Les Baha'is
Chapitre précédent
Retour au sommaire
Chapitre suivant
5.
La Foi Baha'ie En aucune façon
le Bab pensait être le dernier, au contraire ses écrits prédisent
la venue de "Celui que Dieu Manifestera", le futur prophète.
Les écrits du Bab
sont avec le Kitab-i-Aqdas (Livre le Plus Saint), écrit par Baha-u-llah,
la source dans laquelle tout Baha'i doit puiser : Vient s'ajouter l'énorme
travail exégétique de leurs successeurs, Abdu-l-Baha, Shoghi Effendi
et la "Maison de Justice". Le Baha'isme s'est largement différencié
de l'Islam, milieu dans lequel il est apparu, bien plus que le Babisme et peut
à juste titre être considéré en tant que religion
distinct, sans pour autant nier son héritage.
Le dogme baha'i repose
sur l'affirmation d'une triple unicité - de Dieu, des religions et de
l'Humanité - de laquelle découle plusieurs grands principes. La
notion de Dieu, unique, omniscient, incréé et inaccessible est
similaire au Dieu du Bab et de l'Islam : il est celui qui guida les différents
prophètes. De cette unicité divine découle l'unicité
des religions dont les différences s'expliquent aisément par la
révélation progressive, ainsi les Baha'is reconnaissent Baha-u-llah,
Bouddha et Zoroastre59
en plus des prophètes acceptés par la doctrine babie : A chaque
époque correspond un prophète, distinct du précédent,
dont le message est adapté au contexte. Avec le Bab, se clôture
le cycle adamique et s'ouvre le cycle baha'i, censé durer au moins mille
ans, ce qui explique le peu d'années entre la venue des deux prophètes,
généralement espacée d'environ mille ans. L'Humanité
est "l'Apogée de la Création", donc unique. A ce titre, toutes
les formes de racisme ou de préjugé, obstacles à l'unification
humaine, doivent être combattues. Les différences, conséquences
des contextes culturels, climatiques et politiques, ne doivent pas être
gommées60
mais acceptées et comprises.
De cette triple unicité
découlent les principes éthiques du Baha'isme : Egalité
Homme-Femme, abolition de tous les préjugés raciaux, ethniques,
religieux, linguistiques et de classe, promotion de l'accès à
l'éducation, d'une langue universelle d'échange61,
diminution des disparités entre riches et pauvres, harmonie entre science
et religion, refus total de toute violence et de toute participation politique…62
Sans clergé ni sacrements,
la religion Baha'ie n'en comporte pas moins quelques rites. Quotidiennement
la vie religieuse est rythmée par la prière, recommandée
une fois par jour, consistant dans la récitation de l'un des trois textes
prescrits par Baha-u-llah, le regard en direction de Saint-Jean d'Acre. Elle
peut aussi s'effectuer dans une "Maison d'Adoration"63,
ouverte aux croyants de toutes religions.
Chaque début de
mois du calendrier baha'i les fidèles se réunissent dans un centre
local, lorsqu'il en existe un. Cette rencontre communautaire se divise en trois
temps ; le premier est consacrée à la prière et à
la lecture de textes, le second aux questions administratives et le dernier
consiste en une collation. L'année est divisée en 19 mois de 19
jours et commence à l'équinoxe de printemps, le 21 mars : c'est
Norouz64. Ponctuée
de fêtes marquant les événements importants de la foi65,
elle se termine le 26 février par l'ajout de quatre jours intercalaires66,
appelés Ayyam-i-Ha, consacrés à la fête et
à l'hospitalité. Le dernier mois de l'année, ala
(du 2 au 20 mars) est un mois de jeun. L'ère baha'ie s'ouvre en 1844
et se divise en kull-isay (Toutes Choses), périodes de 19 vahid
(Unité) correspondant à 19 ans chacune.
Le Baha'isme condamne l'absorption
d'alcool, de drogue, les jeux de hasard, la médisance et prône
la monogamie, la fidélité et d'une manière générale
une hygiène de vie saine et des rapports humains courtois. 57)
Les Qarmates du Bahreïn, au 10ème siècle,
et les Nizaris d'Iran, au 12ème siècle, tout deux issus
du Shi'isme ismaélien, abolirent tout ou partie de la loi coranique après
la venue de "leur" prophète.
Les Baha'is considère le Bab comme
le précurseur de la nouvelle religion. Profondément monothéistes,
les écrits du Bab abrogent clairement beaucoup de préceptes coraniques57
ou tout du moins en adoucissent les côtés les plus durs, laissés
à l'appréciation de chacun. Le Bayan introduit la notion
de Révélation progressive : tout comme le Shi'isme duodécimain,
le Babisme reconnaît 6 prophètes majeurs (Adam, Noé, Abraham,
Moïse, Jésus et Mohammad) mais pense que la parole de chaque prophète
abroge celle du précédent, la venue du Bab, "Miroir de Dieu" (et
non 12ème Imam), signifie donc l'abrogation de la loi islamique.
Le Bayan est considéré comme un nouveau Coran, apte à
légiférer les rapports sociaux et fait du Babisme un mouvement de
réforme morale et donc politique. Malgré sa prétention à
l'universalité, l'influence du milieu socio-culturel dans lequel il est
apparu est parfois encore assez forte58.
Notes
58) Beaucoup de dispositions légales
sont une réponse à celles imposées par l'Islam. De plus
de nombreuses références aux cultures iraniennes pré-islamiques
sont présentes dans la théologie babie.
59) Les deux derniers sont issus
de l'exégèse d'Abdu-l-Baha. Krishna est maintenant ajouté
à cette liste.
60) Les textes baha'is sont traduits
dans plus de 800 langues et dialectes.
61) Ils sont très intéressé
par l'IDO
62) Contrairement aux Babis azalis.
63) Il en existe 7 dans le monde
réparties entre les cinq continents. Un projet de construction est en
cours d'élaboration pour la France.
64) Norouz est le nouvel an du calendrier
iranien et zoroastrien.
65) 21 avril, révélation
de Baha-u-llah en 1863 ; 23 mai, manifestation du Bab ; 29 mai, mort de Baha-u-llah
; 9 juillet, martyr du Bab ; 20 octobre, naissance du Bab ; 12 novembre, naissance
de Baha-u-llah.
66) Cinq jours pour les années
bissextiles.