Le courage d'aimer
Shoghi Ghadimi

3. L'amour et l'objectivité
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3.4. Optimisme: Les optimistes ont le monopole du succès

Un professeur avait l'habitude de commencer son cours en appliquant un rectangle blanc au tableau noir, puis, après y avoir ajouté un point noir, de demander à ses élèves, "Que voyez vous?"

"Un point noir " était toujours la réponse. "Personne n'a vu le rectangle blanc? " s'étonnait-il.

En agissant ainsi, le professeur en question voulait dire à ses élèves que, dans la vie, il faut apprendre à voir en tout le bon côté et de ne jamais voir tout en noir.

Ce n'est malheureusement pas le cas de nos jours où, par suite du mensonge, la méfiance, l'ingratitude et les maladies psychosomatiques de plus en plus nombreuses, les gens deviennent de plus en plus pessimistes.

Donnez un bon conseil à une personne pessimiste et vous êtes sûr qu'elle en verra l'aspect défavorable.

La scène se passe dans un magasin de modes. Une cliente de nature pessimiste est en train de choisir une robe. "Prenez celle-ci " conseille la vendeuse, "Elle vous rajeunit de dix ans." "Ah, non, dit la dame furieuse, si vous croyez que j'ai envie de paraître dix ans de plus chaque fois que je l'enlèverai."

Indiscutablement, quand la cliente enlèvera cette robe, elle paraîtra plus vieille.

C'est une loi dans la vie qui fait que l'on ne peut apprécier quoi que ce soit que par comparaison. On apprécie le jour par comparaison avec la nuit, le printemps, par comparaison avec l'hiver. On ne peut éviter ni l'un ni l'autre. Pourquoi alors rester nostalgique quand on est en hiver, puisqu'on est sûr qu'après l'hiver on aura le printemps. Pourquoi se décourager quand une porte se ferme, puisqu'on est sûr qu'une autre s'ouvrira. Le malheur, c'est que nous continuons à regarder avec tant de regret et de nostalgie celle qui s'est fermée que nous ne voyons pas celle qui vient de s'ouvrir. Les grands hommes sont ceux qui dans la fermeture d'une porte voient le signe de l'ouverture d'une autre et se mettent précisément à la recherche de cette dernière.

Le commandement de Jésus: "Cherchez et vous trouverez", une fois de plus, selon la foi baha'ie doit s'appliquer dans ce domaine, autrement dit, pour un baha'i, toute contrariété devient une bénédiction déguisée, "blessing in disguise " comme disent les Anglais. Chaque contrariété doit être comparée à l'opposition du vent au cerf-volant: plus le vent s'oppose, plus le cerf-volant monte.

A ce propos, `Abdu'l-Baha, l'interprète des enseignements baha'is citait cet exemple:
Napoléon finissait une lettre quand un obus éclata tout près de sa tente, et la poussière qui s'éleva couvrit sa lettre. Sans se troubler par l'éclatement de l'obus, il dit: "Merci à l'ennemi qui m'a aidé dans ma tâche. Je devais encore répandre du sable sur ma lettre pour la sécher. C'est l'ennemi qui l'a fait, me permettant ainsi de gagner du temps. "Et il a donné le signal de l'attaque. Cette bataille-là, Napoléon l'a gagnée.

Le successeur d`Abdu'l-Baha, Shoghi Effendi, Gardien de la foi baha'ie suivait l'exemple de son grand-père.

Venant en pèlerinage, Miss Martha Root (La plus grande enseignante baha'ie, grâce à qui la Reine de Roumanie a adhéré à la foi baha'ie) avait acheté un flacon de parfum précieux pour l'offrir à Shoghi Effendi. Mais au moment oh elle allait l'offrir au Gardien, qui la recevait dans la chambre d`Abdu'l-Baha, ses mains tremblèrent, le flacon tomba et le parfum s'est répandu sur le sol. Miss Martha Root fut consternée. Quant au Gardien, il dit: "Il n'y avait pas un endroit meilleur qu'ici pour que le parfum soit répandu."

Afin d'apprendre aux baha'is à chercher en tout le bon côté, `Abdu'l-Baha ne laissait pas échapper la moindre occasion pour en tirer une leçon. Un jour, en parlant d'une personne, quelqu'un dit à `Abdu'l-Baha: "Il a passé toute la nuit à jouer au jeu de hasard." "Quelle persévérance", lui fit-il remarquer, faire la même chose toute une nuit. Que ne ferait-il pas le jour s'il se donnait à la cause de Dieu."

En effet, on ne connaît pas la fin. Il vaut mieux rester toujours optimiste.

Einstein ne se montrait pas enfant prodige. Il lui fallut si longtemps pour apprendre à parler que ses parents craignirent qu'il ne soit anormal. Pour ses professeurs, il était un raté. Il se présenta sans succès à l'École Polytechnique de Zurich.

Mais à la fin, ayant reçu l'éducation appropriée, il est devenu le plus grand savant de notre siècle. Edison, à l'âge de 6 ans, a tellement désespéré son maître, que celui-ci le renvoya à la maison. Sa mère profondément optimiste dit: "Moi-même, je l'instruirai. "Elle tint parole et l'enfant est devenu le plus grand inventeur de notre siècle.

La mère d'Edison est restée telle qu'elle avait été créée, optimiste par sa nature, car l'être humain, en principe, préfère rester optimiste. Il s'imagine qu'il a assez de chance pour gagner à la Loterie nationale, et il croit n'en avoir aucune de se faire tuer dans un accident de voiture. Donnez-lui un morceau de gruyère, il ne recherchera pas à mesurer les trous, il n'y verra qu'un fromage très nutritif et de bon goût. Quand il reçoit une lettre de sa bien-aimée, il n'y voit que le message de sa bien-aimée sans chercher à trouver les fautes d'orthographe. Peu importe s'il y en a, il ne voit que le bon côté, il est optimiste par nature, et il le reste tant qu'il n'a pas été trompé.

Les Écrits baha'is disent qu'il faut précisément profiter de cette nature optimiste dans nos relations avec tout le monde. Pour un baha'i tout être humain étant créé par Dieu, notre Bien-Aimé, pourrait être comparé à une lettre écrite par la main de notre Bien-Aimé.

Cette lettre peut être mal écrite, porter des taches, il doit les ignorer et n'y voir que le message de son Bien-Aimé Dieu. Et c'est précisément ainsi qu'il peut manifester son amour pour Dieu, autrement dit, sa foi. Car s'il a accepté la foi baha'ie, c'est par amour de Dieu et non par contrainte.

Etre optimiste, c'est aussi bien dans l'intérêt de l'homme lui-même que dans l'intérêt de son prochain.

L'optimisme sert l'intérêt de l'homme lui-même parce qu'étant optimiste, on est toujours joyeux et heureux, et un tel état d'esprit contribue puissamment à la santé. Ce n'est pas sans raison qu'un grand médecin a dit: "Soyez optimiste, c'est la meilleure façon de garder la santé quand on la possède, et de la reconquérir quand on l'a perdue."

Or, la joie fait partie intégrante de la foi. "La joie et la bonne nouvelle doivent se lire sur vos visages " dit Baha'u'llah. Et le maintien de la santé est le devoir de tout baha'i. D'ailleurs tous les enseignements baha'is y contribuent.

Quant au pessimisme, les médecins sont unanimes à reconnaître qu'il rend l'homme malade.

Un citadin complimente un fermier: "Quelle magnifique récolte. Cette année, vous ne pouvez pas vous plaindre." "Oh, vous savez, une récolte comme celle-là, il n'y a rien de tel pour épuiser la terre. Et puis, même cette année, un ouragan peut tout dévaster."

Cet homme, disent les médecins, tombera malade et la médecine n'y pourra rien. Car il est et il reste pessimiste. Il croit qu'il est né sous une mauvaise étoile. Ce qui n'est pas vrai, c'est lui qui regarde mal le ciel.

Indiscutablement, la malchance peut arriver à tout le monde, mais comme il est dit.

On ne peut pas empêcher les oiseaux funestes de voler au-dessus de notre tête, mais on peut les empêcher de faire leur nid dans notre tête.

Notre optimisme est également dans l'intérêt de notre prochain. Car l'optimisme est contagieux. Si nous croyons que notre prochain est honnête, il s'efforce d'être honnête.

Ma femme - disait un homme - avait deux défauts qui me gênaient. Un jour, je lui ai proposé de s'en débarrasser, en échange, je chercherais à me guérir de deux défauts de son choix.

Je n'en connais aucun, me dit-elle. Après cela, je ne pouvais plus penser à ses défauts et elle me paraissait une épouse idéale.

Par contre, si nous croyons que notre prochain est malhonnête et nous lui montrons de la méfiance, nous le rendons méfiant et malhonnête. Ce qui signifie que le pessimisme est aussi contagieux.

Une mise au point avant de finir. Si la modération est une condition essentielle en tout, il en est de même en ce qui concerne l'optimisme. C'est la modération dans l'optimisme qui fait que l'homme tout en inventant le bateau, a également inventé la ceinture de sauvetage, tout en inventant l'avion, a également inventé le parachute.

Ne soyons donc pas très naïfs en dépassant les limites de la modération dans l'optimisme comme ce M. Dupont qui décide d'aller chez ses amis les Durand, à l'improviste. "Mais on ne les a pas prévenus", dit sa femme. "Ils ne seront pas contents." "Mais pas du tout, ils seront toujours heureux de nous recevoir " proteste ce Monsieur trop optimiste et il y emmène sa femme.

En sortant, il déclare triomphalement à celle-ci: "Tu as vu combien notre visite leur a fait du bien, quelle mine renfrognée ils avaient quand nous sommes arrivés et quel visage épanoui quand nous sommes partis."

Après cette mise au point, ne pourrait-on pas dire, en conclusion de cet exposé que notre succès dans la vie dépend de notre optimisme à la seule condition qu'il ne dépasse pas les limites de la modération?

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