Médiathèque baha'ie

Article de presse du journal
Israël magazine
source: juin 2002

Israël: Carrefour des religions
Le Bahaïsme


Israël Carrefour des religions - Le Bahaïsme

Le temple baha'i sur le mont Carmel.

Croyance peu connue du grand public, c'est en Israël, sur le Mont Carmel dominant Haïfa, que se situe le siège mondial du Bahaïsme, ses archives et son centre administratif appelé la "Maison Universelle de Justice". C'est sur cette colline que s'élève également le mausolée de son mystique fondateur et martyr.

La foi bahaïe est la plus jeune des religions mondiales indépendantes. Issu des tensions eschatologiques nées à l'intérieur de l'islam chiite imami, le Bahaïsme, de l'arabe "glorieux", fut fondé à la fin du XIXème siècle à Téhéran en Perse, par Mirza Hussein Ali Nuri (1817-1892) surnommé par la suite Baha'u'llah "la Splendeur de Dieu". Né au sein de la noblesse et semblant être promis à un avenir prospère et confortable, le jeune homme montre peu d'intérêt à suivre les pas de son père à la Cour du Shah, préférant consacrer son temps et ses richesses à pourvoir aux besoins des pauvres.

En 1863, son fondateur Mirza Hussein Ali Nuri se présentait lui-même comme l'accomplissement de la prophétie, une manifestation de la Providence, le plus récent des Messagers de Dieu, le dernier d'une série d'épiphanies divines dont la liste inclut Abraham, Moïse, Zoroastre, Bouddha, Jésus-Christ et Mahomet dont il est l'égal et pas seulement le prophète. Ainsi, le Créateur, Dieu unique et aimant, donne les moyens de le connaître et de l'adorer. Il propose à l'humanité un idéal toujours plus élevé à atteindre par le biais de ces Manifestations apparaissant à intervalles réguliers dans l'histoire pour fonder les grands systèmes religieux du monde.

Une doctrine née dans la persécution :

En 1852, le gouvernement perse et le chah Nasser al-Din, convaincus que ces doctrines représentaient une menace pour l'Islam et pour l'État, se laissèrent convaincre de recourir à une persécution violente. Les nouveaux adeptes se révoltèrent et furent écrasés après deux ans de guerre civile. Baha'u'llah fut également poursuivi, emprisonné et torturé ; on l'expulsa finalement à Bagdad, à l'époque cité de l'Empire Ottoman. Le sultan le déporta ensuite à Istanbul, et l'exila enfin, en 1868, à Saint-Jean-d'Acre, en Palestine où il demeura jusqu'à sa mort en 1892.

C'est au cours de ce long bannissement que Baha'u'llah rédigera, réunis en plus de 100 volumes, ses écrits mystiques, ses enseignements éthiques et sociaux, ses lois et ordonnances, et la proclamation de son message. Malgré l'expatriation forcée de son chef spirituel, la religion continua pourtant à être prêchée dans toute la Perse et au Moyen-Orient où elle connut un et rapide succès et se répandît jusqu'en Russie et au Nord de l'Inde.

Bien que le Bahaïsme se soit d'abord développé en Perse, c'est aux États-Unis, vers 1920, qu'il recruta le plus grand nombre de ses adeptes. Forte de quelque 5 millions de membres représentant la plupart des nations, des races et des cultures de la planète, le mouvement ne possède ni rites ni clergé et se veut non politique ; mais il fonctionne selon des institutions démocratiques. Dès que neuf bahaïs ou plus résident dans un même lieu, une "assemblée spirituelle" peut être formée. Depuis la révolution de 1979, la République islamique d'Iran a sévèrement persécuté ses citoyens bahaïs, qui constituent la principale minorité religieuse du pays.

Monogamie, égalité des sexes et justice sociale :

En son temps, Baha'u'llah s'était efforcé d'établir une religion universelle, se présentant comme une révélation entièrement nouvelle du Livre saint, nommée Bayan ("la Révélation"), qui allait remplacer le Coran. Ces écrits constituent aujourd'hui la littérature sacrée des bahaïs, qui ne reconnaissent aucune autre autorité institutionnelle. Son enseignement, qui préconisait une "réparation" morale et sociale pour les déshérités, l'amélioration de la condition des femmes et des pauvres, interdit la polygamie et le concubinage, et supprima totalement ou en partie beaucoup d'autres traditions et lois musulmanes tout en gardant les 2 aspects principaux : spirituel et social. il prit position en faveur de l'éducation et de l'apprentissage des sciences utiles. Ses principes furent diffusés par son fils aîné, Abbas, qui prit le nom de Abd al-Baha, "serviteur de la Gloire". Lui aussi fut emprisonné pendant plusieurs années, comme l'avait été son père. Dans ses dernières volontés, Abd al-Baha désigna Shoghi Effendi Rabbani, l'aîné de ses petits-fils, comme son successeur et gardien de la Foi.

Libéré en 1908, Abbas commença à voyager en Europe et en Amérique du Nord et à répandre l'enseignement bahaï. Il rassembla les dogmes de la foi bahaïe en un credo qui préconise l'harmonie raciale et religieuse, l'égalité des sexes, une langue internationale, une éducation et une foi universelles fondées sur l'essence des grandes religions, ainsi qu'un gouvernement universel.

Le Bahaïsme se définit comme l'origine d'une ère nouvelle durant laquelle toutes les croyances seraient unies en une seule, sous la direction d'un chef spirituel unique. Il est peut-être le seul à accepter sans réserve aucune la validité de chacune d'elles. Le mode de vie des Bahaïs cherche à cultiver et à encourager le développement personnel par la prière et la méditation journalière afin de libérer l'âme des conditionnements divers.

Aujourd'hui, le Bahaïsme est implanté dans plus de 300 pays - environ 190 membres de l'ONU - et ses textes ont été traduits dans plus de trois cent cinquante langues.

Noémie Grynberg


La 8ème merveille du monde.

I N T E R V I E W

Monsieur Al Lincoln, Directeur des Relations Publiques des Bahaïs en Israël a bien voulu répondre aux questions de Noémie Grynberg.

- Israël Magazine : Monsieur Al Lincoln, vous êtes le Directeur des Relations Publiques des Bahaïs en Israël. Quelle est la nature de cette communauté dans notre pays ?

- Al Lincoln : Il n'y a pas de Bahaï israélien à proprement parler et ceci pour des raisons historiques interdisant à son fondateur en exil de promouvoir sa foi en Terre Sainte. La communauté Bahaïe en Israël se compose de 700 personnes environ, venant de 60 ou 70 pays différents. Elles sont toutes volontaires et travaillent dans le sanctuaire et ses jardins comme ingénieurs, designers, architectes, administrateurs, correspondant ou jardinier pour une période allant de 18 à 30 mois. Les tâches se répartissent dans le domaine social, économique, médiatique, communautaire, familiale et religieux.

I. M. : Vous-même, vous venez des États-Unis ?

A. L. : C'est exact. Je suis arrivé en Israël avec ma famille il y a 3 ans pour une période indéterminée. C'est dans mon pays, en 1971, à l'âge de 20 ans, que j'ai découvert la foi bahaïe par l'intermédiaire d'un ami qui m'a fait lire des ouvrages sur le sujet. J'ai alors décidé que je voulais consacrer ma vie à cet idéal.

I. M. : Quelle est votre position face à Israël, sa politique et les événements?

A. L: Nous ne prenons pas position et n'intervenons pas en politique de façon spécifique. Nous avons un idéal collectif pour l'humanité. Là où dans le monde il y a conflit, nous essayons de créer une nouvelle communauté pour rapprocher les gens des 2 camps opposés qui tentent de faire la paix.

Noémie Grynberg

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