La communauté mondiale baha'ie et son action
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2. Historique

2.1. Introduction

Pour les baha'is, le processus d'évolution est un élément essentiel de tous les phénomènes de la vie, y compris les révélations de Dieu. La série d'étapes à travers lesquelles leur propre foi a progressivement émergé et s'est établie à travers le monde est elle-même une expression de ce principe.

L'émergence de la Foi baha'ie a également été marquée par un second élément qu'elle partage avec chacune des religions du monde qui l'ont précédée : c'est la période de formation de son histoire. Les implications d'une nouvelle étape dans la révélation de la volonté de Dieu sont invariablement malvenues pour les branches influentes de la société. Il en résulta souvent une persécution acharnée à l'encontre des adeptes de la nouvelle foi. Pendant le premier siècle et demi de sa vie, la Foi baha'ie est passée par plusieurs périodes de telles oppressions.

Toutefois, ce qui caractérise essentiellement la Foi baha'ie, c'est son unité. Elle a su résister à la tentation de se diviser en sectes et sous-groupes. Elle a maintenu son unité malgré une histoire aussi tourmentée que celle de n'importe quelle religion du passé.

(La Foi Baha'ie, p.7)


2.2. Figures centrales

2.2.1. LE BAB

Le début du XIXe siècle a été une période d'attente messianique dans de nombreux pays. Profondément troublés par les implications de la recherche scientifique et de l'industrialisation, les croyants les plus sincères de diverses religions se penchaient sur les Écrits sacrés de leur propre religion pour essayer de comprendre l'accélération du changement.

En Europe et en Amérique, des groupes comme les membres de la Société du Temple ou les adeptes de William Miller croyaient trouver dans les écritures chrétiennes des preuves de la fin des temps et du retour de Jésus-Christ. Un même esprit soufflait au Moyen-Orient où on pensait imminent l'accomplissement des différentes prophéties du Coran et des traditions islamiques.

En Iran, est apparu le plus spectaculaire de ces mouvements. Il était centré sur la personne et les enseignements d'un jeune marchand de Chiraz, que l'histoire a retenu sous le nom du Bab. De 1844 à 1863, des Persans issus de toutes les classes sociales ont été emportés dans un tourbillon d'espoir et d'enthousiasme suscité par l'annonce faite par le Bab que le jour de Dieu était arrivé et qu'il était lui-même, celui promis dans les textes saints islamiques. L'humanité, disait-il, était au seuil d'une ère nouvelle qui verrait tous les aspects de la vie se restructurer.

A certains égards, on peut comparer le rôle du Bab à celui de saint Jean Baptiste dans l'avènement du Christianisme. Le Bab était le héraut de Baha'u'llah. Sa mission essentielle était de préparer la venue de celui-ci. C'est pourquoi la fondation de la Foi baha'ie et son objectif ont été accomplis en 1863 lorsque Baha'u'llah a proclamé qu'il était celui dont le Bab annonçait la venue.

a) Une religion indépendante

En même temps, le Bab a fondé une religion propre, distincte et indépendante. Connue sous le nom de Foi babie, cette religion a donné naissance à sa propre communauté, a eu ses propres textes et a marqué l'histoire de son empreinte indélébile.

La Foi babie a été fondée le 23 mai 1844 lorsqu'un marchand de la ville de Chiraz, âgé de 25 ans, annonça qu'il était le Qa'im promis par l'Islam, "Celui qui se lèvera". Bien que son nom fut Siyyid 'Ali-Mohammad, il prit le nom de "Bab" qui signifie, en arabe, "Porte". Sa venue, explique le Bab, représentait la porte par laquelle arriverait bientôt le messager universel de Dieu attendu de tous.

L'histoire rapporte que le Bab était un enfant extraordinaire. Né le 20 octobre 1819, il possédait une sagesse et une finesse surprenantes qui rappellent les épisodes que l'on rapporte sur Jésus. A l'âge adulte, le Bab rejoignit son oncle dans le négoce familial. Son intégrité et sa piété lui valurent l'estime des autres marchands avec lesquels il entrait en contact. Il était connu également pour sa générosité envers les pauvres.

Après la déclaration de sa mission, le Bab attira rapidement des adeptes et le nouveau mouvement religieux se répandit en Iran comme une traînée de poudre. Ce succès suscita hostilités et persécutions - en particulier de la part des autorités religieuses qui voyaient leur pouvoir et leur prestige menacés. Le Bab fut ainsi à plusieurs reprises emprisonné.

Son oeuvre principale, le Bayan, abrogeait certaines lois islamiques qu'il remplaçait par de nouvelles. Le Bayan insiste sur les valeurs morales et surtout sur la pureté de coeur et d'intention. Le rang des femmes y est rehaussé et la dignité rendue aux pauvres: enfin l'éducation et les sciences utiles sont encouragées et valorisées.

Le thème central du Bayan est l'imminence de la venue d'un deuxième messager de Dieu qui serait beaucoup plus grand que le Bab et dont la mission serait d'annoncer l'ère de paix et de prospérité promise depuis si longtemps par l'Islam ainsi que par le Judaïsme, le Christianisme et d'autres religions.

b) Persécutions et exécutions

Les coeurs et les esprits de ceux qui ont alors entendu le message du Bab étaient fermés par un mode de pensée qui avait peu changé depuis le Moyen Âge. Ainsi, en proclamant une religion totalement nouvelle, le Bab a pu aider ses disciples à se libérer entièrement du cadre islamique et à se préparer à la venue de Baha'u'llah.

L'audace de cette proclamation - qui donne la vision d'une société entièrement nouvelle- a effrayé les autorités religieuses et séculières qui, très vite, ont persécuté les babis. Les opposants du Bab l'accusaient d'être non seulement un hérétique mais aussi un rebelle dangereux. Les autorités décidèrent donc de le mettre à mort.

Le 9 juillet 1850, cette condamnation fut exécutée dans la cour de la caserne de Tabriz. Environ 10 000 personnes s'étaient massées sur les toits des bâtiments et des maisons autour de la cour. Le Bab et un jeune disciple étaient suspendus par deux cordes contre un mur. Un régiment d'environ 750 soldats arméniens, disposés en trois rangées de 250 hommes chacune, ouvrirent le feu à trois reprises. La fusillade était si dense, rapporte-t-on, que le ciel était noir et la cour plongée dans l'obscurité.

Comme en témoignent les archives du ministère des Affaires étrangères britannique, lorsque la fumée se fut dissipée, le Bab avait disparu. Son compagnon se tenait là debout, indemne, épargné par les balles. Les cordes auxquelles ils avaient tous deux été attachés n'étaient plus que des lambeaux.

Le Bab fut retrouvé dans sa cellule donnant des instructions à l'un des adeptes. Au lever du jour, lorsque les gardes étaient venus le chercher pour l'exécution, il leur avait dit qu'aucune "puissance terrestre" ne pourrait le réduire au silence avant qu'il n'ait dit ce qu'il avait à dire. Lorsque les gardes vinrent donc la seconde fois, il leur annonça calmement: "Vous pouvez maintenant accomplir votre besogne."

Pour la deuxième fois, le Bab et son jeune compagnon furent donc conduits devant le peloton d'exécution. Les Arméniens refusant de tirer une seconde fois, on confia la tâche à des tireurs musulmans. Cette fois, les corps des deux hommes s'effondrèrent, os et chair confondus. Curieusement, leur visages étaient intacts.

(Les Baha'is, pp. 18-19)


2.2.2. BAHA'U'LLAH

Baha'u'llah, dont le nom, en arabe, signifie "La Gloire de Dieu" est né le 12 novembre 1817 à Téhéran. Fils d'un ministre aisé, Mirza Buzurg-i-Nuri, il s'appelait de son vrai nom Hussayn-'Ali et ses ancêtres remontaient aux grandes dynasties de l'Iran impérial. Jeune homme, Baha'u'llah mène une vie princière, recevant une éducation essentiellement axée sur l'équitation, l'escrime, la calligraphie et la poésie classique.

En octobre 1835, Baha'u'llah épouse Asiyih Khanum, fille de noble. Ils ont eu trois enfants: un fils, 'Abdu'l-Baha, né en 1844, une fille Bahiyyih, née en 1846 et un fils, Mihdi, né en 1848.

Baha'u'llah refuse la carrière ministérielle qui lui était ouverte et préfère consacrer son énergie à diverses actions humanitaires qui lui ont valu le nom de "Père des pauvres". Cette existence privilégiée prend rapidement fin après 1844, lorsque Baha'u'llah devient l'un des chefs de file du mouvement babi.

Précurseur de la Foi baha'ie, le mouvement babi a balayé l'Iran comme un ouragan et a déclenché de violentes persécutions de la part des autorités religieuses. Après l'exécution de son Fondateur, le Bab, Baha'u'llah est arrêté et emmené à Téhéran, pieds et cou enchaînés. Des membres influents de la cour et du clergé réclamaient la peine de mort. Mais Baha'u'llah, que sa réputation personnelle, la position sociale de sa famille et les protestations d'ambassades occidentales protégeaient, y échappe.

On le jeta dans la célèbre "Fosse noire" ou Siyah-Chal, en persan. Les autorités espéraient qu'il y trouverait la mort. Au contraire, ce cachot devint le lieu d'une nouvelle révélation.

Pendant les quatre mois passés dans la "Fosse noire", Baha'u'llah réfléchit à l'étendue de sa mission. "Je n'étais qu'un homme comme les autres, endormi sur ma couche, lorsque le souffle du Tout-Glorieux est passé sur moi et m'a donné la connaissance de tout ce qui est..." "Cela ne vient pas de moi mais de Celui qui est Tout-Puissant et omniscient. Et il m'a enjoint d'élever la voix entre le Ciel et la Terre..."

Après avoir été libéré, Baha'u'llah est banni de son pays natal. Commencent alors pour lui quarante années d'exil, d'emprisonnement et de persécution. D'abord envoyé à Bagdad, il quitte cette ville au bout d'un an pour se retirer dans les montagnes sauvages du Kurdistan où il a vécu dans la solitude la plus complète, pendant deux ans. Il passe ce temps à réfléchir aux conséquences de la mission qui lui a été confiée. C'est une période qui rappelle les retraites des fondateurs des autres grandes religions du monde: les errances de Bouddha, les quarante jours et quarante nuits du Christ dans le désert et le repli de Mohammad dans la grotte du mont Hira.

En 1856, à la demande des babis exilés, Baha'u'llah retourne à Bagdad. Sous sa direction, la communauté babie grandit et la réputation de Baha'u'llah en tant que chef spirituel se répand à travers la ville. Craignant que ce succès ne réveille en Perse l'enthousiasme populaire pour le mouvement, le gouvernement du shah réussit à convaincre les autorités ottomanes de l'envoyer à nouveau en exil. En avril 1893, avant de quitter Bagdad, Baha'u'llah et ses compagnons campent dans un jardin sur les bords du Tigre du 21 avril au 2 mai.

Aux babis qui l'entouraient, Baha'u'llah déclara qu'il était le Promis annoncé par le Bab - annoncé en fait par toutes les Écritures saintes du monde.

Le jardin est devenu célèbre sous le nom de jardin de Ridvan qui signifie paradis, en arabe. L'anniversaire des douze jours que Baha'u'llah y a passés est célébré dans le monde baha'i comme la plus joyeuse de toutes le fêtes.

Le 3 mai 1863, Baha'u'llah quitte Bagdad pour se rendre à Constantinople, la capitale impériale. Il est accompagné de sa famille et de compagnons choisis. Il était devenu immensément populaire et aimé. Des témoins oculaires ont décrit son départ de façon émouvante notant les larmes versées par bon nombre de personnes présentes et l'hommage qui lui a été rendu par les autorités.

Après quatre mois passés à Constantinople, Baha'u'llah est envoyé à Andrinople (l'Edirne actuelle) comme prisonnier politique; il y arrive le 2 décembre 1863. Au cours des cinq années qu'il y a passées, sa réputation n'a cessé de grandir, attirant le plus vif intérêt des savants, des hommes politiques et des diplomates. Au début de septembre 1867, Baha'u'llah a adressé une série de lettres aux dirigeants du monde de l'époque, entre autres Napoléon III, la reine Victoria, l'empereur Guillaume Ier, le tsar Alexandre II de Russie, l'empereur François-Joseph, le pape Pie IX, le sultan 'Abdul-Aziz et le dirigeant persan Nasirid-Din Shah.

Dans ces lettres, Baha'u'llah proclame ouvertement sa position. Il parle de l'aube d'un nouvel âge, mais il prédit des bouleversements catastrophiques de l'ordre politique et social. Pour faciliter la transition, il prie instamment les dirigeants du monde de gouverner avec justice. Il lance un appel à la mobilisation en faveur du désarmement et demande aux autorités de se regrouper en une forme de confédération. Ce n'est qu'en luttant ensemble contre la guerre, dit-il, qu'une paix durable pourra être établie.

L'agitation continuelle des opposants pousse le gouvernement turc à envoyer les exilés à Saint-Jean-d'Acre, ville pénitentiaire située en Palestine ottomane. C'était le bout du monde, l'ultime destination des plus grands malfaiteurs, des bandits de grand chemin et des opposants politiques. Ceinte de remparts, ville aux rues sales et aux maisons humides et tristes, Saint-Jean-d'Acre n'avait pas de source d'eau potable et l'air y était si irrespirable que le dicton populaire prétendait que les oiseaux survolant la ville y trouvaient la mort.

C'est dans cet environnement que Baha'u'llah est arrivé avec sa famille le 31 août 1868, pour la dernière étape d'un long exil. Il devait passer à Saint-Jean-d'Acre et dans les environs le reste de sa vie, soit encore 24 ans. Enfermé tout d'abord dans la prison de la caserne, Baha'u'llah et ses compagnons furent ensuite transférés dans une maison exiguë à l'intérieur des remparts. Les exilés, montrés comme de dangereux hérétiques, se heurtaient à l'animosité des autres résidents de la ville. Les enfants eux-mêmes, lorsqu'ils s'aventuraient au dehors, étaient poursuivis et lapidés.

Avec le temps, l'esprit des enseignements de Baha'u'llah triompha du sectarisme et de l'indifférence. Plusieurs gouverneurs de la ville et membres du clergé, après avoir examiné le contenu des enseignements de cette Foi, en étaient même devenus de fervents admirateurs. Tout comme à Bagdad et à Andrinople, la personnalité morale de Baha'u'llah avait peu à peu forcé le respect et l'admiration.

C'est à Saint-Jean-d'Acre que Baha'u'llah a écrit la plus importante de ses oeuvres. Connu plus communément sous son nom persan de Kitab-i-Aqdas (le livre le plus saint), ce libre esquisse les lois et principes essentiels que les disciples doivent observer et il pose les bases de l'administration baha'ie.

Vers la fin des années 1870, Baha'u'llah est autorisé à se déplacer librement en dehors des remparts de la ville et ses disciples le rencontrent dans une paix et une liberté relatives. Il s'installe dans un manoir abandonné et peut se consacrer à l'écriture.

Le 29 mai 1892, s'achève la vie terrestre de Baha'u'llah. Sa dépouille repose dans une petite pièce non loin du manoir restauré connu sous le nom de Bahji. Pour les baha'is c'est le lieu le plus saint qui existe sur la terre.

(Les Baha'is, pp.17-18, 20, 22-23)


2.2.3. 'ABDU'L-BAHA

Rétrospectivement, il apparaît clairement que dès le départ, Baha'u'llah, prophète fondateur de la Foi baha'ie avait soigneusement préparé son fils à lui succéder. Celui-ci est né le 23 mai 1844, la nuit même de la déclaration du Bab. Enfant, il a souffert avec son père de la première série de persécutions contre les babis.

'Abdu'l-Baha avait huit ans lorsque Baha'u'llah a été jeté en prison. Il lui a rendu visite et a pu voir le collier de fer et les chaînes qui emprisonnaient son cou.

Plus tard, 'Abdu'l-Baha est devenu le plus proche compagnon de son père et lui a rendu de nombreux services. Par exemple, il recevait les nombreux visiteurs qui venaient voir son père et le protégeait contre les importuns.

A Saint-Jean-d'Acre, alors que la quasi-totalité des baha'is souffraient de la typhoïde, du paludisme, et de la dysenterie, 'Abdu'l-Baha les a lavés, soignés et nourris ne prenant aucun repos pour lui-même. Épuisé, il est tombé malade à son tour, se retrouvant dans un état critique près d'un mois.

Son abnégation, son érudition, sa grande humilité, ajoutées à l'admiration même de son père envers lui, valurent à 'Abdu'l-Baha le titre de "maître" encore employé aujourd'hui lorsqu'on parle de lui.

Malgré la volonté explicite exprimée par Baha'u'llah dans son testament, certains parents envieux tentèrent de prendre la place de 'Abdu'l-Baha après le décès de son père, essayant à plusieurs reprises de créer un courant séparé.

'Abdu'l-Baha a également joué un rôle-clé dans l'explication de la vision planétaire de son père en des termes compréhensibles pour les Occidentaux; grâce à lui, la Foi baha'ie, petit mouvement né au Moyen-Orient, est très vite devenue une religion mondiale.

Après le décès de son père, 'Abdu'l-Baha est resté prisonnier de l'Empire ottoman. A travers ses lettres et un contact direct avec les premiers croyants occidentaux qui se rendaient en Palestine, il a contribué à la propagation de la Foi hors du Moyen-Orient.

Après la révolution des Jeunes Turcs, 'Abdu'l-Baha a pu voyager. En août 1911, il a quitté la Terre sainte pour se rendre en Occident où il a séjourné quatre mois, notamment à Londres et à Paris. Il y a rencontré à nouveau les croyants occidentaux et donné chaque jour des conférences sur la Foi baha'ie et ses principes.

Le printemps suivant, 'Abdu'l-Baha entama un long voyage d'un an, à nouveau en Europe, puis aux États-Unis et au Canada. Ce voyage a considérablement renforcé la propagation de la Foi baha'ie dans ces deux derniers pays.

Au cours de ses visites dans plus de 40 villes d'Amérique du Nord, il a été accueilli avec respect et enthousiasme, tant par les croyants que par le public. Ville après ville, il a été invité à parler dans des églises, des synagogues et devant des groupes et organisations.

En conséquence, la Foi baha'ie est apparue comme une nouvelle force capable de transformer la société et d'apporter un nouveau souffle religieux. Le message de Baha'u'llah - avec son appel vigoureux en faveur d'une société humaine nouvelle et pacifique - a été proclamé dans le monde industrialisé et une nouvelle génération de croyants convaincus s'est manifestée.

'Abdu'l-Baha a établi un plan pour l'internationalisation de la Foi. Dans une série de lettres adressées aux croyants d'Amérique du Nord, il leur a demandé de se disperser à travers le monde pour répandre la Foi baha'ie et ses principes.

A la déclaration de la Première Guerre mondiale, 'Abdu'l-Baha était de retour en Terre Sainte. Dans ses messages à l'Occident, il a lancé un avertissement contre la future conflagration en revenant constamment sur la nécessité d'établir une sorte de fédération mondiale pour prévenir une telle guerre.

Pendant la guerre, 'Abdu'l-Baha a passé son temps à appliquer les principes défendus par son père et par lui-même. Par exemple, il a organisé personnellement près de Tibériade un vaste projet de développement agricole qui a fourni une importante récolte de blé à la région et a empêché la population de mourir de faim. Pour son action, 'Abdu'l-Baha a été nommé Chevalier par le gouvernement britannique après la guerre.

(Les Baha'is, pp. 50, 51, 52, 54)


2.3. Le gardiennat

2.3.1. HOGHI EFFENDI


'Abdu'l-Baha, fils de Baha'u'llah, prohète fondateur de la Foi baha'ie, désigne le plus âgé de ses petits-fils, Shoghi Effendi Rabbani pour lui succéder comme Gardien de la Foi baha'ie. Le Gardiennat était une institution prévue par Baha'u'llah.

Dans cette institution, Shoghi Effendi faisait autorité comme interprète des enseignements baha'is.

Né à Saint-Jean-d'Acre le 1er mars 1897, Shoghi Effendi a passé une bonne partie de sa petite enfance sur les genoux de 'Abdu'l-Baha. Il a suivi les cours de l'université américaine de Beyrouth puis ceux de l'université d'Oxford où il a acquis une parfaite maîtrise de la langue anglaise et de la culture occidentale.

Pendant le ministère de Shoghi Effendi, la Foi baha'ie est véritablement devenue une religion mondiale. Lorsque 'Abdu'l-Baha est décédé en 1921, il y avait 100 000 baha'is. La plupart d'entre eux vivaient en Iran ou dans d'autres pays du Moyen-Orient. Une poignée de disciples vivait en Inde, en Europe et en Amérique du nord - 35 pays en tout. Environ 36 années plus tard, au moment du décès de Shoghi Effendi en 1957, le nombre de baha'is était passé à 400 000 environ résidant dans plus de 250 pays, territoires ou colonies.

Dans ses lettres, Shoghi Effendi donne également des orientations concernant le système d'élections et de prise de décision collégiale qui est devenu l'une des caractéristiques de la Foi baha'ie. Il a écrit des lettres aux nouvelles institutions baha'ies pour leur expliquer les implications des enseignements de Baha'u'llah sur des questions se rapportant aussi bien à la vie de la famille qu'à l'organisation du monde. Il explique les relations de la Foi baha'ie avec les autres religions et doctrines. Sa pensée lucide et pénétrante fait en outre le point sur la position particulière des baha'is sur la morale, la théologie et l'histoire.

L'aspect peut-être le plus important des lettres de Shoghi Effendi - pour ce qui est de la croissance de la Foi baha'ie - est qu'elles ont été pour le monde baha'i une source constante d'encouragement et d'appui. Bien que la Foi baha'ie soit aujourd'hui largement respectée, devenir baha'i c'était, dans les années 1930, 1940, ou 1950, s'exposer à la suspicion et au ridicule.

La vision claire qu'a eue Shoghi Effendi de la Foi baha'ie en tant que révélation de Dieu et sa certitude de son triomphe ultime ont fortifié une génération de croyants qui, bien que peu nombreux, ont réussi à propager le message de Baha'u'llah dans tous les coins du monde.

(Les Baha'is, pp. 56-57)


2.4. Maison Universelle de Justice

Au moment du décès de Shoghi Effendi, en 1957, le développement de la communauté mondiale baha'ie était assez avancé pour permettre l'élection de la Maison Universelle de Justice, autorité législative prévue par Baha'u'llah.

Pour les baha'is, l'établissement tant attendu de la première Maison Universelle de Justice, le 21 avril 1963, représentait un événement capital. Elle avait été conçue par Baha'u'llah qui affirmait qu'elle serait infailliblement guidée par Dieu dans ses décisions.

Les neuf membres choisis cette année-là à scrutin secret étaient originaires de quatre continents, de trois grandes religions (juive, chrétienne et musulmane) et de diverses ethnies. Depuis, les élections de la Maison Universelle de Justice on t lieu tous les cinq ans.

En tant qu'institution suprême de la Foi baha'ie, la Maison Universelle de Justice a pris en main la croissance et le développement de la communauté mondiale baha'ie en lançant une série de plans; chacun s'étalant sur cinq à neuf ans et proposant divers objectifs pour l'expansion et la reconnaissance des baha'is.

(Les Baha'is, p. 57)


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