Le courage d'aimer
Shoghi Ghadimi

8. Vivre et aimer ne font qu'un
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8.2. Quelle épreuve, ce langage imagé

Qu'est-ce que tu fais, papa?", demande une petite fille à son père qui était pasteur.

"J'écris un sermon pour dimanche prochain".

"D'où est-ce que tu sais ce que tu dois écrire?"

"Dieu me le dit".

"Papa, si c'est Dieu qui te le dit, pourquoi alors effaces-tu constamment ce que tu écris?"

Cette histoire nous rappelle tout ce qui a été écrit et effacé par les différents auteurs concernant l'Apocalypse de St. Jean. Si ces écrits ont été effacés c'est que les événements ont démenti les interprétations qu'ils donnaient anticipativement.

La raison en est bien simple: l'Apocalypse étant d'origine divine, il n'y a que dans une source d'origine divine qu'on peut en trouver l'interprétation. Ce qui est précisément le cas de la révélation baha'ie, dans les Écrits de laquelle on trouve l'interprétation du langage imagé de l'Apocalypse.

Combien ces interprétations correspondent à la vérité et sont justifiées par le temps, c'est ce que nous allons voir en étudiant ce soir deux chapitres seulement de l'Apocalypse.

Si, généralement, le nom de cet ouvrage reste comme le symbole d'allégories obscures et effrayantes, ce n'est pas le cas pour les baha'is. Car grâce à leurs Écrits ils ont l'explication de toutes les allégories ; et non seulement ils ne sont pas effrayés par les prédictions de ce livre, mais, bien au contraire, ils y voient l'annonce de la Bonne Nouvelle du Jour Promis.

St. Jean commence le quatrième chapitre de son livre en disant: "Après cela, je regardai, et voici, une PORTE était ouverte dans le CIEL". Ap. 4/1.

Selon l'interprétation baha'ie le ciel est le symbole de tout ce qu'il y a de plus élevé. C'est une allusion au monde divin. De même que toutes les bontés matérielles: l'eau, la lumière, la chaleur... viennent du ciel, toutes les bontés spirituelles viennent du monde divin.

Cette interprétation du terme ciel est confirmée par cette parole de Jésus qui dit qu'il est descendu du ciel. (Jean 6/51). En effet, on sait bien que Jésus en tant qu'homme est venu du sein de Marie, mais en tant que messager de Dieu il est venu du monde divin.

Que signifie le terme la PORTE?

Pour comprendre le mot CIEL nous avons eu recours au langage imagé des Écritures. Logiquement nous devons en faire autant pour comprendre la signification du mot PORTE.

Ouvrons donc la Bible. Nous y trouvons cette parole de Jésus qui dit:

"Je suis la porte". (Jean 10/9).

Jésus en tant que messager de Dieu s'attribue le titre de LA PORTE. Par conséquent lorsque St. Jean parle d'une PORTE ouverte dans le CIEL, il entend un messager de Dieu comme Jésus.

Mais il ne peut s'agir de Jésus lui-même, étant donné qu'en réalité ce n'est pas St. Jean qui parle, mais c'est Jésus qui dicte à St. Jean cette prophétie concernant " des choses qui doivent arriver". De plus il est parlé d'UNE Porte et non de LA Porte.

Ce messager de Dieu c'est le Bab précurseur de la foi baha'ie. St. Jean, par la suite, à sept reprises prédit la date de son apparition. (Ce qui fera l'objet d'une autre conférence).

Remarquons que le mot même LE BAB traduit en français signifie LA PORTE.

Qu'est-ce que le Bab voulait exprimer par ce terme?

A ce propos le Professeur E. G. Brown écrit

"Il voulait exprimer par le terme "Bab" qu'il était la "Porte", la voie d'accès de la grâce menant à un certain Etre encore caché derrière le voile de Gloire...". Et c'est ce que précisément on peut déduire des révélations ultérieures de St. Jean, qui continue ses prédictions en disant

"La première voix que j'avais entendue, comme le son d'une trompette, et qui me parlait, dit: Monte ici, je te ferai voir ce qui doit arriver dans la suite". (Ap. 4/1).

Le terme " le son de la trompette " souligne de plus qu'il s'agit d'une révélation divine. Nous en avons la confirmation dans cette parole de St. Paul

"Le Seigneur lui même... au son de la trompette de Dieu descendra du ciel". (Thés. 4/16).

Ce " son de la trompette " invite St. Jean à monter par la PORTE, c'est-à-dire à reconnaître le rang du Bab pour voir " quelqu'un assis sur le trône et ayant l'aspect d'une pierre de jaspe et de sardoine"

"Et voici, il y avait un trône dans le ciel, et sur ce trône quelqu'un était assis". (Ap. 4/2).

Voyons qui est ce "quelqu'un".

Le trône est le symbole de la souveraineté. C'est le synonyme du rang du messager de Dieu, le Roi spirituel (Titre que Jésus s'est attribué). Il s'agit donc d'un messager de Dieu.

Et quelles étaient les caractéristiques de ce messager de Dieu qui était assis sur le trône?

"Celui qui était assis avait l'aspect d'une pierre de jaspe et de sardoine ; et le trône était environné d'un arc en ciel semblable à de l'émeraude". (Ap. 4/3).

Le jaspe a la couleur du sang, et le sang est le symbole de la force. Ne dit-on pas que Jésus par le sang a délivré l'homme du péché, ce qui signifie que Jésus par sa force spirituelle a permis à l'homme de se débarrasser de ses vices, car l'homme est trop faible pour y parvenir seul sans le recours de cette force.

Dire que l'homme assis sur le trône avait l'aspect d'une pierre de jaspe, c'est-à-dire qu'il avait la même force que Jésus. Quant à la sardoine, c'est une pierre qui se compose de deux couleurs: rouge et blanche. Le rouge symbolise la force et le blanc - la pureté (la moindre tache se voit sur le fond blanc).

Le blanc rayonnant de sa personne signifie que sa doctrine présente la même pureté que celle de Jésus (ou de ses prédécesseurs).

Donc ces deux caractéristiques (le rouge et le blanc) de l'Homme assis sur le trône expriment le fait qu'il s'agit bien d'un messager de Dieu.

Et ce qui confirme cette interprétation du blanc et du rouge, c'est que plus loin (Ap. 7/14) il est dit concernant les élus de Dieu: "ils ont des robes blanchies par le sang". Mais le sang n'est pas blanc pour blanchir, tandis qu'il est logique de dire que la force spirituelle nous blanchit, nous purifie de nos défauts.

Mais il y a une autre interprétation du blanc qui n'est pas moins importante. C'est que dans le blanc il y a sept couleurs (rouge, orange, jaune, vert, blanc, indigo, violet). Et nous en voyons le mystère dans le fait que, selon St. Jean

"Le trône était environné d'un arc-en-ciel semblable à de l'émeraude". or l'arc-en-ciel se compose de sept couleurs, chaque couleur symbolisant une force spirituelle. Cela revient à dire que vers le trône convergent les sept forces spirituelles, ou les sept religions existantes (sabéenne, hindouiste, judaïque, zoroastrienne, bouddhiste, chrétienne, islamique).

D'après cette interprétation la doctrine du messager en question doit être le point de convergence de toutes les religions. (A remarquer que le Larousse du XXe siècle en parlant du " baha'isme " présente cette religion comme l'aboutissement de toutes les autres).

St. Jean dit que l'arc-en-ciel était semblable à de l'émeraude. Etant donné que physiquement l'arc-en-ciel n'est pas vert, il ne peut s'agir que d'un langage imagé, dont nous allons chercher la signification.

L'émeraude par sa couleur verte symbolise la verdure, et la verdure - le retour du printemps. Par conséquent, si ce qui entourait le trône évoquait la verdure, le printemps, c'est qu'avec ce " Trône" (ce Messager) on sera en présence du Printemps, Printemps spirituel (comme les sept Printemps spirituels qui l'ont précédé).

Cette interprétation est confirmée par la suite de la vision de St. Jean qui dit:

"Devant le trône brûlaient sept lampes ardentes qui sont les sept esprits de Dieu". (Ap. 4/5).

En effet, de quelles sept lumières spirituelles pourrait-il s'agir si ce n'est que de sept lumières spirituelles dégagées par les sept religions que nous avons déjà mentionnées.

D'ailleurs St. Jean ne nous laisse pas le moindre doute puisqu'il dit que c'était les sept esprits de Dieu. Or Dieu n'a pas sept ou huit esprits ; Il ne s'agit que d'un seul esprit qui s'est manifesté à sept reprises par les sept religions apparues jusqu'au Jour promis.

Mais il est temps de répondre à cette question: Qui est cette personne assise sur le trône, cette personne que la Porte (Le Bab) a fait voir à St. Jean dans sa vision?

Qui est cette personne qui " ressemble à un Fils d'Homme" (Ap. 1/13) donc à Jésus, puisque le Fils d'Homme c'est le titre de Jésus?

Qui est cette personne qui est comme le jaspe, donc dotée de la même puissance que Jésus?

Qui est cette personne, ce messager de Dieu, dont la religion se présente aux yeux des historiens impartiaux comme l'aboutissement de toutes les autres religions?

Cette personne, ce messager de Dieu ne peut être que BAHA'U'LAH, Fondateur de la foi baha'ie, dont le précurseur était précisément le Bab.

Ce qui est remarquable c'est que non seulement la Bible par ses prophéties confirme cette revendication, en présentant à ses lecteurs, pour ainsi dire, la carte d'identité de Baha'u'llah avec toutes ses caractéristiques, mais qu'en plus dans toutes les Écritures nous trouvons des prophéties identiques confirmant toujours qu'il s'agit bien de Baha'u'llah. Mais ce ne sont pas ces prophéties qui font l'objet de mon exposé de ce soir. On en parlera à une autre occasion.

Pour le moment poursuivons notre étude de l'Apocalypse.

Au fur et à mesure que St. Jean raconte sa vision, il nous donne des détails de plus en plus intéressants.

"Autour du trône je vis vingt-quatre trônes et sur ces trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs" (Ap. 4/4).

Encore le blanc qui intervient.

Mais qui sont ces vingt-quatre vieillards? A ce propos `Abdu'l-Baha dit :

"Dans chaque cycle les élus et les saints ont été au nombre de douze. Au temps de Jacob il y avait ses douze fils ; au temps de Moïse il y avait douze têtes ou chefs de tribu ; au temps du Christ, les douze Apôtres; au temps de Muhammad, les douze Imams. Mais dans cette Manifestation glorieuse il y avait vingt-quatre individus, le double de toutes les autres, car la grandeur de cette Manifestation l'exige". ("Les Leçons de Saint-Jean d'Acre")

Une mise au point. Quand `Abdu'l-Baha souligne la grandeur du message Baha'i, il laisse entendre la grandeur du rang de l'homme d'aujourd'hui. Car la grandeur d'un message est en fonction de la grandeur de son destinataire. L'homme d'aujourd'hui n'est plus l'enfant d'il y a deux mille ans, il entre dans le stade de sa maturité.

Après cette mise au point revenons aux révélations de St. Jean qui écrit

"Au milieu du trône et autour du trône il y avait quatre animaux qui rendaient gloire et honneur et action de grâce à celui qui était assis sur le trône". (Ap. 4/7-9).

Selon `Abdu'l-Baha il s'agit des quatre premiers dirigeants qui se lèveront pour propager la Cause de Baha'u'llah (Voir "New Keys to the Book of Revelations").

La suite des révélations de St. Jean donne plus de précisions sur le Bab et Baha'u'llah.

"Puis je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône un livre scellé de sept sceaux". (Ap. 5/1).

Le livre scellé de sept sceaux c'est la Parole de Dieu révélée par les sept fondateurs de religion. Cette parole devait rester scellée jusqu'au " Jour promis", c'est-à-dire jusqu'aujourd'hui.

La Bible le dit clairement:

"Toi Daniel, tiens secrètes ces paroles et scelle le livre jusqu'au temps de la fin". (Dan. 16/4).

Et qui avait le pouvoir d'ouvrir les sceaux?

Selon St. Jean:

"Le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a le pouvoir d'ouvrir le livre et les sept sceaux". (Ap. 5/5).

Il ne peut pas s'agir de Jésus lui-même. D'abord parce que le véritable auteur de cette prédiction c'est Jésus qui dévoile l'avenir. Et puis Jésus n'ayant utilisé que le langage imagé a promis le langage ouvert pour un autre Jour. Le temps n'est il pas arrivé pour qu'on nous tienne le langage ouvert?

Une fois de plus nous voyons qu'il ne peut s'agir que de Baha'u'llah qui était précisément descendant d'Abraham (donc " Rejeton de David"). Et puis c'est Baha'u'llah qui a fait ouvrir le sceau d'abord (Et plus tard par ses propres Écrits) par son précurseur le Bab, ce que St. Jean prédit en précisant que le livre a été remis à " l'Agneau immolé"

"Et je vis au milieu du trône... un agneau qui était comme immolé... Il prit le livre. (Ap. 5/6-7).

Cet agneau ne pouvait pas être Jésus pour les mêmes raisons que nous avons déjà mentionnées.

Cet agneau c'est le Bab, qui a inauguré l'Ere Nouvelle en l'an 1260 de l'Hégire, cette date que St. Jean prédit à sept reprises dans ses révélations. Et le Bab a du sacrifier sa vie, comme Jésus-Christ, et pour les mêmes raisons que lui. Seulement le Bab, comme l'Apocalypse l'avait prédit, a été le premier à tenir le langage ouvert. Et il était bien temps pour une humanité destinée cette fois, à s'unir à n'importe quel prix. Cette union implique l'abandon de toutes les causes de la division. Or parmi ces causes il faut citer l'interprétation erronée du langage imagé.

A titre d'exemple nous en citons deux, celui de la résurrection et du paradis, dont le Bab a donné l'interprétation dans les Écrits.

Selon le Bab, par la résurrection il faut entendre la résurrection spirituelle, autrement dit lorsque les qualités spirituelles telles que l'amour, la justice, la charité, reprennent vie chez l'individu, celui-ci ressuscite. Autrement, vivre dans la haine, la tyrannie, la soif de vengeance... ce n'est pas une vie, c'est la mort. Et de ce point de vue on ressuscite par la foi.

Notons en passant que cette interprétation est confirmée par ce que dit St. Paul en s'adressant aux Colossiens convertis au christianisme

"Vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi". (Colis. 2/11).

Quant à l'interprétation du terme paradis, selon le Bab, ce n'est pas un lieu où l'on va après la mort. C'est un état d'esprit qu'on arrive à acquérir par l'amour de Dieu, lequel amour, implique l'amour du prochain.

Qu'est-ce que l'amour du prochain? Qui est notre prochain? Ce sera l'objet d'une autre conférence.

Pour le moment étant donné que nous nous aimons les uns les autres, nous n'allons pas attendre la mort pour voir le paradis, ou bien, pour ressusciter à " la fin des temps", nous sommes déjà ressuscités, et nous sommes au paradis, voilà la conception Baha'ie.

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