Médiathèque baha'ie

Lawh-i ra'is

Lettre de Baha'u'llah au Grand Vizir
`Ali Pasha de Turquie qui l'exila à Akka


Ecrite après l'arrivée à Saint-Jean-d'Acre (Akka) en automne 1868
(traduction par Hippolyte Dreyfus-Barney)
Source (voir d'autres études): site de Thomas Linard



Photo: Ali Pasha, le destinataire de la tablette Lawh-i Ra'is, qui a ordonné le quatrième exil de Baha'u'llah à Akka en 1868 et grand Vizir du Sultan de Turquie Abdu'l-Aziz.


Il est le possesseur par mérite !

La Plume suprême commande:

Ô toi, qui te crois le plus grand des hommes, et qui considères comme le plus bas des hommes cet esclave divin par qui l'oeil des peuples de la terre est brillant et illuminé, sache qu'il n'attend et n'attendra jamais rien de toi ni de tes semblables ! Car chaque fois que des Manifestations de la miséricorde et des Aurores de la gloire de Dieu sont apparues et sont venues hors du monde éternel dans ce monde mortel, pour rappeler les morts à la vie, des êtres comme toi ont accusé d'être des agitateurs, et ont considéré comme des criminels ces saints personnages dont dépend, et aux corps divins desquels est attachée, l'édification du monde ! Ils sont morts, et bientôt tu mourras à ton tour, et tu trouveras ton âme dans une grande perdition !

Suivant toi, celui qui donne la vie et corrige le monde est un agitateur et un coupable ! Quel pêché a donc commis un groupe de femmes et de petits enfants (i) dont quelques-uns à la mamelle, pour qu'il soit devenu l'objet des châtiments, des rancunes et des haines ? Il n'y a pas de secte ni de religion où l'on regarde les enfants comme coupables : la plume des commandements divins s'est relevée devant eux ; et cependant, la flamme de ton injustice et de ton iniquité les a tous enveloppés ! N'importe la secte ou la religion à laquelle tu appartiens, dans tous les livres divins, dans les tablettes véridiques ou les feuilles authentiques, tu ne trouveras aucun droit en ce qui concerne les enfants : bien plus, même ceux qui ne croient pas en Dieu n'ont jamais commis rien de pareil [à ce que tu viens de faire]. Car les choses portent en elles leur fruit que nul ne peut nier, sauf l'ignorant totalement dépourvu de raison et d'intelligence ; et certainement les cris de ces enfants et les lamentations de ces opprimés auront un résultat !

Des hommes qui jamais n'ont causé d'opposition dans ton Royaume, qui ne se sont pas révoltés contre le gouvernement, qui jour et nuit se tenaient dans leur coin, occupés à prier Dieu, ce sont eux que tu as dépouillés, et tout ce qu'ils avaient leur a été enlevé injustement ! Lorsqu'après cela arriva l'ordre de m'expulser, ils commencèrent à se plaindre. Ceux qui étaient chargés de m'envoyer en exil me dirent alors : "Contre les vôtres il n'y a ni sentence ni charge ; le gouvernement ne les exile pas ; s'ils veulent aller avec vous, qu'ils y aillent, nul ne les en empêche !" Ces malheureux, subvenant eux-mêmes à tous les frais, abandonnant tous leurs biens, n'eurent de satisfaction que dans ma compagnie ; et, s'en remettant à Dieu, ils ont fini par partir en exil avec le Vrai, jusqu'au jour où le lieu d'emprisonnement de Beha devint la forteresse d'Akka ! (ii)

En arrivant, les officiers nous entourèrent ; et, femmes, hommes, petits et grands, tous ils nous enfermèrent dans une caserne du gouvernement. Le premier soir, nous fûmes privés de nourriture et de boisson, parce que les officiers, ayant occupé la porte du bâtiment, empêchaient tout le monde de sortir. Personne ne pensa à ces malheureux : même l'eau nous fut refusée !

Voilà déjà quelque temps de cela, et nous sommes toujours prisonniers dans la caserne. Et cependant nous avons séjourné cinq ans à Andrinople, et tous les habitants de cette ville, grands ou petits, riches ou pauvres, ont témoigné de la sainteté et de la pureté de ces serviteurs. Au moment du départ d'Andrinople, un des amis de Dieu s'est, de sa propre main, sacrifié lui-même : il n'avait pas la force de voir cet opprimé aux mains des oppresseurs ! - Trois fois, durant la route, on nous a fait changer de bateau ; et l'on sait combien, pour un groupe qui contenait autant d'enfants, ces changements causent de troubles. En débarquant, quatre des croyants furent séparés de nous, et on les empêcha de m'accompagner : lorsque je fus descendu, un de ces quatre, nommé Abd-ul-Ghafar se jeta à la mer, et nul ne sait quelles ont été ses souffrances ! C'est une des éclaboussures de la mer d'iniquité que je reçois... et que je raconte !

Avec tout cela vous (iii) n'êtes pas satisfaits : chaque jour les fonctionnaires donnent des ordres et cela ne finit jamais ; nuit et jour ils combinent de nouvelles félonies. Ils donnent aux captifs, de la part du gouvernement, trois morceaux de pain par jour, que nul ne peut manger. Depuis le commencement du monde jusqu'à nos jours, on n'a pas vu ni entendu une pareille infamie !

Par Celui qui a fait parler Beha entre la terre et le ciel ! vous n'avez aucune dignité ni aucun titre devant ceux qui ont sacrifié leurs âmes, leurs corps, leurs biens, pour l'amour de Dieu, le Possesseur du Pouvoir, le Glorieux, le Tout-Puissant ! Une poignée de terre, devant Dieu, a plus de valeur que votre royaume, votre empire, votre gloire et vos richesses ! et s'Il veut, Il fera de vous des atomes dispersés ! Bientôt, Il vous prendra avec une violence divine : le trouble apparaîtra au milieu de vous, votre royaume sera démembré ! Alors vous vous lamenterez et vous prierez ; mais vous ne trouverez ni aide ni secours ! Je ne dis pas cela pour que vous vous mettiez sur vos gardes, car la colère de Dieu vous a enveloppés, et jamais vous ne pourrez vous garder. Je ne le dis pas non plus uniquement pour raconter les tourments que ces êtres excellents ont soufferts. Car ils sont intoxiqués par le Vin divin, et ils sont à ce point sous l'influence de l'ivresse du Salsabil (iv) de la Providence divine, que si toute l'injustice du monde tombait sur eux, dans le chemin de Dieu ils demeureraient soumis ! Que dis-je ? ils seraient reconnaissants ! Ils ne se sont jamais plaints, et ne se plaignent jamais : bien plus, dans leur corps, leur sang, à tout moment, demande et prie le Seigneur de l'Univers, afin qu'il soit versé sur la terre dans son chemin ; et leur tête ne désire que d'être fixée sur chaque lance, dans le sentier du Bien-aimé de l'âme et de l'esprit !

Plusieurs fois pourtant le malheur vous a déjà frappés sans que vous y prêtiez attention. Une première fois, un incendie a détruit par le feu de la justice presque toute la ville (v), au point que des poètes ont écrit que cela ne s'était jamais vu avant aujourd'hui. Malgré cela, votre négligence a augmenté. Puis le choléra est venu, et vous n'avez pas fait attention ! Mais attendez-vous à voir la colère divine à son comble : bientôt vous comprendrez ce qui a été révélé par la Plume du commandement !vi Avez-vous crû que ce monde fût immortel ? Non, par Dieu lui-même ! ni votre gloire, ni notre humiliation ne dureront ! Et cette humiliation est la gloire des gloires, mais pour l'homme [véritable, seulement] !

Lorsque j'étais enfant (vii), et que je n'avais pas encore atteint l'âge de puberté, mon père, à Téhéran, voulut marier un de mes frères aînés ; et, selon la coutume du pays, pendant sept jours et sept nuits, on organisa des fêtes. Le dernier jour, on décida de représenter le Chah Sultan Sélim (viii), et de nombreux personnages, des gouverneurs, des nobles, des grands de la ville étaient réunis. J'étais assis dans une pièce de la maison à regarder, jusqu'à ce qu'on dressât une tente dans la cour intérieure ; je vis alors des poupées à forme humaine, hautes d'environ un empan, sortir de la tente et dire : "Le Sultan arrive préparez les sièges !" Puis d'autres poupées sortirent ensuite : je vis qu'elles étaient occupées à balayer ; d'autres arrosaient. Puis une autre personne cria : c'était le chef des crieurs. Il avertit les gens de se préparer à saluer le Sultan. Alors, un groupe d'hommes revêtus du châle et du koulah, selon la coutume persane, d'autres avec la hachette, suivis de ferraches et de bourreaux avec leurs instruments de torture, arrivèrent et se mirent à leur place. Puis un homme, avec la pompe royale et la couronne impériale, plein d'orgueil et de gloire, marchant à pas comptés, monta sur le trône avec la dignité, la tranquillité, et la gravité les plus grandes. Au moment où il s'assit, le bruit des canons et des trompettes retentit : la fumée enveloppa la tente et le Sultan ! Lorsqu'elle fut dissipée on vit que le Sultan était assis, et les ministres, les gouverneurs, les grands, étaient à leur place, debout dans la présence royale ! A ce moment, on amena un voleur qui avait été arrêté : le Sultan ordonna qu'on lui coupât la tête. Aussitôt le bourreau obéit, et une eau rouge semblable à du sang se mit à couler ! Puis le Sultan adressa quelques paroles à ceux qui étaient présents. - Alors arriva une autre nouvelle : quelques peuplades frontières s'étaient révoltées. Ayant passé les troupes en revue, le Sultan fit partir plusieurs régiments avec de l'artillerie, et après quelques minutes, derrière la tente, on entendit le bruit des canons : soi-disant, c'était la guerre ! J'étais en train de réfléchir et de me demander ce que tout cela signifiait, lorsque la pièce se trouvant terminée, le rideau de la tente tomba.

Environ vingt minutes après, un homme sortit de derrière la tente, une boîte sous le bras. Je lui demandai : "Qu'est-ce que cette boîte, et qu'est-ce que tout cela signifie ?" Il me répondit que tout ce qui avait été représenté et exposé, et le Sultan, et les fonctionnaires, et les ministres, la grandeur, la pompe, la puissance, tout ce que j'avais vu était maintenant dans cette boîte !

Par Dieu qui a créé toutes choses par une de ses paroles, depuis lors, tout ce qui existe dans le monde est à mes yeux comme cette pièce, et n'a ni n'aura jamais la valeur d'un grain de moutarde ! Je m'étonnais beaucoup que des hommes pussent mettre leur gloire dans de pareilles choses, alors que les sages, avant de voir la gloire des hommes glorieux, en aperçoivent en réalité d'abord la vanité. Je n'ai vu aucune chose sans que sa vanité ne m'ait tout d'abord frappé, et Dieu m'est un témoin suffisant !

Chacun doit passer ses jours, qui sont comptés, sincèrement et équitablement. S'il n'a pu obtenir la connaissance de Dieu, au moins qu'il se conduise selon la raison et la justice. Bientôt toutes ces apparences, tous ces trésors, la pompe du monde, les armées enrégimentées, les uniformes brillants, les hommes orgueilleux, tout s'en ira dans la boîte du tombeau, semblable à celle de la pièce ! Et toutes ces discussions, ces ambitions, ces vanités, sont pour les sages comme jeux d'enfants ! Profite de la leçon, et ne sois pas de ceux qui voient et qui renient !

Il ne s'agit pas de moi, ni des amis de Dieu qui, tous, sont prisonniers et dans l'affliction, mais qui jamais n'attendront rien de toi ni de tes semblables ! Il s'agit pour toi de lever la tête hors du lit de négligence, d'arriver à la réflexion, de ne pas combattre sans raison les serviteurs de Dieu, et, tant que ton pouvoir et ta puissance te restent, de t'efforcer de soulager un opprimé ! Pour peu que tu sois juste, et que tu regardes intelligemment les affaires et les vanités de ce monde périssable, tu avoueras que tout ressemble à la pièce dont j'ai parlé. Écoute la parole de Dieu, et ne te laisse pas aveugler par le monde ! Où sont tes pareils qui, sans le moindre droit se disaient les Seigneurs de la terre, voulurent éteindre dans ces régions la lumière de Dieu, et détruire dans ces pays les colonnes du Temple ? (ix) Les vois-tu ? Sois juste, puis repens-toi à Dieu, qu'Il te dégage de tout ce que tu as commis dans cette vie d'erreurs ! Mais je suis sûr que jamais tu n'y arriveras, car par ton oppression l'enfer est enflammé, l'esprit se lamente, les colonnes du trône tremblent sur leur base, et les âmes de ceux qui sont près de Dieu sont agitées !

Ô peuples de la terre, écoutez la proclamation de cet opprimé avec les oreilles de votre âme ! Réfléchissez bien à l'exemple que nous avons mentionné, afin que vous ne brûliez pas du feu des désirs et des passions, et que vous ne soyiez pas privés de Dieu par les pompes de ce monde infime ! La gloire, l'humiliation, la pauvreté, la richesse, le trouble, le repos, tout passe ; et bientôt tous les habitants de la terre retourneront dans la tombe ! Aussi, tout possesseur de vue se tourne-t-il vers le Spectacle immortel, (x) afin si possible, par la faveur du Roi de l'Éternité, d'entrer dans le royaume immortel, et d'habiter à l'ombre de l'Arbre de la Cause. Bien que le monde soit le lieu des illusions et des duperies, cependant à chaque instant, il avertit les hommes de leur mortalité. La mort du père elle-même n'est-elle pas, pour le fils, l'avertissement qu'il mourra aussi ? Hélas ! si au moins les habitants de la terre, qui ont amassé des ornements et se sont détournés de Dieu, savaient à qui tout cela reviendra ! Non, par l'âme de Beha ! Personne ne le sait, que Dieu ! (exaltée soit sa dignité !)

Hakim Senaï (xi) (sur lui la Miséricorde) a dit :

Profitez de la leçon, vous dont la noirceur a pris la place de la leçon, (xii)
Profitez de la leçon, vous dont la blancheur apparaît sur le visage (xiii).

Mais la plupart des hommes sont endormis : et ils ressemblent à celui qui sous l'empire de l'ivresse fait mille cajoleries à un chien, et, le prenant dans ses bras, plaisante avec lui ; puis, lorsque l'aurore de raison apparaît, et que l'horizon céleste s'éclaire de la lumière de l'astre, il voit que son amant ou son amante était un chien ! et déçu, navré, repentant, il retourne chez lui.

Ne va pas croire que tu aies réussi à m'humilier, et que tu m'aies vaincu ! Au contraire, c'est toi qui es vaincu par quelque chose, à ton insu : la plus basse et la plus vile des créatures, c'est-à-dire le désir et la passion, à jamais réprouvés, l'emportent sur toi ! Si ce n'était pour une raison supérieure, tu verrais ton impuissance ainsi que celle de tous ceux qui sont sur cette terre ; et mon humiliation au contraire t'apparaîtrait comme une gloire dans la Cause de Dieu, si tu pouvais savoir ! Jamais je n'ai aimé ni n'aimerai prononcer une parole contraire à la politesse : la politesse est ma parure, et c'est par elle que j'ai orné le corps de mes fidèles serviteurs ; autrement, j'aurais mentionné dans cette Tablette certains actes que tu crois ignorés de tous.

Ô Possesseur de puissance ! ces petits enfants et ces pauvres devant Dieu n'ont que faire de généraux et de soldats ! Après notre arrivée à Gallipoli (xiv), un colonel nommé Omar se présenta devant moi : Dieu sait ce qu'il m'a dit ! Après plusieurs conversations sur son innocence et sur tes crimes, je lui dis : "Il aurait été nécessaire d'organiser une réunion où je me serais rencontré avec les Oulemâ du temps, et où l'on aurait su quelle était notre faute. Mais à présent, il est trop tard. Tu me dis que tu as reçu l'ordre de nous emprisonner dans la plus désolée des villes ; je ne désire qu'une chose, si elle est en ton pouvoir : demande à S. M. le sultan que j'aie une entrevue de dix minutes avec lui, dans laquelle il m'interrogera sur ce qu'il considère être le critérium et la preuve de la véracité de la Parole de Dieu. Si cette preuve lui est fournie de la part de Dieu, il laissera ces opprimés en liberté et en paix." Il promit de te porter ces paroles, et de m'envoyer la réponse ; je n'en entendis plus parler ! Et, bien qu'il ne soit pas de la dignité divine d'être présenté à qui que ce soit, puisque tout l'univers n'a été créé que pour obéir à Dieu, cependant nous l'aurions accepté, pour ces petits enfants et ce groupe de femmes, tous loin de leurs amis et de leur patrie. Mais aucune réponse ne vint ! Omar est vivant, et auprès de toi ; interroge-le, pour savoir la vérité !

Aujourd'hui presque tous sont tombés malades dans la prison ; et nul ne sait ce qui nous est arrivé, sauf Dieu, le Puissant, le Savant ! Deux de ces serviteurs, dans les premiers jours de notre arrivée, se sont envolés vers l'Ami Suprême. Pendant toute une journée, le gouvernement interdit qu'on enlevât ces corps sacrés, avant que les dépenses d'ensevelissement et d'enterrement ne fussent payées, bien que personne n'ait rien été lui demander ! Et pourtant en ce moment, les pompes du monde nous faisaient bien défaut ! Malgré notre insistance pour qu'on nous laissât ces corps, pour les enterrer nous-mêmes, cela nous fut refusé. A la fin, on dut porter un tapis au bazar, on le mit aux enchères, et on consigna cet argent au gouvernement. Après, nous sûmes qu'on creusa un peu la terre, et qu'on jeta ces deux corps sacrés dans une seule fosse, bien que l'argent versé fut bien supérieur au prix de l'ensevelissement et de l'enterrement. La plume est faible, et la langue impuissante pour raconter ce qui nous est arrivé !

Et pourtant, toute l'amertume de ces calamités est à mon goût plus douce que le miel ! Oh ! si, au moins, les épreuves de ce monde, dans le Chemin de Dieu et de l'amour du Rahmân (xv), arrivaient toutes sur cet être soumis devant la Mer des Significations ! Nous demandons à Dieu d'être patient et clément, car vous êtes faibles et vous ne savez pas ! Que si tu comprenais, et si tu pouvais recevoir une seule des brises qui soufflent du côté de l'Ancien des jours, tu abandonnerais tout ce que tu possèdes et dont tu te réjouis, et tu viendrais habiter dans une chambre délabrée, de cette prison glorieuse ! Demande à Dieu de parvenir à l'âge de raison, pour pouvoir reconnaître le bien et le mal des faits et des actions !

Et que la Paix soit sur celui qui suit la Direction !


Notes

(i) Beha-Ullah avait été suivi dans son exil à Baghdad, et de là à Constantinople, à Andrinople et à Saint-Jean-d'Acre, par un certain nombre de familles persanes qui dès le début l'avaient reconnu comme leur chef spirituel, même avant qu'il ne déclarât à ses premiers intimes qu'il était Celui que Dieu devait manifester et que le Bab avait annoncé. Cf. A Travellers [sic] Narrative par E. G. Browne, Cambridge, 1895 et Religions et Sociétés chez Alcan, 1905.

(ii) Saint-Jean-d'Acre.

(iii) Beha-Ullah s'adresse ici aux fonctionnaires de Saint-Jean-d'Acre.

(iv) Salsabil, rivière du Paradis chez les Musulmans.

(v) Un incendie aurait détruit une partie de la ville peu de temps après l'arrivée à Saint-Jean-d'Acre.

(vi) Allusion à une Tablette révélée pour Abdul Aziz faisant partie des Alvahi-Salatine.

(vii) S'adressant de nouveau au Sultan.

(viii) Guignol persan où se meuvent des marionnettes en bois, analogue au Karagueuz turc.

(ix) Allusion au Pharaon.

(x) La Manifestation de Dieu.

(xi) Un des premiers poètes mystiques persans, du XIIe siècle de notre ère.

(xii) Dont la noirceur est entrée dans le coeur, jeunes gens.

(xiii) Vieillards.

(xiv) D'où ils furent embarqués pour Saint-Jean-d'Acre.

(xv) Le Rahmân. Le mot er-rahmân, n'étant jamais employé comme adjectif, nous nous rangeons à l'opinion de M. Hartwig Derembourg qui voit en lui un nom propre, désignant l'une des formes sous lesquelles la divinité était adorée chez les anciens arabes, et non un adjectif signifiant clément. Le Rahmân est donc un des noms de Dieu, comme Allah, Yahveh, etc.


Notes de Thomas Linard

Voir les notes originales en anglais sur la page de Thomas Linard.

A titre indicatif, ci-dessous une traduction par la Médiathèque très approximative pour information:

Pour approfondir cette tablette, voir Adib Taherzadeh, "The Revelation of Baha'u'llah" (vol. 3, pp. 33-34, 36).

Dans sa traduction, Hippolyte Dreyfus fit une erreur en identifiant le destinataire de cette tablette comme étant le Sultan Turque (Taherzadeh, p. 99). En réalité elle s'adressait au Grand Vizir `Ali Pasha (premier ministre du Sultan Turque).

Cette traduction fut initialement publié dans " Beha-Ullah, Les Préceptes du Béhaïsme: les ornements, les paroles du Paradis, les splendeurs, les révélations, précédés d'une lettre au Sultan de Constantinople. " Traduit du persan par Hippolyte Dreyfus et Mirza Habib-Ullah Chirazi - Paris: Éditions Ernest Leroux, 1906 (Bibliothèque orientale elzévirienne, vol. 82).

Une édition du texte persan original, qui a servit de base pour cette traduction, peut être trouvé dans " Majmu`ah-yi matbu`ah-yi alwah-i mubarakah Hadrat-i Baha'u'llah " (Caire: 1920, repr. Wilmette, III.: 1978).

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