Le courage
d'aimer
Shoghi Ghadimi
9. La mesure de l'amour est l'amour
sans mesure
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9.2. Ce récit est à lire. C'est le passé et l'avenir
Le professeur de catéchisme demande à l'un
de ses élèves:
- Sais-tu ce qu'il y a dans la Bible?
- Oui, monsieur.
- Très bien, dis-moi ce qu'il y a dans la Bible.
- Les recettes de gâteaux de maman.
C'est triste qu'il en soit réellement ainsi de nos jours, car rares sont, non
seulement les enfants, mais aussi et surtout les grands qui ne savent pas ce
qu'il y a dans la Bible.
Ce n'est pas le cas chez les baha'is qui dans leurs écoles enseignent non seulement
les Écrits de Baha'u'llah, ou de Jésus, ou de Muhammad, mais également les paroles
de tous les fondateurs de religions.
Notons que cette étude des Écritures est pour les baha'is, plus facile que pour
les autres, étant donné que lorsqu'ils y rencontrent des passages imagés ou
allégoriques, ils en ont l'explication dans leurs propres Écrits. Ce n'est pas
le cas pour les autres. C'est pourquoi la lecture des Écritures leur semble
difficile. Et c'est surtout vrai en ce qui concerne les dernières pages de la
Bible où St Jean parle des révélations que Jésus lui a faites.
Remarquez que j'ai dit "Révélations" et non pas "Apocalypse" ce qui d'ailleurs
revient au même, car le mot "Apocalypse" vient du grec et signifie précisément
"Révélations". Mais il n'y a rien 'a y faire, le mot reste comme le synonyme
d'allégorie effrayante, tandis que le terme "révélation" éveille la curiosité.
Apparemment le langage de St Jean dans ses Révélations est fort obscur, mais
une fois expliqué on est émerveillé par son contenu, étant donné qu'on y trouve
le récit du passé et de l'avenir.
A titre d'exemple nous allons en lire une page, ce qui nous permettra de voir
combien vraies étaient ses prophéties pour le passé, et combien vraies elles
le sont pour le présent et, par conséquent, pour l'avenir, si toutefois on les
étudie à la lumière des explications baha'ies. Nous verrons que c'étaient pour
ainsi dire des sceaux, qui aujourd'hui sont ouverts.
Et précisément à cette même page St Jean parle de l'ouverture des sceaux.
Concernant le premier sceau, St Jean dit:
"Voici: parut un cheval blanc. Celui qui le montait avait un arc." Ap. 6/2.
Le cheval, selon les Écritures c'est le symbole du mouvement en avant. L'une
des significations du cheval et de son cavalier muni d'un arc c'est la théologie
avec ses théologiens qui jusqu'ici, à tort ou à raison, avançait dans toutes
les religions. Je dis "à tort ou à raison" parce qu'il y a eu des théologiens
qui par leurs études ont rendu des services à la religion, tandis que d'autres,
au contraire, par leurs interprétations erronées des Écritures ont fait beaucoup
de tort à la religion. En tout cas le cheval blanc galopait bien vite jusqu'ici.
Mais avec tout son succès apparent, cette théologie ne pouvait pas pénétrer
les esprits, ce que St Jean exprime en disant que le cavalier n'avait qu'un
arc, la flèche nécessaire pour pénétrer le coeur lui manquait.
Mais c'était pour le passé.
Aujourd'hui l'instruction est généralisée et l'homme entre dans le stade de
maturité. Ce qui fait qu'il n'a plus besoin de théologiens avec leur théologie.
Et c'est la raison pour laquelle dans la foi baha'ie il n'y a pas de théologien
avec leur théologie. La Parole de Dieu étudiée personnellement et indépendamment
est la réponse à tout. De plus, afin de prévenir tout schisme, causé par des
interprétations arbitraires et contradictoires, le droit d'interpréter la Parole
de Dieu n'a été donné à personne. Ce qui devait être interprété l'a été par
les deux interprètes successifs `Abdu'l-Baha et Shoghi Effendi.
Concernant le deuxième sceau, St Jean dit:
"Et il sortit un autre cheval roux. Celui qui le montait reçut le pouvoir d'enlever
la paix de la terre". Ap. 6/4.
Le rouge est le symbole du sang. C'est la guerre. Et le cavalier a précisément
le pouvoir de faire la guerre.
N'est-ce pas c'est ce qui s'est passé jusqu'ici? Toutes les Écritures n'ont-elles
pas prédit une longue période de guerre avant que n'arrive le Jour promis?
Ce qui n'empêche que les même Écritures prédisent l'établissement de la paix
mondiale au Jour promis.
Or si l'on étudie les principes baha'is, on arrive à cette conclusion que ces
principes ne visent qu'un seul but: la paix sur la terre. Et comme au fur et
à mesure que le temps passe, on les applique (sans en connaître l'origine) inévitablement
on s'achemine vers la paix.
Concernant le troisième sceau, St Jean dit:
"Et voici: parut un cheval noir. Celui qui le montait tenait une balance". Ap.
6/5
Le noir est le symbole des ténèbres, ténèbres de l'injustice.
Le cavalier avait une balance, emblème de la justice ; mais cette balance était
déréglée: allusion à l'injustice.
Encore une fois cet état de choses ne pouvait pas continuer éternellement. Au
Jour promis, une fois ses lois mises en pratique, la justice divine devait s'instaurer.
Or ces lois, on les trouve dans la foi baha'ie, où la vertu la plus exaltée
est précisément la justice, et dont les institutions dirigeantes à l'échelon
local, national et mondial s'appellent Maisons de Justice, et non pas Maison
de Charité, ou Maison de Pardon, par exemple. C'est pour souligner l'importance
de l'application de la justice.
D'ailleurs cet avènement de la justice divine est prédit dans toutes les Écritures.
Concernant le quatrième sceau, St Jean dit:
"Et voici: parut un cheval pâle. Celui qui le montait se nommait la mort". Ap.
6/8
Le terme "mort" ne doit pas être pris à la lettre. Il faut y voir un sens figuré,
comme on vient de le voir avec le mot "balance". Il s'agit de la mort spirituelle
dont les signes sont l'impiété, le mensonge, la corruption morale, toutes ces
calamités qui ont tant fait souffrir l'humanité.
Mais il a été prévu qu'au Jour promis, à l'ère de la maturité de l'humanité
il sera mis fin à cette mort.
"La mort ne sera plus" (Ap. 21/4) prédit St Jean à la fin de ses révélations.
Avec l'ouverture du cinquième sceau, St Jean prédit la tragédie des martyrs
pour la foi:
"Quand il a ouvert le cinquième sceau je vis sous l'autel les âmes de ceux qui
avaient été immolés à cause de la Parole de Dieu". Ap.6/9
Et cette immolation devait durer:
"jusqu'à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs
frères qui devaient être mis à mort comme eux". Ap. 6/11
En effet l'histoire nous parle non seulement des martyrs des religions du passé,
mais encore, et avec plus de force, elle décrit le sacrifice de plus de vingt
mille baha'is de différentes origines au point de vue race, classe, opinion,
nation et religion.
L'ouverture du sixième sceau fait prévoir des événements incroyables tels que
l'obscurcissement du soleil, la chute des étoiles, etc, etc.
"Je regardais quand il ouvrit le sixième sceau ; et il y eut un grand tremblement
de terre, le soleil devint noir ... et les étoiles du ciel tombèrent ...". Ap.
6/1213
Une fois de plus nous devons prendre ces signes dans leur sens figuré. Ainsi,
par exemple, l'obscurcissement du soleil veut dire que la religion (lumière
du monde) perdra son rayonnement, phénomène dont nous sommes témoins de nos
jours.
La chute des étoiles symbolise la chute du clergé, ce que nous constatons de
plus en plus.
Il est pourtant intéressant de noter que même pris à la lettre certains signes
sont apparus comme signes avant-coureurs du Jour promis inauguré au XIX' siècle
par la révélation baha'ie.
Ainsi, par exemple, nu siècle précédent celui de la naissance de la foi baha'ie,
on a été témoin d'une journée baptisée de "noire", car le soleil s'est obscurci
"pour une cause .inconnue" selon les savants de l'époque (étant donné que le
phénomène n'était pas dû à une éclipse).
Cela se passait le 19 mars 1780.
Quant aux tremblements de terre, on sait que jamais dans l'histoire de l'humanité
on n'en a enregistré un aussi grand nombre qu'au siècle dernier. (Ce qui n'empêche
qu'ils continuent encore de nos jours sans faiblir d'intensité).
En continuant de lire l'Apocalypse on arrive à cette conclusion que toutes ces
calamités: les guerres, l'impiété, l'injustice, la persécution des croyants
... vont continuer jusqu'à la "grande tribulation" où les "quatre vents" vont
souffler sur la terre.
Et si cette "grande tribulation" n'est pas encore arrivée c'est qu'il faut que
préalablement "les serviteurs de Dieu marqués du sceau remplissent leur mission
(toujours selon St Jean)
"Après cela je vis quatre anges aux quatre coins de la terre ; ils retenaient
les quatre vents de la terre afin qu'il ne soufflât point de vent ... Et je
vis un autre ange ... il cria: Ne faites point de mal à la terre ... jusqu'à
ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de Dieu". Ap. 7/1-3
A propos de cette "grande tribulation" nous lisons dans les Écrits baha'is:
"Nous avons fixé pour vous un temps déterminé, ô peuples! Si quand cette heure
sonnera vous ne vous décidez pas à vous tourner vers Dieu, sa main s'appesantira
sur vous et de graves afflictions vous assailliront de toutes parts." (Extraits
des Écrits de Baha'u'llah).
Ceci dit revenons aux prophéties de St Jean pour voir qui sont ces "serviteurs
de Dieu" et quelle est la marque qu'ils doivent porter.
Selon St Jean ils sont caractérisés par le nombre cent quarante-quatre mille:
"Et j'entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau, cent quarante-quatre
mille ... "Ap. 7/4
Que signifie cent quarante-quatre à répéter mille fois?
Ce nombre cent quarante-quatre qui caractérise les "serviteurs de Dieu" a comme
somme de ses chiffres le nombre 9.
En effet : 1 + 4 + 4 = 9
Donc ce qui caractérise les "serviteurs de Dieu" chargés de mission avant la
"grande tribulation" est le nombre 9.
Or le nombre 9 est le synonyme de BAHA, fondateur de la foi baha'ie.
Je m'explique. En arabe, comme dans d'autres langues, chaque lettre a son équivalent
numérique de sorte que si on prend la somme des équivalents numériques des lettres
qui composent BAHA on obtient 9.
On pourrait nous faire cette remarque: Et que faites vous des trois zéros? Pourquoi
prenez-vous seulement cent quarante-quatre et non pas cent quarante-quatre mille?
C'est que, pour St Jean, c'est cent quarante-quatre qui compte, étant donné
qu'il précise plus loin que cent quarante-quatre est la "mesure de l'ange" (Ap.
21/17).
Par conséquent cent quarante-quatre mille veut dire mille fois cent quarante-quatre.
C'est pour souligner mille fois cent quarante-quatre ou mille fois 1 + 4 + 4
= 9 ou mille fois BAHA.
Dire que cent quarante-quatre caractérise les "serviteurs de Dieu", c'est donc
dire que BAHA est la "marque qu'ils portent sur leur front.
Il s'agit donc des adeptes de BAHA connus sous le nom BAHA'IS (I -étant en Orient
l'équivalent de ISTE en Occident).
Nous pouvons donc nous résumer en disant que les "serviteurs de Dieu" marqués
de 9 ce sont les BAHA'IS. Ce sont eux qui ont la mission de servir Dieu en consacrant
leur vie au service de l'humanité par application des principes que nous avons
déjà cités à maintes reprises.
C'est cela la signification du nombre cent quarante-quatre.
Notons en passant que d'une manière générale, lorsqu'on cherche la signification
d'un terme il faut raisonner pour voir s'il faut prendre ce terme à la lettre
ou bien au sens figuré. Autrement, si on prend tout à la lettre, on peut tomber
sur des absurdités, dont je vais mentionner un exemple.
En parlant des "serviteurs de Dieu" au Jour promis, St Jean dit qu' "ils sont
blanchis dans le sang" (Ap. 7/14). Mais le sang ne blanchit pas. Il faut donc
prendre cette expression au sens figuré. Comment faut-il l'interpréter?
Selon les enseignements baha'is le "sang" est la force vitale dégagée par la
révélation divine, cette force qui blanchit, autrement dit qui purifie (le blanc
étant le symbole de la pureté).
Et c'est justement avec cette interprétation que nous comprenons le sens de
cette parole qui dit que Jésus par son sang a délivré l'humanité du péché. En
effet c'est grâce à la force spirituelle qu'il a insufflée dans les coeurs que
les hommes ont pu se débarrasser de leurs péchés.
Ceci dit revenons aux révélations de St Jean:
"Après je regardai, et voici une grande foule que personne ne pouvait compter".
Ap. 7/9
"Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, ils ont lavé leurs robes,
et ils les ont blanchies dans le sang de l'Agneau" Ap. 7/14
En disant "Après cela" St Jean veut dire qu'une fois que les "serviteurs de
Dieu" auront accompli leur mission, et qu'après la "grande tribulation" les
hommes adhéreront en masse à la cause de Dieu révélée pour aujourd'hui.
A ce propos voilà ce que nous lisons dans les Écrits baha'is: "Le monde est
en travail, son agitation croit de jour en jour. Il reste tourné vers l'incroyance
et la perversité. Mais, tel sera son sort, que Nous ne jugeons ni à propos,
ni convenable de le dévoiler maintenant. Il s'obstinera longtemps encore dans
sa perversité, mais quand l'heure fixée sera venue, apparaîtra soudain ce qui
fera trembler les membres de l'humanité. Alors et alors seulement sera déployé
le divin étendard, alors et alors seulement le Rossignol des cieux fera entendre
sa pure mélodie".
(Extrait des Écrits de Baha'u'llah)