Le courage d'aimer
Shoghi Ghadimi

6. La lumière ne fait pas de bruit
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6.7. La lumière ne fait pas de bruit

Il y a un proverbe japonais qui dit e Les gens sages sont ceux qui profitent de leur propre expérience, mais plus sages sont ceux qui profitent de l'expérience des autres".

Sages, nous le sommes tous, car personne ne se plaint de son manque de sagesse. Mais nous pouvons être plus sages en profitant de l'expérience des autres, de ceux qui ont vécu avant nous, expérience que nous décrivent les pages de l'Histoire.

Commençons, si vous le voulez bien, par cette page qui nous parle de ce qui s'est passé il y a une quarantaine de siècles.

Nous sommes en Mésopotamie, avec sa fameuse capitale Babylone, symbole de la puissance et de la civilisation matérielle de l'Antiquité. Le pays est sous la domination de Nemrod, le Super Grand de son époque. Concernant sa puissance, il suffit de lire ce qui est écrit dans la Bible: "C'est lui qui commença à être puissant sur la terre" (Genèse 10/8).

Quant à la civilisation de cette époque, ne suffit-il pas de constater qu'aujourd'hui encore, après plus de 4000 ans, on continue d'exprimer son admiration devant les fameux jardins suspendus. l'une des sept merveilles du Monde?

Nous sommes donc en présence d'une puissance matérielle gigantesque et d'une civilisation matérielle très avancée.

Quant au point de vue moral, les Babyloniens civilisés d'il y a quarante siècles ne s'étaient fixés qu'un seul but dans la vie: jouir au maximum des plaisirs temporels, en appliquant la formule "La fin justifie les moyens". Donc pour arriver à son but tous les moyens sont bons, mensonge, tromperie, chantage, hypocrisie ; en résumé, ce que nous, les civilisés du 20' siècle, voyons aujourd'hui, avec cette différence qu'à l'époque il n'y avait pas de hold-up, pas d'enlèvement d'enfants, pas de prise d'otages, etc. Et puis, les idoles étaient en forme de statues, et non pas de billets de banque, comme c'est le cas aujourd'hui.

La situation peut donc se résumer en ces mots: déséquilibre entre les forces matérielles et les forces spirituelles, le même déséquilibre que nous constatons aujourd'hui.

C'est donc dans une telle situation que prend naissance un phénomène mystérieux et extraordinaire. Un homme seul, du nom d'Abraham se lève et condamne la civilisation matérielle de son époque, se déclarant porteur d'une Lumière destinée à guider les hommes vers une nouvelle civilisation à la fois spirituelle et matérielle, en parfait équilibre.

Les autorités de l'époque croient pouvoir éteindre cette Lumière en éloignant sa Source, je veux dire en exilant Abraham.

À cette époque l'exil signifiait condamnation à mort. Paradoxalement, par cet exil non seulement cette Lumière ne s'est pas éteinte, mais elle exerça son influence. Grâce à cette Lumière, pour la première fois, une civilisation basée sur la croyance en l'unité de Dieu a été fondée, tandis que la civilisation de Nemrod s'est effondrée avec le temps.

Et, tant que les adeptes d'Abraham s'en tiennent à l'esprit de ses enseignements tout va merveilleusement bien. Mais avec le temps l'esprit se perd et il n'y a plus que la forme qui reste.

C'est alors que commence la décadence de la civilisation fondée par Abraham. Sa puissance faiblit de jour en jour, jusqu'au moment où l'on arrive à voir ses adeptes autrefois maîtres, devenus esclaves ; et quels esclaves ! esclaves d'un pays que leur ancêtre Joseph avait gouverné, esclaves de l'Egypte.

Nous arrivons donc à cette page de l'Histoire qui nous parle d'une civilisation avancée scientifiquement, puissante matériellement et corrompue moralement.

Il s'agit de la civilisation égyptienne ayant à sa tête Pharaon.

La situation est identique à celle qui existait six siècles auparavant en Mésopotamie: une civilisation qui rappelle celle de Babylone et où le nouveau Nemrod s'appelle Pharaon.

Babylone est de retour, Nemrod est de retour.

Peut-être le phénomène mystérieux qui a pris naissance à Babylone (phénomène inauguré par Abraham) est-il également de retour.

Effectivement, cette fois encore l'Histoire nous parle d'un homme seul (Moïse) sans aucune aide matérielle, qui se lève et condamne la civilisation matérielle de son époque, celle de Pharaon, se déclarant porteur d'une Lumière destinée à guider les hommes vers une civilisation à la fois spirituelle et matérielle en parfait équilibre.

Et cette fois encore cette Lumière qui ne fait pas de bruit conduit tout un peuple, le peuple juif (voué à l'anéantissement) vers une merveilleuse civilisation. D'esclaves des Egyptiens, les Juifs redeviennent des maîtres avec des rois tels que David et Salomon.

Une fois de plus, aussi longtemps que les adeptes de Moïse s'en tiennent à l'esprit des enseignements de Moïse tout va merveilleusement bien. La renommée des Juifs s'étend partout, au point que les Sages de la Grèce, tels que Socrate viennent en Syrie pour s'instruire chez eux.

Mais malheureusement avec le temps les Juifs négligent l'esprit des enseignements de Moïse pour s'attacher à la forme en ne pratiquant plus que les rites et les cérémonies extérieures qui n'exercent aucune influence sur la vie morale. Et c'est alors que commence la décadence de la civilisation fondée par Moïse, et que les juifs redeviennent esclaves, tantôt des Chaldéens, tantôt des Persans.

Et nous arrivons à cette page de l'Histoire qui nous parle une fois de plus d'une civilisation avancée scientifiquement, puissante matériellement et corrompue moralement. Il s'agit de la civilisation romaine, ayant à sa tête, César, avec son siège à Rome.

La situation est identique à celle qui régnait quinze siècles plus tôt en Egypte ou vingt et un siècles auparavant à Babylone, raison pour laquelle Rome a été baptisée "Babylone moderne".

Babylone est donc de "retour". Nemrod qui autrefois était de "retour" sous le nom de Pharaon, cette fois est de "retour" sous le nom de César.

Ne se pourrait-il pas que le phénomène inauguré par Abraham ou après par Moïse soit également de "retour". Autrement dit que la même Lumière réapparaisse une fois de plus.

D'autant plus que Moïse l'avait prédit en ces termes:

Le seigneur, votre Dieu, vous suscitera d'entre vos frères, un prophète comme moi (Actes 3/22).

Effectivement, l'histoire parle de la manifestation d'un prophète comme Moise ou du "retour" de Moïse en esprit. Et ceci dans la personnalité sublime de Jésus Christ, porteur de la même Lumière que celle d'Abraham ou de Moïse.

"Je suis la Lumière du monde" déclare Jésus-Christ, comme ses prédécesseurs. Et cette Lumière sans le moindre bruit conduit le monde vers une civilisation à la fois spirituelle et matérielle, en parfait équilibre.

Et tant qu'on s'en tient à l'esprit des enseignements de Jésus, tout va merveilleusement bien. Mais malheureusement avec le temps le clergé a commencé à ajouter ses idées à cette Vérité, oubliant que: "ajouter à la Vérité, c'est y retrancher" comme l'avait prédit le Talmud.

On s'est, une fois de plus, attaché aux cérémonies extérieures et aux rites qui n'ont la moindre influence ni sur le sort de l'individu, ni sur celui de la société. On s'est attaché à la forme au détriment de l'esprit, ce qui, comme par le passé, a entraîné la décadence de la civilisation fondée par Jésus.

Et nous arrivons à cette page de l'Histoire qui nous parle du dix-neuvième siècle quand le monde se trouvait plus ou moins dans les mêmes conditions qu'à la veille de l'apparition d'Abraham, de Moïse, de Jésus. Un monde témoin d'une civilisation matériellement puissante, scientifiquement avancée, moralement corrompue. Un monde dirigé par des Grands jouissant des mêmes pouvoirs que Nemrod, Pharaon et César. Tout nous rappelle le passé: on est pour ainsi dire en présence du "Retour" de la civilisation babylonienne (ou égyptienne ou romaine) comme on est en présence du "Retour" de Nemrod (de Pharaon ou de César). Cette situation a conduit un certain nombre de savants à se demander s'il ne faudrait pas s'attendre au "Retour" du même phénomène ou de la même Lumière qui s'est manifestée par Abraham, Moïse et Jésus.

Ainsi, par exemple l'éminent savant français Lecomte du Nouy écrit (L'homme et sa destinée): "Les Romains civilisés d'il y a deux mille ans se seraient bien étonnés si on leur avait dit que le destin de leur civilisation se trouvait entre les mains d'un Jeune Juif, originaire de l'une de leurs colonies lointaines, crucifié entre deux brigands...

L'homme qui dans un ou deux mille ans sera tenu pour le plus grand de notre époque existe peut-être aujourd'hui, ou vivait hier; nous n'avons aucun moyen de le découvrir soit parce que nous sommes trop intelligents, soit parce que nous ne le sommes pas assez".

Mais c'est surtout les philosophes spiritualistes et les théologiens qui s'intéressèrent vivement à la question. Ils se sont plongés dans les Écritures pour voir s'ils peuvent y trouver quelques prédictions concernant la réapparition de cette Lumière, comme ce fut le cas de la Lumière chrétienne, prédite par Moïse. Et ils ont trouvé ces prédictions.

Mais ce qui est triste c'est qu'à quelques exceptions près, la plupart ont pris non seulement le terme "Retour" à la lettre, mais également les prédictions précisant la réapparition de cette Lumière derrière les nuées. Ils n'ont pas pensé que par le terme "Retour" il faut entendre le retour des qualités, de l'essence, de l'esprit. Ainsi, par exemple, le soleil d'aujourd'hui peut être considéré comme le "Retour" du soleil d'il y a 2000 ans, étant donné que tous les deux ont les mêmes caractéristiques essentielles (chaleur, lumière, etc.). De plus, la prédiction parlant de la réapparition de cette Lumière derrière les nuées veut dire qu'il y aura toujours des circonstances qui empêcheront de voir cette Lumière, comme les nuées empêchent de voir la lumière du soleil.

Ainsi, par exemple, Moïse était venu "derrière les nuées", car en tant que Messager de Dieu, il devait avoir une réputation irréprochable ; or il avait commis précédemment un meurtre, ce qui fut un facteur empêchant de voir cette Lumière, ce fut une nuée cachant ce "Soleil".

De même Jésus était venu de Nazareth, or selon l'opinion de l'époque "Rien de bon ne pouvait venir de Nazareth". De plus on ne connaissait pas son père. Tout cela rendait difficile le fait de voir cette Lumière. Jésus est donc venu "derrière les nuées".

Or selon les prédictions bibliques le Christ devait revenir derrière les nuées. Attendre son retour physique c'est adopter la même attitude que les hindouistes, qui depuis des milliers d'années attendent le retour de Krishna, oubliant le fait qu'il y a eu entre temps plusieurs "Retours" de Krishna, dans les personnalités sublimes de Bouddha, de Zoroastre, de Moise, de Jésus, etc.

Mais revenons au cas des théologiens chrétiens. Pour le moment, laissons de côté le fait qu'ils ont adopté la même attitude que les théologiens hindouistes ; reconnaissons leur cependant un mérite indiscutable, c'est d'avoir trouvé la date exacte du Retour promis.

À titre d'exemple, nous allons mentionner quelques uns de ces théologiens chrétiens.

Pour Emmanuel Swedenborg, le philosophe suédois, la Lumière promise devait réapparaître en 1844 (voir son livre "Arcana Coelestina). Pour le pasteur allemand Hoffman, c'est également en 1844 que la Lumière promise devait réapparaître.

Le dit pasteur va même s'installer en Terre Sainte pour y être témoin de la réapparition de la Lumière promise, venant derrière les nuées.

En Amérique ce fut le théologien Miller, fondateur de la secte adventiste qui, ayant trouvé la date de 1844, monta sur la Montagne Rocheuse pour être, avec ses disciples, parmi les premiers à voir la Lumière promise réapparaissant dans les nuées du ciel.

Dans bien d'autres pays, tels que l'Angleterre (avec Levy Way), la France (avec Goussain), la Suisse (avec Petry), la Hollande (Hans Peters) etc. des chercheurs ont trouvé la même date de 1844 pour la réapparition de la Lumière promise.

Que s'est il passé en 1844? La Lumière promise est elle apparue? si oui, quelles étaient les " nuées" qui empêchèrent de la voir? À ces questions nous répondrons, si Dieu le veut, lors d'une autre conférence.

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