permission de Dieu. Si, lorsqu'ils ont fait du tort à leurs propres personnes ils venaient à toi en implorant le pardon de Dieu et si le Messager demandait le pardon pour eux, ils trouveraient, certes, Dieu, Très Accueillant au repentir, Miséricordieux ". Ainsi, naturellement aussi longtemps qu'il y a des êtres humains imparfaits, nous avons besoin de la miséricorde divine et pour la recevoir nous devons obéir à Ses messagers. Or, Sa miséricorde à notre égard est la porte qu'Il laisse ouverte afin que nous puissions nous tourner vers Lui et solliciter Son pardon.

Désormais, nous pouvons admettre que Mohammed a accompli sa mission et qu'il a apporté la " lumière " (stipulée dans la Sourate 33, verset 46) : " appelant (les gens) à Dieu, par Sa permission; et comme une lampe éclairante " - et qu'il n'est plus jamais nécessaire d'avoir un autre messager. Cette déduction pourrait sembler vraiment logique et acceptable à condition que les enseignements d'un messager et les qualités morales des générations suivantes ne soient pas corrompus. Malheureusement, l'histoire humaine, nous a montré que dans toutes les circonstances, le message, l'esprit et le but premier d'une religion divinement révélée ont été altérés et ont reçu un contenu coloré par des interprétations humaines.

Mohammed lui-même semble avoir accepté cette idée, car dans la Sourate 3, verset 144, il est dit : " Mohammed n'est qu'un messager - des messagers avant lui sont passés -. S'il mourait, donc, ou s'il était tué, retourneriez-vous sur vos talons? ...". Ainsi, clairement, Mohammed, le messager, est conscient qu'après son départ - en raison de l'état d'ignorance humaine et des préjugés, des changements surviendront et que par voie de conséquence, l'apparition d'un nouvel " avertisseur " s'avérera nécessaire. Ainsi, est-il acceptable de croire qu'après Mohammed, lorsque l'essence de ses enseignements aura été en fin de compte altérée et changée, Dieu nous abandonnera à cause de notre attitude et de notre incroyance en qualité d'infidèles ? Est-il vraisemblable qu'Il nous laisse avec nos fausses idées et nos perversions ?

En guise de réponse, nous pouvons nous référer à la Sourate " La Famille d'Imran ", verset 179, qui déclare : " Dieu n'est point tel qu'Il laisse les croyants dans l'état où vous êtes jusqu'à ce qu'Il distingue le mauvais du bon. Et Dieu n'est point tel qu'Il vous dévoile l'Inconnaissable. Mais Dieu choisit parmi Ses messagers qui Il veut. Croyez donc en Dieu et en Ses messagers ". Examinons ce verset et passons en revue les promesses faites par Dieu :

* Il ne nous laissera pas dans notre état actuel
* Il nous fera connaître l'inconnaissable
* Il choisira un messager pour recevoir cette connaissance
* Il séparera les mauvais des bons

Afin de tenir les engagements ci-dessus, Il a promis de nous envoyer des messagers. C'est le dessein de l'intervention divine qui consiste à fournir à l'homme l'assistance et la connaissance de manière progressive et de ne pas l'abandonner à ses vaines illusions. L'homme n'est pas capable de connaître Dieu directement ; mais seulement à l'aide de l'intervention divine par le biais de ses intermédiaires. Dans la Sourate 3, verset 179, il est expliqué " Et Dieu n'est point tel qu'Il vous dévoile l'Inconnaissable. Mais Dieu choisit parmi Ses messagers qui Il veut ".

Par conséquent, nous aimerions savoir à quoi ressemble " l'Inconnaissable " et ce que représente la " connaissance " de Dieu. Dans la Sourate 18, verset 109, nous découvrons que Sa connaissance est au-delà de notre imagination : "Dis: "Si la mer était une encre [pour écrire] les paroles de mon Seigneur, certes la mer s'épuiserait avant que ne soient épuisées les paroles de mon Seigneur, quand même Nous lui apporterions son équivalent comme renfort". Et plus loin, dans la Sourate 31, verset 27, nous lisons : " Quand bien même tous les arbres de la terre se changeraient en calames [plumes pour écrire], quand bien même l'océan serait un océan d'encre où conflueraient sept autres océans, les paroles de Dieu ne s'épuiseraient pas. Car Dieu est Puissant et Sage ". Puisque maintenant nous sommes conscients qu'il existe des océans de connaissances divines, nous sommes à même de concevoir que nous n'avons recueillis seulement que quelques gouttes de cet océan infini.

Nous ne pouvons pas croire que Dieu nous ait envoyé tout ce qu'Il veut que nous apprenions. Comme mentionné précédemment, Il désire également que nous soyons informés sur l'invisible. Dans " Al-Hajar ", verset 21, nous avons : " Et il n'est rien dont Nous n'ayons les réserves et Nous ne le faisons descendre que dans une mesure déterminée." Deux points s'éclaircissent à partir de ce verset :

1. Dieu a beaucoup de choses en réserves pour nous, et
2. Il ne nous dévoile pas tout en même temps ; dans la Sourate 6, au verset 67, par exemple, il est expliqué : " Chaque annonce arrive en son temps et en son lieu. Et bientôt vous le saurez. " Par conséquent, Il nous donne qu'une seule part à la fois. Comment procède-t-Il, et qui nous transmet cette connaissance ?

Nous sommes ici sur terre pour développer notre connaissance de Dieu et apprendre la sagesse qui est enchâssée dans les écritures. Sommes-nous capables d'y parvenir sans l'assistance que nous donnent les messagers ? Dans la Sourate " La Vache ", au verset 151, il est dit : " Ainsi, Nous avons envoyé parmi vous un messager de chez vous qui vous récite Nos versets, vous purifie, vous enseigne le Livre et la Sagesse et vous enseigne ce que vous ne saviez pas. " A partir de cette affirmation, nous prenons conscience de ce que représentaient les fonctions de Mohammed, lorsque Dieu s'adressait au peuple arabe. Sommes-nous en mesure d'admettre, que nous autres, êtres humains, avons désormais acquis toute la sagesse et ainsi sommes instruits de ce vaste océan que représente la connaissance divine ? En examinant les troubles et les dissensions qui agitent encore la société humaine, qui pourrait vraiment répondre à cette question par l'affirmative ?

Une étude comparative des religions du monde nous montre que tous les messagers sont venus compléter les messagers antérieurs. Tandis que les juifs n'avaient pas saisi la véritable signification de l'Ancien Testament, Dieu leur dit dans la Sourate 5, " La table est servie ", aux versets 15 et 19 : " ô gens du Livre! Notre Messager (Mohammed) vous est certes venu, vous exposant beaucoup de ce que vous cachiez du Livre, et passant sur bien d'autres choses! Une lumière et un Livre explicite vous sont certes venus de Dieu ! " " Ô gens du Livre! Notre Messager (Mohammed) est venu pour vous éclairer après une interruption des messagers afin que vous ne disiez pas: "Il ne nous est venu ni annonciateur ni avertisseur". Voilà, certes, que vous est venu un annonciateur et un avertisseur. Et Dieu est Omnipotent. "

A la lumière de ces versets, nous pouvons en conclure que Mohammed est venu au peuple juif pour :
1) expliquer le Livre (La Torah) et apporter la lumière ;
2) les réconforter ;
3) et les prévenir. Nous devrions constater aussi que le messager est apparu après " une interruption des messagers. " Donc ceci est la promesse et l'alliance que Dieu a faites à l'humanité.

Encore une fois, nous devrions nous demander, n'avons-nous pas besoin d'un " avertisseur " dans notre contexte historique actuel ? Avons-nous reçu de Dieu l'intégralité " des Livres " et Son dessein pour l'humanité ? N'avons-nous plus besoin d'un autre messager qui révèle les plans de Dieu dans un langage clair et manifeste ? Pouvons-nous prétendre que nous comprenons véritablement le Coran, et que celui-ci est révélé dans un langage suffisamment simple si bien que nous n'ayons pas besoin d'un autre éducateur pour nous guider ?

Dans la Sourate 5 au verset 9, la venue de Mohammed est mentionnée comme une lumière émanant de Dieu, et également la Sourate 33 verset 46 indique que c'est une lampe qui donne la lumière. Notre monde est-il si éclairé et a-t-il atteint un tel degré spirituel qu'aucune autre lumière ne soit à même de le guider ou de l'illuminer ?

Dans la troisième Sourate, verset 7, nous avons cet éclairage : " C'est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre: il s'y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d'autres versets qui peuvent prêter à d'interprétations diverses. Les gens, donc, qui ont au coeur une inclination vers l'égarement, mettent l'accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n'en connaît l'interprétation, à part Dieu." Ainsi comme il est fait remarqué dans ce verset, pouvons-nous déclarer véritablement que nous comprenons le Coran ? S'il existe des aspects dont nul ne peut comprendre les explications hormis Dieu, aussi pourquoi les a-t-Il révélées ? N'était-ce pas le cas lorsque Mohammed est venu pour clarifier et expliquer leurs écritures au peuple juif ? Il est peut-être temps maintenant pour que les croyants recherchent un messager qui pourrait faire la même chose pour le Coran. Dans les traditions coraniques, il y a toujours eu des allusions faites aux futurs interprètes qui viendront dévoiler les mystères du Coran. Les érudits tout comme les théologiens ont attendu fermement de telles manifestations, car ils ont parfaitement compris les promesses contenues dans les versets du Livre Sacré.

Dans le même ordre d'idées, nous pouvons constater, que dans le Coran, il existe un certain nombre de versets qui soulignent le fait que pour chaque communauté, il existe un temps décrété. Le mot " communauté" est souvent utilisé pour décrire les disciples d'une religion, puisque historiquement, c'était le mouvement religieux ou la culture qui a unifié un certain peuple pour en faire une seule communauté. Dans la Sourate, Al-Arafe, verset 33 Dieu révèle à Mohammed ce qu'il doit dire à son peuple et au verset 34, nous lisons : " Pour chaque communauté il y a un terme. Quand leur terme vient, ils ne peuvent le retarder d'une heure et ils ne peuvent le hâter non plus. "

Dans la Sourate 15, au verset 5, il est dit : " Nulle communauté ne devance son terme, ni ne le retarde ". Nous savons que Mohammed était originaire de l'Arabie et qu'il vécut au milieu du peuple arabe, et comme indiqué plus haut, il existe " un terme " ou une limite pour chaque communauté ; aussi est-il acceptable de considérer la révélation divine, qui est apparue à travers Mohammed, (en l'occurrence " le concept de la communauté créée par Mohammed) pour être la révélation finale ? Comment alors devrait être interprété le verset ci-dessus qui concerne chaque communauté et le terme qui lui est fixé ? La Sourate 10, verset 47 dit : " A chaque communauté un Messager. Et lorsque leur messager vint, tout se décida en équité entre eux et ils ne furent point lésés. " Ainsi une communauté est celle qui suit un messager. Comme il a été fait remarqué précédemment, une vue d'ensemble sur l'histoire des religions du monde démontrera que l'arrivée d'un messager, le dévoilement d'une nouvelle révélation, pour remplacer les anciennes, font partie d'un processus continu, un processus qui n'avait pas de barrières spatio-temporelles. Pouvons-nous concevoir que ce plan divin se soit interrompu brutalement ?

Dans la Sourate 16, au verset 101, nous lisons : " Quand Nous remplaçons un verset par un autre. " Nous pourrions désirer connaître le terme d'une révélation. Dans la Sourate 13, au verset 39 nous avons : "Dieu efface ou confirme ce qu'Il veut et l'Ecriture primordiale est auprès de Lui ". Ainsi Dieu est la source des religions et c'est Lui qui les établit.

Dans la Sourate 13, verset 38, nous lisons : " Et nous avons certes envoyé avant toi des messagers, et leur avons donné des épouses et des descendants. Et il n'appartient pas à un Messager d'apporter un miracle, si ce n'est qu'avec la permission de Dieu. Chaque échéance à son terme prescrit. " Par conséquent, Dieu remplace chaque communauté par une autre communauté lorsque le temps en est fixé, et chaque messager apporte la part que Dieu lui a assignée afin que celle-ci soit révélée à l'humanité.

Au verset 5 " La Prosternation ", nous lisons : " Du ciel à la terre, Il administre l'affaire, laquelle ensuite monte vers Lui, un jour équivalent à mille ans de votre calcul. " Nous pouvons, donc, déclarer que la longueur de l'ordonnance divine, ou de la religion, se mesure aux alentours de mille ans.

Une explication plausible, en relation avec l'avènement de ces révélations à intervalles réguliers, prouve qu'avec le temps qui s'écoule au fur et à mesure que l'homme reçoit les enseignements divins conçus pour une époque, celui-ci est ainsi mieux préparé pour accueillir l'arrivée de la prochaine révélation. Dieu désire que l'humanité soit exposée aux mystères divins inaccessibles et à ses révélations, mais ceci doit se dérouler de manière progressive et à intervalle.

Dans la Sourate 23, par exemple, il y a 7 versets qui traitent du thème se rapportant aux intervalles qui se mesurent sur une échelle de plus ou moins 1000 ans entre des révélations successives. Dans ce cas de figure, Dieu s'entretient avec Mohammed à propos de Noé et des raisons pour lesquelles son peuple ne l'a pas accepté, et qu'après Noé d'autres messagers lui ont succédé et que ceux-ci n'étaient pas non plus acceptés par leurs peuples. Ce groupe de personnes vécut sur une échelle de 1000 ans. Un examen des versets de la Sourate 23 nous montre ce qui suit : " Puis après eux Nous avons créé d'autres générations ". " Nulle communauté ne peut avancer ni reculer son terme ". : v. 42-43. " Ensuite, Nous envoyâmes successivement Nos messagers... " : v.44 : " Il dira: "Combien d'années êtes-vous restés sur terre?" " Ils diront: "Nous y avons demeuré un jour, ou une partie d'un jour. Interroge donc ceux qui comptent. " : v.112.113 " ...Cependant, un jour auprès de ton Seigneur, équivaut à mille ans de ce que vous comptez. " : Sourate 22 v.47. Ces versets affirment davantage le fait que l'intervalle qui sépare la venue des messagers successifs se mesure sur une échelle de 1000 ans, et parfois moins.

En complément de ce qui précède, nous pouvons observer que les traditions islamiques nous informent sur les enseignements sociaux et sur les lignes directrices transmis par le Coran et qui sont sujets au changement. Qui peut apporter ces changements hormis un messager ? Nous lisons dans la Seconde Sourate, au verset 106 : " Si Nous abrogeons un verset quelconque ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur, ou un semblable. Ne sais-tu pas que Dieu est Omnipotent? "

Dieu, par conséquent, va opérer des changements et remplacer ce qui avait été apporté dans les révélations divines précédentes par de" meilleurs " versets. Et qui est compétent pour administrer ces changements ? Dans la Sourate 22, versets 33 et 34, nous avons : " De ces bêtes-là vous tirez des avantages jusqu'à un terme fixé; puis son lieu d'immolation est auprès de l'Antique Maison ". Nous devrions noter l'utilisation de l'expression " terme fixé " qui se rapporte à la validité de la période indiquée par les lois et les traditions coraniques ; par la suite ces lois sont abrogées afin d'en recevoir de nouvelles. Et de cette manière, nous sommes guidés vers la " Demeure Sainte".

Nous pouvons convenir que ces enseignements sont transmis pour un temps donné (peut-être jusqu'à 1000 ans), et qu'ensuite nous devons aller à la " Demeure Sainte " (la Kabah) pour y recevoir une nouvelle ordonnance. Il est important de signaler, que dans le Coran, nous n'avons jamais vu l'utilisation du temps conjugué au passé lorsque Dieu s'entretient avec les messagers. Dans toute cette catégorie de versets le temps employé est le présent-futur (le présent représentant le futur).
Passons maintenant brièvement en revue les Sourates et les versets appropriés pour acquérir une meilleure compréhension de la direction et des prophéties qu'ils contiennent en termes de changements et de l'avènement de ceux qui avertiraient l'humanité : La Sourate " Les Abeilles ", verset 2 : " Il fait descendre, par Son ordre, les anges, avec la révélation, sur qui Il veut parmi Ses serviteurs: "Avertissez qu'il n'est d'autre divinité que Moi. Craignez-Moi donc."

La Sourate 22, verset 75 : " Dieu choisit des messagers parmi les anges et parmi les hommes. Dieu est Audient et Clairvoyant. " La Sourate 40, verset 15 : " Il est Celui qui est élevé aux degrés les plus hauts, Possesseur du Trône, envoie par Son ordre l'Esprit sur celui qu'Il veut parmi Ses serviteurs, afin que celui-ci avertisse du jour de la Rencontre. " La Sourate 42, verset 51 : " Il n'a pas été donné à un mortel que Dieu lui parle autrement que par révélation, ou de derrière un voile, ou qu'Il [lui] envoie un messager (Ange) qui révèle, par Sa permission, ce qu'Il [Dieu] veut. Il est Sublime et Sage ".

Pour clore ce chapitre, référons nous au verset 35 de la Sourate " Al A'Raf " : " ô enfants d'Adam! Si des messagers [choisis] parmi vous viennent pour vous exposer Mes signes, alors ceux qui acquièrent la piété et se réforment, n'auront aucune crainte et ne seront point affligés ". En expliquant davantage que le rapport révélateur que Dieu entretient avec l'homme s'effectue sous la forme d'un processus continu, nous pourrions également considérer la Sourate 44, dans laquelle nous lisons : Nous l'avons fait descendre en une nuit bénie, Nous sommes en vérité Celui qui avertit... " " C'est là un commandement venant de Nous. C'est Nous qui envoyons [les Messagers]. " (versets 3-5). Nous devrions par conséquent mesurer le sens par lequel Dieu indique qu'Il est " Celui qui avertit " et que " C'est Nous qui Envoyons " toujours le contrat ; qu'il s'agit de Sa relation qui ne saurait être interrompue. Nous avons créé, au-dessus de vous, sept cieux. Et Nous ne sommes pas inattentifs à la création. " (Sourate 23, verset 17).

Ainsi, pour apprécier le caractère unique des explications relatives au processus continu expliquant pourquoi les révélations divines ne seront pas interrompues, nous pouvons terminer en faisant observer (Sourate 2, verset 143) que l'Islam et sa civilisation sont arrivés à une époque où il y avait des " communautés " avant et après son apparition : "Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins aux gens... "


UN PROCESSUS CONTINU

Afin de poursuivre notre étude portant sur la relation qui existe entre Dieu et l'homme et néanmoins sous un autre aspect, nous pouvons examiner le concept de la création de l'homme et inévitablement le but de cette création.

Selon le Coran, Dieu a crée l'homme à partir de l'argile et Lui a insufflé son propre esprit. Dans la Sourate 38, les versets 72 et 73 stipulent " ...Quand ton Seigneur dit aux anges: "Je vais créer d'argile un être humain "... " Quand Je l'aurai bien formé et lui aurai insufflé de Mon Esprit, jetez-vous! devant lui, prosternés". Cette forme de création est davantage révélée dans la Sourate 15, aux versets 28 et 29 ainsi que dans la Sourate 32 au verset 9. La création d'Adam, et la descendance de la race humaine, ont dû être précédées par une promesse et un but ; il ne s'agissait pas d'une fantaisie ou d'un accident. Comme mentionné au début du premier chapitre, la promesse que Dieu a faite à Adam, telle que la dévoile La Sourate 2, verset 38 , fut : " Nous dîmes: "Descendez d'ici, vous tous! Toutes les fois que Je vous enverrai un guide, ceux qui [le] Suivront n'auront rien à craindre et ne seront point affligés." Les messagers divins sont les instruments au moyen desquels Dieu transmet sa guidance. Nous pouvons donc supposer que la connaissance de Dieu et le développement spirituel des êtres humains sont les raisons sous-jacentes de la création.

Ainsi une promesse fut faite, nous aimerions éventuellement savoir alors si Dieu avait tenu sa promesse. Un coup d'oeil rapide sur l'histoire antérieure nous montre qu'il y a moins de cent ans les moyens de communication entre les nations, les cités, les villages, et les villes étaient extrêmement lents et par moments impossibles. Aussi, fallut-il des mois et des années pour que les messages ou les nouvelles soient transmises et se propagent. Par conséquent, si un groupe recevait " un message " ou un messager, un autre groupe vivant à une centaine de miles de là, n'aurait pas accès audit message pendant une très longue période. C'est pour cette raison, que nous pouvons soutenir, que Dieu a envoyé des messagers à différents endroits de la terre habitée, vers différentes communautés et tribus. Nous ne connaissons pas les noms, les lieux et la nature de toutes ces révélations. Aussi, dans la Sourate 4, au verset 164, Dieu dit à Mohammed : " Et il y a des messagers dont Nous t'avons raconté l'histoire précédemment, et des messagers dont Nous ne t'avons point raconté l'histoire... " Par conséquent, même Mohammed ne connaissait pas tous les messagers du passé. En utilisant le même symbole, le premier chapitre de l'Ancien Testament nous fournit une histoire minutieuse portant sur la révélation progressive ; et bien sûr le Coran accepte l'Ancien Testament comme une révélation divine : " Et sur toi (Muhammad) Nous avons fait descendre le Livre avec la vérité, pour confirmer le Livre qui était là avant lui et pour prévaloir sur lui... " (Sourate 5, verset 48).
Si les messagers ont été envoyés à l'humanité à travers l'histoire, nous pouvons admettre qu'il existe quelques liens entre eux. Aussi, cela mériterait que nous cherchions une trame commune qui s'est tissée entre les messagers que nous connaissons. Examinons en premier lieu Noé. Dans la Sourate 7, au verset 59, où il est dit : " Nous avons envoyé Noé vers son peuple. Il dit: "O mon peuple, adorez Dieu. Pour vous, pas d'autre divinité que Lui. Je crains pour vous: le châtiment d'un jour terrible".

Ici Noé parle d'un avertissement à l'égard de son propre peuple afin qu'il adore Dieu, mais il rencontra de l'opposition de la part des chefs de son peuple : dans la même Sourate, au verset 60, nous avons : " Les notables de son peuple dirent: "Nous te voyons dans un égarement manifeste", et le verset 64, affirme : " Et ils le traitèrent de menteur. Or, Nous le sauvâmes, lui et ceux qui étaient avec lui dans l'arche, et noyâmes ceux qui traitaient de mensonges Nos miracles ". A vrai dire, L'histoire de Noé fait intégralement partie des traditions judéo-chrétiennes.

Examinons maintenant le cas de Hud. Dans la Septième Sourate, au verset 65, il est mentionné : " Et aux 'Aad, leur frère Hud. " Ainsi, Hud était " un messager " qui a transmit un message similaire à celui de Noé à son propre peuple et dans sa propre langue. Le verset 50 de la Sourate 11 déclare : " (Il) leur dit: "ô mon peuple, adorez Dieu. Vous n'avez point de divinité à part Lui ". En dépit de l'invitation faite à son peuple pour qu'il se tourne vers Dieu, le peuple de Hud se souleva contre lui. Dans la Sourate 7, le verset 66 explique : " Les notables de son peuple qui ne croyaient pas dirent: "Certes, nous te voyons en pleine sottise, et nous pensons que tu es du nombre des menteurs ". Mais pourtant, Dieu intervint pour sauver Hud et ses disciples et détruisit le reste du peuple (Sourate 7, verset 72).

Un destin identique frappa un autre messager du nom de Salah. Le récit est rapporté dans la Sourate 7, au verset 73 quand Salah est désigné : " Et aux Tamud, leur frère Salih: "ô mon peuple, dit-il, adorez Dieu. Pour vous, pas d'autre divinité que Lui ". Salah fut également rejeté par son peuple (Sourate 11, versets 62-67).

Abraham, nettement plus réputé, fut un autre intermédiaire envoyé par Dieu et il incarne une figure emblématique révérée par les religions judéo-chrétienne et islamique. Il existe de nombreuses références coraniques se rapportant à cette figure patriarcale. Nous pouvons consulter quelques unes de ces citations afin d'éclaircir et d'apprécier le rang d'Abraham, tel qu'il a été mentionné par Mohammed, le messager récent. Dans la seconde Sourate, le verset 124 stipule : " [Et rappelle-toi,] quand ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certains commandements, et qu'il les eut accomplis, le Seigneur lui dit: "Je vais faire de toi un exemple à suivre pour les gens... " C'était la mission d'Abraham d'enseigner à son peuple l'unicité de Dieu. " (Rappelle-toi le moment) où Abraham dit à 'Azar, son père: "prends-tu des idoles comme divinités? Je te vois, toi et ton peuple, dans un égarement évident ! " (Sourate 6, verset 74).

Un aspect central de la mission d'Abraham, comme l'a exposé la perspective islamique, est sa visite à la Mecque. Dans la deuxième Sourate, le verset 125 explique : " [Et rappelle-toi], quand nous fîmes de la Maison un lieu de visite et un asile pour les gens - Adoptez donc pour lieu de prière, ce lieu où Abraham se tint debout - Et Nous confiâmes à Abraham et à Ismaël ceci: " Purifiez Ma Maison pour ceux qui tournent autour, y font retraite pieuse, s'y inclinent et s'y prosternent. "

Un certain nombre d'autres sourates relatent l'opposition que rencontra Abraham face à son peuple et aux dirigeants des royaumes dans lequel il vécut. En effet, Il fut condamné à mourir brûlé, mais Dieu intervint pour le sauver. A la même époque, Lot était également un messager dans une région avoisinante. Ce dernier fut aussi rejeté par son peuple et passible de mort, mais pourtant Dieu le sauva également. Se référant à la situation complexe de ces deux messagers, dans la Sourate 21, le verset 71 rapporte : " Et Nous le sauvâmes, ainsi que Lot, vers une terre que Nous avions bénie pour tout l'univers ". Nous pouvons constater qu'après avoir été sauvé par Dieu, Abraham séjourna et s'établit à la Mecque : " [...] la Maison (à la Mecque) un lieu de visite et un asile pour les gens... " (Sourate 2, verset 125). Depuis cette époque, et même antérieurement à l'arrivée de Mohammed, cet endroit a été un lieu saint pour pratiquer la dévotion et le pèlerinage.

Il est intéressant de découvrir que deux messagers (dans ce cas de figure Abraham et Lot) ont pu co-exister à la même période mais dans des régions différentes. Ce fait s'explique par les conditions extrêmement pénibles liées au voyage, aux moyens de communication et au contact qui étaient en vigueur dans l'ancien monde.

Il est inutile d'évoquer, dans ce cadre, l'histoire entourant la révélation de Moïse, l'époque à laquelle il vécut, l'environnement pharaonique et les drames qui s'y déroulaient car ce sont des faits historiques qui sont heureusement bien connus. Il suffit simplement de dire que Moïse est une figure centrale et emblématique d'inspiration divine, un messager dont les écrits saints et les enseignements étaient de nature capitale dans l'histoire de la relation de Dieu avec l'homme. (Pour des références particulières, consulter : la Sourate 7, les versets 103-104 ; s.19 v.51-53 ; ou s.20 v.16-80). Les expériences historiques de Moïse sont pratiquement les mêmes que celles des messagers antérieurs qui ont parlé au nom de Dieu, et qui étaient déterminés à transmettre les enseignements divins qu'ils avaient reçus pour les adresser aux peuples de l'époque.

Nous pouvons entrevoir un certain schéma qui s'esquisse au vu des expériences de ces messagers divins ; ce modèle a été le même avec tous les messagers cités précédemment, qu'ils soient connus ou non. A la suite de la révélation de Moïse, nous avons le ministère et les enseignements de Jésus, suivis par l'avènement de Mohammed.

Le cadre de ces révélations s'est élaboré à partir de certains facteurs :

* les messagers viennent lorsque, la société dans laquelle ils apparaissent, a atteint un degré effroyable de décadence, et que les alliances avec Dieu ont été rompues;
* les messagers sont envoyés à leur propre peuple;
* ils sont rejetés;
* ils sont fortement tenus en opposition par ceux qui gouvernent;
* l'opposition est détruite et la religion de Dieu est alors établie.

Un passage en revue du contexte socio-historique au cours duquel Mohammed apparut va mettre en lumière un cadre similaire. L'Islam est né dans les cités de la Mecque et de Médine. Cette dernière était une cité riche tandis que la première était une cité dépourvue de collines, aride et inhospitalière. La seule curiosité connue dans la cité de la Mecque : c'était la Kabah. Deux grandes caravanes quittaient la Mecque chaque année, l'une se dirigeant vers le Yémen et l'autre vers la Syrie pour y faire du commerce. Les hommes aux alentours de la Mecque adoraient différentes idoles, cependant, ils se rendaient également à la Mecque et se réunissaient autour de la Kabah pour la vénérer. Comme nous l'avons mentionné précédemment, Abraham avait construit la Kabah, et avec son fils Ismaël, ils avaient utilisé ce sanctuaire comme un lieu sacré dans lequel ils vénéraient Dieu.

A l'époque de Mohammed, il y avait environ 360 idoles principales installées à l'intérieur et autour de la Kabah, et la puissante tribu arabe des Koraïchites était responsable de la célébration de cérémonies au sein de ce même lieu sacré. Le grand-père de Mohammed, ainsi que son oncle et gardien (Abu-Talib) faisaient partie des premiers chefs et considérés comme les dirigeants de la Mecque. Il existe un certain nombre de références dans le Coran qui décrivent de sombres pratiques sociales qui étaient en vigueur à cette époque et celles-ci correspondaient à des infanticides, à des superstitions courantes, à de mauvais traitements subis par des femmes, et à une multitude d'autres maladies sociales. Dans la Sourate 6, au verset 140, par exemple, il est rapporté : " Ils sont certes perdants, ceux qui ont, par sottise et ignorance tué leurs enfants. " ; " Et ne tuez pas vos enfants par crainte de pauvreté; c'est Nous qui attribuons leur subsistance, tout comme à vous. Les tuer, c'est vraiment, un énorme péché. " (Sourate 17, verset 31). La Sourate 16, aux versets 58 et 59, avertit ceux qui ont pour pratique courante de brûler leurs filles vivantes : " Doit-il la garder malgré la honte ou l'enfouira-t-il dans la terre? Combien est mauvais leur jugement! "

Dans de telles circonstances, ce fut les enseignements de Mohammed qui avaient freinés ces peuples dans la poursuite de leurs mauvaises pratiques. Leurs coeurs devaient subir une conversion : " Prophète! Quand les croyantes viennent te prêter serment d'allégeance, [et en jurent] qu'elles n'associeront rien à Dieu, qu'elles ne voleront pas, qu'elles ne se livreront pas à l'adultère, qu'elles ne tueront pas leurs propres enfants, qu'elles ne commettront aucune infamie ni avec leurs mains ni avec leurs pieds et qu'elles ne désobéiront pas en ce qui est convenable, alors reçois leur serment d'allégeance, et implore de Dieu le pardon pour elles. Dieu est certes, Pardonneur et Très Miséricordieux. "

Des groupes de croyants juifs et chrétiens qui vivaient également en Arabie à cette époque n'étaient pas meilleurs que les autres d'un point de vue moral et spirituel. Il y a des exhortations dans la Sourate 5, aux versets 12, 13, et 14 quant à la manière avec laquelle ces juifs et ces chrétiens avaient brisé le sceau de leur alliance et s'étaient égarés ; (de même que dans la Sourate 2, aux versets 83-85).
Le fait est que les peuples de toute conviction religieuse étaient tombés bien bas et avaient tous besoin d'une renaissance spirituelle. Ceci, était, par conséquent, la mission de Mohammed qui consistait à sortir son peuple de l'obscurité et de l'inviter à adorer le seul vrai Dieu et d'obéir à Ses enseignements (cf. la Sourate 5, le verset 9). Ainsi en relation avec cette mission, la Sourate 5, verset 68 s'adresse aux croyants des autres religions : " Dis: "ô gens du Livre, vous ne tenez sur rien, tant que vous ne vous conformez pas à la Thora et à l'Evangile et à ce qui vous a été descendu de la part de votre Seigneur. " Et certes, ce qui t'a été descendu de la part de ton Seigneur va accroître beaucoup d'entre eux en rébellion et en mécréance. Ne te tourmente donc pas pour les gens mécréants. "

Mohammed s'adresse ainsi aux disciples du Christ et leur explique que Jésus avait prédit la venue de " Ahmad ", et que les Chrétiens s'étaient alors détournés du messager promis par Jésus. Dans la Sourate 61, verset 6, Mohammed confond les chrétiens directement : " Et quand Jésus fils de Marie dit: "O Enfants d'Israël, je suis vraiment le Messager de Dieu [envoyé] à vous, confirmateur de ce qui, dans la Thora, est antérieur à moi, et annonciateur d'un Messager à venir après moi, dont le nom sera "Ahmad". Puis quand celui-ci vint à eux avec des preuves évidentes, ils dirent: "C'est là une magie manifeste ".

Les infidèles, d'autre part, répondirent à l'invitation de Mohammed qui leur demandait de suivre le seul vrai Dieu, en prétendant que si un messager et un livre leur avaient été envoyés, ils auraient été plus soutenus que les juifs. Nous trouvons ainsi la réponse dans la Sixième Sourate aux versets 156 et 157 : " Et voici un Livre (le Coran) béni que Nous avons fait descendre - suivez-le donc et soyez pieux, afin de recevoir la miséricorde. " Cependant, ironiquement le verset 42 de la Sourate 35 indique : " Et ils ont juré solennellement par Dieu, que si un avertisseur leur venait ils seraient certes mieux guidés que n'importe quelle autre communauté. Puis, quand un avertisseur (Muhammad) leur est venu, cela n'a fait qu'accroître leur répulsion. "

Le Coran fut révélé aux gens qui n'avaient pas de livre sacré et qui, maintenant, toutefois, n'avaient plus d'excuse. Et bien entendu le livre fut révélé dans une langue commune et accessible à la compréhension du peuple auquel il était destiné. Un certain nombre de sourates soulignent ce fait, mettant en lumière l'idée que les arabes étaient les bénéficiaires des enseignements divins révélés dans leur propre langue. " Ton Seigneur ne fait pas périr des cités avant d'avoir envoyé dans leur métropole un Messager pour leur réciter Nos versets. " (Sourate 28, verset 59) ; et dans la Sourate 42, au verset 7 : " Et c'est ainsi que Nous t'avons révélé un Coran arabe, afin que tu avertisses la Mère des cités (la Mecque) et ses alentours et que tu avertisses du jour du rassemblement, - sur lequel il n'y a pas de doute. "

De même qu'avec d'autres révélations, les enseignements de Mohammed ainsi que sa propre personne ont fait l'objet d'une opposition immédiate et forte. Il avait en premier lieu révélé sa mission uniquement à son épouse, mais lorsqu'elle devint publique, le peuple se détourna de lui, le qualifiant de fou, de menteur, de rêveur ; son propre oncle le qualifia d'imposteur. Il fut contraint à quitter sa ville natale la Mecque pour se rendre à Médine. Ses ennemis tentèrent de le tuer ; l'une de ses dents se cassa lorsqu'une pierre fut jetée à son visage. Mais finalement, après de nombreuses luttes et difficultés, ses ennemis furent détruits, le sang versé entre les tribus cessa de couler et cette situation fut remplacée par la paix et l'unité. Les enseignements de Mohammed et ses croyances dominèrent.

Nous pouvons, en guise de conclusion, déclarer que la signification de la sourate suivante peut être mieux saisie à la lumière de ce que nous avons examiné par rapport au cadre répétitif de la révélation divine : " Le jour où Nous plierons le ciel comme on plie le rouleau des livres, Tout comme Nous avons commencé la première création, ainsi Nous la répéterons; c'est une promesse qui Nous incombe et Nous l'accomplirons " (Sourate 21, verset 104). Ce verset est de toute évidence une référence aux renaissances spirituelles et morales apportées à l'humanité à des moments de l'histoire où un tel renouveau était nécessaire.


MOHAMMED ET SES ENSEIGNEMENTS

Notre bref regard sur l'obscurité qui a enveloppé le peuple qui vécut, antérieurement à la révélation de Mohammed, intensifie l'éclat de la lumière diffusée par ces nouveaux enseignements conçus pour cette même population. Une communauté qui n'était familiarisée avec aucune discipline sociale ou morale s'est vue confrontée à des enseignements divins et des règles de conduite. Une éclatante victoire remportée par le Messager et ses disciples se réfère à la manière avec laquelle ceux-ci réussirent à créer une société civilisée qui autrefois vivait sous l'emprise du chaos. Au coeur de cette métamorphose, figuraient les enseignements de Mohammed ; mais ces enseignements devaient être transmis dans un langage simple et accessible à un peuple qui, était à cette époque, analphabète et mentalement arriéré.

Pour faire comprendre le message au peuple de cette époque, les procédés littéraires le plus communément utilisés étaient : des allégories, des répétitions, et des références à des faits réels et faciles à identifier grâce à leurs formes simples et familières. Au moyen de cette technique, Mohammed s'appuyait sur des exemples concrets et terrestres pour enseigner des réalités spirituelles ; aussi, ne devrions-nous pas sous-estimer la virtuosité du style théologique relatifs à certains points renfermant des connotations divines ou spirituelles. Mais, en même temps, puisque c'était la tradition dans pratiquement toutes les religions, les anecdotes qui contenaient un support littéraire chargé de paraboles, et de métaphores voire d'imageries représentent aussi une forme ordinaire pour expliquer et instruire par le Coran.

Dans la troisième Sourate, au verset 7, il est dit : " C'est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre: il s'y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d'autres versets qui peuvent prêter à d'interprétations diverses. Les gens, donc, qui ont au coeur une inclination vers l'égarement, mettent l'accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n'en connaît l'interprétation, à part Dieu. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science ... " Dans la Sourate 29, le verset 43 développe davantage ce point : " Telles sont les paraboles que Nous citons aux gens; cependant, seuls les savants les comprennent. " Ce n'est donc pas une tâche facile que de pouvoir saisir le sens réel contenu dans les exemples et les paraboles qui ont été révélés. Mais cependant, nous pouvons convenir que le Coran s'articule sur deux parties distinctes : les sections claires et pédagogiques ainsi que les parties exprimées sous forme de paraboles.

Comme s'il s'agissait d'anticiper sur la complexité inhérente à la lecture de ces versets, dans la Sourate 4 au verset 82, il est stipulé : " Ne méditent-ils donc pas sur le Coran? S'il provenait d'un autre que Dieu, ils y trouveraient certes maintes contradictions! " Ainsi puisque les mots ici sont de source divine, destinés à l'humanité et rapportés sous la forme la mieux adaptée à notre niveau de compréhension, nous pouvons être déroutés d'une part, par ces "contradictions" apparentes telles que nous les percevons et d'autre part, nous pouvons néanmoins considérer que ceux-ci ne peuvent pas être pris au premier degré. Nous devons accepter ces mots tels qu'ils ont été révélés par Dieu. Et puisque nous sommes capables de faire appel à notre raison et à notre "connaissance " de ces versets, les enseignements divins nous deviennent alors accessibles. "... Nous exposons intelligiblement les versets pour des gens qui savent. " (Neuvième Sourate, verset 11). Dans la Sourate 22, le verset 54, explique encore : " Et afin que ceux à qui le savoir a été donné sachent que (le Coran) est en effet, la Vérité venant de ton Seigneur... " La question logique à se poser à partir de cet extrait est bien entendu celle-ci : qui détient le " savoir " ? Mais quel est donc ce " savoir " ? Et si, à travers tous les siècles qui se sont écoulés depuis l'ère de Mohammed, tous les représentants religieux et les chefs politiques qui se sont fiés à leurs propres interprétations du Coran à des fins personnelles, possédaient vraiment la connaissance mentionnée dans ces versets . Il s'agit là, en réalité, d'un point crucial ouvert à toutes les conjectures. A notre niveau, la meilleure chose à faire, c'est de nous fier à notre bon sens, à notre raison et à notre ouverture d'esprit. Dans la Sourate 30, au verset 28, nous avons : " C'est ainsi que Nous exposons Nos versets pour des gens qui raisonnent. "

Au coeur des enseignements de l'Islam figurent la croyance en Dieu et en Ses messagers ainsi que l'obéissance à ses lois : " ô vous qui croyez! Obéissez à Dieu et à Son messager et ne vous détournez pas de lui quand vous l'entendez (parler). " (Sourate 8, verset 20) ; " Et quiconque obéit à Dieu et à Son messager, et craint Dieu et Le redoute... alors, voilà ceux qui récoltent le succès. " (Sourate 24, verset 52 ; il existe une multitude d'autres versets et sourates qui soulignent les mêmes principes ; se référer aux Sourates 57, 7, 28, 64, 12).

Si le premier pilier des enseignements repose sur la déclaration de foi en Dieu et l'obéissance à Son messager, le second se porte sur l'attention directe que l'homme porte à Dieu et s'exprime sous la forme de la prière. Celle-ci manifeste la gloire de Dieu et se pratique au quotidien : " ... pour que vous croyiez en Dieu et en Son messager, que vous l'honoriez, reconnaissiez Sa dignité, et Le glorifiez matin et soir " (verset 9, Sourate 48 ; voir d'autres citations aux Sourates 23, verset 9 et Sourate 17, verset 78). Il y a davantage d'explications : " Mon Seigneur a commandé l'équité. Que votre prosternation soit exclusivement pour Lui. Et invoquez-Le, sincères dans votre culte. " (Sourate 7, verset 9). La manière avec laquelle les prières doivent être récitées est également spécifiée : " Invoquez votre Seigneur en toute humilité et recueillement et avec discrétion. Certes, Il n'aime pas les transgresseurs. " (Sourate 7, verset 55) ; " Bienheureux sont certes les croyants " " ceux qui sont humbles dans leur Salât. " (Sourate 23, v.1, 2).

Ainsi la récitation de la prière ne devrait pas être dite sur un ton affecté et " emporté " mais plutôt avec sérénité et en toute intimité. La récitation de la prière doit être également ni " à voix haute " ni " en silence " mais se situer quelque part " entre les deux " (Sourate 17, verset 110).

Le deuxième enseignement est exposée dans la seconde Sourate, au verset 136 : " Dites: "Nous croyons en Dieu et en ce qu'on nous a révélé, et en ce qu'on a fait descendre vers Abraham et Ismaël et Isaac et Jacob et les Tribus, et en ce qui a été donné à Moïse et à Jésus, et en ce qui a été donné aux prophètes, venant de leur Seigneur: nous ne faisons aucune distinction entre eux. Et à Lui nous sommes Soumis. " Ce principe se réfère à l'acceptation de la révélation progressive, et au fait que tous les messagers sont d'origine divine et fondamentalement les mêmes. En l'occurrence, dans la troisième Sourate, au verset 3, il est confirmé que : " Il a fait descendre sur toi le Livre avec la vérité, confirmant les Livres descendus avant lui. Et Il fit descendre la Thora et l'Evangile. " En invitant le peuple à adorer le seul vrai Dieu, Mohammed explique que toutes les religions sont essentiellement qu'une seule (religion). " Cette communauté, la vôtre, est une seule communauté, tandis que Je suis votre Seigneur. Craignez-Moi donc. " (Sourate 23, verset 52).

Proche et en rapport avec le concept d'adoration, nous trouvons le commandement adressé aux croyants les exhortant à s'occuper de tous les nécessiteux, des musulmans tout comme des non croyants. Dans pratiquement tous les versets les deux enseignements : - nécessité d'adoration et secours aux nécessiteux - fonctionnent ensemble. Dans la quatrième Sourate, le verset 162 déclare : " paient la Zakat et croient en Dieu et au Jour dernier, ceux-là Nous leur donnerons une énorme récompense. " La meilleure manière de pratiquer l'aumône devrait se faire à titre privé sans publicité outrancière. Il est dit au verset 271 de la seconde Sourate : " Si vous donnez ouvertement vos aumônes, c'est bien; c'est mieux encore, pour vous, si vous êtes discrets avec elles et vous les donniez aux indigents. " Ce don doit provenir du coeur et ne pas être offert à contrecoeur (Sourate 23, verset 60 et Sourate 25, verset 67).

Se rapportant encore aux concepts d'adoration et d'assistance aux moins fortunés, se trouve aussi " la croyance dans l'autre monde " (Sourate 31, verset 4). Ce concept représente un autre point clé dans les croyances apportées par Mohammed à ses disciples. Dans ses enseignements, Mohammed établit une nette distinction entre ce monde et l'autre. Dans la Sourate 40, le verset 39 déclare : " ô mon peuple, cette vie n'est que jouissance temporaire, alors que l'au-delà est vraiment la demeure de la stabilité. " Dans la troisième Sourate, le verset 14 explique : "On a enjolivé aux gens l'amour des choses qu'ils désirent: femmes, enfants, trésors thésaurisés d'or et d'argent, chevaux marqués, bétail et champs; tout cela est l'objet de jouissance pour la vie présente, alors que c'est près de Dieu qu'il y a bon retour. "

Il s'agit d'une notion qui n'est pas différente de celles qui ont été envoyées aux disciples du judaïsme et de l'Islam ; cependant, nous avons dans cette révélation un avertissement plus direct quant aux choses matérielles de cette vie terrestre qui ne sont que temporaires, tandis que dans l'autre monde, de l'au-delà, une existence plus significative, plus " excellente " attend les justes.
D'autres sourates expliquent davantage cette croyance en utilisant des images pertinentes : " Cette vie d'ici-bas n'est qu'amusement et jeu. La Demeure de l'au-delà et assurément la vraie vie. S'ils savaient! " (Sourate 29, verset 64 ; Sourate 13, verset 26). Mais cette promesse est réservée à ceux qui suivent le chemin de Dieu. " Et quant à ceux qui ont la foi et font de bonnes oeuvres, Il leur donnera leurs récompenses. Et Dieu n'aime pas les injustes. " (Sourate 3, verset 57). Aussi comme la plupart des religions, l'Islam invite ses disciples à vivre une vie juste dans ce monde pour célébrer une existence plus élevée dans l'autre monde.

La justice, la capacité à composer avec équité avec tous les êtres, représente un autre précepte recommandé aux croyants. " Ô les croyants ! Observez strictement la justice. " (Sourate 4, verset 135) ; " Dis: "Mon Seigneur a commandé l'équité. " (Sourate 7, verset 29) ; " Certes, Dieu commande l'équité, la bienfaisance et l'assistance aux proches. " (Sourate 16, verset 90). Par conséquent, le Coran se rapporte souvent aux principes d'équité, d'impartialité et de justice. Dans cet ordre d'idée, et dans un registre qui n'est pas clairement compris par le monde non musulman, la question d'avoir plusieurs épouses est souvent soulevée. Dans la Quatrième Sourate, au verset 3, il est stipulé : " ... Il est permis d'épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de n'être pas justes avec celles-ci, alors une seule. " Ainsi cette offre est soumise à une stricte condition, à savoir la capacité pour un homme de traiter équitablement, et de manière juste toutes ses épouses. Cependant et comme c'est souvent le cas, malheureusement, cette condition n'est pas remplie ni adoptée.

Une question, qui est naturellement subsidiaire à cette proposition, consiste à se demander jusqu'à quel point, les individus, et en l'occurrence les hommes, sont-ils capables de faire preuve de véritable impartialité dans une situation domestique ? En ayant vraiment conscience d'un tel obstacle, Mohammed, indique plus loin dans la même Sourate (Quatrième) au verset 129 : " Vous ne pourrez jamais être équitables entre vos femmes, même si vous en êtes soucieux. " Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est l'esprit de la condition exigée qui encourage un homme à ne pas épouser plus d'une femme, puisqu'il est dit par le messager de Dieu que l'homme ne peut pas en réalité traiter ses épouses de manière juste et équitable. Aussi, le fait de savoir combien d'épouses un musulman peut prendre reste une question ouverte à des interprétations de ces versets fondées sur le bon sens.

Se référant indirectement à l'injonction relative à la justice, mais dont la base essentielle entraîne des interactions sur les plans social et relationnel, nous avons des commandements donnés par le Coran se rapportant aux thèmes tels que le traitement des parents, le soutien aux orphelins, et l'importance des bonnes actions dans notre vie quotidienne. Nous pouvons brièvement nous référer aux sourates et versets suivants comme rappel de ces prescriptions.

Dans la Sourate 17, le verset 23 explique : " Et ton Seigneur a décrété: "N'adorez que Lui; et (marquez) de la bonté envers les père et mère: si l'un d'eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi, alors ne leur dis point : "Fi!" et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses. " " Nous avons commandé à l'homme [la bienfaisance envers] ses père et mère; sa mère l'a porté [subissant pour lui] peine sur peine... Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu'envers tes parents. " (Sourate 31, verset 14). Ainsi Dieu a placé le commandement d'honorer ses parents à un très haut niveau, après celui donné à Lui-même. Conjointement à ces enseignements, nous disposons d'un certain nombre d'injonctions se rapportant au fait de prendre soin des nécessiteux, des orphelins, et de ceux qui méritent de l'assistance. En général, l'encouragement à faire de bonnes actions occupe une place centrale au coeur de ces enseignements et de ces avertissements. Nous devons laisser le soin aux croyants de décider si, selon eux, les disciples ont adhéré de façon appropriée et proche à ces prescriptions au cours de l'histoire passée tout comme à l'heure actuelle.

Dans la Sourate 11, le verset 11 déclare encore : " sauf ceux qui sont endurants et font de bonnes oeuvres. Ceux-là obtiendront pardon et une grosse récompense. " De même que dans la Sourate 11, le verset 23, il est dit : " Certes ceux qui croient, font de bonnes oeuvres et s'humilient devant leur Seigneur, voilà les gens du Paradis où ils demeureront éternellement. " Puis : " Les biens et les enfants sont les ornements de la vie de ce monde. Cependant, les bonnes oeuvres qui persistent ont auprès de ton Seigneur une meilleure récompense et [suscitent] une belle espérance. " (Sourate 18, verset 48). L'attitude que devrait donc adopter un musulman est résumée dans le verset 90 de la Sourate 16 : " Certes, Dieu commande l'équité, la bienfaisance et l'assistance aux proches. Et Il interdit la turpitude, l'acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez. "

Et quelle serait notre réaction si nous avions été injustement traités par les autres ? : " Et si vous punissez, infligez [à l'agresseur] une punition égale au tort qu'il vous a fait. Et si vous endurez... cela est certes meilleur pour les endurants. " (Sourate 16, verset 126). Ainsi, il est intéressant de découvrir, dans ce passage, une combinaison de la loi mosaïque de l'Ancien Testament qui recommande - oeil pour oeil, dent pour dent - avec le Nouveau Testament qui enseigne de tendre l'autre joue et de faire preuve de patience ou de pardonner à son transgresseur. " Et ne laissez pas la haine pour un peuple qui vous a obstrué la route vers la Mosquée sacrée vous inciter à transgresser. Entraidez-vous dans l'accomplissement des bonnes oeuvres et de la piété ... " (Sourate 5, verset 2). Au cours d'une autre injonction, Dieu déclare à Mohammed, et Mohammed commande à ses disciples de pardonner à ceux qui nous maltraitent : " Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (de Dieu). Et consulte-les à propos des affaires... " (Sourate 3, verset 159).

Par conséquent, il s'agit d'enseignements qui ont été apportés à un peuple qui comprenait si peu les contrats sociaux et les qualités personnelles comme la bonté et la justice et leurs effets sur le quotidien. Ce sont des prescriptions divines qui ont été transmises à un peuple qui se trouvait dans une extrême urgence pour recevoir une force civilisatrice. Ces enseignements divins représentaient en réalité cette force nécessaire à ce moment précis de l'histoire. Nous trouvons dans ces écrits pas seulement des enseignements spirituels et des explications sur la nature de l'homme et son rapport à la divinité, mais beaucoup plus important, nous avons des lois sociales destinées à un peuple qui était dépourvu de toutes lois : spirituelles ou sociales.

" Ô les croyants! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Dieu et (soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. " (Cinquième Sourate, verset 8). Pour un peuple auquel ce commandement était destiné, celui-ci constituait vraiment un changement révolutionnaire ; et tout ce dont cette population avait besoin de faire, c'était de suivre cet enseignement.

Ironiquement, comme c'est le cas avec la plupart des autres religions, après une période de quelques centaines d'années, la manière avec laquelle un certain nombre des enseignements et des préceptes tels qu'ils furent pratiqués par les disciples et les hommes d'église, diffère grandement, de l'intention évidente et de l'esprit qui étaient à l'origine insufflés par les fondateurs de la religion. De même, des exemples existent dans l'Islam qui montrent certains enseignements, ou des châtiments destinés aux transgresseurs, et notamment qui stipulent une chose mais qui devient dans la pratique autre chose.

Prenons les injonctions contre l'adultère, par exemple. Dans la Sourate 17, le verset 32 dit : " Et n'approchez point la fornication. En vérité, c'est une turpitude et quel mauvais chemin! " Le second verset de la 24ème Sourate désigne la punition en ces termes : " La fornicatrice et le fornicateur, fouettez-les chacun de cent coups de fouet... Et qu'un groupe de croyants assiste à leur punition. " Toutefois, nous sommes informés que nous ne pouvons pas simplement accuser quelqu'un qui a commis un adultère et lui administrer une punition. Il doit y avoir deux adultes pour témoigner de cet acte et à même d'attester ce délit. Cependant, comme ce fut la pratique depuis de nombreuses années, tout comme aujourd'hui, dans certains pays islamiques les personnes accusées d'adultère sont aisément pendues ou décapitées. Les autorités de ces sociétés ont eu vent d'un grand nombre de plaintes concernant ces délits et ont estimé qu'il était concevable de réinventer les enseignements du Coran et de les appliquer selon leur volonté.

De semblables révisions peuvent être relevées dans le cadre d'injonctions contre le vol, la consommation d'alcool, et la pratique de l'usure, ainsi qu'un remboursement à un taux d'intérêt exorbitant. Et pour illustrer ce dernier exemple, dans la troisième Sourate, le verset 130 déclare : " ô les croyants ! Ne pratiquez pas l'usure en multipliant démesurément votre capital... " Bien qu'aucun châtiment n'ait été attribué dans le Coran contre l'usure, dans certains pays ceux qui prêtent de l'argent sont emprisonnés ou exécutés, alors que dans ces même pays les banques " récompensent " ceux qui épargnent de l'argent en leur octroyant des taux d'intérêt attrayants.
Une pratique qui a fait l'objet d'un malentendu, et que critiquent les non musulmans, est celle qui obligerait soi-disant ces derniers à embrasser l'Islam. C'est un fait que Mohammed n'a pas soutenu. Dans la Seconde Sourate, au verset 256, il est stipulé : " Nulle contrainte en religion ! " ; et dans la Sourate 10, le verset 99 explique : " Si ton Seigneur l'avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants? " La croyance et la religion ne devraient pas être imposées aux personnes ; si Dieu avait voulu qu'elles acceptent Sa révélation, Il aurait fait en sorte que cela en soit ainsi : " Si Nous voulions, Nous ferions descendre du ciel sur eux un prodige devant lequel leurs nuques resteront courbées. " (Sourate 26, verset 4). Dieu dit à Mohammed qu'Il (Dieu) négociera avec ceux qui refusent de Le croire ; Mohammed ne doit pas se sentir concerné par ces derniers. " Laisse-Moi avec celui que J'ai créé seul " (Sourate 74, verset 11). Et dans la Sourate 13, au verset 40, il est dit à Mohammed : " ton devoir est seulement la communication du message, et le règlement de compte sera à nous. " Dieu déclare en outre à Mohammed que : " et tu n'es pas un dominateur sur eux. " (Sourate 88, verset 22).

En relation avec cette idée erronée que Mohammed était un militaire extraordinaire en répandant son message par l'épée, il y a eu la notion de "jihad " ou guerre sainte. Les traditions et l'examen de l'histoire se rapportant à la vie et au ministère de Mohammed indiquent que des troubles provoqués par ses enseignements au sein de sa société ont mit sa vie en grand danger. En effet, Il y avait des chefs de tribus et des groupes de fanatiques qui se sentaient menacés par le message que Mohammed avait répandu. De plus, c'est un fait historique qu'à plusieurs reprises Mohammed et ses disciples avaient été agressés physiquement, et de nombreux nouveaux croyants furent tués par leurs ennemis. C'était dans de telles circonstances que Mohammed et ses disciples avaient dû se défendre eux-mêmes. Dans la Sourate 8, aux versets 38-39, nous avons : " Dis à ceux qui ne croient pas que, s'ils cessent, on leur pardonnera ce qui s'est passé". " Et combattez-les jusqu'à ce qu'il ne subsiste plus d'association, et que la religion soit entièrement à Dieu. Puis, s'ils cessent (ils seront pardonnés car) Dieu observe bien ce qu'ils oeuvrent. " Les derniers versets de la même Sourate se réfère aux non croyants qui avaient signé un traité mais qui ont rompu leur promesse. " Et s'ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Dieu, car c'est Lui l'Audient, l'Omniscient. " (61).

C'est, par conséquent, dans ce contexte de grand danger et de persécution qui affligeaient Mohammed et ses disciples que nous pouvons comprendre la ligne indiquant : " tuez les associateurs où que vous les trouviez.... " (Sourate 9, verset 5). Cette injonction ne signifiait pas de se référer aux futures pratiques des croyants, mais avait sa raison d'être au moment où le fondateur et ses disciples n'avaient pas d'autre choix que de se protéger eux-mêmes ainsi que leur nouvelle religion. Mais en même temps, dans la Seconde Sourate, au verset 190 un avertissement se fait entendre : " Combattez dans le sentier de Dieu ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. ". Ainsi, comme nous le voyons, les disciples ne doivent pas prendre l'initiative pour démarrer les hostilités, mais devraient se battre pour se défendre et pour survivre. A la Sourate 8, le verset 87 déclare encore :
" Donc, si tu les maîtrises à la guerre, inflige-leur un châtiment exemplaire de telle sorte que ceux qui sont derrière eux soient effarouchés... " Cette approche peut être perçue comme une pratique, certes compromettante, dans le traitement qu'elle réserve aux groupes hostiles, lesquels pourtant, n'hésitaient pas à utiliser la force et verser le sang pour éteindre la religion aux tous premiers souffles de la foi.

Nous avons également d'autres exemples où Mohammed, dans ses versets, exprime une différence entre des factions religieuses et le fait qu'il accepte la cohabitation. Nous avons, en l'occurrence : " A nous nos oeuvres et à vous vos oeuvres. Aucun argument [ne peut trancher] entre nous et vous. " (Sourate 42, verset 15), et " A vous votre religion, et à moi ma religion. " (109, verset 6). Nous ne voyons aucune contrainte déclarée dans ce verset ; et il n'y a aucun signe d'agression. C'était le devoir de Mohammed d'avertir et d'éclairer son peuple, mais de ne pas le contraindre à embrasser l'Islam.

Finalement les enseignements fondamentaux de Mohammed, tels que nous pouvons les saisir à la lecture du Coran, ne signifient pas qu'il faille soutenir par des moyens implacables et hostiles la transmission du message. Et notamment, en traitant avec les " peuples du Livre ", les disciples sont informés qu'ils doivent être conciliants. Dans la Sourate 29, le verset 46 informe : " Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, .... Et dites: "Nous croyons en ce qu'on a fait descendre vers nous et descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c'est à Lui que nous nous soumettons "


LES CONCEPTS DE LA VIE APRES LA MORT, LA RESURRECTION, JOUR DU JUGEMENT DERNIER

Selon les traditions de l'Islam et du Coran, la croyance relative à la vie après la mort est la suivante : après la mort, tout le monde demeure dans l'état de mort jusqu'au Jour de la Résurrection, au cours duquel Dieu ressuscitera chaque être puis établira son Jugement en fonction des actes et de la vie menée sur terre par chacun. Ensuite, Il enverra chaque personne soit au paradis soit en enfer. Dans la Sourate 11, au verset 7, il est stipulé : " Et si tu dis: "Vous serez ressuscités après la mort... " Dans la Sourate 19, au verset 68 : " Par ton Seigneur! Assurément, Nous les rassemblerons, eux et les diables, puis, Nous les placerons autour de l'Enfer, agenouillés. Puis la Sourate 6, verset 12 déclare : " Il vous rassemblera certainement, au Jour de la Résurrection: il n'y a pas de doute là-dessus. "

En anticipant sur la question perplexe, la Sourate 23, verset 82 formule leur doute ainsi : " Ils ont dit: Lorsque nous serons morts et que nous serons poussière et ossements, serons-nous vraiment ressuscités? " La Sourate 15, verset 25 et la Sourate 4, verset 87 fournissent la réponse : " Certes, c'est ton Seigneur qui les rassemblera. Car c'est Lui le Sage, l'Omniscient. ", " Il vous rassemblera au Jour de la Résurrection, point de doute là-dessus. "

De toutes les références se rapportant au Jour du Jugement Dernier, la sourate suivante est la plus significative: " C'est vers Lui que vous retournerez tous, c'est là, la promesse de Dieu en toute vérité! C'est Lui qui fait la création une première fois puis la refait (en la ressuscitant) afin de rétribuer en toute équité ceux qui ont cru et fait de bonnes oeuvres. Quant à ceux qui n'ont pas cru, ils auront un breuvage d'eau bouillante et un châtiment douloureux à cause de leur mécréance ! " (Sourate 10, verset 4). Nous aimerions maintenant connaître la date à laquelle aura lieu le Jour du Jugement Dernier.

Comme nous allons l'observer avec les versets ci-dessous, Le Jour de la Résurrection et Le Jour du Jugement Dernier sont deux événements simultanés, c'est-à-dire qu'ils constituent qu'un seul et même jour. Le verset 69 de la deuxième Sourate énonce : " Dieu jugera entre vous, le Jour de la Résurrection... " Et la Sourate 32, verset 25 : " Ton Seigneur, c'est Lui qui décidera entre eux, au Jour de la Résurrection, de ce sur quoi ils divergeaient. " La Sourate 21, verset 47 déclare plus loin : " Au Jour de la Résurrection, Nous placerons les balances exactes. " Ainsi dans ce passage et aussi dans un certain nombre d'autres versets, nous sommes informés que Les Jours de la Résurrection et du Jugement Dernier tout comme d'ailleurs l'Heure elle-même représentent tous la même chose. (Conférer, en l'occurrence, les sourates et versets ci-après : 30 (12,14), 54 (46), 6 (31), 16 (27), pour plus de précision).

Nous apprenons dans le verset 77 de la Sourate 16 " Et l'ordre [concernant] l'Heure ne sera que comme un clin d'oeil ou plus bref encore! " Donc, notre vie ne dure que l'espace d'un clin d'oeil par opposition à " un jour " de Dieu, qui, nous informe-t-on, représente mille ans. Et quand viendra l'heure du Jugement, nous serons convoqués individuellement par Dieu, " Et au Jour de la Résurrection, chacun d'eux se rendra seul auprès de Lui. " (Sourate 19, verset 95). Il y a, semble-t-il, certains "évènements " qui se produisent sur la même échelle générale du temps. Nous sommes avertis qu'au moment venu : " Mais c'est seulement au Jour de la Résurrection que vous recevrez votre entière rétribution. " ; et " Si tu voyais, lorsque les anges arrachaient les âmes aux mécréants! Ils les frappaient sur leurs visages et leurs derrières... " (Sourate 3, verset 185, et Sourate 8, verset 50).

Il existe, toutefois, d'autres versets qui ne font pas la différence du passage de temps qui s'écoule entre la mort et le jugement. Dans la Sourate 16, aux versets 28 et 29, nous constatons que les anges peuvent frapper de mort les gens " Ceux à qui les anges ôtent la vie, alors qu'ils sont injustes envers eux-mêmes... " Et en conséquence ils devront " Entrez donc par les portes de l'Enfer... ", La Sourate 32, verset 11 indique aussi que " L'Ange de la mort qui est chargé de vous, vous fera mourir. Ensuite, vous serez ramenés vers Votre Seigneur.... ". Cet exemple semble indiquer comme un changement rapide et direct qui se produit entre la mort et le jugement.

Qu'il puisse en être ainsi, le fait est que l'accent a été porté partout sur le destin qui attend ceux qui n'ont pas suivis les enseignements de Dieu et ceux qui ont désobéi. "L'homme sera informé ce jour-là de ce qu'il aura avancé et de ce qu'il aura remis à plus tard. " (Sourate 75, verset 13). Les bonnes actions de l'homme lui succèderont car elles seront glorifiés par ceux qui vivront après son départ. Ainsi, la récompense se rapporte aux effets produits par nos actions après notre départ. Au-delà des exemples qui ont été cités dans les versets précédents, nous avons un verset (56), Sourate 4 qui se réfère plus loin à : "Certes, ceux qui ne croient pas à Nos versets, (le Coran) Nous les brûlerons bientôt dans le Feu. ". Dans quelques autres sourates, la même forme plurielle de "versets " [NDT : ou révélations] est adoptée (s.5, v.10, s7, v.36 et s.10, v.36), indiquant ainsi que la menace d'une damnation pourrait également tomber sur ceux qui tournent leurs dos aux autres révélations et religions divines qui sont considérées comme sacrées par le Coran. Ainsi, en somme, ce sont les incroyants qui se trompent qui sont condamnés à périr après la mort.

L'image qui décrit l'enfer dans le Coran ressemble à celle qui figure dans le Nouveau Testament. Nous y trouvons le feu, la torture, une souffrance atroce et la damnation, images telles que nous ne pouvons pas les imaginer. Par exemple, il y a (Sourate 37, versets 62-64) cette terrible image de l'enfer : " Est-ce que ceci est meilleur comme séjour, ou l'arbre de Zaqqum ?" " Nous l'avons assigné en épreuve aux injustes. " " C'est un arbre qui sort du fond de la Fournaise. "

Paradoxalement, la description du paradis, qui est promise aux fidèles et aux croyants, est une image de délice, de sérénité et de contentement. Nous trouvons : "...Des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement, et aussi, des épouses purifiées, et l'agrément de Dieu " " (Sourate 3, verset 15). Pour les croyants et ceux : " ...qui croient et font de bonnes oeuvres... " Dans ce lieu "Voilà ceux qui auront les jardins du séjour (éternel) sous lesquels coulent les ruisseaux. Ils y seront parés de bracelets d'or et se vêtiront d'habits verts de soie et de brocart, accoudés sur des divans (bien ornés). " (Sourate 18, verset 31).

En examinant ce qui a été expliqué au sujet du processus de la mort et du jugement, nous avons découvert que dans le cas de certains exemples, les versets font référence à la conscience de Dieu pour ceux qui se trouvent "dans les cieux et sur la terre. " (Sourate 17, verset 55). Dans un autre passage aussi (Sourate 7, verset 39) et dans la même optique, il est fait mention de ce que "Et la première fournée dira à la dernière ". Il semble qu'au moment du jugement dernier, il y ait des personnes qui soient "dans les cieux" (Remarquez la forme plurielle) tandis que d'autres sont sur la terre. Et en même temps, "la première fournée " a reçu ses récompenses avant " la dernière " pour indiquer que les événements du Jour du Jugement Dernier ne se produisent pas nécessairement en même temps. Nous avons encore dans la Sourate 63, verset 11 "Dieu cependant n'accorde jamais de délai à une âme dont le terme est arrivé. ". Nous disposons donc d'un éclairage ici qui montre que certains reçoivent ce qu'ils méritent avant d'autres ; chacun ayant son propre terme (temps désigné ?).

Maintenant, pour examiner la question qui porte sur la mort humaine, la résurrection et le jugement dernier, à partir d'un point de vue différent, métaphorique, nous pouvons reconsidérer le sens que revêt le retour de l'homme à Dieu tel qu'il est mentionné dans la Sourate 10, verset 5, "C'est vers Lui que vous retournerez tous". Nous apprenons dans le Coran que Dieu nous a crée à partir de l'argile pour façonner la forme physique de notre vie. Ensuite, il nous est rappelé que " Dieu nous a insufflé Son esprit ", ce qui indique l'autre aspect spirituel et divin. Ainsi, lorsqu'il y a une référence à la mort, elle peut être interprétée comme signifiant soit la mort physique soit la mort spirituelle. Une mort physique, a bien sûr, une définition claire et évidente. La mort spirituelle, par ailleurs, peut se référer à la séparation de la force divine, de Dieu et de Ses enseignements. Pour donner un exemple, nous pouvons citer en l'occurrence ce qui est expliqué dans la Sourate 2, versets 51-56, sur le thème de l'éloignement des commandements que Dieu a donné aux enfants d'Israël, ces derniers ayant fini par adorer un veau d'or en l'absence de Moïse. Ainsi, le verset 56 explique : "Puis Nous vous ressuscitâmes après votre mort afin que vous soyez reconnaissants." Si revenir à la vie après leur "mort" se produit le Jour de la Résurrection, comment les enfants d'Israël pourraient-ils renaître après leur disparition ? Nous pouvons, en conséquence, conclure que l'une des significations du terme " mort " revêt un sens spirituel et se produit lorsque nous nous éloignons de Dieu. Et que la résurrection s'opère lorsque notre âme, notre vie et nos pensées s'élèvent plus près de Dieu.

Nous pouvons, de plus, trouver d'autres références pour clarifier le paradoxe de la mort de la vie et la vie après la mort. Dans la Sourate 2; au verset 154, nous lisons "Et ne dites pas de ceux qui sont tués dans le sentier de Dieu qu'ils sont morts. Au contraire ils sont vivants, mais vous en êtes inconscients. ". Le verset 69 de la Sourate 4 stipule aussi que : " ...ceux-là seront avec ceux que Dieu a comblés de Ses bienfaits: les prophètes, les véridiques, les martyrs...".Ceci est également souligné ailleurs pour expliquer que ceux qui donnent leur vie à Dieu : "Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier de Dieu, soient morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus " (Sourate 3, verset 169). Est-ce que ces êtres se retrouvent auprès de leur Seigneur avant la Résurrection et le Jugement Dernier ? Doit-on comprendre cela au sens littéral ou bien métaphorique ?

Mais cependant si une explication claire sur ces questions s'avère nécessaire, nous pouvons alors nous tourner vers les versets 20 et 21 de la Seizième Sourate : "Et ceux qu'ils invoquent en dehors de Dieu ne créent rien, et ils sont eux-mêmes créés... " " Ils sont morts, et non pas vivants... ". Par conséquent, nous pouvons conclure selon le cas que la mort peut être à la fois physique et spirituelle. La mort physique provoquant la désintégration du corps physique ; c'est notre âme qui retourne à Dieu. " Toute âme goûtera la mort. Ensuite c'est vers Nous que vous serez ramenés" et "Dieu reçoit les âmes au moment de leur mort ainsi que celles qui ne meurent pas au cours de leur sommeil. Il retient celles à qui Il a décrété la mort, tandis qu'Il renvoie les autres jusqu'à un terme fixé. " (Sourate 29, versets 57 et Sourate 39, verset 42).

Un coup d'oeil latéral portant sur le regard que pose le Coran sur la mort de Jésus Christ va éclairer davantage les contrastes de la mort spirituelle et physique. La Sourate 4, verset 157 explique : " et à cause de leur parole: "Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager de Dieu "... Or, ils ne l'ont ni tué ni crucifié; mais ce n'était qu'un faux semblant! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude: ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l'ont certainement pas tué". C'est le corps physique du Christ qui avait fait l'objet de torture et de mort. Ainsi Jésus était captif physiquement et non pas spirituellement. Car dans une autre Sourate (3, verset 55), il est stipulé que l'esprit du Christ s'est envolé vers un autre royaume "O Jésus, certes, Je vais mettre fin à ta vie terrestre t'élever vers Moi..."

C'est donc l'âme de l'individu qui retourne à Dieu et non pas toutes les âmes qui y retournent en même temps. Si c'était le cas, pouvons-nous nous attendre à voir un paradis et un enfer matériels ? Est-il possible que l'enfer représente la distance qui sépare de l'Etre divin tant dans la vie que dans la mort, et que le paradis soit la proximité de Dieu ? Ces images sont les punitions et les récompenses qui sont présentées à un peuple qui ne pouvait à peine concevoir les significations spirituelles et abstraites contenues dans le Coran. Des analogies physiques et matérielles devaient leur être fournies grâce à des explications et à des doctrines. En rapport avec cette approche, le Coran a inclus en même temps des éléments qui expliquent quelque peu cette pratique. Nous voyons, notamment, comment l'analogie d'un bon arbre qui porte de bons fruits s'applique au comportement humain et qu'un mauvais arbre portant de mauvais fruits est présenté dans la Sourate 14 comme suit :

"N'as-tu pas vu comment Dieu propose en parabole une bonne parole pareil à un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure s'élançant dans le ciel ?" "Il donne à tout instant ses fruits, par la grâce de son Seigneur. Dieu propose des paraboles à l'intention des gens afin qu'ils s'exhortent " " Et une mauvaise parole est pareille à un mauvais arbre, déraciné de la surface de la terre et qui n'a point de stabilité." (versets24-26). Les arbres, ici, symbolisent les actions humaines, les mauvais actes provoquant de mauvais résultats et de bonnes actions donnant de bons fruits. Cette illustration s'efforce d'expliquer dans un langage figuratif à ceux qui écoutent et qui souhaiteraient comprendre toute la subtilité qui est enchâssée dans les mots divins.


LE JOUR DE LA RESURRECTION POUR UNE COMMUNAUTE

Dans les pages précédentes, nous avons expliqué que les généralités se rapportant à la Résurrection, au Jugement Dernier, et au Châtiment sont des concepts qui peuvent se référer à des états spirituels de l'être, et ceux-ci peuvent se produire avant ou après la mort. Maintenant le même phénomène est vrai dans le cadre d'une communauté. En parcourant le Coran, nous pouvons découvrir de nombreux versets stipulant qu'une communauté qui n'acceptait pas le messager divin et négligeait les ordonnances de Dieu subissait un châtiment, alors que ceux qui suivaient les enseignements étaient méritoires, recevant la grâce et la bonté divines.

Nous apprenons, par exemple, que lorsque Moïse était venu et apporta ses enseignements à son peuple, Dieu plaça ce dernier à un rang qui surpassait les autres communautés, et le montrant comme les " préférés ". La Sourate 2, verset 47 explique : "O enfants d'Israël, rappelez-vous Mon bienfait dont Je vous ai comblés, (Rappelez-vous) que Je vous ai préférés à tous les peuples (de l'époque), ". Moïse avait été envoyé par Dieu pour éclairer son peuple ; la Sourate 14, verset 5 : " Nous avons certes, envoyer Moïse avec nos miracle [en lui disant] : " Fais sortir ton peuple des ténèbres vers la lumière..". Cependant, à l'époque de la venue de Jésus, comme l'indique le Coran, le peuple juif s'était éloigné des enseignements originaux et du centre spirituel de la révélation mosaïque. Ils rejetèrent Jésus, qui dit, à l'occasion, à un disciple : " Laissez les morts enterrer les morts " afin de souligner le fait que l'ancienne dispensation avait atteint son cours et qu'une nouvelle force divine avait revivifié l'esprit humain. Et en même temps, nous pouvons interpréter la ligne ci-dessus au sens où le premier terme " mort " se réfère à la mort spirituelle tandis que le second se rapporte à la mort physique.

Nous pouvons, en outre, déclarer que la venue de Jésus représentait le Jour de la Résurrection pour le peuple juif. La Sourate 3, verset 49 stipule : "Et je guéris l'aveugle-né et le lépreux, et je ressuscite les morts, par la permission de Dieu ", et dans la Sourate 5, verset 110 : "Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts ". Ces dernières sont, bien entendu, des références aux "miracles " attribués à Jésus, à sa faculté d'insuffler une nouvelle vie spirituelle à ceux qui l'accepteraient et le suivraient.

Et Jésus, est montré, plus loin dans la Sourate 43, versets 59 et 60, comme étant un "...exemple aux Enfants d'Israël;" ; ceci est l'explication fournie par Mohammed à son propre peuple au sujet de Jésus. Puis, dans le verset 61, nous entendons la voix de Jésus : "Il sera un signe au sujet de l'Heure. N'en doutez point. Et suivez-moi voilà un droit chemin ". Ainsi, nous pouvons soutenir que la venue du Christ incarnait " l'heure " pour le peuple juif ; car ceci représentait " le Jour de la Résurrection " pour ceux qui croiraient en Jésus et trouveraient une nouvelle " naissance ", une spiritualité renouvelée. Les Evangiles traitent évidemment continuellement de cette renaissance ainsi que d'un nouvelle esprit.
En conséquence, puisque la troisième Sourate, verset 55 indique qu'un nouveau rang est donné aux disciples du Christ : "et mettre jusqu'au Jour de la Résurrection, ceux qui te suivent au-dessus de ceux qui ne croient pas. Puis, c'est vers Moi que sera votre retour ". Ainsi les chrétiens sont alors élevés au-dessus des autres communautés jusqu'à un temps futur ; donc une durée limite leur a été attribuée, car il y aura un nouveau jour qui viendra.

Il serait donc censé de déclarer, qu'en temps voulu, avec la révélation de Mohammed, ce Jour du Jugement Dernier est apparu. Car ici, il s'agissait de l'intervention de Dieu pour des personnes qui avaient un besoin urgent de recevoir la guidance divine et la lumière. La démonstration est apportée dans la Sourate 57, verset 9 " C'est Lui qui fait descendre sur Son serviteur des versets clairs, afin qu'il vous fasse sortir des ténèbres à la lumière; et assurément Dieu est Compatissant envers vous, et Très Miséricordieux." Et avec la même faveur, ceux qui allaient suivre Mohammed allaient bénéficier du même statut : " Vous êtes la meilleure communauté qu'on ait fait surgir pour les hommes... Si les gens du Livre croyaient, ce serait meilleur pour eux ... " Sourate 3, verset 110). Nous pouvons donc prétendre maintenant que les musulmans étaient devenus la communauté honorée, et que les chrétiens avaient rencontré leur Jour de la Résurrection. La troisième sourate, verset 4 explique : "Ceux qui ne croient pas aux Révélations de Dieu auront, certes, un dur châtiment! " Ici, donc, la résurrection et le jugement sont apportés par les messagers de Dieu pour éprouver la force spirituelle de l'homme.

Puisqu'il y a eu un temps déterminé et désigné pour les peuples juifs et chrétiens, nous pouvons donc affirmer, comme Mohammed, lui-même, l'a indiqué, qu'il y avait une limite au statut consenti pour les musulmans. Le verset 34 de la Sourate 7 dit : " Pour chaque communauté il y a un terme. Quand leur terme vient, ils ne peuvent le retarder d'une heure et ils ne peuvent le hâter non plus." La Sourate 15, verset 5 répète : "Nulle communauté ne devance son terme, ni ne le retarde. ". Le verset 47, Sourate 10 : " À chaque communauté un Messager. Et lorsque leur messager vint, tout se décida en équité entre eux et ils ne furent point lésés" Il est clair qu'en vertu de ces versets, les communautés tout comme les individus, sont également soumis au jugement sitôt que leur " terme " vient à expirer et qu'ils seront aussi jugés en conséquence.

Notre perception de la dichotomie que constitue la maturité de l'expérience spirituelle individuelle et nationale et de l'intervention divine devrait tenir une place importante dans le plan divin qui est fourni à l'humanité. Comme il est indiqué dans les versets ci-dessus, l'homme ne peut pas intervenir dans ce plan, il ne peut ni le changer ni l'en empêcher voire l'avancer. Peut-être, qu'en guise de réponse à la question concernant le temps escompté pour ces changements, les événements ou les " résurrections ", la Sourate 7, verset 187 explique : " Ils t'interrogent sur l'Heure: "Quand arrivera t'elle?" Dis: "Seul mon Seigneur en a connaissance. Lui seul la manifestera en son temps. Lourde elle sera dans les cieux et (sur) la terre et elle ne viendra à vous que soudainement."" Les conséquences de cette Heure ne sont pas limitées à la mort physique, parce qu'elle se rapporte " aux cieux et à la terre ", où les vivants doivent être découverts.

De plus, la Sourate 21, verset 104 nous fait la promesse suivante sur les pouvoirs régénérateurs de Dieu au Jour de la Résurrection : "Le jour où Nous plierons le ciel comme on plie le rouleau des livres, Tout comme Nous avons commencé la première création, ainsi Nous la répéterons; c'est une promesse qui Nous incombe et Nous l'accomplirons! " Ainsi, la vision de la fin du monde signifie une nouvelle " création " à chaque âge. Mais plus fondamentalement, le temps, la durée de telles créations nous sont fournies par la Sourate 32, verset 5 : "Du ciel à la terre, Il administre l'affaire, laquelle ensuite monte vers Lui un jour équivalent à mille ans de votre calcul. " Ainsi le Jour spécifié par Dieu est égal à mille ans tel que nous appréhendons et mesurons le temps.

Un autre symbole utilisé en corrélation avec la résurrection et le renouveau a été celui de l'appel de la trompette. Le son de la trompette est traditionnellement associé à l'annonce de la mort, il y a ainsi des références à cet instrument pour montrer que celui-ci est employé comme un appel pour réveiller les vivants lorsqu'une nouvelle révélation, un nouveau messager apparaissent. Par exemple, nous avons des anecdotes sur l'expérience de Mohammed lorsqu'il prit conscience qu'il avait été choisi par Dieu pour être un avertisseur et un libérateur. Au début, il ne se sentait pas à l'aise avec son rang et garda la nouvelle pour lui-même, après avoir consulté son épouse. Puis, lorsque la seconde sourate lui fut révélée, il fut rappelé à l'ordre par Dieu au sujet de sa mission. Ensuite, vinrent des effusions de versets et de commandements. Dans la Sourate 74 entre le premier et le dixième versets, nous découvrons les points suivants adressés à Mohammed : " O, toi (Muhammad)! Le revêtu d'un manteau! "... "Lève-toi et avertis. " ... " Et ne donne pas dans le but de recevoir davantage" ... "Et pour ton Seigneur, endure " ... "Quand on sonnera du Clairon " ... " Alors, ce jour-là sera un jour difficile" ... "pas facile pour les mécréants. " Ainsi, le son de la trompette, incarnant la déclaration et la révélation de Mohammed, pèse lourdement pour ceux qui ont manqué de croire.

De même, dans la Sourate 27, verset 87, l'image de la trompette est évoquée davantage : " Et le jour où l'on soufflera dans la Trompe, tous ceux qui sont dans les cieux et ceux qui sont dans la terre seront effrayés,- sauf ceux que Dieu a voulu [préserver]! - Et tous viendront à Lui en s'humiliant."

Le son de la trompette n'a pas sonné ici pour les morts mais plutôt pour ceux qui sont " au ciel et sur la terre " ; pour ceux qui ont vu le jour spirituel de la résurrection et ont entendu l'appel de cette révélation. Nous pouvons observer que la Sourate 79 indique également que "Le jour où [la terre] tremblera [au premier son du clairon] " immédiatement suivi du deuxième" " Ce jour-là, il y aura des coeurs qui seront agités d'effroi, et leurs regards se baisseront." (versets 6-9). De toute évidence, ce ne sont pas les coeurs des morts qui battent mais ceux des vivants.

La métaphore du son de la trompette est employée dans le Coran pour révéler pas seulement l'appel des messagers de Dieu avant Mohammed, mais aussi de ceux qui viendraient après lui. La Sourate 39, versets 68-69 se réfère au Jour de la Résurrection qui doit venir, annonçant l'arrivée non pas d'une mais de deux trompettes : " Et on soufflera dans la Trompe, et voilà que ceux qui seront dans les cieux et ceux qui seront sur la terre seront foudroyés, sauf ceux que Dieu voudra [épargner]. Puis on y soufflera de nouveau, et les voilà debout à regarder" " Et la terre resplendira de la lumière de son Seigneur; le Livre sera déposé... " Il semble donc que dans la révélation à venir, nous devrions attendre deux messagers, l'un après l'autre, et le livre sera ouvert, le Jour de la Résurrection, comme promis par Mohammed.

Dans l'intervalle, il apparaîtra des prétendants et des faux prophètes qui conduiront quelques personnes vers l'égarement ; des récits actuels et passés attestent aux multitudes que de tels mensonges se sont temporairement répandus. Qu'elles soient sous l'apparence de la laïcité ou de la spiritualité, il ne subsiste peu ou pas de souvenirs de ces croyances. Abordant ce problème, Dieu parle de ceux qui apparaîtraient faussement en Son nom : "Et s'il avait forgé quelques paroles qu'ils Nous avait attribuées, Nous l'aurions saisi de la main droite, ensuite, Nous lui aurions tranché l'aorte" (Sourate 69, versets 44-46). Nous sommes par conséquent assurés par Dieu que ceux qui embrassent de vaines et fausses croyances au nom de Dieu seront sévèrement traités par Dieu Lui-même. En revanche, les véritables révélations inspirées divinement, seront, d'autre part, reconnues selon, le Nouveau Testament, " à leurs fruits ".

Les nombreux progrès auxquels l'humanité a assisté au cours de ces 100 dernières années sont aux dires de tous l'expérience la plus spectaculaire. Des progrès dans les moyens de transport, ou dans des moyens de communications rapides, visuelles tout comme audio, ont rapproché la famille humaine à tel point qu'on accepte volontiers maintenant que le monde est simplement un village planétaire. Nous pouvons donc affirmer que les anciennes révélations ont apporté peu à peu l'unité de la cité, de l'état, et avec Mohammed, de la communauté. L'humanité est désormais prête pour vivre une unification globale, raciale, ethnique et spirituelle, ainsi qu'économique et sociale. La triste histoire sociale de ce siècle montre que les actions de l'homme, les théories politiques, économiques et dogmatiques ainsi que leurs effets ont atrocement échoués. Par conséquent, ce qui reste ne peut être qu'un plan spirituel, divinement dirigé, dont l'application peut remplir les anciennes promesses enregistrées dans toutes les religions et les livres saints.

L'examen et l'analyse des versets coraniques ont fait l'objet dans ce cadre d'un essai afin de porter un autre regard sur les significations sous-jacentes qu'ils contiennent. J'ai, bon espoir, que les lecteurs pourront apprécier ces notions avec un esprit ouvert et se faire leur propre jugement.

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