Le nouveau
jardin
Par Hushmand Fathea'zam
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Chapitre 4. L'ADMINISTRATION
4.1.
Une religion sans clergé
Il fut un temps où il était nécessaire dans la société qu'un groupe de personnes
ait en charge les affaires religieuses. La majorité du peuple était illettrée
et les gens n'avaient guère le temps d'étudier individuellement leur religion.
Plusieurs personnes avaient, par conséquent, la responsabilité de se consacrer
à l'étude de la religion et de veiller à ce que ses commandements soient observés.
C'est pourquoi nous trouvons aujourd'hui des prêtres parmi les chrétiens, des
mullas parmi les musulmans, des brahmanes parmi les hindouistes ou des bhikkous
parmi les bouddhistes. Dans la foi baha'ie, le clergé professionnel a été aboli:
C'est un trait distinctif de notre religion.
Baha'u'llah dit que, bien que les prêtres aient été nécessaires dans le passé,
ils ne le sont plus à notre époque. Il a fait appel à chacun d'entre nous pour
que nous recherchions, par nous-mêmes, la vérité, de sorte que nous puissions
voir de nos propres yeux et non par ceux des autres, entendre par nos propres
oreilles et notre propre faculté de compréhension. Dans la recherche de la vérité,
les baha'is acquièrent une connaissance suffisante de leur foi, ce qui n'est
pas le cas pour les adeptes des autres religions, lesquels se tournent généralement
vers leur clergé pour recevoir ses instructions. Chaque baha'i doit réciter
lui-même des prières, mais ne peut pas payer un autre homme qui priera à sa
place, comme cela se pratique souvent dans d'autres religions. Un baha'i demandera
lui-même le secours et le pardon de Dieu. Il n'a nul besoin d'un prêtre officiant
au moyen de cérémonies et de rites créés par les hommes.
Chaque baha'i peut établir un contact avec Dieu par l'intermédiaire de ses manifestations.
Un médiateur supplémentaire entre nous et Baha'u'llah est inutile. Chaque religion
a eu de bons prêtres; néanmoins, à chaque époque de l'histoire, le clergé commit
beaucoup d'erreurs. Deux membres du clergé ne parvenaient pas à s'entendre sur
une question de théologie et voici que leur différend semait le trouble dans
le monde ! Quelques-uns pensaient que tel prêtre avait raison, tandis que d'autres
se rangeaient à l'opinion de l'autre théologien. C'est ainsi que la désunion
et la division advinrent dans chaque religion. Petit à petit, plusieurs sectes
virent le jour: les hommes se querellèrent au sujet de l'interprétation de leurs
Écrits sacrés. Ce fut la cause de nombreuses guerres et d'effusions de sang.
Pareilles choses ne peuvent se produire dans la foi baha'ie. Premièrement, il
n'existe, dans la foi, ni prêtres ni personnalités pouvant rassembler un groupe
autour d'eux, Tous sont égaux dans la foi. Deuxièmement, personne n'a le droit
d'interpréter les enseignements et les Écrits de Baha'u'llah. Cette autorité
a été donnée seulement à 'Abdu'l-Baha par Baha'u'llah lui-même et, après 'Abdu'l-Baha,
le droit à l'interprétation a été donné à Shoghi Effendi seul.
Il est dangereux que la pratique d'un ministère permette de gagner sa vie. Des
gens peu sincères pourraient y voir le moyen de bien gagner leur vie le plus
simplement et commodément possible. De telles personnes ont toujours induit
les autres en erreur sous le couvert de la religion et, en son nom, elles ont
commis de nombreux crimes, uniquement motivées par leurs intérêts personnels.
L'histoire nous apprend que, lors de chaque apparition d'une manifestation de
Dieu, les prêtres des religions précédentes furent les premiers à s'y opposer.
Pourquoi? Parce que les prêtres savaient qu'en acceptant la nouvelle manifestation
divine, ils devraient sacrifier leur position, leur richesse et leur confort
matériel. Leur premier souci fut donc toujours de déraciner la nouvelle religion
dès son apparition. Le bouddhisme fut banni de l'Inde par les prêtres de la
religion qui précédait la venue de Bouddha. Jésus-Christ fut crucifié parce
que les prêtres juifs s'opposèrent à lui. Le Bab fut martyrisé parce que les
prêtres musulmans ne voulaient pas que le peuple croie en lui. Baha'u'llah a
souffert toute sa vie principalement parce que les mullas poussèrent le gouvernement
et le peuple de l'époque à s'opposer à la nouvelle cause de Dieu.
L'histoire comporte naturellement quelques exceptions. Plusieurs prêtres érudits,
contemporains du Bab et de Baha'u'llah, crurent en leur mission; parmi eux,
quelques-uns versèrent même leur sang comme martyrs dans le sentier de Dieu.
Mais lorsqu'ils crurent au Bab et en Baha'u'llah, ils cessèrent d'être prêtres,
Ils devinrent baha'is - d'humbles serviteurs de la cause de Dieu - et exercèrent
d'autres professions pour gagner leur vie. Ils ne mélangèrent plus l'argent
et la religion ni une occupation alimentaire avec la foi en Dieu.
En lieu et place des prêtres chargés, dans le passé, des activités religieuses,
Baha'u'llah a mis sur pied un merveilleux système administratif qui nous permet
de travailler tous ensemble pour le progrès de la foi et le bien être de la
communauté, L'administration baha'ie, comme tous les autres enseignements de
Baha'u'llah, est d'origine divine. Les pages suivantes nous en diront davantage
à ce sujet.
4.2. Qu'est-ce que l'administration
baha'ie ?
Si, d'un côté, se trouve une rivière et, de l'autre, un domaine à cultiver,
comment pourrons-nous amener l'eau aux différents champs? Nous commencerons
par creuser un canal suffisamment grand pour contenir assez d'eau pour irriguer
toute la région. Puis, nous creuserons des canaux plus petits pour diriger l'eau
du grand canal vers les autres parties du domaine. Enfin, nous disposerons d'une
multitude de petits ruisseaux pour amener l'eau de ces canaux vers chaque champ.
Lorsque ce système de canaux et de ruisseaux sera en place, la rivière pourra
irriguer toute la région. L'administration baha'ie, nous dit Shoghi Effendi,
est comparable à un système de canaux et de ruisseaux, par lesquels,.. I'Esprit
saint de la cause se répand dans les communautés baha'ies réparties dans le
monde entier.
Dans le passé, les prêtres étaient supposés apporter l'eau de la vie de sa source
divine jusqu'aux hommes. Ils pouvaient transporter un peu d'eau aussi longtemps
qu'ils en avaient la force et en éprouvaient l'ardeur. Mais Baha'u'llah n'a
pas chargé les individus de remplir une telle tâche. Il a conçu un ensemble
merveilleux de canaux par lesquels l'eau de la vie peut s'écouler vers le champ
de l'existence, et l'administration baha'ie est l'un d'eux.
La bonne nouvelle de l'avènement de l'ordre mondial de Baha'u'llah avait déjà
été proclamée par le Bab:
"Bienheureux est celui qui fixe son regard sur l'ordre de Baha'u'llah et rend
grâce à son Seigneur ! Car il sera assurément rendu manifeste."
Baha'u'llah jeta les bases de cet ordre mondial et en conçut le plan. Plus tard,
'Abdu'l-Baha expliqua le fonctionnement de ce plan divin: il nous donna de plus
amples détails et commença son édification. Mais c'est grâce aux efforts inlassables
de Shoghi Effendi que l'administration baha'ie fut mise en place petit à petit
et qu'elle rassembla des communautés éloignées en une seule entité.
L'administration baha'ie est différente de toute autre forme d'ordre religieux,
parce qu'elle n'a pas été créée par les hommes. C'est, en effet, le plan de
Dieu pour cet âge qui nous a été donné par sa manifestation, Baha'u'llah.
Il doit établir l'ordre et la paix parmi les divers peuples de la terre. L'administration
baha'ie comprend plusieurs institutions reliées entre elles: les assemblées
spirituelles locales, élues par les baha'is dans chaque village et dans chaque
ville, les Assemblées spirituelles nationales, élues par les baha'is dans chaque
pays, et la Maison Universelle de Justice, élue par les baha'is du monde par
l'intermédiaire de leurs Assemblées spirituelles nationales.
Si nous comparons les assemblées spirituelles locales aux ruisseaux qui amènent
l'eau des canaux jusque dans les champs, les Assemblées spirituelles nationales
seront les canaux qui relient les ruisseaux au grand canal où s'écoule l'eau
de la rivière elle-même. La Maison Universelle de Justice est ce grand canal.
C'est par le canal de la Maison de Justice que la direction divine se répand
dans toutes les parties du monde.
Avant de nous pencher sur les tâches et les responsabilités de chacune de ces
institutions, précisons que l'administration baha'ie ne peut jamais être séparée
des autres enseignements de Baha'u'llah. Personne ne pourrait prétendre être
baha'i sans accepter l'ordre administratif de Baha'u'llah et sans travailler
par son intermédiaire, car le message de Dieu n'a pas été donné pour le seul
bonheur de l'individu, mais aussi et surtout pour l'unité et le bien-être de
la société.
Voici comment nous pourrions illustrer notre ordre administratif:
Comme le montre cette illustration, les individus, au sein de la société, sont
comme des grains de blé semés dans le champ. Un simple grain de blé ne revêt
pas une grande importance. Mais chaque grain bénéficie de l'eau apportée pour
le bien d u champ tout entier. Nous devons nous souvenir que notre bonheur individuel
se trouve lié au bien-être d'une société unie, et nous devons lutter pour renforcer
cet ordre administratif dont dépendent les espoirs et l'avenir de l'humanité.
4.3. Election d'une assemblée spirituelle
Dans le livre de l'Aqdas (Livre des lois), Baha'u'llah a ordonné que, dans chaque
localité où il y a neuf baha'is adultes, une assemblée spirituelle doit être
élue, Celle-ci, en tant que collège, servira les intérêts de la communauté locale
à laquelle elle appartient, Comment élire une assemblée spirituelle locale?
Supposons que les baha'is de Dakar, au Sénégal, désirent élire leur assemblée
spirituelle. Voici quelques points dont ils devront se souvenir.
1. Une assemblée spirituelle ne peut être élue à n'importe quelle date de l'année.
Elle ne peut être formée que le 21 avril, date commémorant la déclaration de
Baha'u'llah, le jour où il annonça, au jardin du Ridvan à Baghdad, qu'il était
le Promis de tous les âges. Le 21 avril est le premier jour de la fête de Ridvan
et c'est la seule date à laquelle les baha'is peuvent élire leur assemblée spirituelle
locale. Si elle n'est pas élue au cours des vingt-quatre heures de cette journée,
du coucher du soleil du 20 avril au coucher du soleil du 21, les baha'is devront
attendre une année entière, jusqu'au 21 avril suivant.
2. Seuls les baha'is âgés de 21 ans révolus peuvent voter et être élus membres
de l'assemblée. Si, par exemple, parmi les soixante croyants d'une communauté,
il y a trente-cinq hommes et femmes qui ont 21 ans révolus, seuls ces trente-cinq
amis pourront participer à l'élection: et ceux qu'ils choisiront doivent faire
partie de ce groupe de trente-cinq hommes et femmes.
3. Chaque personne qui participe à l'élection doit écrire le nom des neuf personnes
qu'elle considère comme étant dignes d'être élues membres de l'assemblée spirituelle.
Un bulletin de vote qui comportera moins ou davantage que neuf noms ou un nom
répété sera déclaré nul.
4. Personne ne devrait être élu membre d'une assemblée spirituelle à cause de
sa position sociale, de sa richesse ou de son amabilité envers nous et de notre
désir de l'en récompenser. Ce qui compte, c'est la sincérité, la consécration
à la cause de Dieu et la capacité de servir la foi. En votant, chaque baha'i
devrait considérer le caractère et les qualités spirituelles des membres de
la communauté et, en même temps, prier Dieu afin d'être guidé dans son vote.
5. Aucun baha'i n'a le droit de recommander quelqu'un qui lui semblerait digne
de devenir membre de l'assemblée spirituelle, quelles que soient ses qualités.
Baha'u'llah nous a interdit de proposer individuellement une personne avant
et pendant l'élection. Personne ne doit savoir pour qui un baha'i vote ni le
nom qu'un autre baha'i a l'intention d'inscrire sur son bulletin de vote. Même
le mari et sa femme, ou des amis très liés, ne peuvent se consulter quant au
choix à faire. Chaque baha'i doit se tourner personnellement vers Dieu pour
être guidé dans son propre choix, sans être influencé par les opinions des autres.
Seul un baha'i qui ne sait pas écrire peut demander l'aide d'une personne de
confiance pour remplir à sa place, sous sa dictée, son bulletin de vote.
En gardant tous ces points à l'esprit, les baha'is de Dakar peuvent donc élire,
cette année, les membres de leur assemblée spirituelle locale. S'ils sont tous
réunis au même endroit au moment de l'élection, ils peuvent commencer leur réunion
par des prières demandant à Dieu de les guider et de les bénir dans l'accomplissement
de leur tâche sacrée. Ensuite, après le vote, les bulletins seront récoltés
et quelques baha'is (les scrutateurs) seront priés de compter les voix.
Un scrutateur lira les noms inscrits sur chaque bulletin de vote, tandis que
deux autres noteront attentivement et soigneusement le nombre de voix donné
à chaque élu. Les neuf baha'is qui ont obtenu le plus grand nombre de voix seront
alors déclarés membres de l'assemblée spirituelle locale pour l'année en cours.
C'est ainsi que les baha'is de Dakar de même que les baha'is des milliers d'autres
localités réparties dans le monde entier auront le grand bonheur d'avoir une
assemblée spirituelle qui servira leur communauté jusqu'au premier jour de Ridvan
de l'année suivante, date à laquelle le processus de l'élection sera répété
une fois de plus dans tout le monde baha'i.
4.4. Les devoirs de l'assemblée spirituelle
locale
Voici ce que dit Baha'u'llah à ce sujet:
"Il leur appartient d'être les gérants intègres du Miséricordieux parmi les
hommes et de se considérer comme les gardiens désignés par Dieu pour tout ce
qui peuple la terre. Il leur incombe de se consulter et de prendre soin des
intérêts des serviteurs de Dieu, par égard pour Lui, comme s'il s'agissait de
leurs intérêts propres, et de choisir ce qui s'avère convenable et bienséant.
Telle est la volonté du Seigneur, votre Dieu. Prenez garde de ne pas négliger
ce qui est clairement révélé dans sa Tablette. Craignez Dieu, ô vous qui percevez."
L'assemblée spirituelle de chaque village et de chaque ville doit, par conséquent,
protéger les intérêts des baha'is dans cette localité. La tâche la plus importante
de chaque assemblée spirituelle est d'aider les baha'is à enseigner la cause
de Dieu. Le message de Baha'u'llah est la source de grandes bénédictions pour
toute l'humanité, et nos assemblées spirituelles doivent devenir les canaux
par lesquels cette bénédiction se répand sur tous les peuples de la terre.
Lorsque vous avez formé votre assemblée spirituelle, assurez-vous qu'elle s'occupe
en premier lieu de l'enseignement. Une autre tâche importante lui incombe: elle
doit s'efforcer de créer un esprit d'amitié et d'amour parmi les croyants. Elle
doit veiller à ce qu'une atmosphère d'amitié et d'unité règne parmi les membres:
elle doit s'assurer que chacun est heureux dans sa communauté. Si des différends
venaient à surgir entre les amis, il incombe à l'assemblée spirituelle de veiller
à ce qu'ils soient dissipés. Elle doit agir comme un père sage et affectueux
envers les baha'is de sa localité.
Le Gardien a écrit ce qui suit au sujet des devoirs des assemblées spirituelles:
"Elles doivent s'efforcer de tendre en tout temps une main secourable au pauvre,
au malade, à l'handicapé, à l'orphelin, à la veuve, sans distinction de couleur
de classe ou de croyance."
Chacune doit avoir son propre fonds. Nous verrons par la suite comment le constituer
au moyen de contributions volontaires des amis, et comment l'utiliser dans l'intérêt
de la cause et de la communauté. Si les baha'is contribuent afin d'augmenter
leur fonds, ce dernier pourra, à son tour, venir en aide aux amis tombant dans
le besoin.
L'éducation des enfants baha'is et de la jeunesse est une autre responsabilité
de l'assemblée spirituelle. Selon le bien-aimé Gardien, elles "doivent favoriser
par tous les moyens à leur disposition l'épanouissement matériel et spirituel
de la jeunesse, créer les moyens pour l'éducation des enfants, établir lorsque
cela est possible, des institutions d'enseignement, organiser et superviser
le travail et mettre à leur disposition les meilleurs moyens pour leur progrès
et leur développement."
Une autre tâche importante des assemblées spirituelles, selon Gardien, est la
suivante: "Elles doivent prévoir des arrangements pour réunir régulièrement
les amis pour les fêtes et les anniversaires, de même que pour les réunions
spécialement prévues pour servir et favoriser les intérêts sociaux, intellectuels
et spirituels de leurs concitoyens."
Ce que nous venons de mentionner ne constitue que quelques-unes des importantes
fonctions de chaque assemblée spirituelle locale. Leurs membres doivent veiller
à ne pas faillir à leurs tâches. Ils doivent toujours souvenir de ces paroles
de Baha'u'llah:
"Il leur appartient d'être les gérants du Miséricordieux parmi les hommes ...
et de prendre soin des intérêts des serviteurs de Dieu, par égard pour Lui."
4.5. Fonction des membres du bureau
de l'assemblée spirituel
Les membres de l'assemblée spirituelle sont les neuf baha'is qui reçoivent le
plus grand nombre de voix au sein de leur communauté, le jour de l'élection.
La première chose qu'ils doivent faire, après l'élection, est de tenir leur
première réunion.
Parmi les neuf membres, celui qui a reçu le plus grand nombre de voix sera le
président temporaire: il veillera à ce que les membres de l'assemblée se réunissent
aussi tôt que possible.
La réunion commence par des prières. Chacun demande l'assistance divine pour
le progrès de la cause et pour servir au mieux la communauté qui l'a élu. Puis
les membres procèdent à l'élection du bureau pour l'année en cours.
Chaque assemblée spirituelle doit avoir un président, un vice-président, un
secrétaire et un trésorier Ils forment le bureau. Ce bureau est nécessaire et
facilite grandement le travail de l'assemblée.
La tâche du président consiste à conduire les réunions et à aider l'assemblée
en vue d'arriver à une décision. Si les membres ne se réunissaient que pour
discuter et échanger des points de vue différents, ils ne lui seraient d'aucune
utilité. Le président demande l'avis de chaque membre pour chaque point de l'ordre
du jour. Puis il demande un vote. Il s'assure qu'une décision sera arrêtée pour
toute question portée à l'ordre du jour. Dans le chapitre consacré à la consultation,
nous reviendrons sur son rôle. Le vice-président remplace le président lorsque
ce dernier a un empêchement - en cas de maladie, par exemple. Le secrétaire
prend note de tout le travail accompli et de ce qu'il faut accomplir Il écrit
toutes les lettres qui doivent être expédiées aux amis à titre individuel, à
d'autres assemblées locales ou à l'Assemblée spirituelle nationale. C'est par
l'intermédiaire de son secrétaire que chaque assemblée spirituelle garde le
contact avec le reste du monde baha'i. Le trésorier a la charge du fonds de
l'assemblée. Il délivre des reçus à tous ceux qui versent des contributions
au fonds: il règle les dépenses et tient les comptes.
Lorsque l'assemblée élit son bureau, ses membres devraient prendre en considération
les capacités et les mérites de chaque individu, puis décider lequel est le
plus apte à assumer la tâche incombant à chaque membre du bureau. Les principes
qui président à l'élection de l'assemblée spirituelle doivent également s'appliquer
à l'élection du bureau. Cette élection aura donc également lieu par un vote
secret et sans aucune sorte de propagande. Personne ne devrait être élu à cause
de sa situation dans la société. Si, par exemple, parmi les membres se trouvait
une personne âgée, respectée de tous en raison de son âge, cela ne serait pas
une raison pour la désigner comme présidente, à moins qu'elle ne soit capable
de remplir de telles fonctions. La même logique s'applique, par exemple, à une
personne fortunée qui jouirait d'un certain rang ou d'une certaine considération
en raison de sa fortune. D'autre part, nous devons nous souvenir que les membres
du bureau n'ont pas une position particulière au sein de la communauté. Le président,
par exemple, n'est pas le chef de la communauté ou la personne qui aurait droit
au plus grand respect. Son rang, une fois la réunion terminée, est identique
à celui de n'importe quel autre membre de la communauté. C'est pourquoi, sauf
lorsque l'assemblée spirituelle siège, il ne jouit pas de droits particuliers.
Pour clarifier la situation, utilisons une analogie: les gens d'un village ont
besoin d'eau potable et décident de creuser un puits. Le chef du village, quoique
fort respecté de tous, peut ne pas savoir comment creuser ce puits, tandis qu'un
jeune homme, sans rang particulier au sein du village, pourrait avoir une grande
expérience en la matière. Qui d'entre ces deux personnes les villageois devront-ils
désigner pour creuser le puits? C'est évidemment le jeune homme qui devra le
creuser, et le chef du village sera sans doute le premier à le désigner pour
cette tâche! Et chacun l'assistera dans son travail, y compris le chef du village,
les villageois suivront ses instructions parce qu'ils l'ont désigné pour superviser
ce travail. Cela ne signifie pas pour autant que ce jeune homme va devenir celui
qui dirige le village: le chef du village n e perd pas ses fonctions. Mais tous
bénéficieront de cet esprit de coopération.
Le bien-aimé Gardien a écrit que "les membres de l'assemblée spirituelle devraient
aborder leur tâche avec une grande humilité et s'efforcer, par leur ouverture
d'esprit, leur sens élevé de la justice et du devoir, leur bonne foi, leur modestie,
leur entier dévouement au bien-être et aux intérêts des amis, de la cause et
de l'humanité, de gagner non seulement la confiance, le soutien sincère et le
respect de ceux qu'ils servent, mais aussi leur estime et leur véritable affection..."
4.6. Election des membres du bureau
de l'assemblée spirituelle
Supposons que nous nous trouvions à Rampour, un village qui vient d'élire son
assemblée spirituelle locale. Jean a obtenu le plus grand nombre de voix. Que
va-t-il se passer? Jean invitera tous les autres membres à se rassembler à une
certaine heure, en un certain endroit. Les membres décident de se réunir une
heure après le coucher du soleil, le22 avril, le deuxième jour de la fête du
Ridvan: le lieu de la réunion est la place du village. Suivons-les et observons
ce qu'ils vont faire. Jean arrive quelques minutes avant l'heure fixée. Il a
apporté une lampe pour le cas où la réunion se prolongerait dans la nuit. Les
autres membres arrivent, les uns après les autres, après avoir terminé leur
travail aux champs. Ils se saluent fraternellement et se rendent à la fontaine
pour se rafraîchir. Après s'être lavés et rafraîchis, ils se réunissent sur
une terrasse, sur la place du village. Exactement une heure après le coucher
du soleil, Jean déclare la réunion ouverte.
Tout d'abord, deux ou trois membres récitent des prières. Elles vont créer une
merveilleuse atmosphère spirituelle. Jean annonce qu'on doit maintenant procéder
à l'élection du président. Il coupe une feuille de papier en plusieurs morceaux
et en remet un à chaque membre. Il demande à chacun d'écrire sur ce morceau
de papier le nom de la personne la plus apte, selon eux, à fonctionner comme
président.
Les baha'is de Rampour sont encore très jeunes dans la foi. Cinq personnes ne
savent pas écrire: aussi Jean demande-t-il à quelqu'un de s'isoler avec chacun
d'eux et d'écrire à leur place le nom de la personne qu'ils choisissent comme
président. Les neuf bouts de papier sont ensuite récoltés et mélangés, de manière
que personne ne puisse dire qui les a remplis. Jean demande alors à deux membres
de l'aider à compter les voix. Tandis qu'il lit lui-même les noms à haute voix
les uns après les autres, les deux autres scrutateurs en prennent note sur une
feuille de papier. Puis ils font le compte des voix pour déterminer celui qui
a recueilli le plus grand nombre de suffrages.
Paul a obtenu cinq suffrages, Jean en a reçu trois. Louise a une voix. Paul
est donc élu président. Si personne n'avait obtenu plus de quatre voix, on aurait
dû procéder à un nouveau vote, parce que les membres du bureau doivent être
élus par cinq voix au moins: et lorsque personne n'obtient cinq suffrages, l'élection
doit être recommencée jusqu'à ce qu'un membre réunisse au moins la majorité
des voix, soit cinq suffrages. Maintenant que Paul est devenu président, son
devoir est de superviser l'élection du reste du bureau. Après avoir remercié
Jean d'avoir conduit les débats jusqu'ici, Paul distribue d'autres morceaux
de papier à tous les membres pour l'élection du vice-président. La procédure
utilisée pour élire tous les autres membres du bureau est identique à celle
qui a servi à élire le président. Madame Shanta Devi est élue vice-présidente,
Jean secrétaire et Hassan Ali trésorier. Le président demande alors au secrétaire
de prendre note de ce qui a été fait pendant cette première réunion.
Il est déjà tard maintenant et quelqu'un suggère que la séance soit levée et
que l'assemblée se réunisse un autre jour. Tous tombent d'accord sur cette proposition
et décident de tenir la prochaine réunion le lendemain, à la même heure et à
la même place. La séance se termine par une prière ainsi que chaque réunion
baha'ie devrait se conclure, puis chacun rentre chez lui. Dans les pages qui
suivent, nous lirons ce qui s'est passé au cours de cette deuxième réunion.
4.7. La consultation
L'administration baha'ie fonctionne grâce à la consultation. La consultation
s'applique au travail baha'i de la Fête des dix-neuf jours, de l'assemblée spirituelle,
de la Convention, de l'Assemblée spirituelle nationale et au sein des réunions
des comités et des conférences. Le Gardien nous demande de nous souvenir de
deux choses importantes lorsque nous nous consultons dans des réunions baha'ies:
de la vérité et de la franchise. Lorsque nous nous rendons à une réunion baha'ie,
nous devons toujours être conscients de la présence spirituelle de Baha'u'llah.
Cette présence crée une merveilleuse atmosphère propice à la consultation. Si
nous sentons cette présence dans nos réunions, nous nous efforcerons toujours
d'être de dignes serviteurs de la cause, que nous servions au sein d'une assemblée,
d'un comité ou dans le cadre de la Fête des dix-neuf jours: nous ferons l'impossible
pour faire taire nos motivations égoïstes et éviter des déclarations injustes
lorsque nous participerons à la consultation. Aucune trace de mensonge ne devra
s'infiltrer dans nos débats, seule la vérité sera dite. Baha'u'llah n'a-t-il
pas dit:
"Ô vous les négligents! Ne croyez pas que les secrets des coeurs soient cachés:
soyez sûrs au contraire qu'ils sont gravés en caractères explicites et manifestement
visibles en la sainte Présence."
Dans la consultation baha'ie, chacun doit exprimer son avis, dans la liberté
la plus complète. Seuls les intérêts de la cause doivent être pris en considération:
les rapports entre individus doivent être oubliés, Par exemple, si un père et
son fils sont membres d'une assemblée, le fils ne devrait pas, en votant, se
sentir obligé d'être d'accord avec son père. Les baha'is doivent le respect
à leurs parents mais, lorsqu'ils participent à la consultation baha'ie, ils
doivent se souvenir qu'ils sont responsables uniquement devant Baha'u'llah,
présent à leur réunion et dont ils servent la cause. Les sentiments personnels
ne devraient jamais prendre le pas sur les intérêts de la cause. C'est pourquoi
si, lors de la consultation, un fils pense que l'avis de son père est erroné,
il doit le dire, et le père ne devrait pas s'attendre à ce que son fils agisse
autrement. En effet, il sait fort bien que tous deux sont venus à cette réunion
pour servir la cause avec une honnêteté absolue et qu'ils ne sont pas là pour
se faire mutuellement plaisir. Veillons à ce que les petites rancunes personnelles
ne s'infiltrent pas dans notre coeur au moment de la consultation et qu'elles
ne viennent pas influencer notre opinion. Si, par exemple, une de mes connaissances
m'a refusé le service que je lui avais demandé, je dois veiller à ce que ce
petit incident n'altère pas mon opinion au sujet d'une bonne suggestion que
cette personne pourrait émettre en cours de réunion. Ici aussi, je dois me souvenir
de la présence de Baha'u'llah, et rien ne doit faire obstacle au service de
sa cause. Lorsque les baha'is se réunissent, ils doivent devenir comme "les
doigts d'une main et les gouttes d'un océan".
Nous ne devrions jamais insister sur nos opinions personnelles ni essayer de
les imposer aux autres. Nous avons tous assisté aux querelles de petits enfants,
l'un affirmant qu'il a raison et que l'autre a tort. Ils peuvent continuer à
se quereller de cette façon pendant longtemps sans rien accomplir: mais, lorsque
leur père arrive, ils baissent le ton parce qu'ils l'aiment et le respectent.
Et bientôt leur problème est résolu grâce à sa présence. Si nous nous souvenons
de la présence de Baha'u'llah dans chacune de nos réunions, nous n'agirons jamais
de manière indigne. Bien que chaque baha'i soit libre d'exprimer son avis lors
de la consultation, la décision dépend de l'opinion de la majorité. Une fois
la décision prise, chaque baha'i doit la respecter, même celui dont l'avis est
divergent. Supposons que Frédéric, en sa qualité de membre d'une assemblée spirituelle,
suggère que la réunion du douzième jour de la fête du Ridvan ait lieu le 2 mai.
Mais la majorité décide que, à cette occasion" les baha'is se réuniront après
le coucher du soleil, le 1er mai. Frédéric avait probablement de bonnes raisons
d'émettre cette suggestion. Mais lorsque l'assemblée en a décidé autrement,
Frédéric doit mettre de côté son opinion" accepter la décision de l'assemblée
de tout son coeur et s'efforcer de contribuer au succès de la réunion du 1er
mai.
'Abdu'l-Baha a dit à ce sujet:
"En ce jour, les consultations d'assemblées revêtent une grande importance et
sont d'une nécessité vitale. Leur obéir est essentiel et obligatoire. Leurs
membres doivent se réunir et se consulter de manière que ne se produise aucune
cause de discorde et ne se manifeste aucune mauvaise intention, On y parvient
lorsque chaque membre exprime, dans la liberté absolue, sa propre opinion et
présente ses arguments. Si quelqu'un s'y oppose, il ne devrait pas se sentir
blessé, car la solution la meilleure n'est révélée que lorsque les affaires
sont pleinement discutées. L'étincelle brillante de la vérité ne surgit qu'après
le choc des opinions différentes. Si, après discussion, une décision est unanimement
acceptée, tant mieux; mais si (que le Seigneur l'empêche) des divergences d'opinion
se manifestent, la décision sera prise à la majorité."
Les vues différentes exprimées par les membres d'une assemblée sont comme les
ingrédients d'un plat délicieux. Si nous voulons savourer un bon plat, nous
mélangeons plusieurs aliments et les faisons cuire ensemble. Le plat ne sera
réussi que lorsque les ingrédients seront harmonieusement mélangés, car chaque
ingrédient contribue à la réussite du plat. Mais si nous goûtions chaque ingrédient
séparément, ils ne seraient pas aussi bons. De même, chaque opinion individuelle
exprimée par les baha'is contribue, à sa manière, à la décision finale. Mais
la décision prise n'est pas l'opinion d'une personne. C'est la décision de l'assemblée.
Elle est le résultat de toutes les opinions exprimées par les membres. Dans
la tablette qui suit, 'Abdu'l-Baha nous montre clairement comment les baha'is
devraient se consulter. Lisons-la attentivement et suivons ses conseils:
"Les principales conditions requises pour ceux qui délibèrent entre eux sont
la pureté d'intention, le rayonnement de l'esprit, le détachement de tout hormis
Dieu, l'attirance vers sa divine essence, l'humilité et la modestie à l'égard
de ses bien-aimés, la patience et l'endurance dans les difficultés et la soumission
devant son trône élevé. S'ils sont généreusement aidés à acquérir ces attributs,
la victoire leur est accordée du royaume invisible de Baha.
La première condition est l'amour absolu et l'harmonie parmi les membres de
l'assemblée. Ils doivent être très proches les uns des autres et doivent témoigner
de l'unité de Dieu, parce qu'ils sont les vagues d'une seule mer, les gouttes
d'une seule rivière, les étoiles d'un seul ciel, les rayons d'un seul soleil,
les arbres d'un seul verger, les fleurs d'un seul jardin. Si l'harmonie de pensée
et l'unité absolue n'existaient pas, cette union serait distendue et cette assemblée
réduite à néant.
La deuxième condition: ils doivent, lorsqu'ils se réunissent, tourner leur visage
vers le royaume d'en haut et demander l'aide du domaine de gloire. Ils doivent
ensuite exprimer leurs vues avec le plus grand dévouement, la plus grande courtoisie,
la plus grande dignité, le plus grand soin et la plus grande modération. Ils
doivent, pour tous les cas qui se présentent, tendre à la vérité et ne pas insister
sur leur propre opinion, parce que l'obstination et la persistance dans un point
de vue personnel conduiraient finalement à la discorde et aux querelles, et
la vérité resterait cachée. Les membres doivent exprimer leurs propres pensées
en toute liberté: il n'est permis, en aucun cas, de minimiser l'avis d'autrui.
Il faut exposer la vérité avec sobriété et, si les divergences d'opinion surgissent,
une majorité des voix doit prévaloir à laquelle tous doivent obéir et se soumettre.
De plus, il n'est permis à aucun membre de désapprouver ou de censurer, pendant
ou en dehors des réunions, une décision arrêtée précédemment, fut-elle erronée,
car de telles critiques risqueraient d'empêcher l'exécution des décisions. En
résumé, quel que soit le problème, il suscitera la clarté s'il est étudié dans
un climat harmonieux, avec amour et pureté d'intention. Mais si la moindre trace
d'acrimonie subsiste, il n'en résultera que ténèbres sur ténèbres."
"S'il en est ainsi, elle sera de Dieu, sinon elle se perdra dans l'indifférence
et la froideur qui procèdent du Mauvais. Les discussions doivent toutes porter
sur les choses spirituelles qui ont trait à l'éducation de l'âme, l'instruction
des enfants, l'aide aux pauvres, aux faibles de toutes les classes de la société,
l'amabilité témoignée à tous les peuples, la diffusion des parfums divins et
l'exaltation de sa parole sacrée. Si les baha'is s'efforcent de remplir ces
conditions, la grâce du Saint-Esprit leur sera accordée, et cette assemblée
deviendra le centre d'attraction des bénédictions divines, les armées de la
confirmation divine se porteront à son secours et elle recevra, jour après jour
une nouvelle effusion de l'Esprit."
4.8. Modèle d'une réunion de travail
de l'assemblée spirituelle
Les neuf membres de l'assemblée spirituelle de Rampour se réunissent de nouveau
le 23 avril. Le président demande à quelques membres de réciter des prières.
Parmi ces prières, révélées par Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha, quelques-unes sont
spécialement destinées à être lues pendant les réunions de l'assemblée. Après
les prières d'ouverture, le président demande au secrétaire de lire le procès-verbal
de la réunion précédente. Celui-ci a été rédigé d'après les notes prises lors
de la dernière réunion. Le secrétaire lit: "La première réunion de l'assemblée
spirituelle de Rampour a eu lieu le 22 avril, une heure après le coucher du
soleil. Après les prières d'ouverture, Jean a présidé la première partie de
la séance qui débuta par l'élection du président; Paul a été choisi. Jean lui
a alors demandé de présider le reste de la réunion. Ensuite, on a procédé à
l'élection du bureau: les membres suivants ont été élus: Mme Shanta Devi, vice-présidente:
M. Hassan Ali, trésorier et Jean, secrétaire. Après avoir décidé de tenir la
prochaine réunion de l'assemblée le 23 avril, la séance est levée après une
prière, trois heures après le coucher du soleil."
Lorsque le secrétaire a terminé la lecture du procès-verbal, le président demande
aux autres membres s'ils sont d'accord avec son contenu. Chacun l'approuve et
Jean note aussitôt que le procès-verbal de la réunion précédente a été lu et
approuvé. Le président annonce ensuite que la principale raison d'être des assemblées
spirituelles étant de répandre le message de Dieu, ce sujet sera à l'ordre du
jour de la réunion.
Le président demande alors à chaque membre de s'exprimer à ce sujet. Lorsque
chacun a donné son avis, il résume ce qui a été dit comme suit:
1. Nous avons besoin, nous-mêmes, d'en savoir davantage au sujet de la foi baha'ie.
2. Nous avons besoin de publications.
3. Nous avons besoin d'un fonds.
4. Nous devrions commencer nos activités d'enseignement dans les villages voisins.
L'assemblée délibère sur ces points un à un. Quelqu'un suggère d'informer toute
la communauté de leur important projet dans l'espoir de trouver une personne
qui puisse participer à cette campagne d'enseignement. Un membre dit que, pour
mieux connaître la cause, on devrait organiser des réunions d'étude hebdomadaires
et qu'on pourrait utiliser les réunions du samedi à cet effet. Il ajoute que
M. Blanc, instituteur à l'école baha'ie d'un village voisin, pourrait diriger
ces classes d'étude. Le président demande alors qui soutient cette proposition.
François est d'accord. Après une courte discussion, le président met la suggestion
au vote et demande à ceux qui sont d'accord de lever la main.
Sept membres lèvent la main. Les deux autres, Louise et Michel, pensant que
M. Blanc ne pourra pas venir du village voisin, ne sont pas d'avis de faire
appel à lui et n'ont donc pas levé la main. Le président annonce que la suggestion
est acceptée et demande au secrétaire de la noter dans le procès-verbal.
Le président précise ensuite que M. Blanc, l'instituteur, devra prendre l'autobus
pour se rendre à leur village et qu'il devra renoncer au travail partiel qu'il
a l'habitude de faire le soir, s'il veut venir à Rampour pour les classes d'étude.
C'est pourquoi il faudra créer un fonds pour l'aider. Le président demande l'avis
des autres membres. Louise prend la parole: "En notre qualité de membres de
l'assemblée, nous devons montrer l'exemple à toute la communauté. Pour ma part,
je promets de verser mensuellement l'équivalent d'un jour de mon salaire à ce
fonds." Cette déclaration fait plaisir à tout le monde et chacun félicite Louise
de sa généreuse contribution. Chacun est particulièrement touché de voir que,
malgré son désaccord initial, Louise se soit ralliée à la décision de l'assemblée.
Lorsqu'une assemblée prend une décision, que nous soyons d'accord ou non, nous
devons l'accepter et respecter le vote de la majorité. Les autres membres contribuent
à leur tour suivant leurs possibilités. Le secrétaire prend note des noms et
du montant de leurs contributions. Le trésorier fait de même et annonce que
le total des contributions au fonds s'élève à Rs. 14,50.
L'assemblée décide ensuite d'annoncer cette bonne nouvelle aux membres de la
communauté lors de la Fête des dix-neuf jours du 28 avril (Beauté) et de demander
aux amis de suivre l'exemple de l'assemblée. Le président revient alors à la
question des publications nécessaires aux activités d'enseignement. Après consultation,
l'assemblée décide de demander l'aide de l'Assemblée spirituelle nationale (A.S.N.)
à ce sujet. Après cette résolution, le président annonce qu'il faut aborder
l'organisation pratique de la campagne d'enseignement. Jean suggère que, chaque
dimanche, on se rende, en groupes, dans les villages autour de Rampour, D'autres
membres souscrivent également à cette proposition. Quelqu'un d'autre ajoute
que le dimanche conviendrait bien: M, Blanc s'occuperait des classes d'étude
le samedi et pourrait ainsi accompagner les amis dans leurs activités d'enseignement
du dimanche. Jean, le secrétaire, prend note de tout ce qui a été décidé. Le
président demande alors si quelqu'un désire encore s'exprimer à ce sujet. Hassan
Ali pense que ce serait une bonne idée de tenir de grandes réunions publiques
lors de certains jours fériés et d'y inviter les non-baha'is et les parents
des baha'is de la région. Cette suggestion, soutenue par un autre membre de
l'assemblée, est discutée, mise au vote et enfin acceptée. On décide enfin de
présenter ces plans de travail à toute la communauté lors de la prochaine Fête
des dix-neuf jours, de demander aux amis de Rampour de contribuer au fonds de
l'assemblée et de se porter volontaires pour aller enseigner dans les villages
voisins.
Pour terminer l'assemblée fixe la réunion suivante au 29 avril, soit le lendemain
de la Fête des dix-neuf jours, afin de pouvoir examiner, en consultation, les
propositions émises par la communauté durant la fête. Après une prière, la séance
est levée et les membres de l'assemblée rentrent chez eux, le coeur débordant
de joie, reconnaissants envers Dieu de les avoir aidés à prendre ensemble ces
décisions vitales pour le bien de la communauté.
Ce qui s'est passé pendant cette réunion est un exemple de ce qui devrait avoir
lieu dans une réunion d'assemblée - comment délibérer ensemble et comment prendre
d'utiles décisions.
Les problèmes qui surgissent dans les diverses communautés ne sont peut-être
pas les mêmes: les besoins des communautés ne sont pas identiques non plus.
Chaque assemblée devrait se pencher attentivement sur ses tâches pressantes
et décider de les mener à bien, selon le degré de leur importance pour la communauté.
4.9. Relation entre l'assemblée spirituelle
et l'institution de la Fête des dix-neuf jours
Nous voici à la fête de la Beauté (Jamal) et les baha'is de Rampour se sont
réunis pour célébrer leur Fête des dix-neuf jours. Le président de l'assemblée
anime toutes les réunions des Fêtes des dix-neuf jours. S'il en est empêché,
c'est le vice-président qui le remplace. La première partie de la fête est toujours
consacrée aux prières et à la lecture d'écrits du Bab, de Baha'u'llah et d''Abdu'I-Baha.
N'importe quel baha'i présent peut procéder à ces lectures à la demande du président,
et tous écoutent ces écrits avec beaucoup d'attention et d'application. Les
prières et les lectures ne doivent pas être trop nombreuses afin de ne pas fatiguer
les auditeurs. Lorsque les baha'is de Rampour ont terminé la première partie
du programme, le président de l'assemblée spirituelle demande au secrétaire
de lire le rapport de l'assemblée et de faire part de la décision prise d'entamer
une campagne d'enseignement de la foi dans la région avoisinante. Il précise
aussi que ce projet nécessite l'aide des amis pour enseigner la foi et pour
contribuer aux dépenses de ceux qui se déplaceront pour enseigner la foi ou
donner des conférences.
Après cette lecture, le président demande aux membres de la communauté de présenter
leurs suggestions au sujet de ce projet et les prie de dire dans quelle mesure
ils pourraient aider à sa réalisation. Chaque baha'i promet alors d'aider de
son mieux: l'un, en fournissant une livre de blé pour chaque conférence, un
autre, en avançant la somme nécessaire pour payer le trajet d'un enseignant
une fois par mois, un troisième, en s'engageant à consacrer une semaine entière
à l'enseignement. Outre ces promesses de coopération, les baha'is de Rampour
attirent l'attention de l'assemblée sur quelques points très importants qu'elle
n'avait pas pris en considération. Par exemple, en plus des classes d'étude
et des tournées hebdomadaires d'enseignement, on pourrait aussi se préparer
à donner le message dans les foires qui ont lieu périodiquement. Les baha'is
qui s'y rendent devraient prendre des brochures et les distribuer. D'autres
suggestions fort utiles sont émises dans le but d'économiser les fonds de la
communauté, etc. Le secrétaire prend note de toutes ces suggestions pour que
l'assemblée spirituelle puisse prendre des décisions à leur sujet lors de sa
prochaine réunion.
Le président promet que l'assemblée accordera toute son attention aux suggestions
en question et qu'il communiquera les décisions prises à toute la communauté
lors de la prochaine Fête des dix-neuf jours.
La troisième partie du programme de la Fête des dix-neuf jours est festive.
Quatre familles de la communauté de Rampour ont préparé ensemble des gâteaux
de riz qui sont servis à ce moment-là. Un groupe de jeunes baha'is, qui connaît
de belles chansons, est autorisé par le président à chanter et plusieurs membres
de la communauté reprennent le refrain en choeur Une jeune fille baha'ie récite
un beau poème qu'elle a appris par coeur à l'école: chacun exprime sa joie de
l'entendre. L'esprit d'unité et de joie qui a animé la Fête des dix-neuf jours
des baha'is de Rampour les a tous inspirés. Ils se séparent après une prière
de clôture et emportent chez eux la joie de la communauté.
4.10. Quelques points importants au
sujet de la Fête des dix-neuf jours
Uns des devoirs incombant à chaque assemblée est de veiller à ce que les amis
de la localité observent la Fête des dix-neuf jours. Les fêtes des dix-neuf
jours sont des réunions organisées tous les dix-neuf jours pour les baha'is
de chaque ville et de chaque village. Comme cette fête a été instituée par le
Bab et ratifiée par Baha'u'llah, elle revêt une grande importance.
Question: Quel est le but de la Fête des dix-neuf jours ?
Réponse: 'Abdu'l-Baha dit que "pendant la Fête des dix-neuf jours, les amis
baha'is peuvent se réunir et se témoigner leur camaraderie et leur amour pour
que les mystères divins puissent être révélés. Le but est la concorde afin que
les coeurs puissent devenir parfaitement unis et que la réciprocité et l'aide
puissent être établies."
Question: Que devrions-nous faire pendant la Fête des dix-neuf jours?
Réponse: La fête fait partie de l'administration baha'ie, et comme le bien-aimé
Gardien l'a expliqué, elle consiste en trois parties. La première partie est
méditative. Elle est consacrée aux prières et à la lecture des Écrits sacrés
par quelques amis. La deuxième partie est administrative. Le secrétaire fait
rapport des activités et demande aux baha'is d'offrir leurs suggestions, leurs
promesses pour le progrès de la cause de Baha'u'llah. La période de consultation
est, pour les croyants, le moment de présenter leurs suggestions à l'assemblée
spirituelle locale et, par elle, à l'Assemblée spirituelle nationale. La troisième
partie est festive. On peut y chanter des chansons, y raconter des histoires,
y servir des rafraîchissements, même très simples.
Question: Qui invite à participer à la Fête des dix-neuf jours?
Réponse: S'il existe une assemblée dans cette localité, c'est son secrétaire
qui, selon les dates des fêtes indiquées dans le calendrier baha'i, invite les
baha'is à venir à un endroit précis, à une heure déterminée. Là où il n'y a
pas d'assemblée, les baha'is peuvent former un groupe et choisir, parmi eux,
une personne comme secrétaire du groupe. Elle rappellera à chacun les fêtes
des dix-neuf jours.
Question: Qui anime la Fête des dix-neuf jours?
Réponse: Le président de l'assemblée spirituelle anime également la fête. Il
demandera à quelques amis de réciter des prières au début de la réunion et,
à chacun, de participer à la consultation pendant la deuxième partie (administrative)
de la fête.
Question: Qui est l'hôte de la Fête des dix-neuf jours?
Réponse: En général, chacun à son tour offre la Fête des dix-neuf jours. Quelquefois,
c'est l'assemblée spirituelle, en utilisant ses moyens propres, qui sera l'hôte
de toute la communauté. Plusieurs baha'is peuvent aussi se réunir pour recevoir
les amis à cette occasion. Il est préférable que la partie festive comporte
une petite collation, mais cela n'est pas absolument nécessaire. Baha'u'llah
nous dit qu'on peut offrir la fête même en servant de l'eau. L'important, pendant
la fête, est le progrès spirituel des baha'is et l'accroissement de l'unité
et de l'harmonie entre eux. La fête devrait aussi contribuer au progrès de la
cause dans la localité grâce à la consultation et à la collaboration de tous
avec l'assemblée spirituelle.
Nous citons les écrits d''Abdu'I-Baha pour montrer l'esprit de chaque réunion
baha'ie: "Dans ces réunions, on doit éviter absolument la conversation superflue.
L'assemblée doit se limiter à chanter les versets et à lire les paroles sacrées
et aux sujets qui concernent la cause de Dieu, tels que l'apport d'évidences
claires et manifestes, l'explication des preuves et la recherche des signes
du Bien-Aimé des créatures. Ceux qui prennent part à la réunion doivent, avant
de s'y rendre, être parés de la propreté la plus parfaite et se tourner vers
le royaume d'Abha, puis se joindre aux amis en toute douceur et humilité: et,
tandis que les tablettes sont récitées, ils seront calmes et silencieux; et
si un membre désire prendre la parole, qu'il le fasse avec courtoisie, après
avoir obtenu l'acquiescement et l'assentiment du président, en s'exprimant avec
facilité et éloquence."
Voici les dates des fêtes des dix-neuf jours:
21 mars 1er Baha Splendeur
9 avril 1er Jalal Gloire
28 avril 1er Jamal Beauté
17 mai 1er 'Azamat Grandeur
5 juin 1er Nur Lumière
24 juin 1er Rahmat Miséricorde
13 juillet 1er Kalimat Paroles
1 août 1er Kamal Perfection
20 août 1er Asma' . Noms
8 septembre 1er 'lzzat Puissance
27 septembre 1er Mashiyyat Volonté
16 octobre 1er '1lm Connaissance
4 novembre 1er Qudrat Pouvoir
23 novembre 1er Qawl Discours
12 décembre 1er Masa'il Question
31 décembre 1er Sharaf Honneur
19 janvier 1er Sultan Souveraineté
7 février 1er Mulk Empire
2 mars 1er 'Ala' Elévation
L'Assemblée spirituelle de Rampour s'est réunie le lendemain de la Fête des
dix-neuf jours. Après la lecture et l'approbation du procès-verbal de la réunion
précédente, les membres discutent des suggestions présentées par la communauté
pendant la fête. Après un examen approfondi, ces suggestions sont approuvées,
à l'exception d'une seule. L'assemblée décide d'inviter tous les baha'is à un
pique-nique à l'occasion du dernier jour de Ridvan. Pendant cette rencontre,
on répartira les amis qui se rendront en équipes d'enseignement dans les différents
villages. Trois membres de l'assemblée sont désignés pour former un comité responsable
de la mise au point du programme de cette réunion. Avant de lever la séance,
l'assemblée s'occupe d'une dernière affaire. Deux membres avaient, en effet,
demandé son aide pour résoudre un problème d'ordre personnel qui avait surgi
entre eux et au sujet duquel ils n'avaient pu s'entendre. L'assemblée écoute
ce que chacun a à dire à ce sujet, puis propose une solution dans un esprit
fraternel empreint de sagesse.
Le lendemain, après avoir consulté ses notes, le secrétaire adresse la lettre
suivante à l'Assemblée spirituelle nationale.
A l'Assemblée spirituelle nationale
Chers amis baha'is,
Nous sommes heureux de vous informer qu'avec l'aide de Baha'u'llah, il nous
a été possible de former notre assemblée spirituelle à Rampour. Nous vous avons
déjà renvoyé le formulaire que vous nous aviez demandé de remplir aussitôt après
l'élection, en indiquant les noms et adresses des membres de l'assemblée et
des membres de son bureau.
Nous avons demandé à M, Blanc, un instituteur baha'i d'un village voisin, de
venir chaque samedi dans notre village pour y tenir des réunions hebdomadaires
d'étude. De plus, nous avons décidé que, chaque dimanche, plusieurs amis se
rendront en équipes dans les villages avoisinants pour y enseigner la cause.
Nous avons créé un fonds spécial à cet effet qui compte déjà Rs.14,50 ; les
amis se sont engagés à contribuer pour le même montant chaque mois.
Cette somme sera dépensée pour les activités d'enseignement sous la supervision
de notre assemblée. Comme nous aurons besoin de beaucoup de publications, nous
vous serions très reconnaissants de nous envoyer un grand nombre de brochures
et de cartes de déclaration.
Nous espérons pouvoir partager avec vous prochainement les bonnes nouvelles
du progrès de la cause dans notre région.
Puisse Baha'u'llah nous assister en son service!
Sincèrement vôtre, Jean-Christophe, Secrétaire
4.11. L'Assemblée spirituelle nationale
Toutes les assemblées spirituelles locales dans notre pays sont reliées entre
elles par l'Assemblée spirituelle nationale (A.S.N.). L'Assemblée spirituelle
nationale est un collège élu indirectement par les baha'is d'un pays réunis
en une convention (voir ci-dessous). Les délégués des communautés se rencontrent
à la Convention annuelle de ce pays. Les règles essentielles des élections baha'ies,
que nous avons examinées auparavant, sont également d'application pour l'élection
de l'Assemblée spirituelle nationale. Pour nous, baha'is, une élection est un
devoir sacré et revêt un caractère religieux: aucun candidat n'est nommé au
préalable et aucune propagande n'a lieu.
La raison d'être de l'Assemblée spirituelle nationale est d'unifier le travail
qui est accompli par les baha'is d'un pays et de les encourager dans leurs activités.
Les communautés baha'ies leur prêtent leur concours par l'intermédiaire des
assemblées spirituelles locales. L'Assemblée spirituelle nationale maintient
le contact avec les baha'is du pays par l'envoi de lettres et de circulaires.
Ces communications donnent à chacun des nouvelles des activités des autres baha'is
et des progrès de la foi à travers le monde. Elles leur demandent également
de coopérer et les invitent à donner leur avis et à présenter des suggestions.
Les lettres circulaires de l'Assemblée spirituelle nationale sont lues par les
secrétaires des assemblées spirituelles locales lors de la Fête des dix-neuf
jours. Si l'Assemblée spirituelle nationale demande l'avis des amis, chaque
baha'i peut alors présenter son point de vue et offrir son concours s'il le
désire. Le résultat de ces consultations est alors transmis, par l'assemblée
spirituelle locale de chaque communauté, à l'Assemblée spirituelle nationale.
Celle-ci examinera ensuite toutes ces suggestions et prendra une décision, en
connaissance de cause, après un examen approfondi de la situation.
S'il n'y a pas encore d'assemblée spirituelle locale dans une localité, mais
qu'un groupe y existe (c'est-à-dire moins de neuf personnes), l'Assemblée spirituelle
nationale adressera sa correspondance à la personne qui a été désignée pour
assumer les fonctions de secrétaire du groupe. Lorsqu'il n'y a qu'un seul baha'i
dans une localité, elle correspond directement avec lui.
Comme l'Assemblée spirituelle nationale doit assumer de nombreuses tâches, elle
nomme des comités qui l'assistent pour leur exécution. Les membres des comités
sont choisis par l'Assemblée spirituelle nationale elle-même, et elle confie
à chaque comité une tâche spécifique. Si, par exemple, l'Assemblée spirituelle
nationale de l'Inde décide de l'acquisition d'un nouveau centre national, elle
désignera un comité qui s'occupera de tous les détails de ce projet et qui présentera
des suggestions à l'Assemblée nationale. Celle-ci est libre d'accepter ces suggestions,
de les modifier ou de les rejeter. Les assemblées spirituelles locales peuvent
aussi nommer des comités pour les assister dans leur travail, pour autant qu'elles
en ressentent le besoin. Les comités nommés par ces assemblées locales ou nationales
dépendent directement de l'assemblée qui les a désignés. Les assemblées spirituelles
locales dépendent de l'Assemblée spirituelle nationale: cette dernière est la
plus haute institution baha'ie dans chaque pays. L'Assemblée spirituelle nationale,
comme l'assemblée spirituelle locale, élit un président, un vice-président,
un trésorier et un secrétaire. Les tâches et attributions des membres du bureau
national sont les mêmes que celles des membres du bureau local.
4.12. La Convention
L'élection des membres à l'Assemblée spirituelle nationale est indirecte. Cela
signifie que chaque communauté baha'ie élit des délégués qui représenteront
sa localité, et que tous les délégués représentant les communautés baha'ies
de tout le pays se réunissent en une convention pendant laquelle ils élisent
l'Assemblée spirituelle nationale.
Le nombre de délégués élus dans chaque localité dépend du nombre de baha'is
qui y habitent. Par exemple, s'il y a cinquante baha'is à Rampour, ils ne pourront
peut-être élire qu'un seul délégué à la Convention nationale de l'Inde, tandis
que les baha'is de Bombay, s'ils sont cent, en enverront deux, et les baha'is
de Bénarès, s'ils sont trois cents, en enverront six. C'est l'Assemblée spirituelle
nationale qui répartit les délégués entre les différentes communautés dans chaque
pays.
Ces délégués se réunissent pour tenir la Convention nationale, qui se déroule
de préférence au siège de l'Assemblée spirituelle nationale, durant un ou plusieurs
jours chaque année, pendant la période du Ridvan (du 21 avril au 2 mai). Le
but principal de la Convention est d'élire les membres de l'Assemblée spirituelle
nationale pour l'année nouvelle. Mais les délégués qui viennent de toutes les
régions du pays auront aussi l'occasion de consulter l'Assemblée spirituelle
nationale et de se consulter entre eux sur le progrès de la cause dans le pays.
Après l'ouverture de la Convention par des prières, les membres procéderont
d'abord à l'élection du président de la Convention. Ici aussi, le rôle du président
est de veiller à ce que la consultation se déroule dans l'ordre et dans l'esprit
de la foi. Les membres de la Convention élisent aussi un secrétaire qui prendra
note des recommandations qui seront transmises à l'Assemblée spirituelle nationale.
Voici quelques points importants au sujet de la Convention:
1. Les délégués à la Convention doivent choisir les membres de l'Assemblée spirituelle
nationale parmi tous les baha'is éligibles du pays. Ils ne doivent pas restreindre
leur choix aux seuls délégués à la Convention. Chaque délégué choisira neuf
personnes parmi toute la communauté baha'ie nationale.
2. Ceux qui sont élus délégués à la Convention n'ont pas d'autres tâches ou
attributions que leur participation à la Convention et à l'élection de l'Assemblée
spirituelle nationale. La Convention terminée, leur tâche de délégués prend
fin aussi, à moins qu'ils ne soient appelés à participer à une élection partielle,
en cas de vacance à l'Assemblée nationale. En d'autres termes, la Convention
ne constitue pas une institution permanente et il n'y a donc pas de membres
permanents de la Convention lorsque celle-ci se dissout.
3. La Convention est un organe consultatif. Ses recommandations sont transmises
à l'Assemblée spirituelle nationale et cette dernière est en droit de les accepter
ou de les rejeter.
4. La Convention n'a pas la suprématie sur l'Assemblée spirituelle nationale.
Cette dernière est l'autorité baha'ie la plus importante dans chaque pays: elle
contrôle toutes les assemblées spirituelles locales et chaque baha'i du pays.
4.13. La Maison Universelle de Justice
Une des institutions propres à la foi baha'ie est la Maison Universelle de Justice
dont les membres sont élus, parmi les baha'is du monde entier par l'intermédiaire
des Assemblées spirituelles nationales. Baha'u'llah nous a assurés qu'il continuerait
à guider les baha'is par le canal de la Maison Universelle de Justice, pendant
toute la durée de la dispensation baha'ie. Baha'u'llah nous a donné les lois
et les enseignements essentiels de Dieu pour cet âge, mais il a aussi précisé
que nous aurons besoin d'autres règles sociales qui devront être énoncées graduellement,
selon l'évolution de nos besoins. Ces règles sociales, nous dit Baha'u'llah,
doivent être instituées par la Maison Universelle de Justice qui sera toujours
sous la direction infaillible de Dieu.
'Abdu'l-Baha nous dit à ce sujet:
"Etablie dans les conditions nécessaires - avec des membres de tous les peuples
- cette Maison de Justice sera sous la protection et la garde de Dieu. Ce que
cette Maison de Justice décide à l'unanimité ou à la majorité, cette décision
et ce commandement seront à l'abri de l'erreur."
Il en découle que la Maison Universelle de Justice est inspirée lorsqu'elle
prend toutes ses décisions; quelles que soient les règles qu'elle instaure,
celles-ci seront parfaitement adaptées aux besoins du moment. Mais nous ne devons
pas penser qu'elle abrogera ou changera les principes essentiels donnés par
Baha'u'llah. Elle ne fera qu'énoncer les ordonnances nécessaires à la réalisation
des lois de Baha'u'llah. Par exemple, un principe de la foi baha'ie veut qu'il
n'y ait plus d'extrêmes dans la richesse ou dans la pauvreté. Baha'u'llah n'a
pas dit combien chacun devra payer d'impôts pour y arriver. C'est la Maison
Universelle de Justice qui décidera d'une méthode fiscale permettant à chacun
de vivre confortablement et, simultanément, évitera que quiconque n'accumule
des richesses inutiles.
Voici encore un autre exemple: Baha'u'llah a précisé que nous devrions adopter
une langue auxiliaire universelle pour tout le monde, mais il n'a pas dit de
quelle langue il s'agirait. Ici aussi, c'est la Maison Universelle de Justice
qui décidera. Baha'u'llah écrit à ce sujet:
"...Dans les tablettes antérieures, il a été ordonné que les membres de la Maison
de Justice choisissent une des langues connues ou un langage nouveau et qu'ils
adoptent de même une écriture universelle pour les enseigner aux enfants de
toutes les écoles du monde: ainsi le monde ne formera plus qu'une seule patrie,
un seul foyer."
Bien que la Maison Universelle de Justice ne puisse pas changer ce qui a été
révélé par Baha'u'llah ou amender les interprétations d'Abdu'l-Baha et de Shoghi
Effendi, elle peut revoir ses propres décisions si les circonstances l'exigent.
Supposons qu'elle décide, à un certain moment, du montant des impôts à payer.
Cette décision est, sans nul doute, parfaite au moment même, mais cinquante
ans plus tard, elle ne sera peut-être plus adaptée aux besoins. La Maison Universelle
de Justice pourra donc changer sa décision. Dans son testament, Abdu'l-Baha
écrit:
"Chacun doit se tourner vers le Livre saint et tout ce qui n'y est pas expressément
consigné doit être soumis à l'Assemblée universelle. Ce que cet organisme décide,
soit à l'unanimité, soit à la majorité, est réellement la vérité et la volonté
de Dieu Lui-même. Celui qui s'en écartera sera un véritable fomentateur de troubles,
faisant preuve de malignité et se détournant du Seigneur de l'alliance."
L'oeuvre à laquelle le bien-aimé Gardien a consacré trente-six ans de son ministère
a préparé la voie pour l'établissement de la Maison Universelle de Justice.
Le Gardien disait qu'elle est comme la coupole d'un édifice qui a besoin de
piliers solides pour la soutenir. Ces piliers, disait-il, sont les assemblées
spirituelles nationales du monde, et c'est grâce aux efforts inlassables du
Gardien qu'ils ont été érigés dans le monde entier. Sous la direction divine
de Shoghi Effendi, les baha'is apprirent à travailler en groupes, puis en assemblées
spirituelles locales et, enfin, dans chaque pays en assemblées spirituelles
nationales. Cela fait, le Gardien leur donna le plan de dix ans qui apprit aux
assemblées spirituelles nationales à collaborer dans une entreprise aux dimensions
mondiales et qui leur permit également d'établir les autres piliers de la Maison
Universelle de Justice. A la fin du plan de dix ans, en 1963, il y avait suffisamment
d'assemblées spirituelles nationales dans le monde pour établir la Maison Universelle
de Justice.
'Abdu'l-Baha avait prédit que la Maison Universelle de Justice serait établie
lorsque la foi baha'ie serait répandue dans toutes les régions du globe. Cette
prophétie se réalisa à la fin du plan de dix ans, en avril 1963.
4.14. Quelques points importants de
l'administration baha'ie
1. Obéissance aux décisions de l'assemblée.
Une assemblée spirituelle baha'ie devrait être considérée par les baha'is comme
un collège sacré, parce qu'elle a été instituée par les enseignements de Dieu.
Nous devons donc obéir à toutes ses décisions. 'Abdu'l-Baha lui-même a dit qu'il
obéirait à toutes les décisions de l'assemblée spirituelle même s'il savait
que certaines de ses décisions étaient fausses. Ceci illustre le fait qu'en
obéissant à l'assemblée, nous obéissons à un commandement divin.
2. Que devons-nous faire lorsque nous pensons qu'une décision prise par notre
assemblée spirituelle locale n'est pas juste?
Tout d'abord, nous devons accepter cette décision, parce que Dieu nous a ordonné
de le faire. Mais nous pouvons faire appel à l'Assemblée spirituelle nationale
pour revoir cette décision. En obéissant aux assemblées spirituelles locales
et nationales, nous renforçons le fondement de l'administration baha'ie. Il
n'y aurait plus d'unité dans nos communautés si nous nous mettions à n'accepter
que certaines décisions de nos assemblées.
3. A supposer que nous n'aimions pas particulièrement certains membres de l'assemblée,
pouvons-nous refuser d'obéir à ses décisions?
Non. Cette attitude est fondamentalement à rejeter. Notre loyauté envers l'assemblée
spirituelle ne dépend pas de l'affection ou du peu d'estime que nous portons
à ses membres. Nous sommes loyaux envers l'institution de Baha'u'llah, quels
qu'en soient les membres. L'unité de la communauté ne sera sauvegardée que dans
la mesure de notre complet soutien aux institutions de la cause, sans égard
à leur composition.
4. Peut-on démissionner d'une assemblée spirituelle?
Non, sauf en cas de force majeure comme, par exemple, un état de santé déficient
ou le changement de domicile. Lorsque nous avons été élus, nous devons nous
souvenir que Dieu nous a accordé le privilège de servir la communauté. Notre
loyauté à l'égard des enseignements de Baha'u'llah et notre amour pour lui devraient
nous encourager à accepter toute responsabilité au service de sa cause.
5. Peut-on consulter l'assemblée spirituelle au sujet de nos problèmes personnels?
Oui, on le peut, 'Abdu'l-Baha a encouragé les baha'is à exposer leurs problèmes
à l'assemblée spirituelle s'ils ne peuvent les résoudre et à la consulter au
sujet de difficultés apparemment insurmontables. Si des différends d'ordre personnel
devaient surgir entre baha'is, ils devraient demander à l'assemblée spirituelle
de les aider à les résoudre et s'efforcer, avec bonne volonté, d'accepter sa
décision.
6. L'assemblée spirituelle est-elle responsable devant les baha'is qui l'ont
élue?
Non. L'assemblée spirituelle locale est responsable devant Dieu et, pour les
questions administratives, elle dépend de l'Assemblée spirituelle nationale.
Chaque assemblée devrait prendre ses décisions dans l'esprit du bien de la cause.
Dans des questions d'ordre personnel, elle devrait être impartiale et agir en
toute équité. Pour autant que, en prenant sa décision, l'assemblée spirituelle
ait été guidée par le souci d'être juste, peu importent les réactions qui pourraient
en résulter dans la communauté.
7. L'autorité d'un baha'i quelconque est-elle plus élevée que celle de l'assemblée
spirituelle?
Non. Il n'y a pas de direction personnelle dans la foi baha'ie. Si une personne
assume une tâche particulière, par exemple en qualité de président ou de secrétaire,
elle n'en a pas pour autant des droits spéciaux. En dehors des réunions de l'assemblée,
les membres de celle-ci n'ont pas plus de droits que les autres membres de la
communauté baha'ie et, comme eux, ils doivent obéir aux décisions de l'assemblée.
L'égalité des droits est absolue dans la foi baha'ie.
4.15. Les temples baha'is
La foi baha'ie étant une religion universelle, le temple baha'i est une maison
universelle d'adoration de Dieu. Lorsque les baha'is construisent leurs temples,
ils les dédient aux peuples du monde entier. Les hommes de toutes religions,
de toutes classes, de toutes croyances y sont les bienvenus. Les Écrits saints
de toutes les religions y sont lus, et des gens appartenant à la même famille
humaine s'y réunissent sous le même toit pour adorer un seul Dieu tout-puissant.
La structure des temples baha'is symbolise d'ailleurs l'unité. Ils comportent
neuf côtés et chaque côté a une porte. Toutes ces portes donnent accès à une
salle commune, sous une grande coupole. Ces neuf portes et ces édifices à neuf
côtés symbolisent les neuf grandes religions du monde, Elles sont l'expression
de l'unité fondamentale de toutes les religions. A l'intérieur, au milieu du
temple, le regard se dirige de manière circulaire vers les neuf côtés et les
neuf portes. Il n'y a pas de porte centrale ou de porte de derrière dans un
temple baha'i, Toutes les portes s'ouvrent sur chaque côté, toutes reçoivent
la lumière et la projettent à l'intérieur où des gens de toute origine sont
réunis dans l'adoration de Dieu. Ce temple ne constitue-t-il pas une belle illustration
de l'égalité et de l'unité des religions?
Les temples baha'is ne sont pas seulement des lieux de culte. Ils sont aussi
des institutions. Autour des temples à neuf côtés seront construits neuf édifices
à but humanitaire, tels des écoles, des orphelinats, des hôpitaux, etc., qui
seront reliés entre eux et à un côté du temple par de belles allées et des jardins.
Toutes ces avenues conduiront à la maison de Dieu. N'est-ce pas un bel arrangement
? Sa beauté provient du plan qu''Abdu'I-Baha nous a laissé dans ses tablettes.
Actuellement, il existe six temples baha'is, répartis sur les cinq continents.
L'un d'eux se trouvait en Asie, à Ishqabat (Russie) (actuellement détruit) ;
un autre à Wilmette, en Amérique: un autre à Kampala, en Afrique; un autre encore
à Sydney en AustraIie; un autre à Francfort, en Allemagne pour l'Europe, un
à Panama, en Amérique centrale, et le dernier à New Delhi, en Inde. Ce sont
les premiers temples dans chaque continent, en attendant que d'autres soient
construits dans d'autres pays du globe. Un grand nombre d'assemblées spirituelles
nationales ont déjà fait l'acquisition d'un terrain pour la construction de
leur temple.
4.16. Le Fonds baha'i
Supposons que vous habitiez dans un village qui vient d'être inondé et que la
maison de votre voisin ait été balayée par les flots déchaînés, le laissant,
lui et ses enfants, sans abri et que vous appreniez qu'un groupe de villageois
s'est mis à construire un abri de fortune pour cette famille sinistrée, que
feriez-vous? Peut-être vous diriez-vous trop pauvre pour aider, ou vous précipiteriez-vous
pour accomplir votre part, même si elle est réduite, pour que cette famille
puisse trouver un toit avant la saison des pluies? Peut-être pourriez-vous amener
un char de pierres et de briques ou offrir une petite somme d'argent? Votre
contribution serait alors un des nombreux dons qui, rassemblés, permettraient
de construire un abri pour la famille sinistrée.
Aujourd'hui, la race humaine est comme une famille sans foyer, aux prises avec
une tempête faite de guerres et de centaines d'autres calamités. La foi baha'ie
est le refuge à l'abri duquel l'humanité peut trouver la paix et le bien-être.
Les baha'is du monde entier luttent pour construire ce refuge pour toute l'humanité.
N'allons-nous pas tous contribuer à cette tâche? Nous devons établir les institutions
de la cause, construire des centres et des maisons d'adoration, traduire les
enseignements de la foi dans toutes les langues de la planète, publier des brochures
et des livres. Pour tout ceci et bien d'autres tâches encore, nous avons besoin
de ressources matérielles aussi bien que spirituelles. C'est pourquoi chaque
assemblée spirituelle locale et nationale dispose d'un fonds spécial alimenté
par les dons de chaque baha'i.
Les contributions doivent être volontaires; personne ne peut nous obliger à
donner de l'argent si nous ne le souhaitons pas. Mais contribuer au fonds constitue
une obligation spirituelle. C'est en même temps une épreuve pour notre foi.
Aucun baha'i, convaincu de l'importance de cette cause pour l'humanité, ne se
dérobera au privilège de contribuer à l'édification de ses institutions et à
sa proclamation à un monde souffrant. Le montant de notre contribution n'est
pas tellement important; ce qui importe, c'est l'esprit dans lequel nous donnons.
Lorsque les baha'is voulurent construire le temple d'Amérique, 'Abdu'l-Baha
fit appel à la générosité des croyants du monde entier. Il y avait alors une
dame anglaise très pauvre qui voulait ardemment faire un don pour le temple.
La seule valeur précieuse qu'elle possédât était sa belle et longue chevelure
blonde. Bien que cela représentât un grand sacrifice pour elle, elle la coupa
et en offrit la contre valeur au fonds. C'est ainsi qu'elle contribua, elle
aussi, à la construction de ce glorieux édifice.
Notre bien-aimé Gardien a dit:
"Nous devons ressembler à la fontaine ou à la source qui, se vidant sans cesse
de son contenu, déborde sans arrêt sous l'action d'un invisible jaillissement.
Donner continuellement pour le bien de nos semblables, ignorant la crainte de
la pauvreté et confiants en l'infaillible générosité de la Source de toute richesse
et de tout bien - tel est le secret d'une vie droite." Chaque assemblée spirituelle
doit établir un fonds. Les membres de la communauté doivent y contribuer dans
la mesure de leurs capacités et selon leur propre et libre volonté. En donnant
une partie de ce que Dieu nous donne, nous témoignons de notre gratitude à un
Dieu bienfaisant. Souvenons-nous des paroles d''Abdu'l-Baha:
"Ô vous, amis de Dieu, soyez assurés qu'en lieu et place de cette contribution,
votre commerce, votre agriculture et votre industrie seront abondamment bénis.
Quiconque accomplit une bonne action, Dieu le récompensera dix fois autant.
Il n'y a aucun doute que le Seigneur vivant assiste et confirme l'âme généreuse."