LA FOI BAHA'IE
L'émergence d'une religion mondiale


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7. L'ordre mondial de Baha'u'llah

De nombreuses personnes ont des doutes quant à l'existence de Dieu parce qu'elles sont incapables de découvrir quoi que ce soit qui leur prouve qu'Il existe vraiment. Savoir qui est Dieu et être sûr de son existence est certainement l'une des plus grandes questions à la fois philosophique et religieuse. Dans le chapitre 6, la réponse baha'ie à cette question a été traitée avec une certaine profondeur. La foi baha'ie enseigne que Dieu nous a donné une preuve évidente de son existence et de son amour pour nous : les manifestations qu'Il envoie à chaque époque pour faire connaître sa volonté à l'humanité.

Selon Baha'u'llah, Dieu a promis qu'Il enverrait une série de manifestations pour guider et instruire l'humanité. Dans les Écrits baha'is, cette promesse est appelée la grande alliance. Cette succession de manifestations, ou messagers de Dieu, remonte à l'aube des temps : Moïse a succédé à Abraham; Jésus a suivi Moïse; et Mohammed est apparu après Jésus. La succession s'est poursuivie à notre époque avec l'avènement de Baha'u'llah. Chacun des autres messagers divins, aussi bien ceux que l'histoire connaît que ceux dont le souvenir a été perdu, a eu un rôle important à jouer dans l'ordre divin des choses.

[Nota: Ce sujet de la succession des manifestations est le thème central du Kitab-i-Iqan (
 Ouvrir le livre Livre de la certitude). Le concept d'une alliance se retrouve dans les écrits de nombreuses religions. Par exemple : dans la Bible, Genèse 17, est décrite l'alliance de Dieu avec Abraham, ce dernier devant devenir le père d'une multitude de nations. Le texte continue ainsi : Je te rendrai fécond à l'infini, je ferai de toi des nations, et des rois sortiront de toi. Et j'établirai mon alliance entre moi et toi et tes descendants après toi, pendant des générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi. ( Ouvrir le livre La Bible Genèse 17:6-7) Il paraît évident aujourd'hui que l'alliance en question n'était pas destinée aux juifs et aux chrétiens seulement (c'est-à-dire les descendants d'Abraham par son fils, Isaac, et sa première femme Sarah), mais aussi aux descendants des mariages d'Abraham avec Hagar (voir Genèse 16:15-16) et Keturah (voir Genèse 25:1-2). Le prophète Mohammed descendant d'Ishmaël, fils d'Abraham et de Hagar (voir Genèse 25:5-6), les musulmans se considèrent comme cohéritiers de l'alliance d'Abraham. Baha'u'llah descendait d'Abraham par la troisième femme du patriarche, Keturah (voir Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 90). Aussi les baha'is considèrent-ils l'alliance d'Abraham comme la force motrice de l'apparition d'au moins quatre des principaux messagers de Dieu : Moïse et Jésus-Christ (par Isaac, fils de Sarah), Mohammed (par Ishmaël, fils de Hagar), et Baha'u'llah (par Keturah).]

Une alliance est un accord ou contrat engageant les deux parties. Dans sa grande alliance, Dieu a promis une succession de manifestations. Baha'u'llah nous enseigne que l'humanité, en réponse à cet engagement divin, a une double obligation envers Dieu : elle doit reconnaître et accepter la manifestation lorsqu'elle vient à paraître, et obéir et s'efforcer de mettre en pratique ses enseignements.

Baha'u'llah nous dit :
" Ces devoirs jumeaux sont inséparables. L'un sans l'autre est inacceptable. "

[Nota:
 Ouvrir le livre Extraits des Ecrits de Baha'u'llah, p. 218.]

C'est pour cette raison que les baha'is d'origine juive, chrétienne ou autre ne considèrent pas qu'ils ont abandonné leurs anciennes croyances en devenant baha'is. Ils pensent qu'ils répondent à leurs obligations en tant que croyants et disciples de la manifestation de Dieu qui a fondé leur propre tradition religieuse. Ils ont, en fait, honoré l'alliance en reconnaissant la succession des manifestations de Dieu, plutôt qu'en n'en suivant qu'une seule et en considérant que les enseignements de cette dernière sont supérieurs à ceux de toutes les autres. Ils considèrent ainsi qu'ils ont rempli l'obligation spirituelle qu'ils avaient héritée de la foi de leurs parents.

Un autre point au sujet de ce concept baha'i de grande alliance doit être souligné. Cette succession de manifestations n'ayant pas eu de commencement, elle n'aura pas de fin. La révélation baha'ie ne prétend pas être l'étape finale dans la gestion par Dieu de l'évolution spirituelle de l'humanité. Selon les paroles de Baha'u'llah : " Dieu a envoyé ses messagers ici-bas pour succéder à Moïse et à Jésus, et Il continuera à faire de même jusqu'à .... "

[Nota: Baha'u'llah, cité par Shoghi Effendi dans
 Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah, p. 113.]

Les Écrits baha'is contiennent l'assurance qu'après " l'écoulement complet de mille années, un autre messager ou manifestation de Dieu apparaîtra pour poursuivre ce processus évolutif infini. "

[Nota: Baha'u'llah, Baha'i World Faith, p. 211.]

À l'intérieur de cette vaste alliance, il existe d'autres liens entre l'humanité et Dieu qui marquent des étapes spécifiques dans son évolution et dans le développement de la civilisation. Toutes deux sont passées par des étapes différentes, et les baha'is pensent que chacune des religions révélées a permis d'atteindre un but spécifique dans ce processus global. De même que le petit enfant apprend progressivement en grandissant (il apprend à manger, marcher, lire, travailler avec les autres, etc.) afin de mûrir, de même l'humanité croît lentement vers sa maturité spirituelle en concentrant successivement son attention sur le développement de différentes capacités spirituelles.

Par exemple, au travers de la révélation d'Abraham, les hébreux prirent conscience de l'unicité de Dieu et purent alors explorer les potentialités du développement humain que recelait cette profonde vérité. Le temps aidant, ce concept influença profondément toutes les civilisations occidentales et islamiques. De même, Moïse révéla la Loi de Dieu à l'humanité, Bouddha nous montra comment nous détacher de notre moi, et Jésus-Christ nous enseigna l'amour de Dieu et l'amour des autres êtres humains. Baha'u'llah a expliqué que ce développement progressif de la conscience spirituelle de l'humanité est à la fois naturel et nécessaire. L'enfant doit apprendre à marcher avant d'apprendre à courir et à sauter.

Pour accomplir une tâche particulière, nous devons apprendre quels sont les moyens qui nous permettront d'y parvenir. Selon la foi baha'ie, chaque manifestation a procuré ces moyens essentiels, à ceux qui ont reconnu son rang, en établissant une alliance entre ses disciples et lui-même. Dans les enseignements baha'is, on fait référence à cette alliance sous le nom de moindre alliance. Elle est reformulée par chacun des messagers de Dieu selon les besoins changeants d'une race humaine en évolution. Elle est moindre non pas parce qu'elle est considérée comme sans importance, mais parce qu'elle fonctionne à l'intérieur de la structure des buts et objectifs de la grande alliance. On pourrait appeler la moindre alliance une alliance auxiliaire ou subsidiaire, car elle participe aux objectifs plus importants et éternels de Dieu.

[Nota: Des érudits baha'is ont remarqué que l'on faisait aussi référence à la moindre paix dans les écrits des autres religions. Dans le Deuteronome 29:10-13
 Ouvrir le livre La Bible , Moïse a établi une alliance sous serment avec ses disciples, le peuple d'Israël, qui faisait de Dieu leur protecteur et défenseur à condition qu'à leur tour ils constituent son peuple et obéissent à ses lois. Il existe un schéma semblable dans le Nouveau Testament, rendu manifeste par les promesses de Jésus à ses disciples, à savoir que, s'ils obéissaient à ses enseignements, ils recevraient certainement pouvoirs et bénédictions. Il demanda par exemple aux chrétiens d'aller de l'avant et d'enseigner toutes les nations, d'observer ce que je vous ai demandé. En retour il leur promit : Demandez et il vous sera donné; cherchez et vous trouverez; frappez et on vous ouvrira. (voir Matthieu 7:7-8 et 28:19-20.).]

Comme nous l'avons déjà fait remarquer, les baha'is considèrent que la mission spécifique de la foi baha'ie est l'établissement de l'unité mondiale. L'alliance de Baha'u'llah va par conséquent dans ce sens. Pour les baha'is, l'unité mondiale implique non seulement l'émergence d'un fort sentiment de fraternité et d'amour parmi tous les peuples, mais aussi la création d'institutions globales nécessaires à l'établissement d'une vie sociale harmonieuse et unie pour la planète. La guerre doit être éliminée de manière permanente et la paix universelle fermement établie parmi toutes les nations et communautés de la terre.

Dans les Écrits baha'is, cette vision du futur de l'humanité est appelée l'ordre mondial de Baha'u'llah. Par son étendue, une telle vision coupe le souffle. Alors que la plupart des gens s'accorderaient sans doute sur le fait que cet objectif baha'i est méritoire, un grand nombre d'entre eux estimerait qu'il est utopique de croire que l'on peut réellement établir une telle société. De plus, la plupart pensent que la religion devrait s'occuper exclusivement du développement spirituel de l'individu, et ils sont étonnés de découvrir une foi qui met si fortement l'accent sur la vie collective de l'humanité, sur différentes formes d'organisations sociales et sur la réalisation d'objectifs sociaux.

La raison de la confiance baha'ie dans le fait que le temps est venu d'unifier l'humanité repose dans leur croyance que l'unité mondiale est la volonté de Dieu : c'est Dieu qui veut que l'humanité soit unie; Il nous a créés avec un certain potentiel pour l'unité et nous a fourni les moyens de développer ce potentiel. L'alliance de Baha'u'llah est considérée comme l'instrument premier accordé par Dieu pour libérer ce potentiel spirituel et parvenir subséquemment à l'unité mondiale. Cette alliance nous fournit une puissance spirituelle qui génère l'espoir, change les coeurs et fait fondre les préjugés. Elle nous fournit également un système de lois sociales et d'institutions qui est basé sur des principes spirituels et qui nous rattache aux affaires courantes de la vie de l'humanité. Les baha'is pensent que par l'intermédiaire de ce système, l'humanité sera à même de créer une société globale fondée sur la justice :

" L'équilibre du monde a été bouleversé par la vibrante influence de ce très grand, de ce nouvel ordre mondial. La vie ordonnée de l'humanité a été révolutionnée par l'action de cet unique et merveilleux système, dont les yeux des mortels n'ont jamais vu l'équivalent. "

[Nota:
 Ouvrir le livre Extraits des Ecrits de Baha'u'llah, p. 90.]

C'est 'Abdu'l-Baha , le fils de Baha'u'llah, qui fut le principal acteur de l'établissement des fondations du système de son père. Le rôle joué par 'Abdu'l-Baha dans l'histoire baha'ie a été traité précédemment; l'importance de son rôle dans la mission de Baha'u'llah est réfléchie dans le fait que Baha'u'llah l'a désigné comme le Centre de mon alliance. Il autorisa 'Abdu'l-Baha à interpréter la révélation baha'ie et l'assura que son interprétation serait infailliblement guidée par Dieu.

[Nota: Baha'u'llah a dit : Quand l'océan de ma présence aura reflué et que le livre de ma révélation sera achevé, tournez vos visages vers celui ['Abdu'l-Baha ] qui est le Dessein de Dieu, celui qui est la Branche issue de cette Antique Racine ... adressez-vous pour tout ce que vous ne comprenez pas dans le Livre à celui... L'objet de ce verset sacré n'est autre que la plus Grande Branche ('Abdu'l-Baha ). (Cité par Shoghi Effendi dans
 Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah, pp. 125-126).]

Baha'u'llah confia aussi à son fils le soin de s'occuper de la mise en pratique de ses enseignements, ainsi que la responsabilité de prendre toutes les décisions nécessaires à l'établissement des institutions de son ordre mondial. C'est en agissant selon cette autorité qui lui avait été conférée que 'Abdu'l-Baha produisit tous les écrits qui font maintenant partie de la littérature de base de la foi baha'ie.

'Abdu'l-Baha nomma à son tour Shoghi Effendi Rabbani Gardien de la communauté baha'ie et Interprète des Écrits saints après lui, et 'Abdu'l-Baha supervisa la création des premières assemblées spirituelles locales destinées à devenir les institutions fondamentales de l'ordre mondial. L'oeuvre de Shoghi Effendi rendit possible l'établissement de la Maison Universelle de Justice.

L'exemple de la vie de 'Abdu'l-Baha démontre le caractère pratique et valide des enseignements de Baha'u'llah sur la vie et le développement spirituel de l'individu. Il n'est cependant pas considéré comme une autre manifestation ou messager de Dieu au même titre que le Bab ou Baha'u'llah. Alors que l'autorité d'une manifestation lui vient directement de Dieu et fait partie de sa nature spirituelle même, l'autorité de 'Abdu'l-Baha lui fut conférée par Baha'u'llah. Toutefois les baha'is pensent que 'Abdu'l-Baha a été investi de la qualité unique de servir d'exemple parfait des enseignements baha'is, Shoghi Effendi le décrit en ces termes :

" Il est, et devrait être considéré à jamais, en tout premier lieu, comme le Centre et le pivot de l'incomparable alliance universelle de Baha'u'llah, comme son oeuvre la plus exaltée, le miroir immaculé de sa lumière, l'Exemple parfait de ses enseignements, l'Interprète infaillible de sa parole, la personnification de chaque idéal baha'i...; en la personne de 'Abdu'l-Baha , les caractéristiques incompatibles d'une nature humaine, d'une connaissance et d'une perfection " suprahumaines " ont été fondues et sont en complète harmonie. "

[Nota: Shoghi Effendi,
 Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah, p. 125.]

La conviction de la " praticabilité " de l'unité mondiale, ainsi que la consécration à ce but et le désir d'oeuvrer dans ce sens, est probablement la caractéristique la plus distinctive de la communauté baha'ie. C'est la différence la plus évidente qui existe entre la foi baha'ie et les précédentes religions révélées. En ce qui concerne ses enseignements d'ordre spirituel et ses doctrines de base, la foi baha'ie a de nombreux points en commun avec les religions traditionnelles, en particulier avec les religions du groupe sémitique (judaïsme, christianisme et islam). Par contre, l'accent mis par les baha'is sur l'établissement de l'unité mondiale et d'une civilisation mondiale, né de leur foi dans l'alliance établie avec eux par Baha'u'llah, est à la fois contemporain et unique. Dans une étude fort connue sur les possibilités d'une unité mondiale et d'une civilisation globale, le sociologue américain, le professeur Warren Wagar dit :

" ... de toutes les religions positives contemporaines se réclamant d'autorité divine, la seule qui se consacre presque exclusivement et sans ambiguïté à l'unification de l'humanité est la foi baha'ie. "

[Nota: Warren Wagar, The City of Man, p. 117.]

Cette alliance particulière qu'a établie Baha'u'llah avec l'humanité fonctionne par l'intermédiaire d'un système appelé l'ordre administratif. Nous avons déjà vu que les enseignements et les Écrits de Baha'u'llah se partagent en un certain nombre de catégories différentes. Parmi les thèmes traités par Baha'u'llah, on trouve certains concepts et doctrines de base, des exhortations et principes destinés à guider l'humanité, des lois et ordonnances considérées comme essentielles au développement personnel et à l'organisation sociale, et des institutions spécifiques qui font partie intégrante de la révélation baha'ie et ne peuvent être dissociées des enseignements spirituels.

Les lois et ordonnances d'une part, les institutions de la communauté baha'ie d'autre part, constituent le système intitulé l'ordre administratif de la foi baha'ie. C'est par l'intermédiaire de cet ordre administratif que se manifeste essentiellement la moindre alliance de Baha'u'llah avec l'humanité.

[Nota: Shoghi Effendi a résumé les principales caractéristiques de l'ordre administratif dans
 Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah, pp. 131-147.]

La caractéristique distincte de cette moindre alliance réside dans le fait que son fondateur a spécifié les lois et institutions qui devront gouverner la communauté de ses disciples à travers l'histoire. De plus, ce dernier a expliqué dans ses propres Écrits, signés et scellés de sa main, la nature exacte de chacune de ces institutions : ses limites, ses attributions, sa fonction et son rôle. Les fondations de ce système ont été mises en place par 'Abdu'l-Baha et par le Gardien de la foi baha'ie, Shoghi Effendi, tous deux agissant par l'autorité que leur avait explicitement conférée Baha'u'llah et selon ses directives écrites.

Les deux principales institutions de l'ordre administratif, décrites par Shoghi Effendi comme étant ses piliers, sont le Gardiennat et la Maison Universelle de Justice. Le rôle joué par Gardien et la nature de l'autorité que lui a conférée cette alliance ont été traités précédemment. Bien qu'il ne soit plus en vie, son interprétation des enseignements baha'is conserve le même degré d'autorité pour la communauté baha'ie qu'au temps du Gardiennat. La Maison Universelle de Justice fut instituée par Baha'u'llah lui-même comme organe législatif suprême de l'ordre administratif baha'i. La Maison Universelle de Justice a déclaré à propos du rapport existant entre la Maison Universelle de Justice et le Gardiennat :

" Il est bien entendu ... qu'avant de légiférer sur un sujet quelconque, la Maison Universelle de Justice étudie soigneusement et longuement, à la fois, les textes sacrés et les écrits de Shoghi Effendi sur le sujet. Les interprétations données par le Gardien bien-aimé couvrent un grand nombre de sujets et possèdent autant de poids que le texte lui-même. "

[Nota: La Maison Universelle de Justice, Messages de la Maison Universelle de Justice, 1963-1986, 23.19.]

Baha'u'llah a donné le nom de maison de justice à ces institutions législatives centrales de sa foi. Une maison de justice est constituée de neuf adultes élus périodiquement par tous les adultes croyants de la communauté. Des maisons de justice seront établies à trois niveaux :

- local (une municipalité ou un groupe distinct d'habitats);
- secondaire (en général national); et
- international.

Actuellement, cette institution n'existe qu'au niveau international, depuis l'élection de la première Maison Universelle de Justice à la Convention internationale de 1963. C'est ce corps qui dirige aujourd'hui les baha'is du monde. C'est le seul agent législatif de la foi et, selon des textes explicites de Baha'u'llah et de 'Abdu'l-Baha , ses décrets ont pour les baha'is la même autorité que les textes eux-mêmes. La différence est que la Maison Universelle de Justice a le pouvoir de révoquer ou de modifier un de ses propres décrets au fur et à mesure de l'évolution de la communauté baha'ie et des nouvelles conditions qui émergeront, alors que les lois contenues dans les textes baha'is demeurent immuables.

L'administration de la foi baha'ie à un niveau local et national se trouve actuellement entre les mains d'assemblées spirituelles locales et nationales. Ces institutions sont élues et fonctionnent de la même manière qu'une maison de justice, elles porteront ultérieurement le nom de maisons de justice secondaires et locales.

Les baha'is pensent que, si les maisons de justice locales et secondaires sont guidées par Dieu, seules les décisions de la Maison Universelle de Justice sont inspirées et font autorité. Pour eux cette institution représente l'effort suprême accompli par l'humanité pour parvenir à Dieu dans un esprit d'unité et d'harmonie. Baha'u'llah a déclaré que c'est Dieu Lui-même qui a rendu cela possible, et qu'Il préservera de l'erreur les décrets de la Maison Universelle de Justice.

[Nota: Dans son Testament
 Ouvrir le livre Le testament d'Abdu'l-Baha, 'Abdu'l-Baha a dit : Que chacun d'entre vous se tourne vers le Plus Saint Livre, et pour tout ce qui n'y est pas explicitement consigné, référez-vous à la Maison Universelle de Justice. Tout ce que ce corps décide, que ce soit à l'unanimité ou à la majorité, est assurément la vérité et le dessein de Dieu Lui-même... Tout ce qu'ils décident a le même effet que le texte lui-même. Et tout comme la Maison de justice a le pouvoir de décréter des lois qui ne sont pas expressément contenues dans le Livre et qui portent sur les affaires courantes, elle a aussi le pouvoir d'abroger ces mêmes lois. (voir Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha , Baha'i World Faith, pp. 447-448).]

Il existe aussi des institutions baha'ies à un niveau continental, national, régional et local, certaines étant élues et utilisant pour fonctionner la consultation collective et la prise de décision par vote, d'autres étant nommées et opérant principalement par l'intermédiaire de services rendus individuellement par ses membres. Ce système sera étudié en détail dans le chapitre suivant.

Ce système d'institutions fait partie intégrante de la foi baha'ie et ne peut être détaché des principes et enseignements purement spirituels. Les baha'is pensent que leur ordre administratif représente le noyau et le modèle d'un nouvel ordre social destiné à réaliser l'unification de l'humanité. Voici ce qu'en dit Shoghi Effendi :

... cet ordre administratif diffère fondamentalement de tout ce que les prophètes ont établi dans le passé, puisque Baha'u'llah lui-même en a révélé les principes et établi les institutions, qu'il a désigné la personne destinée à interpréter sa parole et investi de l'autorité nécessaire le corps [la Maison Universelle de Justice] conçu pour compléter ses ordonnances législatives et les faire appliquer.

[Nota: Shoghi Effendi,
 Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah, p. 133.]

Il est important de faire clairement la distinction entre l'ordre administratif de la foi baha'ie et le futur ordre mondial conçu par Baha'u'llah. Lorsqu'ils parlent de l'ordre mondial, les baha'is font référence au plein effet qu'auront, d'après eux, les enseignements du fondateur de leur foi sur l'établissement d'un gouvernement mondial, d'une paix durable et d'une civilisation planétaire unie. Cet ordre mondial, de toute évidence, n'existe pas encore; mais il est le but vers lequel tend la communauté baha'ie. Par contre, les principales institutions de l'ordre administratif existent déjà et font partie intégrante de la communauté internationale des baha'is.

Voici, en partie, le résumé fait par Shoghi Effendi de la vision de Baha'u'llah du futur ordre mondial :

" L'unité de la race humaine, telle que la conçoit Baha'u'llah, suppose l'établissement d'une communauté universelle où toutes les nations, les races, les croyances et les classes sont étroitement et définitivement unies, où l'autonomie des États membres ainsi que la liberté et les initiatives personnelles des individus qui les composent sont complètement et catégoriquement sauvegardées. Cette communauté, autant que nous puissions l'imaginer, doit comporter une législature universelle dont les membres, en tant que mandataires de l'humanité tout entière, auront en fin de compte le contrôle de l'ensemble des ressources de toutes les nations qui la composeront, et édicteront les lois nécessaires pour régler la vie, pourvoir aux besoins et harmoniser les relations de tous les peuples et de toutes les races. Un pouvoir exécutif mondial, s'appuyant sur une force internationale, veillera à l'exécution des décisions arrêtées par cette assemblée mondiale, à l'application des lois qu'elle aura votées et à la sauvegarde de l'unité organique de la communauté tout entière. Un tribunal mondial se prononcera et délivrera son verdict final et contraignant dans tous les conflits qui pourront s'élever entre les divers éléments qui constituent ce système universel... Une écriture universelle, une littérature universelle, un système uniforme et universel de monnaie, de poids et de mesure viendront simplifier et faciliter les relations et la compréhension entre les nations et les races...

Rivalités, haine et intrigues entre nations cesseront, et les animosités et les préjugés raciaux feront place à l'amitié raciale, à la compréhension et à la coopération. Les causes de luttes religieuses seront à jamais écartées, les barrières et les restrictions économiques totalement abolies, et la distinction excessive entre les classes sera supprimée.... "

[Nota: Shoghi Effendi,
 Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah, pp. 197-198.]

Les baha'is ne pensent pas que seuls leurs efforts ou leur foi permettra l'établissement de l'ordre mondial. Ils croient que la volonté de Dieu opère de différentes manières et, à différents niveaux, partout dans le monde et chez tous les peuples, pour atteindre ce but élevé. La Ligue des Nations et les Nations unies sont considérées comme des étapes importantes sur le chemin de l'unification. Aussi, de nombreux baha'is sont-ils des membres actifs de certains bureaux des Nations unies ainsi que de nombreux autres organismes internationaux apolitiques. Ils maintiennent cependant que leur foi et son ordre administratif ont un rôle central et vital à jouer dans le processus de la création d'un monde uni.

Afin de comprendre comment les baha'is considèrent le rapport qui existe entre leur foi et son ordre administratif d'une part, et la réalisation de la paix mondiale et l'établissement d'un ordre mondial d'autre part, il peut être utile de se rappeler qu'ils associent la future civilisation mondiale avec le millénium, ou venue du royaume de Dieu, mentionné dans les Écrits saints des autres religions. Ils pensent que l'établissement de la paix et de l'unité mondiale représente l'établissement du royaume de Dieu sur terre et le triomphe final du bien sur le mal, ainsi que l'ont prédit en des termes symboliques les précédentes religions. Ils croient que la réalisation de cet ordre mondial est la volonté de Dieu et ce, tout au long de l'histoire de l'humanité.

Dans certaines traditions religieuses, l'établissement du royaume de Dieu sur terre est uniquement associé à un acte divin. Elles supposent que le rôle de l'humanité dans ce processus est essentiellement passif et que l'avènement du royaume se fera instantanément, comme par magie, et de manière surnaturelle.

[Nota: Ce point de vue traditionnel a posé quelques problèmes aux interprètes modernes de ce que l'on a appelé le christianisme social. Au début du vingtième siècle, un certain nombre d'éminents penseurs chrétiens ont développé les grandes lignes de ce qu'ils ont appelé l'évangile social, dans lequel la venue du royaume de Dieu était interprétée comme la création d'une société juste et pacifique sur terre. Leur initiative s'effondra lorsque les penseurs chrétiens traditionnels leur opposèrent l'argument que le royaume ne pouvait être établi qu'avec le retour du Christ lui-même. Toute tentative de réforme sociale, aussi profitable qu'elle puisse être, ne pouvait selon eux prétendre représenter autre chose que l'effort imparfait fourni par l'homme pour se développer. Cette controverse a été ranimée aujourd'hui par une autre controverse qui oppose les milieux orthodoxes de l'Église chrétienne et les éléments libéraux influencés par le diagnostic marxiste de la condition sociale contemporaine. Les baha'is pensent que tout conflit est le résultat d'un malentendu de part et d'autre. Selon la pensée baha'ie, le Christ étant revenu en la manifestation de Baha'u'llah, la tendance internationale actuelle en faveur de la construction d'une nouvelle société fondée sur une tentative humanitaire d'améliorer la condition sociale de l'humanité dans son ensemble, représente l'établissement progressif du royaume de Dieu sur terre avec la participation active de ses habitants.]

Les baha'is pensent que Dieu est tout-puissant et qu'Il pourrait certainement imposer immédiatement son royaume sur terre si telle était réellement sa volonté. Baha'u'llah a expliqué que Dieu cherchait à nous enseigner certaines leçons par la manière dont le royaume s'établit. Les baha'is estiment que les sociétés actuelles ne répondent pas à nos besoins réels parce qu'elles sont fondées sur des attitudes et des pratiques contraires à la loi divine. Ainsi, en même temps que Dieu établit son royaume promis sur terre, Il nous donne la possibilité d'apprendre par le biais de l'expérience - expérience qui consiste à assumer dans notre vie les conséquences de nos propres actes - la véritable nature de nos possibilités et de nos limites.

" Baha'u'llah nous a mis en garde : ce n'est qu'en comprenant profondément nos erreurs passées et en les acceptant que nous pourrons éviter de reproduire ces mêmes erreurs tragiques qui nous ont menés à la situation mondiale actuelle, avec sa menace perpétuelle de guerre, ses souffrances, son exploitation et son désespoir. "

[Nota: Shoghi Effendi,
 Ouvrir le livre Le Jour promis est venu ]

Pour Baha'u'llah, l'établissement d'un ordre mondial se fera en trois étapes successives. La première est une période de débâcle sociale et d'immenses souffrances, des souffrances qui dépassent en étendue et en intensité toutes celles connues jusqu'alors. Les baha'is pensent que la première étape est déjà bien avancée et que le désordre qui afflige actuellement le monde éprouvera, en son temps, chaque vie humaine et chaque institution sociale. Dans son ouvrage, " Voici le jour promis ", Shoghi Effendi décrit cette souffrance humaine à la fois comme un châtiment et comme un acte de sainte et suprême discipline de la part de Dieu :

" C'est à la fois une épreuve envoyée par Dieu et un processus de purification de toute l'humanité. Ses flammes punissent la perversité du genre humain et unissent ses composantes en une communauté organique, indivisible et mondiale. L'humanité, dans ces années décisives ..., est sommée à la fois de rendre compte de ses actes passés, de se purifier et de se préparer pour sa mission à venir. Elle ne peut ni échapper à ses responsabilités passées, ni se soustraire à celles à venir. "

[Nota: Shoghi Effendi,
 Ouvrir le livre Le Jour promis est venu ]

Selon les baha'is, la période actuelle de souffrances et de difficultés se terminera par une convulsion mondiale, à la fois spirituelle, physique et sociale. Cette crise marquera la fin de la première étape et la transition vers la seconde étape du Plan divin. Baha'u'llah a fait référence à cette crise en ces termes :

" Nous avons fixé un temps pour vous, ô peuple ! Si vous manquez, à l'heure fixée, de vous tourner vers Dieu, en vérité Il se saisira violemment de vous et vous accablera de maux de tous côtés. Terrible sera alors le châtiment que vous infligera votre Seigneur. "

[Nota: Cité dans
 Ouvrir le livre Le Jour promis est venu de Shoghi Effendi,]

La seconde étape du cheminement de l'humanité vers l'ordre mondial verra l'établissement de la moindre paix. À la lumière des différentes déclarations contenues dans les Écrits baha'is, il serait probablement plus exact de considérer cette seconde étape plutôt comme une fin durable à la guerre que comme une paix totale et positive. La moindre paix est un terme utilisé pour décrire une paix politique que concluront les nations du monde après un accord international. La principale caractéristique de la moindre paix sera l'établissement de garanties internationales de sécurité qui éviteront la reprise de la guerre entre les nations. Ces garanties seront exposées explicitement dans un traité officiel approuvé par toutes les nations du monde, et elles seront basées sur le principe de la sécurité collective selon laquelle toutes les nations devront se dresser en bloc contre toute nation agresseur. Baha'u'llah a dit : " Si l'un de vous prenait les armes contre un autre, levez-vous tous contre lui, car ce ne sera là que justice manifeste. "

[Nota:
 Ouvrir le livre Extraits des Ecrits de Baha'u'llah, p. 167.]

'Abdu'l-Baha a développé ce thème dans le passage suivant :

" Ils [les souverains du monde] devront conclure un traité obligatoire et établir une alliance dont les clauses devront être justes, inviolables et précises. Ils devront la proclamer au monde entier et obtenir sa ratification par la race humaine tout entière... Toutes les forces de l'humanité devront se mobiliser pour assurer la stabilité et la durabilité de cette très grande alliance. Dans ce pacte global, les limites et frontières de chacune des nations devront être clairement définies, les principes à la base des relations entre gouvernements fermement établis et tous accords ou engagements internationaux confirmés... Le principe fondamental sous-jacent à ce pacte solennel devra être fixé de telle manière que si jamais un gouvernement venait à violer l'une de ses clauses, tous les gouvernements de la terre devraient se liguer pour l'obliger à se soumettre; bien plus encore, l'ensemble de la race humaine devrait décider, en utilisant tous les pouvoirs à sa disposition, de détruire ce gouvernement. Si ce puissant remède pouvait être appliqué au corps malade du monde, il guérirait assurément de ses maux et demeurerait à jamais sain et sauf. "

[Nota: 'Abdu'l-Baha ,
 Ouvrir le livre Le secret de la Civilisation Divine, pp. 89-90.]

Les baha'is pensent que la moindre paix suivra de près la fin de la période actuelle de souffrances et de soulèvements sociaux. Ils affirment même que ce sont justement ces dernières tragédies qui amèneront les peuples et les nations à mettre fin à la guerre à tout prix. 'Abdu'l-Baha a prédit que la moindre paix sera établie avant la fin de ce siècle.

[Nota: Voir
 Ouvrir le livre Sélection des écrits d'Abdu'l-Baha , pp. 31-32.]

La moindre paix est considérée comme le prélude nécessaire à la troisième étape de la naissance d'un ordre mondial, étape qui ne se fera que beaucoup plus progressivement. Baha'u'llah a intitulé cette dernière étape la plus grande paix. Son avènement, a-t-il dit, coïncidera avec la naissance de l'ordre mondial baha'i. La description faite par Shoghi Effendi de ce futur ordre mondial a déjà été citée précédemment dans ce chapitre. Il en parle dans un autre passage comme de la " fusion ultime de toutes les races, croyances, classes et nations ". Alors que la moindre paix sera réalisée par les " nations de la terre, encore inconscientes de la révélation [de Baha'u'llah] mettant en place sans le savoir [ses] principes généraux ", la plus grande paix devra être la " conséquence de la reconnaissance du caractère et des revendications de la foi de Baha'u'llah. "

[Nota: Shoghi Effendi,
 Ouvrir le livre Le Jour promis est venu .]

Les baha'is pensent que c'est au cours de cette évolution de la moindre paix à la plus grande paix que la mission de Baha'u'llah sera pleinement reconnue par les peuples de la terre et ses principes consciemment acceptés et appliqués par l'ensemble de l'humanité.

L'ordre administratif de la foi baha'ie est considéré comme la forme embryonnaire du futur ordre mondial. Selon Shoghi Effendi, les institutions et lois de l'ordre administratif baha'i " sont destinées à être un modèle pour la société future, un instrument suprême pour l'instauration de la plus grande paix, et le seul moyen d'unifier le monde et de proclamer le règne de la droiture et de la justice sur la terre. "

[Nota: Shoghi Effendi,
 Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah, p. 16.]

Cette vision de la plus grande paix correspond à une vision similaire d'Habakkuk d'un temps où " la terre sera inondée par la connaissance de la gloire du Seigneur, de même que les eaux recouvrent la mer " (Habakkuk, 2:14). Elle marquera la guérison des nations promise dans l'apocalypse chrétienne (Révélation, 22:2). Elle apportera non seulement une civilisation mondiale, mais aussi la " spiritualisation des masses ". Elle représente la " maturité du genre humain tout entier ".

[Nota: Shoghi Effendi,
 Ouvrir le livre Le Jour promis est venu , 301, 302.]

À propos de la plus grande paix, Shoghi Effendi a dit :

" Alors naîtra, prospérera et se perpétuera une civilisation mondiale dans une plénitude de vie telle que le monde n'en a encore jamais connu ni même conçu. Alors l'alliance éternelle sera totalement réalisée. Alors seront accomplies la promesse contenue dans tous les Livres de Dieu ainsi que toutes les prophéties des prophètes du passé et les prédictions des visionnaires et poètes. Alors la planète, galvanisée par la croyance universelle de ses habitants en un seul Dieu et leur allégeance à une seule révélation, réfléchira, dans les limites qui lui ont été fixées, la gloire éclatante de la souveraineté de Baha'u'llah... et [sera] célébrée en tant que paradis terrestre, capable d'accomplir cette ineffable destinée qui lui avait été fixée, en des temps immémoriaux, par l'amour et la sagesse de son créateur "

[Nota: Shoghi Effendi,
 Ouvrir le livre Le Jour promis est venu ]

La volonté de Dieu, selon les baha'is, agit de deux manières ou à deux niveaux. Il y a, d'une part, la volonté de Dieu en général qui pénètre toutes choses et se meut au coeur de tout événement de l'histoire de l'humanité, tout insignifiant qu'il puisse paraître. Toute chose sert à long terme le but de Dieu qui est d'unifier le genre humain. C'est pour cette raison que les baha'is s'associent à de nombreuses causes humanitaires et universelles et essaient d'apprécier les éléments positifs d'autres causes, dont par ailleurs ils ne partagent pas toujours entièrement la philosophie.

D'autre part ils pensent que leur foi et leur ordre administratif représentent une articulation spécifique de la volonté de Dieu pour cette époque. C'est par cet intermédiaire que l'esprit et le modèle d'unité ont pénétré toutes les affaires humaines. Les baha'is considèrent le perfectionnement de cet instrument divin comme leur premier devoir. Au fur et à mesure que cette nouvelle révélation commence à influencer la société dans sa totalité, le processus d'évolution de la moindre paix vers la plus grande paix s'effectuera progressivement. Les peuples seront amenés à reconnaître progressivement la volonté de Dieu pour l'humanité et seront les témoins de l'établissement du royaume de Dieu sur la terre.


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