Le Covenant


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1.7. Rupture de la petite Alliance

Après l'ascension de Baha'u'llah et la lecture du Kitab-i-'Ahd, deux types de personnes, mis a part les ennemis traditionnels de la Foi, se sont levés pour s'opposer a 'Abdu'l-Baha : des membres de la famille de Baha'u'llah et quelques baha'is éminents (149). Ces derniers étaient mus par l'ambition personnelle et le goût du pouvoir : ils espéraient entraîner avec eux une partie des croyants et, à l'instar des autres religions, créer des divisions et des écoles. Notre objectif n'est pas de faire l'historique de la rupture de l'alliance de Baha'u'llah. Les personnages de ces drames ont, depuis longtemps, rejoint les oubliettes de l'histoire ! Notre but est de réunir les textes fondamentaux sur l'Alliance. C'est pourquoi nous ne nous attardons pas trop sur ces âmes perdues (150)

Les membres de la famille réunis autour de Mirza Muhammad-'Ali (151) considéraient la cause de Dieu comme une affaire familiale et le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne comprenaient pas le rang d''Abdu'l-Baha' (152). En 1900, 'Abdu'l-Baha entreprit la construction du tombeau du Bab à l'emplacement indiqué par Baha'u'llah (153). Les briseurs de l'Alliance décidèrent de franchir un pas supplémentaire dans leurs efforts inlassables pour nuire à 'Abdu'l-Baha : ils rapportèrent aux autorités qu"Abdu'l-Baha construisait une forteresse sur le mont Carmel et allait élever l'étendard de la révolte. Ils firent circuler calomnies et rumeurs à tel point que le gouvernement central, alarmé, assigna 'Abdu'l-Baha et sa famille à résidence à 'Akka. La surveillance fut renforcée, les restrictions devinrent plus nombreuses. Selon la confession (154) écrite de Mirza Badi'u'llah' (155) pour parvenir à ce résultat les briseurs de l'Alliance hypothéquèrent le manoir de Bahji, dans lequel ils vivaient, et Mirza Majdu'd-Din alla rencontrer le gouverneur de la province de Syrie, Nazim Pasha, à Damas, chargé de cadeaux, pour qu'il appuie les accusations lancées contre 'Abdu'l-Baha' (156). Le 20 août 1901, au retour de Bahji où il avait célébré la déclaration du Bab (suivant le calendrier lunaire) 'Abdu'l-Baha fut informé par le gouverneur de la ville qu'il ne devait plus quitter les limites de la ville, sur ordre du Sultan. La machination des briseurs de l'Alliance ne les épargnait pas puisqu'eux aussi étaient assignés à résidence dans les limites de la ville d''Akka. Mais, magnanime, 'Abdu'l-Baha intercéda auprès du gouverneur pour que ses demi-frères et son cousin disposent de plus de souplesse et puissent regagner leurs résidences à Bahji et à Tibériade. Ces restrictions durèrent jusqu'en 1908, avec des hauts et des bas, des moments de peine et d'angoisse. En 1907, une nouvelle commission d'enquête vint en Terre sainte. Soudoyée par les briseurs de l'Alliance, elle rédigea un document alarmiste et fallacieux. En 1908, leur cause semblait entendue : Abdu'l-Baha devait être soit déporté soit exécuté, Shoghi Effendi écrit à ce sujet :

Peu après cette inspection (la commission avait inspecté la construction du mausolée du Bab sur les pentes du mont Carmel) on s'aperçut soudain, un soir, au coucher du soleil, que le navire qui était au large de Haïfa avait levé l'ancre et se dirigeait vers 'Akka. La nouvelle que les membres de la commission s'étaient embarqués se répandit rapidement dans la population excitée. On s'attendait à ce qu'il s'arrête assez longtemps à 'Akka pour embarquer 'Abdu'l-Baha et continuer ensuite sa route vers sa destination. La consternation et l'angoisse s'emparèrent des membres de sa famille lorsqu'ils furent informés de l'approche du navire. Les quelques croyants encore présents pleuraient tristement à l'idée qu'ils allaient être séparés de leur Maître. On put voir 'Abdu'l-Baha, à cette heure tragique, en train d'arpenter, seul et en silence, la cour de sa maison.(157)

Le bateau qui devait l'emmener venait de quitter le port de Haïfa pour 'Akka lorsqu'il fit demi-tour pour cingler vers Istanbul : la nouvelle d'un attentat contre la vie du souverain venait d'arriver. Quelques mois après, la révolution des Jeunes Turcs changeait le cours de l'histoire. (158) Le Testament d"Abdu'l-Baha a été écrit durant cette période. Dans la première partie 'Abdu'l-Baha fait allusion à la commission d'enquête:

Le siège gouvernemental de Sa Majesté envoya une Commission d'enquête, laquelle, enfreignant toutes les lois de justice et d'équité qui siéent à Sa Majesté Impériale, voire avec la plus criante injustice, procéda aux investigations.

Dans la seconde partie de son testament 'Abdu'l-Baha ajoute : "je suis maintenant en très grand danger... ( 159) Shoghi Effendi confirme que le Maître écrivit son testament (160) durant cette période.
 
Parallèlement, Mirza Muhammad-'Ali, s'appuyant sur les ambitions d'Ibrahim Khayru'llah, essaya de gagner à sa cause la communauté américaine naissante. Mais en vain. La cité de New York reçut le titre de "cité de l'Alliance" et la communauté américaine devint "le Champion bâtisseur de l'Ordre administratif de Baha'u 'llah" tandis qu'elle recevait la mission historique d'être à l'avant-garde de la conquête spirituelle du monde en recevant les Tablettes du Plan Divin d''Abdu'l-Baha. Il n'est pas question de nier les dures épreuves que cette communauté dut traverser mais d'illustrer la réalisation de cette promesse de Baha'u'llah : dans cette Dispensation l'affirmation l'emporte sur la négation !



NOTES

149. Ce même scénario s'est répété après le déces du Maître.   ñ
150. On peut simplement citer Jamal Burujirdi en Iran et plus tard Ibrahim Khayru"llah en Amérique.  ñ
151. Voir le chapitre "la petite alliance".  ñ
152. Dans son livre, Bihjat'us-Sudur (Le ravissement des coeurs), Haji Mirza Haydar-'Ali rapporte un souvenir qui reflète cela. Il était à 'Akka et devait quitter la ville pour retourner en Iran. Le Maître lui dit d'aller à Bahji pour saluer une dernière fois les autres membres de la famille. Haji se rendit donc à Bahji où il fut retenu a dîner. Après le dîner, Mirza Muhammad-'Ali le convoqua pour un entretien en tête à tête lors duquel il lui demanda s'il ne trouvait pas que lui (Mirza Muhammad-'Ali) avait également hérité des qualités spirituelles de son père (Baha'u'llah) au même titre que le Maître. Haji demanda la permission de répondre franchement et ajouta poliment que les vertus et les qualités de chacun étaient indiscutables, mais qu'il ne pouvait y avoir qu'un seul Centre de l'Alliance. Entendant cela, Mirza Muhammad-'Ali dit : "il se fait tard, il faut aller dormir" et se retira sans autre mot.  ñ
153. En 1891, Baha'u'llah fit sa dernière visite à Haïfa et planta sa tente sur le mont Carmel. C'est à cette période qu'il révéla la Tablette du Carmel et indiqua l'emplacement où le corps du Bab devait avoir son sépulcre définitif. Le 21 mars 1909, le Maître accomplit ce devoir sacré. Cf Dieu passe près de nous, p. 266.  ñ
154. Cette confession à la forme d'une lettre écrite aux baha'is en février 1903. Il confirma le contenu de cette confession en mars de cette même année dans une lettre adressée au Professeur E.G. Browne lequel se trouvait alors au Caire, en ajoutant que tout ce que Mirza Muhammad-'Ali faisait circuler sur 'Abdu'l-Baha était mensonge et calomnie.  ñ
155. Mirza Badi'u'llah ne resta pas longtemps ferme dans l'Alliance et rejoignit son frère Mirza Muhammad-'Ali. Mirza Badi'u'llah mourut en 1950.  ñ
156. Dans Dieu Passe près de nous, p. 254, Shoghi Effendi précise au sujet de cette confession écrite : "... il (Mirza Badi'u'llah) porta témoignage des perfides complots qui furent tramés. "Ce que j'ai entendu dire par d'autres", écrivit Mirza Badi'u'llah, "je veux l'ignorer. Je rendrai compte Seulement de ce que j'ai vu de mes propres yeux, et entendu de sa bouche (Mirza Muhammad-'Ali)".  ñ  Ouvrir le livre Dieu passe près de nous
157. Dieu passe près de nous, p. 260. Voir, pour toute cette période, le chapitre 17 de Dieu passe près de nous. Consulter également 'Abdu'l-Baha de H.M. Balyuzi chap. 7.   ñ  Ouvrir le livre Dieu passe près de nous
158. Lire Sélections des Ecrits d"Abdu'l-Baha extrait n° 188 écrit durant cette période.  ñ  Ouvrir le livre Sélection des écrits d'Abdu'l-Baha
159. Shoghi Effendi est né en 1897. A la fin des restrictions il n'avait donc que 11 ans.  ñ
160. Dieu passe près nous. p. 258. A cette même époque, 'Abdu'l-Baha a écrit une Tablette à Mirza Taqi Afnan, le Vakilu'd-Dawlih (représentant d"Abdu'l-Baha pour la construction de la Maison d'Adoration d"Ishqabad et cousin du Bab) lui donnant les instructions nécessaires pour l'élection de la Maison Universelle de Justice et l'exécution des clauses de son testament au cas où 'Abdu'l-Baha vînt à disparaître. Cf. The Covenant of Baha'u'llah, p. 241, et le chapitre "Les élucidations de la Maison Universelle de Justice" du présent ouvrage.   ñ  Ouvrir le livre Dieu passe près de nous


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