Le courage
d'aimer
Shoghi Ghadimi
9. La mesure de l'amour est l'amour
sans mesure
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9.4. Les voyageurs du pays des mages
Lorsque Voltaire arriva à Londres en 1727
l'opinion publique était à tel point montée contre la France que le seul fait
de se promener dans Londres constituait pour lui un danger.
Un jour qu'il flânait dans les rues, une foule de Londoniens le suivit en criant
"Tuez le ! Mort au Français!"
Voltaire s'arrêta, fit face à la foule et s'écria:
"Anglais ! Vous voulez me tuer parce que je suis Français. Mais voyons ne suis,
je pas assez puni de ne pas être Anglais?" La foule l'applaudit et lui fit bonne
escorte.
Cette histoire véridique montre à quel point le préjugé qu'il soit national,
politique, religieux ou racial peut aveugler l'opinion publique.
Heureusement que de nos jours ces préjugés commencent à disparaître, que l'homme
commence à prendre de plus en plus conscience de son indépendance dans la recherche
de la Vérité.
L'un des facteurs qui contribue à cet esprit d'investigation personnelle de
la Vérité c'est l'instruction généralisée qui permet à chacun de consulter personnellement
cet ami fidèle à nous tous, cet ami dont le nom est LE LIVRE.
C'est ce que nous allons faire ce soir pour nous faire une idée sur l'Iran,
ce pays dont on parle si abondamment de nos jours, à cause de ce qui s'y passe
actuellement.
Nous allons donc consulter les livres qui nous parlent de ce pays au point de
vue géographique, historique et religieux.
Géographiquement l'Iran est un vaste pays situé au sud-ouest de l'Asie entre
la mer Caspienne et le Turkestan au nord, l'Afghanistan à l'est, le Golfe Persique
au sud, l'Iraq et la Turquie à l'ouest.
Historiquement à partir du XV' siècle avant l'ère chrétienne les éléments aryens
firent leur apparition dans les horizons de l'Asie Mineure dont l'Iran faisait
partie.
Mais l'histoire de l'Iran ou plus exactement l'histoire de la civilisation iranienne
commence avec l'apparition du prophète Zoroastre de qui nous allons parler dans
un instant.
Quant à l'origine du mot Iran, notons d'abord que ce pays s'appelait naguère
en Occident, la Perse, mot qui provient de PARSI (une branche de la race aryenne
dont le roi Cyrus était originaire).
Le mot même Iran provient de ARYA, d'où le terme ARYEN. Au cours des siècles
ce mot ARYA s'est transformé pour devenir d'abord ARYAN puis IRAN.
Concernant la signification du mot ARYA on dit que cela signifie loyal, fidèle.
Rares sont les pays qui ont une histoire aussi mouvementée que l'Iran.
Dans l'antiquité l'Iran fut le centre d'un puissant empire fondé par Cyrus,
six siècles avant Jésus Christ, et devint le maître incontesté de toute l'Asie
occidentale.
Trois siècles après ce fut la conquête d'Alexandre le Grand qui ruina Persépolis.
Puis les Iraniens reprirent leur pays et cela dura presque neuf siècles, après
quoi le pays fut conquis par les Arabes.
La domination des Arabes dura un peu plus de deux siècles. Puis les Iraniens
reprirent leur pays, ce qui dura trois siècles quand au début du XIIe siècle
les Mongols envahirent l'Iran. Cela ne dura pas longtemps et de nouveau les
Iraniens reprirent leur pays. Cette fois aussi pas pour longtemps, car au XIVe
siècle ce fut Tamerlan qui attaqua l'Iran et y perpétra des massacres.
Ensuite vinrent les Turkomans. De nouveau les Iraniens reprirent leur pays.
Puis les descendants des Mongols (Dynastie Qajar) qui devinrent maîtres de l'Iran.
Ensuite vint la dynastie Pahlavi qui ne régna qu'un demi siècle pour être renversée
ces derniers temps.
Le reste de l'histoire, je veux dire ce qui s'y passe aujourd'hui, vous le connaissez
bien, mais là n'est pas notre propos.
Mais ce n'est pas cette histoire qui intéresse les historiens, ce n'est pas
dans ces hauts et ces bas du destin de l'Iran que les historiens voient quelque
chose de particulier à l'Iran.
C'est surtout du point de vue spirituel que les historiens voient un phénomène
exceptionnel et particulier à l'Iran.
Ainsi, par exemple, le Professeur Gabriel Millet (Josef Strzvgowskv "Ancien
art chrétien" Préface du Professeur Gabriel Millet) écrit
"L'Iran a marqué de son empreinte les grandes religions universelles".
Ou encore:
"L'Iran, dans le domaine spirituel, est dans le coeur du monde"
Ou encore:
"L'humanité doit à l'Iran ce qui fait sa noblesse".
Cette opinion est partagée par la plupart des orientalistes et plus particulièrement
par les savants qui se sont penchés sur l'étude de l'histoire des religions.
Etant donné un tel intérêt porté à l'Iran du point de vue religieux, on est
en droit de se demander quelle en est la raison.
C'est à cette question que nous allons essayer de répondre.
D'une manière générale quand on étudie l'histoire des grandes civilisations
on constate qu'à l'origine de toute civilisation se trouve toujours un homme
génial tel que Krishna, Moïse, Zoroastre, Bouddha, Jésus, Muhammad que l'Évangile
compare à un maître qui part en voyage et qui revient toujours.
A la base d'une telle comparaison se trouve toujours le fait que c'est toujours
la même Réalité qui revient. Comme le soleil se couche aujourd'hui, pour se
lever demain, mais d'un autre point du lever. Par sa chaleur et sa lumière le
soleil de demain sera pour ainsi dire le "retour" du soleil d'aujourd'hui avec
cette différence que c'est seulement son point du lever quia changé, ce qui
importe peu, car l'essentiel c'est sa chaleur et sa lumière.
Si l'on pousse cette étude plus loin en restant absolument impartial, on constate
de plus un fait unique dans l'histoire des religions.
C'est que chaque fois qu'on arrive à une page de cette histoire qui parle de
l'apparition de l'un de ces hommes géniaux, de l'un de ces voyageurs perpétuels,
elle mentionne le nom de la Perse (actuellement appelée Iran) soit par le fait
que l'un ou plusieurs de ces voyageurs est venu de ce pays, soit par le fait
que les premiers qui ont découvert ces voyageurs sont des gens originaires de
ce même pays, je veux dire de l'Iran.
Ne serait ce pas possible que ce soit l'une des raisons pour laquelle le Professeur
Millet dit que "l'Iran a marqué de son empreinte toutes les grandes religions
universelles"?
Afin de voir quelle est la contribution de l'Iran aux grandes religions universelles
nous allons nous adresser aux pages de l'histoire des religions.
Commençons si vous voulez bien par le premier voyageur qui est venu de l'Iran.
IL s'agit du prophète Zoroastre.
La situation lamentable dans laquelle se trouvait l'Iran au moment de l'apparition
de Zoroastre, je l'ai déjà décrite lors d'une de mes conférences. Je vais vous
en dire tout de même un mot, à la condition que vous soyez gentleman.
On dit qu'un gentleman est une personne qui lorsqu'elle a entendu quelque chose
pour la dixième fois vous donne l'impression qu'elle l'entend pour la première
fois.
Et bien voilà en résumé la situation de l'Iran il y a trois mille ans quand
Zoroastre apparut.
Le pays se trouvait dans un état de décadence inimaginable. On dit que la paresse
est mère. Elle a un fils - le vol et une fille, la faim. Cette parole illustrait
bien la situation en Iran. Les Iraniens étaient devenus tellement paresseux
qu'ils négligeaient complètement la culture de la terre, pourtant la principale
source de la vie à cette époque.
Comme conséquence la famine faisait des ravages, et le vol devenu un phénomène
tellement courant qu'on volait non seulement les vivants, mais également les
morts, en ce sens qu'on dérobait aux tombes les offrandes apportées, par ostentation
aux âmes des morts.
En ce qui concerne le gouvernement du pays, à vrai dire, il n'y en avait pas,
car le pays était divisé entre un grand nombre de petits rois, eux mêmes dirigés
par des magiciens, sorciers et charlatans.
D'un tel pays en pleine décadence Zoroastre a fait le pays le plus civilisé
de son époque, civilisé matériellement et spirituellement.
Sur le plan administratif grâce à son influence mystérieuse Zoroastre parvint
à unir les petits rois et mettre à la tête du pays le roi des rois, ce qu'on
appelle en Iran Shahinshah.
Et à ces rois des rois Zoroastre arriva à inculquer un esprit de justice et
de tolérance religieuse qui fait l'objet de l'admiration des historiens.
A titre d'exemple de l'esprit de justice de ces rois mentionnons l'édit royal
de Cyrus qui après la conquête de Babylone accorda aux vainqueurs et aux vaincus
des droits égaux, édit que les historiens appellent la première charte des droits
de l'homme.
Un autre exemple est celui de Darius, à qui la Bible attribue cette parole:
"J'ordonne que dans toute l'étendue de mon royaume on ait de la crainte pour
le Dieu de Daniel.
Car Il est le Dieu vivant ... C'est Lui qui délivre et sauve." Daniel 6/20
En lisant cette proclamation de Darius on a l'impression que l'auteur professait
la foi de Daniel, à savoir la foi judaïque.
Et pourtant Darius était zoroastrien.
Une telle tolérance religieuse, un tel esprit de justice inculqué par Zoroastre
à ses disciples méritent ils notre admiration? Si oui, rendons hommage à Zoroastre
et reconnaissons son oeuvre en tant que première contribution de l'Iran à la
civilisation spirituelle de l'humanité.
Il est intéressant de noter que Zoroastre qui est arrivé à unir les Iraniens
pour former la nation iranienne, a prédit qu'un autre Messager de Dieu viendrait
après lui de ce même pays, mais cette fois pour unir toutes les nations du monde.
Et il précise que cela arrivera mille deux cents et quelques années après la
religion des Arabes (autrement dit au treizième siècle de l'Hégire). (Cc qui
coïncide avec 1260 mentionnée à sept reprises dans l'Apocalypse).
Une autre contribution de l'Iran à la civilisation spirituelle de l'humanité
c'est sa contribution à la résurrection de l'esprit de la foi judaïque au cinquième
siècle avant Jésus Christ.
En effet, à cette époque le Temple de Jérusalem, symbole extérieur de la foi
judaïque était détruit avec la ville sainte, et les Juifs se trouvaient en captivité
à Babylone. Les rois persans Cyrus, Darius, Artaxerxès, l'un après l'autre ayant
délivré les Juifs arrangèrent leur retour en Terre Sainte, et leur firent rebâtir
le Temple, ce qui ranima la foi judaïque qui jusqu'alors ne donnait aucun signe
de vie.
C'est à cause de la délivrance du peuple juif par le roi Cyrus que la Bible
par la bouche du prophète Isaïe (44/24-28) lui attribue les titres tels que
"Berger", "Messie", "L'oint".
La reconstruction du Temple (avec comme conséquence la résurrection de l'esprit
de la foi judaïque), oeuvre des rois persans, revêt une importance si capitale
pour Daniel, qu'il prend cette date (457 avant Jésus Christ) comme point de
départ pour prédire deux événements historiques dont le premier est le sacrifice
de Jésus en l'an 33 et l'autre le Jour promis en 1844 (comme nous le verrons
dans un instant).
Concernant le premier événement c'est-à-dire le sacrifice de Jésus, Daniel mentionne
la date 490, prophétie qui se réalisa mathématiquement, étant donné que la date
du départ est 457 avant Jésus Christ, et que Jésus a été crucifié en l'an 33.
457 + 33 = 490
Concernant le deuxième événement, c'est-à-dire le Jours promis, Daniel prédit
la date 2300, prophétie qui se réalisa en 1844. En effet quand Jésus est né
456 années étaient écoulées depuis la reconstruction du Temple, ce qui nous
donne:
2300 - 456 = 1844 (Comme l'Edit de Tolérance suite auquel le deuxième Retour
des Juifs a commencé date précisément de 1844, et que le premier Retour a commencé
quand 456 années étaient écoulées depuis la naissance de Jésus, le nombre 1844
+ 456 = 2300 représente l'intervalle entre deux Retours)
L'année 1844 coïncide avec 1260 de l'Hégire. Et c'est la date de la Déclaration
du Bab, précurseur de la foi baha'ie.
Si concernant le lieu de naissance du Messager du Jour promis Daniel au début
de sa vision fait allusion à l'Iran (Daniel 8/2) en parlant d'Elam (Cette partie
de l'Iran jadis s'appelait Elam), Jérémie prédit clairement
"J'établirai mon trône en Elam". Jérémie XLIX 38 Ce qui veut dire que le message
inaugurant l'Ere où le Royaume de Dieu doit s'instaurer sur terre prendra naissance
en Elam (province de l'Iran dont le précurseur de la foi baha'ie était originaire).
A noter que cette prophétie coïncide avec celle de Zoroastre. Ceci dit passons
au christianisme pour voir si les Iraniens y ont joué un certain rôle. Il paraît
que oui. Et c'est l'Évangile qui le mentionne en première page en précisant
que les mages persans ont découvert le lieu de naissance et l'identité du futur
Christ, et que c'étaient eux, ces Persans, qui les premiers adorèrent et se
prosternèrent devant l'Enfant Jésus.
Cela ne reviendrait-il pas à dire que les premiers chrétiens étaient des Persans?
Quant à la date du Jour promis, si l'Ancien Testament ne la mentionne qu'une
fois par la bouche de Daniel, le Nouveau Testament mentionne cette même date
(1260 selon l'Hégire) à sept reprises.(Pour plus de détails voir la conférence
"En deux pages - une histoire en images" du huitième fascicule de la série "Le
Courage d'Aimer").
Après la Révélation chrétienne vient l'islam.
Là encore l'histoire nous parle de la part que la Providence avait réservé à
l'Iran.
En effet quatre érudits persans, l'un après l'autre, prédisaient la révélation
islamique.
Un certain Ruz Bih, appelé plus tard Salman, était leur serviteur. Le dernier
de ces érudits dit à Salman: "Après mon enterrement va en Hijaz où le soleil
de Muhammad va apparaître."
Celui-ci y alla, accepta l'islam et lui rendit d'innombrables services. Mais
il n'était que le premier Persan à le faire. Bien d'autres après lui se levèrent
pour ranimer l'esprit de l'islam à l'époque où de cette religion il n'était
rien resté de spirituel.
Mais c'est une longue histoire et son exposé ne fait pas partie de ma conférence.
Voilà, chers amis, le rôle qu'a joué l'Iran dans l'histoire du judaïsme, du
christianisme et de l'islam, contribuant ainsi indirectement à la civilisation
de l'humanité.
Mais le couronnement de la contribution de l'Iran à la civilisation mondiale
est dans le fait que, selon toutes les Écritures, la Providence avait destiné
ce pays à être le berceau de cette foi mondiale qu'est la foi baha'ie, cette
foi que le Larousse du vingtième siècle présente "comme l'aboutissement de toutes
les anciennes croyances."