Le courage d'aimer
Shoghi Ghadimi

7. Les Prodiges de ces temps merveilleux
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7.6. L'homme, ce talisman suprême

Un tireur d'élite cherchait un partenaire pour son numéro au cirque.

Un candidat se présente.

- Voilà comment je procède. Vous tenez un cigare entre les lèvres et je le coupe en deux avec une balle, ça va?

- Et si vous ratez, et si je reçois votre balle en pleine figure?

- Dans ce cas, Evidemment on remboursera les spectateurs.

Cette anecdote illustre bien l'état d'esprit qui règne à notre époque, où l'homme est devenu une marchandise, ou ce qui est pire encore, un objet portant l'étiquette " à jeter après usage".

Et pourtant l'homme est le sommet de la création, sa station est infiniment élevée. Et le but de la FOI c'est d'éduquer l'homme pour qu'il en prenne conscience et qu'il la justifie par sa conduite.

"L'homme est le talisman suprême - lisons-nous dans les Écrits baha'is - Mais, faute d'éducation convenable, il a été frustré de ce qui lui appartient en propre".

Ou encore:

"Voyez en l'homme une mine riche en gemmes d'une inestimable valeur. Mais seule l'éducation peut révéler les trésors de cette mine et permettre à l'humanité d'en profiter".

Dans la Bible il y a une charmante image qui illustre bien comment Dieu nous amène à ce que nous prenions conscience de notre haute destinée. Voilà exactement ce que nous y lisons

"Pareil à l'aigle qui remue sa couvée, Voltige sur ses petits, Déploie ses ailes, les prend Les porte sur ses plumes, L'Eternel seul a conduit son peuple, Et il n'y avait avec lui aucun dieu étranger" (Deuter 31/1112)

L'aigle choisit habituellement pour son nid les points les plus hauts des montagnes, points inaccessibles aux autres oiseaux. Ce qui fait que ses petits ont PEUR de quitter leur nid et ne le veulent pas.

Pourquoi le quitter, en effet, ils y ont leur sécurité, ils y sont nourris, sans peine, ni souci. Ils ne peuvent pas s'imaginer l'immensité de l'espace qui leur est destiné, ni qu'un jour ils seront appelés à voler de leurs propres ailes, à s'élancer vers le soleil ; ni qu'un jour, à leur tour, ils seront appelés à faire une autre nichée. Pour le moment, ils n'en ont pas le moindre désir.

Que fait alors leur mère? Elle sait que ses petits ne doivent pas rester au nid éternellement. Et ce ne serait pas gentil de les y abandonner à leur sort. La première chose qu'elle fait c'est qu'elle remue, et remue bien fort, son nid. Le nid tremble, pour les petits c'est tout ce qu'il y a de plus désagréable, ils y étaient si bien. Non, ils doivent bouger, ils doivent se remuer. Ensuite la mère étend ses ailes, voltige sur les petits pour leur montrer qu'eux aussi doivent se servir de leurs propres ailes, qu'ils doivent essayer de quitter ce trou car ce n'est pas là leur vraie demeure, celle-ci étant l'immensité de l'espace. Mais les petits ne bougent pas, ils ont PEUR. La mère continue de voltiger, mais en vain, car les petits ne veulent rien comprendre. Alors délibérément, elle les déloge, les pousse dehors. Les petits tombent tête première dans l'effroyable espace infini, crient, hurlent, battent les ailes, affolés à l'extrême.

Et au moment où ils sont sur le point de culbuter, la mère qui ne veut jamais leur malheur, intervient, elle tend ses ailes sous eux, afin de les porter et de les ramener à leur nid, leur permettant ainsi de se calmer et de se préparer pour une autre tentative.

Et l'épreuve recommence, se poursuit malgré les cris des petits, malgré leurs échecs possibles, et elle continue jusqu'à ce qu'ils arrivent à avoir CONFIANCE en eux-mêmes, et s'envolent de leurs propres ailes dans l'immensité de l'espace infini qui est leur royaume, leur nid n'étant qu'une demeure temporaire.

Essayons de comprendre cette métaphore.

L'aigle ce "roi du ciel" a toujours été le symbole de l'esprit supérieur. Ce qui nous amène à conclure de la métaphore biblique que la Providence connaissant nos faiblesses, nos craintes, nous guide jusqu'à ce que nous arrivions à nous envoler de nos propres ailes, à découvrir notre vrai monde, qui n'est pas le monde de craintes et de soucis. Tant que l'homme n'a pas atteint la maturité morale, il reste comparable à l'aiglon attaché à son nid où il se voit en sécurité et ne pense qu'à être bien nourri.

Mais ce n'est pas là qu'il doit rester. Il doit s'envoler bien plus haut, il doit PROGRESSER, de façon illimitée. Ce progrès sans limite étant l'un des signes distinctifs de l'homme. L'animal est incapable de ce progrès, qu'il ne faut pas confondre avec l'adaptation physique au milieu. L'oiseau d'aujourd'hui fait son nid exactement comme son ancêtre d'il y a 6000 ans. Mais l'homme d'aujourd'hui fait son nid bien mieux que l'homme d'il y a 6000 ans. La colombe d'il y a 6000 ans est aussi pacifique qu'elle l'est aujourd'hui. Mais le pacifisme de l'homme d'aujourd'hui peut aller jusqu'au sacrifice de sa vie.

L'homme est donc destiné à progresser et ceci aussi bien du point de vue matériel que spirituel.

A ce propos voilà ce que nous lisons dans les Écrits baha'is.

"Il est bon et louable de progresser au point de vue matériel, mais en même temps il ne faut pas négliger le progrès spirituel bien plus important. C'est seulement en nous perfectionnant spirituellement autant que matériellement que nous pouvons faire de réels progrès et devenir des êtres parfaits. C'est dans le but d'apporter cette lumière et cette vie spirituelle que sont venus tous les Grands Educateurs" (Causeries d`Abdu'l-Baha à Paris)

L'homme d'aujourd'hui fait de plus en plus de progrès dans le domaine matériel, il s'entoure de luxe et de tout le confort moderne, ne refusant rien à sa nature physique. Mais dans le fond de son coeur il n'est pas heureux. Les statistiques américaines montrent que 50% des hommes interrogés ne sont nullement satisfaits de leur sort et croient que demain le monde ne sera pas meilleur qu'aujourd'hui.

Ils ont le sentiment qu'ils ne se trouvent pas dans leur milieu. Et c'est vrai, l'homme est un être plutôt spirituel que matériel, et par conséquent il est heureux dans un milieu spirituel. C'est comme un poisson qui est un être aquatique et il n'est heureux que dans un milieu aquatique.

Quant à ceux qui apparemment se disent satisfaits, ils sont comparables à ces aiglons dont parle la Bible, ils croient que c'est dans leur " nid " qu'ils peuvent avoir leur sécurité et leur bonheur. Alors l'" Aigle " mère " remue " leur nid. J'évoque par là tous ces troubles qui s'intensifient de jour en jour. Retenu par ses soucis matériels interminables l'homme n'attache que peu d'importance à ces avertissements: "Les aiglons ne bougent pas". Alors l'" Aigle " délibérément, déloge les aiglons de leur nid. J'entends par là les épreuves inévitables que nous subissons, qui nous font crier, hurler, battre des ailes.

Par ces cris, je veux dire nos cris d'alarme concernant l'approche des événements apocalyptiques. Nous nous efforçons de faire quelque chose pour notre sécurité, nous organisons des conférences de désarmement, par exemple.

A ce propos, permettez-moi de vous lire ces quelques lignes que j'ai trouvées dans une revue américaine:

"Depuis 1945 plus de 6000 rencontres se sont déroulées entre américains, soviétiques et diplomates d'autres pays pour parler du "désarmement" et de son sous-produit, la " limitation des armements " Mais en 32 ans les accords passés mutuellement n'ont pas fait disparaître une seule arme".

La seule décision que peuvent prendre les participants à ces conférences c'est celle de se mettre d'accord pour ne rien décider. Un journal humoristique va plus loin en écrivant: "quand on participe à ces conférences pour le désarmement on a l'impression que c'est là que se prépare la prochaine guerre".

On est désespéré, on se voit en danger imminent.

Et juste à ce moment de désespoir, juste au moment où nous, les " aiglons " sommes sur le point de culbuter, l'" Aigle " intervient, déploie ses ailes pour nous y prendre et nous ramener à notre " nid " , en permettant à nos nerfs de se calmer.

J'entends par cette image du salut temporaire, les efforts désintéressés déployés par ces âmes nobles que Dieu suscite afin de préparer l'opinion publique pour la réalisation de l'unité dans l'ordre politique, l'unité de pensée dans les entreprises mondiales, l'unité dans la liberté, l'unité des nations, l'unité des races ...

Mais ce n'est toujours pas la sécurité définitive pour nous. Car nous continuons toujours à compter sur les autres sans avoir acquis pleine confiance en nous-mêmes pour "nous envoler par nos propres ailes".

L'épreuve recommence alors. L'"Aigle" intervient de nouveau avec les épreuves qu'il nous fait subir. Et ces épreuves se succèdent jusqu'à ce que nous arrivions à avoir CONFIANCE en nous-mêmes, autrement dit jusqu'à ce que nous nous CONNAISSIONS, grâce à la découverte de nos capacités latentes infinies, capacités dues à cette FORCE mystérieuse d'origine divine qui est en nous.

Puisque cette FORCE est d'origine divine, nous ne pouvons la découvrir qu'à sa source. Et cette source jaillit d'âge en âge quand l'humanité se trouve au bord de l'abîme du désespoir. J'entends par là la révélation divine apportée par ces Personnalités sublimes telles que Moïse, Bouddha, Jésus, Muhammad et pour aujourd'hui Baha'u'llah.

Ces personnalités fondent pour ainsi dire une école où l'on apprend à découvrir ses capacités latentes, autrement dit à SE CONNAÎTRE

Dans le domaine scientifique, c'est dans une école de science qu'on apprend à découvrir ses capacités scientifiques latentes, à se connaître du point de vue scientifique. Il en est de même en religion. C'est dans une " école de religion" (dans la foi religieuse) qu'on arrive à découvrir ses capacités spirituelles latentes, à se connaître spirituellement.

Et comme en science il y a en religion plusieurs degrés conformes à l'évolution de l'homme; aussi son " école" comprend-elle plusieurs degrés. Le degré actuel de cette "école" c'est la foi baha'ie et c'est par la citation de quelques unes de ses paroles que je terminerai mon exposé, paroles qui ne font qu'inspirer CONFIANCE en l'homme, cette confiance qui lui permet de s'envoler par ses propres ailes vers les hauteurs sans limites du progrès infini qui lui est réservé.

Ces quelques citations ne sont qu'une goutte de cet océan de paroles adressées par Dieu à l'homme dans les Écrits baha'is

"Tu es ma forteresse, pénètre à l'intérieur pour y vivre en sécurité."

Mais l'homme est tellement plongé dans la jungle des préoccupations matérielles qu'il lui est difficile de découvrir cette forteresse cachée en lui.

Ou encore:

"Tu es ma lampe et ma lumière est en toi. Puise en elle ton éclat".

Mais l'homme est tellement aveuglé par l'éclat des plaisirs matériels, qu'il lui est difficile de découvrir la lumière qui est en lui.

Ou encore:

"Tu es mon bien, et mon bien ne périt pas, pourquoi crains-tu mourir.

Tu es ma lumière et ma lumière ne s'éteindra jamais..."

Mais l'homme est convaincu qu'il va mourir, que sa vie va s'éteindre, et, partant de là qu'il doit profiter au maximum du présent et à n'importe quel prix. Et c'est là la plus grande entrave sur la voie de son PROGRÈS, progrès devant manifester ses capacités latentes et inestimables en tant que talisman suprême. Il oublie que justement il est une créature faite pour progresser indéfiniment (par opposition aux autres créatures) ce qui implique que lui soit réservée une vie éternelle.

Et précisément le rôle de la FOI c'est de lui apprendre la voie du progrès tout en lui assurant la vie éternelle.

A nous donc le choix une vie éphémère ou la vie éternelle.

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