Le courage
d'aimer
Shoghi Ghadimi
5. L'amour et la science
Chapitre précédent
Retour au sommaire
Chapitre suivant
5.1. La science devant la foi
Quand on étudie la biographie des grands
savants, on est frappé d'étonnement devant leur extrême simplicité. Ils mangeaient
simplement, ils s'habillaient simplement, se contentant toujours du strict minimum.
On est impressionné surtout par ce qui pouvait troubler leur âme, ce qui constituait
l'objet de leur émotion.
je prends comme exemple le plus grand savant de notre époque: Einstein. Vous
avez sûrement remarqué par ses photographies qu'il ne portait jamais de chapeau.
Et lorsqu'un ami le vit un jour arriver chez lui, les cheveux ruisselant de
pluie, il lui demanda pour quelle raison il se promenait nu-tête sous l'averse,
Einstein répondit: "C'est que j'ai remarqué que mes cheveux sèchent plus vite
que mon chapeau." Il ne changeait pas de vêtements tant que ceux-ci ne tombaient
pas en ruine.
Et dire que ce n'était pas par avarice! Laissé libre de fixer le montant de
son traitement à l'Université de Princeton, il avait consterné le directeur
en demandant une somme ridiculement faible. Lorsqu'il reçut le prix Nobel, il
en partagea intégralement le montant avec sa femme et une oeuvre de bienfaisance.
Et ce jour là il parut sur le podium vêtu d'un smoking si usé que l'une des
éminences crut devoir le prendre à l'écart pour lui suggérer d'aller se changer.
Inutile de dire qu'Einstein ne jugea pas nécessaire de suivre ce conseil, et
il avança vers le Roi de Suède tranquillement avec ses épaules qui tombaient
et un pantalon qui faisait d'énormes poches aux genoux, insensible au ridicule
comme à la gloire.
Ce n'était pas la première fois qu'on voyait Einstein si différent des autres,
si indifférent à tout ce qui préoccupait les autres et tout ce qui peut constituer
l'objet de leur émotion.
Et l'on se demande: "Mais qu'est-ce qui pouvait constituer l'objet de l'émotion
de cet éminent savant?".
A cette question c'est lui-même qui répond en ces termes: "La plus belle et
la plus profonde émotion que nous pouvons ressentir est la sensation mystique.
Celui à qui cette sensation est étrangère est comme un mort."
Quant à l'expression "sensation mystique" c'est toujours lui-même qui l'explique
en parlant de son "humble adoration de l'Esprit Supérieur illimité qui se révèle
lui-même dans les moindres détails que nos esprits faibles et fragiles sont
capables de percevoir" (Life, 2.5.1953).
Bien entendu par le terme "Esprit Supérieur" il entendait Dieu, puisque c'est
encore lui-même qui dit: "La présence d'une Puissance Supérieure douée de raison...
révélée dans l'univers incompréhensible, voilà mon idée de Dieu" (Life, 2.5.1953).
Et c'est ce Dieu qui le guidait, l'inspirait dans ses travaux scientifiques,
comme il l'avoue à son collaborateur: "Les idées viennent de Dieu" lui dit-il
(Sélection).
Pour Max Plank, savant non moins génial qu'Einstein, "le but suprême de la vie,
c'est la recherche de Dieu et de Son ordre universel".
Concernant cette même divinité, Marconi, l'inventeur de la télégraphie sans
fil dit:
"C'est avec l'aide de Dieu qui met à la disposition de l'humanité tant de forces
mystérieuses, que j'ai construit cet appareil permettant aux croyants du monde
d'entendre Sa voix, la voix du Père céleste."
Et je pourrais citer bien d'autres paroles de savants, paroles par lesquelles
ils expriment leur foi en Dieu. Pour les uns, Dieu est le Plus Grand Physicien,
pour les autres le Plus Grand Médecin, pour les ingénieurs il est le Plus Grand
Ingénieur. Et à ce propos, permettez-moi de citer l'inscription d'Edison sur
le Livre d'Or de la Tour Eiffel. L'éminent ingénieur américain, après avoir
rendu hommage à l'oeuvre du génial constructeur français (Eiffel), signe ainsi:
"De la part de quelqu'un qui a le plus grand respect et l'admiration la plus
grande pour tous les ingénieurs y compris le Plus Grand Ingénieur, le bon Dieu."
Un langage identique est tenu par bien d'autres savants. "Chaque nouvelle connaissance"
dit le professeur Morrison, ex-président de l'Académie des Sciences de New York"
nous apporte une preuve nouvelle que notre univers est bien l'oeuvre d'une Intelligence
créatrice."
Et en étudiant les écrits et la biographie des savants les plus grands de tous
les temps on voit qu'ils étaient pénétrés d'un sentiment religieux infiniment
profond, ce qui est d'ailleurs pour Max Plank, la preuve la plus irréfutable
que la science et la foi sont en parfait accord.
Cela s'explique, selon le professeur Andoyer de la Faculté des Sciences de Paris
par le fait que "l'esprit scientifique entraîne l'esprit religieux".
Comment l'esprit scientifique entraîne-t-il l'esprit religieux? C'est la question
à laquelle je vais essayer de répondre en me basant (aussi paradoxal que cela
puisse paraître) non pas sur les écrits des savants, mais sur une lettre écrite
par un homme qui n'a pas fréquenté d'école.
J'entends la célèbre lettre d`Abdu'l-Baha (Interprète des enseignements baha'is
et le successeur du Fondateur de la Foi Baha'ie) au professeur Auguste Forel,
lettre dont l'étude a fait de ce savant libre penseur un homme profondément
croyant et un disciple fervent de la Foi baha'ie.
Dans ce qui suit je ne vais mentionner que quelques-uns des arguments cités
par `Abdu'l-Baha pour démontrer l'existence de Dieu.
Précisons bien que la lettre en question ne parle que de l'existence de Dieu
et non pas de Son essence.
Car `Abdu'l-Baha dit clairement que l'essence de Dieu est inaccessible à l'intelligence
de l'homme. Toute idée qu'on se fait de l'essence de Dieu (Créateur) devient
une création de notre cerveau et la création ne peut pas être le créateur. On
se placerait alors dans le cas de cet enfant qui était en train de dessiner:
- "Que fais-tu?" lui demande sa mère.
- "je fais le portrait de Dieu" répond l'enfant.
- "Mais on ne peut pas voir Dieu."
- "Et bien quand j'aurai fini son portrait, on le verra."
Quant aux arguments cités dans la lettre dont nous parlons, en voilà quelques-uns:
Premier argument:
L'existence est la conséquence de la COMPOSITION d'éléments simples. Posons-nous
la question:
"Qu'est-ce qui est à l'origine de cette COMPOSITION? Trois cas peuvent se présenter:
1. La composition est due au hasard;
2. La composition se fait d'elle-même, en tant que propriété inhérente des composants;
3. Il y a une VOLONTÉ qui régit cette composition.
Etudions chaque cas:
1er cas: Impossible à envisager. Car, dire que la composition se fait au hasard,
c'est dire qu'il y a un effet ne demandant pas l'existence d'une cause: hypothèse
impossible à admettre par la science.
2e cas: Supposons que cette propriété appelée COMPOSITION soit une propriété
inhérente des éléments. Comme, par exemple l'attraction est une propriété inhérente
de l'aimant, ou l'émanation de la chaleur est une propriété inhérente du feu.
Mais l'attraction accompagne toujours l'aimant: il y a aimant, il y a attraction,
le contraire c'est-à-dire la répulsion est impossible. De même la chaleur accompagne
toujours le feu; il y a le feu, il y a l'émanation de la chaleur, le contraire
c'est-à-dire l'émanation du froid est impossible.
Si donc nous supposons que la composition est une propriété inhérente des éléments,
elle doit toujours accompagner les éléments et le contraire est alors impossible,
c'est-à-dire que la décomposition serait alors impossible.
Or précisément nous voyons que la décomposition non seulement n'est pas impossible,
mais que toute composition est tôt ou tard suivie de décomposition. Il reste
donc la 3e hypothèse à admettre, c'est-à-dire qu'il y a une VOLONTÉ qui régit
cette composition, cause de l'existence.
Cette volonté qui régit le monde de l'existence, cette volonté dont on ne connaît
pas l'essence, ni le mécanisme précis d'intervention est appelé VOLONTE DIVINE.
Deuxième argument:
En étudiant le monde de l'existence nous voyons que tout effet a une cause.
Si les plantes poussent, c'est à cause des pluies, les pluies tombent à cause
des nuages, les nuages se forment à cause de l'évaporation des eaux de mer,
l'évaporation des eaux de mer se fait à cause de la chaleur du soleil etc. jusqu'à
ce qu'on arrive à une cause que nous sommes forcés d'admettre comme ULTIME.
Or cette cause ultime si nous supposons qu'elle est matérielle, devient automatiquement
effet; et comme tout effet a une cause, elle cesse d'être ultime, ce qui est
contraire à notre hypothèse sur la nature matérielle de cette cause. Cette cause
ultime est donc immatérielle. Cette Cause ultime immatérielle invisible qui
échappe à nos sens nous conduit à l'idée de Dieu.
Troisième argument:
Chaque fois qu'on est en présence d'un organisme composé de différentes parties
agissant de façon bien ordonnée pour garantir le fonctionnement harmonieux de
cet organisme on est forcé d'admettre l'existence d'un agent coordinateur.
À titre d'exemple, citons l'organisme humain dont chaque membre fait ce qu'il
doit faire dans une mesure bien déterminée et en conformité avec le fonctionnement
des autres membres afin que l'ensemble assure notre vie. Ainsi la bouche secrète
la salive autant qu'il en faut pour transformer l'amidon des aliments en sucre
assimilable par l'organisme.
Si la bouche en sécrétait moins, on souffrirait de troubles digestifs. Mais
la bouche secrète exactement autant qu'il en faut pour le fonctionnement de
notre organisme. Il en va de même en ce qui concerne le suc gastrique et bien
d'autres sucs du tube digestif qui sont sécrétés dans une mesure strictement
déterminée et bien coordonnée avec les autres. En bref, on se voit en présence
d'une coordination parfaite dans le fonctionnement des parties de notre organisme.
Il doit donc y avoir un agent coordinateur qu'on appelle l'âme humaine. Où se
trouve cette âme? Quelle est son essence? Quel est le mécanisme précis de son
intervention? On n'en sait rien, mais on est forcé de croire en son existence.
Il en est de même en ce qui concerne cet organisme grandiose qu'on appelle univers,
où chaque partie fait ce qu'elle doit faire dans une mesure bien déterminée
et bien coordonnée avec le fonctionnement des autres parties. Ainsi, par exemple,
la terre tourne autour de son axe avec une vitesse bien déterminée. Il en résulte
le jour et la nuit. Si la terre tournait dix fois plus lentement, les jours
deviendraient dix fois plus longs et la chaleur du soleil brûlerait notre végétation.
Et la vie deviendrait impossible. Mais la terre tourne à une vitesse convenant
à la vie.
Il en est de même du soleil qui maintient notre existence par ses radiations.
S'il se trouvait à une distance supérieure ou inférieure à sa réelle distance,
et bien, suivant le cas, il nous enverrait moins ou plus de radiations, et,
par conséquent, nous gèlerions ou nous serions grillés. Mais le soleil nous
envoie ses radiations autant qu'il nous en faut pour maintenir notre existence.
Ainsi la terre et le soleil, pour ne citer que deux exemples parmi une infinité
d'autres, accomplissent scrupuleusement leur tâche et, d'une manière parfaitement
coordonnée pour que la vie devienne possible. Il doit donc y avoir un Agent
Coordinateur.
Cet Agent Coordinateur est Dieu. Son existence est donc indéniable peu importe
si Son essence nous échappe.
Dans Sa Lettre au Professeur Forel, `Abdu'l-Baha expose bien d'autres arguments
pour démontrer scientifiquement l'existence de Dieu. je me suis contenté d'en
énumérer juste trois afin d'avoir le temps de répondre à cette question qu'on
se pose toujours à savoir:
Dieu est-Il intervenu une fois pour créer le monde de l'existence avec ses lois
régissant l'évolution ou bien continue-t-Il d'intervenir dans ce processus qu'on
appelle ÉVOLUTION?
Selon les enseignements baha'is il y a deux sortes d'ÉVOLUTION. Une évolution
lente qui suit son cours normal. C'est le cas de l'ÉVOLUTION PHYSIQUE que ce
soit du monde animal ou du monde humain.
Ainsi l'homme, par exemple, il y a des millions d'années n'avait pas la forme
harmonieuse et la grâce qu'il possède maintenant. Et ce n'est qu'au cours des
millions d'années et suivant une loi préétablie que l'homme est arrivé à la
condition d'aujourd'hui.
Mais il y a un autre genre d'évolution qui est particulier à l'espèce humaine.
Cette évolution est spontanée et d'ordre moral. C'est ce que les savants matérialistes
appellent MUTATION.
A titre d'exemple, je prends le cas du phénomène qui a pris naissance en Arabie
il y a 14 siècles.
Les Arabes de cette époque étaient tout ce qu'il y a de plus sauvages, tellement
sauvages que parmi eux il y avait des tribus qui enterraient vivants les nouveau-nés,
si c'étaient des filles.
Et après l'apparition du Messager de Dieu (Muhammad) ce même peuple subit une
telle transformation spontanée, une telle mutation qu'il devint le fondateur
d'une merveilleuse civilisation, laquelle en son temps a exercé son influence
sur la civilisation occidentale (ceci par ses découvertes dans le domaine scientifique).
Disons-le tout de suite: cette intervention de Dieu dans le processus de l'évolution
ne se fait pas uniquement parmi les peuples arriérés. Dieu intervient chaque
fois qu'il y a une dégradation morale, une crise dont le monde ne peut pas sortir
par ses propres moyens.
Ainsi, par exemple, il y a deux mille ans, les Romains scientifiquement étaient
très avancés, mais moralement tout ce qu'il y a de plus corrompus. La soi-disant
civilisation romaine était condamnée à s'effondrer. Il a fallu qu'une autre
civilisation la remplace. Et cette nouvelle civilisation ne pouvait pas être
fondée par la main de l'homme. C'est alors que Dieu est intervenu par sa Révélation
dans la personnalité de Jésus-Christ, qui a fondé une civilisation sans précédent,
civilisation à la fois spirituelle et matérielle.
Et nous arrivons à notre siècle où nous sommes témoins d'une crise qui est cette
fois à l'échelle mondiale (et non pas à une échelle limitée comme dans le passé).
L'éminent penseur Golfus écrit: "La crise actuelle est profonde et des plus
dangereuses. Si une vérité nouvelle ne luit pas pour nous indiquer le chemin
à suivre, si aucun changement radical n'intervient sous peu, l'homme est irrémédiablement
perdu."
Faut-il croire que Dieu nous a oublié? Faut-il croire que Dieu nous a "mis entre
parenthèses?" Qu'est-ce que j'entends par l'expression "mis entre parenthèses"?
Il y a une petite histoire qui en est à l'origine.
A Maryland, un jour on a décidé de modifier la formule du serment des fonctionnaires
de façon à donner satisfaction à la fois aux croyants et aux non-croyants.
La nouvelle formule était ainsi conçue: "je jure (devant Dieu) de respecter
la Constitution..." Il était entendu que ce qui était entre parenthèses pouvait
être supprimé lors du serment, qu'on n'en souffle pas mot, qu'on l'oublie totalement.
Le lendemain, plusieurs membres de l'assemblée reçurent le télégramme suivant:
"Envisage de mettre Maryland entre parenthèses." Signé Dieu.
Nous chers amis, Dieu ne nous a pas "mis entre parenthèses". Dieu ne nous a
pas oubliés. Si l'humanité dans sa majorité ne croit pas en Dieu, Dieu croit
en l'humanité.
Et une fois de plus, Il est intervenu dans le processus de l'évolution de l'humanité
sous le nom de la Révélation baha'ie, Révélation dont tous les principes sont
unanimement reconnus comme la base d'une nouvelle civilisation, une civilisation
mondiale, peu importe, vu la gravité de la crise actuelle, si son application
pratique peut sembler une utopie aux yeux des sceptiques.
N'en fut-il pas de même à la naissance de la Révélation judaïque qui a mis 5
siècles pour fonder pratiquement la civilisation judaïque?
N'en fut-il pas de même à la naissance de la Révélation chrétienne qui a mis
3 siècles pour fonder pratiquement une nouvelle civilisation, la civilisation
chrétienne?
Quant à la Foi baha'ie, à peine après un siècle, elle est déjà représentée à
l'O.N.U. comme une institution non-gouvernementale consultative, et le nom de
Baha'u'llah (Fondateur de la Foi baha'ie) figure au calendrier de l'O.N.U. à
côté des Fondateurs des grandes religions telles que Bouddha, Moïse, jésus et
Muhammad.
Une bonne année ne s'annonce-t-elle pas par son printemps?