Le courage
d'aimer
Shoghi Ghadimi
2. L'amour universel
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2.2. Un ami qui nous fait gagner la vie
Un paysan rentrait chez lui lorsqu'il aperçut,
abandonne au bord de la route, un vieillard malade, dont les jours étaient plus
que certainement comptés. N'écoutant que son bon coeur, il l'emmena chez lui
pour le soigner.
Quelques jours après, le vieillard lui dit:
- Tu t'es donné beaucoup de peine pour moi. Je voudrais t'en récompenser. J'ai
caché dans le champ où tu m'as recueilli un sac magique. Cherche-le et garde-le.
Il est à toi.
Peu de temps après, le vieillard s'éteignit. Se conformant à ses instructions,
le paysan se mit à la recherche du sac en question, et finalement le trouva.
C'était un sac sur lequel était écrit: "Il y a de l'or à l'intérieur de ce sac.
Si tu en retires une pièce pour la donner à ton prochain, tu en trouveras une
autre à sa place. Si tu en retires deux pour les donner à ton prochain, tu en
trouveras deux autres à leur place. Si tu en retires trois pour donner à ton
prochain, tu en trouveras trois autres à leur place..."
Rentré chez lui, le paysan mit la main dans le sac. Il en sortit une pièce d'or
qu'il donna à son prochain. Il remit alors la main dans le sac et, effectivement,
y trouva une autre pièce. Le lendemain, il en retira deux pièces d'or qu'il
donna à son prochain. Cette fois encore, ayant remis la main dans le sac, il
y trouva deux pièces d'or.
Il continua ainsi l'expérience avec trois, quatre, cinq... pièces d'or, toujours
avec le même résultat, jusqu'au jour où il se dit:
- J'ai distribué assez de pièces d'or. Il vaut mieux maintenant que j'en garde
pour moi-même, pour les jours où je serai vieux.
Ceci dit, il mit la main dans le sac Pour s'assurer qu'il en restait encore
pour lui. Et il n'y trouva absolument rien!
Chers amis, si je vous ai raconté cette histoire africaine, c'était pour en
tirer une leçon. Ne pourrait-on, en effet, comparer le sac magique à notre coeur,
et l'or, à l'amour dont il est le siège. Vous avez sûrement remarqué que plus
on donne son amitié n acquiert la capacité d'aimer. Par contre, plus on évite
les aux gens, Plus on se fait des amis, plus on devient capable, plus gens,
plus on devient ermite, plus on perd la capacité de se faire des amis, plus
on perd sa capacité affective.
Et s'il arrive un moment où, continuant ainsi, on refuse son amitié à qui que
ce soit, on constate que l'on en perd même la capacité, je veux dire la capacité
innée d'aimer: dans le sac magique il ne reste plus d'or. Et permettez-moi d'insister
sur le terme capacité d'aimer, car c'est la faculté qui caractérise le coeur
humain: il doit porter son amour sur quelqu'un ou sur quelque chose. Si on n'est
pas heureux avec son épouse par exemple, si on ne l'aime pas, on porte son amour
sur son enfant. Si l'enfant, par son comportement, ne répond pas à l'affection
qu'on lui témoigne, on porte alors son amour sur ses amis, son travail ou autre
chose.
Et si on en arrive à ne manifester la moindre affection à l'égard de qui que
ce soit ou quoi que ce soit, autrement dit, si la capacité affective s'atrophie,
on en devient malade. Et sur ce sujet, tous les savants sont d'accord, qu'ils
soient croyants ou matérialistes; peu importe même si cette capacité affective
est appelée autrement aimance par exemple, pour utiliser le terme de Jean Rostand.
Nous pouvons comparer la capacité affective à la capacité de marcher. Plus nous
prenons l'habitude de marcher, plus nous nous rendons compte que C'est naturel.
Par contre, moins nous marchons, en restant constamment au volant de notre voiture,
par exemple, plus nous constatons que la marche est une corvée; à un point tel,
nous en perdons complètement l'habitude et en devenons malades, lentement peut-être
mais sûrement. Ceci a été démontré scientifiquement.
Cultiver notre capacité affective, ce n'est donc pas seulement l'intérêt de
la communauté, mais également notre propre intérêt.
Nous devons donc par tous les moyens manifester et développer notre capacité
d'aimer.
Quels sont ces moyens? lis sont nombreux, et peu importe si tous ne font pas
l'objet d'un accord unanime.
Il y en a un cependant sur lequel tous sont d'accord: c'est le travail, qui
devrait être défini comme l'amour rendu visible. Et c'est surtout vrai de nos
jours, où nous avons tellement besoin du travail de notre prochain, et où les
distances ne diminuent nullement cette interdépendance. Quand un pharmacien
belge, par exemple, s'abstient d'envoyer en Tunisie des produits pharmaceutiques
dont la durée de validité est dépassée, et qu'il expédie des médicaments de
première qualité, nous pouvons dire qu'il manifeste son amour à l'égard de son
frère tunisien. De même, quand ce dernier, en empaquetant les dattes destinées
à l'exportation vers la Belgique, élimine toute datte véreuse, nous pouvons
dire qu'il manifeste son amour à l'égard de son frère belge.
Le travail devrait être comparé à l'amour, non seulement en tant que manifestation
de l'amour, mais surtout en tant que loi qui régit le monde de l'existence.
En effet, si dans le monde de l'existence tout s'aime (j'entends par là l'attraction
mutuelle des particules composant la matière), il en est de même en ce qui concerne
le travail, car tout dans l'univers travaille.
Ce n'est qu'en apparence que la matière reste inerte, sans activité. En fait,
la matière est tout ce qu'il y a de plus actif. En réalité même, ce qu'on appelle
matière n'est qu'un ensemble dont les particules sont en mouvement tellement
rapide qu'il nous donne cette impression de consistance et de passivité. Et
ce qui est vrai pour la matière, cette chose apparemment sans vie, doit être
vrai, à plus forte raison, pour tout ce qui est apparemment doté de vie.
Les animaux, par exemple, ne travaillent-ils pas lorsqu'ils se font des abris
ou bien qu'ils élèvent leurs petits? Cette activité dans tous les mondes (minéral,
végétal, animal) est cependant inconsciente. Reprenons le cas des animaux. Si
les oiseaux construisent leur nid, ils le font toujours de la même façon, ni
mieux ni pire.
Mais ce n'est pas le cas de l'homme qui fait sa maison bien, ou moins bien,
suivant qu'il y met plus de conscience ou moins de conscience. De même si les
animaux élèvent leurs petits, ce n'est pas que leur conscience le leur demande,
c'est par instinct. Et ceci pour la simple raison qu'une fois que ces petits
ont atteint un certain âge, ils les abandonnent à eux-mêmes, sans se soucier
de leur sort, sans même les reconnaître. Mais ce n'est pas le cas de l'homme
qui peut se soucier de ses enfants jusqu'au dernier souffle de sa vie, tout
comme il peut les abandonner dès leur naissance. C'est chez lui une question
de conscience.
L'activité de l'homme est donc une activité consciente.
Cette activité consciente peut avoir des conséquences merveilleuses, comme elle
peut avoir des conséquences désastreuses. A titre d'exemple, puisque nous avons
parlé de la façon dont les nouveau-nés peuvent être traités, prenons le cas
de l'Arabe d'il y a quatorze siècles. Si son enfant nouveau-né était une fille,
il l'enterrait vivante, parce que pour lui cette naissance était une honte.
Et il le faisait avec une conscience absolument tranquille.
Que s'est-il passé pour que ce même Arabe éduque ses enfants, filles ou garçons,
de façon à ce qu'ils contribuent à la naissance d'une nouvelle civilisation
à la fois spirituelle et matérielle? Les savants croyants disent que c'est la
révélation islamique qui a transformé la conscience arabe; les matérialistes
déclarent que c'est la mutation islamique qui en est la cause. Mais peu importe
la dénomination de ce phénomène: ce qui importe, et c'est indéniable, c'est
que la conscience humaine a besoin d'être guidée, orientée et éduquée de façon
à ce qu'elle contribue au progrès matériel et spirituel de l'homme.
A ce point de vue, pouvons-nous parler de progrès dans le monde d'aujourd'hui?
L'Arabe d'aujourd'hui est-il plus consciencieux que l'Arabe d'il y a mille ans
(après Muhammad), qui, s'il voyait une épine sur son chemin, la ramassait pour
qu'elle ne pique pas le pied de son prochain?
Le chrétien d'aujourd'hui est-il plus consciencieux que le chrétien d'il y a
deux mille ans, qui se privait de tout pour venir en aide à son prochain?
Et pourtant, scientifiquement parlant, les uns comme les autres sont plus avancés
qu'il y a mille ou deux mille ans. Ce n'est donc pas la science qui peut garantir
le progrès de la conscience. Pourquoi alors, fiers d'une expérience scientifique
d'un siècle, allons-nous oublier le fruit de milliers d'années d'expérience,
du point de vue du progrès de la conscience. Pourquoi négliger le rôle déterminant
de ce phénomène mystérieux, appelé révélation, qui produisait une mutation dans
les consciences, raison pour laquelle, d'ailleurs, les matérialistes l'ont appelé
précisément du nom mutation?
A l'état actuel des choses, pourquoi nier la nécessité d'une nouvelle mutation
ou révélation? Cette nouvelle révélation, dotée de la puissance susceptible
de transformer la conscience humaine existe-t-elle? Oui, disent les baha'is,
car la révélation connue sous le nom baha'ie en a fourni des preuves irréfutables
partout, parmi les hommes de toute race, classe, religion ou façon de penser.
De plus, cette révélation est dotée des mêmes caractéristiques que les révélations
du passé. L'examen de ces caractéristiques ne fait pas l'objet de mon exposé
de ce soir. Voyons seulement ce que dit la révélation baha'ie concernant le
travail.
Les Écrits baha'is nous disent:
"Chacun est enjoint de s'occuper d'une manière ou d'une autre: art, commerce,
etc. Nous avons décidé d'identifier votre labeur avec un acte d'adoration envers
Dieu."
Ou encore:
"Vous êtes les arbres de Mon jardin; vous devez porter des fruits merveilleux
qui profiteront à vous-mêmes et aux autres. Ainsi donc chacun doit exercer une
profession ou un art."
Le premier de ces extraits nous parle de la valeur religieuse du travail, ce
qui est considéré comme un principe sacré chez les baha'is.
On pourrait se demander quelle relation existe entre la religion et le travail?
Pourquoi un tel commandement? Est-ce encore une contrainte imposée par la religion?
Loin de là, disent les baha'is, pour qui "il n'y a pas de contrainte dans la
foi" et pour qui l'intelligibilité de la foi est un autre principe sacré.
Quelle est donc leur réponse dans ce cas particulier? Cette réponse est donnée
par le second extrait que je viens de citer.
En effet, d'après celui-ci, le travail pour l'homme est comme le fruit pour
l'arbre. Le fruit ne fait-il pas partie intégrante de l'arbre? Est-ce une contrainte
pour l'arbre que de porter des fruits? Non. L'arbre est ainsi fait, et même
si un jour il devient malade, il continuera de porter des fruits, tout en restant
sous la surveillance d'un habile jardinier.
Il en est de même en ce qui concerne l'homme. Sa nature intime, le maintien
de son équilibre l'exigent. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les médecins
ne prescrivent pas l'inactivité à leurs patients.
Le jour où le Président Eisenhower eut une crise cardiaque, on croyait que son
médecin, un éminent cardiologie, allait lui demander de cesser ses fonctions
présidentielles. Ce ne fut pourtant pas le cas, car suivant le conseil de son
médecin, il continua ses activités jusqu'à la fin de son mandat, sans jamais
quitter son travail, comme on ne quitte jamais un ami à qui on se sent inséparablement
uni.
L'homme d'aujourd'hui voit-il dans le travail un ami qui lui reste inséparablement
uni? Il paraît que non. Dans les pays en voie de développement, il n'y a généralement
même pas assez de travail pour que l'homme y pense. Il se contente de peu, il
végète. C'est un homme abandonné par son "ami" le travail. Dans les pays industrialisés,
l'homme est un maillon dans une chaîne de production. Quand la chaîne n'est
pas rentable, on la liquide, et, par conséquent, l'homme se voit abandonné par
son "ami" le travail.
Dans un cas comme dans l'autre l'homme ne voit pas dans le travail un ami qui
lui soit attaché.
Et l'homme d'aujourd'hui voit-il pour sa part dans le travail, un ami auquel
lui-même est attaché? Il parait que non.
Il voit plutôt dans le travail un moyen qui lui permet de gagner sa vie. Et
pour y arriver, toutes les façons pour faire son travail sont bonnes puisque
la triste formule "la fin justifie les moyens" est à la mode. J'ai dit: triste,
et là-dessus tous sont d'accord, car on a l'impression que les gens se voient
contraints de l'appliquer dans la vie quotidienne, tout en avouant qu'en définitive
tout le monde est dupé.
Les anecdotes populaires illustrent bien cette situation. Je vais vous en raconter
quelques unes.
Un brave paysan emmène son fils, qui a huit ans, chez un marchand de costumes.
- Voilà un très beau costume pour le petit, s'écrie le marchand.
Il ne rétrécit pas à l'eau au moins? Oh, monsieur, mais non, voyons.
Le gosse met le costume, et le voilà parti avec son père. Tout à coup éclate
un orage terrible. Le marchand voit revenir le paysan et son fils. Les manches
du veston et les jambes du pantalon ont terriblement rétréci.
Le marchand s'élance alors au devant de son client:
- Oh, s'écrie-t-il, comme il a grandi ce petit!
Le paysan trompé se venge à sa façon. Il mélange, par exemple, de la margarine
à son beurre. Il y a la loi qui l'interdit, allez-vous me dire. Parfait, disons
qu'il est cité en justice. En revenant du tribunal il annonce à sa femme:
- On m'a collé une amende de dix mille francs.
- Seigneur Jésus, gémit la femme. Pour rattraper ça, il nous faudra ne plus
mettre de beurre du tout dans les mottes.
La margarine est donc vendue au lieu du beurre. On la consomme, on s'en aperçoit
avec le temps, et chacun cherche à se venger à sa façon. Parmi les consommateurs
il y a, par exemple, le garagiste. Et voilà ce qui se passe le jour où ce paysan,
ou un autre client, vient chez lui pour acheter une voiture.
Comme cet acheteur ne s'y connaît pas, il laisse parler le garagiste, lequel
lui désigne une affaire magnifique.
- Regardez cette ligne, dit-il, ces chromes, ces portières, ces phares.
- Mais le moteur? demande l'acheteur.
- Le moteur? Ah oui, je vois que vous vous intéressez aux détails.
Le garagiste à son tour est trompé, volé d'une manière dissimulée par un autre,
un plombier par exemple.
Et la tragi-comédie continue.
Au lieu d'insister, continuons plutôt notre exposé sur la solution du problème.
Nous avons dit que le travail fait partie intégrante de l'homme, que c'est un
facteur garantissant le maintien de la santé et de l'équilibre intérieur de
l'homme. Ceci est surtout vrai s'il donne tout son coeur au travail qu'il fait.
Deux cas peuvent se présenter.
Le premier, c'est lorsque les conditions sociales sont idéales au point que
chacun a le travail pour lequel il a des talents, ce que précisément prescrit
la foi baha'ie qui stipule: à chacun non seulement du travail, mais son travail
(autant que possible bien entendu). Dans ce cas il est évident que chacun mettra
tout son coeur, toute sa conscience dans son travail, et qu'il en ressentira,
par voie de conséquence, cette joie intérieure tellement nécessaire au maintien
de la santé. Simultanément, il réjouira les autres, ce qui est le but même de
la religion. C'est le cas du virtuose qui, en interprétant un morceau de son
choix, non seulement se sent profondément heureux, mais réjouit également son
auditoire.
Le deuxième cas, c'est lorsque les conditions sociales ne permettent pas à chacun
de nous d'avoir son travail. Alors ce serait une erreur d'attendre de notre
travail qu'il nous intéresse. Bien au contraire, c'est nous qui devons nous
intéresser à lui. C'est nous qui devons lui donner notre coeur. Et je dis bien
lui, et non pas à son fruit, tout comme nous nous intéressons à une fleur, qui
porte en soi le fruit. Autrement dit, quand nous nous intéressons au travail
lui-même, son fruit ne peut être que bon. Quand nous nous intéressons à l'arbre,
quand nous lui portons tous nos soins, son fruit ne peut être que bon. Ce n'est
pas la peine que nous nous en fassions un souci. Ce souci créerait une tension
nerveuse inconsciente, assimilable au freinage lorsqu'on conduit.
Accomplir un travail en se tracassant pour son fruit, sans prendre plaisir au
travail lui-même, c'est rouler le frein serré. Il ne faut pas freiner quand
on conduit, il ne faut pas se tracasser quand on travaille. Il faut y prendre
plaisir, tout comme à la présence d'un ami intime. Alors le travail devient
un ami qui nous fait gagner la vie, tout en nous faisant gagner notre vie.
Tout cela pourrait paraître bien théorique. Pratiquement, dans un monde où chacun,
par son travail, cherche à tromper son prochain, à le voler d'une manière dissimulée,
comment peut-on ne pas faire comme tout le monde, comment peut-on consciencieusement
faire son travail, sans la moindre arrière pensée de tromper ou voler ceux à
qui le fruit du travail est destiné? Pour un baha'i c'est une question de foi.
Je m'explique. Etant donné que, pour lui, le travail est un acte d'adoration
envers Dieu, et que, par conséquent, le lieu du travail, c'est son église, il
ne peut pas voler son prochain par son travail. Ce serait voler à l'église.
Avez-vous jamais vu un chrétien se rendre à l'église pour voler son prochain.
Non, il ne peut pas le faire, puisqu'il a reçu une formation qui ne le lui permet
pas. Il en est de même pour un baha'i; il ne peut pas voler son prochain dans
son "église", c'est à dire là où il fournit un travail qui, directement ou indirectement,
est destiné à son prochain.
Il ne peut pas le faire parce qu'il a reçu et continue de recevoir une formation
qui ne le lui permet pas. Il a reçu cette formation à l'école baha'ie, et il
continue de la recevoir aux réunions mensuelles sans classe, pendant lesquelles
le principe de la valeur religieuse du travail, parmi bien d'autres principes,
lui est rappelé, que ce soit pendant la lecture des Écrits sacrés ou les périodes
de consultation.
Notons que ces réunions mensuelles lui fournissent indirectement un moyen d'entraînement
pour faire consciencieusement son travail. En effet, ces réunions, étant sans
classe et ayant un caractère de fête, permettent aux membres des différentes
couches de la société de s'inviter mutuellement, de se rencontrer amicalement,
et avec le temps, de devenir des amis.
De cette façon, le paysan. le marchand, le garagiste, le plombier, ... deviennent
des amis; et, en tant qu'amis, par leur travail, ils ne peuvent plus se duper
les uns les autres avec des propos tels que:
- "Vous vous intéressez aux détails",
- "Tiens, comme il a grandi"...
Un mot encore concernant le travail, pour qu'il ne devienne pas fatigue mais
reste toujours plaisir.
La fatigue, on l'évite si l'on change d'activité. A ce propos, la façon de travailler
d`Abdu'l-Baha (Fils et successeur de Baha'u'llah), dont le mode de vie est un
exemple pour tous les baha'is, fournit un modèle à suivre.
`Abdu'l-Baha écrivait des commentaires sur les Écrits de Baha'u'llah, s'occupait
de la correspondance avec les disciples, visitait les malades, recevait les
pèlerins, faisait du jardinage, etc...
Puisque nous parlons de jardin, comparons le changement d'activité au passage,
dans un jardin, du soleil à l'ombre. On reste toujours dans le jardin, mais
quelle sensation agréable!
N'a-t-on pas raison de définir le repos comme un changement d'activité. Ce qui
ne veut pas dire qu'il soit permis d'abuser de cette définition pour éliminer
absolument le repos. Non, le repos aussi est une prescription d'après les enseignements
baha'is. En effet, un baha'i a le devoir de cesser toute activité lucrative
pendant les jours fériés baha'is. Et ces jours fériés, il ne faut pas les confondre
avec les jours de repos hebdomadaire, car pendant ces jours on reste libre en
ce qui concerne l'activité lucrative. Mais pendant les jours fériés le repos
doit être respecté par tous, tout comme le travail est prescrit pour tous.
Mais là encore le repos ne signifie pas paresse, nonchalance, ou divertissement
seul. Car le repos, comme le travail doit porter son fruit. Le fruit de ce repos,
aux jours fériés qu'on célèbre dans une ambiance d'allégresse et de spiritualité,
doit être une oeuvre philanthropique, laissant une marque tangible de l'amour
des baha'is pour toute l'humanité. Ce qui signifie qu'un baha'i se repose pour
mieux servir tout le monde. Cette question devrait faire l'objet d'une autre
conférence.
Vous voyez donc, chers amis, que non seulement le travail, mais aussi le repos
a un aspect religieux.
Puisqu'il en est ainsi, je crois que le moment est propice de vous souhaiter
BON REPOS!