DIEU PASSE PRES DE NOUS
Shoghi Effendi
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Préface Voici une histoire de notre temps, écrite sur un thème peu
connu, faite d'amour et de félicité, de prescience et de force,
qui parle de triomphes déjà remportés et de triomphes
plus grands, encore à venir. Et quoique cette histoire relève
de la tragédie la plus sombre, elle ne laisse pas, en fin de compte,
l'humanité face à un avenir menaçant, mais sortie des
ténèbres, et marchant sur la grand-route d'une destinée
inéluctable, vers les portes ouvertes de la cité de paix éternelle
promise. Ces cent années(de 1844 à 1944), telles que nous les connaissons,
ont été marquées par des réalisations et des merveilles
sans précédents dans les annales du monde, et aussi par des
désillusions et des destructions sans pareilles. Mais cette histoire
raconte des prodiges plus grands, plus puissants, plus salutaires, accomplis
pendant la même période. Et les nouvelles qu'elle apporte ne
provoquent ni larmes ni chagrin mais, au contraire, une joie oubliée
et une vitalité disparue depuis longtemps qui sont descendues du ciel,
une fois de plus, en ce monde d'action et dans la vie des mortels. Elle traite
de questions divines: La naissance, au milieu de nous, d'une foi mondiale
nouvelle (la foi baha'ie) venant succéder aux diverses croyances
mondiales du passé, les reconnaissant toutes, les complétant
toutes, leur permettant d'atteindre toutes leur but commun, et lançant
aux chrétiens, "peuple de l'Evangile ", un appel spécial à
se lever, pour aider à sa propagation rapide sur toute la terre. Le récit est centré sur une majestueuse figure solitaire, poussée
à l'action par un amour transcendant infini pour l'humanité
et par l'amour suscité en retour dans le coeur des fidèles. Sous son aspect humain, le thème est celui de l'amour, de la lutte
et de la mort. Il montre des hommes et des femmes comme nous, risquant tout
ce qu'ils avaient et tout ce qu'ils étaient, au nom de l'amour pur;
il montre des foyers dévastés, des coeurs qui se brisent, des
deuils, des exils, des souffrances et une indomptable résolution. Pendant longtemps, il sembla que le monde fût trop misérable,
uniquement satisfait par ses occupations futiles, pour pouvoir accepter, dans
la pratique, une révélation si spirituelle et si universelle.
A maintes reprises, il sembla possible d'arracher de force la foi des mains
de la tyrannie. Nombreux furent les gens haut placés qui, en divers
pays, connurent la foi, qui furent au courant des oppressions cruelles infligées
à ses adorateurs et qui entendirent leurs protestations et leurs appels
à la justice. Mais il n'y eut personne pour y prendre garde ni pour
les aider. Quelle étrange et pitoyable chose qu'un âge avide de savoir
- qui cherche et qui a tant découvert dans le domaine de la vérité
- ait omis d'explorer le champ spirituel et laissé échapper
la vérité la plus importante de toutes. Nul prophète, autre que Baha'u'llah,(l817-1892) n'a
jamais apporté au monde de meilleures preuves pour l'identifier. De
même, aucune religion ancienne n'a, au cours du premier siècle
de ses activités, accompli tant de choses, et ne s'est propagée
aussi largement sur le globe. La preuve la plus puissante d'un vrai prophète a toujours résidé
en lui-même et en l'efficacité de sa parole. Baha'u'llah
rallume le feu de la foi et du bonheur dans le coeur des hommes. Son savoir
était inné et spontané, et non pas acquis dans une école.
Nul ne pouvait nier ou combattre sa sagesse, et ses pires ennemis eux-mêmes
admettaient sa grandeur. Il incarnait toutes les perfections humaines. Sa
force était infinie. Les épreuves et les souffrances accroissaient
sa fermeté et son pouvoir. Comme un divin médecin, il diagnostiqua
la maladie de cet âge et en prescrivit le remède. Ses enseignements
étaient universels et ont apporté l'illumination à toute
l'humanité. Son pouvoir s'est manifesté plus fortement encore
depuis sa mort. Dans sa prescience, il était seul, et les événements
ont prouvé et prouvent encore la justesse de cette prescience. Une seconde preuve que tous les prophètes ont apportée est
le témoignage du passé: la preuve évidente de l'antique
prophétie. L'accomplissement, en ce jour, des prophéties du Qur'an*(*
Signe de renvoi au glossaire, à la fin du livre) et de la tradition
musulmane n'a pas empêché l'islam de persécuter la foi
baha'i; cela fut effrayant et c'est bien connu. L'accomplissement des prophéties du Christ et de la Bible fut observé
et publiquement connu en Occident, au cours d'une période de cent ans
ou plus. Mais l'accomplissement total, on le voit seulement avec Baha'u'llah.
Sa foi fut proclamée en 1844, l'année où le strict bannissement
des juifs de leur propre pays, appliqué par les musulmans pendant quelque
douze siècles, fut, à la fin, adouci par l'édit de tolérance,
et où "le temps des gentils" se trouva "accompli".' L'avènement
a tardé longtemps et il est survenu dans une période d'oppression
et d'injustice, où sévissaient l'incroyance et l'irréalisme
dans la religion, alors que l'amour de Dieu et du prochain s'était
refroidi' et que les hommes étaient absorbés par leurs affaires
matérielles3 et leur plaisir. Le prophète vint comme un voleur"
dans la nuit: il était là, parmi nous, tandis que les gens étaient
plongés dans un profond sommeil spirituel. Il éprouva et jugea
les âmes, sépara le spirituel du non-spirituel, les vrais croyants
des faux, les brebis des boucs;5 et ceux qui étaient en état
d'ignorance furent attrapés comme dans un pièges et ne surent
pas qu'ils étaient en danger, jusqu'à ce que la justice distributive
de Dieu se refermât sur eux. Pourtant, l'apparition de la foi, la rapidité
et le sens de sa propagation furent comme l'éclair qui part de l'Orient
et va vers l'Occident.' Formant contraste avec la révélation
de Muhammad, le christianisme s'était répandu d'Est en Ouest
et il était devenu la foi prédominante de l'Occident. De la
même manière, la foi baha'i s'est propagée vers
l'Ouest mais avec encore plus de force et de rapidité que le christianisme. Depuis le début de l'ère, dès les jours du Bab,"
le héraut de la foi, les chroniques montrent une sympathie consciente
des chrétiens pour le nouvel enseignement, sympathie en contraste marqué
avec l'attitude de leurs voisins musulmans. Le premier exemple de ceci est
peut-être le tribut bienveillant rendu au Bab par le docteur
Cormick - médecin anglais résident à Tihran*,
qui soigna le Bab, alors en prison et souffrant des suites de tortures
- et son témoignage sur l'opinion prédominante selon laquelle
l'enseignement du Bab ressemblait au christianisme. Le premier historien
occidental du mouvement, le comte de Gobineau, diplomate français,
écrivit (1865) avec enthousiasme sur la sainteté du Bab
et l'élévation de ses idéaux, sur son charme et son éloquence,
et sur le pouvoir étonnant de ses paroles sur ses amis et ses ennemis.
Ernest Renan dans " Les Apôtres " (1866), Lord Curzon dans " Perse ",
le Pr Browne de Cambridge dans plusieurs ouvrages et, plus tard, beaucoup
d'hommes de lettres chrétiens, ont écrit dans le même
esprit. Mais parmi les nombreux exemples de cette sympathie instinctive, le plus
spectaculaire est celui qu'on observa lors de l'exécution du Bab,
sur la place du marché de Tabriz*, le 9 juillet 1850. L'officier qui
commandait le peloton d'exécution était chrétien. Il
s'approcha du Bab et le pria, en raison de ceci, et parce que son coeur
n'éprouvait aucune inimitié contre lui, de lui éviter
de commettre un crime aussi atroce. Le Bab lui répondit que
si sa prière était sincère, Dieu pouvait réaliser
son désir. L'extraordinaire miracle qui exauça cette prière,
et le martyre du Bab, consommé par un autre régiment
sous les ordres d'un officier musulman, sont des faits historiques. L'occident chrétien, quoique loin des lieux où le prophète
exerça son ministère, sentit et répondit effectivement
à l'impulsion mondiale divine plusieurs dizaines d'années avant
l'Orient. De grands et de petits poètes: Shelley, Wordsworth et bien
d'autres, chantèrent une aube nouvelle. Un nouvel effort des missionnaires
répandit l'Evangile chrétien sur la terre; des hommes et des
femmes spirituels tentèrent de restaurer la vérité dans
la religion; des réformateurs se levèrent pour remédier
à des maux très anciens; des romanciers utilisèrent leur
talent en vue d'objectifs sociaux. Quelle différence entre cette attitude
et la conduite de l'Orient corrompu, fanatique et persécuteur! Le Bab lui-même identifia son enseignement, dans son esprit
et ses objectifs, à celui du Christ qui lui avait préparé
la voie, et il cita, dans sa propre épître de consécration
aux Lettres du Vivant*, quelques instructions données par le Christ
à ses disciples. Baha'u'llah semble s'être rendu compte, dès le
début, de la capacité particulière de l'Occident progressiste
et entreprenant. Il prit les mesures les plus énergiques pour porter
la vérité de cet âge à la connaissance de l'Occident
et de ses dirigeants. Ne pouvant donner personnellement son message en Europe,
il écrivit, d'une prison turque, une tablette générale
aux chrétiens, et une autre tablette aux souverains et aux dirigeants
du monde, mais spécialement aux chefs de la chrétienté.
Il envoya également cinq tablettes* personnelles: une au tsar, une
au pape, une à la reine Victoria et deux à Napoléon 111.
Dans celles-ci, en des accents vibrants de puissance et de majesté
qui conviendraient au Roi des rois imposant ses volontés à ses
vassaux, il déclara que cet âge était le jour suprême
de Dieu et que lui-même était le Seigneur des seigneurs, le Père,
venu dans sa très grande gloire. Tout ce qui avait été
mentionné dans l'Evangile était accompli. jésus avait
annoncé cette lumière, et ses signes s'étaient montrés
en Occident afin que, en ce jour, ses adeptes puissent tourner leurs visages
vers Baha'u'llah. Ces lettres sont en réalité des avertissements formels d'une
Providence prévoyante, et le désastre survenu en Occident après
leur rédaction leur donne maintenant un terrible et tragique intérêt.
Elles sont quelque peu longues, mais on peut, en général, donner
une idée de leur sens en quelques paragraphes. Dans sa tablette à la reine Victoria, il loue Sa Majesté d'avoir
aboli l'esclavage et "d'avoir remis les rênes du gouvernement aux représentants
du peuple". Mais ceux qui entrent dans l'assemblée devraient le faire
dans un esprit de dévotion à Dieu et en qualité de gardiens
des intérêts supérieurs de l'humanité. La race
humaine forme un tout et devrait être considérée comme
le corps humain qui, bien que parfait à sa création, a été
affligé de graves désordres. Elle est à la merci de dirigeants
tellement ivres d'orgueil qu'ils sont incapables de discerner où est
leur avantage personnel, encore moins de pouvoir reconnaître cette puissante
révélation. Le seul remède réel à la maladie
du monde est l'union de tous ses peuples en une cause universelle, une foi
commune. Ceci ne peut être réalisé que par le divin médecin.
Il invita la reine à assurer la paix, à être juste et
remplie d'égards envers ses sujets, à éviter les impôts
excessifs, à conclure une union internationale en vue d'une réduction
des armements et d'une résistance commune de toutes les nations contre
tout Etat agresseur. Sa tablette au pape renferme un appel affectueux et sans passion aux chrétiens,
leur disant de reconnaître, en ce jour, le jour promis de Dieu, d'accourir
vers sa lumière, d'acclamer leur Seigneur et d'entrer dans le royaume
en son nom. Ils ont été créés pour la lumière
et il n'aime pas les voir dans les ténèbres. Le Christ a purifié
le monde par l'amour et par l'esprit afin qu'en ce jour, il puisse recevoir
la vie des mains du Miséricordieux. Voici la venue du Père dont
Esaïe a parlé; les instructions qu'il révèle maintenant
sont celles que le Christ tint en réserve quand il dit. " J'ai encore
d'autres choses à vous dire, mais vous ne pouvez les supporter maintenant."
Il ordonne au souverain pontife de saisir la coupe de vie, d'y boire, et de
" l'offrir aux fidèles de toutes les religions qui la désirent". La tablette envoyée à Alexandre Il répond à une
prière adressée par le tsar à son Seigneur, et reconnaît
qu'un de ses ambassadeurs a manifesté de la bonté à Baha'u'llah
lorsqu'il était emprisonné et enchaîné. Baha'u'llah
souligne, pour le tsar, la grandeur suprême de cette manifestation,
lui raconte comment le prophète s'est soumis à mille calamités
pour sauver le monde et se voit menacé de mort après avoir donné
la vie aux hommes. Il lui demande de dévoiler cette injustice et, pour
l'amour de Dieu et de son royaume, de s'offrir lui-même en rançon
dans la voie de Dieu; il ne lui arrivera rien de mal mais, au contraire, il
recevra une récompense en cette vie et dans l'autre. Grande, très
grande est la bénédiction réservée au roi qui
donne son coeur à son Seigneur. Dans ses deux tablettes à Napoléon III, Baha'u'llah
insiste auprès de l'empereur sur l'unité de l'humanité
dont les nombreuses maladies ne seront pas guéries, à moins
que les nations cessent de suivre leurs intérêts divers pour
s'entendre les unes avec les autres et qu'elles s'unissent en une obéissance
commune au plan de Dieu. La race humaine ne devrait former qu'un seul corps
et une seule âme. En cette ère, Dieu demande à tous les
hommes une foi beaucoup plus intense, une foi telle que le monde n'en a encore
jamais ressentie. Ordre est donné à tous d'enseigner la vérité
et de travailler pour la cause de Dieu; mais personne n'obtiendra de bons
résultats dans cette mission s'il ne perfectionne et ennoblit d'abord
son propre caractère. Baha'u'llah ordonne au clergé de renoncer à sa
réclusion, de se mêler à la vie des peuples et de se marier.
En cet âge, Dieu appelle les hommes à Lui, et toute théologie
qui prend ses propres théories pour les canons de la vérité
et se détourne de Lui est dépourvue de valeur et d'efficacité. 11 est venu pour régénérer et unir tous les hommes dans
la vérité et l'action mêmes, et il les rassemblera à
la table unique de sa bonté. Que l'empereur invoque son nom et fasse
connaître sa vérité au peuple. Ces tablettes, et spécialement celles de Napoléon III, contiennent
de sérieux avertissements et des menaces ouvertes ou implicites aux
rois s'ils ne reconnaissent pas la manifestation et n'obéissent pas
à ses commandements. La tablette collective adressée à
tous les rois est cependant plus sévère et plus comminatoire
que les autres. Baha'u'llah avertit les dirigeants que s'ils
ne traitent pas les pauvres comme un dépôt de Dieu, s'ils n'observent
pas la plus stricte justice, s'ils ne règlent pas leurs différends,
n'apaisent pas les dissensions qui les séparent et ne réduisent
pas leurs armements, et s'ils ne suivent pas les autres conseils que leur
donne aujourd'hui leur prophète, " ... le châtiment de Dieu vous
assaillira de toutes parts et sa justice prononcera la sentence contre vous.
Ce jour-là, vous n'aurez aucune possibilité de Lui résister
et vous reconnaîtrez votre impuissance. Ayez pitié de vous-mêmes
et de vos sujets. . . " Il y a bien des siècles, le Christ avait pleuré sur la ville
dont les enfants avaient ignoré sa Visitation et refusé sa protection.
Aujourd'hui, à sa seconde venue, le même fait s'est reproduit.
Et ceux qui déclenchèrent sur eux-mêmes la colère
de Dieu n'étaient pas des habitants d'une seule nation mais les habitants
du monde entier. Avant de disparaître, Baha'u'llah proclama: "L'heure
approche où la plus grande convulsion apparaîtra." Et encore:
"Le temps de la destruction du monde et de ses peuples est arrivé." Plus de quarante ans après l'envoi de ces tablettes, 'Abdu'l-Baha,
fils du prophète et modèle choisi de sa foi, enfin libéré
de prison par les jeunes Turcs, fit un voyage de trois années en Europe
et en Amérique. Attristé à la vue de bien des choses,
et connaissant le destin vers lequel les nations étaient précipitées
par leur négligence, il évita les accusations, les reproches
et les critiques; au lieu de cela, avec des paroles de réconfort et
d'amour pour tous, sans aucune distinction, il invita ceux qui l'écoutaient
à agir avec noblesse et héroïsme. Il parla beaucoup du
but spirituel et social fixé par Dieu pour cet âge éclairé:
la paix suprême. Lui-même, dans sa joie, sa sérénité,
son amour pour tous, dans sa sagesse, sa force, sa résolution et son
entière soumission à Dieu, apparaissait comme l'incarnation
de l'esprit de cette paix. Sa seule présence amenait les âmes
réceptives à un niveau d'existence dont ils avaient pu entendre
parler mais qu'aucun d'entre eux n'avait jamais connu. Durant de nombreux
mois d'un travail de missionnaire, il expliqua quelles conditions morales
et spirituelles pourraient amener la paix suprême et, au cours de nombreuses
causeries, exposa les moyens pratiques permettant d'y parvenir. Aux Etats-Unis,
à Wilmette, sur les rives du lac Michigan, il posa la première
pierre du temple baha'i d'Occident autour duquel devront être
groupés les bâtiments consacrés à des objectifs
sociaux, humanitaires, éducatifs et scientifiques, le tout formant
un ensemble dédié à la gloire de Dieu et au service de
l'homme. Il assista également, en Amérique, aux tout premiers
débuts de la fondation de l'ordre administratif de Baha'u'llah. Mais la réponse de l'ensemble des peuples ne fut pas suffisante pour
arrêter la marée montante de la guerre. Avant de quitter les
Etats-Unis, 'Abdu'l-Baha prédit que l'ouverture des hostilités
aurait lieu deux ans plus tard. Quand la paix revint enfin, il déclara que la Société
des Nations, telle qu'elle était constituée, ne pouvait empêcher
la guerre; et avant de mourir, en 1921 il annonça à ses fidèles
qu'une autre guerre, plus cruelle que celle-là, éclaterait. Pour beaucoup, à l'aube du second siècle baha'i, l'humanité
paraît aller à la dérive, dans une barque sans gouvernail,
sur une mer démontée et inexplorée. Mais une autre perspective
est révélée aux baha'is. Les barrières
avec lesquelles les hommes ont bloqué le chemin du progrès sont
détruites. La fierté de l'humanité est abaissée,
sa sagesse discréditée. Les désordres du nationalisme
et l'insuffisance de la laïcité sont complètement démontrés. Lentement, le voile se soulève, découvrant l'avenir. Quelle
que soit la direction vers laquelle les hommes réfléchis regardent,
ils découvrent devant eux quelque vérité directrice,
quelque principe conducteur que, depuis longtemps, Baha'u'llah
a donnés et que les hommes ont rejetés. Le résumé
et l'essence des espoirs les plus grands des esprits supérieurs d'aujourd'hui
se trouvent dans l'énoncé si simple des douze points d'Abdu'l-Baha: 1) Recherche personnelle et indépendante de la vérité. 2) Unité de l'humanité. 3) Religion, source d'amour et d'harmonie. 4) Accord de la religion avec la science. 5) Paix universelle. 6) Langue internationale. 7) Education pour tous. 8) Egalité des droits de l'homme et de la femme. 9) Justice pour tous. 10) Travail pour tous. 11) Abolition de l'extrême pauvreté et de la richesse excessive. 12) Le Saint-Esprit, première force agissante dans la vie. La tâche immense, complexe et décevante à accomplir pour
unir tous les peuples est définie par 'Abdu'l-Baha, dans toute
sa simplicité et sa profondeur, en sept phrases suggestives: 1) Unité dans le domaine de la politique. 2) Unité de pensée dans les entreprises mondiales. 3) Unité de liberté. 4) Unité de religion. 5) Unité des nations. 6) Unité des races. 7) Unité de langue. De fait, les baha'is ont déjà commencé à
agir et à construire l'instrument destiné à devenir le
modèle et le noyau de la paix suprême. L'ordre administratif
est d'une conception aussi simple que profonde et ne peut être édifié
que par ceux dont la vie est animée par l'amour et la crainte de Dieu.
C'est un système conçu pour que des éléments aussi
opposés que l'unité et l'universalité, le spirituel et
le temporel, les droits de l'individu et les droits de la société
soient parfaitement équilibrés, non pas à l'aide d'un
compromis mais par la révélation d'une harmonie interne. Ceux
qui ont expérimenté cet ordre témoignent qu'il leur apparaît
comme un corps humain, fait pour permettre à l'âme de s'exprimer
par lui. A Wilmette*, sur les rives du lac, se dresse le temple de louange, complètement
achevé, signe de l'esprit de la paix suprême et de la splendeur
de Dieu descendu pour demeurer avec les hommes. Les murs du temple sont transparents,
faits de réseaux ajourés, semblables à de la pierre sculptée,
et munis de carreaux. Tous les symboles de lumière imaginables sont
entremêlés dans les motifs: les lumières du soleil, de
la lune et des constellations, les lumières du ciel spirituel dévoilées
par les grands révélateurs d'hier et d'aujourd'hui, la croix
sous ses formes diverses, le croissant et l'étoile à neuf branches
(emblème de la foi baha'i). L'obscurité n'envahit jamais
le temple: Pendant le jour, il est éclairé par le soleil dont
les rayons affluent de tous côtés au travers des murs merveilleusement
ajourés et, la nuit, il est éclairé artificiellement
et ses motifs décorés se détachent en relief lumineux
dans le noir. De quelque côté que s'approche le visiteur, la
forme élancée du temple semble symboliser l'esprit d'adoration.
Dans une vue aérienne, il ressemble à une étoile à
neuf branches, descendue du ciel sur la terre pour y demeurer. Mais pour conduire les peuples vers la terre promise, pour assurer la spiritualisation
de l'humanité, pour atteindre la paix suprême, le monde attend
que se lèvent ceux à qui le Roi des rois a assigné cette
tâche: les chrétiens et les églises d'Occident. "En vérité, le Christ a dit: ' Suivez moi et je ferai de vous
des pêcheurs d'hommes.' Et aujourd'hui Nous disons: ' Suivez-moi et
Nous ferons de vous des animateurs du genre humain ... C'est le jour de grâce
! Venez, afin que je fasse de vous des rois dans mon royaume. Si vous m'obéissez,
vous verrez s'accomplir ce que Nous vous avons promis, et je fierai de vous,
pour toujours, les amis de mon âme dans le royaume de ma grandeur et
les compagnons de ma beauté au paradis de ma puissance." Georges TOWNSHEND