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4.
Le règne humain
Penser et comprendre ! Que peut faire l'homme de ce grand pouvoir? Il peut
étudier, apprendre et lire la parole de Dieu. Ce pouvoir lui permet aussi
de distinguer ce qui est juste et ce qui est faux. S'il écoute les conversations
des gens, il apprendra que telle ou telle chose s'est produite parce que
telle ou telle personne a choisi entre ce qui est juste et ce qui est faux.
Il entendra parler d'un garçon qui sauva son ami de la noyade et rentra
à la maison sans s'attendre à une récompense. Ou bien d'un autre qui vola
de l'argent. Après avoir entendu les histoires que l'on raconte de toutes
sortes de gens vous vous demanderez ce qui les fait agir de la sorte. Les
uns ont fait du mal aux autres, d'autres ont rendu le monde meilleur et
plus heureux. Ceux qui aiment Dieu désirent comprendre l'humanité et veulent
lui rendre service. Tel est le pouvoir que Dieu donna à l'homme; Il ne l'accorda
pas aux minéraux ni aux végétaux ni aux animaux. Et Il nous donna la possibilité
de choisir entre ce qui est juste et ce qui est faux ou entre le bien et
le mal. Ceux qui décidèrent de faire du bien à l'humanité lui rendirent
de très grands services. Souvent ils devaient passer par de grandes souffrances
avant de pouvoir aider les autres. Abraham Lincoln fut un de ces hommes.
4.1. Abraham Lincoln
Le nom d'Abraham Lincoln est connu dans le monde entier. Il fut le seizième
président des Etats-Unis de 1860 à 1865. Saviez-vous que la mère d'Abraham
était une femme pieuse qui pensait que ses enfants devraient utiliser les
dons que Dieu avait mis dans leur berceau? S'ils allaient à l'école et apprenaient
à lire et à écrire, se disait-elle, ils pourraient rendre de plus grands
services à l'humanité. Mais le père d'Abraham était pauvre et avait besoin
des bras de son fils à la ferme. Sa mère lui disait: "Tu dois t'instruire
pour devenir un homme sensé et bon". Elle ne désirait pas voir son fils
grandir comme les animaux de la ferme ou tirant une charrue à la force de
ses muscles, à moins de pouvoir aussi s'instruire et d'utiliser les dons
que Dieu dispensa au royaume humain. |
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A cette époque il était difficile d'aller à l'école et les livres étaient
rares. Abraham parcourait des kilomètres pour emprunter des livres. Il écrivait
ses leçons à la lumière de l'âtre, parce que cela coûtait cher d'allumer
la lampe. Quelquefois il écrivait sur une pelle en bois avec du charbon
parce qu'il n'avait ni papier ni crayon. Les gens l'appelaient souvent "l'honnête
Abraham ". D'être loyal et honnête était essentiel pour lui. Une fois, travaillant
dans un magasin, il lui arriva de se tromper et de ne pas rendre toute la
monnaie à un client. Le soir, en comptant son argent, il réalisa qu'il avait
fait une erreur et n'hésita pas à faire cinq kilomètres à pied pour rendre
les centimes à l'intéressé.
Le monde entier a entendu parler de Lincoln car il a largement contribué
à libérer les esclaves. Pendant sa présidence l'Amérique était en guerre.
De graves divergences d'opinion causèrent cette terrible guerre. L'une d'elles
concernait justement le problème des esclaves. Certains Etats voulaient
garder les noirs comme serfs. Lincoln était contre l'esclavage, il pensait
que les noirs devaient avoir les mêmes droits que les blancs. Priant souvent
Dieu de lui envoyer de la compréhension pour les problèmes des autres, Abraham
croyait que Dieu désirait nous voir honnêtes et justes. Il ne savait pas
que Baha'u'llah a dit : " Pour Moi, la chose préférée c'est l'Equité " Mais
il avait fréquemment lu sa Bible et il savait que Dieu voulait que les hommes
soient honnêtes et bons. Pendant sa présidence, il disait dans un de ses
discours: "Nous ne devrions faire de mal à personne, mais du bien à tout
le monde".
Le grand homme est mort il y a bien des années. Des gens qui ne l'ont jamais
vu visitent encore sa maison parce qu'ils ont beaucoup de respect pour ce
qu'il a fait dans sa vie. Les visiteurs viennent de partout, mais ce sont
avant tout des gens modestes qui savent que Lincoln lui-même sortait d'un
milieu simple. Pensez-vous que Lincoln a fait bon usage de son intelligence
pour servir l'humanité?
Un noir, né juste avant la période où Lincoln s'efforçait de libérer les
esclaves, nous intéresse maintenant. C'est Georges Washington Carver.
4.2. Georges Washington Carver
En 1860 un petit garçon noir vint au monde. On l'appela Georges Washington
d'après le premier président des Etats-Unis. A cette époque-là les enfants
des esclaves ne pouvaient presque jamais vivre avec leurs parents. |
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Très vite Georges fut séparé de sa mère, mais son maître, M. Carver, traitait
l'enfant avec beaucoup de bonté. Par la suite Georges adopta le nom de son
maître.
Georges aimait déjà les plantes quand il était petit garçon. Il réussissait
à faire pousser n'importe quoi. Les voisins l'appelaient "le docteur des
plantes" parce qu'il soignait des plantes qui avaient l'air de dépérir.
Il connaissait toujours un remède pour les rendre de nouveau vertes et fortes
Georges ne cessait de s'occuper de plantes et de fleurs et il brûlait de
savoir pourquoi des fleurs de plusieurs couleurs poussaient sur le même
tapis de mousse. Ce petit garçon se faisait secrètement un jardin au fond
des buissons où il semait diverses sortes de graines et où il observait
leur croissance.
Toute sa vie durant Georges avait le désir d'apprendre beaucoup de choses
et il aurait voulu utiliser ses connaissances pour aider les autres. Il
n'avait pas de parents qui l'auraient soutenu dans ses efforts, pas d'argent
pour faire des études et, à part cela, il était un noir. Dans ces temps-là
des garçons de couleur n'étaient pas admis par la plupart des écoles et
des universités. C'est pourquoi il décida de s'aider lui-même.
Pour commencer il apprit à faire des travaux ménagers. A l'âge de dix ans
il savait faire la lessive, repasser, récurer les fonds aussi bien que n'importe
quelle femme. Il faisait ces travaux pour gagner de l'argent qui lui permettrait
de vivre près d'une école. Tout ce que Georges entreprenait était bien fait.
Il n'était jamais satisfait d'une tâche accomplie à moitié. Il disait: "Si
c'est seulement à peu près bien, c'est faux".
Quand il fut plus âgé et dut payer ses études, il travailla dur et mit de
l'argent de côté. Lorsqu'il en eut une jolie somme il alla à l'école jusqu'à
ce que tout fût dépensé. Il n'acceptait rien de personne, sauf du travail.
Georges désirait s'instruire dans tous les domaines pour pouvoir, mettre
son savoir au service des autres. Il semblait connaître le fait que Dieu
donna plus de pouvoir à l'homme qu'à l'animal pour rendre le monde meilleur
et plus heureux.
Après avoir terminé ses études à l'université, Georges avait des connaissances
énormes dans le domaine des plantes. Des fermiers lui demandaient conseil
au sujet de l'amélioration de leurs récoltes. Il allait souvent à la campagne
assister ceux qui ne comprenaient pas pourquoi leurs cultures ne rendaient
pas. Par la suite il fut nommé professeur à une université pour les noirs.
Les gens le traitaient parfois avec rudesse parce qu'il était un noir. Il
disait à ses étudiants de couleur de ne pas se fâcher en entendant les gens
critiquer les noirs, mais de s'efforcer plutôt de corriger leurs défauts.
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Georges Washington Carver étudiait les plantes parce qu'il voulait comprendre
la création de Dieu. Il disait d'ailleurs qu'il n'aurait pas été capable
de s'instruire autant sans l'aide divine En étudiant les merveilles de la
nature, Carver dialoguait silencieusement avec Dieu. Un jour il lui confia
qu'il aimerait comprendre l'organisation des royaumes minéral, végétal et
animal, qu'il voudrait savoir exactement comment chacun d'eux fonctionnait
et de quelle manière l'un assistait l'autre. Il raconta plus tard que Dieu
lui avait recommandé de commencer par étudier l'arachide. C'est ainsi qu'en
peu de temps Carver découvrit qu'on pouvait utiliser l'arachide de 400 façons
différentes!
Carver est devenu un vieil homme. Toute sa vie était consacrée au travail
et aux études et à ceux qui s'adressaient à lui pour lui demander aide et
conseil. Rien d'étonnant qu'il ait été si aimé et respecté! Avez-vous déjà
essayé de faire une invention? Un inventeur est une personne qui découvre
une chose inconnue jusqu'alors. Ne serait-ce pas fascinant d'inventer n'importe
quoi dont profiteraient les gens du monde entier? Thomas Edison était un
de ces grands inventeurs.
4.3. Thomas Edison
L'enfant Thomas posait toujours des questions sur un tas de choses qu'il
aurait voulu savoir. Il avait beaucoup d'idées dans la tête et quelquefois
il faisait des expériences pour voir si ce à quoi il pensait était bien
réalisable. Un beau jour même il chassa l'oie de son nid, s'assit sur les
oeufs qu'elle était en train de couver et attendit leur éclosion!
Comme Carver, Edison s'intéressait aux sciences. Mais son domaine préféré
était l'électricité et non les plantes. Thomas Edison étudiait et réfléchissait
sans cesse. Il n'a jamais gaspillé son temps. A onze ans déjà il s'est mis
à vendre des magazines et des sucreries dans les trains. Dans ses heures
libres, il imprimait un petit journal avec une machine à imprimer qu'il
gardait dans un wagon à bagages vide. A la maison il continuait à s'occuper
d'électricité. Entre autres il installait des fils télégraphiques allant
de sa maison à celles de ses amis. |
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A quinze ans il travaillait comme télégraphiste. Dans tous les lieux de
travail il a essayé d'inventer une chose utile. Les employés de l'un des
bureaux, par exemple, étaient dérangés par des cafards. S'ils laissaient
des miettes de leur petit-déjeuner sur la table, les cafards y montaient
pour les manger. Edison entourait alors les bords de la table de papier
d'étain et y faisait passer un courant électrique. Les cafards mouraient
en franchissant les bords de la table. Personne n'avait jamais rien vu de
pareil.
Plus tard Edison a fait des inventions vraiment importantes. Il a découvert
non seulement comment on pouvait enregistrer une chanson sur un disque et
la réentendre après, mais c' est aussi lui qui a construit le premier gramophone.
Il est l'inventeur des tramways électriques. Jusqu'à ce jour-là personne
n'avait supposé qu'un tram marcherait à l'électricité. Edison a démontré
qu'un trolley pouvait bel et bien glisser le long d'un fil électrique. Avant
cette date les trams étaient tirés par des chevaux. Des projecteurs de films
et des machines à écrire ont aussi été inventés par Edison. Sa plus grande
découverte cependant fut celle de la lumière électrique. Avant cela on avait
des lampes à huile, à pétrole et à gaz. Prenez une ampoule électrique et
regardez-la bien ! Au milieu vous verrez un fil minuscule de l'épaisseur
d'un cheveu. C'est ce que l'on appelle un filament. Edison a dû faire beaucoup
d'expériences et essayer bien des filaments avant de trouver le bon. Cela
lui a coûté cher, mais jamais il n'aurait eu l'idée d'abandonner son travail
avant d'avoir réussi.
Edison a toujours été bon et n'a jamais discuté des défauts des autres.
Il aimait la plaisanterie, était bienveillant à l'égard de ses ouvriers
et les payait bien. Il disait que c'était son devoir de bien les payer,
puisqu'il attendait du bon travail d'eux. Il ne savait peut-être pas que
Baha'u'llah nous a dit que le travail est un acte d'adoration. Mais Edison
travaillait toute sa vie durant pour améliorer le monde. Dans ce sens il
rendait hommage à Dieu.
Une femme, Hélène Keller, a passé par une grande épreuve qui lui a appris
à penser et à comprendre. |
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4.4. Hélène Keller
Dans sa première enfance, Hélène Keller a eu une maladie qui l'a rendue
aveugle et sourde. Elle pouvait sentir, goûter et toucher, mais elle ne
pouvait pas voir, ni entendre ou parler, car un enfant apprend à parler
en entendant les autres.
Elle était juste comme un petit animal, se battant pour ce qu'elle voulait
avoir et sa mère ne savait pas comment faire pour lui apprendre à se bien
conduire.
Lorsqu'Hélène eut six ans, une institutrice, Mlle Annie Sullivan, vint vivre
avec elle. Mlle Sullivan lui apprit à comprendre tout ce qu'elle ne pouvait
voir ou entendre. Le premier mot qu'Hélène sut était eau. L'institutrice
faisait couler de l'eau sur la main d'Hélène et épelait E-A-U dans sa main,
jusqu'à ce qu'elle comprît. Après ce premier pas l'enfant faisait des progrès
et assez vite elle connaissait beaucoup de mots. Son institutrice et elle
parlaient ensemble en épelant les mots avec les mains.
Un jour Hélène voulut savoir ce qu'était l'amour. Elle demanda si c'était
la douceur des fleurs ou la chaleur du soleil. "L'amour ressemble aux nuages
qui furent au ciel avant que le soleil parût", lui répondit Mlle Sullivan.
"Tu ne peux pas toucher les nuages, tu sais, mais tu sens la pluie et tu
sais combien les fleurs et la terre assoiffées sont heureuses de cette pluie
après une journée chaude. Eh bien, tu ne peux pas non plus toucher l'amour,
mais tu sens la douceur qu'il répand partout. Sans amour tu ne serais pas
heureuse ou tu n'aurais pas envie de jouer".
Hélène mit plusieurs années à apprendre ce que vous apprenez pendant la
première année scolaire. Plus tard elle put lire beaucoup de livres imprimés
avec des lettres en relief qu'elle touchait du bout des doigts. On appelle
cet alphabet des aveugles l'écriture Braille. Hélène lisait très souvent,
car elle voulait s'instruire. Pensez donc combien elle doit l'avoir désiré
.
Pour finir elle étudia à l'université et passa ses examens avec succès comme
une personne qui voit et qui entend.
Tout au long de sa vie Hélène tâcha de se mettre au service des autres,
surtout des aveugles. Elle apprit à aimer et à être aimée. Cela l'amena
à penser que le fait d'être utile aux autres, de les aimer, était plus important
que d'avoir de bons yeux. Chaque jour de sa vie fut un acte de foi et de
courage. Elle nous montre que le règne humain est plus élevé que le règne
animal. L'animal peut voir et entendre mais il ne peut pas adorer Dieu.
Hélène Keller n'avait pas besoin de ses yeux ni de ses oreilles pour cela!
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Autrefois
les pères et les mères étaient d'avis que les garçons devaient aller à l'université
ou bien faire un apprentissage chez un artisan. Quant aux filles, elles
n'avaient qu'à rester à la maison pour apprendre à cuire et à coudre, ou
à jouer du piano. Il était une fois une petite fille, née dans une famille
anglaise très riche. Elle n'était pas satisfaite de vivre une vie de jeune
fille aisée et désirait faire quelque chose de grand. Son nom est Florence
Nightingale.
4.5. Florence Nightingale
Florence Nightingale naquit en Italie dans la belle ville de Florence où
ses parents vivaient à ce moment. Ils lui donnèrent le nom de la ville comme
prénom. Dans son enfance Florence trouvait qu'elle était différente des
autres enfants. En se regardant dans le miroir elle n'aimait pas le visage
qui s'y reflétait et pensait que sa soeur était plus jolie qu'elle. Souvent
Florence semblait avoir peur de rencontrer des étrangers. La petite fille
inscrivait ses pensées dans un journal intime ou sur des bouts de papier.
La famille Nightingale possédait deux ou trois grandes demeures en Angleterre
et avait beaucoup de domestiques. Quand Florence eut l'âge d'aller au bal
on lui offrit de belles toilettes parce qu'elle aimait être admirée. Elle
prenait des leçons de piano et de chant et étudiait plusieurs langues.
Mais, sachant qu'elle faisait tout pour son plaisir et rien pour les autres,
ce genre de vie ne la rendait pas heureuse. Dans son journal nous trouvons
la remarque suivante: "Dieu m'a parlé aujourd'hui et m'a dit que je devrais
le servir lui". Florence avait alors dix-sept ans. Par la suite elle se
mit à réfléchir de quelle façon elle pourrait servir Dieu.
Puis un jour on permit à Florence de s'occuper de sa grand-mère qui était
très malade. La jeune fille soigna aussi sa vieille nurse et lui ferma les
yeux à sa mort. C'est à ce moment-là que Florence découvrit sa vocation
et réalisa en même temps qu'elle devrait apprendre à fond son métier d'infirmière.
Elle demanda à ses parents de la laisser entrer dans un hôpital. Mais ceux-ci
furent très mécontents à la seule idée de voir travailler leur fille. |
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A cette époque-là il n'y avait pas d'école d'infirmière. Les hôpitaux étaient
très sales et sa mère trouvait que ce n'était pas un endroit bien pour une
jeune fille de bonne famille. Florence n'était pas de cet avis, mais n'osait
désobéir à ses parents. Elle se mit alors à visiter les malades pauvres
de son village et à s'occuper d'eux de son mieux. En même temps elle lisait
un tas de livres sur les hôpitaux, afin d'en savoir le plus possible. Elle
savait enfin ce que Dieu attendait d'elle.
Et voilà qu'elle fut appelée à Londres pour diriger un petit hôpital de
femmes. Florence était si bonne envers les malades et les vieilles dames
que tout le monde l'aimait sincèrement. Mais sa grande chance l'attendait
encore.
En 1854 l'Angleterre et la France entrèrent en guerre contre la Russie.
Tous les soldats blessés et malades étaient soignés en Turquie dans de vieux
entrepôts transformés en hôpitaux. Florence Nightingale, ayant fait des
études sérieuses et ayant si bien dirigé son petit hôpital à Londres, fut
alors chargée par le gouvernement anglais de choisir quarante bonnes infirmières
et de partir avec elles en Turquie où les soldats mouraient. C'était la
première fois que des femmes furent admises à soigner des soldats anglais.
Cet hôpital de fortune se trouvait à Scutari. L'installation était primitive:
il n'y avait pas de lits, on mettait juste des paillasses par terre et il
n'était pas question de draps de lit. Par moment, mille blessés étaient
ainsi couchés à même à le sol. Les chaises et les tables faisaient aussi
défaut et même l'eau était rare. Les hommes appelaient parfois toute la
nuit pour avoir un peu d'eau, mais on manquait de seaux pour aller en chercher.
Il n'y avait naturellement pas non plus assez d'infirmières pour soigner
un si grand nombre de malades.
Tout cela se passait avant la découverte de la lumière électrique. Florence
Nightingale avait l'habitude d'aller d'un malade à l'autre avec une lampe
à huile à la main. Pendant qu'elle changeait les pansements, elle posait
cette lampe tout simplement sur le sol. Quelquefois elle travaillait jour
et nuit sans arrêt, sans prendre le temps de manger ni de se reposer. Les
soldats l'aimaient tous parce qu'elle était si bonne et douce. L'un d'eux
disait qu'il aimerait embrasser son ombre. Le soir, après avoir terminé
son dur travail journalier, elle s'asseyait à une petite table près de son
lit et donnait des nouvelles aux femmes et aux mères des soldats trop malades
pour pouvoir écrire eux-mêmes. |
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La chambre de Mlle Nightingale était si froide que son haleine dégageait
une légère buée. Elle avait bien un fourneau mais on n'arrivait pas à le
faire brûler. Un jour elle attrapa une terrible fièvre et dut garder sa
chambre pendant longtemps. Lorsque les soldats l'apprirent, ils eurent peur
de la perdre et quelques-uns tournèrent leur visage contre le mur en pleurant.
Mais aussitôt qu'elle se sentit mieux, elle reprit son travail. Elle veillait
tous les soldats mourants En un hiver, elle vit mourir deux mille hommes.
La guerre dura une année et demie. A la fin, Florence Nightingale rentra
en Angleterre Le travail très dur qu'elle avait accompli en Turquie dans
des conditions plus que mauvaises l'avait rendue malade. Elle était déjà
bien connue en Angleterre parce que les soldats qui étaient rentrés avaient
parlé de cette infirmière admirable. L'Angleterre voulait la recevoir en
grande pompe - un cortège et une fanfare - mais Mlle Nightingale ne demandait
qu'une chose: retourner tranquillement chez elle et retrouver du calme.
Elle était très peinée par la mort de tous ces hommes jeunes, morts pour
la patrie et enterrés en Turquie. Sur son chemin de retour elle s'arrêta
dans un couvent pour prier. Elle avait été vraiment heureuse en Turquie,
sachant qu'enfin elle avait été un serviteur de Dieu.
Dès lors la santé de Florence fut altérée. Elle fonda cependant la première
école d'infirmières qu'elle dirigea depuis chez elle. Elle s'occupa non
seulement des hôpitaux anglais, mais aussi de ceux d'autres pays et donna
des conseils pour que les malades soient bien soignés. Des membres importants
du gouvernement sont venus la trouver maintes fois pour lui demander son
avis sur le problème des blessés militaires. Ils voulaient savoir comment
on pourrait les soigner mieux et aussi ce qu'il faudrait faire pour améliorer
les hôpitaux d'une façon générale. Florence Nightingale ne se maria jamais,
elle se dévoua toute sa vie durant pour son prochain. Elle vécut jusqu'à
l'âge de quatre-vingt-dix ans. Avant sa mort, elle demanda qu'on ne mette
qu'une simple dalle de pierre sur sa tombe, portant juste ses initiales.
Le gouvernement anglais était si fier d'elle et lui aurait volontiers accordé
tous les honneurs, mais elle les refusa tous. Florence Nightingale ne demanda
jamais rien pour elle-même; la seule chose qui lui importait était de servir
son prochain.
De nos jours les femmes peuvent exercer presque tous les métiers. Elles
deviennent avocat, médecin, ouvrière de fabrique et même chauffeur de taxi.
Il y a cent ans, cependant, les femmes de certains pays n'avaient pas le
droit de participer à la vie publique. Baha'u'llah a pourtant dit que les
femmes devraient être instruites comme les hommes pour devenir de bonnes
mères de famille. Une jeune femme qui savait cela et le croyait vivait en
Perse autour de 1850. Elle s'appelait Tahirih. |
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4.6. Tahirih
En ce temps-là, le peuple persan étudiait un livre saint, connu sous le
nom de Qur'an. D'après celui-ci Dieu enverrait bientôt un nouveau messager
aux Persans (aujourd'hui nous les appelons des Iraniens) et au monde entier.
Des jeunes gens se sont alors mis à la recherche du prophète; les jeunes
filles n'obtenaient hélas, que très rarement la permission de partir en
voyage. Tahirih était très belle. Son père, un gentilhomme riche, lui offrait
de splendides cadeaux. Mais Tahirih n'était pas très attachée aux trésors
de ce monde; il lui tardait trop de trouver ce nouveau messager promis par
Dieu. Elle supplia son père de la laisser partir pour Karbila, où elle espérait
trouver d'autres jeunes qui cherchaient aussi ce messager. Son père céda
finalement à l'ardeur de sa fille et la laissa partir.
Pendant son séjour à Karbila elle vécut chez un grand professeur. Elle eut
ainsi l'occasion de parler du messager promis avec les étudiants. Mais Tahirih
était une femme et ne devait pas se montrer, elle restait toujours derrière
un écran ou un rideau. Si elle quittait la maison, elle portait un voile
épais sur son visage qui cachait tout sauf les yeux.
Ainsi était la coutume dans son pays. Personne n'avait encore vu une femme
non voilée dans la rue.
Une nuit Tahirih fit un rêve. Elle vit un jeune homme au turban vert et
l'entendit réciter des versets merveilleux. En se réveillant, elle se souvint
si clairement de son rêve qu'elle se dépêcha de noter un de ces versets
sur un bout de papier. A ce moment à peu près un jeune homme, Mulla Husayn,
venait de découvrir le messager promis, le Bab. Mulla Husayn copia quelques
passages des écrits du Bab et les envoya à ses amis à Karbila. Tahirih y
découvrir la phrase qu'elle avait entendue dans son rêve. ! Elle comprit
alors que le Bab était un vrai messager de Dieu. |
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Après cela Tahirih devint un des disciples du Bab. Elle expliqua son message
à beaucoup de personnes et on aurait dit qu'elle avait des connaissances
divines. Des gens arrivaient en masse pour écouter ses paroles, surtout
des femmes, et elle leur faisait prendre part au merveilleux message du
Bab. Par la suite Tahirih eut l'occasion d'assister à une réunion de quatre-vingt
et une personnes. Ces hommes et ces femmes étaient tous des disciples du
Bab. La réunion eut lieu dans les jardins près de Badasht. C'est là que
Tahirih se montra sans voile. Plusieurs hommes en furent choqués, car ils
n'avaient encore jamais vu un visage de femme non voilé. Ils étaient tout
aussi étonnés de ce qu'elle leur disait. Mais cela vous l'apprendrez dans
le chapitre sur le règne divin.
Ayant étudié la parole de Dieu, Tahirih prédisait beaucoup de choses pour
l'avenir. Les gens se pressaient autour d'elle pour l'entendre. Ils réalisèrent
qu'elle disait la vérité. Cependant des prêtres et des gouvernants commencèrent
à avoir peur de l'influence qu'elle avait sur les gens et ne voulurent plus
la laisser en liberté. C'est pourquoi Tahirih fut emprisonnée dans la maison
du maire de Tihran. Elle y passa trois ans.
La femme du maire et elle devinrent de grandes amies. Elles discutèrent
souvent et longuement ensemble. Un soir, rendant visite à Tahirih, cette
dame la trouva habillée de soie blanche et l'entendit dire: "Je me prépare
à la rencontre de mon bien-aimé". Elle n'avait ni l'air d'avoir peur ni
d'être triste. La femme du maire se mit à pleurer, car elle réalisa que
Tahirih allait bientôt quitter ce monde. Le lendemain, en effet, un officier
vint la chercher. Sur un cheval blanc, elle fut conduite dans un jardin
en dehors de la ville où elle devait être tuée. Ceux qui craignaient son
influence ne voulaient pas la laisser en vie plus longtemps, même si elle
restait enfermée quelque part. Tahirih fut étranglée avec son propre mouchoir
de soie et son corps fut jeté dans un puits.
Tahirih signifie "la pure". Sa vie a été pure et limpide comme un cristal
parce qu'elle était si proche de l'esprit de Dieu. Comment pouvait-elle
connaître l'esprit et la parole de Dieu? Comment pouvons-nous connaître
Dieu? Nous ne pouvons ni le voir ni l'entendre. Mais nous voyons et entendons
tout ce qu'il a merveilleusement créé pour nous. Nous voyons les grands
rochers gris du royaume minéral et nous entendons déferler les vagues de
l'océan contre leurs parois abruptes. Dans l'herbe nous apercevons les renoncules
d'un jaune lumineux du royaume, végétal et nous entendons le pic du royaume
animal percer un trou dans l'écorce d'un arbre.
Nous voyons le fermier du royaume humain labourer son champ et sa femme
suspendre du linge en plein air. Là, deux enfants descendent la rue pour
aller à l'école. Les enfants font aussi partie du règne humain. De quelle
manière tous ces êtres humains apprennent-ils à s'entraider sans connaître
Dieu? Dieu créa chaque royaume selon un plan bien défini et donna ses propres
pouvoirs à chacun. Aux êtres humains il conféra le pouvoir de l'amour et
de la bonté pour qu'ils aient la possibilité de faire un monde plein de
paix et de joie. Et il envoya ses messagers que l'on appelle parfois des
Manifestations de Dieu pour nous en parler. Ce sont des hommes qui font
partie du règne humain; mais parce qu'ils possèdent la lumière et l'esprit
de Dieu, ils appartiennent aussi au règne divin.
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