Médiathèque baha'ie

Opposition et unité
entre science et religion


A.A. Furutan (Main de la Cause)
Traduction de courtoisie de Jean Sévini


Sommaire :

Chapitre 1 - Qu’est-ce que la science ?
Chapitre 2 - Qu’est-ce que la religion ?
Chapitre 3 - Science et religion
Chapitre 4 - Pourquoi certains savants se sont-ils opposés à la religion ?
Chapitre 5 - La religion ne s’oppose pas à la science


Préface

Baha'u'llah, le fondateur de la foi baha'ie, a clairement établi dans Ses écrits, que science et religion s’accordent. Les écrits baha'is les comparent aux deux ailes d’un oiseau. De la même façon qu’un oiseau ne peut voler qu’avec une seule aile, le monde de l’humanité ne peut pas s’envoler vers l’apogée du bonheur et de la prospérité avec seulement la science ou la religion.

Une Foi divinement révélée libérée des superstitions et des imaginations humaines et dotée de la pureté et de la simplicité originelles ne peut pas, en fait, s’opposer à la raison et à la connaissance. La notion de conflit entre religion et science est né principalement à cause du fait que des gens des âges passés ont considéré que la science et la religion s’opposaient l’une à l’autre.

Aussi le but de cet essai est d’expliquer les causes sous-jacentes à l’apparition d’un conflit entre science et religion et de spécifier clairement que les prophètes de Dieu ont toujours insisté sur le besoin d’acquérir de plus en plus de connaissance et de sagesse.


Chapitre 1 - Qu’est-ce que la science ?

La connaissance humaine a été divisée par les érudits en deux classes: «livresque» et «scientifique».


* La connaissance livresque:

La connaissance livresque est un phénomène naturel. On l’obtient sans relier un événement à un autre. Son champ, pour utiliser le terme scientifique, est restreint, il n’embrasse pas tout.
Quand un profane regarde la pluie tomber, il ne fait pas le lien entre la cause et l’effet. Il ne lui viendra jamais à l’esprit que la pluie est la résultante de plusieurs causes et d’effets du soleil, de la mer, du vent, de la vapeur et la condensation, de la gravitation et autres. De la même façon, il ne peut pas relier le fonctionnement d’une radio, d’une ampoule électrique et de la lumière à une cause, à savoir l’électricité. Ainsi une des principales caractéristiques de la science livresque est l’absence de lien entre les évènements.

* La connaissance scientifique:

La connaissance scientifique provient de la relation des causes aux effets des évènements naturels, ou d’une découverte de propriétés élémentaires et de lois scientifiques.

Différence entre la connaissance livresque et la connaissance scientifique

1. La connaissance livresque ne conduit pas à des conclusions définitives parce qu’elle ne donne pas une seule sorte d’informations sur un sujet ou un objet mais des informations diverses. De plus, les découvertes de la science livresque changent au gré des changements dans les séquences d’évènements constituant un phénomène naturel. D’autre part, les résultats de la connaissance scientifique sont toujours fiables et définis tant que leur validité et vérité peuvent toujours être testées et vérifiées selon les lois scientifiques.

2. La connaissance scientifique est générale et concrète. Elle se base sur des lois générales, définies et ne décrit pas seulement les effets d’un phénomène naturel en sections isolées, mais les classifie selon ces caractéristiques. Ce principe de tout englober est le trait le plus important de sa raison d’être est le trait le plus important de la connaissance scientifique.
3. la connaissance scientifique est toujours gouvernée par des principes bien définis et les scientifiques actuels, sans répéter les expériences de leurs prédécesseurs, se servent de leurs découvertes. Par exemple, en chimie il existe une loi de base pour les analyses qualitatives des divers composants grâce à laquelle un chercheur peut facilement procéder à ses recherches.


* Les étapes de la connaissance humaine:

Chaque branche de la science, dans son parcours vers la perfection ou la progression n’a pas d’autre possibilité que de passer par les quatre étapes suivantes:
1. Collecter les informations sur la recherche en cours
2. Arrangement systématique des informations obtenues et formation de lois élémentaires basées sur des tests et des expériences.
3. Découverte de lois spécifiques.
4. Accumulation des résultats des lois spécifiques de façon à formuler des lois générales.

A titre de clarification, nous pouvons citer l’astronomie comme exemple. L’astronomie est une science bien connue. Elle est passée par ces quatre étapes dans sa progression avant d’atteindre les données actuelles. Avant Hipparque (2ème siècle avant J-C.) et Claude Ptolémée (2ème siècle après J-C.) il n’y avait que peu d’informations disponibles sur cette science. Mais c’est grâce aux travaux de ces deux savants que les lois élémentaires de cette science ont été établies. Plus tard Jean Kepler (1571-1630) découvrit une série de lois spécifiques, et finalement Isaac Newton (1643-1727) donna les lois générales qui ont renforcé les piliers de l’astronomie.

Ces étapes peuvent mieux s’expliquer comme suit:

- La première étape:

Dans la première étape le scientifique doit prendre une supposition comme base de son raisonnement, sans en supposer la véracité, pour expliquer les relations inconnues entre les diverses causes et effets d’un phénomène naturel (particulièrement lorsque ceux-ci ne peuvent pas être prouvés expérimentalement). Ceci est appelé une hypothèse ou point de départ de la recherche. L’hypothèse est absolument essentielle au développement du champ de la science et de la connaissance.

- La seconde étape:

Dans la seconde étape, le scientifique accumule les résultats de son hypothèse et formule différentes théories pour expliquer les relations des effets du phénomène naturel. Nombre de ces théories, une fois expérimentées et testées, peuvent s’avérer fausses et perdre leur validité.

- La troisième étape:

Lors de cette étape les découvertes scientifiques atteignent leur plus haut niveau et la plupart de ces théories et hypothèses se trouvent, une fois testées, être vraies et deviennent alors des lois. Néanmoins ces lois ne sont pas générales comme il est également possible qu’elles souffrent des exceptions.

- La quatrième étape:

Dans la quatrième étape, la connaissance humaine de la science arrive à une étape de lois générales où il n’existe aucune exception ni de lieu ni en temps.


* Hypothèses:

L’hypothèse d’Emmanuel Kant (1724-1804) et de Pierre Simon Laplace (1749-1827) concernant l’origine de la terre et de la vie sur terre, du magnétisme moléculaire de Hermann Helmholtz (1821 –1894) concernant la lumière et les couleurs ainsi que des théories telles que celles de l’évolution ou de centaines d’autres théories et hypothèses sont encore dans leur première étape et sont ouvertes aux diverses interprétations de différents savants.

Les livres scientifiques regorgent de telles théories et hypothèses. Même la science médicale, bien que très ancienne, n’a pas été capable de formuler des lois absolues et définitives malgré le fait qu’elle utilise la physique, la chimie, la physiologie et l’anatomie. Par exemple, jusqu’à des temps récents, c’était une pratique médicale de recommander la saignée à un malade parce que les docteurs considéraient le sang du malade comme impur. Mais aujourd’hui, cette pratique est quasiment tombée en désuétude.

Ainsi tant de nouveaux concepts sont appliqués que de nouvelles méthodes adoptées dans le champ de la science médicale aujourd’hui comme demain. C’est la raison pour laquelle des lois générales n’ont pas été établies en ce qui concerne la science médicale.


* Les sciences exactes:

Plus une science est basée sur des lois générales et plus elle est éloignée des vagues théories, suppositions et lois spécifiques, plus elle est exacte et fiable. C’est pour cette raison que les mathématiques, l’astronomie, la physique, la chimie etc. sont plus exactes que la médecine, l’éducation et les arts. Ces sciences pures sont basées sur les lois générales et jusqu’à présent personne n’a pu défier leur validité. Ainsi personne n’a jamais pu falsifier le principe d’Archimède (287-212 Avant J-C), la loi de la gravitation, les lois du mouvement, la loi de Pascal (1623-62), la loi de Boyle (1621-91), le principe de Gay-Lussac (1778-1850), la loi de Joule (1818-89), etc...Si quelqu’un pouvait prouver que le poids d’un corps n’est pas égal à celui de l’eau déplacé, alors la loi d’Archimède perdrait sa validité et sa signification.

De l’analyse précédente, il devient évident que la science est la découverte de la réalité des objets et qu’elle se compose de la connaissance humaine sur le monde extérieur et des moyens d’y apporter des changements systématiques. La science véritable, par conséquent, est une connaissance qui surpasse les hypothèses, théories et lois spécifiques et qui est basée sur des principes généraux. Les anciens Grecs considéraient la connaissance comme une philosophie et la divisaient en logique et en éthique. Au seizième siècle, Francis Bacon (1561-1626) a divisé la connaissance en histoire, poésie et philosophie. Plus tard, les savants français ont divisé la science et la connaissance humaine en six branches: 1) la théologie et l’éthique, 2) l’histoire, 3) les mathématiques, 4) les sciences naturelles, 5) la magie et l’alchimie, et 6) la littérature. Auguste Comte (1798-1857), cependant, a classifié la connaissance en trois catégories suivantes:
1. connaissance des objets inanimés
2. connaissance des objets animés
3. connaissance des objets sur animés.
Plus tard, il subdivisa la connaissance des objets inanimés en mathématiques, mécanique, physique et chimie ; la connaissance des objets animés en physiologie et biologie ; et la troisième sorte en sociologie et psychologie.


Chapitre 2 - Qu’est-ce que la religion ?

Etymologiquement, le terme ««religion» est dérivé du latin «RELIGIO» qui signifie lier étroitement. Ainsi le mot de religion en est venu à signifier «un lien étroit et consacré liant soi-même à une Obéissance et une Allégeance.» D’après l’érudit allemand, Max Müller, (1823-1900), «la religion est un pouvoir spirituel qui aide l’homme à comprendre l’infini.» Réville observe que «la religion est une influence qui contrôle la vie de l’homme. Elle concerne l’âme en tant que pouvoir gouvernant l’humanité et l’univers, et connecte ce pouvoir dirigeant avec Dieu.» Du point de vue de Schleiermacher (1768-1834), «la religion est la conscience de l’homme qui conduit à une complète obéissance.» Tandis que Feuerbach (1804-1872) a défini la religion comme «le désir de l’homme de connaître Dieu.» L’opinion de Kant (1724-1804) sur la religion est «la reconnaissance des devoirs comme étant des commandements divins.»

Moris Jastrow, dans son livre «The study of religion» définit la religion selon trois principes 1) la croyance de l’homme en un existence d’un quelconque pouvoir absolu ; 2) l’effort de l’homme pour établir une relation avec ce Pouvoir ; et 3) l’établissement d’un lien avec ce Pouvoir. Cette foi en un Pouvoir suprême est la base de la croyance de l’homme, et l’aspiration à établir une relation avec la Source suprême nourrit les sentiments spirituels humains. Par la prière et la méditation, l’homme établit un lien avec le Créateur. Aussi, selon Jastrow, «la religion peut être définie comme la croyance naturelle en un Pouvoir au-delà de notre contrôle, et sur lequel nous nous sentons nous-mêmes dépendants.»

Herbert Spencer (1820-1903) a défini la religion comme «les sentiments les plus profonds de l’homme et sa plus profonde inspiration.» Fichte (1762-1814), le fondateur de l’idéalisme allemand, observe ceci: «la religion est une perfection morale et la perfection morale est l’essence de la religion.» Jean Marie Guyau (1854-1888) affirme: «la religion est le but de l’homme et est vraiment la relation de l’homme avec l’Univers et Sa vérité.»

Bien qu’il y ait des centaines d’autres définitions de la religion, celles susmentionnées suffisent à notre but. Certains érudits ont défini la religion comme l'attachement et la croyance en Dieu, le Créateur de l’univers tandis que d’autres l’ont appelée «les commandements de Dieu révélés à Ses Prophètes pour guider l’humanité.»

Abul-Fadl, un distingué érudit baha'i, dit: «la religion est le code de règles et de lois révélées par Dieu par l’intermédiaire d’une révélation divine à un Etre choisi, qui façonne l’ordre spirituel et social du monde.»


Chapitre 3 - Science et religion

Des chapitres précédents, il est évident que science et religion sont complémentaires. Ces deux puissantes forces conduisent le genre humain vers le progrès et la perfection, résolvent les problèmes humains, et développent les facultés physiques, spirituelles et intellectuelles de l’homme. Tandis que la science fortifie le mental, la religion purifie le coeur et l’âme. La première rend l’homme matériel confortable, la seconde lui ouvre des portes célestes et rend sa vie spirituellement riche. La science rend l’homme capable de gouverner les forces de la nature tandis que la religion le libère des désirs vains et égoïstes. Par là la religion et la science sont toutes deux véridiques. Juste comme la science permet à l’homme de comprendre les phénomènes extérieurs de la nature, la religion lui permet de connaître les mystères du monde spirituel.

Singulièrement, aucune de ces deux forces ne peut développer complètement les facultés de l’être humain. Chacune ne peut pas non plus empiéter sur le territoire de l’autre. Chaque branche de la science est confinée à son propre champ et ne peut pas agir sur des matières au-delà de sa recherche et de son enquête. Par exemple, les mathématiques s’occupent de quantités, la mécanique de mouvements, la physique et la chimie de propriétés matérielles, la biologie s’occupe d’êtres vivants, la psychologie de l’esprit et la sociologie de la société. Mais aucune de ces branches ne peut s’occuper de la création de l’homme, de son existence, de l’immortalité de l’âme, du Jour du Jugement et le l’origine spirituelle de l’homme. Tout ce qui ne peut pas être testé ou expérimenté est en dehors du domaine des sciences naturelles. C’est pourquoi la philosophie matérialiste ne peut pas nous satisfaire avec ses explications sur ces questions. Seule, la religion, avec sa philosophie spirituelle basée sur l’histoire, peut résoudre les problèmes spirituels de l’homme.


* La religion résout les problèmes spirituels de l’homme:

De temps immémorial, l’homme a essayé de connaître le Créateur et le mystère de la création, et à partir de là la crainte de la mortalité l’a hanté. Depuis le lendemain même de sa création, ce grand mystère l’a poussé à penser à ces questions vitales de «Qui suis-je ? D’où viens-je et où vais-je ?» Il n’y a pas de doute au fait que l’homme a songé avec étonnement, songe et songera encore longtemps à ces questions parce qu’il veut connaître où cette création va l’amener, à un Néant absolu ou à l’Eternité.

Il n’y a que la religion qui puisse répondre à ces questions d’une manière satisfaisante. La science n’a pas à entrer dans ce domaine et n’a pas essayé de répondre à ces questions.


* L’homme a besoin de la religion comme de la science:

En fait, l’homme a besoin à la fois de la religion et de la science du fait que ces deux puissantes forces sont conductrices à la croissance spirituelle et intellectuelle de l’homme et au développement d’une civilisation valable.

Un certain nombre d’érudits ont admis le fait que la science et la religion sont complémentaires et ont considéré ceux qui n’étaient pas d’accord avec ce fait comme une opinion fausse. Analysant la relation de la science avec la religion dans l’un de ses ouvrages, Herbert Spencer a dit: «Quand nous contemplons les choses de la nature, nous nous sentons poussés à admettre l’existence d’une Réalité qui est au-delà de notre compréhension. Cette reconnaissance instinctive est le point qui lie la science avec la religion Il peut sembler extérieurement que la religion et la science s’opposent l’une à l’autre et nombreux sont ceux qui s’imaginent que les questions scientifiques et religieuses ne sont pas en harmonie. Mais une telle conception est erronée parce que la religion n’est pas un produit de l’imagination humaine (comme ces gens le croiraient) mais bien une vision intérieure spirituelle. Similairement, la science n’est pas un produit de l’imagination humaine, mais un résultat d’épreuves et d’expérimentations continues, expériences qui se sont progressivement affinées et qui ont découvert des réalités inconcevables.

C’est pourquoi la religion et la science ont une seule origine, une seule source et une seule base. Elles occupent une position égale. Les deux peuvent être en harmonie du fait qu’elles ont toujours existé simultanément. Pour comprendre ce fait, nous devons étudier les principes majeurs et de la religion et de la science minutieusement. C’est alors seulement qu’il apparaîtra clairement qu’il n’existe ni discorde ni disharmonie entre les deux.

Ernest Heckel (1834-1919), malgré ses points de vue critiques et superstitieux concernant la religion, a néanmoins apporté une contribution significative sur la relation de la science avec la religion. Il a affirmé: «Un des principaux problèmes que l’homme veut solutionner est la question de l’origine et de la réalité des choses. La science comme la philosophie sont incapables de répondre à cette question. Le champ de la science est limité à l’étude des phénomènes naturels et la découverte de lois générales tandis que la philosophie s’occupe principalement de questions théoriques et ignore les aspects pratiques. L’homme ne peut pas vivre avec uniquement son intelligence. Il possède aussi des sentiments et des émotions. La science peut battre la religion seulement quand elle satisfait les besoins émotionnels et spirituels mieux que la religion. Aussi la science doit-elle faire la paix avec la religion et mettre de côté son inimitié et son antagonisme.»

Guyau croit que si les mythes et les superstitions de la religion qui ont obscurci sa vérité étaient abandonnés, la lutte entre la religion et la science serait terminée. [nota: voir aussi les ouvrages de William James, de Richelle et de Bergson]


Chapitre 4 - Pourquoi certains savants se sont-ils opposés à la religion ?

Draper, un fameux scientifique américain observe dans l’un de ses livres sur le conflit entre la science et la religion ceci: «l’opposition entre la science et la religion, qui atteint maintenant son point culminant, a commencé quand le Christianisme a commencé à assumer une influence politique puissante en ce monde. Depuis lors religion et science ont lutté l’une contre l’autre et de nombreux personnages distingués se sont joints à cette «confrontation». L’histoire de la science ne parle pas seulement des découvertes et des inventions mais explique également la nature de l’opposition entre deux puissantes forces. L’une des deux forces est l’intelligence de l’homme et son désir de progrès et l’autre est l’influence des hommes qui ont des idées orthodoxes et des intérêts égoïstes ainsi que les limitations causées par cette influence.»

A partir de la citation précédente, nous pouvons conclure qu’à partir du moment où le Christianisme a été bien répandu et que les prêtres ont eu une pleine maîtrise sur les esprits des chrétiens, l’aliénation de la science pour la religion a commencé. Cette aliénation a progressivement tourné en lutte et conflit¸ et a atteint son apogée lorsqu’un certain nombre d’érudits et de scientifiques se sont référé à la religion comme étant l’unique ennemi de la connaissance et les croyances du monde la seule cause du déclin et de la chute des civilisations.

Si nous étudions les livres écrits sur ce sujet, nous apprendrons que les raisons du conflit n’ont pas été motivées par la vraie nature de la science et de la religion mais que le conflit a eu plusieurs autres causes que nous allons passer maintenant en revue :

1. Quelques scientifiques disent que beaucoup d’assertions bibliques telles que la création de l’univers en six jours, la sorte de création d’Adam et d’Eve et d’autres créatures, la croyance à l’assombrissement du soleil et de la lune, la chute des étoiles lors de la seconde venue du Christ, sont radicalement contraires aux vérités établies de la science.

2. Des scientifiques se plaignent du fait que de nombreux prêtres ont propagé des idées superstitieuses et des croyances contraires à la science. Ce qui a amené beaucoup de chrétiens à s’opposer à la science. Lacdans, un prêtre, s’est opposé à la rotondité de la terre. Il a dit: «Si la terre est ronde, les êtres qui vivent de l’autre côté du globe doivent avoir leurs têtes dirigées vers la terre et leurs pieds vers le ciel, et les plantes et les arbres doivent pousser à l’envers. Aucun homme raisonnable ne croira que la terre est ronde. Si on demande aux nigauds (qui disent que la terre est ronde) pourquoi les objets de la terre ne s’échappent pas du sol vers le haut, leur réponse sera que c’est comme le rayon d’un cercle faisant toujours face au centre, de la même manière les choses lourdes sont attirées vers le centre du globe, et ce ne sont que les objets sans poids comme les nuages et la vapeur qui montent vers le ciel.» Cette erreur n’est-elle pas plus grave que le concept de la rotondité de la terre ?
St Augustin, un des Pères de l’Eglise (354-430 après J-C.) ne croit pas qu’un être humain puisse exister de l’autre côté de la terre parce que dans la sainte Bible il n’en est pas fait mention pour les descendants d’Adam. S’il existait des hommes de l’autre côté de la terre, ils ne pourraient pas voir la seconde venue du Christ. D’où il n’est pas raisonnable de penser que la terre est ronde.
De telles assertions étroites conduisent les gens à l’état sauvage de l’obscurantisme et de la superstition et les privent de la véritable connaissance durant des siècles.

3. Alors que le clergé lui-même mène une vie coûteuse et luxueuse, il prêche pour autrui une vie d’ascétisme et monastique. Ainsi empêchent-ils beaucoup de gens de remplir leurs vrais devoirs humanitaires. Après avoir exploité les sentiments religieux, ils font mauvais usage de la religion en transportant de la terre à partir de Jérusalem et en la vendant très cher ; ils placent aussi certaines icônes et idoles dans des lieux saints d’adoration pour en tirer des donations et des dons des gens. C’est de cette façon que des centaines de mauvaises coutumes ont été instaurées par eux au nom de la religion. Ces coutumes ont été, vraiment, irrationnelles et contraires à la vérité. Elles ont été superstitieuses ; elles ont obscurci la vision spirituelle de l’homme et l’ont privé de la véritable connaissance.

4. Plusieurs historiens ont déploré le mauvais traitement par le clergé des hommes de science et d’érudition. Certains savants considèrent de telles tortures et persécutions comme une évidence du conflit entre science et religion et citent les exemples suivants à l’appui de leurs arguments:

a) la persécution de Copernic (1473-1543)
Copernic a été cruellement persécuté par l’Eglise immédiatement après la parution de son livre sur le mouvement des planètes.

b) la persécution de Galilée (1564-1642)
Galilée, le savant et astronome renommé, a inventé le télescope et en 1609 a observé des protubérances sur la surface de la lune et des satellites de Jupiter ainsi que le halo de Saturne. En 1616 il a enduré le même destin que Copernic et a été condamné. En 1633 il a été forcé de nier de mouvement de la terre. Plus tard il devint aveugle et a été frappé d’ostracisme toute sa vie durant.

c) la persécution de Bruno (1548-1600)
Quand Giordano Bruno, le fameux savant italien a publié son livre sur la science en 1584, la Cour de l’Inquisition l’a déclaré hérétique et l’a fait brûler vif en 1600.

d) la mort d’Hypatie (4-5ème siècle après J-C.)
Hypatie, la fille du fameux mathématicien Théo, a été condamnée à être tuée par St Cyril, le Chef de l’Eglise d’Alexandrie uniquement à cause du fait qu’elle enseignait les mathématiques et la philosophie et répondait à des questions telles que: «Qui suis-je ? Que sais-je ? Où vais-je ?» et qu’elle distribuait la connaissance et la sagesse.

e) la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie (391 après J-C.)
Un lieu qui à l’origine faisait partie du temple d’Osiris, a été donné aux chrétiens par Théophile pour la construction d’une église. Lorsqu’on a creusé le sol pour faire les fondations, on a découvert sur un morceau de marbre une inscription païenne. Les chrétiens s’en sont moqué ce qui a exaspéré les païens et les émeutes religieuses ont éclaté à Alexandrie. La violence déclenchée a été terrible, entraînant une multitude d’égorgements. L’empereur a alors envoyé des troupes pour étouffer les émeutes et punir les païens qui avaient cherché refuge dans la région de Serapeum. Théophile, mandaté par l’empereur, a détruit tous les édifices de cette région y compris la fameuse bibliothèque d’Alexandrie.

De tels actes de violence de la part d’hérétiques religieux ont gêné la croissance de l’instruction et de la connaissance. Par exemple, après la mort d’Hypatie, un profond déclin a marqué Alexandrie qui était un centre pédagogique. De la même façon, depuis la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie, comme Draper l’a mentionné « l’obscurantisme a commencé à fleurir et en 414 l’enseignement de la philosophie grecque a été interdit, même à Athènes, par l’empereur Justinien et toutes les écoles et collèges ont été fermés.»

5. Plusieurs historiens ont rapporté les horreurs des Cours de l’Inquisition et ont révélé aux lecteurs les abominables persécutions de ceux qui n’acceptaient pas les croyances orthodoxes et superstitieuses. Ces historiens ont fait naître un sentiment de dégoût et d’horreur en décrivant les crimes commis au nom de la religion. Ils ont exposé que dans plusieurs pays comme l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et le sud de la France, ces Cours d’Inquisition ont été responsables de la persécution d’érudits, de savants et de ceux qui ne croyaient pas en Christ. Ainsi des milliers de personnes instruites et innocentes ont été injustement torturées et tuées par ces Cours.
Par exemple, en 1481, en Andalousie, deux mille personnes ont été brûlées, et dix-sept mille condamnées à l’emprisonnement à vie, et leurs propriétés confisquées.
Thomas Torquemada (1420-1498), un des chefs de l’Inquisition les plus brutaux, a inventé toutes sortes de souffrances et de tortures pour ceux qui étaient accusés par la Cour. Il a signé lui-même des condamnations à mort de 8.000 personnes, et nombreux sont aussi ceux qui ont été torturés par ses ordre dans des donjons.
Les historiens de l’Inquisition affirment que Thomas Torquemada et ses actions ont fait mourir par le feu 12.220 personnes, marqué au fer rouge 6.806 et torturé 97.320 personne dans le court espace de 18 années. Ils ont également brûlé la Bible écrite en hébreu, et à Salamanca (Espagne), des feux de joie étaient constitués de six mille livres de littérature.
Les papistes de cette époque ont inventé les moyens de soutirer d’importantes sommes d’argent des accusés par des certificats d’absolution.
C’est en se basant sur des vies de luxe, de pompe et d’erreurs de la part de certains membres du clergé, ainsi que les persécutions d’érudits rationnels et scientifiques par des responsables de l’autorité religieuse, que des érudits en sont venus à considérer la religion comme s’opposant à la science.


Chapitre 5 - La religion ne s’oppose pas à la science

Si nous devions compiler la liste des versets et des passages nous apprenant que la science est en accord avec la religion, cela rendrait cette brève étude trop longue. Les Ecrits saints de la foi baha'ie, la Bible, le Coran, les Védas, la Bhagavad Gita et autres saintes écritures font toutes allusion à l’harmonie entre la science et la religion. Nous en citerons quelques-unes à titre d’exemples. [nota: lire aussi «l’Iqan» (le Livre de la Certitude) de Baha'u'llah]

Baha'u'llah dit: «Nous pouvons comparer la science à une aile et la religion à une autre ; pour voler, l’oiseau a besoin des deux ; une seule lui serait inutile. Toute religion qui contredit la science, ou qui lui est opposée, n’est que de l’ignorance... La religion qui ne comporte que des rites et cérémonies coutumières n’est pas la Vérité... Une grande partie de la discorde et de la désunion qui règnent dans le monde provient de ces oppositions et de ces contradictions forgées par les hommes: si la religion était en accord avec la science, cela mettrait fin à bien des haines et des animosités qui, actuellement, plongent la race humaine dans la détresse. Je vous le dis: Pesez soigneusement dans la balance de la raison et de la science tout ce qui vous est présenté comme religion. Si l’examen est satisfaisant, acceptez-la car c’est la vérité. Si au contraire, cette religion n’est pas en accord avec la science, alors rejetez-la car c’est de l’ignorance. Il est impossible que la religion soit contraire à la science, même si certains esprits sont trop faibles ou n’ont pas la maturité voulue pour comprendre la vérité. Dieu a fait la religion et la science pour être en quelque sorte les critères de notre entendement. Veillez à ne pas négliger un si merveilleux pouvoir. Pesez toutes choses sur cette balance. Conformez toutes vos croyances à la science. Il ne peut y avoir d’opposition car la vérité est une. Quand la religion, délivrée de ses superstitions, de ses traditions et de ses dogmes inintelligibles, se trouvera en conformité avec la science, alors une grande force d’union et d’assainissement paraîtra dans le monde. Cette force détruira toutes les guerres, les conflits, les luttes et les discordes, et l’humanité sera unie dans la puissance de l’amour de Dieu.»

Si les critiques du Christianisme étudiaient profondément les enseignements du Christ, ils comprendraient clairement que Ses enseignements ne s’opposent pas à la connaissance, au savoir ou à la science. Abdu'l-Baha observe: «La mer de la Papauté s’est constamment opposée à la connaissance ; même en Europe on admet que la religion est l’opposé de la science et que la science est destructrice des fondations de la religion Alors que la religion de Dieu est promotrice de vérité, fondatrice de la science et de la connaissance, qu’elle est pleine de bonne volonté pour l’homme instruit ; elle est la civilisatrice du genre humain, elle découvre les secrets de la nature et illumine les horizons du monde. En conséquence, comment pourrait-on dire qu’elle s’oppose à la connaissance ? Dieu le défende ! Non, par Dieu, la connaissance est le don plus glorieux de l’être humain et la plus noble des perfections humaines. S’opposer à la science est ignorance et qui déteste la connaissance et la science n’est pas un homme, mais plutôt un animal dépourvu d’intelligence. Car la connaissance est lumière, vie, félicité, perfection, beauté et les moyens d’approcher le seuil de l’unité. Elle est l’honneur et la gloire du monde de l’humanité et la plus grande bonté de Dieu. Connaissance est identique à direction, tandis que l’ignorance est erreur véritable

Dans son livre sur le conflit entre la religion et la science, Draper accepte ce point de vue et écrit:
«Les enseignements et les croyances fondamentales des premiers chrétiens tournent autour de ces trois points:
a) la glorification et la louange de Dieu
b) la pureté de caractère
c) l’amour et la miséricorde envers autrui.»

Tertullien (160-230) a écrit un traité qui est une défense du Christianisme dans lequel il a expliqué que ce dernier n’était pas opposé à la science et à la connaissance.

Dans le saint Coran, il est écrit: « Ceux qui savent sont-ils semblables à ceux qui ne savent pas ?»

Abdu'l-Baha dit: «Ali, le gendre de Muhammad a dit: Ce qui est conforme à la science est aussi conforme à la religion. Ce que l’intelligence de l’homme ne peut comprendre, la religion ne devrait pas l’accepter. Religion et science marchent la main dans la main et toute religion contraire à la science n’est pas la vérité.»

La Bhagavad Gita mentionne l’importance de la connaissance et de la science comme ceci:
« Le maître de ses sens se tient aussi ferme que le rocher et se montre satisfait dans la connaissance et la science.»

Le Seigneur bienheureux a dit: « A toi qui ne fais pas de critiques vaines, je te révèle le secret le plus profond: la connaissance intuitive couplée de la science, te délivrera des ténèbres.»

Une autre cause de dissension et de désagrément est la mauvaise interprétation des saintes Ecritures, ou bien le manque de capacité à comprendre leur signification symbolique et allégorique. En conséquence, les textes de certaines Ecritures sacrées ont semblé être en opposition aux lois scientifiques.

La révélation divine n’est pas une explication de problèmes technologiques. Les Prophètes de Dieu ne présentent pas des spéculations sur des problèmes scientifiques. La religion s’intéresse aux valeurs spirituelles et préceptes éthiques appartenant au coeur et à l’âme de l’homme et non pas au monde matériel. Abdu'l-Baha dit: «...le jour de l’apparition d’une sainte Manifestation est une époque de printemps spirituel, sa splendeur divine c’est la beauté céleste, la brise de vie, le lever du Soleil de Réalité.»

Quand le soleil se lève et illumine le monde, point n’est besoin pour personne de créer des yeux pour le voir. C’est la nature de l’oeil de voir dans la lumière. Similairement, les Prophètes de Dieu illuminent l’esprit et l’âme de l’homme et l’homme lui-même découvre des faits scientifiques.

C’est pourquoi le sujet de la création de l’univers et celui d’Adam et d’Eve, l’assombrissement du soleil et de la lune, ainsi que la chute des étoiles sont symboliques et ne doivent pas être pris littéralement.


Epilogue

La science et la religion sont les deux parties d’une seule réalité. Elles ne sont pas en opposition, mais plutôt deux façons de comprendre les mystères de Dieu.

Abdu'l-Baha dit: «Entre savants et disciples de la religion il a toujours existé des luttes et controverses, pour la raison que cette dernière a proclamé que la religion était d’une autorité supérieure à celle de la science et qu’elle a considéré que les déclarations scientifiques étaient opposées aux enseignements de la religion. Baha'u'llah a déclaré que la religion est en parfaite harmonie avec la science et la raison. Si une croyance et une doctrine religieuse ne sont pas en accord avec la raison, c’est qu’elles procèdent de l’esprit humain limité et non de Dieu ; aussi ce n’est pas digne d’une croyance et ne mérite aucune attention ; le coeur n’est pas tranquille avec ça et il est impossible d’avoir réellement la foi. Commet un homme peut-il croire à ce qui s’oppose à sa raison ? Est-ce possible ? Le coeur peut-il accepter ce que la raison dénie ? La raison est la faculté première de l’homme et la religion de Dieu est en harmonie avec elle. Baha'u'llah a ôté cette forme de discorde et de dissension du genre humain et réconcilié la science avec la religion en révélant les enseignements purs de la Réalité divine. Cette réalisation Lui est spécifique en ce jour. Religion et science vont la main dans la main. L’une sans l’autre est incomplète. La science sans la religion et le savoir spirituel peut faire plus de mal que de bien comme cela s’est fait dans les dernières guerres. C’est la religion qui rend à la science un aspect véritable de service humain. C’est dans ce contexte que l’apparition de la Manifestation de Dieu est le besoin suprême du genre humain.»

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