Le courage
d'aimer
Shoghi Ghadimi
1. La Foi et l'Amour
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1.2. L'atome et la paix
Parfois dans la vie on voit des choses
bizarres: On voit un Nobel qui invente la dynamite, et qui laisse une immense
fortune pour récompenser les efforts de ceux qui travaillent pour la Paix. On
voit un Einstein qui découvre la puissance destructrice de l'atome et qui jusqu'au
dernier souffle de sa vie ne cesse de parler de la nécessité impérieuse d'établir
la paix, pour que la survie de l'humanité soit assurée.
Et l'on continue d'écrire des ouvrages volumineux sur l'Atome et la Paix.
Mais le premier ouvrage qui parle de la paix et en même temps fait une allusion
à la puissance atomique date de près d'un siècle. Je dis bien cent ans, si incroyable
que cela puisse paraître, car il y a cent ans on ne connaissait pas encore la
puissance atomique. Voilà ce que nous lisons dans cet ouvrage, dont l'auteur
était un condamné à la prison à perpétuité, enfermé dans la prison de Saint-Jean
d'Acre:
"En vérité, je dis: dans chaque chose la modération est requise, l'excès est
une cause de mal. Voyez comment la civilisation occidentale est devenue la cause
de l'effroi et de la terreur de l'humanité; un instrument infernal s'est glissé
au milieu d'eux, une telle cruauté dans la destruction de la vie est apparue
que les yeux et les oreilles du monde n'ont vu ni entendu rien de pareil.
"La réparation de ce mal qui a pris une puissance insurmontable est impossible,
sinon par l'union des peuples dans un intérêt commun ou dans une religion. Écoutez
la proclamation de l'Opprimé et attachez-vous à la PAIX UNIVERSELLE. Des choses
extraordinaires existent sur la terre, mais elles sont cachées à l'esprit et
à la raison. Ces choses ont le pouvoir de changer entièrement l'atmosphère terrestre,
tel un poison destructeur."
En 1908, deux Américains, de San Francisco, en visite à Saint-Jean-d'Acre demandent
au fils de l'Auteur de cet avertissement des explications concernant ces "choses
extraordinaires capables d'empoisonner l'atmosphère terrestre". Et il interprète
les paroles de son Père par l'existence de deux puissances dues à la fission
et à la fusion: ce que nous appelons aujourd'hui la puissance de la bombe atomique
(fission) et de la bombe à l'hydrogène (fusion) (Voir "Daily Lessons Recelved
at Acca", édité en 1909).
Si à titre de curiosité nous consultons les dictionnaires édités à l'époque
où cette interprétation a été donnée, nous y voyons que l'uranium (combustible
nucléaire) y est défini comme "métal blanc sans valeur". Et ce n'est qu'une
trentaine d'années après (en 1938) qu'on découvre que la puissance d'une poignée
de ce "métal blanc sans valeur" est équivalente à l'énergie fournie par 10000
tonnes de charbon.
Quant à la contamination de l'atmosphère, prédite par le Prisonnier de Saint-Jean-d'Acre,
disons que, par suite de la dislocation de l'atome, il se propage dans l'atmosphère
des poussières radioactives, qui, respirées avec l'air, attaquent nos cellules
et en particulier les organes donnant naissance au sang. La leucémie et le cancer
n'en sont que deux conséquences.
Ajoutez-y le fait que, par suite de cette contamination de l'atmosphère, chaque
année plus de 100000 enfants anormaux sont mis au monde, et vous verrez jusqu'à
quel point chaque expérience atomique contamine l'atmosphère, expériences que
Jean Rostand appelle "un crime dans le présent et surtout un crime dans l'avenir,
et un crime dont les suites n'auront pas de fin, puisque ces mutations nocives,
qui apparaîtront de la sorte, continueront indéfiniment à se propager."
Ceci concernait les caractéristiques de la force de FISSION. Quant à la force
de FUSION prédite par le Prisonnier de Saint-Jean-d'Acre, et découverte bien
plus tard par la science, c'est celle qui est connue aujourd'hui sous le nom
de la bombe à hydrogène. Pour dire combien cette puissance est extraordinaire,
rappelons-nous qu'avec une seule bombe à hydrogène on peut détruire un pays
comme la Belgique. Quant à la contamination de l'atmosphère, elle est caractérisée
par les mêmes effets néfastes que la bombe atomique. On a même constaté des
cas de folie subite chez les aviateurs transportant la bombe H.
Voilà ce qu'entendait le Prisonnier de Saint-Jean d'Acre en parlant des choses
extraordinaires capables de contaminer l'atmosphère tel un poison destructeur,
prophétie qui fut réalisée par la science cinquante ans plus tard.
Mais une question se pose. Pourquoi, en lançant pour la première fois son appel
à l'union des peuples, l'auteur de ces lignes met-il l'humanité en garde contre
-les choses extraordinaires capables de contaminer l'atmosphère? C'est que,
si l'on ne s'unit pas, cette "chose extraordinaire", c'est-à-dire la puissance
nucléaire ne permettra plus à l'humanité de survivre.
Car si la puissance nucléaire intervenait dans une guerre, fatalement tout le
monde, aussi bien celui qui attaque que celui qui est attaqué, en subirait les
conséquences néfastes. Ce n'est plus un bombardement classique, dont on peut,
avec des calculs précis, limiter les dégâts à une zone bien déterminée. Il suffit,
- par exemple, que le vent change de direction pour que ce soit l'agresseur
qui subisse les effets néfastes de son arme. Une guerre atomique est donc absurde.
Et pourtant on s'y prépare, on continue de s'armer en bombes atomiques. Pourquoi?
Pour la simple raison que c'est la crainte de représailles qui peut empêcher
un belligérant d'utiliser son arme. En attendant, ces armements coûtent terriblement
cher; ils ruinent l'économie du pays. Et s'il n'y a pas encore de guerre atomique,
il y a une guerre économique où l'on est en train de nous plumer comme des pigeons.
Par quel moyen peut-on sortir de cette situation à la fois absurde et explosive?
Il n'y a qu'une solution c'est de s'unir. C'est pour cela qu'aujourd'hui seulement
on dit: s'unir ou périr. Et c'est ce que précisément le Prisonnier de Saint
Jean d'Acre voulait dire, en invitant l'humanité à s'unir tout en la mettant
en garde contre la puissance destructrice de l'atome.
Mais comment s'unir? Les hommes ont-ils fait quelques essais pour s'unir? Oui,
et l'on peut ramener à quatre ces tentatives d'union.
D'abord, l'essai militaire. C'est Napoléon qui tenta par la méthode militaire
de réaliser l'union des nations européennes en une Fédération d'États. Mais
ses guerres ne firent qu'épuiser les pays d'Europe, et les pousser à la recherche
d'une autre méthode pour se mettre d'accord. C'est alors qu'intervint une deuxième
tentative qui fut l'Alliance des Grandes Puissances, connue sous le nom de la
Sainte Alliance. L'Angleterre, la Russie, l'Autriche et la Prusse s'unirent
pour tenir les nations en accord.
Mais cette tentative échoua aussi, parce qu'elles ne tinrent pas compte des
aspirations des peuples. Ils donnèrent, par exemple, la Belgique aux Hollandais,
la Finlande aux Russes, la Norvège aux Suédois, etc... Ce qui provoqua des luttes
pour l'indépendance, des poussées révolutionnaires et finalement l'échec de
la Sainte Alliance. Les troubles politiques, économiques et sociaux qui s'ensuivirent,
aboutirent à la première guerre mondiale, premier avertissement démontrant qu'à
l'ère de la machine, l'union des peuples devenait une nécessité. C'est alors
qu'on eut recours à une troisième tentative pour s'unir.
Cet essai, c'est la formation de la Société des Nations. Cette tentative aussi,
comme vous le savez, par suite du manque de sagesse des artisans des traités
de paix, des réparations insupportables imposées aux vaincus, et, par conséquent,
de la naissance de l'esprit de vengeance, échoua aussi. Elle ne sut pas empêcher
la deuxième guerre mondiale. Et elle fut un deuxième avertissement aux nations
du monde, avertissement soulignant la nécessité vitale de l'union des nations.
C'est alors que nous assistons à un quatrième essai pour tenir les nations en
accord. C'est la création de l'Organisation des Nations Unies.
Tout en rendant hommage à cette Organisation pour préserver la paix, tout en
reconnaissant qu'il s'agit d'une étape par où l'humanité devait passer dans
ses efforts pour l'établissement de la paix, posons-nous la question de savoir
si nous nous trouvons en présence de nations réellement unies, ou plutôt de
l'organisation des "nations dites unies", comme l'a baptisée le Président de
Gaulle. Il faut avouer qu'il n'y pas d'union sincère entre les Membres de cette
Organisation. Et c'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles on se trouve
toujours en état d'alerte, où, comme le disait Jésus concernant notre époque:
"Les gens seront frappés de terreur dans l'attente de ce qui surviendra demain.
Les nations seront perplexes et ne sauront quoi faire."
Tous les moyens pour tenir les nations en accord ont donc été utilisés, et ils
n'ont pas donné le résultat désiré. Que reste-t-il alors?
L'histoire nous enseigne que c'est la force de la RÉVÉLATION dont l'exemple
sublime a été fourni par Jésus, qui a uni deux camps aussi opposés que celui
des adeptes de la Bible, et celui des adeptes de César. Que se passa-t-il? Quel
courant traversa alors l'esprit tordu du Romain civilisé pour que, tel un aimant,
il soit attiré par le camp des adeptes de la Bible? Nous n'en savons rien. Tout
ce que nous savons, c'est que le Romain fut "aimanté" par Jésus.
En science, nous connaissons un phénomène semblable. Faites traverser un fil
tordu - un enroulement - par le courant électrique, et vous voyez que ce fil
tordu se transforme en aimant. Comment cela s'est-il produit? Que s'est-il passé
à l'intérieur de ce fil tordu? Et puis, qu'est-ce que le courant électrique?
Nous n'en savons rien. Mais nous constatons cette aimantation, et, tout en ne
comprenant pas exactement son mécanisme, nous disons que pour aimanter un fil
tordu il faut le faire traverser par le courant électrique. Il en va de même
dans le domaine spirituel, où pour aimanter un individu, il faut que son esprit
soit traversé par le courant spirituel dégagé par le phénomène appelé RÉVÉLATION.
L'histoire abonde en exemples illustrant ce genre d'aimantation, mais cette
aimantation était à petite échelle à l'intérieur d'un pays ou de quelques pays.
Or, aujourd'hui, il nous faut une aimantation à l'échelle mondiale. Il faut
donc, comme dans le passé, que les esprits soient traversés par le courant spirituel
dégagé par le phénomène de la révélation.
Mais où trouver cette révélation? L'histoire nous en parle-t-elle? oui, la même
histoire, qui si injustement a passé sous silence la révélation de Jésus pendant
plus de cent ans, abonde en références concernant la révélation de notre ère,
j'entends la révélation de Baha'u'llah.
Les rois, les ministres, les chefs spirituels et les savants ont parlé de Lui.
Et c'étaient ses paroles que j'ai citées au début de cet article, paroles pour
lesquelles il a passé quarante ans en prison. Et c'est dans cette prison de
Saint-Jean-d'Acre qu'Edward Browne, le célèbre professeur de l'Université de
Cambridge, a pu le voir pendant quelques minutes. Permettez-moi, à titre d'exemple
et de référence historique, de vous citer ce que ce professeur a, écrit sur
cette visite:
"Je me prosternais, écrit-il, devant Celui qui fait l'objet d'une vénération
et d'un amour auxquels les empereurs aspirent en vain. Une voix douce et pleine
de courtoisie me pria de m'asseoir et continua: "Loué soit Dieu que tu sois
parvenu au but. Tu es venu voir un prisonnier et un exilé. Nous ne désirons
que le bien des nations, cependant on Nous suspecte d'être un élément de désordre
et de sédition, digne de la captivité et du bannissement."
"Que toutes les nations deviennent une dans la Foi, et que tous les hommes soient
des frères, que les liens d'affection et d'unité entre les enfants des hommes
soient fortifiés, que la diversité des religions cesse et que les différences
de races soient annulées. Quel mal- y a-t-il à cela? Cela sera malgré tout.
Ces luttes stériles, ces guerres ruineuses passeront et la plus grande Paix
viendra. N'avez-vous pas besoin de cela en Europe? N'est-ce pas ce que le Christ
a prédit?"
"Cependant nous voyons les souverains et les chefs d'État gaspiller plus volontiers
leurs trésors en moyens de destruction de la vie humaine, qu'en ce qui conduirait
l'humanité au bonheur. Ces luttes, ces massacres, ces discordes doivent cesser
et tous les hommes doivent former une seule famille."
Et Baha'u'llah finit par cette sublime parole "Que l'homme ne se glorifie pas
d'aimer son pays, mais plutôt le genre humain!"
Et je voudrais terminer par une autre référence, non moins historique, celle
de la Reine Marie de Roumanie, la première reine qui a accepté la Foi mondiale
baha'ie, comme ce fut le cas pour l'Empereur Constantin face au Message du Christ.
Voilà ce qu'elle écrit:
"L'enseignement baha'i apporte la paix et la compréhension. C'est comme un vaste
rassemblement de tous ceux qui ont cherché longtemps une formule d'espérance.
L'enseignement baha'i accepte tous les grands prophètes du passé; il ne détruit
aucune croyance et laisse les portes grandes ouvertes.
"Attristée par les dissensions continuelles entre les croyants de plusieurs
confessions et lassée par leur intolérance les uns envers les autres, j'ai découvert
dans l'enseignement baha'i le véritable esprit du Christ, qui a été si souvent
nié et méconnu.
"Unité, au lieu de lutte, espoir au lieu de condamnation, amour au lieu de haine,
et une raison magistrale de rassurer les hommes: L'enseignement baha'i apporte
la paix de l'âme et l'espoir pour les coeurs. Aujourd'hui, plus que jamais,
au moment où le monde doit faire face à une crise d'égarement et d'insécurité,
nous avons à demeurer fermes dans la Foi, cherchant ce qui peut relier les êtres
au lieu de les faire s'entre-déchirer.
"A ceux qui sont à la recherche de la lumière, l'enseignement baha'i offre une
étoile qui les guidera vers une profonde compréhension, une assurance, la paix
et la bonne volonté parmi les hommes."