Le courage
d'aimer
Shoghi Ghadimi
9. La mesure de l'amour est l'amour
sans mesure
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9.9. Baha'u'llah
On nous demande souvent l'origine du mot
BAHA'I.
Le mot BAHA'I vient du nom BAHA - fondateur de la foi baha'ie, le suffixe "I"
étant un suffixe oriental dont l'équivalent en français c'est "ISTE". C'est
d'ailleurs la raison pour laquelle dans le passé au lieu de dire BAHA'I on disait
BAHA'ISTE.
Mais étant donné que par la suite il y a eu une infinité de mouvements inventés
par des humains, mouvement dont le nom se terminait par "ISME", et celui de
leurs adeptes par "ISTE", afin de faire une distinction bien nette entre d'une
part ces mouvements et d'autre part la foi baha'ie qui est d'origine divine,
on a préféré le suffixe "I" au suffixe "ISTE".
Le nom complet du fondateur de la foi baha'ie est BAHA'U'LLAH, ce qui traduit
en français, veut dire "La Gloire de Dieu".
A priori ce nom devait être prédit par les Écritures du passé, puisque la Bible
dit:
"Le Seigneur de l'Éternel ne fait rien sans avoir révélé son secret à ses serviteurs,
les prophètes". Amos 3/7
Et ce nom ("La Gloire de Dieu") est mentionné à maintes reprises dans la Bible,
soit en parlant de la Révélation du Jour, soit en relation avec le salut des
enfants d'Israël et leur retour en Terre Sainte au Jour promis.
Ainsi, par exemple on y lit:
"Alors la Gloire de l'Éternel sera révélée" Esaïe 40/50
ou bien:
"Ils verront la Gloire de l'Éternel" Esaïe 35/2
"Il viendra lui-même, il vous sauvera" Esaïe 35/4
Le messager promis dont l'avènement doit coïncider avec le retour des enfants
d'Israël en Terre Sainte ne peut être appelé que "La Gloire de Dieu".
Ceci dit voyons s'il y a dans la Bible des prophéties concernant le lieu de
naissance de la Révélation baha'ie.
Or la Révélation baha'ie a eu comme précurseur le Bab, né dans cette province
de l'Iran qui dans le passé s'appelait Elam.
Et la Bible dit: "Je placerai mon trône en Elam" Jérémie 49/38
Ce qui signifie que le message annonçant le règne de Dieu sur terre se fera
entendre de l'Iran.
Et Baha'u'llah lui-même est né en Iran et c'est encore dans ce pays qu'il a
reçu la mission divine d'inaugurer l'ère de la fraternité universelle qui est
la volonté même de Dieu, donc l'ère du règne de Dieu sur terre.
Quant à la généalogie de Baha'u'llah il descendait d'Abraham.
Étant le fils d'un ministre iranien, il commença sa vie au milieu de la félicité
et du bonheur les plus complets. IL ne fréquenta aucun savant, ni aucun théologien,
ce qui n'empêche que, plus tard, dans une centaine d'ouvrages il manifesta un
savoir extraordinaire aussi bien dans le domaine de la science que dans celui
de la religion.
Il avait vingt-deux ans quand son père mourut, et le gouvernement voulut qu'il
succède à son père dans les fonctions de ministre d'Etat. Mais il déclina l'offre,
et le Premier Ministre dit: "Cette position est indigne de lui. Je ne peux le
comprendre, mais je suis convaincu qu'il est destiné à quelque haute mission.
Ses pensées sont différentes des nôtres. Laissez-le".
A l'âge de vingt-sept ans, après avoir lu les Écrits du Bab (son Précurseur)
il adhéra à sa Cause et devint l'un de ses promoteurs les plus puissants et
les plus intrépides.
Sur l'ordre des mullas il fut arrêté et jeté en prison. Cet emprisonnement fut
de courte durée, car plusieurs ministres intervinrent en faveur de sa libération.
Ce qui lui permit de prendre une part encore plus active dans la lutte contre
le fanatisme et les préjugés.
Il fut de nouveau arrêté et cette fois condamné à mort, encore par les mullas.
C'était sa première condamnation à mort. Excités par le clergé, les habitants
s'amassèrent en foule autour de la mosquée. Les charpentiers apportèrent leurs
scies et leurs marteaux, les bouchers vinrent avec leurs couteaux, les maçons
portaient leurs pelles sur l'épaule et tous avec l'intention de participer à
l'honneur de le tuer.
Furieux de leur échec après l'interrogatoire de Baha'u'llah, les mullas décidèrent
de le soumettre au supplice de la bastonnade, avant de le livrer à la populace.
Mais ne voulant pas que cette sentence de mort soit exécutée dans une province
dont il avait la responsabilité le gouverneur envoya Baha'u'llah sous escorte
à Tihran.
A Tihran, Baha'u'llah fut emprisonné dans un cachot souterrain (une répugnante
fosse où la lumière du jour ne pénétrait jamais) les pieds dans les fers et
une lourde chaîne placée autour de son cou. Cette chaîne était tellement lourde
qu'elle blessa son cou et Baha'u'llah en porta les traces toute sa vie.
Entouré d'une centaine d'assassins et de voleurs Baha'u'llah resta pendant quatre
mois dans cette fosse, durant lesquels il a tellement souffert que ses cheveux
devinrent tout blancs. Et dire qu'il n'avait alors que trente ans.
C'est dans l'obscurité de ce cachot que l'Esprit symbolisé dans l'Évangile par
la colombe, descendit sur lui, le chargeant de la mission d'éduquer les hommes
afin qu'ils arrivent à s'unir à l'échelon planétaire.
Si cet Esprit descendit sur Bouddha dans la forêt, sur Moïse au pied d'une montagne,
sur Jésus au bord d'une rivière, sur Muhammad dans le désert, ce même Esprit
descendit sur Baha'u'llah dans les ténèbres d'un cachot.
Ne pourrait-on pas y voir un symbole des ténèbres morales de son époque, ténèbres
sans précédent à travers toute l'histoire de l'humanité. Ce que l'historien
Carlyle exprime en disant:
"Un siècle qui n'a pas d'histoire et ne pouvait guère en avoir. Le siècle le
plus riche en mensonges". ("Frédéric le Grand" Tome 1).
Remarquons que c'est dans cette prison qu'on tenta d'empoisonner Baha'u'llah,
mais en dehors des souffrances qu'il a éprouvées, le poison n'eut sur lui aucun
effet néfaste.
Sorti de la prison en 1853 Baha'u'llah fut exilé avec sa famille à Baghdad.
A cette époque personne ne connaissait rien sur la mission dont Baha'u'llah
venait d'être chargé, car à l'exemple de ses prédécesseurs (Jésus et Muhammad)
il ne l'a pas révélée immédiatement.
L'exil à Baghdad a duré onze ans. Pendant cette période Baha'u'llah eut à subir
de cruelles persécutions, guetté à tout instant par la haine acharnée de ses
ennemis.
IL supporta tous ces tourments avec la plus parfaite sérénité. Souvent quand
il se levait le matin il ignorait si le soleil à son coucher le trouverait en
vie.
Ce fut pendant cette période qu'il se retira seul dans les montagnes pour se
recueillir et reprendre la force spirituelle nécessaire pour poursuivre son
oeuvre. Cette retraite dura deux ans.
A son retour, sa renommée grandit plus que jamais, et les gens originaires de
toutes les religions affluèrent pour l'entendre.
Les ecclésiastiques musulmans décidèrent alors de lui lancer un défi en lui
demandant de produire un miracle. A leur délégué Baha'u'llah dit :
"Bien que vous n'ayez nul droit de demander cela, car c'est à Dieu d'éprouver
ses créatures, et non pas aux créatures d'éprouver Dieu, j'accepte cette demande.
Que les ulamas (Clergé islamique) se réunissent et choisissent un miracle d'un
commun accord, puis qu'ils certifient par écrit qu'une fois ce miracle accompli,
ils ne nourriront aucun doute à mon égard et attesteront la vérité de ma Cause".
A noter que c'était la première fois qu'un messager de Dieu acceptait de produire
un miracle.
Même Jésus à qui on attribue tant de miracles (miracle qu'il produisait uniquement
par bonté(Ce que faisait Baha'u'llah aussi) une fois qu'on lui a demandé cette
preuve de l'origine divine de sa mission, il refusa en disant qu'une génération
perverse demande des miracles.
La réponse courageuse de Baha'u'llah apporta une telle satisfaction au délégué
des ecclésiastiques qu'il se leva instantanément, embrassa le genou de Baha'u'llah
et prit congé pour aller porter sa réponse au clergé.
L'issue de cette démarche des mullas était à prévoir: en effet, comme leur intention
était tout autre que la recherche de la vérité, ils se dérobèrent à cet audacieux
défi. Leur défaite ne fit que les inciter à fomenter de nouveaux complots pour
saper le mouvement à la base.
A leur instigation le Shah de Perse demanda au Sultan de Turquie d'exiler Baha'u'llah
de Bagdad.
Cela se passait en 1863. Et ce fut en cette année, avant de quitter Baghdad
que Baha'u'llah révéla sa mission aux disciples réunis autour de lui. Le jour
de sa déclaration (le 21 avril) est célébré par les baha'is comme la plus grande
fête.
Remarquons que cette déclaration de Baha'u'llah a eu lieu exactement 1290 ans
après la mission divine que reçut Muhammad avant lui.
A noter que ce chiffre 1290 est prédit exactement par Daniel (Voir Daniel 12/11).
Ceci dit, revenons à l'exil de Baha'u'llah.
De Bagdad il fut exilé d'abord à Constantinople, puis à Andrinople, où il fit
sa déclaration publique et universelle.
A Andrinople Baha'u'llah demeura cinq ans et il y a souffert plus que partout
ailleurs, et cette fois, surtout à cause de son demi-frère qui 'a trahi, comme
Judas avait trahi Jésus, avec cette différence que ce dernier se repentit et
se suicida, et ne s'était d'ailleurs pas opposé ouvertement à lui tandis que
le demi-frère de Baha'u'llah tenta même d'empoisonner Baha'u'llah. Une fois
de plus le poison, bien que mortel, ne mit pas fin à ses jours, car il était
prédit par les Écritures qu'il devait vivre quarante ans après avoir été chargé
de la mission divine, et de recevoir pendant quarante ans cette même révélation
divine destinée à donner dans une centaine d'ouvrages, la solution à tous les
problèmes du monde.
D'Andrinople, Baha'u'llah fut exilé à 'Akka (St Jean d'Acre). IL est impossible
de dépeindre toutes les souffrances, toutes les cruautés qu'il a dû subir dans
cette prison, d'où il écrivit à tous les monarques du monde pour déclarer sa
mission et leur exposer succinctement ses principes et ses enseignements.
Au Shah de Perse, il parle surtout de ses souffrances dans l'accomplissement
de sa mission "mes yeux pleurent jusqu'à tremper mon lit" - lui écrit-il. Et
c'est dans la même lettre qu'il lui dit clairement:
"Rassemblez les ulamas (clergé islamique) et convoquez-moi afin que les témoignages
et les preuves puissent être établis".
Et ce fut un autre défi de Baha'u'llah, cette fois lancé à un roi. A remarquer
qu'il a lancé ce même défi au Sultan de Turquie par l'intermédiaire de l'un
de ses fonctionnaires.
Dans sa "Tablette à Napoléon III" il lui demande d'intervenir pour arrêter le
massacre des femmes et des enfants baha'is, tout en ajoutant que c'est Dieu
qui le lui demande.
"S'il est Dieu, je suis deux fois dieu" aurait dit Napoléon III en jetant par
terre sa lettre. Alors Baha'u'llah lui écrit une deuxième lettre où il prédit
à Napoléon III sa chute imminente, prédiction qui ne tarda pas à se réaliser,
ce qui amena le représentant français à 'Akka à devenir l'un des adeptes de
Baha'u'llah.
Vers les dernières années de, sa vie les sévérités de la prison se relâchèrent
et ses portes s'ouvrirent permettant à Baha'u'llah de s'installer à Bahji, non
loin d'Akka.
C'est à Bahji que Baha'u'llah reçut le Professeur Browne de l'Université de
Cambridge, à qui il exposa le but de sa mission.
A propos de cette visite le Professeur en question écrira plus tard:
"Je me prosternais devant celui qui fait l'objet d'une vénération et d'un amour
que les rois lui envieraient et auxquels les empereurs aspireraient en vain."
Et il finira ses impressions en ces termes:
"Que ceux qui les lisent se demandent sincèrement si un être qui professe de
telles doctrines mérite la mort et les chaînes, si le monde doit gagner ou perdre
à leur diffusion".
Baha'u'llah s'éteignit à l'âge de soixante-quinze ans en 1892, c'est-à-dire
quarante ans après avoir reçu la mission divine en tant qu'éducateur de l'humanité
à l'ère de sa maturité.