Médiathèque baha'ie

Les Fêtes baha'ies

Par Louis Hénuzet
(érudit baha'i)


Dans toutes les religions, nous trouvons des fêtes et des célébrations. La foi baha'ie n'échappe pas à cette règle. Pour les besoins de l'exposé, ces événements seront classés en deux groupes : les fêtes liées au calendrier baha'i et les commémorations.

1. LES FETES LIÉES AU CALENDRIER

Le calendrier baha'i est basé sur le calendrier instauré par le Bab (1) qui n'avait pas indiqué quand il fallait intercaler les quatre ou cinq jours qui transformaient le calendrier de dix-neuf mois de dix-neuf jours, soit 361 jours, en calendrier solaire. Baha'u'llah comble cette lacune du Bayan (2) en intercalant les jours en surplus entre l'avant dernier et le dernier mois du calendrier, c'est-à-dire avant le commencement du jeûne :
"Que les jours excédentaires soient placés avant le mois du jeûne. Nous avons décrété que, parmi tous les jours et toutes les nuits, ceux-là seraient les manifestations de la lettre Ha, et c'est ainsi qu'ils n'ont pas été compris dans les limites de l'année et de ses mois (3)."

a. Ayyam-i-Ha

Ces jours supplémentaires sont donc appelés Ayyam-i-Ha (les Jours de Ha ; Ha est aussi un symbole de la réalité essentielle de Dieu) :
"Au cours de ces journées, il convient au peuple de Baha d'organiser de bons repas pour eux, pour leur famille et, au-delà, pour les pauvres et les indigents, puis de saluer et de glorifier leur Seigneur, de chanter ses louanges et de magnifier son nom, dans la joie et l'allégresse. (4) "

Les jours intercalaires sont célébrés par des visites et des réceptions dans la famille et chez les amis, par des échanges de cadeaux, mais aussi par des visites aux malades, aux personnes âgées. Des réceptions sont aussi organisées par les communautés baha'ies non seulement pour les membres de la communauté, mais pour leurs amis non baha'is. Ils sont suivis par le jeûne :
"Lorsque finissent ces jours de générosité qui précèdent la période de restriction, qu'ils commencent le jeûne. Ainsi l'a ordonné le Seigneur de toute l'humanité. (5) "

b. Fête des dix-neuf jours

À l'époque de Baha'u'llah et surtout de 'Abdu'l-Baha, les baha'is ont fait du premier jour de chaque mois un jour de fête, à la suite de cette disposition du Kitab-i-Aqdas :
"En vérité, Nous vous enjoignons d'offrir une fête une fois par mois, même en ne servant que de l'eau; car Dieu a voulu unir les coeurs aussi bien par des moyens terrestres que célestes (6)."

La pratique d'une réunion tous les dix-neuf jours a déjà été instaurée par le Bab, dans le Bayan arabe où il appelle ses disciples à se réunir une fois tous les dix-neuf jours pour témoigner hospitalité et camaraderie.

C'est la base de la fête des dix-jours qui a été progressivement développée par 'Abdu'l-Baha et Shoghi Effendi. 'Abdu'l-Baha a souligné les deux aspects, religieux et social, de la Fête :
"Tu as écrit... au sujet de la Fête... qui a lieu une fois par mois de dix-neuf jours... Que les bien-aimés de Dieu se réunissent et se fréquentent dans Ic plus grand amour, la plus grande spiritualité et la plus grande joie ; qu'ils se conduisent alors avec la plus grande courtoisie et la plus grande retenue. Qu'ils lisent les versets sacrés aussi bien que les articles instructifs et les lettres de 'Abdu'l-Baha ; qu'ils s'encouragent et s'inspirent les uns les autres à aimer toute l'humanité ; qu'ils chantent les prières avec sérénité et joie; qu'ils fassent des exposés éloquents et louangent le Seigneur incomparable. L'hôte ou l'hôtesse doit servir les amis de ses propres mains, s'assurer du confort de tous et être pour chacun la gentillesse et l'humilité mêmes. Si la Fête est célébrée comme il convient, alors cette cène sera en vérité la " cène du Seigneur "~ car les fruits en seront les mêmes et l'influence identique. (7)"

Le Gardien, Shoghi Effendi, a développé la fête en y ajoutant une troisième partie de caractère administratif, comme base de l'ordre administratif qui est évoqué dans la révélation de Baha'u'llah :
"D'autres éléments qui favorisent encore le développement de cet ordre administratif et contribuent à le consolider sont : l'institution systématique de la Fête des dix-neuf jours fonctionnant dans la plupart des communautés baha'ies d'Orient et d'Occident et dans laquelle ressortent les trois aspect : religieux, administratif et social de la vie d'une communauté baha'ie (8)."
"Dans l'Aqdas, Baha'u'llah a clairement révélé le caractère spirituel et social de cette institution. Cependant, son importance administrative a été soulignée par le Gardien en réponse directe aux besoins croissants de la communauté baha'ie en cette période de formation de l'ère baha'ie, pour une meilleure éducation aux méthodes et aux principes de son administration. (9)"

Le canevas général de la fête reste celui qui a été précisé par 1'Assemblée Spirituelle des baha'is des États-Unis dans un exposé publié dans Baha'i News n° 75, exposé confirmé par une lettre du Gardien du 6 septembre 1943 :
"La première partie de caractère complètement spirituel, est vouée à la lecture des Écrits sacrés baha'is ; la deuxième partie consiste en une consultation générale sur les affaires de la cause, et c'est à ce moment-là que l'assemblée spirituelle locale fait le rapport de ses activités à La communauté, invite les participants à donner leurs suggestions et à se consulter, et délivre les messages reçus du Gardien et de l'Assemblée nationale ; la troisième partie est la fête matérielle et la rencontre sociale de tous les amis".

Il faut remarquer que cette fête n'est pas régie par un rituel fixe et qu'il faut allier le respect des principes de base à l'imagination créatrice des communautés, ce qui fait évoluer, sinon le caractère fondamental, du moins le déroulement de la fête. À ce sujet la Maison universelle de justice (10) a adressé une lettre importante aux communautés baha'ies en août 1989 :
"Au fil des jours, la Fête des dix-neuf jours, sa structure, son intention et ses possibilités se sont transformées pour les amis en un sujet de croissantes recherches... Bien que la célébration de là Fête exige une stricte adhésion aux trois aspects dans la succession selon laquelle ils ont été définis, il reste beaucoup de possibilités de variation dans l'expérience globale... Les influences des différentes cultures sont des facteurs bienvenus pouvant ajouter une diversité salutaire à la Fête, diversité représentative des caractéristiques uniques des différentes sociétés dans lesquelles elle se déroule et, par conséquent, contribuer à l'inspiration morale et au plaisir des participants..."

Pour cela l'accent est mis sur la préparation de la fête, le choix judicieux du lieu, la possibilité dans certaines circonstances de tenir parfois la fête, non pas le premier jour, mais le week-end suivant, d'introduire de la musique ou des éléments culturels, bref de faire preuve d'imagination afin que la réunion des dix-neuf jours ne devienne pas un événement stéréotype et dénué de tout intérêt.

Interrogé sur le caractère obligatoire de la fête, Baha'u'llah a répondu que ce n'était pas obligatoire (11). Cette réponse a aussi été expliquée par Shoghi Effendi. L'importance d'organiser la Fête dans les communautés qui ont élu une assemblée locale est soulignée. Toutefois Shoghi Effendi ajoute que "l'assistance à la Fête des Dix-neuf jours n'est pas obligatoire, mais importante et chaque croyant devrait considérer comme un devoir et un privilège d'être présent en de telles occasions " (12).

- Jour où la fête doit être célébrée :

"Votre troisième question concerne le jour où la Fête doit être célébrée chaque mois. Le Gardien a déclaré qu'aucun jour spécial n'a été fixé, mais qu'il serait préférable et plus approprié de tenir les réunions le premier jour de chaque mois (13)."
"La Fête des dix-neuf jours ne peut être une institution administrative officielle que dans les communautés où il y a une assemblée spirituelle locale qui se charge de l'organiser, qui présente ses rapports aux amis et reçoit leurs recommandations. Mais les groupes, les amis qui se réunissent spontanément et même les croyants isolés devraient certainement rappeler la date des Fêtes et dire des prières ensemble. Quant aux groupes, ils peuvent très bien observer la Fête comme le ferait une assemblée spirituelle locale, tout en reconnaissant bien sûr que cette Fête n'a pas de statut administratif officiel. (14)"

- Lieu :

Le lieu de préférence est le Haziratu'l-Quds (centre administratif) local, mais rien ne s'oppose à ce que la fête ait lieu chez un croyant particulier avec l'accord de l'assemblée locale (15), ou même en plein air (16). Pour les plus grandes communautés, bien qu'elles n'aient qu'une seule assemblée locale, plusieurs fêtes peuvent être organisées par quartier. (17)

- Textes sacrés :

"Pendant la partie de dévotion de la Fête des dix-neuf jours, les amis peuvent lire n'importe quel extrait des écrits du Bab, de Baha'u'llah et du Maître, ainsi que des extraits de la Bible et du Qu'ran, puisqu'ils sont tous des Écrits sacrés. Cette partie de la réunion ne doit pas être seulement limitée à des prières, bien que des prières peuvent et devraient être lues. Si après cela, il y a une période de lecture des enseignements, des écrits du Gardien peuvent y être inclus. Mais cela ne fera pas partie de l'aspect de dévotion de la réunion. (18)"

- Droit de participation :

En raison du caractère administratif des fêtes officielles, seuls les baha'is peuvent y assister :
"On peut expliquer, de façon amicale, que la Fête des dix-neuf jours est un événement interne et religieux, entièrement privé et réservé à la communauté baha'ie, au cours duquel ses affaires intérieures sont discutées... Il n'y a cependant rien de secret dans la Fête mais elle est organisée pour les baha'is seulement. (19) "

Toutefois si exceptionnellement, des personnes non baha'ies étaient présentes, il ne faudrait pas les écarter, mais simplement supprimer la consultation de la partie administrative :
"Quand un non-baha'i se présente à une Fête, il ne faut pas lui demander de partir ; l'assemblée devrait plutôt omettre la partie consultative de la Fête, et le non-baha'i devrait être bien accueilli... (20) "

- Organisation de la partie consultative :

Au cours de la consultation, tous les baha'is présents ont le droit de participer à celle-ci, même les baha'is qui sont en visite et qui ne font pas partie de la communauté locale, ainsi que les enfants en dessous de quinze ans ou les jeunes en dessous de 21 ans. Toutefois, lors des votes pour l'adoption des recommandations, seuls les baha'is adultes de la communauté participent au vote.

La partie administrative est conduite par un président tandis qu'un secrétaire prend note des recommandations à adresser à l'assemblée locale et rédige éventuellement un procès-verbal. Ces président et secrétaire sont en général le président ou vice-président et le secrétaire de l'assemblée locale.

Dans le cas de plusieurs fêtes dans une localité, ces officiers sont soit élus pour l'année ou désignés par l'assemblée locale. En cas d'absence, ils peuvent être remplacés par un autre baha'i.


2. LES FETES COMMÉMORATIVES

a. Naw-Ruz :

La première fête, qui est encore liée au calendrier, est la fête du Naw-Ruz (la nouvelle année), qui est célébrée le premier jour du premier mois. La fête de Naw-Ruz était célébrée par la Perse antique et moderne, mélangeant les caractères religieux et profane de l'événement qui se déroulait d'ailleurs sur plusieurs jours. En ce qui concerne la foi baha'ie, la fête ne se déroule que sur un jour. Le caractère particulièrement sacré est déjà souligné par le Bab :
Le premier jour, qui est le 'No Rouz', est le jour de " Il n'y a pas de dieu, si ce n'est Dieu ". (21)

La fête est confirmée par Baha'u'llah qui en fixe la date avec précision :
"Ô Plume du Très-Haut ! Dis : Ô peuples du monde, nous vous avons prescrit de jeûner durant une brève période, à l'issue de laquelle Nous avons fixé pour vous la fête de Naw-Ruz. (22)"
"Heureux celui qui aborde le premier jour du mois de Baha, le jour que Dieu a consacré à ce grand nom. Et béni est celui qui montre en ce jour les dons généreux que Dieu lui a conférés. Il est, en vérité, de ceux qui témoignent de leur reconnaissance envers Dieu en agissant selon ce qui convient à la munificence du Seigneur, munificence qui a englobé tous les mondes. Dis : ce jour est, en vérité, la couronne de tous les mois et leur source, le jour où le souffle de vie s'est répandu sur toutes les choses créées. Grande est la bénédiction de celui qui l'accueille avec une joie radieuse. Nous témoignons en vérité qu'il est parmi les bienheureux. (23)"
"La fête de Naw-Ruz tombe le jour où 1e soleil entre dans le signe du Bélier (24), même si cela devait arriver moins d'une minute avant le coucher du soleil. (25)"

En règle générale, l'entrée du soleil dans le signe du bélier se passe après le coucher du soleil le 20 mars, la date du Naw-Ruz est donc habituellement du coucher du soleil le 20 mars au coucher du soleil le 21. Il arrive cependant que cela se passe le jour précédent ou le jour suivant. La Fête pourra donc avoir lieu, soit le 20, le 21 ou le 22 mars.

À l'échelle mondiale, il faudra choisir un point précis de la terre qui servira de référence pour la fixation de l'heure exacte de l'équinoxe du printemps afin que la fête soit célébrée partout à la même date. Ce choix reviendra, selon les indications de Shoghi Effendi, à la Maison universelle de justice. En attendant, la fête est le plus souvent célébrée le 21 mars. Il s'agit de la fête spirituelle, consacrée à la lecture de textes sacrés, à des allocutions de circonstance, à des parties musicales et des chants, selon des programmes élaborés à l'échelle locale.

En plus de la fête spirituelle, les communautés organisent souvent à l'échelle locale, régionale ou nationale, soit le même jour ou dans les jours qui suivent, une rencontre de réjouissance avec repas en commun et programme spirituel et social. Le Jour du Naw-Ruz est un jour saint pendant lequel le travail est suspendu.


b. Les deux plus grandes Fêtes :

"Toutes les fêtes atteignent leur couronnement dans les deux plus grandes Fêtes, et dans les deux autres fêtes qui tombent les jours jumeaux, la première des plus grandes Fêtes étant ces jours au cours desquels le Très-Miséricordieux répandit sur toute la création la gloire resplendissante de ses noms les plus excellents et de ses attributs les plus exaltés, la seconde étant ce jour où Nous avons suscité celui qui annonça à l'humanité la bonne nouvelle de ce nom, par lequel, les morts furent ressuscités, et par lequel, furent réunis tous ceux qui sont au ciel et sur la terre. Ainsi en a-t-il été décrété par Celui qui ordonne, l'Omniscient. (26) "

Les plus grandes fêtes sont donc les commémorations des déclarations officielles de Baha'u'llah et du Bab. Les deux autres qui tombent pendant les jours jumeaux, sont les célébrations des naissances du Bab et de Baha'u'llah.

1° La fête de Ridvan :

La déclaration officielle de Baha'u'llah a eu lieu au cours de son séjour de douze jours dans un jardin près de Bagdad, au moment où se préparait son départ pour Constantinople, mettant fin à son séjour de dix ans à Bagdad. C'est au cours de ces douze jours que Baha'u'llah a déclaré à ses proches qu'il était "Celui que Dieu doit manifester" prédit par le Bab, bien que lui-même en ait reçu la certitude lors de son séjour, dix ans auparavant, dans la prison de Téhéran.

Bien que la fête elle-même dure douze jours, trois jours seulement sont déclarés jours saints avec suspension du travail. Le premier jour qui commémore son départ de Bagdad, avec ses trois fils, son secrétaire et peut-être un nombre très limité de compagnons dont l'identité n'est pas clairement connue, ainsi que leur arrivée dans le jardin appelé plus tard Jardin du Ridvan (Paradis). Ce premier jour commémore en fait la déclaration elle-même :
"Dis : La plus grande Fête est, en effet, la reine des Fêtes. Souvenez-vous, ô peuple, des dons généreux que Dieu a répandus sur vous. Vous étiez plongés dans le sommeil et voyez : il vous a éveillés par les brises vivifiantes de sa révélation et vous a fait connaître sa voie évidente et droite. (27) "

La date de ce premier jour a été fixée par Baha'u'llah :
"la plus grande Fête commence en fin d'après-midi, le treizième jour du deuxième mois de l'année selon le Bayan (28). "

Comme habituellement le calendrier commence le 21 mars, ce treizième jour est le 21 avril. En 1863, pour les raisons expliquées ci-avant, le Naw-Ruz tombait le 22 mars et Baha'u'llah a effectivement quitté Bagdad pour le Jardin de Ridvan le 22 avril 1863.

Les deux autres jours qui sont commémorés et également considérés comme jours saints, sont le neuvième jour au cours duquel Baha'u'llah a été rejoint par sa famille et le douzième jour qui commémore le départ de Baha'u'llah pour la Mer Noire et Constantinople.

Il s'agit du plus grand événement du calendrier baha'i, non seulement parce qu'il a une durée de douze jours bien que le travail ne soit suspendu que pendant les trois jours saints, mais aussi parce que c'est l'occasion de renouveler les institutions baha'ies. Annuellement les assemblées locales sont réélues le premier jour de la période de Ridvan.

Quant aux assemblées nationales et à la Maison universelle de justice, elles sont réélues au cours de ladite période par une convention qui dure plusieurs jours. Au cours des conventions nationales annuelles, des délégués non seulement élisent la nouvelle assemblée nationale, mais se consultent sur les affaires de la cause et présentent des recommandations à la nouvelle assemblée nationale sur toutes questions que la convention a la liberté d'évoquer.

Tous les cinq ans, les membres des assemblées nationales se réunissent en Terre Sainte pour élire la Maison universelle de justice et également pour émettre des avis et des suggestions qui sont présentés pour décision à la nouvelle Maison de justice élue.

La Fête du Ridvan allie donc le caractère festif de l'événement à une activité administrative de toute première importance, comme c'est d'ailleurs devenu le cas des fêtes des dix-neuf jours.

2° La déclaration du Bab:

La deuxième fête dont il est question dans le verset du Kitab-i-Aqdas cité ci-avant commémore la déclaration du Bab à son premier disciple Mulla Husayn. Cette déclaration eut lieu dans la nuit du 22 au 23 mai 1844 :
"Du moment même où s'est manifesté l'arbre du Béyan jusqu'au jour où il se couchera, c'est le jugement dernier du Prophète de Dieu. C'est cela que Dieu a promis dans le Qoran et le commencement est à deux heures, onze minutes de la nuit du 5 ghamadi al avval de l'année 1260 qui est l'année 1270 à dater du jour où fut suscité Muhammad. (29) "

Mulla Husayn nous laissa un récit de cette nuit selon lequel le Bab lui aurait déclaré :
"Cette nuit, cette même heure sera, dans le temps à venir, célébrée comme l'une des fêtes les plus grandes et les plus significatives. Rendez grâce à Dieu de vous avoir aidé à réaliser le désir de votre coeur et à boire du vin scellé de sa parole. Bienheureux ceux qui y parviennent. (30)"

Cette déclaration eut lieu quelque temps après que le Bab eut lui-même acquis la certitude d'être le Qa'im promis. Il déclare dans le Kitabu'l-Haramayn, un autre de ses écrits :
"En vérité, le premier jour où l'esprit descendit dans le coeur de cet esclave était le 15 du mois de Rabi'u'l-avval de l'année 1260. (31) "

Au centre mondial de la foi baha'ie en Terre sainte et dans certains pays, la commémoration se fait selon le calendrier musulman tandis que dans le reste du monde, la commémoration se tient la nuit du 22 au 23 mai.

La commémoration de la déclaration du Bab en 1844 à Shiraz est d'une particulière importance pour les baha'is car cet événement marque le début de la nouvelle ère baha'ie qui n'a pas commencé par un Naw-Ruz (nouvelle année), mais par ladite déclaration. Le premier Naw-Ruz de l'ère baha'ie commence la deuxième année de celle-ci. Naw-Ruz 2002 était le cent cinquante huitième Naw-Ruz et le début de l'an 159.


c. Les deux jours jumeaux :

Ces deux jours commémorent les naissances de Baha'u'llah et du Bab. Le Bab est né le 1 muh?arram (32) 1235 (20 octobre 1819) et Baha'u'llah le 2 muh?arram 1233 (le 12 novembre 1817). Au temps de Baha'u'llah, les commémorations avaient lieu selon le calendrier musulman et se déroulaient donc au cours de deux journées consécutives :
"La naissance de la Beauté d'Abha eut lieu à l'aurore du second jour du mois de Muh?arram, dont le premier jour est marqué par la naissance de son Héraut. Aux yeux de Dieu, ces deux jours sont comptés comme n'en formant qu'un. (33) "

Comme pour la déclaration du Bab, ces deux jours sont célébrés l'un après l'autre en Terre sainte, selon le calendrier musulman, tandis que dans la plupart des pays, les deux célébrations sont séparées et ont lieu respectivement les 20 octobre et 12 novembre.

Cette question devra faire l'objet plus tard d'une décision de la Maison universelle de justice pour que ces fêtes aient lieu le même jour pour toutes les communautés baha'ies.


d. Les autres commémorations et jours saints :

Au total, le Kitab-i-Aqdas instaure sept commémorations qui sont sept jours saints (Naw-Ruz, trois jours pendant le Ridvan, la déclaration du Bab, la naissance du Bab, et la naissance de Baha'u'llah).

À l'époque de Baha'u'llah, il était également d'usage de commémorer le martyre du Bab qui eut lieu le 9 juillet 1850 et selon les directives de 'Abdu'l-Baha, un neuvième jour férié a été ajouté pour commémorer le décès de Baha'u'llah, le 29 mai 1892.

À ces neuf jours saints avec suspension de travail, deux commémorations se sont ajoutées par la suite. Elles ne sont toutefois pas des jours saints suspendant le travail. Il s'agit du Jour de 1'alliance, le 26 novembre et l'anniversaire du décès de 'Abdu'l-Baha le 28 novembre.

Aucun rituel n'existe pour ces commémorations dont le programme doit être décidé par les assemblées locales ou leur comité des fêtes. Les Fêtes donnent lieu à des réunions à caractère spirituel avec des prières et des lectures de textes sacrés baha'is, des récits des événements commémorés, parfois des conférences publiques ou des réceptions pour les membres de la communauté et leurs amis, voire des banquets ou des manifestations artistiques.

Comme pour les fêtes des dix-neuf jours, il est fait appel à l'initiative créatrice des communautés, qui sont invitées à perpétuer les caractères spécifiques de leur culture dans la mesure où ceux-ci sont compatibles avec l'esprit de la commémoration.

Pour les commémorations des décès, le programme se limite souvent à une partie spirituelle, avec éventuellement un récit de l'événement et à la rigueur une courte réception.

Il est aussi d'usage d'inclure dans le programme une lecture de la Prière de souvenance, qui fut préparée par Nabil et composée d'extraits des écrits de Baha'u'llah. Cette prière fut récitée, pour la première fois, par Nabil, devant le corps de Baha'u'llah le jour de son décès. Elle est utilisée, mais sans obligation, pour commémorer le décès du Bab et de Baha'u'llah. Une autre prière de souvenance a été rédigée pour être lue, toujours sans obligation, lors de la commémoration du décès de 'Abdu'l-Baha.

Il est aussi d'usage que les participants se tiennent debout lors de la lecture de ces prières et se tournent vers le Centre mondial qui est la Qiblih pour les baha'is.

En Terre sainte, les commémorations des décès ont lieu dans les jardins qui entourent les Tombeaux et les prières de souvenance sont lues à l'intérieur de ceux-ci. Ensuite les participants font le tour des tom-beaux en une procession silencieuse car le nombre de participants ne permet pas à chacun d'aller se prosterner sur le seuil sacré comme cela se fait pour les visites individuelles ou en petit nombre.

Les temples baha'is sont réservés aux parties spirituelles avec lecture de textes sacrés sans commentaires et à des chants a capella.

Les autres parties du programme se déroulent dans un autre endroit, comme l'auditorium dans les sous-sols de certains temples, dans les Haziratu'l-Quds (centres) nationaux ou locaux, ou à défaut chez des particuliers ou dans des endroits loués pour la circonstance.

De la manière dont toutes ces fêtes et commémorations seront célébrées, il restera toujours un canevas de base ainsi qu'un respect de quelques principes, mais il est très probable que leur déroulement évoluera dans l'avenir au fur et à mesure que l'expansion de la foi baha'ie l'enrichira de cultures et de traditions vénérables. Le maintien et le respect de celles-ci illustrent un des concepts fondamentaux de la révélation baha'ie, à savoir l'idée de l'unité dans la diversité.


Notes :


1. La Bab a instauré son calendrier dans son oeuvre principale le Bayan persan. Nous lisons à 1'Unité V. porte 3, " Dieu a créé toutes les années sur son ordre. Depuis la manifestation du Béyân, il a fixé à l'année le nombre de toutes choses (Kull-i-shay 361). II l'a fixée en dix-neuf mois et chaque mois de dix-neuf jours. Dc sorte que tous doivent compter à partir de l'entrée dans le signe du Bélier jusqu'à la fin du voyage du soleil qui se termine au Poisson dans les dix-neuf miroirs des dix-neuf lettres de 1'Unité " (A.L.M. NICOLAS, Le Béyan persan Ill, Paris 1911, p. 5).
Pour résoudre la contradiction entre une année qui correspond à la durée entre deux signes du zodiac, soit une année solaire de 365 jours 1/4, et une année de 19 fois 19 jours, soit 361 jours, il faut intercaler 4 jours supplémentaires (5 pour les années bissextiles). Ces jours étaient ajoutés à la fin de l'année, comme les Azalis (disciples du Bab qui n'ont pas accepté Baha'u'llah et ont suivi son demi-frère Mirza Yah?ya, appelé S?ubh?-i-Azal, Matin d'éternité) ont continué à le faire. Certains babis ont remarqué que cela contredisait une disposition du Bayan instaurant le jeûne et stipulant que celui-ci se terminait par le Naw-Ruz. Ils ont donc commencé le jeûne le cinquième jour du dernier mois, incluant les jours supplémentaires dans le jeûne (Baha'i Calendar and Festivals, in The Baha'i World IV, Wilmette (Ill.) Baha'i Publishing Trust] 1930-1932, p. 248 ss.).
Ce calendrier, appelé aussi calendrier Badi, a été confirmé par Baha'u'llah dans le Kitab-i-Aqdas : " Le nombre de mois dans une année est fixé à dix-neuf dans le Livre de Dieu. Le premier d'entre eux fut orné de ce nom (Baha) qui abrite toute la création." (Kitab-i Aqdas, Le Très-Saint Livre, MEB, Bruxelles, 1999, p. 65 §127). Ce passage fait écho au Bayan persan : "Ce premier mois, il l'a fixé pour Celui que Dieu doit manifester" (Unité 5, Porte 3, t. II, p. 6).

2. "Le livre du Bayan fut révélé la quatrième année après la déclaration du Bab ; il existe en langue persane et en langue arabe. Le livre du Bayan est la source et le livre de référence pour la religion Babie. Une étude comparative approfondie du texte arabe et du texte persan met en évidence l'identité fondamentale de ces deux livres. Malgré cela, on peut dire que ces deux livres se présentent comme deux textes, l'un concis, l'autre détaillé" (Encyclopédie Philosophique Universelle, p. 1917).

3. Kitab-i-Aqdas, Le Très-Saint Livre, MEB, Bruxelles, 1999, p. 27 §16. "Qualifiée de 'livre-mère' (Ummu'l-Kitab), cette oeuvre, qui renferme les normes rituelles et juridiques de la révélation baha'ie, occupe un rang prééminent parmi les écrits de Baha'u'llah. Rédigé en langue arabe, ce livre, 'de vieille souche religieuse' au même titre que la Bible ou le Coran, n'est pas composé de façon systématique, et traite de matières diverses. Il renferme non seulement les principes dogmatiques de la 'Nouvelle Alliance de Dieu', concernant la faculté de connaissance et la liberté de l'homme, la loi divine et l'éthique, ainsi que les normes de culte, de droit et de morale, mais aussi les appels aux dirigeants du monde et aux chefs religieux, des exhortations, des prophéties, des remontrances, ainsi que des allusions à des lois, événements et personnes se rapportant aux religions du passé" (Encyclopédie Philosophique Universelle, p. 1586).

4. Kitab-i-Aqdas, Le Très-Saint Livre, MEB, Bruxelles, 1999, p. 27 §16

5. Kitab-i-Aqdas, p. 27 §16

6. Kitab-i-Aqdas, p. 41 §57.

7. Tablette de 'Abdu'l-Baha adressée à un croyant et traduite du persan. Brochure : La
Fête des Dix-neuf Jours, Bruxelles (Maison d'Editions Baha'ies) 1990, p. 11.

8. Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, Bruxelles (Maison d'Editions Baha'ies)

9. Lettre de Shoghi Effendi du 29.7.1935 (Brochure : La Fête des Dix-Neuf Jours.

10. La Maison universelle de justice est l'institution suprême de la foi baha'ie. Elle est actuellement composée de neuf membres élus tous les cinq ans. Son siège est situé sur le Mont Carmel à Haïfa, Israel.

11. Questions et Réponses n° 48. Les Questions et Réponses sont une annexe au Kitab-i-Aqdas, publiée avec le Iivre.

12. Note 82. Les Notes sont une autre annexe du Kitab-i-Aqdas, rédigées sous l'égide de la Maison universelle de justice pour commenter la publication de la version anglaise.

13. Lettre de Shoghi Effendi du 1.12.1936, traduite du persan.

14. Lettre de la Maison universelle de justice du 31.10.1972.

15. Lettre de Shoghi Effendi du 18.02.1954.

16. Lettre de Shoghi Effendi du 22.11.1941.

17. Lettre de Shoghi Effendi du 31.03.1949.

18. Lettre de Shoghi Effendi du 18.10.1948.

19. Lettre de la Maison universelle de justice du 4.11.1976.

20. Lettre de la Maison universelle de justice du 8.01.1985. Ces extraits de lettres de Shoghi Effendi et de la Maison universelle de justice sont pub1iés dans la brochure La Fête des Dix-neuf jours.

21. Le Beyan persan, Unité V. porte 3, T. III, p. 6.

22. Kitab-i-Aqdas, p. 26 §16.

23. Kitab-i-Aqdas, p. 61 § 111.

24. Équinoxe du printemps dans l'hémisphère nord.

25. Questions et Réponses n° 35, p. 120.

26. Kitab-i-Aqdas, p. 60 §110.

27. Kitab-i-Aqdas, p. 61 §112.

28. Questions et Réponses n° 1, p. 107.

29. Beyãn persan, Unité II, porte 7,T. I, p. 69.

30. Nabil-i-A'zam, La Chronique de Nabil, Bruxelles (M.E.B.) 1986, p. 59.

31. Nicolas, Seyyed Ali Mohammed, dit le Bab, Paris (Editions Dujarric) 1906, p. 205.

32. Premier mois du calendrier lunaire musulman.

33. Questions et Réponses n° 2, p. 107.

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