Le pouvoir de l'Alliance


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1. PREMIERE PARTIE : L'Alliance de Baha'u'llah avec l'Humanité

1.1. LA MISSION DE BAHA'U'LLAH

1.1.1. Sa Mission


Baha'u'llah est la Manifestation universelle de Dieu promise dans les écrits de toutes les religions du monde. Sa Mission est d'établir le Royaume de Dieu sur terre par l'unification du genre humain en une seule famille globale. Dans son "Très-Saint Livre" (le Kitab-i-Aqdas) Baha'u'llah dit :
"Sachez, ô rois de la terre, que Celui Qui est le sou-verain Seigneur de tous est venu. L'Empire est à Dieu, le Protecteur omnipotent, Celui Qui subsiste par Lui-même."1-1

Les implications de la Mission de Baha'u'llah nous coupent le souffle :
"… pour interpréter fidèlement l'esprit de tout ce qu'elle implique... il ne faut pas voir [dans la Révélation de Baha'u'llah] seulement une renais-sance de plus dans la fortune toujours mouvante de l'humanité, un stade plus avancé que les autres dans la chaîne des Révélations progressives, ni même la culmination de l'une de ces séries de cycles périodiques de la Prophétie, mais plutôt le dernier stade, l'élévation la plus grande, le sommet le plus élevé que puisse atteindre, en son étonnante évolution, la vie collective sur cette planète.
L'avènement d'une communauté universelle, le sen-timent d'un civisme mondial, la découverte d'une culture et d'une civilisation communes à tous les peuples de la terre... représentent, par leur nature même, en ce qui concerne la vie de notre planète, les limites les plus reculées qui puissent être at-teintes dans l'organisation de la collectivité hu-maine, cependant que l'homme, en tant qu'indi-vidu doit... poursuivre indéfiniment sa progression et son développement."
1-2

La déclaration suivante, attribuée au Gardien, explique com-ment le travail de ceux qui ont reconnu Baha'u'llah se rap-porte à cette vision :
"Pour un Baha'i, le but de la vie est de promouvoir l'unicité du genre humain. Tout l'objet de nos vies est lié aux vies de tous les êtres humains; nous ne cherchons pas un salut personnel mais un salut uni-versel... notre but est de produire une civilisation mondiale qui à son tour réagira sur le caractère de l'individu".1-3


1.1.2. Noyau et modèle

Les premières lueurs de la future civilisation globale ont déjà commencé à apparaître dans le nouveau système social que Baha'u'llah a fait naître. Shoghi Effendi a décrit l'Ordre Ad-ministratif qui donne forme et capacité d'action à la commu-nauté de Baha'u'llah comme "le noyau" et "le modèle même" du nouvel Ordre Mondial destiné à émerger quand les temps seront révolus. C'est la "semence", "l'embryon" du Royaume de Dieu sur terre.

Dans toute forme de vie embryonnaire - dans le foetus humain, par exemple, - toutes les capacités adultes sont pré-sentes. Mais elles sont à l'état latent. Ce n'est qu'à mesure que l'embryon croit et se développe que les membres et les or-ganes apparaissent. Et ce n'est qu'après que le nouvel être humain soit né et ait mûri que ces capacités atteignent à la perfection. C'est ainsi que l'on peut commencer à identifier vaguement dans la vie spirituelle et institutionnelle de la com-munauté baha'ie quelques-uns des traits de la société globale destinée à naître de la souffrance et du chaos de notre temps.

Que ces traces ne soient rien de plus qu'une vague suggestion des pouvoirs qu'une humanité spiritualisée et unie manifes-tera un jour, peut être apprécié de ces paroles de Shoghi Effendi :
"Tout ce que nous pouvons tenter, c'est d'essayer d'obtenir une lueur sur les premiers reflets de l'Aube promise; Aube qui, dans la suite des temps, doit chasser les ténèbres massées autour de l'hu-manité."1-4

Quels sont quelques-uns de ces traits ?
Le premier se rapporte à l'enseignement-pivot de la Révéla-tion de Baha'u'llah : "La terre n'est qu'un seul pays, et l'hu-manité ses citoyens".

Baha'u'llah nous avertit que "le bien-être de l'humanité, sa paix, Sa sécurité ne peuvent être obte-nus tant que son unité n'est pas fermement établie."1-5

Par conséquent, le trait le plus significatif de la communauté de Baha'u'llah c'est qu'elle est passée sans encombre à travers le premier siècle critique de son développement, son unité fermement intacte. Il n'existe aucun autre grand mouvement de toute l'histoire écrite religieux, politique ou social - qui ait surmonté cette épreuve universelle à laquelle la vie dans le monde soumet les expressions de foi et de loyauté de l'homme. Dans tous les autres cas, le processus du schisme s'est installé dès les premiers stades et a produit des sectes et factions.

Seule la communauté levée par Baha'u'llah a réussi à résister à ce fléau de tous les temps. Aucun effort que les hommes aient fait pour briser l'Alliance de Baha'u'llah et créer une division dans sa communauté n'a survécu à la géné-ration qui l'a vu apparaître. L'accomplissement unique que l'unité baha'ie représente est une lumière qui, avec le temps, attirera à elle l'humanité entière :
"La puissance de la lumière de l'unité est telle [dit Baha'u'llah] qu'elle peut illuminer le monde."1-6

La communauté de Baha'u'llah a aussi établi qu'elle est indépendante de tout sauf Dieu. Comme le Christianisme, le Judaïsme, l'Islamisme, le Bouddhisme, l'Hindouisme, et toutes les autres principales religions révélées, la Foi baha'ie a son propre Prophète et ses propres écrits sacrés. Bien qu'elle reconnaisse et apprécie la matrice islamique dont elle est issue, elle a été reconnue comme une religion indépendante tant par les savants occidentaux que les autorités religieuses de l'Islam.

Ici encore, l'accomplissement est unique. Il n'y a aucun autre mouvement religieux moderne, y compris ceux basés sur la prétention de voyants et "prophètes", qui ait réussi à échapper à la force de gravité de la foi-mère qui l'a produit. L'Eglise Mormone, le mouvement Ahmadiyyah, et la Société Vedanta sont des exemples des traditions chrétienne, islamique et hindoue qui nous viennent volontiers à l'esprit. Dans chaque cas, le nouveau mouvement glissa avec le temps dans le rôle d'une secte de sa religion-mère. Ceci n'a pas pour but de décrier les sectes et les églises mais de reconnaître plu-tôt les limites que Dieu a fixées au travail de l'homme, quelque inspiré et admirable qu'il puisse être.

Pendant cent ans de croissance, la Cause baha'ie a attiré des adhérants de toute race, classe, croyance et nation de la terre. Ce qui rend universelle la communauté de Baha'u'llah, c'est que ce processus d'assimilation ne s'est pas produit aux dépens de la diversité culturelle et individuelle de ses mem-bres.

L'individu qui reconnaît Baha'u'llah ne rejette pas ses origines culturelles et spirituelles en ce faisant; au contraire, il trouve dans la Foi le seul contexte dans lequel il puisse réaliser pleinement la valeur de ses propres talents uniques et les mettre à l'oeuvre, le contexte de son unité avec tout le genre humain. La communauté de Baha'u'llah est l'expres-sion sociale de ce principe d' "unité dans la diversité" qui coule à travers sa Révélation. Il n'existe pas sur terre, au-jourd'hui, une autre forme d'association humaine qui ait démontré cette capacité d'accepter et d'intégrer tout l'éven-tail de l'expérience de l'homme.

Une quatrième caractéristique d'ordre mondial doit être l'engagement individuel à un système moral qui transcende tout héritage culturel. Pour qu'une société globale vienne à exister, la conscience humaine doit être transformée. Les myriades de codes éthiques hérités du passé doivent faire place à un ensemble de normes morales universelles perti-nentes à l'âge de maturité de l'homme. Se contenter de for-muler la tâche c'est indiquer combien elle est au-delà de la capacité humaine. Pourtant, les débuts d'un tel remodelage sont aisément apparents pour tout observateur impartial de la communauté de Baha'u'llah.

Uniquement par dévouement au Messager de Dieu, des gens ordinaires, dans toutes les parties du monde, se sont abandonnés à un processus d'édu-cation dans des idéaux plus étendus et plus provocateurs que les buts du plus avancé des réformateurs sociaux : l'éradica-tion des préjugés, la recherche indépendante de la vérité, l'égalité de possibilités pour l'homme et la femme, atteindre à la justice sociale, et l'établissement d'un ordre mondial :

"Est-il au pouvoir de l'homme... d'apporter aux éléments constituants les molécules de n'importe quelle matière un changement tel que cette matière soit transmuée en or pur ? Eh bien ! quelque trou-blante et difficile que paraisse cette tâche, le pouvoir nous a été donné d'accomplir la tâche bien plus ardue de convertir les forces sataniques en puissances célestes... Seule, la Parole de Dieu peut revendiquer la capacité requise pour produire un changement si grand et d'une telle portée."1-7

Comme il en est de l'esprit, ainsi en est-il de la forme. Un trait frappant du succès de la Cause de Baha'u'llah c'est qu'il est institutionnel plutôt qu'uniquement numérique. La vie physique n'est pas uniquement produite par la multiplication des cellules, mais par l'équilibre et l'efficacité de leur organi-sation. Ainsi en est-il de la communauté : quelqu'importantes que soient la variété et l'étendue de son appartenance, la vie communautaire dépend d'un système d'institutions. C'est pourquoi l'expansion rapide des Assemblées baha'ies à la face de la planète - chacune un corps consultatif embryonnaire ayant ses propres pouvoirs et fonctions - est un accomplis-sement si significatif. Ici encore, l'on cherche en vain un autre mouvement contemporain qui ait réussi à incarner son esprit dans une texture institutionnelle mondiale cohérente.

Unité, indépendance, universalité, une moralité nouvelle, et un cadre institutionnel d'envergure mondiale sont quel-ques-uns des traits qui marqueront la civilisation de l'avenir de l'humanité. Qu'une communauté de gens manifeste ces pouvoirs vitaux au présent stade du processus est une percée dans l'évolution sociale et spirituelle de la race humaine. Peu importe combien petite ou jeune ou relativement faible une telle communauté puisse être, ou combien vaguement ou incertainement elle puisse exprimer les qualités dont elle a été dotée, elle représente un nouvel ordre d'existence:
"O peuple de Baha ! C'est un signe de miséricorde qu'il n'y ait personne pour rivaliser avec vous."1-8

Nous ne pouvons commencer à comprendre le dessein de Baha'u'llah pour le genre humain que lorsque nous en venons à apprécier le miracle qu'il a accompli. Les traits uniques que sa communauté a commencé à manifester ressortent de l'en-tité organique du système divin qui l'informe. Ce que Baha'u'llah a accompli, c'est la création d'une société globale embryonnaire qui est un organisme simple, comme un grain est un organisme. Il nous dit que la naissance de cette nou-velle création et sa manifestation éventuelle de tous les pou-voirs qu'elle contient à l'état latent représentent le désir de Dieu, Lui-même, et qu'avec le temps elle embrassera toute l'humanité :
"Celui qui est votre Seigneur, le Très-Miséricordieux, nourrit en Son coeur le désir de voir la race hu-maine ne faire qu'une seule âme et qu'un seul corps."1-9


1.2. L'ALLIANCE DE BAHA'U'LLAH

1.2.1. L'Alliance


Le secret de l'entité organique de la communauté de Baha'u'llah c'est l'Alliance qu'il a établie, "l'Arche de Salut"1-10 , "l'artère palpitant dans le corps du monde"1-11, "le pivot de l'unité de l'humanité"1-12

Une alliance est une entente. Comme tous les Messagers de Dieu qui l'ont précédé, Baha'u'llah a promis qu'après "mille ou des milliers d'années"1-13 un autre Messager de Dieu appa-raîtra :
"Dieu a envoyé Ses messagers ici-bas pour succéder à Moïse et à Jésus, et Il continuera à faire de même jusqu'à "la fin qui n'a point de fin"."1-14

En outre, toutefois, Baha'u'llah a fait une alliance nouvelle et unique avec ceux qui le suivent. 'Abdu'l-Baha a dit que cette Moindre Alliance est "la plus grande caractéristique de la révélation de Baha'u'llah"1-15 - Agissant selon la Volonté de Dieu, Baha'u'llah a établi une entente avec le genre humain. La part de Baha'u'llah dans cette entente comprend la créa-tion d'un "Centre" universel capable d'unifier, d'harmoniser et de développer tous les éléments infiniment variés de la nature humaine. La part de l'homme, en tant qu'individu, c'est de soumettre son ego à la Révélation de Dieu et à l'auto-rité de ce Centre.

Le Centre de l'Alliance de Baha'u'llah, c'est 'Abdu'l-Baha. Dans la Personne de son propre Fils, Baha'u'llah a centré des fonctions comme l'interprétation de ses lois et enseignements, la démonstration de leur praticabilité et de leur pou-voir, et la désignation d'institutions pour leur donner un effet durable. Il exerce ses fonctions uniques parce que, dans les mots du Gardien, il est :
"le Mystère de Dieu - expression choisie par Baha'u'llah Lui-même pour Le désigner. Cette dé-nomination, sans nous donner en rien le droit de Lui assigner la station de Prophète, nous indique comment les caractéristiques de la nature humaine, de la science et de la perfection se sont fondues dans la personne d' 'Abdu'l-Baha en une complète harmonie."1-16

La désignation d' 'Abdu'l-Baha par Baha'u'llah est explicite-ment stipulée dans le Kitab-i-Aqdas, le Livre de ses lois :
"Quand l'océan de Ma présence aura reflué et que le Livre de Ma Révélation sera achevé, tournez-vous vers Celui que Dieu a désigné et qui est issu de l'Antique Racine... référez-vous pour tout ce que vous ne comprendrez pas dans le Livre à Celui qui est issu de ce puissant Tronc."1-17

Dans le Livre de l'Alliance, écrit entièrement de Sa propre main, Baha'u'llah répète les paroles de cette désignation et stipule :
"Ce verset sacré ne concerne nul autre que la Plus Grande Branche ('Abdu'l-Baha)."1-18

Dans la Tablette de la Branche, Baha'u'llah explique la sig-nification de l'autorité ainsi conférée à 'Abdu'l-Baha :
"Qui se tourne vers Lui s'adresse à Dieu et qui se détourne, s'écarte de Ma Beauté, répudie Ma preuve et a péché envers Moi. En vérité, Il est le Souvenir de Dieu parmi vous et Son mandataire auprès de vous... Ainsi ai-je reçu l'ordre de vous apporter le message de Dieu votre Créateur et je vous ai transmis ce qui m'avait été prescrit."1-19

En créant le Centre de son Alliance, Baha'u'llah a résolu pour les Baha'is l'ancien problème de tous les organismes hu-mains, le problème de l'autorité. A travers l'histoire, les hommes ont alternativement été attirés vers l'autorité et repoussés par elle. D'un côté, ils ont reconnu qu'elle est essentielle à l'accomplissement d'un degré quelconque de paix, d'ordre et de liberté. De l'autre, ils ont maintes fois été déçus par le tort qu'elle a éventuellement infligé à ces mêmes accomplissements chers. Il a semblé impossible, soit de vivre avec l'autorité, soit de vivre sans elle.

La vie d' 'Abdu'l-Baha marque le point tournant dans cette longue et malheureuse histoire. Les effets de Sa vie sur ceux qui se sont abandonnés à son influence sont des preuves con-vainquantes que le pouvoir que nous appelons Dieu n'est ni capricieux ni cruel, mais bienfaisant et suprêmement ration-nel. Ses expressions extérieures sont les manifestations d'une autorité morale intérieure qui fait partie de l'ordre de la créa-tion même. Le paradoxe de l'autorité divine, et aussi son signe identificateur, c'est que de s'y soumettre produit la véri-table liberté. Dans les mots de Baha'u'llah :
"Le devoir que Tu as prescrit à Tes serviteurs... n'est qu'un gage de Ta grâce à leur endroit, un moyen que Tu leur donnes de s'élever jusqu'à cet état que Tu les as rendus capables d'atteindre, à savoir la connaissance d'eux-mêmes."1-20

Le même principe s'applique à la vie communautaire baha'ie. Les traits uniques qui aujourd'hui distinguent la communauté mondiale baha'ie, et qui ont tant de significa-tion pour l'avenir du genre humain, peuvent être discernés dans la fraternité des premiers croyants qui ont eu la joie de travailler directement sous la direction d' 'Abdu'l-Baha. Leur histoire démontre clairement la vérité sous-jacente à toute association humaine : que le phénomène que nous appe-lons "unité" n'est pas le produit d'une série de compromis, mais est plutôt le système de rapports qui s'établit lorsque tous ceux qui sont concernés se concentrent sur un seul Point d'amour qui nourrit et protège ses membres. Le Centre d'unité établi par Baha'u'llah est unique par sa capacité d'attirer et de retenir la loyauté de l'humanité entière.

A l'Ascension d' 'Abdu'l-Baha, en novembre 1921, l'Al-liance de Baha'u'llah avait été fermement établie dans les coeurs des croyants comme elle l'avait déjà été dans les Ecrits de la Manifestation de Dieu et de son Interprète choisi. Tous les développements de la Cause depuis ce temps, et tous ceux qui nous attendent, sont l'épanouissement de ce mandat ori-ginal et puissant. Chacune des institutions créées par l'Al-liance de Baha'u'llah fut expliquée plus clairement, parfois élaborée et, dans plusieurs cas, érigée par les mains d' 'Abdu'l-Baha lui-même. Tout l'éventail des enseignements moraux de Baha'u'llah, apparaissant maintenant lentement dans le déroulement des lois de l'Aqdas, fut déjà manifesté et de façon parfaite dans la vie vécue par 'Abdu'l-Bah4a. La diversité de la communauté baha'ie actuelle doit sa plus grande impulsion à l'amour non discriminatoire avec lequel 'Abdu'l-Baha accueillit les personnes de tous milieux, intérêts et personnalités, et qu'il cultiva ensuite patiemment chez ceux qui répondirent.

Enfin, l'expansion mondiale de la Cause reçut son plus grand élan de l'historique voyage d'enseignement que fit 'Abdu'l-Baha à travers l'Occident, et fut modelée à tous points de vue sur les directives fixées par les Tablettes du Plan qu'il conçut.


1.2.2. La Justice Divine

Ce que nous voyons dans les événements des nombreuses der-nières décades, c'est la première étape de l'épanouissement de l'autorité divine que Baha'u'llah implanta dans les affaires humaines par l'établissement de son Alliance, et sa dési-gnation d''Abdu'l-Baha comme son Centre. Pendant la vie d' 'Abdu'l-Baha, cette autorité affectait principalement le croyant particulier, qui en fit l'expérience comme de l'amour de Dieu. Elle captiva les coeurs et transforma les caractères. Avec l'avènement de la communauté mondiale baha'ie, l'au-torité aimante au coeur de la Cause commence à se manifes-ter comme le pouvoir qui façonne les rapports sociaux de l'homme, le pouvoir que Baha'u'llah chérit par-dessus tout le reste et qui exprime le trait essentiel de son Ordre Mondial :
"Pour Moi la chose préférée c'est l'Equité."1-21

Avec le temps, la justice divine opérant par l'Alliance de Baha'u'llah amènera sous son influence tout le genre humain.
"Le but de la Justice [nous dit Baha'u'llah] est de produire l'union parmi les hommes."1-22

Il explique que la paix globale et l'avènement d'une civili-sation universelle dépendent entièrement de la création de l'unité :
"Le bien-être de l'humanité, Sa paix, sa sécurité ne peuvent être obtenus tant que son unité n'est pas fermement établie."1-23

La Maison Universelle de Justice souligne les implications de cette vérité :
"La plupart des gens choisissent le point de vue op-posé; ils voient l'unité comme un but ultime, presqu'inaccessible, et se concentrent d'abord sur la guérison de tous les autres maux du genre hu-main. Si seulement ils savaient que ces autres maux ne sont que divers symptômes et effets secon-daires de la maladie de base - la désunion."1-24


1.3. LES LOIS DE BAHA'U'LLAH

1.3.1. Les lois


La justice divine, qui amènera l'unité du genre humain, ne se trouve nulle part ailleurs que dans les lois révélées par Dieu. La loi est le fondement de toute société humaine. Sans elle, l'ordre est impossible, et sans ordre il n'existe pas de cadre dans lequel toutes les autres activités spirituelles, culturelles, technologiques et intellectuelles qui dépendent de l'association humaine puissent se développer.

Même la liberté personnelle dépend de la loi. L'un des plus étranges paradoxes de la vie humaine c'est qu'afin d'être libre, l'homme doit abandonner sa liberté à un système de loi. En effet, le degré de sa liberté dépend exactement du degré auquel il consent à l'abandonner. Un exemple évident en est le système de circulation d'une ville moderne. Parce que nous sommes tous (ou presque) consentants à accepter des limites ennuyeuses comme les feux de circulation, les limites de vitesse, et une armée de signaux directionnels, nous pouvons nous déplacer facilement et rapidement à travers un laby-rinthe de rues, accomplissant d'énormes exploits de travail dans une seule journée. Une personne venant d'un village pri-mitif et arrivant dans une telle ville voit toute la situation comme à la fois miraculeuse et terrifiante. Pour elle, les habi-tants de la ville ont la liberté de dieux (sinon l'intelligence). Cependant, Si les lois de circulation étaient suspendues pour une seule journée, les "dieux" seraient pris au piège dans un chaos qui les réduirait rapidement à des proportions très modestes. Si toutes les autres lois étaient simultanément abandonnées, la plupart des libertés que les êtres humains chérissent disparaîtraient avec elles du jour au lendemain.

La chose terrifiante concernant l'âge actuel est, bien sûr, que c'est là précisément ce qui se produit. Tout autour de nous, les lois et pratiques héritées du passé sont ouvertement abandonnées ou constamment érodées. Une bonne part de cet effondrement est essentiel si les hommes doivent dépasser leurs limites culturelles vers une seule race humaine. Cependant, l'effondrement n'est ni rationnel ni contrôlé. Il est total. Des lois sont enfreintes ou rejetées uniquement parce que ce sont des lois. Elles ne sont pas considérées comme des moyens vers la liberté mais comme des contraintes à la liberté. Les Baha'is savent que ce processus ne saura être arrêté. Baha'u'llah nous avertit que, éventuellement, il minera toutes les structures sociales existantes de l'homme : "La poussière de la sédition (anarchie) a obscurci les coeurs des hommes et aveuglé leurs yeux". "Après un temps, tous les gouvernements de la terre changeront. L'oppression envelop-pera le monde."1-25

La plus importante question concernant la loi, c'est sa source. Bien des personnes semblent s'accrocher encore aux théories de philosophes politiques sur lesquelles la plupart des républiques modernes prétendent être fondées. Toutefois, de plus en plus de gens sont conscients du gouffre entre ces théories et les faits de l'existence humaine moderne. Ils ne veulent pas de théories; ils veulent des résultats, en termes de sanité, de justice et de liberté spirituelle.

Pour les Baha'is, la source de la loi est clairement énoncée par 'Abdu'l-Baha :
"… les religions de Dieu sont la véritable source des perfections spirituelles et matérielles de l'homme..."1-26
"Certains croient qu'un sens inné de la dignité hu-maine empêchera l'homme de commettre des ac-tions mauvaises... Et cependant, si nous réfléchissons aux leçons de l'histoire, il devient évident que ce sens de l'honneur et de la dignité est lui-même un des bienfaits provenant des enseigne-ments des Prophètes de Dieu."1-27

La Révélation est la source réelle de la loi parce que la loi, pour être efficace en tant que fondement d'une société, dépend de la transformation de la conscience humaine. A maintes reprises dans les saintes écritures, l'on réfère au coeur humain, ou à la conscience, comme à la "terre". Ce n'est que la Révélation de Dieu qui peut enfoncer les racines de la loi profondément dans la terre. A moins que les racines des lois et institutions d'une communauté ne soient fermement en-fouies dans les coeurs de la masse des gens, l'ordre social ne peut survivre. Ni aucun progrès culturel réel se produire. Si l'histoire enseigne quelque chose, elle enseigne cette leçon, encore et encore.

Ceci suggère l'importance des lois révélées par Baha'u'llah comme Manifestation Universelle de Dieu. La révélation ini-tiale de la loi divine fut appelée par Baha'u'llah "Le Très Saint Livre", le Kitab-i-Aqdas. Ce qui parait le plus remar-quable à quiconque a vu un exemplaire de l'original en arabe, c'est que tant de matière puisse être comprimée dans un aussi petit volume. La raison en est que l'Aqdas ne stipule que les principes fondamentaux dans chaque domaine de la loi. Les passages plus longs d'exposés se rapportent à la perspective spirituelle et à l'ordre social qui forment le contexte des sujets particuliers. Un éminent savant russe, le Professeur A. Toumansky, a comparé l'écriture à la plume de l'Aqdas par Baha'u'llah à un oiseau - ici, planant dans les hauteurs de la vision; là, plongeant un instant pour toucher aux ques-tions les plus simples et les plus ordinaires de la vie quotidienne.


1.3.2. Le Kitab-i-Aqdas

"L'Aqdas fut le germe et le noyau d'un grand ensemble d'Ecrits qui ont suivi dans les années subséquentes. Ce n'est pas en lui-même un code légal, ni peut-il être proprement compris indépendamment de l'ensemble de documents qui l'élaborent, le développent et l'expliquent. A ce sujet, le Gardien de la Foi baha'ie a dit :
"La raison pour laquelle il [le Kitab-i-Aqdas] n'est pas distribué à tous les Baha'is c'est, d'abord, parce que la Cause n'est pas encore prête ou suffisamment mûre pour mettre en pratique toutes les provisions de l'Aqdas et, deuxièmement, parce que c'est un Livre qui exige d'être complémenté par des expli-cations détaillées et traduit dans d'autres langues par un groupe d'experts compétents. Les provisions de l'Aqdas sont déjà graduellement appliquées, selon les progrès de la Cause, tant dans l'Est que dans l'Ouest."1-28

Le rapport entre une déclaration dans l'Aqdas et une loi de la Foi baha'ie a été comparé à celui existant entre une graine, et un rosier. Bien que la rose soit entièrement présente dans la graine, on ne peut la découvrir même au microscope. Seul un processus naturel et long la fait apparaître. Similairement, seule une étude approfondie du développement de l'en-seignement de Baha'u'llah sur tout sujet donné, une étude exécutée par des savants entraînés agissant sous la direction de la Maison Universelle de Justice, et ayant toutes les sources à portée de la main, peut produire un énoncé codifié de la loi baha'ie sur tout sujet donné.

A ce sujet, Baha'u'llah dit :
"Sachez en toute certitude que dans chaque Dispen-sation la lumière de la Révélation divine a été accordée aux hommes en proportion directe de leur capacité spirituelle. Voyez le soleil. Combien faibles sont ses rayons au moment où il apparaît au-dessus de l'horizon. Combien graduellement sa chaleur et Sa puissance s'accroissent à mesure qu'il approche de son zénith, permettant entre-temps à toutes les choses créées de s'adapter à l'intensité croissante de sa lumière. Avec quelle constance il décline jusqu'à ce qu'il atteigne son point de cou-cher. S'il devait soudainement manifester les éner-gies latentes en lui, ceci endommagerait indubita-blement toutes les choses créées... De même, si le Soleil de Vérité devait soudainement révéler, aux tout premiers stades de sa manifestation, la pleine mesure des puissances dont la providence du Tout-Puissant l'a doté, la terre de la compréhen-sion humaine se dessécherait et serait consumée; car les coeurs des hommes ne pourraient ni soutenir l'intensité de sa révélation, ni réfléchir l'éclat de sa lumière. Atterrés et accablés, ils cesseraient d'exister."1-29

Dans une lettre écrite en son nom, le Gardien ajoute :
"Les Lois révélées par Baha'u'llah dans l'Aqdas sont, lorsque pratiques et n'entrant pas directement en conflit avec les Lois civiles du pays, absolument obligatoires pour chaque croyant ou institution baha'ie, que ce soit dans l'Est ou dans l'Ouest. Certaines lois, telles que le jeûne, les prières obli-gatoires, le consentement des parents avant le mariage, éviter les boissons alcooliques, la mono-gamie, doivent être considérées par tous les cro-yants comme universellement et vitalement appli-cables au temps présent. D'autres ont été formulées en anticipation d'un état de société destiné à émer-ger des conditions chaotiques qui prévalent aujour-d'hui. Quand l'Aqdas sera publié, cette question sera plus amplement expliquée et élucidée. Ce qui n'a pas été formulé dans l'Aqdas, en plus des ques-tions de détail et d'importance secondaire soulevées par l'application des lois déjà formulées par Baha'u'llah, devra être décrété par la Maison Uni-verselle de Justice."1-30

Pendant les soixante-cinq années entre le décès de Baha'u'llah et celui du Gardien (1892-1957) le monde baha'i a eu accès aux lois de l'Aqdas par la direction donnée par les seuls Interprètes désignés du livre : 'Abdu'l-Baha et Shoghi Effendi. A mesure que les circonstances l'exigeaient, le Maître et le Gardien se référaient à l'ensemble des Lois de Baha'u'llah pour répondre aux questions et donner une direc-tion explicite aux communautés enfants surgissant autour du monde. Il n'y avait aucune autre façon par laquelle les Baha'is auraient pu obéir au commandement de Baha'u'llah de se tourner vers l'Aqdas, puisque c'est la seule façon Sanc-tionnée dans les Ecrits de Baha'u'llah. Dans les mots de la Maison de Justice :

"Pendant les trente-six années de son Gardiennat, Shoghi Effendi fixa le modèle et posa les fonde-ments de l'Ordre Administratif de Baha'u'llah, mit en oeuvre l'implantation du Plan Divin d''Abdu'l-Baha pour la diffusion de la Foi à travers le monde et, à mesure que ces processus jumeaux de consolidation administrative et de vaste expan-sion progressaient, commença à appliquer et à faire respecter, graduellement et suivant les progrès de la Cause, les lois du Kitab-i-Aqdas qu'à son avis il était temps et pratique d'appliquer et qui n'en-traient pas directement en conflit avec la loi civile."1-31

Tel qu'anticipé par le Gardien, qui commença lui-même le travail, la Maison Universelle de Justice se fixa la tâche de compléter la codification des lois de l'Aqdas, un pas essen-tiel vers sa publication éventuelle. Cette tâche fut complétée à la veille du centième anniversaire de la Révélation du Kitab-i-Aqdas même. La Maison de Justice souligne que :

"Le nombre de lois qui sont présentement obliga-toires pour les Baha'is n'est pas augmenté par la publication de cette oeuvre. Quand la Maison Uni-verselle de Justice le jugera souhaitable elle infor-mera les amis des lois additionnelles qui leur sont obligatoires, et fournira toute direction et légis-lation supplémentaires nécessaires à leur applica-tion."1-32

En même temps que l'obéissance, le défi que l'Aqdas pré-sente aux Baha'is c'est de comprendre le caractère fondamen-talement spirituel des lois révélées par Dieu.

"Ne croyez pas que Nous vous ayons ainsi révélé un simple code de lois. C'est bien mieux que cela, c'est le Vin choisi que, des doigts de la puissance et du pouvoir, Nous avons pour vous descellé."1-33

Dans ce même passage merveilleux, Baha'u'llah indique que par l'obéissance aux lois de la Révélation, le genre humain peut percevoir le "parfum" de la robe de Dieu Lui--même. Le but réel de la loi est de nous permettre "d'accéder au rang" conféré à nos êtres intimes : la connaissance de nous-mêmes.

Cette perception protégera aussi les Baha'is contre toute tentative de juger les lois de Dieu selon les normes de la civi-lisation humaine. Clairement, l'avenir du genre humain n'aura que peu de ressemblance avec la civilisation actuelle. Toute autre chose mise à part, il devient de plus en plus évident que le genre de civilisation que nous connaissons maintenant ne durera pas bien longtemps. Nous ne pouvons pas imaginer les conditions qui prévaudront sur cette planète même dans vingt ans. Les lois de Baha'u'llah pourvoient aux besoins de l'hu-manité, sans égard aux circonstances dans lesquelles l'homme peut se trouver. En outre, elles sont révélées pour la direction d'une race humaine qui est à des stades inconcevablement variés de son développement moral et culturel.

Enfin, les lois de Baha'u'llah sont flexibles et évolutionnaires dans leur nature et leur effet. Par elles, l'humanité sera graduellement guidée hors d'habitudes anciennes et défectueuses dans une citoyenneté commune. Ce principe évolutionnaire est la nature même de la Révélation de Dieu et de la vie humaine elle-même.

La Loi de Dieu rend l'ordre possible parce qu'elle re-crée et forme la conscience. La conscience est la terre dans laquelle tout ce qui est civilisé est enraciné. Dans ce sens, Baha'u'llah est Lui-même le Créateur du monde de l'avenir :
"Considère le moment où Se révèle aux hommes la Manifestation suprême de Dieu. Avant que cette heure n'arrive, l'Etre Eternel, Qui est toujours inconnu des hommes... est Lui-même l'Omniscient dans un monde où pas un homme ne L'a connu. Il est, en vérité, le Créateur sans création... C'est là le Jour dont il a été écrit: "A qui en ce Jour ap-partiendra le Royaume ?" Et nul ne se trouvera prêt à répondre !"1-34


1.4. L'ORDRE ADMINISTRATIF DE BAHA'U'LLAH

1.4.1. L'ordre administratif


Les lois révélées par Dieu n'opèrent pas dans l'abstraction. Le Gardien dit du Kitab-i-Aqdas que "non seulement [il] préserve pour la postérité les lois et ordonnances fondamentales sur lesquelles doit reposer la structure de son [Baha'u'llah] futur Ordre mondial, mais... prescrit les institutions nécessaires qui, seules, peuvent garantir l'intégrité et l'unité de sa Foi."1-35

Bien des fois au cours de ses dernières années, 'Abdu'l-Baha a dit à ceux qui l'entouraient et étaient si profondément attachés à sa propre Personne : "Devriez-vous savoir ce qui se passera après moi, vous prieriez sûrement pour que ma fin soit hâtée."1-36

Comme il est maintenant évident, ces commentaires réfé-raient à l'Ordre Mondial révélé par Baha'u'llah, dont l'épa-nouissement approprié et sûr fut assuré par la désignation d' 'Abdu'l-Baha comme Centre de l'Alliance. Dans le Kitab-i--Aqdas et ailleurs, Baha'u'llah créa les Institutions nécessaires pour guider ce grand processus évolutionnaire. Dans son Testament, 'Abdu'l-Baha, agissant par l'autorité reçue de Baha'u'llah, a défini, élaboré et dans certains cas complé-menté ces provisions pour l'organisation sociale de notre planète.

La première référence faite à ce système dans les Ecrits baha'is fut l'énoncé prophétique du Bab dans le Bayan persan :
"Bienheureux celui qui fixe son regard sur l'Ordre de Baha'u'llah et rend grâce à son Seigneur ! Car il sera sûrement rendu manifeste. Dieu l'a irrévoca-blement décrété dans le Bayan."1-37

Parmi les nombreuses références à ce même sujet dans les Ecrits de Baha'u'llah, il y a l'affirmation frappante du Kitab-i-Aqdas :
"L'équilibre du monde s'est trouvé rompu par la vibrante influence de ce très grand, de ce nouvel Ordre Mondial. L'ordre sur lequel reposait jusque-là l'humanité a été révolutionné par cet unique et merveilleux Système, dont les yeux des mortels n'avaient jamais vu l'équivalent."1-38

Le Système créé par les provisions du Kitab-i-Aqdas et du Testament constitue l'Ordre Administratif de la Cause baha'ie. Le Gardien décrit cet Ordre comme "la forteresse inviolable" dans laquelle le nouvel Ordre Mondial évolue lentement. Il explique en même temps que l'Ordre Adminis-tratif est aussi "le noyau" et "le modèle" de ce système universel dont la pleine nature est bien au-delà de notre capacité actuelle d'apprécier. C'est-à-dire, bien que l'Ordre Administratif soit destiné à abriter et protéger l'Ordre Mon-dial futur, il n'est pas quelque chose de distinct de ce futur système. Les institutions et formes mêmes de l'Ordre Admi-nistratif représentent plutôt à la fois l'écale et la graine du Royaume de Dieu sur terre.

Le Gardiennat et la Maison Universelle de Justice sont les piliers jumeaux de cet Ordre Administratif. Agissant dans leurs rôles différents mais complémentaires et inséparables, ces deux institutions exercent l'autorité par laquelle l'Al-liance de Baha'u'llah guidera et protégera la communauté de ses disciples à travers l'histoire. Dans son Testament, 'Abdu'l-Baha dit d'elles :

"La branche jeune et sacrée, le gardien de la Cause de Dieu, ainsi que la Maison Universelle de Justice, à être universellement élue et établie, sont tous deux sous le soin et la protection de la Beauté d'Abha, sous la sauvegarde et l'infaillible direction de Sa Sainteté, l'Exalté (que ma vie leur soit offerte à tous deux). Tout ce qu'ils décident vient de Dieu. Quiconque ne lui obéit pas, ni ne leur obéit, n'a pas obéi à Dieu…" 1-39

"Prenez garde que quelqu'un n'interprète fausse-ment ces paroles et, comme ceux qui ont brisé l'Alliance après le Jour de l'Ascension (de Baha'u'llah), n'avance un prétexte, ne hisse l'éten-dard de la révolte, ne s'entête, et n'ouvre toute grande la porte à la fausse interprétation. Personne n'a reçu le droit d'avancer sa propre opinion ou d'exprimer ses convictions particulières. Tous doivent chercher la direction et se tourner vers le Centre de la Cause et la Maison de Justice. Et qui-conque se tourne vers quoi que ce soit d'autre est en vérité dans l'erreur grave. La Gloire des Gloires soit sur vous !"1-40

Des fonctions de ces "piliers jumeaux" de l'Ordre Adminis-tratif, le Gardien dit :
"Il faut d'abord affirmer, sans ambiguïté et en termes clairs, que ces institutions jumelles de l'Ordre Administratif de Baha'u'llah doivent être considérées comme divines dans leur origine, qu'elles sont essentielles dans leurs fonctions et complémentaires tant dans leur objet que dans leurs visées.
Leur but commun et fondamental est d'assurer la continuité de l'autorité divinement établie qui émane de la Source de notre Foi, afin de sauvegarder l'unité de ses adeptes et de maintenir l'intégrité ainsi que l'adaptabilité de ses préceptes. Agissant de concert, ces deux institu-tions inséparables administrent les affaires de la Cause, coordonnent ses activités, protègent ses intérêts, exécutent ses lois et défendent ses institutions subsidiaires. Chacune d'elles opère séparé-ment dans une sphère de juridiction clairement définie et chacune d'elles est pourvue d'institu-tions annexes qui sont sous sa dépendance - instruments destinés à lui permettre d'assumer ses responsabilités et de remplir ses devoirs particuliers.
Chacune exerce, dans les limites qui lui sont imposées, ses pouvoirs, son autorité, ses droits et prérogatives. Ceux-ci ne sont nullement contra-dictoires, et ne portent aucunement atteinte à l'importance propre à chacune de ces deux insti-tutions. Loin d'être incompatibles ou de s'annihiler l'une l'autre, elles se complètent dans leur autorité et leurs fonctions, et sont de façon permanente et essentielle unies dans leurs objectifs."
1-41


1.4.2. Le Gardiennat

L'Institution du Gardiennat, qui fut anticipée dans le Kitab-i--Aqdas, fut formellement établie par 'Abdu'l-Baha dans son Testament.

Dans ce dernier document, écrit entièrement de sa propre main, signé et scellé par lui, le Maître nomma l'aîné de ses petits-fils, Shoghi Effendi, "Gardien de la Cause de Dieu", et lui conféra l'unique pouvoir d'inter-préter les enseignements baha'is :

"Après la disparition de cet opprimé, il incombe... aux bien-aimés de la Beauté d'Abha de se tourner vers Shoghi Effendi - la jeune branche issue des deux Arbres sanctifiés et sacrés, le fruit de l'union des deux rejetons de l'Arbre de Sainteté - car c'est lui le signe de Dieu, la branche élue, le Gardien de la Cause de Dieu... Il est l'interprète des paroles de Dieu..."1-42

"La puissante citadelle restera inexpugnable et en sécurité par l'obéissance à celui qui est le Gardien de la Cause de Dieu. Il incombe aux membres de la Maison de Justice, à tous les Aghsan, aux Afnan, aux Mains de la Cause de Dieu, de montrer obéis-sance, soumission et subordination au Gardien de la Cause de Dieu, de se tourner vers lui et d'être humbles devant lui. Celui qui s'oppose à lui s'est opposé au Véritable..."1-43


1.4.3. La Maison Universelle de Justice

L'autorité conférée à la Maison de Justice, qui fut créée par Baha'u'llah lui-même, est également explicite. Le nom de cet organisme fut désigné par Baha'u'llah, et ses diverses fonctions sont décrites tant dans le Kitab-i-Aqdas que dans un nombre d'autres Textes Sacrés:

"Ce sujet est traité maintenant par la Plume Suprême et fait suite au Livre d'Aqdas. La solu-tion des difficultés des peuples appartient aux membres de la Maison de Justice de Dieu. Ils sont les confidents de Dieu parmi ses serviteurs, et les sources du commandement dans ses régions."1-44

Ces fonctions comprennent le droit exclusif de légiférer sur les questions non explicitement révélées dans les Ecrits :
"Il incombe aux membres de la Maison de Justice de se consulter entre eux au sujet des cas qui n'ont pas été ouvertement révélés dans le Livre et de donner force de Loi aux décisions qui leur auront paru justes. En vérité, Dieu, le Dispensateur, l'Omnis-cient, les inspirera selon sa Volonté."1-45

'Abdu'l-Baha explique que la Maison de Justice a aussi le droit d'abroger ou de changer ses propres lois comme les circonstances l'exigent :
"La Maison de Justice ayant le pouvoir de décréter des lois point expressément formulées dans le Livre et qui portent sur des affaires courantes, peut également les abroger... Elle le peut parce que ces lois ne font pas partie de l'explicite texte divin."1-46

Dans le Testament, 'Abdu'l-Baha a aussi expliqué le sens de cette autorité :
"Vers le Très-Saint Livre [Kitab-i-Aqdas], tous doivent se tourner, et tout ce qui n'y est pas expressément mentionné doit être déféré à la Maison Universelle de Justice. La décision que celle-ci prendra, soit à l'unanimité, soit à la majo-rité des voix, est réellement la vérité et le dessein de Dieu Lui-même."1-47


1.4.4. Rapport du Gardiennat et de la Maison Universelle de Justice

Au décès de Shoghi Effendi, en novembre 1957, il existait une situation que la communauté baha'ie n 'aurait pu prévoir. La Maison Universelle de Justice explique sa signification :

"Au moment du décès de notre bien-aimé Shoghi Effendi il était évident, d'après les circonstances et les exigences explicites des Textes Sacrés, qu'il lui avait été impossible de désigner un successeur conformément aux provisions du Testament d''Abdu'l-Baha. Cette situation, dans laquelle le Gardien décéda sans pouvoir désigner un succes-seur, présentait une question obscure non couverte par le Texte Sacré explicite, et qui devait être référée à la Maison Universelle de Justice."1-48

La Maison Universelle de Justice fut donc dûment élue de la façon prescrite dans les Ecrits et divers énoncés du Gardien s'y rapportant, et elle assuma ses responsabilités dans la direc-tion de la Cause. Du rapport entre les deux institutions, le Gardien avait dit :
"Ils [i.e., Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha] ont aussi, dans un langage non équivoque et plein d'emphase, désigné ces institutions jumelles de la Maison de Justice et du Gardiennat comme leurs Successeurs élus, destinés à appliquer les principes, promulguer les lois, protéger les institutions, adapter loyale-ment et intelligemment la Foi aux exigences d'une société progressive, et consommer l'héritage incorruptible que les Fondateurs de la Foi ont légué au monde."1-49

Cependant, il avait aussi expliqué que les pouvoirs d'aucune de ces deux institutions n'interféraient d'une façon quelconque avec les pouvoirs accordés à l'autre :
"Aussi, il doit être clairement compris par chaque croyant qu'en aucune circonstance l'institution du Gardiennat n'abroge ou ne porte le moindrement atteinte aux pouvoirs accordés à la Maison Universelle de Justice par Baha'u'llah dans le Kitab-i-Aqdas, et maintes fois et solennellement confirmés par 'Abdu'l-Baha dans son Testament. Elle ne constitue en aucune façon une contradic-tion du Testament et des Ecrits de Baha'u'llah, ni n'annule-t-elle l'une quelconque de ses instruc-tions révélées."1-50

"Cette suite de déclarations prouve de façon claire et indubitable que le Gardien de la Cause a été érigé l'Interprète de la Parole sacrée et que la Maison Universelle de Justice a été investie du pou-voir de légiférer sur les cas non expressément révélés dans les préceptes. L'interprétation du Gardien, agissant dans Sa propre sphère de compé-tence, a une autorité aussi indiscutable que les édits de la Maison Universelle de Justice, dont le droit et les prérogatives exclusifs sont de prononcer l'ultime jugement sur des lois et des ordonnances qui n'ont pas fait l'objet des révélations de Baha'u'llah.
Aucune de ces deux institutions ne peut, ni ne voudra jamais empiéter sur le domaine sacré et prescrit de l'autre. Elles ne chercheront pas non plus à amoindrir l'autorité spécifique et certaine dont chacune a été divinement investie. Quoique le Gardien de la Cause soit le chef désigné et permanent d'une aussi auguste assemblée, il ne peut jamais, même temporairement, assumer le droit exclusif de légiférer. Il lui est interdit de ne point tenir compte de la décision de la majorité de ses collègues…"
1-51

La Maison Universelle de Justice a souligné quelques-unes des implications de ces déclarations en rapport avec le présent stade de développement de la Cause :

"Shoghi Effendi a maintes fois souligné l'insépara-bilité de ces deux institutions. Tandis que de toute évidence il envisageait qu'elles fonctionneraient de concert, l'on ne peut logiquement en déduire que l'une ne peut fonctionner en l'absence de l'autre. Au cours des trente-six années de son Gardiennat, Shoghi Effendi a fonctionné sans la Maison Univer-selle de Justice. Maintenant, la Maison Universelle de Justice doit fonctionner sans le Gardien, mais le principe d'inséparabilité demeure. Le Gardiennat ne perd ni son sens ni son rang dans l'Ordre de Baha'u'llah uniquement parce qu'il n'y a pas de Gardien vivant."1-52

"Le service à la Cause de Dieu requiert une fidélité et une intégrité absolues et une foi sans défaillance en Lui. Aucun bien mais uniquement du mal ne peut sortir du fait de prendre entre ses propres mains la responsabilité de l'avenir de la Cause et d'essayer de la pousser dans les voies où nous voulons qu'elle s'oriente, sans égard aux textes clairs et à nos propres limites. C'est Sa Cause. Il a promis que sa lumière ne faillira pas. Notre rôle est de nous accrocher avec ténacité à la Parole révélée et aux institutions qu'Il a créées pour préserver son Alliance."1-53


1.4.5. Infaillibilité de la Maison Universelle de Justice

La Maison Universelle de Justice a expliqué la nature de l'in-faillibilité conférée à ses décrets par l'Alliance :
"L'infaillibilité de la Maison Universelle de Justice, opérant dans sa sphère ordonnée, ne dépend pas de la présence parmi ses membres du Gardien de la Cause. Bien que dans le domaine de l'interpréta-tion, les énoncés du Gardien lient toujours, dans le domaine de la participation du Gardien à la légis-lation c'est toujours la décision de la Maison même qui prévaut. Ceci est appuyé par les paroles du Gardien : "L'interprétation du Gardien, agissant dans sa propre sphère de compétence, a une autorité aussi indiscutable que les édits de la Maison Univer-selle de Justice, dont le droit et les prérogatives exclusifs sont de prononcer l'ultime jugement sur des lois et des ordonnances qui n'ont pas fait l'objet des révélations de Baha'u'llah. Aucune de ces deux institutions ne peut, ni ne voudra jamais empiéter sur le domaine sacré et prescrit de l'autre. Elles ne chercheront pas non plus à amoindrir l'autorité spécifique et certaine dont chacune a été divinement investie."

"Quoique le Gardien de la Cause soit le chef dési-gné et permanent d'une aussi auguste assemblée, il ne peut jamais, même temporairement, assumer le droit exclusif de légiférer. Il lui est interdit de ne point tenir compte de la décision de la majorité de ses collègues, mais il est tenu d'insister auprès d'eux pour qu'il soit procédé à un nouvel examen de toute loi qu'en son âme et conscience il consi-dère être en désaccord avec la signification des paroles révélées de Baha'u'llah."1-54

Tout comme 'Abdu'l-Baha avant lui, le Gardien a laissé "d'innombrables définitions" et autres commentaires d'inter-prétation pour guider la Maison Universelle de Justice dans l'exercice de ses fonctions.

La Maison de Justice indique de quelle façon ceci permet à l'institution du Gardiennat de continuer à exercer son influence bien que la lignée de Gardiens vivants soit éteinte :
"Les amis doivent comprendre qu'avant de légiférer sur une question quelconque la Maison Universelle de Justice étudie soigneusement et à fond tant les Textes Sacrés que les écrits de Shoghi Effendi sur le sujet. Les interprétations écrites du Gardien bien-aimé couvrent un grand éventail de sujets et nous lient tout autant que le Texte lui-même."1-55

A l'intérieur des directives données par cette interprétation faisant autorité, la Maison de Justice a aussi reçu des pouvoirs uniques dans le domaine de la déduction en formulant ses décisions. 'Abdu'l-Baha déclare :

"Ces questions d'importance primordiale qui con-stituent le fondement de la Loi de Dieu sont expli-citement mentionnées dans le Texte, mais les lois subsidiaires sont laissées à la Maison de Justice. La sagesse en est que les temps ne demeurent jamais les mêmes car la chance est une qualité nécessaire et un attribut essentiel de ce monde, et du temps et du lieu. La Maison de Justice agira donc en conséquence. Qu'on ne s'imagine pas que la Maison de Justice prendra une quelconque déci-sion selon ses propres concepts et opinions. A Dieu ne plaise ! La Suprême Maison de Justice prendra des décisions et établira des lois par l'inspiration et la confirmation de l'Esprit Saint, parce qu'elle est sous la sauvegarde et sous la protection de l'Ancienne Beauté, et l'obéissance à ses décisions est un devoir obligatoire et essentiel et une obliga-tion absolue, et il n'y a d'issue pour personne…"

"En bref, voilà la sagesse de déférer les lois de la société à la Maison de Justice. Dans la religion de l'Islam, similairement, toutes les ordonnances ne furent pas révélées; pas même le dixième d'un dixi-ème n'étaient incluses dans le Texte; ... des devins particuliers ont tiré des conclusions conflictuelles des ordonnances révélées originales. Celles-ci furent toutes appliquées. Aujourd'hui, ce procédé de déduction est le droit de l'organisme de la Maison de Justice, et les déductions et conclusions des savants particuliers n'ont aucune autorité à moins qu'elles ne soient endossées par la Maison de Justice. La différence est précisément celle-ci : que des conclusions et des endossements de l'organisme de la Maison de Justice, dont les membres sont élus par et connus de la communauté mondiale baha'ie, aucun différend ne découlera; tandis que les conclusions de devins et savants particuliers conduiraient définitivement aux différends et résul-teraient dans le schisme, la division, et la disper-sion. L'unicité du monde serait détruite, l'unité de la Foi disparaîtrait, et l'édifice de la Foi de Dieu serait ébranlé."1-56

La Maison explique la différence entre ces pouvoirs de déduction et l'autorité d'interprétation qui n'a appartenue qu'à 'Abdu'l-Bah4a et au Gardien :
"Il y a une différence profonde entre les interpré-tations du Gardien et les élucidations de la Maison de Justice dans l'exercice de sa fonction de "déli-bérer sur tous les problèmes qui ont causé des différends, les questions qui sont obscures, et les affaires qui ne sont pas expressément mentionnées dans le Livre." Le Gardien révèle le sens de l'Ecrit; son interprétation est une déclaration de vérité qui ne peut varier. A la Maison Universelle de Justice, dans les termes du Gardien, "a été conféré le droit exclusif de légiférer sur les affaires non expressé-ment révélées dans les Ecrits baha'is.""1-57


1.4.6. Rôle et fonctions de la Maison Universelle de Justice

La Maison de Justice a brièvement expliqué son rôle dans le développement de la Cause et ses principales fonctions :

"La Maison Universelle de Justice, dont le Gardien a dit qu'elle serait considérée par la postérité comme "le dernier refuge d'une civilisation chance-lante," est maintenant, en l'absence du Gardien, la seule institution du monde qui soit infailliblement guidée et vers laquelle tous doivent se tourner, et sur elle repose la responsabilité d'assurer l'unité et le progrès de la Cause de Dieu conformément à la Parole révélée.

Des déclarations du Maître et du Gardien indiquent que la Maison Universelle de Justice, en plus d'être le plus haut corps législatif de la Foi, est aussi l'organisme vers lequel tous doivent se tourner, et est "l'apex" de l'Ordre Administratif baha'i ainsi que "l'organe suprême du Commonwealth baha'i." Dans ses écrits, le Gardien a spécifié pour la Maison Universelle de Justice des fonctions fondamentales comme la formulation de futurs plans d'enseignement mon-diaux, la conduite des affaires administratives de la Foi, et la direction, l'organisation, et l'unification des affaires de la Cause à travers le monde.

De plus, dans Dieu Passe Près de Nous le Gardien fait la déclaration suivante : "Le Kitab-i-Aqdas... non seulement préserve pour la postérité les lois et ordonnances fondamentales sur lesquelles doit reposer la structure de son futur Ordre mondial, mais en plus du rôle d'interprète donné à son Successeur, prescrit les institutions nécessaires qui, seules, peuvent garantir l'intégrité et l'unité de sa Foi." Dans "La Dispensation de Baha'u'llah," il a aussi écrit que les membres de la Maison Univer-selle de Justice "et non le corps des électeurs directs ou indirects, ont été ainsi désignés pour être les organes de la direction divine, âme et ultime sauvegarde de cette Révélation.""
1-58


1.5. Opposition à Baha'u'llah

Il peut être utile, pour conclure, de considérer de nouveau la déclaration de Shoghi Effendi, par laquelle cette étude débute :
"… pour interpréter fidèlement l'esprit de tout ce qu'elle implique... il ne faut pas voir [dans la Révélation de Baha'u'llah] seulement une renais-sance de plus dans la fortune toujours mouvante de l'humanité, un stade plus avancé que les autres dans la chaîne des Révélations progressives, ni même la culmination de l'une de ces séries de cycles périodiques de la Prophétie, mais plutôt le dernier stade, l'élévation la plus grande, le sommet le plus élevé que puisse atteindre, en son étonnante évolution, la vie collective sur cette planète."

"L'avènement d'une communauté universelle, le sen-timent d'un civisme mondial, la découverte d'une culture et d'une civilisation communes à tous les peuples de la terre... représentent, par leur nature même, en ce qui concerne la vie de notre planète, les limites les plus reculées qui puissent être at-teintes dans l'organisation de la collectivité hu-maine, cependant que l'homme, en tant qu'indi-vidu doit... poursuivre indéfiniment sa progression et son développement."1-59

Pendant des milliers d'années, l'humanité a évolué vers le jour de son unification. Toutes les formes antérieures d'orga-nisation sociale sur la planète ont été des stades de prépara-tion de l'humanité en vue du temps où la terre sera devenue un seul pays et l'humanité ses citoyens. La force d'impulsion dans ce long développement évolutif a été l'intervention répétée de Dieu dans l'histoire humaine, non seulement par une série de Révélations divines, mais par une séquence de cycles prophétiques s'étendant dans le passé au-delà de la mémoire de la race humaine.

Ce grand processus a, aujourd'hui, culminé dans la Révéla-tion de Baha'u'llah. On s'étonne peu alors du langage utilisé par son Auteur :

"Je vous le dis en vérité ! Nul n'a saisi la racine de cette Cause. Il incombe à chacun, en ce jour, de percevoir avec l'oeil de Dieu et d'écouter avec Son oreille. Quiconque me perçoit d'un oeil qui soit autre que proprement le mien ne sera jamais capable de me connaître."...
"En cette plus puis-sante Révélation, toutes les Dispensations du passé ont atteint l'apogée, le point final de leur consom-mation."...
"Le dessein sous-jacent de toute la création est la révélation de ce Jour le plus sublime, le plus saint, le Jour connu comme Jour de Dieu dans Ses Livres et Ecrits - le Jour dont tous les prophètes et les élus et les saints ont désiré être les témoins."...
"Voici le Jour où les faveurs les plus excellentes de Dieu ont été déversées sur les hommes, le Jour où Sa plus puissante grâce a été infusée en toutes les choses créées."
"Ceci est le Jour où l'océan de la miséricorde de Dieu a été manifesté aux hommes, le Jour où l'Etoile du Matin de Son aimable gentillesse a répandu son rayonnement sur eux, le Jour où les nuages de Sa munificente faveur ont abrité le genre humain tout entier."...
"Un instant fugace, en ce Jour, trans-cende des siècles d'autrefois... Ni le soleil ni la lune n'ont été témoins d'un jour tel que ce Jour-ci."
"Voici le Jour où le monde invisible s'écrie 'Grande est ta béatitude, ô terre, car tu as été faite l'esca-beau de ton Dieu et tu as été choisie comme le siège de son trône puissant.'"...
"Sans pareil est ce Jour, car il est comme l'oeil pour les âges et les siècles passés et comme une lumière dans l'obscu-rité des temps."...
"Ces jours sont les jours de Dieu dont un instant ne peut jamais être égalé par des âges et des siècles. Un atome, en ce jour, est comme le soleil, une goutte comme l'océan."...
"O peuples ! Je le jure par le seul vrai Dieu ! Voici l'océan duquel découlent les mers et avec lequel chacune d'elle sera finalement unie. A partir de Lui tous les soleils ont été engendrés et à Lui tous retourneront. Par sa puissance les Arbres de la révé-lation divine ont donné leurs fruits, chacun d'eux ayant été envoyé dans la forme d'un prophète apportant un message aux créatures de Dieu dans chacun des mondes dont Dieu seul peut compter le nombre, en sa science universelle."...
"Dieu le Vrai est mon témoin ! Voici le Jour où il incombe à chacun qui voit de regarder et à chaque oreille qui entend d'écouter et à chaque coeur qui comprend de percevoir et à chaque langue qui parle de pro-clamer à tous ceux qui sont au ciel et sur la terre ce saint Nom, l'exalté et le sublime."1-60


C'est contre cet arrière-plan que nous pouvons commencer à apprécier quelque peu la signification dans l'histoire humaine de l'Alliance établie par Baha'u'llah. Nous pouvons aussi apprécier quelque peu la convulsion qu'elle doit inévi-tablement provoquer dans les affaires humaines. L'Alliance de Baha'u'llah est la clé de l'unification du genre humain. A mesure que son étreinte s'est graduellement répandue sur la planète, le concept de l'unicité de l'humanité est devenu une réalité pour les gens de tous les milieux.

A mesure que son influence a lentement pénétré la conscience de ceux qui ont reconnu Baha'u'llah, une façon de vivre alternative a commencé à émerger pour les gens de partout. Cette Alliance universelle et divine n'accepte aucune barrière de race, de classe, de croyance ou de nation. Elle insiste pour que toutes ces moindres loyautés et identités soient subordonnées au fait prééminent de l'unicité de l'humanité. Et elle le fait par des façons qui restructurent les vies de chaque jour, remou-lent la conscience, et réordonnent les rapports sociaux de tous ceux qui y entrent :

"J'atteste que, dès que la Première Parole, par la puissance de Ta volonté et de Ton dessein, fut sortie de Sa bouche... toute la création fut boule-versée et les habitants des cieux et de la terre furent secoués jusqu'au plus profond de leur être. Par cette Parole les réalités de toutes les choses créées furent ébranlées, divisées, séparées, disper-sées, combinées et réunies et elles dévoilèrent les entités d'une nouvelle création, à la fois dans le monde contingent et dans le Royaume céleste…" 1-61

C'est ce processus irrésistible de l'expansion et de la con-solidation de l'oeuvre de Baha'u'llah à travers la planète qui soulève l'opposition. Il y a ceux qui y voient une menace aux loyautés, institutions, identités et ambitions existantes. Beaucoup de ces craintes sont sans fondement, basées sur l'ignorance du dessein de Baha'u'llah. D'autres sont très réalistes, découlant au moins d'un sens vague des change-ments révolutionnaires dans les affaires humaines qu'un tel processus doit comporter.

Toutefois, ces deux genres de craintes ont alimenté l'opposition persistante que la Foi a rencontrée depuis les premiers jours de la Mission du Bab. En jetant un coup d'oeil en arrière, il est aussi évident que de telles craintes furent des tributs à la force de consolidation de la Cause, aussi bien qu'annonciatrices de son triomphe éven-tuel. Le même principe, à la base de l'opération de la volonté de Dieu dans les affaires humaines, peut être constaté sur une plus basse échelle dans l'histoire de toute Révélation divine antérieure.

La Maison Universelle de Justice avise que le temps est venu que ce principe soit plus profondément étudié et com-pris par la Communauté baha'ie. A cette fin, ils ont envoyé à chaque Assemblée Nationale le recueil d'extraits des Ecrits de Baha'u'llah, d''Abdu'l-Baha et du Gardien auquel l'on réfère dans l'introduction à cette série de livrets. Les extraits paraissant en conclusion de cette étude sont tirés de ce recueil :


BAHA'U'LLAH

"Dis : O peuples de Dieu ! Prenez garde de ne vous laisser effrayer par les forces de la terre ou de ne vous laisser affaiblir par la puissance des nations ou de ne vous laisser décourager par le tumulte des gens de discorde ou de ne vous laisser attrister par la gloire terrestre. Soyez comme une montagne dans la cause de votre Seigneur, le Tout-Puissant, le Tout-Glorieux, l'Incontrôlable."1-62

"Quand viendra la victoire, tout homme se dira croyant et se hâtera vers l'unique refuge de la Foi de Dieu. Heureux ceux qui, dans les jours d'é-preuves mondiales, seront restés fermes dans la Cause et auront refusé de dévier tant soit peu de sa vérité."1-63


'ABDU'L-BAHA

"Le prestige de la Foi de Dieu s'est immensément accru. Sa grandeur est maintenant manifeste. Le jour approche où elle aura jeté un énorme tumulte dans les coeurs des hommes. Par conséquent, réjouissez-vous, ô citoyens d'Amérique, réjouissez-vous d'une joie excessive !"1-64

"Combien grande, combien vraiment grande est la Cause ! Combien féroces les assauts de tous les peuples et nations de la terre. Avant longtemps, la clameur de la multitude à travers l'Afrique, à travers l'Amérique, le cri de l'Européen et du Turc, les gémissements de l'Inde et de la Chine, seront entendus de près et de loin. Tous et chacun, ils se lèveront de tout leur pouvoir pour résister à sa Cause. Alors, les chevaliers du Seigneur, assistés par sa grâce, affermis par la foi, aidés du pouvoir de la compréhension, et renforcés par les légions de l'Alliance, se lèveront et rendront manifeste la vérité du verset : "Voyez la confusion qui s'est abattue sur les tribus des vaincus !". "1-65

"…une grande multitude de gens se lèveront contre vous, faisant montre d'oppression, exprimant mépris et dérision, évitant votre société, et accu-mulant sur vous le ridicule. Cependant, le Père Céleste vous illuminera à tel point que, semblables aux rayons du soleil, vous dissiperez les sombres nuages de la superstition, vous resplendirez glo-rieusement au milieu du Ciel et éclairerez la face de la terre. Vous devez leur résister avec le plus grand amour et la plus grande bonté; considérer leur oppression et leur persécution comme des caprices d'enfants, et ne pas accorder d'importance à quoi qu'ils puissent faire. Car à la fin, l'illumination du Royaume vaincra les ténèbres du monde et l'exal-tation et la grandeur de votre rang deviendront apparentes et manifestes…"
1-66


LE GARDIEN

"Comment les prémices d'un bouleversement mon-dial peuvent-elles, déchaînant des forces qui trou-blent si gravement l'équilibre social, religieux, politique et économique des sociétés organisées, plongeant dans le chaos et la confusion des sys-tèmes politiques, des doctrines raciales, des idéo-logies sociales, des normes culturelles, des commu-nautés religieuses et des relations commerciales, - comment ces agitations peuvent-elles, à une échelle si inouïe, manquer de produire des réper-cussions sur les institutions de la foi d'un âge si tendre dont les enseignements ont une portée directe et vitale dans chacune de ces sphères de la vie et du comportement humain ?

Il n'est pas étonnant, par conséquent, que ceux qui portent haut les bannières d'une foi si péné-trante, d'une cause lançant un tel défi, se trouvent eux-mêmes affectés par l'impact de ces forces bouleversant le monde entier. Il n'est pas étonnant qu'au centre d'un tourbillon de passions en lutte constante, ils trouvent que leur liberté a été atteinte, leurs principes méprisés, leurs institutions assaillies, leurs motifs diffamés, leur autorité com-promise et leur prétention rejetée."
1-67

"Féroces et variés seront les assauts par lesquels les gouvernements, les races, les classes et les religions, jaloux de son prestige ascendant et craignant sa force consolidante, chercheront à réduire sa voix au silence et à saper ses fondements. Aucunement troublée par l'obscurité relative qui l'entoure actuellement, et aucunement intimidée par les forces qui se rangeront contre elle dans l'avenir, cette communauté, je ne puis qu'en être confiant, poursuivra sa destinée, quelqu'affligeantes que soient les agonies d'un âge en gestation, sans dévier de son cours, sa sérénité non atténuée, inflexible dans sa résolution, inébranlée dans ses convictions."1-68

"Car, que chaque ardent défenseur de la Cause de Baha'u'llah prenne conscience que les tempêtes que cette Foi de Dieu à l'oeuvre doit nécessairement rencontrer à mesure que progresse le processus de désintégration de la société seront plus féroces qu'aucune dont elle ait déjà fait l'expérience. Qu'il soit conscient que, aussitôt que la pleine mesure de la prodigieuse prétention de la Foi de Baha'u'llah viendra à être reconnue par ces for-teresses de l'orthodoxie puissantes et honorées de tout temps, dont le but délibéré est de maintenir leur forte poigne sur les pensées et les consciences des hommes, cette Foi naissante devra affronter des ennemis plus puissants et plus insidieux que les plus cruels marchands de torture et les clercs les plus fanatiques qui l'ont affligée par le passé. Quel ennemi ne peut pas naître, au cours des convul-sions qui saisiront une civilisation moribonde, qui renforcera les indignités qui ont déjà été accumu-lées sur elle !"1-69

"On peut découvrir une gradation non moins nette dans le caractère de l'opposition que cette foi a rencontrée... opposition qui, actuellement, par l'établissement d'un ordre divinement institué dans l'Occident chrétien et son premier choc avec les institutions civiles et ecclésiastiques, promet d'inclure, parmi ses représentants, des gouver-nements établis et des organisations associées aux ordres sacerdotaux les plus anciens et les plus solidement retranchés de la chrétienté. On peut en même temps reconnaître, à travers les brumes d'une hostilité toujours grandissante, les progrès laborieux et pourtant continus accomplis par certaines communautés de cette foi, traversant des périodes d'obscurité, de proscription, d'émanci-pation et de récognition, périodes qui, au cours des siècles à venir, doivent obligatoirement aboutir à l'établissement de la foi et à la fondation, dans la plénitude de sa puissance et de son autorité, de la fédération mondiale baha'ie."1-70

"En vue de la nécessité d'assurer le développement harmonieux de la Foi, aucune occasion ne doit être ignorée, que ses ennemis en puissance, qu'ils soient ecclésiastiques ou autrement, peuvent offrir, pour démontrer, dans un langage contrôlé et non provocateur, ses buts et tenants, pour défendre ses intérêts, pour proclamer son universalité, pour affirmer le caractère surnaturel, supranational et non politique de ses institutions, et son accep-tation de l'origine divine des Fois qui l'ont pré-cédée."1-71

"Quoi qu'il puisse arriver à cette Foi de Dieu, encore dans l'enfance, au cours des futures décades ou dans la suite des siècles, quels que soient les tris-tesses, les dangers et les adversités que déclenchera la prochaine phase de son développement mon-dial, quelle que soit l'origine des attaques que ses ennemis présents ou futurs puissent déchaîner contre elle, si grands soient les revers et les retours en arrière qu'elle subira, nous, qui avons eu le privi-lège de comprendre, selon la profondeur de nos esprits limités, la signification de ces prodigieux événements contemporains de sa naissance et de son établissement, nous ne pouvons absolument pas douter que l'oeuvre déjà accomplie pendant les cent premières années de son existence soit suffisante pour garantir que cette Foi continuera d'aller de l'avant, s'élevant à des plans supérieurs, abattant tous les obstacles, découvrant de nouveaux horizons, et remportant des victoires encore plus grandioses jusqu'à ce que sa mission glorieuse, se poursuivant à travers la nuit des temps à venir, soit totalement accomplie."1-72



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