Le courage d'aimer
Shoghi Ghadimi

1. La Foi et l'Amour
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1.8. L'Homme de Demain n'aura plus peur

Chaque fois qu'on étudie le problème de la peur, il y a une histoire qui me revient à l'esprit et qui se trouve dans les Écrits bouddhistes. Permettez-moi de vous la raconter comme introduction à mon exposé.

Un jour, un lièvre s'installe sous un manguier et s'endort. Soudain, il entend un grand bruit. Il pense que c'est la fin du monde et il se met à courir. Quand les autres lièvres le voient courir, ils lui demandent: "Pourquoi cours-tu si vite?". Il répond: "La fin du monde arrive". A ces mots, ils se joignent tous à sa course. Quand les daims voient les lièvres courir, ils leur demandent: "Pourquoi courez-vous si vite?". Et les lièvres répondent

"Nous courons parce que la fin du monde arrive". Sur ce les daims se joignent à leur course. Ainsi chaque espèce, l'une après l'autre, se joint aux animaux qui courent affolés par le bruit de la fin du monde. Voyant tout le règne animal dans une course panique qui le conduirait à sa destruction, Bouddha intervient:

"Pourquoi courez-vous?" demande-t-il au dernier groupe qui s'était joint là la course.

"Parce que la fin du monde arrive" répondent ils.

"Ce n'est pas la fin du monde, se dit Bouddha. Cherchons pourquoi Ils pensent ainsi." Il s'informe alors auprès des espèces, l'une après l'autre, suivant la rumeur à la trace jusqu'aux daims et enfin jusqu'aux lièvres. Quand les lièvres lui disent qu'ils couraient parce que la fin du monde arrive, il leur demande quel lièvre avait dit cela. Ils lui désignent celui qui avait lancé la nouvelle. Alors il demande à ce dernier: "Où étais-tu et que faisais-tu quand tu as pensé que la fin du monde arrivait?". Le lièvre répond: "J'étais installé sous un manguier et je dormais".

"Tu as probablement entendu une mangue tomber, lui dit Bouddha, et tu as pensé que la fin du monde arrivait. Retournons à l'arbre où tu étais installé et cherchons s'il en est bien ainsi?". Ils se rendirent tous les deux à l'arbre et ils trouvèrent qu'effectivement une mangue était tombée où le lièvre s'était installé.

Ainsi Bouddha sauva tous les animaux de leur destruction.

Evidemment cette histoire ne devrait pas être prise à la lettre et l'on pourrait l'interpréter de plusieurs façons. L'une des interprétations ne serait elle pas celle-ci:

La peur est un attribut de la nature animale de l'homme, les lièvres et les daims sont les hommes pour qui un rien est la fin du monde, tant la peur les domine. Et la mission des Bouddhas 'est précisément de combattre la peur pour sauver le inonde.

Et je dis bien "la mission des Bouddhas" car pour les Bouddhistes tous les Hommes géniaux tels que Bouddha sont des Bouddhas, ces Hommes géniaux que nous appelons Prophètes. Quelle charmante façon de penser, qui revient en somme à dire que tous les Prophètes sont UN. Ce que Jésus a laissé entendre à ses disciples en disant:

"Avant qu'Abraham fût, je suis."

Ce que Muhammad a dit plus clairement:

"Tous les Prophètes, c'est moi."

Nous disions donc que la mission des Bouddhas ou des Messagers de Dieu, c'est d'apprendre à l'homme à maîtriser sa peur, car la peur conduit à la destruction, destruction de la santé, destruction de la personnalité avec ses capacités et sa moralité, et enfin, aujourd'hui, destruction de l'humanité.

Reprenons l'étude de ces points un par un.

D'abord les effets néfastes de la peur sur la santé; et cela est essentiel, étant donné que tous les enseignements religieux visent avant tout la santé du corps, ce serviteur de l'esprit. Si le serviteur est malade, le maître n'en souffre-t-il pas?

Or nombreuses sont les maladies dues à la peur. Ces maladies dans le passé étaient qualifiées d'imaginaires, aujourd'hui on les appelle psychosomatiques. "Imaginaires" parce qu'on n'y voyait aucun indice matériel, aucun microbe, aucune bactérie, "psychosomatique" "parce qu'à l'origine, il y a principalement la psychose de la peur. Et aujourd'hui les médecins estiment que la peur est à l'origine de 30 à 60 % des maladies." Quelques exemples illustrent bien ces maladies.

Une neurasthénique, persuadée d'être atteinte d'une maladie de coeur et craignant la mort par une crise cardiaque, s'adresse à un cardiologue:

- Je regrette de vous l'avouer, lui dit le médecin, votre mal me semble incurable.

- Je le sais bien, mais dites-moi au moins comment il s'appelle !

- La PEUR, répond le docteur.

La peur est un facteur destructeur de la personnalité, de ses capacités et de sa moralité.

Le meilleur pianiste, à l'instant où la peur s'empare de lui et qu'il n'est plus sûr du mouvement de ses doigts, échoue lamentablement dans son concert, à moins que, confiant en ses capacités, Il laisse ses doigts se mouvoir naturellement sur les touches.

Un autre exemple. On marche facilement sur le bord d'un trottoir surélevé d'une dizaine de centimètres par rapport à la chaussée, mais on a peur de marcher sur le bord de la terrasse d'une maison surélevée disons d'une dizaine de mètres par rapport à la même chaussée. Et cette peur paralyse tellement nos capacités qu'on se sent soumis à une force qui nous tire vers le bas et nous fait tomber.

La peur affecte la personnalité humaine au point de vue moral.

La peur fait que les fabricants de produits dont nous avons besoin baissent de plus en plus la qualité de ces produits. Avec la majoration des salaires, ils pourraient majorer les prix de leurs produits dans la même proportion, mais ils ne le font pas car ils ont peur que leur clientèle diminue. Et le pauvre client satisfait de ce que, malgré la majoration de son traitement, il paie presque le même prix pour une voiture, par exemple, s'aperçoit de son erreur peu de temps après quand il commence à avoir affaire au garagiste pour les réparations inévitables.

Un garagiste disait:

- J'achète les voitures d'occasion les moins chères et je les revends moins cher que je ne les achète.

- De quoi vivez-vous alors? lui a-t-on demandé.

- Des réparations.

Nous disions donc que, après avoir acheté des, produits de mauvaise qualité, en se voit trompé et on ne peut pas résister à prendre sa vengeance. Si on est commerçant, on se dit: "Moi aussi, pour ne pas perdre un client, je peux bien mentir une fois".

Or, il est facile de dire un mensonge, mais très difficile de n'en dire qu'un. Si' on est employé, mécanicien, plombier, on se venge à sa façon. Bernard Shaw dit:

"Les gens croient difficilement que le plomb puisse se changer en or jusqu'au jour où ils reçoivent la facture du plombier."

La peur, non seulement, est un facteur destructeur de la santé et de la personnalité mais, de nos jours, elle menace même la survie de l'humanité. En effet, les Super Grands, de peur d'être surpris par une attaque nucléaire, accumulent très dangereusement les armement thermonucléaires. Et il suffit d'une erreur ou d'une folie passagère d'un Super Grand pour qu'il ordonne d'appuyer sur un bouton et l'espèce humaine est anéantie.

Les savants et les penseurs d'aujourd'hui sont d'avis que, même s'il n'y a pas de guerre atomique, les dépenses militaires avec leurs conséquences telles que la misère et la famine à l'échelon planétaire, le mécontentement général, la violence, la révolte, les sabotages, les incendies, sont suffisants pour assurer l'anéantissement de l'humanité.

En résumé, nous voyons que la peur est un facteur destructeur de la santé, de la personnalité et, Dieu nous en garde, de l'humanité. Il faut donc nous en débarrasser. Je dis bien "nous" car tous nous sommes plus ou moins tourmentés par la peur.

Si nous jouissons d'une bonne santé, de peur de la perdre, nous nous disons qu'il faut bien manger et nous mangeons trop, ce qui nous expose davantage à toute sorte de maladies dues à la suralimentation. Quelqu'un a dit, non sans raison, que la moitié de ce que nous mangeons suffit pour nous nourrir, l'autre moitié sert à nourrir les médecins.

Si nous sommes employés, nous avons peur de perdre notre emploi. Si nous sommes patrons, nous avons peur de la chute des affaires. Si nous sommes à l'école, nous avons peur d'échouer aux examens. Quel que soit le manteau sous lequel la PEUR se déguise, elle nous atteint toujours et elle est devenue le MAL DU SIÈCLE.

Qui guérira ce mal? Qui nous apprendra à maîtriser la peur?

Puisque ce n'est pas la première fois dans l'histoire que les hommes sont tourmentés par la peur, voyons ce qui les en délivra.

Eh bien ! l'expérience du passé montre que c'est l'apparition d'Hommes géniaux qui produisait une telle mutation dans la nature humaine. Alors les hommes cessaient d'avoir peur, même de la chose la plus terrible, je veux dire de la mort. C'est la raison pour laquelle les historiens matérialistes appellent ces Hommes des MUTANTS, mutants que les croyants appellent PROPHÈTES.
Quelle que soit leur appellation, nous voyons que c'est par la FOI qu'ils inspirent à leurs adeptes que ceux-ci apprennent à maîtriser la peur. La Foi devient ainsi la première force qui permet de maîtriser la peur. Et, comme nous l'avons dit, sa puissance est telle que ceux qui s'y soumettent ne craignent même pas la mort. Nous comprenons donc pourquoi selon les Fondateurs de la Foi, ceux-là ont réellement la Foi qui n'ont pas peur même de la mort.

"Ceux-là sont mes adeptes qui portent leur croix", dit en substance Jésus.

"Suppliez la mort, si vous êtes véridiques", dit le prophète Muhammad.

Non moins catégorique est Baha'u'llah, le Fondateur de la Foi Baha'ie qui, de même, n'adresse Son Message qu'aux volontaires au martyre.

Et à son appel, il y a plus d'un siècle, non moins de 20000 personnes ont répondu. Vingt mille têtes sont tombées pour qu'aujourd'hui, nous n'ayons plus PEUR de quoi que ce soit. Ils nous ont inspirés par leur exemple, eux qui, par leur Foi, sont arrivés à maîtriser admirablement la peur.

Mais qu'est-ce que la FOI?

La foi consiste-t-elle à observer des rites? Précisément pas. Et ceci pour la simple raison que la première chose que font les Fondateurs de la Foi, c'est d'abolir le ou les rites en vigueur.

Ainsi, pour dire que la Foi n'est pas l'observance du sabbat, Jésus l'abolit, convaincu qu'Il était de ce que ce n'était qu'un symbole extérieur, avec un sens spirituel très profond, destiné à être révélé au Jour Promis.

Selon Jésus, la Foi se reconnaît à l'AMOUR, peu importe si on observe le sabbat ou non. Et ceux qui ont peur qu'on touche à ce commandement de Moise,

à ce "talent" laissé par Moise, sans en saisir le vrai sens qui est l'AMOUR, ceux-là perdent leur foi. Alors, dans sa bonté infinie, afin de faciliter la reconnaissance du Promis, Jésus énonce sa fameuse parabole des cinq talents. Il y prédit qu'il en sera de même en ce qui concerne ses disciples, qui auront "peur" qu'on "touche" aux "talents" laissés par Lui, voulant qu'on les garde intacts, sans y voir le sens spirituel qu'est l'AMOUR, ce signe sublime de la Foi.

A titre d'exemple, permettez-moi de mentionner le baptême, considéré par les Chrétiens comme aussi sacré que le sabbat par les Juifs.

Ce baptême, le Fondateur de la Foi Baha'ie l'abolit aujourd'hui, comme Jésus a aboli le sabbat il y a 2000 ans.

Seulement, compte tenu de la maturité de l'humanité, Baha'u'llah en a expliqué la vraie signification: ce que Jésus n'avait pas voulu faire pour le sabbat, étant donné que l'humanité se trouvait encore au stade de son enfance et n'était pas en mesure de "porter" cette explication selon les termes mêmes de Jésus.

Voyons quelle est, selon les enseignements baha'is, la vraie signification du baptême.

D'abord l'Évangile parle de deux baptêmes, baptême d'eau et baptême du feu. Si l'on fait les deux baptêmes, tout en les prenant à la lettre, comme l'eau détruit le feu, l'un abolit l'autre. On en conclut que le baptême d'eau et le baptême de feu ne sont que des symboles cachant un sens profond qui est le même dans les deux cas. Quel est ce sens? C'est l'AMOUR. Je m'explique. L'eau signifie ce qui donne la vie. Il y a de l'eau dans tout ce qui existe, même dans la pierre. Or l'amour aussi signifie ce qui donne la vie. Saint Jean dit:

"Nous sommes passés de la mort à la vie car nous aimons" I Jean 3/4. Et aujourd'hui la science démontre que, sans l'attraction et l'amour, rien ne peut exister. Par conséquent, être baptisé d'eau signifie être baptisé d'amour. Autrement dit, engager sa conscience en tout ce qui contribue à l'AMOUR, ce qui confirme la définition des Chrétiens donnée par Jésus:

"A ce signe vous reconnaîtrez qu'ils sont mes adeptes, s'ils ont de l'amour les uns pour les autres."

Avec cette explication du baptême, il ne reste plus de contradiction entre le baptême d'eau et le baptême du feu.

En effet, lorsqu'on a de l'amour en tant qu'attribut, on aime tout le monde sans distinction de race, de classe ou de couleur. On brûle tous ces préjugés. L'amour brûle comme le feu tous les préjugés. Le baptême devient le baptême de feu.

Chers amis, dans le monde d'aujourd'hui qui a tellement besoin d'amour, ne vaut-il pas mieux abandonner le baptême physique pour l'interpréter spirituellement c'est-à-dire adopter le baptême d'amour?

Ceci dit, revenons au problème de la FOI en tant que première puissance qui permet de maîtriser la peur.

Lorsqu'on a la foi, on a la conviction, aussi bien mentale que de coeur, qu'on n'est pas seul, abandonné à son sort, qu'il y a quelqu'UN Qui nous aime, Qui se soucie de nous et en Qui on peut avoir confiance en toutes circonstances. Et ce quelqu'UN n'est pas quelque part dans les cieux mais Il nous accompagne toujours, Il est par Ses attributs en nous-mêmes. Là-dessus, , les citations baha'ies sont abondantes. Mentionnons-en quelques-unes:

- "Je suis ton compagnon et tu désespères de Moi?"

Dieu nous tient donc toujours compagnie et nous n'avons pas à désespérer de notre solitude apparente.

- "Tu es Ma lampe et Ma lumière est en toi."

Dieu que est la Lumière qui guide est donc en nous pour nous guider.

- "Tu es Ma forteresse; pénètres-y pour que tu puisses demeurer en sécurité."

Nous devons donc pénétrer dans notre "forteresse" c'est-à-dire nous devons prendre conscience de ce que nous sommes assurés contre tout danger et que, par conséquent, nous n'avons rien à craindre.

A part l'influence mystérieuse de la Foi, on peut rapprocher la lecture de ces textes, de la lecture d'une lettre qui nous parle de notre force morale, de nos capacités au moment où nous nous sentons faibles et abandonnés. Cette lettre peut-elle nous laisser insensible? Ne nous encourage-t-elle pas? Ne remonte-t-elle pas notre moral?

Élevés dans un tel esprit, convaincus de l'existence d'une "forteresse" en nous qui nous protège, confiants en nos capacités et en notre puissance, pouvons-nous nous laisser dominer par la peur? Non ! La peur n'a pas d'accès là où il y a la FOI. Voilà pourquoi les anciens disaient

La PEUR a frappé à la porte.

Il n'y a personne, a répondu la Foi.

Une deuxième force qui permet de maîtriser la PEUR, c'est la RAISON.

En effet, puisque la FOI doit être en accord avec la RAISON, si la FOI contribue à ce qu'on arrive à maîtriser la peur, la Raison doit agir dans le même sens. Autrement dit, la Raison aussi doit collaborer avec elle, elle doit contribuer à ce qu'on arrive à maîtriser la peur. Avant d'aller plus loin, notons que cet accord de la Foi avec la Raison prend une importance particulière à notre époque où l'humanité dans son évolution a atteint l'âge de raison. Et c'est pour cela que l'intelligibilité de la Foi constitue l'un des principes sacrés chez les Baha'is dont les Écrits s'adressent à l'homme en tant que "possesseur d'intelligence et d'entendement."

Ceci dit, voyons comment la Raison contribue à ce qu'on maîtrise la peur.

"Une maîtresse d'école assez âgée, étant en vacances, s'arrête dans une auberge vieillotte. A peine arrivée, d'un naturel craintif, elle se met à parcourir les corridors à la recherche d'une sortie de secours en cas d'incendie. La première porte qu'elle ouvre donne dans une salle de bain où un vieillard était en train de prendre une douche. Surprise par la vue d'un vieillard nu, la dame s'écrie: "Oh, pardon, je cherchais une sortie de secours en cas d'incendie." Et elle s'enfuit à toutes jambes.

Mais elle n'a pas fait dix pas qu'elle se voit poursuivie par le vieillard nu qui hurle: "De quel côté est le feu?"

Que le vieillard désire protéger sa vie, c'est normal, ce n'est pas de là peur. Mais là où il s'affole, où il perd la raison au mot "incendie", çà, c'est de la peur. Et cette peur, il pouvait la maîtriser en raisonnant un peu, en ayant recours à sa raison. Platon a donc raison en disant que le courage (contrepoison de la peur vient quand on met un pont entre la RAISON et le désir de se protéger.

La Raison est donc une force qui contribue à ce qu'on arrive à maîtriser la peur.

A ce propos, l'histoire du Bouddha est très instructive. Les "lièvres et les daims" (symboles des gens peureux) avaient peur parce qu'ils ne savaient pas raisonner. Et Bouddha est intervenu pour leur apprendre à raisonner et, par voie de conséquence, leur apprendre à maîtriser leur peur.

Une troisième force qui permet de maîtriser la peur, c'est FAMOUR. Mais entendons-nous sur le terme AIMER.

Quand nous disons: "J'aime les bonbons, j'aime les femmes", est-ce vraiment de l'amour? Non, pour la simple raison que dans le premier cas, il s'agit de notre gourmandise et dans le 'second, de notre convoitise. Gourmandise ou convoitise une fois satisfaites, le soi-disant amour, qui en réalité n'est qu'un désir passager, disparaît quand cesse le plaisir. Tandis qu'entendre un mot gentil, ou se sentir l'objet d'une sollicitude, cela fait toujours plaisir et ce n'est plus un désir passager. On aime toujours, et à tout moment, ces mots gentils et cette sollicitude. C'est donc là qu'il faut chercher l'amour. Un bon exemple est fourni par l'amour maternel.

Une mère pense toujours à son bébé, elle se soucie de lui, elle ne fait que le réjouir; s'il tombe malade, c'est comme si elle-même tombait malade, s'il pleure, c'est comme si elle-même pleurait, s'il rit, c'est comme si elle-même riait. L'enfant et la mère ne font qu'UN. C'est cet esprit d'unité qui manifeste l'amour maternel.

L'unité est donc la manifestation extérieure de l'amour.

Si l'on arrive à un tel état d'esprit, c'est qu'on a de l'amour. Et lorsqu'on arrive à un tel état d'esprit, la peur disparaît. Car la peur vient de ce que, non seulement nous ne pensons pas que nous et les autres ne faisons qu'UN, mais de ce que nous oublions totalement les autres, comme s'ils n'exis talent même pas.

Pour éliminer la peur, nous devons donc penser qu'il n'y a pas que nous qui comptons, que les autres sont aussi comme nous, que nous devons nous soucier des autres comme de nous-mêmes, autrement dit il faut que nous ayons de l'AMOUR pour les autres.

Cette façon de penser, qui manifeste l'amour, est appliquée pratiquement dans la vie communautaire baha'ie grâce à la participation régulière de tous à des réunions mensuelles sans classe où tous, patrons et ouvriers, professeurs et élèves, apprennent à se sentir UN.

Et c'est cette même façon de penser manifestant l'unité de tous qui est rappelée dans les prières baha'ies destinées à être récitées quand on a des difficultés à affronter et que l'on veut maîtriser la peur en attendant qu'elles soient aplanies; ou bien lorsqu'on a une décision grave à prendre et que l'on a peur qu'elle ne soit pas la bonne.

Ainsi, par exemple, la prière que les Baha'i ont l'habitude de réciter lorsqu'ils ont de graves difficultés à surmonter, dit:

"Qui hormis Dieu dissipe les difficultés? Dis: Loué soit Dieu, Il est Dieu. Tous sont Ses serviteurs et tous dépendent de Son commandement."

Nous voyons ainsi qu'au lieu de dire "Ne suis-je pas Ton serviteur" la prière en question précise "Tous sont Tes serviteurs" ce qui Evidemment traduit l'esprit d'unité avec les autres, esprit d'unité manifestant PAMOUR.

Dans le même ordre d'idées, la prière qu'on récite avant de prendre une grave décision dit entre autres:

"Guide-moi, dans toutes les affaires, vers ce qui conduit à l'élévation du rang de Tes serviteurs." Une fois de plus, on ne demande pas à Dieu l'élévation de son propre rang, mais l'élévation de tom les serviteurs: ce qui traduit toujours l'esprit d'unité, manifestation extérieure de l'amour.

Après cette étude succincte des forces qui permettent de maîtriser la peur: la foi, la raison et l'amour, ne pourrait-on pas conclure qu'au fond toutes ces forces se résument en une et une seule: la force de la FOI; car la vraie foi est intelligente (une foi inintelligente n'est pas la foi) et de plus elle se reconnaît à l'amour, l'amour étant le premier signe de la foi.

C'est donc dans la foi intelligente, se manifestant par l'amour qu'on doit chercher l'ultime moyen pour maîtriser la peur, en tant que facteur destructeur de la santé et de la personnalité. Il reste la peur de la destruction de l'humanité. Là encore, il n'y a pas à s'inquiéter, si l'on applique un des principes de la Foi baha'ie, principe qui exige la constitution d'un gouvernement mondial, doté d'une Force Armée capable d'arrêter tout agresseur aussi puissant ou super-puissant soit-il. Ce principe paraissait utopique il y a cent ans, quand Baha'u'llah l'a proclamé. Et depuis, Ses disciples, je veux dire les Baha'is, à part les milliers de martyrs qui se sont offerts, n'ont cessé de travailler pour la préparation de l'opinion publique dans ce but.

Vous vous imaginez combien aujourd'hui ils sont heureux de constater que l'on commence à ne plus y voir une utopie, mais une nécessité; que votre voix et celles des Baha'is ne font qu'UNE. Et lorsque l'opinion publique est bien préparée, aucune force ne peut lui résister. Il n'est donc pas loin, le Jour béni, où il sera mis f in à cette terrible course aux armements avec ses conséquences néfastes. Et l'homme de demain n'aura plus peur, car vous et nous, nous ne faisons qu'UN.

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