Médiathèque baha'ie

Histoire de Khadijih Bagum
l'épouse du Bab

Par H.M. Balyuzi


"O bien-aimée !... Tu ne seras point une femme comme les autres femmes, si tu obéis à Dieu dans la Cause de la Vérité..." (Le Bab)

Dans les longues années qui suivirent le martyre du Bab, Son épouse, Khadijih Bagum, racontait parfois l'histoire de sa vie glorieuse, mais tragique, aux plus jeunes membres de sa famille. Des décades plus tard, une nièce, Maryam-Sultan Bagum, fille de Haji Mirza Abu'l-Qasim, se rappelait tout ce qu'elle avait entendu des lèvres de sa sainte tante; son petit-fils, Abu'l-Qasim Afnan a désormais couché par écrit ces souvenirs. Voici ce précieux récit, qui est en partie une narration de Khadijih Bagum elle-même.

Le Bab et Son épouse n'avaient pas une grande différence d'âge. La maison de Haji Mirza Siyyid 'Ali, l'oncle maternel du Bab - qui devint Son tuteur à la mort de Son père et celle de Mirza 'Ali, le père de Khadijih Bagum, étaient adjacentes; et ainsi le Bab et Khadijih Bagum étaient voisins et compagnons de jeux dans leur enfance. Mirza Siyyid Hasan (le Grand Afnan des années postérieures), un frère de Khadijih Bagum, était à peu près du même âge. Quand les enfants des deux maisonnées se rejoignaient pour jouer, Siyyid 'Ali-Muhammad (le Bab), choisissait habituellement de ne pas partager leurs jeux, bien qu'il le fit occasionnellement, et se montrait toujours gentil et attentionné.

Des années plus tard, lorsque Siyyid 'Ali-Muhammad fut parti à Bushihr, Khadijih Bagum eut un rêve très vivant dans lequel elle vit son jeune Cousin dans une plaine verdoyante, couverte de fleurs, tourné vers le Qiblih (La Mecque) dans une attitude de prière. Il portait un labbadih (un vêtement de dessus) sur lequel des versets coraniques étaient brodés en fils d'or. Son visage était lumineux Elle raconta ce rêve à sa mère, et à la mère et la grand-mère de Siyyid 'Ali-Muhammad. Elles l'assurèrent que c'était l'assiduité de son Cousin dans Ses prières qui lui avaient envoyé cette splendide vision A cette époque, Siyyid 'Ali-Muhammad ne pouvait pas avoir plus de seize ans.

A nouveau quelques années plus tard, lorsque Siyyid 'Ali-Muhammad fut revenu à Shiraz de Sa visite aux villes saintes d''Iraq, Khadijih Bagum rêva que Fatimih, la fille du Prophète Muhammad, était venue pour demander sa main en mariage pour l'Imam Husayn (1). Sa mère, lorsqu'elle lui raconta ce rêve, se réjouit de la bonne fortune échéant à sa fille. Ce même jour, se rappelait Khadijih Bagum, la mère de Siyyid 'Ali-Muhammad, ainsi que Sa grand-mère, vinrent rendre visite à sa mère. Chaque fois que Sa grand-mère venait en visite, racontait Khadijih Bagum, tous se pressaient pour la saluer, embrassaient ses épaules, et ensuite attendaient au seuil de la pièce qu'elle leur donne la permission d'entrer et de prendre un siège. Seules la mère de Khadijih Bagum et celle de Siyyid 'Ali-Muhammad s'asseyaient en sa compagnie au début. Et en sa présence, tous restaient silencieux jusqu'à ce qu'elle leur adressât la parole.

Pour continuer l'histoire de cette journée, si remarquable dans sa vie, Khadijih Bagum racontait : "Après qu'elles furent toutes assises, je leur apportai du sharbat (un sirop de fruit) et quittai la pièce. Puis mes soeurs, dont l'une était mariée à Haji Mirza Zaynu'l-'Abidin (2) et l'autre à Haji Mirza Siyyid 'Ali vinrent et entrèrent dans la pièce. Peu après, toutes se levèrent pour partir". A la surprise de Khadijih Bagum, la mère de Siyyid 'Ali-Muhammad l'embrassa sur le front avant de partir. Voyant son air intrigué, sa mère s'empressa de lui expliquer : "Ce baiser signifie qu'elle a demandé ta main en mariage pour son Fils. Tu vois, le rêve que tu as eu la nuit dernière est devenu réalité". Khadijih Bagum, entendant ces nouvelles et se rappelant son merveilleux rêve, était pleine de bonheur.

L'extraordinaire respect et la considération que tous les membres de la famille portaient à Siyyid 'Ali-Muhammad, et les récits de Son comportement et de Sa tenue qu'elle avait déjà entendus raconter par ses aînés, avaient déjà convaincu Khadijih Bagum que son jeune Cousin s'élevait de beaucoup au-dessus d'eux tous. Elle se rappelait : "Depuis ce jour je ressentis un grand mouvement dans mon coeur. Il semblait que les portes de la miséricorde et de l'abondante bonté de Dieu s'étaient grand ouvertes devant moi. Je me sentais incroyablement fière de mon prochain mariage."

Quelque deux mois passèrent avant que le mariage put être arrangé. Les fêtes de mariage eurent lieu dans la maison de Mirza 'Ali, le père de Khadijih Bagum, et dans la maison de l'oncle de Siyyid 'Ali-Muhammad qui avait été Son tuteur. Shaykh Abu-Turab, l'Imam-Jum'ih de Shiraz, présida à la cérémonie et lut l'oraison habituelle. Comme c'était l'habitude qu'un parent du marié réponde, Son oncle, Haji Mirza Siyyid 'Ali, accepta la demande. Plus tard la promise et le Promis furent unis dans les liens du mariage dans la maison de Siyyid 'Ali-Muhammad Lui-même (3).

Khadijih Bagum se rappelait : "Sa gentillesse envers moi, Son attention pour moi étaient indescriptibles. Lui, et Sa mère tout autant me couvraient de gentillesse et de considération". La maisonnée de cette petite habitation, destinée à être la scène de la naissance d'une Foi Mondiale, consistait dans le jeune couple, la mère de Siyyid 'Ali-Muhammad, et deux serviteurs noirs : une femme, Fiddih, et un homme, Mubarak.

Se remémorant ces jours sereins d'avant les chagrins et les souffrances, Khadijih Bagum disait : "Aucun mot ne pourra jamais rendre le merveilleux sentiment que j'avais de ma bonne fortune." Mais, peu après son mariage, elle rêva une nuit qu'un lion effrayant se tenait dans la cour de leur maison, et qu'elle avait passé ses bras autour de son cou. La bête la traîna deux fois autour du périmètre complet de la cour, et une fois autour de la moitié. Elle se réveilla, alarmée et tremblante de peur, et raconta son rêve à son Epoux. Son commentaire fut : "Tu t'es réveillée trop tôt. Ton rêve signifie que notre vie ensemble ne durera pas plus de deux années et demie." Khadijih Bagum était en grande détresse, mais l'affection de son Mari et Ses paroles de réconfort la consolèrent et la préparèrent à accepter toute adversité dans le chemin de Dieu.

Sous peu, Khadijih Bagum fut enceinte. Quand le terme vint, l'accouchement fut excessivement difficile et dangereux. Sa belle-mère rapporta à Siyyid 'Ali-Muhammad que Sa femme était sur le point de mourir. Il y avait un miroir à côté de Lui, sur lequel Il écrivit une prière, et Il dit à Sa mère de tenir le miroir devant Sa femme. Ceci fait, l'enfant fut délivré sans danger, mais sa vie fut courte. La mère de Siyyid 'Ali-Muhammad demanda en remontrance à son Fils pourquoi, s'il avait de tels pouvoirs, il n'avait pas essayé de sauver la vie de l'enfant, et épargné tant de souffrances à Sa femme. Siyyid 'Ali-Muhammad répondit en souriant que Sa destinée n'était pas de laisser une progéniture, réponse qui rendit Sa mère furieuse; mais il resta muet devant ses reproches.

L'enfant, un fils qui fut appelé Ahmad par son Père, fut enterré sous un cyprès dans l'ensemble funéraire de Bibi-Dukhtaran (4).

Dans le "Suratu'l-Qarabah" (le Chapitre de la Parenté) de Son grand livre, le Qayyumu'l-Asma', le Bab parle d'Ahmad :

"O concours de Lumière ! Ecoute Mon appel du point de Feu dans cet océan d'eau blanche comme neige sur cette terre pourprée. En vérité, Je suis Dieu, à côté de Qui il n'y a pas d'autre Dieu. Sur le trône exalté, une femme noble et très-aimée, portant le même nom (5) que la bien-aimée du Premier Ami (6), fut unie en mariage à cette Grande Souvenance (7) ; et en vérité J'ai demandé aux anges des Cieux et aux habitants du Paradis, d'être les témoins, en vérité, de la Souvenance de Dieu.

O bien-aimée ! Estime hautement la grâce de la Grande Souvenance, car elle vient de Dieu, l'Aimé. Tu ne seras pas une femme comme les autres femmes, si tu obéis à Dieu dans la Cause de la Vérité, la plus grande Vérité. Sache la grande bonté qui t'est conférée par l'Ancien des Jours, et sois fière d'être la compagne du Bien-Aimé, Qui est aimé par Dieu, le Très-Grand. Suffisante en toi est cette gloire qui te vient de Dieu, le Très-Sage, le Très-Loué. Sois patiente dans tout ce que Dieu a ordonné pour le Bab et Sa famille. En vérité, ton fils, Ahmad, est avec Fatimih, la Sublime, dans le Paradis sanctifié
". (8)

Il y a une autre référence à Ahmad dans le "Suratu'l-'Abd" du même important livre : "Toute louange soit à Dieu, Qui a donné à la Consolation des Yeux (9), dans Sa jeunesse, Ahmad. En vérité nous l'avons élevé jusqu'à Dieu... (10) O Consolation des Yeux ! Sois patient dans ce que ton Dieu a ordonné pour toi. En vérité Il fait tout ce qu'Il veut. Il est le Très-Sage dans l'exercice de Sa justice. Il est ton Seigneur, l'Ancien des Jours, et loué soit-Il dans tout ce qu'il a ordonné."

Pendant ces années de leur mariage, racontait Khadijih Bagum, son Epoux n'avait pas d'activité définie. Il passait la majeure partie de Son temps dans la plus haute pièce de la maison à faire des dévotions. Parfois, il allait le matin à la maison de commerce de Son oncle dans le Saray-i-Gumruk (Douanes du Sérail). Et parfois l'après-midi il faisait une promenade dans les champs hors de la ville et rentrait au coucher du soleil. Il avait l'habitude d'écrire Ses lettres ou Ses méditations au début de la soirée, après avoir accompli les prières obligatoires à cette période de la nuit.

Khadijih Bagum se rappelait qu'un jour en fin d'après-midi, il revint plus tôt que d'habitude. Ce soir-là, dit-il, Il avait une tâche particulière à remplir, et Il demanda que le dîner soit servi plus tôt. Fiddih, la servante qui cuisinait, en fut informée, et la famille prit son repas du soir dans la chambre de la mère de Siyyid 'Ali-Muhammad. Puis il se retira pour la nuit.

Parlant des événements de cette mémorable nuit, qui, selon les souvenirs des membres de la famille des Afnan, eut lieu quelques temps avant que le Bab déclarât Sa mission, Khadijih Bagum racontait :

"Une heure plus tard, quand la maison fut calme et ses occupants partis dormir, Il se leva de Son lit et quitta la pièce. Tout d'abord, je ne prêtai pas particulièrement attention à Son absence, mais quand elle Se fut prolongée plus d'une heure, je ressentis quelque inquiétude.
Je sortis alors pour Le chercher, mais ne Le trouvai nulle part Peut-être, pour quelque raison, a-t-Il quitté la maison, pensai-je ; mais, lorsque j'essayai d'ouvrir la porte donnant sur la rue, je la trouvai fermée de l'intérieur comme à l'habitude. Puis je me dirigeai vers la partie ouest de la maison, regardai sur le toit, et vis que la plus haute chambre était tout éclairée. Cela ajouta à ma surprise, parce que je ne L'avais jamais vu se rendre dans cette partie de la maison à cette heure de la nuit, à moins qu'Il eût des invités, et Il me prévenait toujours lorsqu'un invité était attendu. Il n'avait pas dit qu'Il devait avoir un invité cette nuit. Alors, avec autant de surprise que d'émoi, je montai les marches situées du côté nord de la cour.
Là je Le vis se tenant dans cette chambre, Ses mains levées vers le ciel, psalmodiant une prière de la plus mélodieuse des voix, des larmes coulant le long de Son visage. Et Son visage était lumineux, des rayons de lumière en irradiaient. Il apparaissait si majestueux et resplendissant que la peur me saisit, et je restai pétrifiée où j'étais, tremblant incontrôlablement. Je ne pouvais ni pénétrer dans la pièce ni revenir sur mes pas. Ma volonté m'avait quittée, et j'étais sur le point de crier, lorsqu'Il fit un geste de Ses mains bénies, me disant de m'en retourner. Ce mouvement de Ses mains me redonna mon courage, et je retournai à ma chambre et à mon lit. Mais tout au long de cette nuit je restai grandement perturbée.
Dans mes moments de sommeil agité, cette scène dans la chambre haute se présentait à mon esprit, ajoutant à ma consternation. Je ne cessai de me demander quel grave événement s'était produit pour appeler tant de chagrin et de larmes, pour susciter des prières et supplications d'une telle intensité. Le sommeil fut impossible cette nuit-là, puis vint l'aube, de si mauvais augure, et j'entendis l'appel du muezzin à la prière.

Au lever du soleil, Fiddih amena le samovar et le service à thé dans la chambre de ma belle-mère, et comme à l'habitude, il vint dans la chambre de Sa mère pour prendre le thé. Je L'y suivis, et aussitôt que mes yeux se levèrent sur Lui, cette attitude et cette majesté dont j'avais été témoin la nuit d'avant prit forme devant moi. Je pâlis et frissonnai involontairement. Sa mère était, à ce moment, sortie de la pièce, et il buvait tranquillement Son thé. Il leva Son visage vers moi, et me reçut avec grande gentillesse et affection, me demandant de m'asseoir. Puis Il me donna ce qu'il restait de thé dans Sa propre tasse, et je bus.
Sa gentillesse me rendit mon courage, et lorsqu'il me demanda ce qui me troublait, je répondis hardiment que c'était ce changement en Lui qui pesait lourdement sur mon esprit "Vous n'êtes plus, Lui dis-je, le même que celui que j'ai connu dans notre enfance. Nous avons grandi ensemble, et nous sommes mariés depuis deux ans, vivant dans cette maison, et maintenant je vois une personne différente devant moi. Vous avez été transformé". Je remarquai ensuite que cela m'avait rendue anxieuse et mal à l'aise.
Il sourit et dit que bien qu'Il n'ait pas souhaité que je Le visse dans cette condition la nuit précédente, Dieu en avait disposé autrement. "C'était la volonté de Dieu, dit-il, que vous me vissiez comme vous le fîtes la nuit dernière, afin qu'aucune ombre de doute ne puisse jamais traverser votre esprit, et que vous sachiez avec une absolue certitude que Je suis cette Manifestation de Dieu Dont la venue a été attendue depuis mille ans. Cette lumière irradie de Mon coeur et de Mon Etre." (11)
Dès que je L'entendis prononcer ces mots, je crus en Lui. Je me prosternai devant Lui, et mon coeur devint calme et assuré. Depuis ce moment, je vécus seulement pour Le servir, évanescente et effacée devant Lui, sans plus jamais penser à moi-même.
"

Le degré de la foi de Khadijih Bagum et le rang qu'elle atteignit sont attestés par Nabil (12) : "la femme du Bab... perçut aux tous premiers temps de l'aube de Sa révélation la gloire et le caractère unique de Sa Mission, et sentit depuis le tout début l'intensité de sa force. Nulle, si ce n'est Tahirih, parmi les femmes de sa génération, ne la surpassa dans le caractère spontané de sa dévotion, et ne surpassa la ferveur de sa foi". Dans la prière de la visitation que Baha'u'llah révéla pour Khadijih Bagum après sa mort, il lui parle en ces mots : "Tu es celle qui, avant la création du monde de l'être, trouva la fragrance du vêtement du Miséricordieux."

Chaque fois que Khadijih Bagum parlait des jours de son mariage et de sa séparation forcée d'avec son Epoux, et racontait les souffrances du Bab, le chagrin la submergeait au point de la priver, pour un moment, de la parole. Son chagrin était ressenti et partagé par tous ceux qui l'entendaient.

Peu de mois après Sa déclaration à Mulla Husayn-i-Bushru'i (13), le Bab quitta Shiraz pour aller en pèlerinage à La Mecque. La lettre qu'il écrivit à Khadijih Bagum de Bushihr (le port d'embarcation) montre la force de Son attachement pour elle. Sa lettre commence par ces mots : "Mon tendre amour, puisse Dieu te protéger".

Le retour du Bab de Son pèlerinage à La Mecque et à Médine marqua le commencement des violentes oppositions et persécutions qui atteignirent leur apogée avec le martyre du Bab Lui-même. Les souffrances et les agonies de l'esprit et de l'âme de sa femme, bien que cachées du regard public, peuvent être facilement imaginées.

Il y eut, par exemple, l'incident du raid des émissaires du Darughih (chef de police) de Shiraz, qu'elle se rappelait particulièrement bien des années plus tard :

"C'était pendant l'été, au mois de Ramadan. Nous dormions sur le toit, et ma belle-mère donnait dans la cour. Des farrashes (14) du Gouverneur pénétrèrent dans notre maison par le toit d'un voisin. Cet Etre Béni se leva et me dit d'aller à l'étage inférieur. Les intrus emportèrent tous les livres et les écrits qu'ils trouvèrent dans la chambre du haut. Ils s'adressèrent à Lui : "Vous devez venir avec nous à la maison d''Abdu'l-Hamid Khan (le Darughih)." En bas, je pouvais L'entendre discuter avec les farrashes, demandant à savoir pourquoi ils s'étaient introduits de force dans notre maison en pleine nuit. "On nous a rapporté, répondirent-ils, que des gens se sont rassemblés dans cette maison." Puisqu'ils avaient pu constater qu'il n'en était rien, Il leur demanda s'ils ne s'en iraient pas en paix. Mais ils n'étaient pas satisfaits et L'emmenèrent. Dieu sait ce que Sa mère et moi souffrîmes cette nuit. Nous étions reconnaissantes que Sa grand-mère, une dame âgée, ne fut pas là. L'aube approchait quand Il revint à la maison. Ils avaient demandé de l'argent, et comme il n'en avait pas sur Lui, ils s'étaient emparés du châle de cachemire roulé autour de Sa taille et l'avaient découpé. 'Abdu'l-Hamid Khan avait pris la moitié du châle pour lui."

Haji Mirza Abu'l-Qasim, un frère de Khadijih Bagum, écrivit toute l'histoire de cette nuit dans une lettre à Haji Mirza Siyyid Muhammad, un oncle maternel du Bab, qui résidait à l'époque à Bushihr. Cette lettre existe encore.

Peu après cette nuit où l'intimité de Sa maison avait été violée par ruse, les autorités arrêtèrent le Bab et Le détinrent, enfermé, dans la maison du Darughih. La rumeur courut dans la cité qu'Il serait mis à mort dans cette même maison. Haji Mirza Siyyid 'Ali, l'oncle du Bab, qui avait été Son tuteur dans Son enfance, fit tout son possible pour Lui procurer réconfort et soulagement. Lui-même avait été battu et était souffrant, mais pourtant ses efforts étaient sans relâche. Il en allait de même de la soeur de Khadijih Bagum, Zahra Bagum. A cette époque où aucun homme de la famille n'osait venir à leur maison, se rappelait Khadijih Bagum, seule sa soeur venait, habillée en mendiante. La célèbre mosquée de Shiraz, connue sous le nom de Masjid-i-Naw (la Nouvelle Mosquée), était tout près. Là, dans un endroit retiré de la mosquée, sa soeur changeait son propre chadur (15) pour un autre, déchiré et raccommodé, et allait ensuite à la maison du Bab pour apporter toute nouvelle qu'il y eût de Lui à Sa mère.

Parmi les notables de Shiraz, le seul homme qui fût toujours prêt à rendre service était Shaykh Abu-Turab, l'Imam-Jum'ih. Zahra Bagum, en compagnie de la femme de Haji Abu'l-Hasan-i-Bazzaz (le Mercier) (16), un proche parent de l'Imam-Jum'ih, se rendait régulièrement à la maison de ce bienveillant mulla pour obtenir des nouvelles et demander son intercession en faveur du Bab.
L'Imam-Jum'ih répondait qu'il était impuissant face à l'inimitié ouverte et pleine de ressentiment de leur propre parent, et conseillait d'essayer de calmé ce bruyant personnage. Il parlait de Haji 'Abdu'l-Husayn, un frère de la femme de Haji Mirza Siyyid Muhammad, qui était le premier à dénoncer, insulter et persécuter le Bab.
Mais lorsque les 'ulama de Shiraz condamnèrent le Bab à mort, et que leur infamante sentence eût été confirmée par Husayn Khan, le Nizamu'd-Dawlih et gouverneur général de la province de Fars, l'Imam-Jum'ih refusa de joindre sa signature aux leurs. Trois de ces 'ulama - Shaykh Husayn, le Nazimu'sh-Shari'ah (connu sous le nom de Zalim, le Tyran), Shaykh Mihdiy-i-Kujuri, et Shaykh Muhammad-'Aliy-i-Mahallati se présentèrent en personne à la maison de l'Imam-Jum'ih dans une tentative pour le gagner à leur cause. Shaykh Abu-Turat rejeta leur demande, blâma leur répréhensible conduite, et les chassa de sa maison.
Zahra Bagum, la mère du Bab et la femme de Haji Abu'l-Hasan avaient alors déjà toutes trois persuadé l'Imam-Jum'ih de trouver un moyen de sortir de l'impasse. Et ainsi, tout en déclinant de s'associer au verdict de mort prononcé par le clergé, il leur fit accepter de convoquer le Bab au Masjid-i-Vakil (la Mosquée de Vakil) (17), et de Lui donner là une chance d'abjurer Sa prétention. Un jour, des hérauts furent envoyés à travers les rues pour appeler, au nom du gouverneur, le peuple de Shiraz à se rassembler, dans la soirée d'un certain vendredi, à la Mosquée de Vakil pour entendre la rétractation du Bab.

Les souvenirs de Khadijih Bagum continuaient :
"Nous avions tous peur que quelque chose se passe mal, mais on disait que dès qu'Il aurait déclé Son repentir, on L'autoriserait à revenir à la maison. C'était un réconfort pour nous. Ce vendredi après-midi, nous souhaitions envoyer une femme à la mosquée, pour nous rapporter ce qui se passait là-bas. Mais cela se révéla impossible. Les femmes n'étaient pas admises. Cependant, des nouvelles nous furent transmises que les farrashes L'avaient emmené à la mosquée, où il était monté en chaire et avait prononcé des paroles qui avaient attisé encore une fois la colère du gouverneur et des clercs, sur quoi ils L'avaient reconduit en détention. Peu après, une épidémie de choléra s'abattit soudainement sur Shiraz, prenant un lourd tribut de vies. Les gens s'enfuirent de la ville et très peu furent laissés derrière.

Un jour, à notre indescriptible joie, il revint à la maison et resta deux ou trois jours. Seuls Haji Mirza Siyyid 'Ali et deux autres croyants étaient au courant de Sa remise en liberté. Mais ce furent les derniers jours de ma vie avec Lui. Quelques jours avant le début du mois de Ramadan, Il annonça qu'il n'était plus envisageable qu'Il restât à Shiraz, et qu'Il quitterait la ville cette même nuit. Nous, qui savions combien Il avait souffert à Shiraz, étions heureux et satisfaits qu'Il puisse à présent atteindre un lieu où Il serait en sécurité. Dans l'après-midi Il rendit visite à Haji Mirza Siyyid 'Ali et Haji Mirza Zaynu'l-'Abidin et sa femme, ma soeur, pour leur faire ses adieux, rentra à la maison au coucher du soleil, et deux heures plus tard, tout seul, quitta la maison. Ses vêtements et ce qui Lui était nécessaire pour le voyage avaient été envoyés hors de la ville plus tôt. Accompagné d'un des croyants, Il prit la route d'Isfahan. (18)

A présent, nous passions le plus clair de notre temps dans la maison de Haji Mirza Siyyid 'Ali, dans l'attente de l'arrivée, d'une minute à l'autre, d'un messager portant de Ses nouvelles. L'épidémie de choléra avait pris fin et le gouverneur était revenu à Shiraz Aussitôt que Husayn Khan fut de retour, il envoya ses farrashes pour Le chercher. Nous déclarâmes ne pas savoir où Il se trouvait. 'Abdu'l-Hamid Khan, le Darughih, qui Lui avait permis, de sa propre autorité, de quitter Shiraz, nia de même avoir quelque connaissance de Sa destination. Puis les farrashes du gouverneur vinrent pour arrêter mon frère, Haji Mirza Abu'l-Qasim, qui était alité et incapable de marcher. Aussi le prirent-ils sur leurs épaules et l'emmenèrent-ils à la résidence du gouverneur. Bien sûr il ne savait rien, mais Husayn Khan ne le croyait pas, et commença à arguer avec tant de véhémence que mon frère ne put soutenir ce flot d'injures et perdit conscience. De fait, il fut presque conduit à la mort.

Finalement, Husayn Khan lui dit qu'il devait produire son Beau-Frère dans un délai de quinze jours ou payer une amende de 15000 tumans. (19) Tout ce que put dire mon frère n'eut aucun effet sur le cruel Gouverneur. Haji Muhammad-Sadiq-i-Isfahani, un ami et associé en affaires de mon frère intervint pour se porter garant de lui. Les hommes du Gouverneur hissèrent encore une fois Haji Mirza Abu'l-Qasim sur leurs épaules et le ramenèrent chez lui. Il fut jeté sans cérémonie dans la cour extérieure de la maison et abandonné là. Dieu sait ce que mon frère et nous-mêmes endurâmes ces quelques deux ou trois heures. Une des conséquences de ces mauvais traitements fut une maladie des yeux. La douleur était sévère; mon frère ne pouvait pas ouvrir les yeux, et des larmes en coulaient sans cesse.

Lorsque les quinze jours furent expirés, les farrashes revinrent. Ils ne voulurent même pas autoriser mon frère à monter son âne, mais l'emmenèrent de la même manière qu'auparavant. Grâces en soient rendues à Dieu, juste comme Husayn Khan demandait sous la menace ses 15000 tumans à Haji Muhamnad-Sadiq et mon frère, une lettre du Gouverneur d'Isfahan, Manuchihr Khan, lui fut apportée, lui disant que la Personne qu'il recherchait était à Isfahan, un Hôte honoré du Gouverneur lui-même, et qu'aucun membre de Sa famille ne devait être maltraité de quelque façon. Husayn Khan fut obligé de modérer sa demande, et soutira 1500 tumans à la place. Le Farrash-Bashi (chef des farrashes) et ses hommes demandèrent tous de l'argent et il fallait les satisfaire.
"

Haji Mirza Hasan-'Ali, un jeune frère de Haji Mirza Siyyid 'Ali, vivait à Yazd. Une fois par mois, il envoyait un messager à Shiraz avec une lettre pour sa soeur, la mère du Bab, pour la consoler et la réconforter, et lui donner toute nouvelle qu'il eut du Bab. Parfois il y avait une lettre du Bab Lui-même, adressée à Son épouse, Sa mère et Sa grand-mère. Haji Mirza Siyyid Hasan (plus tard connu comme Afnan-i-Kabir), un frère de Khadijih Bagum, était à Isfahan pendant ces années-là, mais il n'écrivit jamais une ligne sur son Mari. En fait, à cette époque, Haji Mirza Siyyid Hasan était hostile à son Parent, le Bab. (20)

Les souvenirs de Khadijih Bagum se poursuivent ainsi : "Alors Haji Mirza Siyyid 'Ali partit pour Yazd. Parmi les jeunes membres de la famille, Haji Mirza Javàd (21) et Haji Mirza Muhammad-'Ali (22) venaient nous voir souvent et nous fournissaient de quoi vivre. Ils étaient incroyablement gentils. Chaque fois qu'ils rencontraient ma belle-mère, ils lui baisaient toujours la main et lui disaient des mots qui apaisaient son esprit.

"Peu de mois passèrent, jusqu'à ce que les nouvelles nous parviennent que Lui, le Qà'im de la Maison de Muhammad, avait été emmené à Tihran (23) et ensuite à Tabriz. Ces nouvelles fragmentaires nous causèrent une grande détresse. Ma belle-mère demanda à son frère, Haji Mirza Siyyid 'Ali, de faire quelque chose. Ainsi il se rendit de Yazd à Chihriq, et finalement, mourut en martyr à Tihran.

"Le martyre de Haji Mirza Siyyid 'Ali à Tihran, et celui de la Personne Bénie [le Bab] à Tabriz, furent cachés aux femmes de la famille, et lorsque nous mentionnions des rumeurs qui étaient parvenues à nos oreilles, les hommes les démentaient avec chaleur - rien que des mensonges, disaient-ils".

Bien sûr les hommes de la famille savaient ce qui était arrivé. Avant même ces terribles événements, Haji Mirza Abu'l-Qasim, le frère de Khadijih Bagum, avait trouvé impossible de rester à Shiraz, et avait emmené Mirza Javad, le fils âgé de dix-huit ans de Haji Mirza Siyyid 'Ali, avec lui en pèlerinage à La Mecque. Mirza Javad avait, à peine une année auparavant, épousé sa cousine, Khadijih Sultan-Bagum, une fille de Haji Mirza Siyyid Muhammad. Sur le chemin du retour, le jeune Mirza Javad (désormais un Haji), tomba malade et mourut à Jiddah, où il fut enterré. (24) Haji Mirza Abu'l-Qasim, désormais seul, visita les saints sanctuaires d'Iraq avant de rentrer chez lui. Plus d'une année s'était écoulée depuis le martyre du Bab et celui de Son oncle, lorsque Haji Mirza Abu'l-Qasim atteignit sa maison avec les tristes nouvelles de la mort de Haji Mirza Javad. L'annonce de la triste mort de ce jeune homme mit forcément à jour le fait que son père était mort, lui aussi cruellement décapité à Tihran. Et le martyre du Bab Lui-même ne put pas être gardé secret plus longtemps. A présent, tous trois furent pleurés ensemble.

La mère du Bab était inconsolable. L'attitude malveillante, et les langues acérées et blessantes de quelques membres de la famille, qui étaient toujours implacablement hostiles, augmentèrent ses souffrances, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus supporter plus longtemps les blessures qui lui étaient infligées et qu'elle décidât de quitter Shiraz. Tout d'abord, elle désira aller à Mashhad - la ville d'Iran la plus sacrée, où reposent les restes du Huitième Imam, 'Ali Ibn Musa'r-Rida - et avoir sa mère auprès d'elle. Mais elle changea d'avis, loua la maison du Bab à Mirza Muhammad-Husayn-i-Bazzaz, et accompagnée de Bibi Gawhar (25) - une soeur de Haji Mirza 'Abdu'llah Khan-i-Balyuz - et Haji Mubarak, le fidèle serviteur noir du Bab, se rendit à Karbila et y habita le reste de Sa vie. Plus tard Mirza 'Abdu'l-Majid et sa femme, tous deux des croyants, allèrent vivre dans la même ville Sainte. La femme de Mirza 'Abdu'l-Majid servit la mère du Bab avec une dévotion exemp1aire.

Khadijih Bagum, se rappelant ces jours de désolation et de détresse, disait :
"Son départ de Shiraz ajouta grandement au poids de mon chagrin et accentua la tristesse de mon coeur. Je n'avais plus auprès de moi la consolatrice, dont l'amour, la sympathie et le soin m'avaient soutenue toutes ces années. J'allais vivre avec ma soeur, la veuve de Haji Mirza Siyyid 'Ali. Elle-même avait perdu son mari et son fils unique en l'espace d'un an. Aussi grand que fût mon chagrin, le sien était plus grand encore et je devais la consoler. La loyale, fidèle Fiddih était avec moi.

Des servantes que nous avions dans la maison, aucune ne connaissait le martyre de cet Etre Béni et celui de Son oncle. Il n'était pas possible de parler de tels sujets avec quiconque. A Karbila, Haji Mubarak avait acheté un balai avec un manche vert pour balayer chaque jour la cour du Sanctuaire de l'Imam Husayn. Puisque le vert est la couleur de la Maison de Muhammad, Haji Mubarak entendait maintenir vivant l'espoir de revoir un jour, de ses propres yeux, la face lumineuse de son Maître bien-aimé dans ce monde. A Shiraz, nous dîmes à Fiddih et aux autres que le Maître et Son oncle étaient partis pour Bombay faire du commerce. Lorsque notre maison était en réparations, Fiddih était si heureuse, disant sans arrêt que le Maître était sur le chemin du retour, et que la maison était réparée pour Son retour. La joie de cette âme fidèle était merveilleuse à voir et véritablement accablante. Nous étions tous profondément affectés.

Lorsque les prisonniers de Nayriz et Zanjan furent amenés à Shiraz, ils ne purent pas nous approcher, non plus que nous ne pûmes le faire. Mais après un temps, les filles de Hujjat et quelques dames de Nayriz nous rendirent visite dans la maison de Haji Mirza Siyyid 'Ali. Par la suite nous fûmes capables de nous visiter réciproquement.

Les années passèrent, et Mirza Aqa (26) grandit. Il m'était très attaché. La Beauté Bénie [Baha'u'llah] était à Baghdad. Mirza Aqa Lui écrivit pour moi et je fus honorée d'une réponse. Puis vint le jour où Mulla Muhammad-i-Zarandi, Nabil-i-A'zam, voyagea jusqu'à Shiraz avec un mandat de la Beauté Bénie pour annoncer Sa Mission au Peuple du Bayan (27) dans cette ville. Dans la maison de Mirza Aqa, il dit aux croyants réunis là que le Promis du Bayan était venu, et, tous, ils engagèrent leur loyauté. Un jour je lui demandai de me rendre visite. J'étais derrière un rideau, et aussitôt que je l'entendis dire que la Beauté Bénie était "Celui que Dieu rendra manifeste", promis dans le Bayan, je ressentis le même sentiment que j'avais eu cette nuit, sur le seuil de la chambre haute de notre maison, et je fus certaine que ce que Dieu avait promis pour la "Neuvième Année" était arrivé. J'inclinai immédiatement mon front jusqu'au sol en adoration et remerciement. Puis je ne pus que murmurer : "Offrez à ce Seuil sacré ma plus humble dévotion". Je n'hésitai pas un moment et ma soumission fut instantanée et totale.

A nouveau, les années passèrent, et un jour une lettre vint de Mirza Siyyid Hasan, mon frère à Isfahan, annonçant que Aqa Siyyid Yahya et sa soeur (28), accompagnés de Shaykh Salman, (29) venaient à Shiraz sur leur chemin vers la Terre Sainte. Les croyants venant à Shiraz me rendaient toujours une visite et je les recevais dans la maison de Mirza Aqa, mon neveu. Des croyantes de Shiraz, qui étaient en petit nombre, avaient l'habitude de venir à la maison de Haji Mirza Siyyid 'Ali pour me voir. Je vivais dans cette maison, et je la fis préparer pour recevoir les voyageurs d'Isfahan. Mais j'appris qu'à leur arrivée, ils s'étaient rendus à la maison de Haji Mirza Siyyid Muhammad, qui était toute proche. J'allai là moi-même et les conduisis à cette maison. Mon neveu, Haji Siyyid 'Ali, (30) était également à Shiraz à cette époque. Ils restèrent quinze jours, et ce furent parmi les plus heureux jours de ma vie
."

Ici se termine l'histoire de Khadijih Bagum, telle qu'elle la racontait aux jeunes membres de la famille.

Shaykh Salman venait souvent à Shiraz, et chaque fois qu'il venait d''Akka, il amenait une Tablette de Baha'u'llah adressée à Khadijih Bagum, en même temps que des présents et des gages. Une fois il apporta un livre de la main de Zaynu'l-Muqarrabin - un don de Baha'u'llah; une autre fois une bague et des chemises que Baha'u'llah avait portées, avec des mouchoirs et des turbans utilisés autour de Son taj - Son couvre-chef.

Munirih Khanum apporta devant Baha'u'llah trois requêtes de Khadijih Bagum. Elle désirait que la maison de son Epoux fut réparée pour qu'elle puisse y vivre. Elle demandait la main de Furughiyyih Khanum, une fine de Baha'u'llah, pour son neveu, Haji Siyyid 'Ali. Et elle demandait la permission de voyager jusqu'à 'Akka et d'avoir la grâce d'atteindre la présence de son Seigneur, dans le chemin de Qui son Epoux avait avec joie offert Sa vie. Baha'u'llah accorda toutes ses requêtes. La maison du Bab reçut les réparations nécessaires, et Khadijih Bagum y transféra Sa résidence. Mais, avant longtemps, la succession de visiteurs à cette maison suscita la colère des adversaires. Haji Farhad Mirza, le Mu'tamidu'd-Dawlih, un oncle de Nasiri'd-Din Shah, qui, à l'époque, était Gouverneur général de la province de Fars, décida de la faire démolir. Mirza Abu'l-Hasan le Munshi-Bashi (Secrétaire en chef), et Mirza Zaynu'l-'Abidin Khan-i-'Ali-Abadi, tous deux baha'is et membres de la suite du Prince-Gouverneur, proche de cette personne, réussirent à éviter cette catastrophe. Pour un temps, Khadijih Bagum dut vivre une fois de plus dans la maison de sa soeur, mais, en fin de compte, retourna à la maison de son Epoux.

Sa seconde requête, le mariage de son neveu avec la fille de Baha'u'llah, devait causer à Khadijih Bagum un secret chagrin. Car Haji Siyyid 'Ali lui avait promis, si sa requête lui était accordée et que lui-même fût accepté comme gendre de Baha'u'llah, qu'il viendrait de Yazd, où il habitait et faisait du commerce, et emmènerait Khadijih Bagum avec lui en Terre Sainte, afin que son très cher désir d'atteindre la présence de Baha'u'llah soit accompli. Mais lorsque les nouvelles du consentement de Baha'u'llah au mariage furent reçues, cet inconstant neveu rompit sa promesse et fit savoir que des conditions l'empêchaient de venir à Shiraz et qu'il se rendait en Terre Sainte par 'Ishqabad, et espérait arranger pour elle un voyage aussi vite que possible. Khadijih Bagum sentit que sa chance de voyager en Terre Sainte était maintenant partie pour toujours; en ces jours, une fernme ne voyageait qu'accompagnée d'un proche parent, et de telles opportunités étaient rares.

Khadijih Bagum avait le coeur brisé. Sa santé se détériora et en dépit des soins de plusieurs médecins, deux mois après la réception de cette terrible nouvelle, elle mourut dans la maison de son glorieux Epoux, trois heures avant le lever du soleil, lundi 2 Dhi'l-Qi'dih 1299 A.H. (15 septembre 1882). Et étrangement, la fidèle servante, Fiddih, mourut deux heures après la mort de Sa maîtresse, dans la même maison. Comme son frère, Haji Mirza Abu'l-Qasim, le racontait, le corps de Khadijih Bagum fut amenée de nuit au bain public, connu comme Hammam-i-Guldastih, qui était accolé au Masjid-i-Naw, pour être lavé et préparé pour l'enterrement. La même nuit, elle est enterrée dans le Sanctuaire de Shah-Chiragh, (31) dans la section connue comme Sadru'l-Hifaz. Fiddih, elle aussi, fut enterrée dans le Sanctuaire, dans une chambre en face du Sadru'l-Hifaz (au nord de la tombe de Mir Siyyid Ahmad), qui était appelée Majid-i-Zananih (Mosquée des femmes).

Quarante ans étaient passés depuis ce prometteur et joyeux jour du mariage du Bab à Khadijih Bagum. "Soit patiente dans tout ce que Dieu a ordonné pour le Bab et Sa famille". Il l'avait conseillée, et elle s'est tenue fidèlement à Son conseil jusqu'à sa dernière heure. Leur vie commune dans ce monde n'avait duré que deux courtes années, jusqu'à ce que survienne une séparation mieux décrite par les propres mots du Bab, écrits pendant Son voyage à La Mecque : "Mon doux amour,... Dieu m'est témoin que depuis notre séparation le chagrin a été si intense qu'il ne peut être décrit."

Lorsque nous contemplons la vie de cette femme héroïque, inébranlable - ennoblie par sa reconnaissance instantanée du Bab et de Baha'u'llah - la tristesse cède le pas devant la fierté et la louange, et la tranquillité des mots avec lesquels son Epoux bien-aimé termina Sa lettre : "Que la paix soit sur toi et la grâce de Dieu et Ses bénédictions."


NOTES

1) Le Troisième Imam Martyr, qui était un fils de Fatimih.
2) Son nom était Zahra Bagum ; son mari était un cousin du père du Bab et l'arrière-grand-père d'Abu'l-Qasim Afnan.
3) Le mariage eut lieu en août 1842.
4) Personne ne sait exactement qui était Bibi-Dukhtaran. On dit que c'était un membre de la Maison Royale des Atabaks de Fars - les Salghurids (1148-1270) - alors que d'autres ont dit que puisque Bibi-Dukhtaran signifiait la Matrone ou la Maîtresse des Jeunes Filles, il est possible qu'elle ait été l'abbesse d'un ordre chrétien de nonnes.
5) Khadijih.
6) Le Prophète Muhammad.
7) Le terme Dhikr, traduit ici par Souvenance, était fréquemment utilisé par le Bab pour se désigner Lui-même.
8) A.L.M. Nicolas, dans la préface au Bayan Persan, vol. II, pp. 10-11, donne cette traduction :
"En vérité ! Je me suis fiancé sur le trône de Dieu avec Sara, c'est-à-dire la bien-aimée. Car bien-aimée vient de Bien-Aimé. (Le Bien-Aimé est Muhammad. Cela veut dire que Sara était une Siyyid.) En vérité, j'ai fixé les anges des Cieux et les habitants du Paradis, témoins de ces fiançailles. Sache que la bienveillance du Dhikr Sublime est grande, oh Bien-Aimée ! Car c'est une bienveillance qui vient de Dieu ! L'Aimé ! Tu n'es pas, toi, comme une femme ordinaire, si tu obéis à Dieu, au sujet du Dhikr Sublime ! Connais l'immense vérité du Verbe Sublime et glorifie-toi de t'asseoir avec l'ami qui est le Chéri de Dieu très haut ! Certes, la gloire te vient à toi de la part de Dieu, le Sage. Patiente dans l'ordre qui vient de Dieu sur le Bab et sa famille. Et, en vérité, ton fils Ahmad a un asile dans le Paradis béni, auprès de la grande Fatimih." (note de la traductrice).
9) Le Bab fait souvent allusion à Lui-même dans le Qayyumu'l-Asma' comme Qurratu'l-'Ayn - la Consolation des Yeux.
10) Ce que A.L.M. Nicolas traduit dans la préface du Bayan Persan, vol II, p.11 : " Gloire à Dieu, qui, en vérité, a donné à la Fraîcheur des Yeux, dans sa jeunesse, un enfant nommé Ahmad. Et en vérité, cet enfant Nous l'avons élevé vers Dieu ! " (note de la traductrice)
11) Ce sont les mots du Bab tels que se les rappelait Khadijih Bagum des années plus tard, et qui furent notés des dizaines d'années après, et ils ne doivent pas être considérés comme Ses mots exacts dans cette occasion (note de l'éditeur).
12) Nabil-i-A'zam, The Dawn-Breakers, p. 191 (édition américaine). Voir aussi La Chronique de Nabil, p. 179.
13) La nuit du 22 mai 1844.
14) Valets de pied, licteurs, assistants.
15) Un vêtement extérieur qui enveloppe une femme de la tête aux pieds, comme un sac.
16) Haji Abu'l-Hassan était un compagnon de pèlerinage du Bab, sur le bateau qui les emmena de Bushihr à Jiddah. Il était grandement impressionné par la mine et la contenance de Siyyid 'Ali-Muhammad, le Bab, et Lui donna sa complète allégeance, qui ne faillit jamais durant toute une vie de persécutions. Nombreuses furent les épreuves qu'il endura dans Son chemin et pour Lui. Haji Abu'l-Hassan était le père de Mirza Muhammad-Baqir Khan Dihqan, un distingué et très dévoué baha'i de la période du ministère d''Abdu'l-Baha.
17) Elle fut construite par Karim Khan-i-Vakil (1750-79), le fondateur de la courte dynastie de Zand.
18) Dans les derniers jours de septembre 1846. Un récit quelque différent de cet épisode est donné dans Browne (éd.). A Traveler's Narrative, p. 9 (édition américaine), et The Dawn-Breakers, pp. 197-8 (édition américaine). Voir aussi La Chronique de Nabil, pp. 183-184.
19) Une grosse somme en ce temps-là.
20) Un demi-frère de Khadijih Bagum, Haji Muhammad-Mihdi - un poète distingué dont le sobriquet était Hijab - , était parti pour Bombay faire du commerce.
21) Fils de Haji Mirza Siyyid 'Ali.
22) Fils de Haji Mirza Siyyid Muhammad.
23) Bien que convoqué par le Shah à Tihran, le Premier Ministre en donna le contrordre lorsque le Bab fut à trente miles de la capitale. (note de l'éditeur)
24) Il existe un reçu, d'un psalmodieur du Qur'an à Karbila, qui fait la liste des vêtements et autres possessions de Haji Mirza Javad. Elles lui avaient été données par Haji Mirza Abu'l-Qasim, et en retour, il devait réciter en public des versets du Qur'an pour le défunt.
25) Une grand-tante de l'auteur.
26) Le fils de Haji Mirza Zaynu'l-Abidin et Zahra Bagum, la soeur de Khadijih Bagum.
27) Fidèles du Bab.
28) Munirih Khanum, qui devait devenir la femme d''Abdu'l-Baha.
29) Le célèbre courrier de Baha'u'llah.
30) Le fils de Haji Mirza Siyyid Hasan.
31) La tombe de Mir Siyyid Ahmad, un fils du Septième Imam, Musa'l-Kazim.


AVANT-PROPOS PAR ROBERT BALYUZI

Mon père (M. Balyuzi) mourut le 12 février 1980. Cette publication commémore le premier anniversaire de son décès.

Quelques mois avant sa mort, le premier des quatre volumes de son oeuvre sur la vie de Baha'u'llah était publié, sous le titre Baha'u'llah, The King of Glory. Le second volume était largement rédigé, avec seulement quelques chapitres incomplets, et l'introduction du troisième volume était écrite.

En novembre de l'année précédente, il avait subi une attaque cardiaque. Comme il recouvrait de cette maladie, il sembla gagner une force physique qui lui avait été refusée durant les longues années d'une maladie handicapante. Ce renouveau de vitalité fut accompagné d'une vague d'énergie créatrice, qui le vit faire des plans pour plusieurs autres livres. Telle était sa volonté d'avancer que, encore à l'hôpital en convalescence, il commença la traduction en persan de son Muhammad and the Course of Islam; il avait terminé à cette époque une révision, écrite cette fois en Persan de Edward Granville Browne and the Baha'i Faith, incorporant beaucoup de nouveaux matériaux qui ne figuraient pas dans la version anglaise.

De nouvelles archives lui étaient constamment ouvertes, le poussant à des ambitions toujours plus grandes dans la poursuite de l'érudition baha'ie, sa grande passion. Il réécrirait sa vie d"Abdu'l-Baha, en élargissant le volume actuel. Des biographies de ses parents, membres de la famille des Afnan, étaient prévues, ainsi qu'une biographie de son père; tout cela, et plus encore. Mais cela ne devait pas être.

Aussi soudainement que ce renouveau de vie lui avait été accordé, il fut emporté, et sa plume se tut. Mais cela n'avait pas été vain. Car ce fut durant ces quatre derniers mois de la vie de mon père qu'il fit son legs au Monde baha'i, et, ce faisant, sema les graines de la réalisation de son plus cher désir : que son travail continue et que l'étude de l'histoire de la Foi soit reconnue comme une discipline scientifique majeure.

Dans des lettres datées du 10 novembre et du 20 novembre 1979, il a laissé des instructions pour que tous ses livres et documents soient conservés ensemble à perpétuité, "pour le bénéfice de tous ceux qui cherchent la connaissance", et qu'ils forment le noyau de la "Bibliothèque Afnan", fondée au nom de son père, Muvaqqari'd-Dawlih, et dédiée à Khadijih Bagum, l'épouse du Bab. Une fois montée, la Bibliothèque sera ouverte à tous les étudiants et savants désirant faire des recherches dans l'histoire de la Foi.

C'est cette dédicace de la Bibliothèque à Khadijih Bagum qui donne à ce petit volume une signification spéciale parmi les écrits de mon père; car il témoigne de son profond amour et de son admiration pour cette noble âme. Khadijih Bagum était, par son frère, Haji Mirza Abu'l-Qasim, la grand-tante de Aqa Mirza Hadi, le père de Shoghi Effendi, ainsi que du grand-père maternel et de la grand-mère paternelle de mon père; elle était aussi, par son jeune frère, Haji Mirza Siyyid Hasan (connu sous le nom d'Afnan-i-Kabir -le Grand Afnan), la tante de sa grand-mère maternelle. Après le martyre de son Epoux, Khadijih Bagum se retira dans la maison de la veuve de Haji Mirza Siyyid 'Ali, l'oncle qui avait élevé le Bab depuis son enfance; cette maison était proche de la maison de Shiraz où naquit et grandit mon grand-père. Mon grand-père racontait à mon père comment, enfant, il avait loué avec Aqa Mirzi Hadi aux pieds de Khadijih Bagum, recevant d'elle des instructions dans les enseignements du Bab et de Baha'u'llah. et comment, plus tard, jeune homme, mon grand-père agit comme secrétaire de l'épouse du Bab, écrivant pour elle ses lettres à Baha'u'llah.

A l'annonce de la mort à Karbila de Fatimih Bagum, la mère du Bab, mon grand-père fut envoyé par son oncle, Haji Mirza 'Abdu'llah Khan, dans cette ville, pour s'occuper des affaires de sa tante, Bibi Gawhar, qui était restée avec Fatimih Bagum depuis son départ de Shiraz. C'est alors qu'il était ainsi absent de Shiraz que survint le décès de Khadijih Bagum, et ces tristes nouvelles lui furent apportées dans une lettre de Haji Mirza 'Abdu'llah Khan, dans laquelle il écrivait :

"Quelle lourde perte ! Quel événement à fendre le coeur ! Que Dieu me soit témoin ! Elle était une Princesse de son Age, une pierre rare dans son Ere, une âme sainte. Pendant sa vie, nul ne pouvait estimer sa valeur."

On voit donc comment, depuis ses plus tendres années, mon père en vint à partager la révérence de sa famille pour l'épouse du Bab; et le lecteur appréciera pourquoi cet écrit, parmi les inédits, a été choisi pour marquer le premier anniversaire de son décès.

Dans les avant-propos de ses livres, mon père reconnaissait et remerciait toujours tous ceux qui l'avaient assisté dans leur préparation et publication. Ici je demande à tous ceux qui aidèrent à la réalisation de ce petit livre de me permettre de remettre mes propres remerciements à une autre occasion, afin de mieux exprimer ma gratitude sans limite à une personne, dont je ne puis adéquatement décrire la complète dévotion au bien-être de mon père : son cousin, Abu'l-Qasim Afnan. L'histoire racontée dans ce petit livre est largement fondée sur le récit écrit d'Abu'l-Qasim Afnan, le véritable gardien de cet âge des traditions de la famille des Afnan. Qu'il suffise de dire, comme petite illustration, que beaucoup du matériel unique d'archives qu'Abu'l-Qasim avait en sa possession, et qu'il a sans hésiter et sans condition ouvert à mon père, il aurait pu tout aussi aisément choisir de l'utiliser lui-même dans ses propres écrits. Personne ne pourrait avoir désiré un meilleur, un plus véritable ami.

Finalement, il pourrait se révéler utile que je renvoie le lecteur à deux des autres livres de mon père, "The Bab", et "Baha'u'llah, The King of Glory". Car on peut y trouver beaucoup des personnes et des épisodes mentionnés dans cet essai, mais dans un contexte plus large. Le chemin du lecteur peut également être facilité si, en lisant l'essai, il se réfère à la généalogie du Bab préparée par le Gardien de la Foi, Shoghi Effendi, qui se trouve dans le récit de Nabil, The Dawn-Breakers.

ROBERT BALYUZI
Londres - novembre 1980




Complément sur l'épouse du Bab

Le 9 juillet 1850, la ville de Tabriz est la scène d'une effervescence sans précédent : le Bab, celui dont la doctrine a bouleversé le pays et révolutionné le mode de pensée, sera fusillé par deux fois dont la deuxième sera fatale.
En ce moment, dans sa ville natale Chiraz, sa jeune épouse inquiète reste sans nouvelle de son bien-aimé. Il y a quatre ans (depuis l'été 1846) que son époux l'a quittée. Khadijih Bagum (1) se souvient des moments heureux, bien que très courts, passés aux côtés de son époux adoré avant que le destin spirituel de l'humanité décrété par la voix de la Providence ne le lui enlève à jamais.

Avant son mariage, un rêve provoque un grand remous dans son coeur. La charmante jeune fille se voit assise en compagnie de ses soeurs, toutes joyeuses en présence de Fatimih (2) qui se lève et l'embrasse sur le front. Elle a aussitôt la perception d'avoir été choisie par elle.

Ce rêve devient la réalité le lendemain, lorsque la mère du Bab vient chez ses parents ; elle et sa soeur entrent la pièce pour la voir. De la même manière que dans le rêve, la mère du Bab l'embrasse sur le front, la serre entre ses bras avant de s'en aller. Sa soeur lui apprend qu'elle était venue pour demander sa main. Khadijih a la sensation que les portes de la miséricorde divine s'ouvrent devant elle. Elle sait que son futur conjoint est d'une grandeur d'âme exceptionnelle mais est loin d'imaginer qu'il sera le Promis de l'Islam.

Son mariage avec le Désiré du monde a lieu en 1842 à Chiraz (3). Touchée par l'éloquence, le comportement, le raffinement et la prévenance du Bab, elle relate : "Sa gentillesse envers moi, son attention pour moi étaient indescriptibles. Lui et sa mère tout autant me couvraient de gentillesse et de considération... Aucun mot ne pourra jamais rendre le merveilleux sentiment que j'avais de ma bonne fortune." (4) Hélas, ces jours de bonheur sont de courte durée.

Peu après son mariage, un autre rêve, cette fois-ci d'un autre augure, la préoccupe. Elle passe ses bras autour du cou d'un lion effroyable qui se tenait dans la cour de leur maison. La bête la traîne deux fois autour du périmètre complet et une fois autour de la moitié de la cour. Elle se réveille, alarmée et tremblante de peur, raconte son rêve à son époux. Celui-ci commente ainsi : "Tu t'es réveillée trop tôt. Ton rêve signifie que notre vie ensemble ne durera pas plus de deux ans et demi." Khadijih Bagum ressent une grande détresse, mais l'affection et les paroles réconfortantes du Bab la consolent et la préparent à accepter toute adversité dans le chemin de Dieu.

Sous peu, Khadijih Bagum attend un bébé. Quand le terme arrive, l'accouchement s'avère excessivement périlleux. Sa belle-mère rapporte au Bab que sa femme est sur le point de mourir. Le Bab prend un miroir se trouvant près de lui, il y écrit une prière et dit à sa mère de le tenir devant Khadijih. Ceci fait, l'enfant naît en sécurité et s'appelle Ahmad, mais sa vie est très courte. La mère du Bab reproche à son fils de ne pas avoir essayé, malgré ses pouvoirs, de sauver la vie de l'enfant et épargner tant de souffrances à sa femme. Le Bab répond en souriant que sa destinée n'est pas de laisser une progéniture, réponse qui rend sa mère furieuse, mais il reste muet devant ses reproches.

Ce deuil est insupportable pour la jeune mère. Le Bab réconforte sa femme et l'incite à accepter patiemment le destin de son fils en l'assurant que son bébé est heureux dans l'au-delà. "O Consolation des Yeux ! Sois patient dans ce que ton Dieu a ordonné pour toi. En vérité Il fait tout ce qu'Il veut. Il est le Très-Sage dans l'exercice de Sa justice. Il est ton Seigneur, l'Ancien des Jour et loué soit-Il dans tout ce qu'Il a ordonné." (5)

Deux ans après leur mariage, un événement extraordinaire marque la vie de Khadijih et la bouleverse. Une nuit, tandis que les habitants de la maisonnée dorment, le Bab se lève et quitte la pièce. Inquiète du retard de son mari, elle se met à sa recherche. Peut-être est-il sorti ! Mais la porte qui donne sur la rue est fermée de l'intérieur. Regardant vers le toit, elle voit la plus haute chambre très éclairée. Etonnée, elle monte les marches et le trouve dans la pièce : "...ses mains levées vers le ciel, psalmodiant une prière de la plus mélodieuse des voix, des larmes coulant le long de son visage. Et son visage était lumineux, des rayons de lumière en irradiaient." (6)

Cette scène majestueuse et resplendissante la saisit si profondément qu'elle est pétrifiée et tremble de stupéfaction. Immobilisée, ne pouvant ni pénétrer dans la chambre ni retourner sur ses pas, elle est sur le point de s'évanouir lorsque le Bab lui demande de retourner se coucher.
Perturbée, Khadijih retourne dans son lit, mais cette nuit-là le sommeil l'a complètement abandonnée. Elle pense à cet événement prodigieux et ne cesse de se demander ce qui avait provoqué tant de larmes et de chagrin chez son mari adoré pour qu'il prie si intensément.

Le matin, elle frémit encore lorsque, au petit déjeuner, le Bab lui tend, avec beaucoup de tendresse, sa propre tasse dans laquelle il restait du thé. Il lui demande ce qui la trouble et Khadijih réplique anxieusement : "Vous n'êtes plus le même que celui que j'ai connu dans notre enfance. Nous avons grandi ensemble et nous sommes mariés depuis deux ans, vivant dans cette maison et, maintenant, je vois une personne différente devant moi. Vous avez été transformé." (7) Le Bab sourit et dit qu'il ne souhaitait pas que sa femme le voit dans cet état, mais la volonté de Dieu voulait qu'elle sache, avec une absolue certitude, que son époux est la Manifestation divine dont la venue a été prédite depuis mille ans. Il ajoute que cette lumière intense rayonne de son coeur et de tout son être.
Aussitôt après avoir entendu cette déclaration, Khadijih croit en lui, se prosterne devant lui, puis, ressent la paix et la sérénité l'envahir. Elle décide de ne vivre désormais que pour le servir de toutes ses forces.

Nabil atteste la station élevée de Khadijih : "La femme du Bab ...saisit, dès l'aube de sa révélation, la gloire et le caractère unique de sa mission et sentit, dès les premiers jours, l'intensité de sa force. Personne, à part Tahirih, parmi les femmes de sa génération, ne la surpassait dans le caractère spontané de sa dévotion ni dans la ferveur de sa foi. C'est à elle que le Bab confia le secret de ses souffrances futures et il dévoila à ses yeux la portée des événements qui devaient se dérouler en son jour... Il lui confia une prière spéciale, révélée et écrite par lui-même et dont la lecture, lui assura-t-il, dissiperait ses difficultés et allégerait le fardeau que faisaient peser sur elle ses ennemis. "A vos moments de perplexité, récitez cette prière avant d'aller dormir. J'apparaîtrai moi-même à vos yeux et bannirai votre anxiété." Fidèle à son conseil, chaque fois qu'elle se tournait vers lui en prière, la lumière de sa direction infaillible illuminait son chemin et résolvait ses problèmes." (8)

Le 22 mai 1844, le Bab, très enthousiaste et enflammé, dit à son épouse qu'il aura une tâche particulière à remplir ce soir-là et qu'ils auront le soir un invité exceptionnel. Il demande que le dîner soit servi plus tôt. Au moment de l'arrivée de l'inconnu, Khadijih se retire dans sa chambre mais reste éveillée toute la nuit, entendant la voix douce de son époux récitant des versets, parlant et argumentant avec celui qui allait être le premier croyant en la nouvelle dispensation divine, Mulla Husayn. C'est la naissance de la révélation babie. Les jours qui suivent cet entretien voient d'autres invités venant rencontrer le Bab.

En octobre 1844, le Bab confie sa mère et sa femme à son oncle avant de partir pour un pèlerinage à la Mecque. Son attachement à son épouse se lit dans les lettres qu'il lui écrivait. Sa lettre envoyée de Bushihr (le port d'embarcation tout à fait au sud de l'Iran) lors de son voyage pour la Mecque, commence par ces mots : " Mon doux amour,... Dieu m'est témoin que depuis notre séparation le chagrin a été si intense qu'il ne peut être décrit !" (9)

Sur la route du retour de la Mecque, les autorités arrêtent le Bab et l'enferment au siège du gouvernement. La rumeur court en ville qu'il sera mis à mort bientôt. Khadijih Bagum et la mère du Bab en sont très inquiètes. Haji Mirza Siyyid 'Ali, l'oncle du Bab, qui avait été son tuteur en son enfance, fournit la caution pour le libérer en s'engageant de le remettre au gouverneur aussitôt que celui-ci l'exigera. Cet oncle dévoué qui a aussi cru au Bab et donnera sa vie dans le chemin de son amour, ramène le Bab auprès de sa famille, soulageant ainsi Khadijih qui l'attendait impatiemment. La tranquillité retrouvée, Khadijih passe des moments paisibles auprès de celui qui occupait tout son coeur et la comblait de ravissement.

La tension est toujours vive chez les instigateurs de trouble. Un vendredi après-midi, Khadijih Bagum apprend que le Bab sera emmené à la mosquée de la ville où il est appelé à renoncer publiquement à sa revendication. Là, il monte sur les marches de la chaire et prononce ce qui attire certaines âmes vers sa cause. Khadijih attend anxieusement son retour et la voilà rassurée de le voir revenir accompagné de son oncle.
C'est le 21 mars 1845 que Khadijih célèbre le Nouvel-an et le nouveau printemps divin auprès de son époux adoré. Une année paisible réunit le couple et une accalmie relative redonne la plénitude d'une vie enchantée. Comme s'il fallait cette courte période de bonheur pour gratifier quarante années de douleur et de séparation que Khadijih devra supporter ! Naw-Ruz 1846 est fêté aussi en famille dans la maisonnée paradisiaque de Chiraz. Hélas, c'est le dernier jubilé de la vie commune !

Sachant que l'heure de son exil est proche, le Bab pense au futur de son épouse et de sa mère en subvenant à leur subsistance avant de s'installer chez son oncle. Sa mère qui ne se rend pas compte du but de ce changement est ravie que son fils se trouve toujours en famille. Le Bab explique à son épouse les événements tragiques qui lui surviendraient dans l'avenir, précisant que sa mère ne devrait pas en être informée. Il révèle une prière spéciale pour Khadijih qu'elle récitera dans ses moments de douleur et de peine advenus après la séparation avec son bien-aimé.

La renommée du Bab se propage dans tout le pays et les autorités en entendent les échos. Le Shah délègue le plus érudit de sa cour pour vérifier la véracité des rumeurs. Cet érudit ainsi que d'autres rencontrent le Bab à Chiraz et déclarent leur foi en lui. Les croyants arrivent de toutes les parties de la Perse mais doivent être très vigilants car le Bab est strictement surveillé. Cette influence fait peur au clergé et aux autorités.

La nuit du 23 septembre 1846, le gouverneur décide d'exécuter le Bab et ses compagnons. A minuit, Khadijih se réveille et voit anxieusement le haut commissaire et ses assistants grimper le mur et, en passant par le toit, entrer brusquement dans la maison. Ils arrêtent son époux et l'un de ses croyants pour les emmener chez le gouverneur. Sur leur chemin, le commissaire est effrayé de voir les habitants de la ville courant dans tous les sens. Les cercueils sont transportés précipitamment, escortés des gémissements d'hommes et de femmes qui fuient de tous côtés. Une épidémie de choléra d'une virulence rare s'abat subitement sur Chiraz ; il y a déjà un grand nombre de victimes depuis minuit. Le commissaire, terrifié, court vers la maison du gouverneur mais trouve que celui-ci a déjà fui la ville. Il emmène donc le Bab chez lui-même et s'aperçoit, dès son arrivée, que son fils agonisant est atteint du même fléau. Que peut-il faire sinon se jeter aux pieds de son captif, lui demandant de lui pardonner ses fautes et le suppliant de sauver la vie de son fils ? Le Bab qui est en train de faire ses ablutions lui dit de faire boire à l'enfant malade l'eau avec laquelle il lave son visage. Dès que le père désespéré constate les signes de guérison chez son fils, il relâche le Bab et lui demande de quitter immédiatement la ville. Celui-ci convoque son oncle à la maison du commissaire, lui confie sa mère et son épouse avant de quitter Chiraz pour n'y plus jamais revenir.

Khadijih se souvient qu'il y a quelques jours le Bab lui annonçait qu'il ne lui était plus envisageable de rester à Chiraz et qu'il quitterait bientôt cette ville. Sachant combien son bien-aimé a souffert dans cette ville, elle est donc contente qu'il puisse aller en un lieu où il sera en sécurité. Désormais, elle passe le plus clair de son temps dans la maison de l'oncle du Bab dans l'attente de recevoir, d'une minute à l'autre, des nouvelles de son bien-aimé.

L'épidémie de choléra s'atténue et le gouverneur revient à Chiraz. Aussitôt qu'il est du retour, il se met à persécuter la famille du Bab. Tout d'abord, il punit son oncle dévoué, puis envoie ses agents pour arrêter le frère de Khadijih (10) qui est alité et incapable de marcher. Aussi le prennent-ils sur leurs épaules pour l'emmener à la résidence du gouverneur. Ce dernier l'invective cruellement et demande des informations sur la demeure du Bab. Le frère ne sait rien, mais le gouverneur ne le croit pas. Il l'injurie si violemment qu'il n'en peut supporter plus et perd connaissance. Finalement, le gouverneur lui dit d'amener son beau-frère dans un délai de quinze jours ou de payer une amende d'une somme considérable. Il a fallu qu'un ami et associé du frère se porte garant afin que les agents le ramènent sur leurs épaules chez lui. Il est jeté et abandonné sans aucun égard dans la cour extérieure de la maison. "Dieu sait ce que mon frère et nous-mêmes endurâmes ces quelques deux ou trois heures. Une des conséquences de ces mauvais traitements fut une maladie des yeux. La douleur était sévère ; mon frère ne pouvait pas ouvrir les yeux et des larmes en coulaient sans cesse." (11)

Anxieuse quant au destin de son époux adoré, ses jours de solitude s'éternisent, attendant longtemps pour recevoir de ses nouvelles. Quelques mois plus tard, elle entend que le Bab a été exilé à Tabriz. Ces nouvelles fragmentaires causent une grande détresse à la famille. Pour la mère du Bab, le seul espoir est son frère à qui elle demande d'intervenir. Celui-ci se rend à Chihriq pour visiter son neveu et l'objet du désir de son coeur, mais n'en revient plus. Il sera exécuté à Tihran quatre mois avant l'exécution du Bab à Tabriz. Ces deux exécutions ne sont pas divulguées aux femmes de la famille. Les hommes démentent énergiquement les rumeurs qui se propagent sur le sort du Bab et de son oncle. Mais ces nouvelles tragiques ne peuvent pas rester cachées longtemps.

La mère du Bab est inconsolable. Meurtrie par les nouvelles déchirantes de la mort des plus chères personnes de sa vie d'une part, et l'attitude blessante de quelques membres de la famille toujours implacablement hostiles de l'autre, les événements l'incitent à quitter Chiraz. Khadijih Bagum, relate ces jours de désolation et de détresse : "Son départ de Chiraz ajouta grandement au poids de mon chagrin et accentua la tristesse de mon coeur. Je n'avais plus auprès de moi la consolatrice, dont l'amour, la sympathie et le soin m'avaient soutenue toutes ces années."

Elle vivra désormais avec sa soeur, la veuve de l'oncle du Bab qui avait perdu son mari et son fils unique en l'espace d'une année. Elle devra la soutenir et la consoler. Khadijih Bagum est submergée de chagrin en évoquant les souvenirs douloureux de sa séparation forcée d'avec son bien-aimé et les souffrances que celui-ci a subies durant son ministère, au point de ne pas pouvoir parler pour un moment. Sa tristesse est ressentie et partagée par tous ceux qui l'entendent. Sa joie est de rencontrer les croyants du Bab. Mais rarement ce plaisir lui est accordé, car elle est strictement surveillée et les fidèles ne peuvent pas s'approcher d'elle. Elle est enfin comblée de joie lorsque les filles de Hujjat et quelques dames de Nayriz lui rendent visite. Plus tard, d'autres amis iront la voir.

Un jour, Nabil arrive à Chiraz pour annoncer la mission de Baha'u'llah au peuple du Bayan. Khadijih demande à le rencontrer :
"J'étais derrière un rideau et aussitôt que je l'entendis dire que la Beauté Bénie était "Celui que Dieu rendra manifeste", promis dans le Bayan, je ressentis le même sentiment que j'avais eu cette nuit, sur le seuil de la chambre haute de notre maison, et je fus certaine que ce que Dieu avait promis pour la "Neuvième Année" était arrivé. J'inclinai immédiatement mon front jusqu'au sol en adoration et remerciement. Puis, je ne pus que murmurer : "Offrez à ce Seuil sacré ma plus humble dévotion." Je n'hésitai pas un moment et ma soumission fut instantanée et totale."

De Akka, Baha'u'llah envoie un croyant la visiter à Chiraz l'honorant chaque fois d'une tablette et de présents.

Munirih Khanum, la future épouse de 'Abdu'l-Baha, rend visite à Khadijih Bagum et reste vingt-et-un jours auprès d'elle avant son voyage pour Akka. Elle est chargée de transmettre à Baha'u'llah trois requêtes formulées par Khadijih.
La première est de réparer la maison de son époux afin qu'elle puisse y vivre. La deuxième est que les deux familles, Afnan (la famille du Bab) et celle de Baha'u'llah soient unies par le lien du mariage. (12) La troisième est de recevoir la permission de faire le pèlerinage à 'Akka.
Baha'u'llah lui accordera ses souhaits.

La maison du Bab reçoit les réparations nécessaires et Khadijih Bagum y transféra sa résidence.
Baha'u'llah donne son accord pour le mariage de sa fille avec le neveu de Khadijih Bagum.
Mais son plus cher souhait qui est d'arriver en présence de Baha'u'llah à 'Akka ne se réalisera pas. Car voyager pour une femme n'est possible que si elle est accompagnée d'un proche parent. Son neveu qui va devenir le gendre de Baha'u'llah grâce à son intervention rompt sa promesse de l'accompagner en pèlerinage et ira tout seul en Palestine.

Khadijih Bagum en a le coeur brisé. Elle sait que l'espoir de voyager en Terre Sainte est réduit à néant et qu'une telle opportunité ne se produira plus jamais. Sa santé se détériore et, en dépit des soins de plusieurs médecins, deux mois après cette déception amère, elle meurt chez elle, trois heures avant le lever du soleil, le lundi 15 septembre 1882, en chantant la louange de Dieu.
Son corps est amené de nuit au bain public pour être lavé et préparé pour l'enterrement. La même nuit, elle est enterrée dans le sanctuaire de Shah-Chiragh à Chiraz. Plus tard, ses restes seront transférés au cimetière baha'i de la même ville.

Quarante années ont passé depuis ce jour enjoué de son mariage avec le Bab. Cette noble héroïne est restée fidèle et inébranlable, jusqu'à son dernier souffle, dans la cause de Dieu manifestée aussi bien par le Bab que par Baha'u'llah, la cause qu'elle avait reconnue instantanément et pour laquelle elle endura patiemment des épreuves indescriptibles. En chantant les louanges du Seigneur, son âme bénie s'envole vers son abri éternel et rejoint son bien-aimé. "En vérité, nous venons de Dieu et nous retournerons à Lui... Louange à Celui qui est venu en ce jour splendide, et pour toute la gloire de ma vie."
"We are from God and to God do we return... Praise be unto Him for the Coming of His Great Day, and for all the glory of my life."


Bibliographie

Nabil, La chronique de Nabil, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1986
Lady Blomfield, The Chosen Highway, London, Baha'i Publishing Trust, [1940]
Balyuzi, Khadijih Bagum : l'épouse du Bab, document dactylographié
Arbab F, Akhtaran-i-Taban, vol. 1, New Delhi, Mir'at, 1999
Faizi, Khandan-i-Afnan, Téhéran, Matbu'at-i-Amri, 1948
Muhammad-Husaini, The Bab : His life, his writings and the disciples of the Bab's dispensation. Institute for Baha'i Studies in Persian, 1995.

1. Prononcer Bégom, un titre ancien en Perse pour désigner une dame noble. D'après Le Petit Larousse, "Bégum" est un titre donné aux princesses indiennes.

2. La fille du Prophète Muhammad, l'épouse de 'Ali et la mère de Hasan et Husayn, les trois premiers Imams de l'Islam Chiite.

3. L'acte du mariage se trouve dans "The Baha'i World, vol 5, p. 63". Dans son livre, Qayyumu'l-Asma sourate 28, le Bab fait allusion à son mariage et s'adresse à son épouse Khadijih.

4. H.M. Balyuzi, Khadijih Bagum : L'épouse du Bab. P. 5

5. In H.M. Balyuzi, Khadijih Bagum : L'épouse du Bab, p. 7

6. In H.M. Balyuzi, Khadijih Bagum : L'épouse du Bab, p. 8

7. In H.M. Balyuzi, Khadijih Bagum : L'épouse du Bab, p. 9

8. p. Chronique de Nabil, MEB, 1986, p.180

9. In H.M. Balyuzi, Khadijih Bagum : L'épouse du Bab, p. 17

10. Haji Mirza Abu'l-Qasim,

11. In H.M. Balyuzi, Khadijih Bagum : L'épouse du Bab, p. 12

12. Avec le mariage de la fille aînée de 'Abdu'l-Baha, Diya Khanum, épousera Aqa Mirza Hadi, l'un des Afnan, ce souhait sera véritablement réalisé et donnera lieu à la naissance de Shoghi Effendi.


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