Nations unies (BWNS) - La Communauté internationale baha'ie a publié une déclaration,
intitulée "Le VIH/SIDA et l'égalité des sexes: Transformer les attitudes et les
comportements", pour la session spéciale de l'Assemblée générale des Nations unies
sur le VIH/SIDA qui a eu lieu aux Nations unies à New York vers la fin du mois
de juin 2001.
"Le lien entre la pandémie du SIDA et l'inégalité des sexes se fait reconnaître
à échelle mondiale. Les nouvelles infections du VIH/SIDA s'accroissent maintenant
plus rapidement chez les femmes et jeunes filles que chez les hommes; par conséquent,
l'an dernier, la moitié de tous les nouveaux cas se sont produits chez des personnes
de sexe féminin.
Lors de la récente 45e session de la Commission de la condition féminine, où le
VIH/SIDA était un des principaux sujets à l'ordre du jour, la complexité des défis
consistant à aborder cette question était soulignée par 1' association indéniable
du sida avec un problème aussi insoluble que le sexisme. On ne peut pas nier l'importance
de la recherche, de l'éducation et de la collaboration entre les gouvernements
et la société civile.
Cependant, on est de plus en plus conscient du fait qu'un changement profond d'attitude
- sur les plans personnel, politique et social - sera nécessaire pour arrêter
la propagation de la maladie et pour assurer une aide aux personnes déjà infectées
et touchées. Cette déclaration portera sur deux des populations plus importantes
dont il faut assurer la représentation lors de telles discussions à échelle mondiale:
les hommes, en raison du contrôle qu'ils ont exercé traditionnellement sur la
vie des femmes; et les communautés religieuses à cause du pouvoir qu'elles ont
d'influencer les coeurs et les esprits de leurs adeptes.
"Afin de restreindre la progression du VIH/SIDA parmi les femmes, des changements
concrets devraient se produire dans les attitudes et comportements sexuels des
hommes et des femmes, mais tout particulièrement dans ceux des hommes. Il y a
lieu de contester les fausses notions des appétits sexuels naturellement voraces
des hommes. Il faut comprendre pleinement les vraies conséquences pour les femmes
- et les hommes - de la pratique consistant à satisfaire ses désirs sexuels en
dehors du mariage.
L'éducation des femmes et des jeunes filles est d'une importance critique, mais
le manque d'équilibre de pouvoir entre hommes et femmes qui sévit à l'heure actuelle
risque d'empêcher une femme d'agir dans son propre intérêt. En effet, l'expérience
a démontré que les femmes risquent davantage d'être victimes de violence si l'on
les éduque sans éduquer les hommes dans leur vie. Des efforts s'imposent donc
pour éduquer les garçons aussi bien que les filles afin qu'ils se respectent eux-mêmes
et mutuellement. Une culture de respect réciproque améliorera non seulement l'amour-propre
des femmes et jeunes filles mais également celui des hommes et garçons, ce qui
conduira à un comportement sexuel plus sérieux.
"Non seulement le refus de l'égalité vis-à-vis des femmes encourage chez les hommes
des attitudes et des habitudes préjudiciables touchant leurs familles, le lieu
de travail, les décisions politiques et les relations internationales; il contribue
également de façon considérable à la propagation du VIH/SIDA et retarde l'avancement
de la société.
Remarquez la façon dont les inégalités sociales acceptées culturellement concourent
avec la vulnérabilité économique pour laisser les femmes et jeunes filles pratiquement
impuissantes à rejeter les relations sexuelles non désirées ou dangereuses. Pourtant,
lorsqu'elles sont infectées du VIH/ SIDA, les femmes sont souvent stigmatisées
comme étant la source de la maladie et persécutées, parfois de manière violente.
En attendant, ce sont principalement les femmes qui supportent le fardeau de soigner
les gens atteints du VIH/SIDA et les enfants rendus orphelins à cause de la maladie.
Il y a maintenant lieu d'examiner de nouveau, à la lumière de la justice et de
la compassion, les rôles traditionnels exercés par hommes et femmes qu'on n'a
pas mis en question pendant des générations. En fin de compte, rien de moins qu'une
transformation spirituelle poussera les hommes - et les femmes - à renoncer aux
comportements qui contribuent à la progression du sida. Une telle transformation
est aussi importante pour les hommes que pour les femmes car "Tant que les femmes
seront empêchées d'exercer leurs plus hautes capacités, les hommes resteront incapables
d'atteindre à la haute condition qui pourrait être la leur."
"Étant donné que le développement du noyau spirituel et noble de l'humanité a
toujours été de la compétence de la religion, les communautés religieuses peuvent
jouer un rôle important en effectuant un changement de coeur et, par conséquent,
un changement dans les comportements qui permettront une réponse efficace à la
crise du sida.
"Les chefs des communautés religieuses sont particulièrement bien placés pour
traiter de la dimension morale de la crise du sida en fonction de la prévention
aussi bien que du traitement de cette maladie. La propagation du VIH/SIDA serait
considérablement réduite si l'on apprenait aux individus à respecter le caractère
saint de la famille en pratiquant l'abstinence avant le mariage et la fidélité
à son conjoint au sein du mariage, tel que souligné dans la plupart des traditions
religieuses.
"Les chefs religieux et les gens de foi sont également appelés à réagir avec amour
et compassion aux souffrances personnelles intenses des personnes qui, soit directement
soit indirectement, sont touchées par la crise du sida. Cependant, une tendance
de la part de la société dans son ensemble à juger et à condamner les gens ainsi
affligés étouffe, depuis les débuts de cette maladie, la compassion pour ses victimes.
La stigmatisation subséquente des individus ainsi affligés du VIH/SIDA a nourri
une répugnance profonde de la part des individus infectés à se faire soigner,
et des sociétés à effectuer un changement dans les attitudes et pratiques culturelles
qui est nécessaire pour la prévention et les soins de la maladie. De tels jugements
risquent d'être particulièrement prononcés dans des communautés religieuses alors
qu'elles s'efforcent de soutenir une norme élevée de conduite personnelle.
Un des paradoxes apparents de la foi est l'obligation individuelle des croyants
d'observer une norme élevée de conduite personnelle tout en aimant et soignant
ceux qui - pour une raison ou une autre - n'arrivent pas à se conformer à cette
même norme. Ce qu'on oublie souvent, c'est que le "comportement moral" inclut
non seulement la retenue personnelle mais également la compassion et l'humilité.
Les communautés religieuses devront s'efforcer sans cesse de se débarrasser des
attitudes de blâme afin de pouvoir exercer le genre de leadership moral qui favorise
la responsabilité personnelle, l'amour les uns pour les autres,. et le courage
de protéger les groupes vulnérables au sein de la société.
"Nous voyons de signes d'espoir dans un dialogue et une collaboration accrus entre
religions. Parmi les communautés religieuses on reconnaît de plus en plus que,
comme le dit Baha'u'llah, "tous les peuples de la terre, à quelque race ou religion
qu'ils appartiennent, tirent leur inspiration spirituelle d'une même source céleste
et [...] ils sont les sujets d'un seul Dieu." C'est en effet la nature transcendante
de l'esprit humain, alors qu'il vise à atteindre cette Essence invisible et inconnaissable
qui s'appelle Dieu, qui galvanise et raffine la capacité de l'humanité à réaliser
les progrès spirituels se traduisant en progrès social.
Au fur et à mesure que le dialogue, la collaboration et le respect parmi les communautés
religieuses s'accroîtront, les pratiques et traditions culturelles et religieuses
discriminatoire vis-à-vis des femmes, aussi enracinées soient-elles, disparaîtront
petit à petit. Cela sera une mesure essentielle en vue de retarder la propagation
du VIH/SIDA.
"En effet, c'est par la reconnaissance de l'unicité de la famille humaine que
les coeurs deviendront plus tendres, que les esprits seront plus ouverts, et que
les attitudes des hommes et des femmes se transformeront. C'est grâce à une telle
transformation qu'il sera possible de créer une réponse cohérente, compatissante
et raisonnable à la crise du VIH/SIDA à échelle mondiale."