Le Covenant
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5.3. Elucidations de la Maison Universelle de Justice: Cher ami baha'i,
Votre récente lettre dans laquelle vous nous faites
part des questions soulevées par certains jeunes lors de l'étude
de la Dispensation de Baha'u'llah a été soigneusement étudiée
et nous croyons devoir (281)
expliquer le passage particulier que vous mentionnez
ainsi qu'un autre passage du même ouvrage. Car, ils portent tous les deux
sur les rapports entre le gardiennat et la Maison Universelle de Justice.
Le premier passage concerne le devoir du Gardien d'insister
auprès de ses collégues de la Maison Univer- selle de Justice
pour reconsidérer toute loi qu'il croit en désaccord avec la signification
des écrits sacrés et qui s'éloigne de leur esprit. Le second
passage concerne l'infaillibilité de la Maison Universelle de Justice
sans le Gardien, à savoir la déclaration de Shoghi Effendi selon
laquelle "Sans une telle institution ( le gardiennat )... l'inspiration nécessaire
pour définir le champ de l'action législative de ses membres élus
serait entièrement retirée".
Vous indiquez que certains jeunes sont embarrassés
pour concilier le premier de ces deux passages avec les affirmations du testament
d"Abdu'l-Baha selon lesquelles la Maison Universelle de Justice est "exempte
de toute erreur".
De même que le testament d"Abdu'l-Baha ne contredit
en aucune façon le Kitab-i-Aqdas, mais, selon les termes mêmes
du Gardien "confirme, compléte et correspond aux clauses de l'Aqdas",
de même les Ecrits ne contredisent ni la Parole révélée
ni les interprétations du Maître. En essayant de comprendre les
Le Gardien et la Maison Universelle de Justice ont certains
devoirs et fonctions en commun. Ils opèrent La Maison Universelle de Justice, au-delà de sa
fonction de législateur a été investie des fonctions plus
générales de protection et d'administration de la Cause, résolvant
les questions obscures et prenant des décisions sur des sujets qui ont
causé des différends. Nulle part il est dit que l'infaillibilité
de la Maison Universelle de Justice existe en vertu de la participation du Gardien
comme membre ou de sa présence dans cette institution. En vérité
'Abdu'l-Baha dans son testament et Shoghi Effendi dans la "Dispensation de Baha'u'llah"
ont tous deux affirmé de façon explicite que les membres élus
de la Maison Universelle de Justice, en consultation, sont des récipients
de l'inspiration divine infaillible. En outre, le Gardien lui-même dans
l'Ordre mondial de Baha'u'llah a déclaré qu'il doit être
aussi clairement entendu par chaque croyant que l'institution du gardiennat
ne doit en aucune circonstance abroger ou même porter la moindre atteinte
aux pouvoirs accordés à la Maison Universelle de Justice par Baha'u'llah
dans le Kitab-i-Aqdas et à maintes reprises et solennellement confirmés
par 'Abdu'l-Baha dans son testament. Cela ne constitue en aucune façon
une contradiction avec le testament et les écrits de Baha'u'llah et n'annule
aucune de ses instructions révélées ".
Alors que la responsabilité particulière
du Gardien est l'interprétation de la Parole, il est aussi investi de
tous les pouvoirs et prérogatives nécessaires pour remplir sa
fonction de Gardien de la Cause, son chef et son suprême protecteur. Il
a été en outre désigné comme le chef inamovible
et membre à vie du Corps législatif suprême de la Foi. C'est
comme chef de la Maison Universelle de Justice et comme membre de ce corps que
le Gardien prend part à la procédure de la législation.
Si vous considérez le passage qui suit celui qui a suscité votre
question, vous verrez qu'il ne s'oppose pas aux autres textes : "Bien que le
Gardien de la Foi ait été désigné de façon
permanente à la tête d'un corps si auguste, il ne peut jamais,
même temporairement, assumer le droit d'une législation exclusive.
Il doit tenir compte de la décision de la majorité de ses collaborateurs,
mais est tenu d'insister pour leur faire reconsidérer tout décret
qu'il pense, en toute conscience, entrer en conflit avec la signification et
s'éloigner de l'esprit des paroles révélées par
Baha'u'llah ."
Bien que le Gardien, dans ses rapports avec ses collaborateurs
à l'inténeur de la Maison Universelle de Justice doive tenir compte
de la décision de la majorité, il est inconcevable que les autres
membres ignorent une objection exprimée par lui en cours de consultation
ou décident d'une loi contraire à ce qui On geut donc voir qu'il n'y a aucun antagonisme entre
les déclarations du Maître concernant I'inspiration divine infaillible
conférée à la Maison Universelle de Justice et le passage
ci-dessus tiré de la Dispensation de Baha'u'llah.
Les amis pourront peut-être mieux comprendre ce
rapport, s'ils connaissent le processus suivi par la Maison Universelle de Justice
lorsqu'elle légifère. Premièrement évidemment, elle
étudie avec le plus grand soin les textes sacrés et les interprétations
du Gardien et considère les avis de tous ses membres. Après une
longue consultation le processus de rédaction d'un avis est engagé.
Pendant ce processus toute la matière peut être reconsidérée.
Une telle reconsidération conduisant à un jugement final peut-être
tout à fait différent de la conclusion précédente,
ou bien même peut-être à la décision de ne pas légiférer
sur le sujet pour le moment. On peut comprendre la grande attention qui aurait
été accordée aux vues du Gardien durant cette procédure,
s'il avait été en vie.
En considérant le second passage, nous devons
une fois de plus nous en tenir au principe que les ensei- gnements ne se contredisent
pas.
Les Ecrits mentionnent et envisagent clairement de futurs
Gardiens. Mais, il n'y a nulle part de promesse que la lignée des Gardiens
continuera à jamais. Au contraire, il existe des indications claires
sur la possibilité de rupture de cette lignée. Alors que, malgré
cela, les Ecrits insistent à maintes reprises sur l'indestructibilité
de l'Alliance et l'immuabilité du dessein de Dieu pour ce jour.
L'un des passages les plus frappants où il est
envisagé la possibilité d'une telle cassure dans la lignée
des Gardiens se trouve dans le Kitab-i-Aqdas même : " Les dotations de
charité reviennent à Dieu, le Révélateur des Signes.
Nul n'a le droit de s'en emparer sans la permission de l'Orient de la Révélation.
(282).
Aprés Lui, la décision incombe aux Aghsan (283)
( les Branches ) et après eux à la Maison Universelle de Justice,
si elle est alors établie dans le monde, de façon qu'ils puissent
utiliser ces dotations dans l'intérêt des oeuvres exaltées
par cette Cause et de qui leur a été ordonné par Dieu,
le Tout-Puissant, l'Omnipotent. Autrement, les dotations doivent être
reportées aux peuples de Baha qui ne parlent point sans sa permission,
qui n'émettent aucun jugement qui ne soit en accord avec ce que Dieu
a ordonné dans cette Tablette, ceux qui sont les champions de la victoire (284)
entre le ciel et la terre, de sorte qu'ils puissent les utiliser jusqu'au bout
pour ce qui a été décrété dans le Livre sacré
par Dieu, le Puissant, Ie Généreux."
Le décès de Shoghi Effendi en
1957 précipita justement la situation prévue dans ce passage,
en ceci que la lignée des Aghsan se termina avant que la Maison Universelle
de Justice ait été élue. Bien que, comme on le voit, l'arrêt
de la lignée des Aghsan ait été prévu, à
un certain stade, nous ne devons jamais sous- estimer la perte douloureuse dont
la Foi a souffert. Cependant, le dessein de Dieu pour l'humanité demeure
inchangé, et la puissante alliance de Baha'u'llah demeure inébranlable.
Baha'u'llah n'a-t-il pas affirmé catégoriquement : "La main de
l'omnipotence a établi sa Révélation sur une fondation
inattaquable et durable." Cependant qu"Abdu'l-Baha confirme : "En vérité,
Dieu fait ce qu'il Lui plaît, nul ne peut détruire son Alliance,
nul ne peut empêcher sa Grâce, ni s'opposer a sa Cause". "Toute
chose est sujette à la corruption, mais l'Alliance de ton Seigneur continuera
à pénétrer toutes les régions ". "Les épreuves
de chaque dispensation sont en proportion directe avec sa grandeur et comme
jusqu'ici une Alliance si évidente écrite par la Plume suprême
n'a pas été encore faite, les épreuves en sont proportionnellement
plus sévéres... L'agitaüon des violateurs n'est rien de plus
que l'écume de l'océan... cette écume de l'océan
Dans la Foi baha'ie, il y a deux centres d'Autorité
vers lesquels les croyants doivent se tourner car en réalité l'interprète
de la Parole est une extension de ce centre qu'est la Parole elle-même.
Le Livre est la transmission authentique de la parole de Baha'u'llah alors que
l'interprète divinement inspiré est la bouche vivante de ce Livre,
c'est lui et lui seul qui peut, de façon autorisée, définir
la signification du Livre. Ainsi, l'un des centres est le Livre avec son interprète
et l'autre est la Maison Universelle de Justice guidée par Dieu pour
décider de tout ce qui n'est pas explicitement révélé
dans le Livre. Ce modèle formé par les centres et leurs rapports
est visible à chaque phase du développement de la Cause. Dans
le Kitab-i-Aqdas Baha'u'llah demande aux croyants de se tourner après
son décès vers le Livre et vers "Celui que Dieu a désigné,
celui qui est issu de l'Antique Racine". Dans le Kitab-i-'Ahdi ( l'alliance
de Baha'u'llah ) il montre clairement que cette référence concerne
'Abdu'l-Baha. Dans l'Aqdas, Baha'u'llah ordonne aussi l'insti- tution de la
Maison Universelle de Justice et lui confére les pouvoirs nécessaires
pour remplir les fonctions qui lui sont désignées. Le Maître
dans son testament institue explicitement le gardiennat dont Shoghi Effendi
affirme qu'il était clairement anticipé par les versets du Kitab-i-Aqdas,
il réaffirme et élucide l'autorité de la Maison Universelle
de Justice et renvoie les croyants une fois de plus au Livre : "Tous doivent
se tourner vers le Livre le Plus Saint et tout ce qui n'y est pas expressément
mentionné doit être référé à la Maison
Universelle de Justice" et à la fin même du testament, il dit :
"Tous doivent chercher la direction et se tourner vers le Centre de la Cause
et la Maison de Justice. Et celui qui se tourne vers quoi que ce soit d'autre
est en vérité dans l'erreur grave." Les écrits du Gardien et les conseils
qu'il a donnés durant trente-six ans de gardiennat montrent la façon
Le fait que le Gardien ait l'autorité
pour définir le domaine de l'action législative de la Maison Universelle
de Justice n'entraîne pas le corollaire que sans une telle inspiration,
la Maison Universelle de Justice pourrait s'égarer au-delà des
limites de son pouvoir, une telle déduction serait en opposition avec
tous les autres textes se rapportant à son infaillibilité et particulièrement
à la déclaration claire du Gardien selon laquelle la Maison Universelle
de Justice ne pourra et ne voudra empiéter dans le domaine sacré
et préscnt du gardiennat. On doit, cependant, se rappeler que malgré
l'inspiration que les Assemblées spirituelles nationales et locales peuvent
recevoir, si les consultations ont lieu de la manière et dans l'esprit
décrits par 'Abdu'l-Baha, elles ne partagent pas les garanties explicites
d'infaillibilité conférées à la Maison Universelle
de Justice. Celui qui étudie soigneusement la Cause peut constater avec
quel soin le Gardien, après le décès d"Abdu'l-Baha, guida
les représentants élus des croyants dans la construction assidue
de l'Ordre administratif et dans la formulation des constitutions nationales
et locales. (285)
Avec d'affectueux sentiments baha'is.
La Maison Universelle de Justice
280. Lettre
adressée a un nouveau croyant, Messages from Universal House of Justice,
p. 37. (Traduction provisoire). ñ
Lettre du 7 décembre 1969 (280)
Ecrits, nous devons nous rendre compte en premier lieu
qu'il n'y a et qu'il ne peut y avoir de contradic- tions réelles. A la
lumière de cela nous pouvons chercher avec confiance l'unité de
signification qu'ils contiennent.
également à l'inténeur d'une sphère
séparée et distincte. Comme Shoghi Effendi l'a expliqué
: "...il est indubitablement clair et évident que le Gardien de la Foi
a été désigné comme interprète de la Parole
et que la Maison Universelle de Justice a été investie de la fonction
de légiférer sur les sujets non expres- sément révélés
dans les enseignements. L'interprétation du Gardien, agissant à
l'intérieur de sa propre sphère fait autant autorité et
est autant astreignante que les lois de la Maison Universelle de Justice dont
le droit et la prérogative exclusifs sont de se prononcer et de donner
le jugement final sur de telles lois et décrets que Baha'u'llah n'a pas
expressément révélés." Et il continue d'affirmer
: "Aucun ne peut ni ne pourra jamais enfreindre le domaine sacré et prescrit
de l'autre. Aucun ne pourra chercher à dominer l'autorité spécifique
et indubitable dont tous deux ont été investis. Il est impossible
de concevoir que deux centres d'Autorité dont le Maître a décrété
qu'ils étaient tous deux sous la garde et la protection de la Beauté
d'Abha, sous l'abri, la garde et la protection de Sa Sainteté l'Exalté
puissent s'opposer car tous deux sont les véhicules de la m"me inspiration
divine."
devrait être en harmonie avec l'esprit de la Cause.
Après tout, c'est l'acte final délivré par la Maison Universelle
de Justice qui est assuré de l'infaillibilité et non les opinions
exprimées en cours de procédure.
ne peut durer et va bientôt disparaître et
s'évanouir alors que, de l'autre côté, l'océan de
l'Alliance se soulèvera et rugira éternellement". Comme Shoghi
Effendi l'a clairement déclaré : "l'assise rocheuse sur laquelle
cet Ordre administratif est fondé est le dessein immuable de Dieu pour
l'humanité en ce jour". "Cette gemme sans prix de la révélation
divine actuellement encore dans son état embryonnaire, se développera
indivisée et intacte, jusqu'à ce qu'elle embrasse l'humanlté
entière."
Comme le domaine de juridiction de la Maison Universelle
de Justice en matière de législation s'étend à tout
ce qui n'est pas explicitement révélé dans le texte sacré,
il est clair que le Livre lui-même est la plus haute autorité et
délimite le champ d'action de la Maison Universelle de Justice. De même
l'interprète du Livre doit avoir également l'autorité de
définir le domaine de l'action législative des représentants
élus de la Cause.
dont il exerçait cette fonction en relation avec
1a Maison Universelle de Justice ainsi que les Assemblées
spirituelles nationales et locales.
Nous espérons que ces éclaircissements vont
aider les amis à comprendre ces rapports avec plus de net-
teté, mais nous devons tous nous rappeler que nous
nous trouvons trop près des débuts du système or-
donné par Baha'u'llah pour pouvoir comprendre complètement
ses potentialités ou les rapports récipro-
ques de ses parties constituantes. Comme le secrétaire
de Shoghi Effendi l'écrivait de sa part à un croyant, le 25 mars
1930 : "le contenu du testament du Maître dépasse de loin la compréhension
de la génération présente. Il faut au moins un siècle
de travail réel avant que les trésors de la sagesse qui y sont
cachés puissent être révélés ".
NOTES
281. Référence
au testament d''Abdu'l-Baha qui stipule que la Maison Universelle de Justice
doit éclaircir et élucider les questions obscures. ñ
282. La Manifestation
de Dieu. ñ
283. Les
branches issues de l'Antique Racine : le Maître et Shoghi Effendi.
ñ
284. Shoghi
Effendi a qualifié les Mains de la cause de Dieu d'Officiers de haut
rang de l'armée de lumière durant la Croisade de Dix Ans.
ñ
285. Les
constitutions locales et nationales, autrement dit les statuts des ASN et des
ASL, ont été adoptées pour la première fois par
l'ASN des baha'is des Etats-Unis et du Canada. Dans "The Baha'i World" vol.
IV (1930-1932) p.158, on pcut voir les statuts de l'ASL de New York enregistrés
le 31 mars 1932. Dans "The Baha'i World", vol II (1926-1928) p.89, on peut consulter
les statuts de l'ASN des Etats-Unis et du Canada tels qu'adoptés en 1926-27.
Dans "The Baha'i World", vol.V (1932-1934) on peut voir le fac-similé
du certificat d'enregistrement des statuts de l'ASN daté du ler mai 1929.
Dans "The Baha'i World", vol. XIV (1963-1968) on peut lire les modèlcs
de statuts pour ASN (p. 500) et ASL (p. 525) approuvés par la Maison
Universelle de Justice. ñ