L'amour venant de la connaissance, comme disaient, avec Pythagore, les anciens
philosophes grecs, il me semble utile de connaître ces quelques traits du caractère
humain ainsi que du pouvoir divin de la Manifestation suprême à divers moments
de Sa vie. Puisse cette petite sélection rendre le Bien-Aimé de tous nos coeurs
encore plus proche de nos âmes!
Jean Sévin
I. ENFANCE ET JEUNESSE (1817-1843)
1.- La mère de la Beauté bénie était si captivée par Lui qu'elle ne pouvait
pas contenir son émerveillement de son comportement. "Cet enfant ne pleure jamais",
disait-elle ; "il est différent des autres bébés qui pleurent, crient et ne restent
jamais tranquilles dans leur enfance..." (Abdu'1-Baha')
2.- A l'âge de cinq ou six ans, la Beauté bénie eut un rêve qu'Il décrivit
à Son père. Dans ce rêve, il se trouvait dans un jardin. D'énormes oiseaux L'attaquaient
de toutes parts, mais ne pouvaient Lui causer aucun mal. Il alla ensuite dans
la mer et alors qu'Il nageait, les oiseaux de l'air et les poissons de la mer
l'attaquèrent, mais sans Lui nuire.
Son père demanda à un voyant renommé d'interpréter le songe. "Ce rêve veut dire",
répondit le voyant, "que l'Enfant sera le fondateur d'une grande Cause, et que
tous les dirigeants et les érudits du monde entier L'attaqueront, mais, de la
même façon que les oiseaux et les poissons, ils ne pourront pas Lui faire de mal.
Il sera victorieux sur tous." (Abdu'l-Baha)
3.- Quand Baha'u'llah eut sept ans, un jour Sa mère considérait l'élégance
de son allure alors qu'il marchait de ci de là, et dit : "Il est un peut court
de taille", mais Son père répliqua : "Ceci n'a aucune importance. Ne connais-tu
pas Sa compétence et Ses capacités ? Une telle intelligence ! Et une telle perception
! C'est une flamme de feu. Même jeune comme Il est, Il surpasse les hommes mûrs."
Lorsque des problèmes difficiles faisaient l'objet de discussions et que personne
ne paraissait capable de les résoudre, la jeune Beauté bénie en fournissait la
solution. (Ishr'aq-Khavari)
4.- Alors qu'Il était encore enfant, la Beauté bénie observa qu'un percepteur
du gouvernement, à trois différentes occasions, avait abordé Son père et demandé,
d'une manière injuste et cruelle, le paiement d'impôts. Incapable de supporter
l'injustice de tout ceci, bien qu'encore dans sa tendre enfance, Baha'u'llah monta
Son cheval et sa chevauchée dura deux jours jusqu'à Téhéran. Arrivé là, Il chercha
à faire licencier le percepteur injuste et tyrannique. Il arriva à obtenir les
papiers nécessaires à cette destitution et Il retourna chez Ses parents. (Mémoires du Dr. Diya Baghdadi, citant les paroles d 'Abdu'l-Baha)
5.- Un jour, la jeune Beauté bénie était présente à une réunion convoquée
par Mirza Nazar-'Ali, le murshid soufi (guide spirituel) qui était plus
que très estimé à la cour de Muhammad Shah que le Premier Ministre lui-même, Haji
Mirza Aqasi. Mirza Nazar-'Ali en était arrivé au point de son discours qu'il revendiquait
ceci : "Je serai le dernier à occuper le siège de la connaissance mystique; la
succession des grands occupants de ce siège se terminera avec moi, car j'ai atteint
un tel degré de résignation que si Jésus-Christ Lui-même apparaissait soudain
à la porte d'entrée, ce fait n'altérerait en rien mon état d'esprit."
Tous s'inclinèrent en murmurant leur assentiment sauf Baha'u'llah, Qui s'adressa
à l'orateur ainsi : "Jinab-i-Hakim, Je vous poserai une question et Je vous prie
instamment de me donner une réponse véridique. Si, sans votre accord, le rideau
se levait et que l'exécuteur royal, glaive en main s'approche de vous, est-ce
que ça n'affecterait pas votre calme ?"
Après un moment de réflexion, Mirza Nazar-'Ali répondit : "Si, cela m'affecterait."
"En ce cas", affirma Baha'u'llah, "Vous n'auriez donc pas du faire une telle revendication." (Nabil)
6.- L'Ancienne Beauté possédait une propriété dans le village de Quch-Hisar
près de Téhéran qui était réputée pour son climat agréable. Un jour que le Premier
Ministre; Haji Mirza visitait ce village, il fut si attiré par la beauté de la
propriété qu'il demanda à Baha'u'llah de la lui vendre. Baha'u'llah répliqua:
"Si cette propriété appartenait à moi seul, J'accepterais avec joie votre désir,
car ce monde évanescent - beaucoup plus que ce petit village - n'a aucune valeur
à Mes yeux et Je n'y suis aucunement attaché. Mais il existe d'autres personnes,
y compris des mineurs, qui la partagent avec Moi. Consultez-les sur votre intention;
s'ils sont d'accord, nous agirons selon votre désir." (Nabil-i-A'zam)
II. EXIL DE BAHA'U'LLAH D'IRAN (1844-1853)
7.- A Badasht, les quatre-vingt-un disciples qui s'étaient rassemblés pour
le congrès étaient les invités de l'Ancienne Beauté depuis le jour de leur arrivée
jusqu'à leur départ: personne n'eut le droit de contribuer de leur part à quoi
que ce fut. (Nabil-i-A'zam)
8.- Une nuit à 'Amul, alors que Baha'u'llah était en route pour rendre
visite aux babis assiégés au fort de Shaykh Tabarsi, accompagné de quelques-uns
de Ses amis y inclus Mulla Baqir-i-Tabrizi, Haji Mirza Jani de Kashan et Mirza
Yahya, Son demi-frère, ils furent arrêtés et détenus par les autorités du gouvernement.
Les prêtres demandaient à grands cris leur mise à mort, jusqu'à ce que le gouverneur
par intérim très embarrassé et s'efforçant de les retenir jusqu'à l'arrivée du
gouverneur en titre, donna l'ordre de les faire bastonner. A ce moment, Baha'u'llah
intervint. "Ce ne sont que mes compagnons", dit-Il, "et ils ne sont pas à blâmer.
Punissez-Moi à leur place". La Beauté bénie reçut une bastonnade si violente que
Ses pieds saignèrent." (Nabil-i-A'zam)
9.- La Beauté bénie a relaté ceci : "Un jour, l'Amir-Nizam exprima le désir
de Nous voir et, lors de la rencontre, il fit cordialement remarquer ceci : "Je
suis bien conscient du fait que si ce n'avait pas été grâce à votre aide et votre
appui que vous avez accordés à Mulla Husayn et aux autres disciples ( du Bab
) durant le siège de la forteresse de Shaykh Tabarsi, ils n'auraient jamais
été capables de résister aux forces gouvernementales durant une période de sept
mois. Nous ne pouvions pas, néanmoins, discerner les raisons de votre participation,
et il est regrettable que le Shah et le pays n'aient pas bénéficié de vos immenses
mérites. Je viens juste de me rendre compte que du fait qu'étant donné que le
Shah est parti pour Isfahan, il serait bien que vous puissiez séjourner quelque
temps aux saints tombeaux de Karbila et de Najaf. Au retour du Shah, c'est mon
intention de vous conférer une situation ministérielle."
La Beauté bénie déclina poliment le poste au gouvernement. Il accepta toutefois
la suggestion de faire ce voyage et, après quelques jours, partit pour Karbila. (Nabil-i-A'zam)
10.- Bahiyyih Khanum, la fille de Baha'u'llah, a fait mention du jour suivant
alors qu'elle avait six ans :
Nous étions à notre maison de campagne et mon Père était absent; c'était au moment
de l'attentat contre la vie du Shah par un jeune babi demi-fou. Soudain un serviteur
arriva en courant vers notre mère avec un air très affligé. "Le Maître, le Maître
!", cria-t-il. "Il a été arrêté ; je L'ai vu. Il a marché plusieurs kilomètres
et Ses pieds étaient nus et en sang. Ils L'ont battu. Ses vêtements sont déchirés,
et Il a des chaînes autour du cou."
Le visage de ma mère pâlit de plus en plus. Nous, les enfants, étions terriblement
effrayés et nous avons pleuré amèrement. (Lady Blomfield)
11.- Alors que la Beauté bénie était emmenée de Zargandih en Shimran (une
région estivale au nord de Téhéran) jusqu'au donjon de Siyah-Chal, elle fut
la cible de la calomnie, ridiculisée, bombardée de pierres, frappée de coups de
bâton ou de tout ce que la foule pouvait ramasser le long de la route. Parmi les
assaillants se trouvait une vieille femme qui, une pierre à la main, n'arrivant
pas à suivre la file, priait les gardes de l'escorte de ne pas l'empêcher d'obtenir
sa récompense spirituelle. La voyant, Baha'u'llah demanda aux gardes de permettre
que cette femme âgée puisse, elle aussi, réaliser son désir. (Nabil-i-'Azam)
12.- Dans une de Ses Tablettes, 'Abdu'l-Baha décrit l'incident résumé ici
:
Lorsque l'Ancienne Beauté fit son premier voyage à Bagdad en 1851, un certain
jeune du nom d' 'Abdu'l-Vahhab, un des plus fermes babis eut le privilège d'entrer
en présence de Baha'u'llah. Il Lui demanda de guider son père, Haji 'Abdu'l-Majid,
qui, aussitôt arrivé en présence de Baha'u'llah, devint croyant.
Quand arriva pour Baha'u'llah le temps de retourner à Téhéran, 'Abdu'l-Vahhab
désirait ardemment L'accompagner, mais Baha'u'llah donna ce conseil : "Comme tu
es fils unique, tu dois rester avec ton père ; ceci te sera compté comme si tu
étais avec Moi durant mon voyage."
Après le départ de Baha'u'llah pour Téhéran, le chagrin d' 'Abdu'l-Vahhab augmenta
et il devint inconsolable. Son père, réalisant la cause de la détresse de son
fils, lui dit: "O mon fils ! Bien que je ne puisse pas supporter d'être séparé
de toi un seul instant, néanmoins je ne peux pas étouffer ton zèle et ton impatience.
Tu dois partir immédiatement pour Téhéran."
C'est gai et joyeux qu'était ce jeune homme lorsqu'il arriva à. Téhéran, aussitôt
après l'attentat contre la vie du Shah; mais à peine était-il entré dans la capitale
qu'il fut arrêté et enchaîné dans le Siyah-Chal, où il se trouva en présence de
l'Ancienne Beauté. Quelques jours après, quand le geôlier vint le chercher pour
être exécuté, ce jeune homme se leva, radieux, embrassa les mains de la Beauté
bénie, dit adieu à ses amis emprisonnés et dansa tout le long de la scène de son
martyre.
Lorsque les nouvelles de cet épisode arrivèrent aux oreilles du père d' 'Abdu'l-Vahhab,
il se prosterna et rendit grâces pour le fait que son fils avait été sacrifié
dans le sentier de Dieu Tout-Puissant. (Makatib-i-'Abdu'l-Baha)
13.- 'Abdu'l-Baha a raconté cette histoire de Son enfance :
Un jour, durant l'emprisonnement de la Beauté bénie, j'ai beaucoup insisté pour
qu'on m'emmène Le voir. Finalement, je fus conduit jusqu'à la prison, accompagné
d'un serviteur. Après que les gardiens nous aient dirigés vers le lieu de son
confinement, le serviteur me hissa sur ses épaules et me porta. Je pouvais distinguer
une pente inclinée qui menait à un endroit sombre. Nous commencions à descendre
deux groupes de marches qui suivaient la petite porte d'entrée, mais bientôt nos
yeux ne pouvaient plus rien discerner. Au milieu de l'escalier, la voix bénie
atteignit soudain nos oreilles: "Ne l'amenez pas ici." Aussi sommes-nous retournés
et avons-nous attendu que les prisonniers soient amenés dans la cour. Tout à coup,
on amena la Beauté bénie, Qui était enchaînée aux autres. Et quelle terrible chaîne
! A cause de son poids énorme, il pouvait à peine se mouvoir. Ce fut pour moi
un bien triste moment qui brisait le coeur. (Zarqani)
14.- D'un souvenir de Bahiyyih Khanum :
Durant l'emprisonnement de la Beauté bénie dans le Siyah-Chal, il était tombé
si malade qu'il ne pouvait pas manger de la nourriture consistante. Ma mère était
profondément inquiète et, pendant le voyage difficile à Bagdad après Sa relaxation,
elle essayait toujours de trouver le moyen de lui procurer une nourriture convenable.
Un jour qu'elle avait pu obtenir un peu de farine, ce soir-là, dans le caravansérail,
elle Lui confectionna un gâteau sucré, mais, hélas, dans le noir, elle prit le
sel pour du sucre et le gâteau fut immangeable. (Lady Blomfield)
III. RESIDENCE A BAGDAD ET SULAYMANIYYIH
(1853-1863)
15.- Après la révolte de Nayriz, Mirza Muhammad-Taqi, un des premiers disciples
du Bab, et un homme en haute estime à Nayriz, fit si violemment battu et torturé
qu'il ne pouvait qu'à peine se mouvoir. Il arriva quand même à se traîner jusqu'aux
limites de Nayriz avant de tomber sur le sol comme un corps inanimé et il s'endormit
Voici l'histoire relatée par lui-même :
Alors que je dormais, je rêvais à l'Ancienne Beauté. Bien que je ne L'aie jamais
vue, j'étais pourtant certain de qui il s'agissait et qu'Elle était à Bagdad.
Baha'u'llah m'adressa ces paroles : "En dépit des grandes blessures que tu as
endurées, Nous t'avons accordé Notre protection pour que tu restes vivant. Ne
sois pas attristé et viens à Moi à Bagdad."
"Mais je n'ai pas d'argent", répliquais-je, "et je suis incapable de me tenir
sur mes pieds."
"As-tu confiance en Dieu ?" dit-Il ensuite, à quoi je répliquais : "J'ai toujours
compté sur Dieu."
A ce moment, je me suis réveillé, et à mon grand étonnement j'ai vu qu'une caravane
avait établi son campement sur les rives de la rivière même où je m'étais endormi.
Il se trouva qu'il s'agissait de pèlerins se rendant à Karbila, parmi lesquels
plusieurs étaient venus à pieds de Kirman.
Quelqu'un sortit d'une tente, et à ma grande surprise, vint directement vers moi
et me demanda de le suivre. Paralysé par l'étonnement, je restais figé sur place.
Il répéta ses paroles ; je le suivis et pénétrais sous la tente. Là se tenaient
plusieurs personnes qui prêtaient attention à un homme d'allure saisissante qui,
en signe de respect à mon égard, se leva et puis me fit asseoir à côté de lui.
"Pendant la nuit", me dit-il, "j'ai rêvé que l'Imam Husayn m'avait chargé de prendre
soin d'une personne de la même apparence et des même traits que je remarque en
vous, et il me dit : "Cet Haji est mon hôte. il devrait vous accompagner à Karbila."
Aussi bien, vous êtes mon hôte jusqu'à Karbila."
Et c'est ainsi que, sans l'introduction et les formalités d'usage, ce distingué
gentleman me prit avec lui et il faisait souvent cette remarque : "L'Imam vous
a guidé vers moi et a souligné que je devais vous montrer la plus grande hospitalité."
Quand nous atteignîmes Bagdad, je lui dis : "C'est ici que nous nous séparons."
Il répliqua que je devais l'accompagner jusqu'à Karbila, mais je lui expliquais
que le même personnage béni qui m'avait confié à vos soins était également venu
à moi en rêve et m'avait invité à aller à Bagdad. Aussi, resterai-je ici, et ne
poursuivrai pas mon voyage jusqu'à Karbila.
A ces mots, mon hôte pâlit et sur un ton d'excuse, répliqua : "A dire vrai, l'Imam
Husayn m'a donné l'ordre de vous emmener jusqu'à Bagdad." Et, avec la plus grande
amabilité, il me fit ses adieux.
Lorsque je suis arrivé en présence de la Beauté bénie, j'ai reconnu qu'il s'agissait
du même saint personnage que j'avais vu en rêve, et j'eus la faveur de profiter
de Sa grâce sans limite." (Nabil) (Plus tard, la Sourate de Sabr (Patience) fut révélée pour ce même Haji
Muhammad-Taqi. Il mourut à Andrinople durant les derniers jours de Baha'u'llah
en cette cité.)
16.- Alors qu'il vivait sur une montagne appelée Sar-Galu, au-dessus de
Sulaymaniyyih, la Beauté bénie rencontra un jour un étudiant de l'école de Khaniqah
qui était assis au bord de la route et qui pleurait amèrement. Quand Il me demanda
la raison de son chagrin, le garçon expliqua : "Aujourd'hui, notre maître a donné
à tous les autres garçons un modèle de calligraphie, mais il m'a renvoyé et je
n'ai pas de modèle." "Si tu m'apportes ton papier et ta plume", lui suggéra aimablement
Baha'u'llah, "Je te ferai un modèle."
Quand, à son retour à l'école, le garçon montra le spécimen de l'écriture exquise
de Baha'u'llah aux professeurs et aux étudiants, tous furent étonnés et, alors
que la copie passait de mains en mains, les nouvelles se répandirent à travers
Sulaymaniyyih, suscitant curiosité et admiration de la part de tous ceux qui la
voyaient. (Nabil)
17.- A Sulaymaniyyih, pendant une année, la Beauté bénie s'enferma elle-même
presque exclusivement dans une hutte en pierres en gardant ses portes fermées. (Mémoires inédites du Dr. Diya Baghdadi, rapportant des paroles d 'Abdu'l-Baha)
18.- Les jours de la Beauté bénie à Bagdad se passaient généralement de
cette manière: après le thé du matin, qui était servi dans une chambre intérieure
(l'andaruni), il allait dans le biruni, la partie extérieure de la maison
qui servait de pièce de réception. C'était là que les croyants se réunissaient
en Sa présence. Tantôt assis, tantôt en marchant de ci de là, Il passait trente
minutes à une heure avec eux.
Après cela, Il allait à pieds, accompagné par deux croyants, au café de Siyyid
Habib-i-'Arab dans la vieille cité de Bagdad, un lieu autrefois fréquenté par
des officiels et autres personnes de haut rang. Son but était d'enseigner la Foi
de Dieu et de promouvoir la Cause divine. Un certain nombre d'habitants et de
nombreux autres qui cherchaient à Le voir se heurtaient là pour être en Sa présence
et bénéficier de Ses paroles. Le café était fréquenté par des hommes distingués,
et son propriétaire Siyyid Habib, bien que non croyant, affichait envers la Beauté
bénie une humilité que rien ne surpassait.
A la suite de ces discussions, qui duraient souvent plus d'une heure, Baha'u'llah
retournait dans Sa maison où, l'après-midi, il recevait les amis. Plus tard, il
se rendait à nouveau au café, revenant chez Lui au coucher du soleil. Une fois
de plus les croyants se réunissaient dans les pièces extérieures de la maison,
restant en Sa présence jusqu'à environ deux heures après la tombée de la nuit
quand ils s'en allaient.
Outre Ses compagnons, des chefs religieux, dignitaires et fonctionnaires notables
de Bagdad rendaient visite à Baha'u'llah, mais il n'alla jamais chez eux. Les
gens de toutes les couches de la société avaient l'habitude de Lui soumettre les
problèmes qui les rendaient les plus perplexes. (Mémoires d'Ustrad Muhammad-'Aliy-i-Salmani)
19.- Un officiel du consulat persan alla voir un jour Baha'u'llah pour
rapporter qu'un des persans accusés de trahison contre le gouvernement avait prétendu
Lui être tout dévoué. Vu le respect envers Baha'u'llah, ils avaient hésité à agir,
mais ils Lui demandaient conseil quant à ce qu'ils devaient faire envers ce malfaiteur.
"Dites-lui", affirma Baha'u'llah, "que personne en ce monde ne peut prétendre
avoir un lien avec Moi si ce n'est ceux qui, dans leur conduite et tous leurs
actes, suivent Mon exemple, de telle façon que tous les peuples de la terre ne
pourraient les empêcher de dire et de faire ce qui est convenable et bienséant."
Puis, se tournant vers 'Aqay-i-Kalim, qui était présent, Il expliqua que si Son
propre frère "Perpétrait une action contraire aux intérêts soit de l'Etat, soit
de la religion, et que sa faute soit établie à vos yeux", il aimerait et apprécierait
qu'il soit alors sévèrement puni. (cité dans "Dieu passe près de Nous")
Ils ne devraient accepter aucune intercession de quiconque, pas plus qu'aucune
revendication de lien avec Lui par quiconque projette et commet une action condamnable.
Le messager du consulat partit avec humilité. (Nabil)
20.- Un jour, alors que la Beauté bénie voyageait de Kazimayn à Bagdad,
Elle observa : "Combien les Shiites sont loin des bonnes manières en dépit de
leur connaissance du Hadith "le croyant est vivant dans les deux mondes" ; ils
entrent dans les lieux saints avec des vêtements souillés et leur bouche empeste
l'ail et l'oignon. Ces odeurs sont si répugnantes dans ces lieux que Nous ne sommes
pas incliné à en parler. Shuja-u-d-Dawlih (un prince et officiel et de haut
rang persan) avait l'habitude de remarquer : "Le respect que Vous ressentez
pour les Imams défie toute description."
Puis Baha'u'llah fit ce récit : "Un jour, entant dans la mosquée de Qamari qui
était proche de Notre résidence et près du fleuve le Tigre, Je remarquais une
certaine personne qui divulguait sans aucune sagesse, les mystères cachés dans
ces versets symboliques que Dieu Tout-Puissant a révélés dans le Qur'an. Je souhaitais
intervenir, mais il était devenu évident que ni le lecteur ni son auditeur n étaient
conscients de la question, et que le Vin scellé qui avait été confié à ce peuple
restait scellé, et qu'aucune âme, sauf celles qui se réjouissent de la proximité
de Dieu, n'en avait humé le parfum.
L'Imam de cette mosquée me demanda de quel pays et de quelle ville J'étais, à
quoi je répliquais : "Mon lieu de résidence est appelé 'Ama." "Quelle sorte de
cité est-ce donc ?" s'informa-t'il. "Son soleil ne s'obscurcit jamais;" répliquai-je,
"et Sa lune est couronnée de lumière; même les étoiles y sont brillantes. Avec
des rivières qui ruissellent, des terres luxuriantes, des fleurs toujours bourgeonnantes
et des arbres chargés de fruits, ses bontés sont infinies et ses faveurs ne connaissent
pas de limite."
L'Imam fut très étonné et dit : "Aucune cité portant ce nom et correspondant à
votre description n'a jamais été portée à notre attention. Oh, que nous puissions,
nous aussi, habiter dans cette cité" il était évident qu'à cause de son extrême
naïveté, il pensait qu'une telle cité existait sur ce plan terrestre.
L'Imam recherchait souvent Notre présence. Il avait un bon caractère et était
instruit dans de nombreuses branches de la connaissance. Son nom était 'Abdu's-Salam
Effendi, et il enseignait à l'école de Shaykh 'Abdu'l-Qadir. Je m'arrangeai à
ce qu'il discute de questions académiques avec la plus Grande Branche ('Abdu'l-Baha)
certains matins et après-midi. Un jour il fit cette remarque : "J'ai étudié et
enseigné pour plus de trente ans et pourtant, quand les étudiants me posent des
questions, je suis obligé de me référer à mes livres. Votre enfant accompli, de
son côté, est capable de donner des explications qui ne me sont jamais venues
à l'esprit."
"L'essence de la Plus Grande Branche est une indication de l'essence de Dieu"
expliquai-je. "La Plus Grande Branche, sans aucun effort, comprend les questions
scientifiques et perçoit les réalités que d'autres sont incapables de sonder ;
de la même façon que le Bab Qui, avec seulement quelques pages de pratique, était
capable de produire une calligraphie aussi exquise, et bien qu'il ne passât pas
que quelques jours à l'école, il débordait de la divine connaissance qui jaillissait
de Son coeur. Ainsi, aussitôt qu'un aspect quelconque de la connaissance est porté
à l'attention de la Plus Grande Branche, il le comprend à un degré qu'aucun professeur,
si compétent soit-il, ne pourra jamais égaler." (Nabil)
21.- La Beauté bénie était une source de grande bonté et miséricorde pour
tous, particulièrement pour les pauvres à qui Il accordait une attention particulière.
Il distribuait toujours des dons aux handicapés, aux orphelins et aux nécessiteux
qu'Il rencontrait durant ses promenades en ville.
L'une de ces personnes était une vieille femme de quatre-vingt ans qui vivait
dans un endroit déshérité où Baha'u'llah passait souvent. Chaque jour, lorsqu'Il
se rendait à pied de Sa maison au café de Sar-i-Jisr, elle L'attendait sur la
route. Baha'u'llah était extrêmement aimable envers elle et s'informait toujours
de son état de santé. Bien qu'Il ne permettait pas qu'elle Lui embrasse les mains,
quand elle voulait embrasser Ses joues, comme elle était pliée par l'âge et de
taille petite, il se baissait pour lui permettre de réaliser son désir. "Parce
que J'aime tant cette vieille femme", remarquait-Il souvent, " elle M'aime, elle
aussi." Tout le temps qu'Il passa à Bagdad, Il la traita avec amabilité, et avant
de partir pour Constantinople, Il arrangea pour elle une rente à vie. (Nabil)
22.- Durant le séjour de Baha'u'llah à Bagdad, Shaykh 'Abdu'l-Husayn-i-Tihrani
(un ennemi implacable de Baha'u'llah qui avait été chargé par le Shah de superviser
les réparations des saints tombeaux) incita diverses personnes à attenter
à Sa vie. Une de celles-ci était un turc du nom de Rida qui, un jour, resta debout
à attendre la Beauté bénie, l'arme à la main. Mais dès l'instant où ses yeux tombèrent
sur Baha'u'llah, il lut saisi de confusion, son pistolet lui échappa des mains
et il fut incapable de bouger. "Qu'on lui rende son fusil, et qu'on lui montre
le chemin de Sa maison" dit Baha'u'llah à Son frère, 'Aqày-i-Kalim : il semble
avoir perdu Sa route !" (Nabil)
23.- Un jour au coucher du soleil l'Ancienne Beauté se rendit à la maison
où Nabil-i-Zarandi et quelques amis vivaient. Elle était située face à Sa propre
maison et non meublée. "Cette maison est vraiment agréable" a-t-on entendu dire
Baha'u'llah. "A ma vue, elle est préférable aux palais imposants des rois de la
terre, car ici les amis de Dieu sont engagés avec des coeurs libres de mentionner
le nom de Dieu." (Nabil)
24.- L'agitation contre Baha'u'llah, incitée par le consul persan et les
chefs religieux était impuissante à altérer les habitudes journalières de la Beauté
bénie, Qui continuait Sa promenade quotidienne dans la ville et le long du Tigre,
souvent en compagnie de son fidèle demi-frère, Mirza Muhammad-Quli. Les descriptions
de l'état troublé de la populace, que les croyants rapportaient, Le laissaient
insouciant jusqu'au jour où, alors qu'il allait et venait dans la partie extérieure
de Sa maison, deux fomentateurs - apparemment amicaux mais en réalité alliés aux
intrigues des chefs religieux - ensemble avec quelques croyants, entrèrent en
présence de Baha'u'llah. Ce dernier s'adressa à eux par ces mots : "N'avez-vous
pas entendu ? Les mujtahids et le consul ont sommé à dix à vingt mille habitants
de Najaf et de Karbila de lever une guerre sainte contre Nous. Puis, se tournant
vers les deux fomentateurs, Il dit : "Allez et dites-leur, par le seul vrai Dieu,
que Je n'enverrai pas plus que deux hommes pour les chasser aussi loin que Kazimayn.
Qu'ils viennent, s'ils le désirent !" Ce message ayant été délivré, à la grande
surprise, Ses opposants se dispersèrent. (Nabil, d'après des propos d'Abdu'l-Baha)
25.- "Nous avons informé les chefs religieux d' 'Atabat (un terme désignant
les tombeaux sacrés des Imams à Najaf et à Karbila), nous a relaté Baha'u'llah,
"que Nous étions prêts à accepter leur requête d'accomplir un miracle de leur
choix comme évidence de la vérité de Ma mission, mais si leur seul désir était
de faire du mal, Nous avons fait serment d'envoyer deux hommes qui les chasseraient
jusqu'aux portes de Karbila." Et Baha'u'llah continua : "Nous leur avons dit que
les 'ulama (prêtres) doivent se rassembler, décider du miracle d'un commun
accord et écrire qu'après l'accomplissement de ce miracle, ils cesseraient leur
violente opposition contre Nous ; si le miracle n'était pas accompli, ils pourraient
témoigner de Notre imposture. Mais ils n'ont pas pu arriver à une décision." (Nabil)
26.- Poussés par quelques chefs religieux durant le mois de Muharram, un
certain nombre d'hommes mal intentionnés s'approchèrent de la maison de Baha'u'llah
tard le soir dans le seul but de fomenter des troubles.
"Ouvrez la porte et recevez les hôtes", c'est ainsi que s'adressa Baha'u'llah
à 'Aqay-i-Kalim. Tous entrèrent et la Beauté bénie alla au devant d'eux. Avec
une amabilité extrême et un visage souriant, il fit servir le thé à chacun d'entre
eux.
Après quoi, complètement subjugués et affichant une attitude de chaleureux respect,
ils s'en allèrent tranquillement. (Nabil)
IV. LE VOYAGE A CONSTANTINOPLE (mai-août
1863)
27.- Alors que notre caravane passait par un village au pied du Mont Mardin,
nous avons été rejoints par un muletier arabe de Damas. La Beauté bénie l'invita
à rester avec la caravane durant la nuit du fait que la région était infestée
de voleurs, mais le muletier préféra dormir à l'extérieur du campement. Pendant
la nuit, des voleurs de grand chemin lui dérobèrent ses mules.
Au matin suivant la caravane avait à peine commencé à reprendre sa route que l'arabe
se précipita vers le howdah de Baha'u'llah et, saisissant le pan de Son vêtement,
implora Son aide : "Je veux qu'on me rende mes mules" s'écria-t-il. Baha'u'llah
fit descendre son howdah et convoqua le fonctionnaire chargé de L'accompagner.
"Dis-lui," dit Baha'u'llah au Maître (Abdu'l-Baha) "que les mules volées
doivent être retrouvées."
Le fonctionnaire envoya chercher le Kad-Khuda (chef) du village qui, mis
au courant de la situation, remarqua : "Bien qu'on ait conseillé à cet homme de
rester à l'intérieur du cercle des tentes avec les autres voyageurs à cause du
fait que la région est infestée de voleurs, il n'a pas tenu compte de ces avertissements.
En conséquence, nous n'avons pas à être blâmés ni tenus pour responsables. Il
y a quelque temps un chargement entier de soie appartenant à 'Umar Pasha, le gouverneur
de Bagdad, a été volé à cet endroit même. Du fait qu'un régiment n'a pas été capable
de situer les biens volés, quel espoir y a-t-il de retrouver les mules de cet
homme ?"
Entendant ces paroles, la Beauté bénie affirma : "Las paroles d' 'Umar Pasha ont
une influence limitée et ne peuvent pas dépasser ces limites tandis que l'intention
de Mes paroles est qu'elles soient exécutées. Mes ordres ne doivent pas être négligés."
Se lamentant de cette situation, le Kad-khuda s'excusa à nouveau. "Allez avec
le Kad-khuda dans la direction de la forteresse de Mardin" dit Baha'u'llah au
fonctionnaire chef de l'escorte, "et nous suivrons par derrière." Aussi toute
la caravane se dirigea vers Mardin, sauf les tentes et les provisions de la Beauté
bénie qui furent envoyées en avant à Diyarbakr.
Juste à l'extérieur des portes de Mardin se trouvait un joli verger entourant
une grande maison appelée Firdaws (Paradis). Baha'u'llah choisit cet endroit
pour faire camper la caravane et les jours suivants le mutasarrif de Mardin, le
commandant de l'armée, le juge, le mufti et tous les notables de la ville vinrent
Le voir.
"La raison de Notre venue ici" expliqua Baha'u'llah, "est de récupérer les trois
mules qu'on a volées à ce muletier; ses biens doivent être retrouvés."
D'innombrables excuses furent données par ces gens rassemblés. "Cette région est
infestée de voleurs," dirent-ils, "il est presque impossible de retrouver des
biens volés ici, mais nous sommes d'accord de rembourser la valeur des mules."
"Même si chacun d'entre vous donnait cent lires, ce ne serait pas acceptable"
répliqua Baha'u'llah. "Si vous ne pouvez pas agir, Je télégraphierai aux autorités
de Constantinople pour trouver une solution."
Comme Baha'u'llah avait souligné si fortement l'importance d'appréhender les voleurs,
les dignitaires dépêchèrent des cavaliers dans toutes les directions. En couvrant
des distances en quatre jours qui en auraient normalement pris huit, ils purent
finalement trouver les mules et les rendre à son propriétaire qui les accepta
avec gratitude et continua sa route.
La Beauté bénie distribua des dons et des paroles de félicitations à ceux qui
avaient pris part à la recherche, et trois jours après il partit pour Diyarbakr. (Mémoires d' 'Aqa Husayn-i 'Ascchi) (NB. Nabil a donné d'autres détails de cet épisode en soulignant par exemple
la confiance absolue qu'avait le muletier envers Baha'u'llah. Lorsqu'on eut retrouvé
les mules, les commentaires suivants furent entendus : "Nous ne connaissons pas
ce Personnage, pas plus que nous pouvons imaginer la force qui L'a rendu capable
de retrouver ces mules et de les rendre à son propriétaire. C'était un acte. au-delà
du pouvoir des dirigeants ou des ministres. - note du traducteur)
28.- A Sivas, sur la route de Bagdad à Constantinople, un Shaykh, qui connaissait
bien le persan et qui était le chef d'un Ordre soufi, récita plusieurs poèmes
du Mathnavi (écrit par le grand poète soufi, Jalali'd-Din-i-Rumi) en présence
de Baha'u'llah. Lorsque la Beauté bénie eut remarqué son intérêt pour la poésie,
Il récita pour son bénéfice un poème épique de plus de soixante vers du même livre,
et ceci bien que personne ne l'ait jamais vu en train de lire le Mathnavi et qu'il
ne l'ait pas eu avec Lui. Ostensiblement touché par la grande faveur qui lui avait
été accordée, le Shaykh s'en alla, manifestant la plus grande joie. (Nabil)
V. CONSTANTINOPLE ET ANDRINOPLE (1863-1868)
29.- Avant d'accepter la Cause de Baha'u'llah, Haji Mirza Haydar 'Ali eut
un rêve dans lequel il entendit un crieur de ville dans un bazar d'Isfahan proclamer
que le Prophète Muhammad résidait dans une certaine maison, et recevrait quiconque
aimerait aller le voir. Désireux d'avoir l'honneur de rencontrer le Prophète Muhammad,
il se rendit à la maison, qui était différente de ce qu'il avait vu jusque là,
monta les marches de l'escalier et pénétra dans une pièce centrale entourée de
plusieurs pièces.
"Là," reporta-t-il, "je pouvais voir Sa Sainteté déambuler, tandis que quelques
personnes se tenaient respectueusement en Sa présence. Je m'approchais de Lui,
et sans le vouloir tombais à Ses pieds bénis. Il me releva et dit : "A moins que
vous ne puissiez dire : "Pour Dieu et seulement pour l'amour de Dieu, je suis
venu ici et y suis entré" et à moins que ne puissiez ensuite faire face à tous
les habitants de la terre qui, sabres au clair pour vous tuer, demanderont 'Pourquoi
êtes-vous entré ?"vous ne pourrez pas prétendre avoir comme seul but celui de
servir Dieu." Sur quoi, je me suis réveillé."
Avec le passage du temps, ce rêve s'estompa graduellement de la mémoire de Mirza
Haydar 'Ali. Quatorze années plus tard, il arriva dans "la terre de mystère" (Andrinople)
où, une ou deux fois par jour, il eut le privilège d'entrer en présence de Baha'u'llah.
"Un certain jour où je n'avais pas eu la bonté d'entre en présence de la Beauté
bénie," poursuivit Mirza Haydar 'Ali, "mais où j'étais assis avec 'Aqa Mirza Muhammad-Quli
pour quatre ou cinq heures dans un café près de la maison de Baha'u'llah, je fus
soudain poussé par un irrésistible désir d'aller Le voir, mais je n'avais pas
le courage de le demander. A ce moment précis, la porte s'ouvrit et Abdu'l-Baha
entra. Il me dit que je devais L'accompagner.
En entrant en présence de l'Ancienne Beauté, j'observais qu'Elle marchait dans
une pièce centrale, avec quelques croyants qui se tenaient respectueusement autour.
Aussitôt entré, je me prosternais à Ses pieds. Me relevant, Il déclara : "A moins
que vous ne puissiez dire : "PourDieu et seulement pour l'amour de Dieu, je suis
venu ici et y suis entré" et à moins que ne puissiez ensuite faire face à tous
les habitants de la terre qui, sabres au clair pour vous tuer, demanderont "Pourquoi
êtes-vous entré ?...."
Alors immédiatement ces mots, ce même lieu et la même Beauté inestimable vus et
entendus dans mon rêve quatorze années plus tôt se représentèrent devant mes yeux,
comme s'il s'était agi d'un tableau sur un mur. Peu à peu, je retrouvais mon état
normal et réalisais que je me tenais en présence de la Beauté bénie. (Bihjatu's-Sudur)
30.- La publication par le Sultan 'Abdu'l-Aziz d'un édit bannissant Baha'u'llah
à la colonie pénitentiaire d' 'Akka laissa les autres exilés dans l'ignorance
de ce qui allait leur arriver. Haji Ja'far-i-Tabrizi, incapable de faire face
à la pensée d'être séparé de Baha'u'llah, se trancha la gorge avec un rasoir.
Au milieu de l'agitation causée par les préparatifs de départ, alors que la maison
de Baha'u'llah était entourée de soldats, les nouvelles de l'incident atteignirent
la Beauté bénie. Il alla immédiatement voir Haji Ja'far, prit Sa tête sur Ses
genoux et la caressa, en disant : "Je jure par le sang versé par le Bab béni que,
où que Je sois exilé, Je te ferai venir et sois bien certain que Mes paroles ne
sont pas vaines. Vu que tu n'es pas actuellement en état de voyager, laisse-les
prendre soin de toi. Au moment où tu iras mieux et que tu pourras te déplacer,
Nous t'enverrons chercher."
A la suite de cette assurance, Haji Ja'far accepta le traitement médical qui lui
fut offert. (Nabil)
31.- Au moment de quitter Andrinople, la Beauté bénie insista pour que
"tous les croyants L'accompagnent". Le gouverneur, à qui cette déclaration fut
faite, répliqua: "Le décret impérial ne peut pas être altéré. C'est le désir et
l'ordre du Sultan qu'ils ne vous accompagnent pas."
"L'ordre à exécuter est Mon ordre et non pas l'ordre du Sultan" affirma Baha'u'llah.
"Allez immédiatement télégraphier aux autorités que c'est Ma volonté que tous
doivent venir avec Moi."
Le gouverneur envoya un télégramme à la Sublime Porte en décrivant l'incident
et la réponse suivante arriva : "Il est libre d'agir comme il le désire." Lorsqu'on
expliqua à Baha'u'llah que le gouvernement n'avait accordé de l'argent du voyage
que pour quatre personnes, Baha'u'llah fit dire au gouverneur de garder la part
qui avait été allouée pour Lui-même. "Nous vous l'avons retournée", déclara-t-Il,
"elle vous appartient. Nous ferons face à nos propres dépenses. Dieu Nous suffit
- ne vous inquiétez plus." (Husayn-i-'Ashcht)
VI. AKKA ET BAHJI (1868-1892)
32.- 'Aqa Mirza Ja'far-i-Yazdi embrassa la Cause du Bab alors qu'il poursuivait
ses recherches dans de nombreuses branches d'études islamiques à Yazd. Il quitta
ensuite l'Iran et continua ses études à Najaf, jusqu'au moment où il entendit
la nouvelle que Baha'u'llah était à Bagdad. il s'y rendit alors, abandonnant l'habit
d'érudit pour celui d'un laïc et il commença à travailler comme menuisier. Il
accompagna la Beauté bénie d'Iraq à Constantinople, puis à Andrinople, servant
tout le temps la Cause avec humilité et diligence. Quand Baha'u'llah fut exilé
à 'Akka, il fut également prisonnier avec Lui, à jamais reconnaissant de ce privilège.
Durant son confinement dans la caserne militaire, il tomba si malade que le médecin
croyait son cas désespéré et refusa de le soigner plus longtemps. Entouré de sa
famille en pleurs, il rendit son dernier soupir. Mirza 'Aqa Jan courut en hâte
vers la Beauté bénie avec la nouvelle de sa mort. "Allez ; chantez la longue prière
de guérison, et il se remettra rapidement." répondit Baha'u'llah.
Lorsque 'Abdu'l-Baha arriva à son chevet et récita la prière, le corps d' 'Aqa
Ja'far était déjà refroidi et indiquait tous les signes de la mort. Mais, lentement,
il commença à remuer, puis il bougea ses membres et avant qu'une heure ne soit
passée, il releva la tête, s'assit et commença à rire et à plaisanter. "il vécut
longtemps après cela" dit Abdu'l-Baha à une certaine occasion, occupé comme toujours
à servir les amis .... Finalement, alors qu'il était dans la Plus grande Prison,
il abandonna cette vie terrestre et déploya ses ailes vers la vie de l'au-delà. (Abdu'l-Baha "Memorials of the Faithful, pp.156-158)
33.- 'Aqa 'Abdu'r-Rahim-i-Bushru'i, un des premiers croyants, atteignit
'Akka en Terre sainte après un voyage ardu de six mois en passant par Bagdad,
Diyarbakr et Mosul. A ce moment l'Ancienne Beauté était emprisonnée dans la caserne
militaire qui était étroitement gardée. 'Abdu'r-Rahim rencontra Nabil-i-Zarandi
à 'Akka et lui fit part de son grand désir d'entrer en présence de Baha'u'llah.
"Je vagabonde moi-même depuis pas moins de neuf mois en vue de cette prison" répliqua
Nabil, "et pourtant les portes de la rencontre de la Beauté bénie me restent fermées."
Après avoir entendu ces paroles, 'Abdu'r-Rahim quitta Nabil et alla au bord de
mer où il lava les vêtements qu'il avait portés, les fit sécher et les remit.
Il venait juste de tourner autour des fortifications de la prison lorsqu'il remarqua
quelqu'un à la fenêtre de l'étage supérieur de la prison lui faisant signe de
venir. Se rendant immédiatement compte que c'était l'Ancienne Beauté qui l'appelait
en Sa présence. Il atteignit en grande hâte la porte extérieure de la caserne,
passa devant des gardes armés et pénétra sans crainte dans la prison. Personne
n'essaya de l'arrêter. Dans un état humble et révérencieux, il entra en présence
de la Beauté bénie. "Bien que tu aies rencontré des difficultés innombrables,"
lui dit Baha'u'llah, "tu as néanmoins trouvé le Trésor. En vérité, Nous avons
fermé les yeux des gardes pour que tu puisses contempler la Contenance de Dieu
et porter témoignage, avec tes propres yeux, de Son pouvoir et de Sa grandeur.
Rapporte aux amis tout ce que tu as vu." Dans une Tablette révélée en son honneur,
la Beauté bénie a demandé à 'Aqa 'Abdu'r-Rahim de raconter son arrivée à 'Akka
et comment il avait trouvé les portes de la prison entourées de soldats. Par Son
pouvoir, Baha'u'llah l'avait protégé de leur vue et permis d'entrer dans la prison
qu'il appelait "Notre demeure".
Quand ce fut le moment pour 'Aqa 'Abdu'r-Rahim de quitter Baha'u'llah, la Beauté
bénie lui confia plusieurs Tablettes à remettre à certaines personnes en Perse.
En passant par Bagdad, cependant, il souleva la suspicion de plusieurs fonctionnaires
du gouvernement qui commencèrent à le suivre. Passant devant une boutique, il
sortit soigneusement le paquet de Tablettes de dessous son bras, et s'en remettant
à Dieu, il jeta le paquet dans la boutique et continua à marcher. Peu de temps
après, les fonctionnaires l'arrêtèrent et l'amenèrent au superintendant de la
police qui, après nombre de questions, se montra très satisfait de lui et lui
donna même de l'argent pour son voyage.
Comme le coucher de soleil approchait, 'Abdu'r-Rahim retourna à la même boutique
et passa prudemment devant. Ce que faisant, le propriétaire lui fit signe d'entrer.
Le saluant par ces mots : "Allah'u'Abha" il lui rendit son paquet.
'Abdu'r-Rahim passa plusieurs jours à Bagdad, demeurant dans la maison de cet
homme et rencontrant d'autres croyants. Puis il alla à Bushihr, se rendit à Yazd,
Isfahan et Mashad, et remit les Tablettes à leurs destinataires respectifs. (Faraydun Rahimi)
34.- 'Aqa 'Azizu'llah-i-Jadhdhah, qui fut le porteur de la Tablette d'Abdu'l-Baha
au comte Léo Tolstoï à Yasnaya Polyana en septembre 1902 a rapporté un rêve qu'il
avait eu et qui s'est réalisé lorsqu'Il s'est trouvé pour la première fois en
présence de Baha'u'llah :
On m'avait annoncé dans mon rêve que le Jour promis dans toutes les saintes Ecritures
était arrivé. Devant moi il y avait un vaste désert avec, alignés rang sur rang,
des gens qui s'étendaient aussi loin que mes yeux pouvaient les voir. En tête
de ce vaste rassemblement, assis sur un trône élevé et s'adressant à la foule,
se tenait un radieux Personnage de dignité et de grandeur incomparables. C'est
très soigneusement que je contemplais cette grande personnalité. Il me semblait
âgé de plus de cinquante ans; sa barbe était longue et noire, et un taj vert ornait
sa tête. Ses yeux tombèrent sur moi et Il me fit signe d'approcher. Je passais
à travers les rangées de personnes et arrivais jusqu'à lui. A peine avais-je commencé
à me prosterner à Ses pieds qu'il me releva et déclara : "Loué soit Dieu, le meilleur
des Créateurs !" C'est à ce moment que je me suis réveillé.
Lorsque je suis arrivé à 'Akka (en 1876) et entré en présence de la Beauté
d'Abha, je tombais immédiatement à Ses pieds ; me relevant, il dit : "Loué soit
Dieu, le meilleur des Créateurs ! Mon rêve me vint alors immédiatement à l'esprit
et, levant les yeux, je vis que l'Ancienne Beauté était le même vénérable Personnage
qui s'était adressé au vaste rassemblement dans le désert. Il portait même le
même taj que j'avais vu dans mon rêve ! Point n'est besoin de décrire les sentiments
qui surgirent en moi à ce moment.
Le jour qui suivit cet incident, j'allais à la place du marché pour acheter de
la viande. Un des croyants m'accompagnait. Du fait que je descends de la race
d'Israël, je déteste la manière par laquelle les musulmans abattent les animaux
; ce secret, toutefois, je l'avais caché en mon coeur et ne l'avais dévoilé à personne.
Sur notre route du marché, mon compagnon dit: "la Beauté bénie m'a donné l'ordre
de vous conduire chez un boucher juif pour que vous puissiez vous procurer de
la viande comme vous le voulez." (Rapporté par son fils, le Dr. Amin Jadhdhab)
35.- Extrait du journal de Jinab-i-Ustad 'Ali-Akbar Shahid Yazdi:
Un marchand du nom de 'Aqa Muhammad Rahim d'Isfahan embrassa la Foi et se mit
à enseigner la Cause. Peu de temps après un certain nombre de personnes et surtout
son père, à force d'animosité et de cruauté, lui rendirent la vie intolérable.
Laissé sans alternative, il quitta Isfahan et alla à Sabzivar ; plus tard il fut
pionnier à Ishqabad. A deux occasions il entra en présence de la Beauté bénie
à 'Akka.
Plus d'une fois, avant d'atteindre le désir de son coeur, il rencontra le consul
de Russie à Astarabad, qui lui posa des questions sur la Foi.
Une nuit, le consul lui demanda : "Dans la Tablette de Baha'u'llah adressée au
Tsar de Russie Il affirme : "Nous, en vérité, avons entendu la chose pour laquelle
tu as supplié ton Seigneur.... Qu'est-ce que le Tsar demandait dans sa prière
?"
'Aqa Muhammad-Rahim n'était pas sûr de la façon de répondre, mais commença de
cette façon : "Pour moi, les dirigeants des diverses nations ne désirent rien
d'autre de Dieu si ce n'est d'être assisté pour battre l'ennemi et conquérir de
nouveaux territoires, et du fait que l'armée russe avait été battue dans la guerre
de Sébastopol, dans ses prières, le Tsar a exprimé le voeu de vaincre l'empire
ottoman."
Après avoir donné cette réponse, 'Aqa Muhammad-Rahim commença à avoir des doutes
sur la véracité de l'affirmation qu'il avait faite au consul.
Quand il arriva à 'Akka, il se rendit à la maison des pèlerins. Abdu'l-Baha lui
rendit visite et l'interrogea au sujet de la conversation qu'il avait eue avec
le consul de Russie. 'Aqa Muhammad-Rahim rapporta la rencontre dans son entièreté
et confessa que son interprétation était loin de la réalité.
A cette écoute, le Maître l'assura que sa conscience n'avait pas besoin d'être
troublée parce que "un jour" relata-t-Il, "la Beauté bénie avait observé : "A
ce moment même, la Tablette au Tsar de Russie est lue; le consul est en train
de demander à un des amis quelle est la nature de la requête du Tsar, et il reçoit
la bonne réponse. Son nom est 'Aqa Muhammad-Rahim Isfahani."
Les paroles du Maître miséricordieux communiquèrent une grande joie à 'Aqa Muhammad-Rahim,
car il fut ainsi certain qu'il ne s'était pas trompé dans ses commentaires avec
le consul. (récit adapté de Muhammad -'Ali Faydi)
36.- Un des amis de Constantinople qui vivait dans une extrême pauvreté
alla chercher un certain pèlerin qui partait à 'Akka et le pria, lorsqu'il verrait
la Beauté bénie, de demander à Celle-ci Ses bénédictions et Son assistance pour
résoudre ses difficultés financières. Le pèlerin fit part à Baha'u'llah de sa
requête et la Beauté bénie répondit : "Nous prierons." Et il ajouta: "Il devrait
s'engager dans le commerce du coton."
Après un certain temps, le même pèlerin - à nouveau en route pour la Terre sainte
- apprit en passant par Constantinople que ce même baha'i qui avait été dans l'embarras
était alors devenu un marchand prospère. Le pèlerin observa : " Maintenant que
vous avez atteint ce degré de richesse, vous devriez faire des contributions régulières
comme celle du Huququ'llah." Le marchand remarqua avec désinvolture : " Mon Dieu,
pour l'instant, c'est l'or."
Attristé, le pèlerin continua son voyage. Arrivé en Terre sainte, la Beauté bénie
s'informa de ce marchand et apprit ce qu'il avait dit. La Beauté bénie répliqua
: "Nous lui avons donné ce "dieu", et Nous pouvons tout aussi bien le lui retirer."
Sur le retour, le pèlerin s'enquit du marchand de Constantinople et apprit que
son commerce s'était évaporé, toutes ses possessions avaient été perdues et ses
créanciers implacables le pourchassaient.
Dans cette situation, le marchand envoya une lettre à la Sainte Présence demandant
indulgence et pardon. Dans Sa réponse, Baha'u'llah lui donna l'ordre de "se rendre
de Constantinople à Baku et de s'occuper à transcrire les saintes Tablettes dans
l'Haziratu'l-Quds de cette capitale."
Il obéit à Baha'u'llah et termina ses jours à Baku. (paroles d'Abdu'l-Baha rapportées par le Dr. Diya-Baghdadi)
37.- La Beauté bénie remarquait souvent : "Il y a quatre qualités que J'aime
voir manifestées chez les gens : d'abord, l'enthousiasme et le courage ; deuxièmement,
un visage rayonnant et une radieuse contenance; troisièmement, qu'ils voient toutes
choses par leurs propres yeux et non par les yeux d'autrui ; quatrièmement, la
capacité de mener à bien une tâche, une fois commencée, jusqu'à la fin."
38.- Lors d'une de mes visites, Baha'u'llah me pria de m'asseoir et demanda
au serviteur "d'apporter du thé à 'Aqa Tahir." Ce qu'il fit, mais après l'avoir
accepté, mon regard tomba sur la Contenance de Baha'u'llah. J'oubliais alors tout
sauf Sa voix qui me dit : "'Aqa Tahir, tu as renversé ton thé et taché ton 'aba
(manteau). Comme c'est ton seul vêtement pour te rendre en Perse, vois
combien tu dois en prendre soin. Nous, pour Notre part ne possédions qu'une seule
chemise durant Notre séjour à Sulaymaniyyih."
Lorsque la Beauté bénie eut fini de parler, je m'aperçus que je tenais seulement
la soucoupe dans la main et que la tasse était tombée sur le tapis, mouillant
ainsi mon 'aba et mes vêtements.
Pendant mon retour en Perse, des voleurs me dérobèrent tout ce que je possédais
à la seule exception de cet 'aba, qui était tout ce qui me restait. (Haji Muhammad-Tahir-i-Malmiri)
39.- La maison de Nabil et la mienne étaient situées dans le quartier connu
sous le nom de Khan Suk Abyad. Aqay-i-Kalim vivait à proximité. Un jour Nabil
prit mon rosaire et l'accrocha au plafond de telle sorte que je ne pouvais pas
le reprendre. J'avais pris l'habitude de m'en servir durant la méditation.
A une certaine occasion, quand Nabil m'invita chez lui, il se trouva que la Beauté
bénie y était aussi. Remarquant le rosaire, Il demanda à Nabil : "A qui appartient
donc ce rosaire pour que vous l'ayez emprisonné là ?" Nabil répliqua : "Il appartient
à 'Aqa Tahir."
Parmi les déclarations que Baha'u'llah m'adressa à cette occasion, il y avait
celle-ci : "chaque fois que vous enseignez à Yazd, vous devriez d'abord parler
à ces personnes qui s'intéressent à la vie et à l'histoire des prophètes du passé,
et ensuite, petit à petit, discuter de la Révélation avec eux." (Haji Muhammad-Tahir-i-Malmiri)
40.- La première fois que j'eus le privilège d'être en la présence de la
Beauté bénie, Il résidait à 'Akka. J'étais dépassé par la timidité et l'excitation
quand un serviteur me fit entrer. A ce moment, j'entendis la voix de Baha'u'llah
me priant de venir. Avec un sens profond d'humilité, j'entrais ; après avoir exprimé
ma plus profonde servitude à Son seuil, je m'assis. Le thé fut alors servi sur
Sa demande. Il récita ensuite quelques Ecrits sacrés, après quoi Il déclara :
"Que vos actes soient un guide pour tout le genre humain, que grâce à votre conduite
et à votre comportement ils puissent être capables de reconnaître les signes et
les commandements de Dieu." (Mirza 'Ali-Akbar-i-Kashani)
41.- Un matin, à 'Akka, J'étais présent dans la maison bénie et j'entendis
Baha'u'llah expliquer que "l'homme n'est pas infaillible," mais que "Dieu est
Celui qui pardonne tout". De la même façon que Dieu est le "Dissimulateur". Il
ajouta : "ainsi les croyants devraient pardonner s'ils trouvent des fautes chez
les autres. Dites-leur de ne pas être concernés seulement par eux-mêmes, mais
de centrer leur attention sur la Cause de Dieu. Ce qui plaît à Dieu, c'est l'unité
entre les croyants." Plus tard, Il nous offrit du nabat (sucre candi).
Lorsque j'ouvris mes mains pour le recevoir, la Beauté bénie s enquit en souriant
: "N'avez-vous pas apporté un mouchoir ?" (Mirza 'Ali-Akbar-i-Kashani)
42.- Quand je me trouvais à Mosul (en Irak), j'ai contracté une
indigestion et me suis engagé à ne plus jamais toucher de la pastèque à moins
que Baha'u'llah Lui-même ne me demande de le faire. Une après-midi à Mazra'ih,
la Beauté bénie, assise près du petit bassin, venait juste de faire mention que
"Muhammad Shah avait décrété Notre arrêt de mort, mais qu'à la place sa propre
vie avait touché à sa fin." Puis, se tournant vers moi, il dit : "Allez, prenons
un peu de pastèque !" (Mirza 'Ali-Akbar-i-Kashani)
43.- Lors d'une différente occasion, au jardin de Ridvan, la Beauté bénie,
alors qu'Elle marchait, mentionna que "dans le Livre de Dieu, il est rapporté
que si une personne embrasse cette Foi, son père et sa mère recevront aussi le
pardon." (Mirza 'Ali-Akbar-i-Kashani)
44.- Un jour a midi, alors que nous étions en présence de Baha'u'llah dans
le jardin de Ridvan, un serviteur offrit du thé à 'Abdu'l-Karim, un des baha'is.
Avec un sourire, l'Ancienne Beauté observa : "'Abdu'l-Karim est lui-même un vendeur
de thé et vous lui offrez du thé !" (Mirza 'Ali-Akbar-i-Kashani)
45.- Un jour, durant un déjeuner, la Beauté bénie me demanda de faire venir
Ghulam-Husayn pour manger avec nous. Ce qui me surprit, car le nom de mon compagnon
était Haji Ghulam-'Ali. Je me rendis au fond du jardin, y trouvai Ghulam-Husayn
et non pas Ghulam-'Ali, et je lui dis que la Beauté bénie m'avait envoyé le chercher. (Mirza 'Ali-Akbar-i-Kashani)
46.- Un jour, plusieurs pèlerins d'entre nous étaient réunis dans une pièce
du rez-de-chaussée du manoir de Bahji et nous discutions des soucis d'affaires
lorsque la Beauté bénie apparut soudain et remarqua : "Des sujets comme ceux-ci
ne sont pas dignes d'attention, combien convient-il davantage à l'homme de ne
pas s'occuper d'en parler!" Il nous parla ensuite de l'illustre Badi (qui porta
la Tablette de Baha'u'llah au Shah et fut martyrisé), de Siyyid Ashraf-i-Zanjani,
et de quelques autres croyants qui avaient été martyrisés. Après quoi, avec Sa
permission, nous prîmes congé. (Mirza 'AIi-Akbar-i-Kashani)
47.- Un soir où nous nous étions réunis dans la maison d' 'Aqay-i-Kalim,
la Beauté bénie nous fit l'honneur de Sa visite. "Nous n'avons pas fréquenté les
fonctionnaires et les gens du peuple lorsque Nous demeurions dans la Plus Grande
Prison." mentionna-t-Il à. cette occasion, "mais laissions cette tâche difficile
au Maître. A Bagdad, Nous nous asseyions souvent pour converser avec des visiteurs
jusqu'à six heures après la tombée de la nuit." (Mirza 'AIi-Akbar-i-Kashani)
48.- Une fois où j'étais seul en présence de l'Ancienne Beauté au manoir
de Bahji, Il me dit : "Toutes choses ont été renouvelées par la pointe de Notre
Plume." (Mirza 'Ali-Akbar-i-Kashani)
49.- Un jour que j'allais à Bahji, je trouvai Nabil qui se tenait près
de l'entrée du manoir et je restai là avec lui. Aussitôt la Beauté bénie apparut,
suivie de nombreux croyants. Le serviteur nous apporta un grand plat de gâteaux
sucrés dans le jardin, et la Beauté bénie en donna deux tranches à chacun d'entre
nous. Après quoi, il se leva et commença à marcher dans le jardin. Nous marchions
derrière Lui lorsqu'Il se tourna vers nous et remarqua : "Vous êtes encore considérés
comme des prisonniers. Retournez d'où vous venez ! Quand on vous voit à dix ensemble,
c'est l'équivalent de cent personnes aux yeux des gens !"
Aussi nous sommes retournés. (Mirza 'Ali-Akbar-i-Kashani)
50.- En allant de Najafabad en Terre sainte, les moyens de transport rudimentaires
de l'époque (tantôt sur une monture, tantôt à pieds) donnaient lieu à de
grandes difficultés, mais les épreuves stupéfiantes du voyage disparurent complètement
de mon esprit quand je me suis trouvé en présence de la Beauté bénie.
Chaque fois que j'étais avec Lui, Baha'u'llah démêlait les problèmes qui me rendaient
perplexe - problèmes qui jusqu'alors m'avaient semblé insolubles. - En Sa sainte
Présence, je me voyais semblable à un serviteur faible et impuissant, quand bien
même j'avais été un médecin compétent et expérimenté. (Jinab-i-Hakim Rajab 'Ali Hafizu's-Siha)
51.- Un jour, alors que j'étais en Sa présence, Baha'u'llah se tourna vers
moi et déclara : "Jinab-i-Hakim ! la nuit dernière je pouvais entendre les plaintes
et les lamentations de tes enfants en Iran. Ils ont grand besoin de ta présence.
Toi, ainsi que toute la compagnie de pèlerins, pouvez maintenant partir. Retournez
en Iran. J'espère qu'une fois encore tu seras assisté pour faire le pèlerinage.
Il te reste encore dix jours à passer ici, durant cette période tu pourras, une
fois de plus, Nous voir. Fi Aman'u'llah ! (Que Dieu te protège !)
Les yeux remplis de larmes - telle était l'intensité de notre chagrin - nous avons
quitté Sa sainte Présence. Dans mon journal, je notais la date du soir quand Baha'u'llah
avait parlé du chagrin qui affligeait mes enfants.
Le dixième jour, au moment prescrit, je commençais à tourner autour du manoir.
Quelques pèlerins avaient demandé une prolongation de séjour. La Beauté bénie
vint sur le balcon du manoir et dit : "Bravo, Hakim ! La Foi signifie obéissance
à la Cause de Dieu. Tu es le premier des pèlerins qui, sans la moindre hésitation
et sans demander à prolonger ta visite, a obéi à Notre commandement et qui soit
prêt à partir."
Comme le moment de partir approchait, la Beauté bénie nous donna certaines instructions
et, de la terrasse, offrit à chaque pèlerin du pain sec et du baklava (petit
gâteau au miel et pistache) Quand vint mon tour, je tendis mon 'aba de façon
qu'aucune miette de pain sec ne tombât sur le sol. La Beauté bénie remarqua en
souriant : "Bravo, Hakim ! Les baha'is devraient être intelligents et avoir du
discernement. Fi Aman'u'llah. !"
A peine avions-nous quitté le manoir qu'un pèlerin âgé qui était dans mon groupe
dit :
"Hakim ! Je suis un vieil homme. Prends mon pain sec et donne-moi ton baklava
que je pourrai manger." Acceptant sa requête, je lui donnais une part de mon baklava
et gardais le reste en lieu sûr avec le pain sec pour qu'ils arrivent intacts
en Iran.
Notre voyage avait débuté dans la tristesse et les pleurs. C'est alors qu'un courrier
à cheval nous arriva avec le message de l'Ancienne Beauté qui nous demandait de
retourner.
Avec une joie immense, nous avons fait demi-tour. Quand nous sommes arrivés, la
Beauté bénie se trouvait dans la partie haute du manoir et nous nous sommes inclinés
et avons présenté nos respects. Il sourit et dit : "Cher vieil homme ! J'ai donné
assez de pain à Hakim pour nourrir sept générations de ses descendants. Et tu
lui as aussi donné du pain." Après ces courtoises remarques, il donna encore plus
de pain au vieil homme et lui dit : "Ce pain n'est pas de la nourriture, il apportera
des bénédictions. Emmène-le avec toi en Iran. Vous pouvez tous vous reposer aujourd'hui
et vous reprendrez votre voyage demain." Après avoir comblé le désir de nos coeurs
en étant en présence et de l'Ancienne Beauté et d'Abdu'l-Baha, et après avoir
écouté les conseils et les instructions du Maître, nous sommes partis pour l'Iran.
Quand j'arrivai à Najafabad et que je fus réuni avec ma famille, j'appris que
la nuit où Baha'u'llah avait ressenti les plaintes amères de mes enfants était
la même nuit où ils avaient été atteints de la variole et en danger de mort (particulièrement
mon fils unique). Cette nuit-là, ma femme, Khadijih, avait imploré Dieu en
prières, en disant : "Est-il juste que mes enfants meurent de la solitude et du
manque de médicaments et que leur père soit séparé d'eux ? O Dieu ! J'implore
Ta miséricorde !"
Il arriva que la santé des enfants commença à s'améliorer cette nuit-là, et que
par la bonté de Baha'u'llah, la mort les épargna. (Raconté par le petit-fils, 'Izzat-i-Tabibi Najafabadi)
52.- On nous a dit que lorsque Varqa (Mirza 'Ali-Muhammad, éloquent
poète et martyr) avait été introduit pour la première fois en présence de
Baha'u'llah et que ses yeux avaient été illuminés par l'éclat de Sa contenance,
il avait été certain que cette Beauté incomparable lui avait été vaguement familière,
qu'il l'avait déjà vue bien qu'il ne pouvait pas se rappeler où et quand il avait
eu ce privilège.
A plusieurs occasions Varqa eut le privilège d'entrer en présence de Baha'u'llah
et sa perplexité dura jusqu'au jour où, durant une de ses visites, la Beauté bénie
s'adressa à lui, en disant : "Varqa ! Brûle les idoles des vaines imaginations
!" Ces paroles étaient à peine prononcées que Varqa se souvint qu'enfant, il avait
été béni en voyant en rêve la contenance de Baha'u'llah. Dans son rêve, il jouait
avec ses jouets dans un petit jardin d'une propriété familiale lorsque, en cours
de jeu, Dieu était venu, avait pris ses jouets et les avait jetés au feu. Au réveil,
Varqa dit à ses parents qu'il avait rêvé de Dieu cette nuit-là, mais ses parents
le réprimandèrent en disant : "Quelle sorte d'ineptie est-ce là ?" et "comment
serait-il possible à qui que ce soit de voir Dieu ?" Peu à peu, le rêve s'estompa
complètement jusqu'au moment où la Beauté bénie lui commanda de "brûler les idoles
des vaines imaginations." Varqa se souvint alors instantanément de son rêve d'enfance
et, ce que faisant, réalisa son interprétation dans le monde visible." (Sulaymani)
53.- Ruh'u'llah, le fils de Varqa et lui-même martyr, était âgé de sept
ans quand, accompagné de son père et de son frère, Azizu'llah, il eut l'honneur
de rendre visite à l'Ancienne Beauté. En plaisantant, Baha'u'llah lui demanda
ce qu'il ferait si le Qa'im attendu par les Chiites (le Bab) devait soudainement
apparaître et venir le voir face à face.
Ruh'u'llah répliqua sans hésiter : "Avec l'aide de la Beauté bénie, je l'informerais
des enseignements, et il deviendrait baha'i." (Fadil-i-Mazindarani)
54.- Voici une description du pèlerinage de Jinab-i-Haj Muhammad-'Aliy-i-Ahamdduf-i-Milani
:
Malgré le fait que j'étais un musulman plein de préjugés, un changement notable
se fit en moi quand j'entrepris une étude des Tablettes de Baha'u'llah, spécialement
lorsque je lus la Tablette révélée en l'honneur de feu Haji Safir. Je fus alors
convaincu que cette Cause venait de Dieu, tellement elle m'impressionna. Une question,
toutefois, restait en mon esprit à savoir de quelle façon les versets étaient
révélés, si c'était graduellement ou continuellement. Et je souhaitais obtenir
une réponse de première main, de mes propres yeux. Aucun des amis n'en connaissait
la réponse et je gardais en moi cette question.
Un jour, - loué soit Dieu ! - je pus faire mon pèlerinage en compagnie de mon
frère, je partis pour la Terre sainte. Nous atteignîmes le pays du Désir, et après
avoir récupéré des fatigues du pénible voyage, le Maître nous amena en présence
de la Beauté bénie. Nous suivions Abdu'1-Baha jusqu'à une certaine chambre; il
enroula le rideau et nous entrâmes.
La Beauté bénie était assise sur un coussin, et Mirza 'Aqa Jan, Son secrétaire,
était assis en face de Lui. Comme un torrent, les mots jaillissaient des lèvres
bénies. Il me pria de m'asseoir. Il demanda trois fois de l'eau durant la révélation
des versets. A plusieurs occasions, Mirza 'Aqa Jan fut incapable de Le suivre.
Alors Baha'u'llah fit une pause et lui demanda où il en était ; Il répéta alors
la phrase et, exactement de la même manière qu'auparavant, Il continuait jusqu'à
la fin de la Tablette. Durant tout ce temps, le visage de la Beauté bénie avait
rougi et Son front était couvert de sueur.
La Tablette une fois terminée, Baha'u'llah se tourna vers nous et dit : "Vous
êtes les bienvenus ! C'est une joie de vous voir !" Puis Il commenta : "Quelles
déclarations les chefs religieux d'Iran font-ils ? Ils continuent à se considérer
eux-mêmes comme les vrais croyants, - et nombreux parmi nous comme infidèles -
bien qu'ils soient incapables de répondre aux questions d'un enfant, un simple
enfant ! De tous temps, les diaboliques 'ulama (prêtres) ont voilé le peuple."
Il continua à s'exprimer dans cette veine, mais malheureusement Ses déclarations
ne sont pas restées dans ma mémoire. Finalement, Il nous pria de prolonger notre
séjour de quelques jours, et de retourner en Iran par La Mecque.
Quelques jours plus tard, nous pouvions partir et notre pèlerinage prit fin. (rapporté par son fils, Ahmad-i-Asbaqi)
55.- La description suivante donnée par 'Aqa Siyyid Midhi Gulpaygani a
été entendue par le compilateur à plusieurs occasions à Ishqabad :
Un résident influent de la ville d'Isfahan embrassa la Cause de Dieu, mais aussitôt
qu'il se mit à fréquenter les croyants, il s'avéra qu'il était depuis longtemps
un habitué de l'alcool. Avec sagesse, les amis lui demandaient instamment d'abandonner
cette habitude, mais il leur répondait qu'il souffrait de cette toxicomanie depuis
des années et qu'abandonner l'alcool lui serait extrêmement difficile. Chaque
fois que ses coreligionnaires lui expliquaient que si les autres l'apprenaient,
ils penseraient que les baha'is n'accordaient aucune importance à l'obéissance
aux lois baha'ies, il répondait que personne en dehors des croyants ne pourrait
être au courant. Et quand on lui rappelait que la Beauté bénie était au courant
de la situation, il répondait que Baha'u'llah n'était pas concerné par sa vie
privée.
Peu à peu les amis arrêtèrent des discuter de cette question avec lui. Finalement,
il eut l'opportunité d'aller en Terre sainte et d'être en présence de Baha'u'llah.
Il fit son pèlerinage et, à son retour, des amis allèrent lui rendre visite. Il
s'adressa à eux en ces termes :
"Amis, je suis maintenant certain que la Beauté bénie connaît les mystères cachés,
et qu'il s'agisse d'une chose cachée ou non, pour Lui, cela ne fait aucune différence.
C'est pour cette raison je ne touche plus à l'alcool, car je perçois toujours
Son omniprésence et Sa vigilance."
"Durant la première visite de pèlerins", poursuivit-il, "nous restions debout
alors que l'Ancienne Beauté déambulait tout en nous parlant. J'étais captivé par
son port élégant et pensais en moi-même: "C'est un fait évident qu'Il est la Manifestation
de Dieu et le Promis de toutes les nations, mais que veut-Il dire quand Il décrit
Sa station dans certaines Tablettes comme "l'Expéditeur des Messagers et le Révélateur
des oeuvres ?"
Cette pensée ne m'était pas seulement venue à l'esprit que la Beauté bénie, au
milieu de Sa démarche, vint vers moi, plaça Ses mains bénis sur mes épaules et
déclara avec majesté : "Il en est ainsi ! L'expéditeur des Messagers et le Révélateur
des oeuvres, c'est Notre station !"
Mon état d'esprit était tel qu'à ce moment j'étais incapable de comprendre, mais
par la suite je fus convaincu que l'Etre sacré qui pouvait lire dans les pensées
intimes pouvait également voir mes faits et actes extérieurs." (description donnée par 'Aqa Siyyid Midhi Gulpaygani à Ishqabad)
56.- L'Ancienne Beauté a parlé à diverses occasions des services et de
la station de la Plus Grande Branche, 'Abdu'l-Baha.
"Durant Notre séjour à Bagdad, nous rencontrions souvent des amis et des étrangers
venus de près ou de loin, aux cafés où nous nous rendions. La Plus Grande Branche
avait pris sur Ses épaules les responsabilités et les problèmes de cette époque,
et plus tard, Il supporta les épreuves encore plus sévères qui nous sont advenues
à Andrinople. Maintenant, Il endure ces tribulations manifestes à 'Akka. Nous
n'étions pas officiellement prisonniers à Bagdad et la Cause de Dieu n'était pas
aussi connue qu'elle l'est maintenant, pas plus que ses ennemis ne représentaient
une fraction aussi forte.
Dans le "pays de mystère" (Andrinople) Nous avons conversé avec quelques
étrangers, mais dans la Plus Grande Prison ('Akka), Nous avons fermé toutes
les portes des relations avec autrui. C'est pour cette raison que le Maître a
accepté de grandes épreuves pour Notre confort et Notre bien-être. Il est devenu
une forteresse fortifiée et le bouclier solide capable d'affronter toutes les
nations et les peuples hostiles et Il Nous a procuré du soulagement. Il a acquis
pour Notre usage le manoir de Mazra'ih, et Nous y avons résidé. Après quoi, Il
a obtenu le manoir de Bahji. Il a été capable de se lever pour servir la Cause
à tel point que des semaines durant Il n'a pas eu la possibilité de se rendre
au manoir de Bahji. Alors que Nous discutons avec les croyants et sommes engagé
à révéler des versets et Tablettes sacrés, Il est immergé dans des difficultés
et épreuves, car fréquenter de tels individus est un tourment pire que tout."
A une autre occasion la Beauté bénie a dit : "Le pouvoir et la puissance de la
Plus Grande Branche sont actuellement cachés, mais seront bientôt rendus manifestes.
Seul et sans aide, manifestant un grand pouvoir et une grande spiritualité, Il
hissera la bannière du Plus Grand Nom jusqu'aux confins de la terre, et par Son
influence tous seront rassemblés à l'intérieur du tabernacle de la paix et de
la tranquillité. S'il était possible à ceux qui entrent dans la ville d''Akka
de rencontrer d'abord la Plus Grande Branche et ensuite, avant son départ, de
discuter avec quelques-uns des vrais croyants, ce serait pour cette personne un
incommensurable avantage pour son développement spirituel, car les pensées inférieures
et les actions de ce monde n'auraient pas eu de prise sur elle. Si les gens avaient
des yeux pour voir, les signes de Dieu leur seraient sans aucun doute clairs et
manifestes." (Haji Mirza Haydar-'Ali)
57.- A diverses occasions l'Ancienne Beauté déclarait aux visiteurs et
pèlerins persans qu'ils devraient toujours informer les autres de la véritable
signification de la "divine unité" pour qu'ils ne se contentent pas eux-mêmes
de leurs vaines imaginations. "Ils devraient établir sans l'ombre d'un doute",
expliquait-Il, "que 'Unité de Dieu' signifie que les Manifestations de Dieu qui
inaugurent chaque Dispensation doivent être regardées comme une seule âme, unique
et inestimable, et que toutes les autres, importantes ou non, sans exception,
doivent être regardées comme des servantes, complètement Soumises devant l'aurore
de la Révélation de Dieu. Même le Commandeur des croyants, l'Imam 'Ali, a déclaré
: "Je ne suis qu'un serviteur des serviteurs de Muhammad." (Nabil)
58.- Khatun Jan a rappelé qu'un jour durant son pèlerinage la Beauté bénie
s'est approchée de la table pour prendre une coupe de sorbet. Remarquant que la
coupe était entourée de guêpes, elle attira le regard du gardien et lui fit signe
qu'il devrait essayer de protéger Baha'u'llah de ces guêpes.
"Nous ne craignons pas les dirigeants de la terre" commenta Baha'u'llah avec un
sourire, "mais voilà que maintenant Khatun Jan pense que Nous Sommes troublé par
quelques mouches !" (Jinab-i-Natiq, "The History of Kashan")
59.- C'était le dixième jour de Dhi'l-Hijjah de l'an 1308 (18 juillet
1891) quand notre paquebot jeta l'ancre dans la baie de Haïfa, juste avant
le lever du soleil. Jinab-i-Manshadi, à la demande de Baha'u'llah, vint nous souhaiter
la bienvenue, et après être passés par la douane, il nous conduisit à la tente
de l'Ancienne Beauté, qui avait été plantée au pied du Mont Carmel.
Le soleil ne s'était pas encore levé, et le temps était agréable, même vivifiant.
Un des gardiens entra et nous escorta dans la maison en présence de l'Ancienne
Beauté. Il écarta le rideau et nous contemplâmes Son visage béni et Sa face lumineuse.
Quel baume était-ce pour les yeux alors qu'il se tenait au centre de la tente
! Il s'assit Lui-même sur un divan et nous pria de nous asseoir aussi. Mes trois
frères et moi nous Sommes agenouillés sur le sol. Mirza 'Aqa Jan, le "Serviteur
de Dieu" était assis près du samovar avec le service à thé installé devant lui.
La Beauté bénie lui demanda de nous servir le thé, puis s'adressa à nous par ces
mots : "Fleurs de la roseraie de l'honorable Afnan ! Bienvenue! Bienvenue! Votre
départ de Shiraz a été vraiment pénible. Par la grâce de Dieu et par les efforts
de Jinab-i-Afnan, vous avez pu faire ce voyage en Terre sainte. Alors qu'en mer
vous faisiez face au danger, le Tout-Puissant vous a accordé Sa protection. Réfléchissez
! En ce jour même, (à La Mecque) plusieurs milliers de gens s'occupent
à observer le Harvalah (un rituel pendant le pèlerinage à cloche-pied entre
Safa et Marwih) tandis que le Bien-Aimé de tous les mondes réside dans ce
pays. Tous sont négligents; tous sont insouciants; tous restent inconscients.
Vous êtes les véritables pèlerins !"
Alors qu'il prononçait ces paroles, quelques vers écrits par Mawlavi (Jalali'd-Din-Rumi)
vinrent à mon esprit :
O vous pèlerins qui avez fait le pèlerinage,
Où, mais où donc êtes-vous ?
Le Bien-Aimé est ici,
Venez, oh oui, venez !
Immédiatement Baha'u'llah se tourna vers moi et dit : "Les mystiques aussi ont
fait mention de ceci." Il demanda de nouveau au gardien de nous Servir le thé,
à la suite de quoi nous prîmes congé. Une maison de Haïfa, proche de celle de
la Beauté bénie, avait été louée pour notre confort. (Aqa Mirza Aqa Afnan) (Note du compilateur : L'auteur de ce récit avait été invité en 1891-2 par
Baha'u'llah ainsi que les membres de sa famille. Ils étaient accompagnés de la
grand-mère de Shoghi Effendi et d'un serviteur.)
60.- A trois heures de l'après-midi, un jour où je souffrais d'une forte
fièvre, nous avons été appelés en présence de Baha'u'llah."Tu es fiévreux" observa
Baha'u'llah. "La fièvre est le fruit de ce pays. Quiconque y vient est forcé de
l'avoir." Ensuite Il ordonna qu'on nous serve le thé. Je commençais tout d'abord
à transpirer jusqu'à en tremper mes vêtements. "Va et change-toi" me demanda Baha'u'llah.
"Tu ne connaîtras plus jamais la fièvre." Pendant les neuf mois de résidence en
Terre sainte, je ne suis jamais retombé malade.
C'était sensiblement à la même époque (au printemps de 1891) que sept croyants
furent mis à mort le même jour dans la ville de Yazd, - un événement qui attrista
et contraria la Beauté bénie au point que neuf jours durant Elle n'accorda aucune
permission de La voir.
Au neuvième jour Baha'u'llah convoqua les croyants en Sa présence et expliqua
en détails les actes de la dynastie Qajar, l'événement de Yazd et les cruautés
infligées par Zillu's-Sultan et son fils, Jalalu'd-Dawlih. Puis, s'adressant encore
à nous, Il nous pria instamment de ne pas être tristes et abattus et de ne pas
avoir le coeur lourd. "L'arbre de la Cause de Dieu" affirma-t-Il "est arrosé par
le sang des martyrs, et à moins d'être arrosé, un arbre ne pourra pas se développer
et ne pourra pas porter ses fruits de choix. Bientôt disparaîtront de l'histoire
les dernières traces de cette dynastie, et la terre de Perse en sera purifiée.
Jalalu'd-Dawlih a commis un acte qui a fait verser des larmes de sang aux yeux
du Concours d'En-Haut." ('Aqa Mirza 'Aqa Afnan)
61.- Le jour suivant, le deuxième du mois de Muharram, marqua l'anniversaire
de la naissance de l'Ancienne Beauté, et à nouveau pèlerins et croyants étaient
appelés en présence de Baha'u'llah. Ce matin-là, Il parla de la sublime grandeur
de cette Révélation et du pouvoir de la Plume exaltée ; de la nature de Son bannissement
; de Son arrivée dans la Plus Grande Prison ; et Il parla bien plus encore de
l'oppression infligée par les tyrans de la terre et les chefs de la religion.
Il mentionna aussi que tant Nasiri'd-Din Shah que le sultan 'Abdu'l-'Aziz étaient
des sources d'injustice, d'oppression et de nuisance au corps de la Cause de Dieu,
la cruauté du dernier étant plus grave par suite de l'exil, sans raison, de l'opprimé
des mondes dans la Plus Grande Prison. Concernant Nasiri'd-Din Shah cependant,
à cause de l'acte de folie perpétré par quelques croyants aux premiers jours de
la Cause (l'attentat à sa vie), chaque fois qu'il sentait les plombs à
l'intérieur de sa peau, il se mettait en colère et ça le poussait "à commettre
des actions sévères contre les croyants."
Puis Baha'u'llah récita ce vers (de Hafez):
Ces jours sont un poison amer
Qui bientôt disparaîtront
Et des jours doux comme le miel,
Une fois encore, apparaîtront ! (Aqa Mirza Aqa Afnan)
62.- Avoir été en présence de l'Ancienne Beauté à plusieurs occasions à
l'heure de l'aurore, alors que les saints versets étaient révélés et dictés à
Mirza Aqa Jan, était un honneur qui m'était très cher. Khadimu'llah (le serviteur
de Dieu) taillait les plumes de roseau lui-même, et il avait toujours à sa
portée une réserve de papier et d'encre. Les Tablettes étaient révélées avec une
telle rapidité qu'il n'était pas rare qu'il perde le contrôle de Sa plume qui
lui filait de la main. Chaque fois que cela se produisait, il prenait rapidement
une autre plume et continuait à écrire. Parfois il ne pouvait plus suivre, et
disait : "Je ne peux pas tout transcrire." Alors la Beauté bénie répétait pour
lui les versets révélés. (Aqa Mirza Aqa Afnan)
63.- Un soir nous apprîmes que la Beauté bénie avait l'intention de se
rendre au jardin de Junaynih le lendemain, et avait demandé aux pèlerins et aux
croyants de L'accompagner.
Avant le lever du soleil tous étaient rassemblés près du manoir, et peu après
la Beauté bénie nous rejoignit. Deux des croyants de Kashan, 'Aqa Muhammad Hashim
et 'Aqa Ghulam-'Ali, avaient offert à Baha'u'llah un âne blanc de nature douce
sur lequel Il montait. Lorsque nous partîmes à pieds, un des croyants résidents,
Haji Khavar, étant de haute taille, tint un parasol pour protéger la Beauté bénie.
Le temps était plaisant et revigorant et à ce moment me rappelait des vers d'un
poème de Hafez:
Parfumée est la brise matinale aujourd'hui,
Et mon Bien-Aimé est allé aux champs.
Nous arrivâmes bientôt à Junaynih où nous fûmes reçus. Le jardin particulièrement
beau et plaisant. Des fleurs parfumaient l'air et les oiseaux chantaient mélodieusement.
La Beauté bénie était extrêmement heureuse ce jour-là, et Il déversait Sa grâce
et Ses faveurs sur les croyants. Après le déjeuner, Il s'adressa à ce "divin rassemblement".
C'est à peu près à ce moment-là que la Plus Grande Branche (Abdu'l-Baha)
arriva dans le jardin.
"Le Maître arrive" annonça Baha'u'llah, "Allons L'accueillir." Avec une humilité
indescriptible, Abdu'l-Baha arriva et s'assit en présence de Baha'u'llah. Nous
eûmes aussi la permission de nous asseoir.
S'adressant à Abdu'l-Baha, la Beauté bénie dit : "Depuis ce matin jusqu'à présent,
le jardin ne semblait pas assez beau, mais maintenant, avec ton arrivée, il devient
plus agréable." Puis il ajouta : " Il aurait été préférable que tu sois venu ce
matin."
"Le Mutasarrif (gouverneur) et autres résidents d''Akka étaient venus",
répondit Abdu'l-Baha, "je les ai reçus et leur ai offert l'hospitalité."
Souriant, l'Ancienne Beauté remarqua : "C'est le Maître qui est capable d'endurer
toutes ces demandes et plus encore de s'assurer du confort des croyants. Puisse
Dieu Le sauvegarder des envieux et des obstinés."
Baha'u'llah nous parla ensuite d'une journée à Bagdad quand un mendiant demandait
l'aumône. Lorsque Baha'u'llah lui donnait une pièce de monnaie, ce mendiant remarquait
: "Puisse Sa Sainteté 'Abbas (le demi-frère de l'Imam Husayn) vous assister
tout le temps." "C'était une bonne bénédiction" dit Baha'u'llah (se référant
à Abdu'l-Baha 'Abbas).
Bref; les croyants ont bénéficié d'une extraordinaire amabilité ce jour-là, car
le bonheur de Baha'u'llah ne connaissait pas de bornes.
Une heure avant le coucher du soleil, la Beauté bénie retourna au manoir sur son
âne et nous L'escortâmes. Nous prîmes congé à la porte extérieure. ('Aqa Mirza 'Aqa Afnan)
64.- Il y a environ cinq kilomètres de la prison d''Akka au manoir de Bahji,
et le manoir est visible lorsqu'on atteint le jardin de Jamal qui est à côté.
Chaque fois qu'Abdu'l-Baha approchait du manoir, s'Il était sur sa monture, Il
en descendait à cet endroit et, avec la plus grande humilité, poursuivait sa route
à pieds. Un jour, tous les croyants de Terre sainte étaient rassemblés au manoir
en présence de la Beauté bénie. Parmi eux figuraient Ses branches (fils),
des croyants bien connus comme Nabil-i-'A'zam, Afnan-i-Kabir, 'Aqa Riday-i-Shirazi,
Ustad Muhammad-'Aliyy-i-Salmani, Mishkin-Qalam, mon père, et 'Aqa Muhammad-Hasan
de la maison des pèlerins. Soudain Baha'u'llah se tourna vers la plaine d''Akka
et dit : "Le Maître arrive ; allez L'accueillir." Nous nous sommes tous hâtés
pour saluer le Maître, et sommes retournés avec Lui dans la chambre de la Beauté
bénie
Comme la fin de la vie terrestre de l'Ancienne Beauté approchait, Ses propos firent
souvent référence à l'importance du Covenant. Ce jour-là en particulier, la Beauté
bénie formula de sévères avertissements contre les briseurs de Covenant. Au milieu
de son discours, il désigna la Grande Branche (Son fils, Mirza Muhammad-'Ali,
le futur archi-briseur de Son Covenant) et avec emphase affirma : "Si l'une
de nos branches passe un seul instant en dehors de l'ombre de la Cause, il sera
assurément réduit à néant.". (Dieu passe près de nous). Ces déclarations
furent délivrées avec une telle puissance que tous les membres présents furent
remplis de stupeur et de respect.
Le jour suivant, alors que nous étions en présence de Baha'u'llah, Mirza Diyà'u'llah
(un de Ses fils) est venu dire : "'Aqa (le Maître) désire savoir
si vous nous permettrez à nous et à quelques croyants de visiter Junaynih". Baha'u'llah
lui demanda qui avait fait cette requête, et entendant que c'était la Grande Branche,
il dit à voix forte et claire : "Il n'y a qu'un Maître - les antres ont des noms.
Le Maître n'est rien d'autre que la Plus Grande Branche, Celui autour duquel tous
les noms gravitent." (Aqa Mirza Aqa Afnan)
65.- Lors d'une autre occasion, la Beauté bénie fit à nouveau référence
au séjour à Bagdad. Concernant l'injustice et la tyrannie exercées par le Shaykh
'Abdu'l-Husayn-i-Tihrani, Baha'u'llah déclara : "Bien plus, le Shaykh, avec l'appui
de Nasiri'd-Din Shah et du sultan 'Abdu'l-Aziz, essaya d'éteindre la lumière de
la Cause, mais il fut impuissant à le réaliser. La Cause de Dieu s'est répandue
elle-même à l'Est et à l'Ouest de la terre. Bientôt vous serez témoins de l'enroulement
du vieil ordre de choses, et vous verrez toutes les nations réunies sous le tabernacle
de la Cause de Dieu."
Puis il nous parla de la visite d'un chef religieux qui était grand, fort, portait
un turban imposant et avait une barbe anormalement longue. "Après Nous avoir salué"
nous dit Baha'u'llah, "il s'assît et commença à lire à haute voix des écrits abstrus
en langue arabe." Ne voulez-vous pas vous présenter vous-même, que Nous puissions
vous connaître ?" ai-Je suggéré." Le visiteur répliqua : "Je suis Khatamu'l-Mujtahidin
(le dernier des ecclésiastiques)" donnant ainsi son titre et non pas son
nom.
"Insha'allah (Dieu le veuille !)" Nous avons répété plusieurs fois : "Insha'allah,
Insha'allah !"
La Beauté bénie était extrêmement heureux ce jour-là et toujours souriant. ('Aqa Mirza 'Aqa Afnan)
66.- Une aprés-midi, nous étions convoqués au manoir de Bahji. La Beauté
bénie se tenait au milieu de Sa chambre. "Que rien ne vous attriste ou ne vous
cause de la peine !" nous dit-Il, car nous étions tous peinés et pleurions amèrement
en nous tenant en Sa présence. "Sachez avec certitude que Je suis avec vous toujours.
Pourquoi êtes-vous si défaits ? Port Sa'ïd est très proche et vous Nous entendrez
quand Nous vous appellerons. Ne soyez pas tristes ! Ce qui a été possible pour
les Afnans n'est arrivé à aucun antre pèlerin. Soyez heureux ! Soyez joyeux !
La grâce de Dieu vous entoure" Ensuite Il s'assit et nous pria de nous asseoir
aussi. Puis, de Ses propres mains, il donna à chacun d'entre nous une Tablette
spécialement révélée. C'est avec ceci que notre pèlerinage de neuf mois prit fin.
Plus tard, la Beauté bénie appela ma mère et ma soeurs en Sa présence, et elles
reçurent ses grâces débordantes. Juste au moment de partir, la pensée vint à ma
mère que si, en gage de bénédiction, Baha'u'llah lui donnait Sa bague, elle ne
désirerait rien d'autre. Après quoi, alors qu'elle était avec la Plus Sainte Feuille
(la fille de Baha'u'llah), un serviteur vint, apportant la bague que Baha'u'llah
avait portée. En la donnant à ma mère, il dit : "la Beauté bénie m'a demandé de
vous donner cette bague."
Nous avons dit adieu ensemble à la Plus Grande Branche et quitté 'Akka pour Haïfa
où, tôt dans l'après-midi, nous nous sommes embarqués pour l'Egypte... (Note : les histoires d''Aqa Mirza 'Aqa et des siens sont adaptées des mémoires
de son fils, Haji Mirza Habibu'llah, et sont parvenues par l'intermédiaire de
son petit-fils, Abu'l-Qasim Afnan.)
SOUVENIRS DE LA MAIN DE LA CAUSE TARRAZ'U'LLAH :
Les extraits suivants sont des souvenirs de la Main de la Cause, Tarràz'u'llah
Samandari, qui, à l'âge de seize ans, entra en présence de Baha'u'llah. Il resta
à 'Akka six mois avant l'Ascension de Baha'u'llah (29 mai 1892) et un mois
après:
67.- Ce fut dans la maison d''Abbud que M. Samandari entra pour la première
fois en présence de Baha'u'llah. Ceci est la description de cette visite. (Quand je pénétrais dans la chambre), la Beauté bénie était assise sur
un divan. Alors que je m'agenouillais devant Lui, le fez que je portais tomba
de ma tête. De Ses mains bénies, Baha'u'llah le remit sur ma tête et dit : "Marhaba
! (Bienvenue!) Mon émotion et mon tremblement étaient incontrôlables. Il
me pria de m'asseoir et un serviteur, à la requête de Baha'u'llah, m'offrit du
thé. Mais je tremblais tellement que je pouvais à peine tenir ma tasse.
"Bismillah ! Bismillah !" (S'il vous plaît) répéta Baha'u'llah plusieurs
fois, m'invitant à boire mon thé mais j'étais encore incapable de le faire. Il
s'informa de la santé de mon père, et à la suite de quoi, j'eus le droit de me
retirer. (souvenirs de la Main de la Cause Tarràz'u'llah)
68.- A deux occasions différentes, j'eus le suprême privilège d'être en
la présence de Baha'u'llah au manoir de Bahji au moment où Il révélait les saints
versets. Le secrétaire et moi étions seuls présents. Une fois c'était Mirza 'Aqa
Jan qui écrivait les versets, l'autre fois c'était un membre de la Sainte Famille
(une des Branches).
Tandis que la Beauté bénie déambulait durant la révélation des versets sacrés,
j'ai pu être témoin de la suprême majesté, de la grandeur, du pouvoir divinement
accordé et de l'autorité que reflétait Son majestueux visage. Alors qu'Il révélait
ces versets, Sa face était rayonnante et lumineuse. Souvent, Il faisait un geste
de Ses mains, et, de temps en temps, Son regard pénétrant était dirigé vers la
mer. Chaque fois que des signes de sécheresse apparaissaient sur Ses lèvres bénies,
il s'arrêtait et buvait de l'eau à petites gorgées.
Les versets jaillissant de Ses lèvres étaient parfois chantés, mais parfois aussi
révélés avec une immense autorité. Les prières, par exemple, étaient prononcées
d'une voix mélodieuse, tandis que les Tablettes étaient révélées avec pouvoir
et majesté.
Mirza 'Aqa Jan écrivait avec une extraordinaire rapidité et le plancher de la
chambre était jonché de papiers. (souvenirs de la Main de la Cause Tarràz'u'llah)
69.- Un autre de ces trois jours, je me tenais sous la tente de Baha'u'llah,
lui faisant face. Comme je ne pouvais pas entendre Sa voix clairement, j'allais
dans la partie intérieure de la tente qui était le lieu de stockage et qui n'était
pas loin de l'endroit où Baha'u'llah était assis. J'étais là tout seul, et non
seulement je pouvais voir la Contenance bénie parfaitement bien, mais je pouvais
entendre Ses paroles clairement et avec précision.
La réunion prit fin et des oranges furent distribuées à l'assistance. La Beauté
bénie se leva de Son siège. Très vivement, je quittais ma place et allais me positionner,
telle une statue, les bras croisés, devant la porte par laquelle Baha'u'llah devait
sortir. Au moment où Ses yeux tombèrent sur moi, Il m'offrit une orange qu'Il
avait dans Ses mains bénies, et avec le mot "Marhaba", Il me dit de m'en aller
et je partis vers le manoir. Aussitôt que les jeunes qui étaient sur place apprirent
que j'avais reçu une orange des mains de Baha'u'llah, ils se précipitèrent pour
me la prendre. Mais je la consommais entièrement en m'enfuyant loin d'eux. Je
n'ai même pas donné le moindre petit morceau à quiconque. (souvenirs de la Main de la Cause Tarràz'u'llah)
70.- Au matin du premier jour de Ridvan, en compagnie de trois amis, j'entrais
en présence de Baha'u'llah dans Sa chambre au manoir de Bahji. Tout de suite avant,
nous avions mangé du baklava à l'étage inférieur du manoir.
La Beauté bénie était assise sur le divan, et nous étions nous-mêmes assis sur
le sol. Après avoir consommé du thé, la Perfection bénie commença à réciter la
Tablette du Sultan (au Shah). Il le fit avec grandeur et majesté, la récitation
dura une demie heure. Tout en récitant cette Tablette, parfois Il bougeait Ses
mains, parfois Ses pieds. Je suis incapable de décrire l'état de la Beauté bénie
à ce moment.
"Taraz Effendi ! Lève-toi, et offre de ces fleurs à chacune des personnes présentes"
me dit-Il. Plus tôt ce jour-là, des bouquets de roses avaient été apportés de
Junaynih et déposés sur un drap à même le sol. Je me levai et offris à chaque
personne une rose. "Et donne-Nous aussi Notre part" dit la Beauté bénie." Je Lui
offris une fleur. "Prends-en une pour toi-même" me dit-il. Après avoir pris une
rose, il dit : "Fi Aman'u'llah !" (Que Dieu te protège !) et me donna la
permission de partir. (souvenirs de la Main de la Cause Tarràz'u'llah)
71.- Du fait que deux semaines s'étaient passées sans avoir été en présence
de Baha'u'llah, un jour je me décidais d'aller au manoir de Bahji. Je demandais
à une jeune fille, la fille d'un résident qui se trouvait là, s'il y avait quelqu'un
ou non en ce moment en présence de la Beauté bénie. Elle répondit qu'Il était
seul, et qu'Il marchait ça et là. "Va et dis à Baha'u'llah : "Voici deux semaines
que Taraz n'est pas entré en Votre sainte présence et il sollicite la permission
de vous voir." La jeune fille délivra mon message et revint avec la réponse que
Baha'u'llah avait dite : "Bismillah ! Bifarma'id : (Qu'il entre t)"
J'étais dans un état d'esprit indescriptible lorsque j'entrais en Sa présence.
"Marhaba Taraz Effendi !" fut la salutation de la Beauté bénie. Puis il s'approcha
de moi, et caressant ma tête et mon visage, s'informa de ma santé. Après quelques
instants, il ajouta: "Vois ! Tu t'es plaint de ne Nous avoir pas vu. Ne rends-tu
pas visite à Ghusn-i-Azam (la Plus Grande Branche) dans la ville ?"
Je répondis que jour et nuit j'étais en Sa présence. Baha'u'llah déclara ensuite
: "Pour quelle raison, alors, t'es-tu plaint ?" Puis il remarqua : "Ton premier
lieu de résidence est ici ! Tu as la permission de venir chaque fois que tu le
désires, et pour ton confort, nous avons préparé la maison de passage."
Après quoi, Il m'offrit des friandises et me permit de partir. (N.B... Ces souvenirs sont parvenus par le fils de la Main de la Cause T. Samandari,
le Docteur Midhi Samandari.)
72.- Le fait de voir Son Père, la Beauté bénie, après tant d'années d'épreuves
et de souffrances, se reposer sous le mûrier près d'un petit ruisseau dans le
beau jardin de Ridvan, réjouissait le coeur d'Abdu'l-Baha. Les fleurs et les arbustes
fragrants, abondants et aux multiples couleurs, le clapotis de la fontaine, la
fraîcheur de l'air et spécialement la présence de Baha'u'llah exaltaient les âmes
de tous ceux qui avaient le privilège de L'accompagner.
La plus grande joie des enfants de la sainte Famille était d'aller avec Baha'u'llah
à des pique-niques occasionnels dans le jardin de Ridvan. Pour eux, Il était comme
un autre Père aimant et ils Lui faisaient part de leurs petits problèmes.
La Beauté bénie s'intéressait à tout ce qui concernait les enfants, surtout leur
propreté, l'ordre et la discipline. Tous leurs plaisirs et bonheur venaient de
Lui durant ces jours souvent monotones. Quand on apportait à Baha'u'llah des friandises,
Il disait avec humour : "Mettez-en de côté pour les enfants, autrement le Maître
les distribuera toutes" et parfois Il appelait Lui-même les enfants pour leur
distribuer aussi des bonbons.
Souvent à l'heure du coucher, et malgré le désir de leurs parents qui ne voulaient
pas qu'on dérange Baha'u'llah, Il les accueillait avec des mots affectueux. Et
quand Il leur disait : "Demain, les enfants, vous viendrez avec Moi au jardin
de Ridvan", ils étaient si pleins de joie qu'ils pouvaient à peine s'endormir
! (Lady Blomfield)
73.- En racontant Son confinement dans le Siyyah-Chal, la Beauté bénie
rappelait : "Le poids des chaînes placées autour de Notre cou était difficile
à supporter (la chaîne la plus lourde pesait plus de cinquante kilos) mais
le fait d'avoir les pouces des deux mains attachés ensemble derrière le dos était
encore plus exaspérant. Les gardes impériaux étaient inflexibles, mais les bourreaux
nous montraient de l'amabilité. Un d'entre eux m'a offert du thé et quelques grains
de raisin, mais comme on m'avait transporté là enchaîné et les mains attachées,
Je n'ai pas pu les accepter."
Poursuivant Ses souvenirs, Baha'u'llah dit : "A chacun des endroits où J'ai été
exilé, des ennuis s'en sont suivis, semblables à ceux essuyés après Notre arrivée
à 'Akka. Maintenant, la situation est renversée pour que les gens d'ici soient
inclinés à la clémence. Il en a été ainsi partout où Nous avons résidé. D'abord
la Cause de Dieu était inconnue et Nous avons été submergé par les tribulations.
Mais maintenant, - loué soit Dieu ! - les gens de ces régions manifestent leur
respect et leur humilité envers Nous." (Nabil)
74.- Le Gardien de la Foi baha'ie a donné une touchante description de
la dernière entrevue de la Beauté bénie avec Ses disciples :
"Six jours avant d'expirer, étendu sur son lit et appuyé contre l'un de ses fils,
Il fit venir en Sa présence tout le groupe des croyants, y compris plusieurs pèlerins
qui s'étaient rassemblés dans le manoir, pour ce qui devait être leur dernière
audience avec Lui. "Je suis très satisfait de vous tous", dit-Il avec douceur
et affection à la foule en larmes qui L'entourait. "Vous avez rendu bien des services,
et vous avez exécuté vos tâches avec diligence. Vous êtes venus ici chaque matin
et chaque soir. Que Dieu vous aide à rester unis ! Qu'Il vous aide à magnifier
la cause du seigneur de l'existence !" (Shoghi Effendi, "Dieu passe près de nous" pp. 107-108)
75.- Jinab-i-Mirza Isma'il, un croyant qui était présent à la dernière
audience avec Baha'u'llah a rapporté ceci : "Des lames coulaient de mes yeux et
j'étais submergé par des sentiments de peine et de chagrin après avoir entendu
ces paroles. A ce moment, la Perfection bénie me dit de venir près de Lui et j'obéis.
Se servant d'un mouchoir qui était dans Sa main Baha'u'llah essuya les larmes
de mes joues. Comme Il faisait cela les paroles d'Isaïe (25:8), involontairement,
vinrent à mon esprit : "... Et le Seigneur Dieu essuie les larmes de tous les
visages...". (souvenirs de Jinab-i-Mirza Isma'il)
Index
On pourra, pour étude éventuelle, se reporter aux numéros marqués (dans les
pages précédentes) en face des thèmes indiqués ci-dessous :
'Abdu'l-Baha : 20-56-43-71
Amour des enfants : 72
Briseurs de Covenant : 64
Caractère de l'enfant : 1-3
Détachement : 6-17-38-46
Enseignement : 53
Justice : 4-19-27
Générosité : 7-8-21-66
Humour : 44-58-65
Intelligence : 5
Martyrs : 60
Nouvel Ordre : 65
Omniscience : 15-16-28-34-35-42-45-50-51-55
Parents : 43
Pèlerinage : 59
Persévérance : 47
Piété : 23
Pouvoir surhumain : 9-22-24-25-27-3O-32-33-36-48
Prédestination : 2
Qualités aimées de Lui: 37-40-41
Rayonnement : 12-18-26
Révélation (Mode) : 54-62-68-70
Souffrance : 10-11-13-60-61-73
Unité des croyants : 74
Unité de Dieu: 57
BREVE HISTOIRE DE LA MAIN DE LA CAUSE 'ALI-AKBAR FURUTAN
:
'Ali-Akbar FURUTAN est né le 29 avril 1905 à Sabzivar, province du Khurasan, Iran.
Son père échappa providentiellement à la mort lors des persécutions islamiques
en 1914. A la suite d'un rêve de sa mère dans lequel le Maître demandait à sa
famille d'être pionnière à 'Ishqabad, lui et ses parents s'installèrent en Russie.
Agé seulement de 14 ans, il enseigna les plus petits à l 'école primaire durant
3 ans puis à l'école secondaire, avant d'être nommé directeur de 2 écoles en 1925.
Sollicité par le comité d'enseignement d'Ishqabad pour qu'il abandonne sa carrière
au profit de l'enseignement baha'i, il demanda l'avis de son Assemblée spirituelle
qui lui conseilla d'écrire au Gardien. Shoghi Effendi répondit qu'une profession
ou un commerce peuvent être aussi méritoires que l'enseignement si on manifeste
les perfections humaines, de consulter avec son institution et d'accepter sa décision.
Celle-ci décida qu'il devait poursuivre ses études.
En 1928, il est élu au sein de l'Assemblée spirituelle de Moscou et deux ans après
réussit sa thèse sur la psychologie infantile. Néanmoins l'Union Soviétique l'expulse
de son territoire à cause de ses activités baha'ies. Il retourne donc en Iran.
Le Gardien lui écrit qu'il pourra retourner un jour en Russie (ce qui s 'est
réalisé en 1990). 'Ali Akbar épouse en 1931 'Ata'iyyih Khanim, issue d'une
illustre famille baha'ie. Trois ans plus tard, il est élu au sein de 1'Assemblée
spirituelle nationale d'Iran. Il en est le secrétaire ainsi que celui de son Assemblée
locale et félicité par le bien-aimé Gardien pour ses services qui seront reconnus
plus tard comme "internationaux". Nommé Main de la Cause de Dieu en 1951, il participera
aux 4 Conférences internationales d'enseignement et fera des voyages autour du
globe. Après son pèlerinage en 1954, il retournera en Iran et luttera contre les
persécutions en cours.
A la mort de Shoghi Effendi, il aidera efficacement avec les autres Mains de la
Cause à la réalisation des buts du Plan de 10 ans (1953-63) dont le couronnement
sera l'élection de la Maison Universelle de Justice. Il visitera ensuite, sur
demande de cette dernière, la Turquie, l'Inde et 1'Afrique. On le voit en 1968,
s 'adresser aux 2300 baha'is de 67 pays réunis à Palerme, Italie, puis continuer
inlassablement ses voyages d'encouragement en Amérique du Nord et aux îles Hawaii.
En 1991 il représente la Maison Universelle de Justice lors de l'élection de l'Assemblée
spirituelle nationale de l'Union Soviétique. Il la représente également 1'année
suivante en Hongrie et dans les républiques baltiques.
Cette impressionnante Main de la Cause parle cinq langues couramment et a publié
plusieurs ouvrages de haut niveau. Interviewé sur sa philosophie, il a souligné
l'importance pour chacun de reconnaître les Manifestations de Dieu, d'étudier
leurs enseignements matin et soir et de les mettre en pratique. Dans cet ordre
d'idées, il encourage surtout la jeunesse à ne pas se laisser entraîner dans des
philosophies indésirables.
C'est, avec 'Ali-Muhamma-Varqa, notre dernière Main de la Cause encore vivante.
Il réside aujourd'hui à Haïfa, au Centre administratif mondial baha'i comme membre
du Centre international d'enseignement et enrichit mentalement et spirituellement
chaque année plus de 2. 000 pèlerins.
(notes tirées du livre de Barron Harper, "Lights of fortitude" - Assemblée
Spirituelle Nationale de Nouvelle-Calédonie & des îles Loyauté)