Premiers récits occidentaux sur les religions Babies et Baha'ies de 1844 à 1944

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Section A- Survol des récits occidentaux et des opinions des religions babies et baha'ies

Dès le début de l'histoire de la religion baha'ie, les récits sur elle écrits par des voyageurs occidentaux, des diplomates et des missionnaires avaient été remplis d'erreurs.

Jusqu'au moment où dans les premières années du 20ème siècle, des communautés baha'ies se levèrent en Occident et furent capables de publier des récits exacts de la nouvelle religion, il était rare de trouver une déclaration déformée de son histoire et de ses enseignements. C'était pour la plupart parce qu'en Perse dans la dernière moitié du 19ème siècle, il était très difficile d'obtenir des informations de première main sur la religion. Des persécutions sévères avaient pratiquement conduit le mouvement en souterrain : même les mots "babis" et "baha'is" ne pouvaient être mentionnés en public. Ainsi, les Occidentaux voyageant ou résidant en Perse trouvaient presque impossible de contacter les baha'is. Même le professeur E. G. Browne, qui voyagea en Perse spécialement pour aller voir les croyants de la nouvelle religion était, en dépit de renseignements considérables, incapable de les contacter jusqu'à ce qu'il ait été en Perse durant 4 mois. Le fait que les persécutions féroces des babis et des baha'is aient attiré l'attention de l'Occident, cependant, rendit nécessaire pour la plupart des livres de voyages et de récits généraux de Perse au moins de mentionner la nouvelle religion. En conséquence, la majorité des écrivains furent contraints d'emprunter des récits d'autres écrivains. Cela occasionna des inventions et des inexactitudes étant perpétrées et à travers beaucoup de répétitions étant regardées comme la vérité.

Depuis, dans les sections suivantes du livre, ces récits relatifs aux épisodes dans l'histoire de la religion seront souvent cités, ce survol traitera principalement avec ce que les écrivains occidentaux pensèrent ce qu'étaient les enseignements du Bab et de Baha'u'llah. Des détails des articles et des livres cités peuvent être trouvés dans la bibliographie.

* Les premiers récits (1845-1865):

La première mention de la religion du Bab qui soit enregistrée par un européen est le compte rendu du Commandant Rawlinson de Bagdad concernant les tribulations de Mulla Aliy-i-Bastami et l'excitation en Iraq sur l'avènement de la nouvelle religion.

La première référence imprimée eût lieu dans le "Times" de Londres le 1 novembre 1845. L'auteur du récit n'est malheureusement pas indiqué. Une version abrégée de ce récit apparût alors dans un journal de Londres, le "Literary Gazette and Journal of Belles Lettres, Arts, Sciences, etc.." le 15 novembre 1845. Pour quelque raison étrange, le "Times", ne réalisant pas qu'il avait imprimé ce reportage à l'origine reproduisit le 19 novembre 1845 le récit dans la "Literary Gazette". Ce rapport apparût aussi dans le "Eclectic Magazine of Foreign Literature, Science and Art" (publié à New York et à Philadelphie) en janvier 1846, et le "Port Philipp Herald" (publié à Melbourne) devint ainsi la première mention de la nouvelle religion en Amérique du Nord et aussi dans le continent australien.

Après cela, il y eût une interruption jusqu'en 1848 lorsque principalement du au résultat de l'agitation causée par la propagation des enseignements du Bab et des persécutions qui s'en suivirent, le personnel diplomatique en Perse commença à citer le Bab et les babis dans leurs rapports. Ceci n'était pas naturellement généralement rendus disponible, mais ils étaient de grande importance dès qu'ils furent utilisés par des écrivains ultérieurs (en particulier Robert G. Watson dans son "History of Persia" utilise des documents de la Légation britannique, étant lui-même Attaché de la Légation. Le récit de Lady Sheil des babis est aussi largement basé sur les rapports de son mari), et ainsi influencèrent les opinions de différentes personnes voyageant à travers la Perse à cette époque, qui à leur retour écrivirent des récits de la nouvelle religion.

IL y avait 2 Légations (l'Ambassade de Turquie est ici comptée comme non- européenne. La France avait envoyé un émissaire, le Comte de Sartiges en 1848? Mais il était bientôt revenu. La France fût alors sans Ministre à la cour des Kadjars jusqu'en 1855 lorsque Bourée arriva (avec Gobineau comme secrétaire de sa Légation) européennes à Téhéran à cette époque, la britannique et la russe avec le Lieutenant Colonel Sheil et le Prince Dolgoroukov respectivement en tant que Ministre pour la plupart de la période babie. Pour autant que leurs rapports des troubles babis soient indiqués, il n'avait pas de différence entre les deux hommes. Les deux étaient lourdement dépendant de l'information leur étant donnée par le gouvernement persan qui naturellement avait des préjugés contre les babis. En plus, ils avaient des Consuls et des agents du pays à travers le pays qui leur fournissaient des rapports des évènements dans leurs zones. Ainsi, Dolgoroukov était mieux informé des évènements dans le nord de la Perse (le soulèvement du Mazindaran à Shaykh Tabarsi), cela étant le domaine d'intérêt principal russe, tandis que Sheil recevait plus d'information détaillée dans le Sud (les soulèvements de Nayriz).

La troisième personne dont les rapports des soulèvements babis se trouveront dans la section B de ce livre est Monsieur Ferrier qui était l'agent français en Perse. Durant 1850, il envoya des rapports mensuels au Ministère des Affaires Etrangères sur les évènements en Perse. N'étant pas un diplomate accrédité officiel, Ferrier aurait reçu moins d'informations directes du gouvernement persan et aurait été plus dépendant par rapport aux nouvelles "dans le bazar". Par conséquent, ses rapports d'épisodes sont parfois postérieurs à ceux de Sheil et de Dolgoroukov, et ils tendent à exagérer certains faits comme "les nouvelles du bazar" le font. Cependant, depuis que Ferrier étant en relation avec l'Armée persane, son information à propos des mouvements de troupes (à Zanjan par exemple) est probablement exacte. Aussi les rapports de Ferrier reflètent probablement l'opinion populaire plus que ceux de ses homologues.

L'opinion partagée par presque toute la colonie européenne à Téhéran en 1850-1852 semble avoir été que les babis étaient des socialistes, des communistes (le mot communiste avait alors naturellement une différente connotation qu'il n'a eu depuis) et des anarchistes. Cette perception doit être vue dans le contexte de l'histoire européenne contemporaine. L'Europe subissait à cette époque une période particulièrement turbulente. Une vague de révolutions et de rébellions balayaient le continent promue par des socialistes et des anarchistes. En fait l'année 1848 reste célèbre comme "l'année des Révolutions". Ainsi il n'est pas surprenant que les Européens à Téhéran auraient vu les troubles babis d'une manière identique. Le gouvernement persan aurait aussi encouragé une vision pleine de préjugés du mouvement.

Dominant tous les premiers récits en importance sont ceux des deux Sheils : Justin Sheil (cette abréviation se réfère aux notes bibliographiques à l'Appendice II) dans ses dépêches au Ministère des Affaires Etrangères, et Lady Sheil dans son livre "Glimpses of Life and Manners in Persia".

Ces deux récits pratiquement identiques sous certains rapports forment la base de plusieurs récits ultérieurs. La première description de Sheil des principes de la Foi baha'ie se trouva dans une dépêche à Lord Palmerston datée du 12 février 1850 :

"Les principes de cette nouvelle religion semble s'être propagée en Perse. Bab, le fondateur, natif de Chiraz, qui avait adopté ce nom fictif, eset emprisonné en Azerbaïdjan, mais dans chaque grande ville il a des disciples qui avec le fanatisme ou le courage d'âme si souvent vus parmi les adhérents de nouvelles doctrines sont prêts à affronter la mort dans l'affirmation de leurs opinions, comme cela leur assure leur entrée dans le paradis. Bab déclare lui-même être l'Imam Mihdi, le dernier Imam, qui disparût de la vue humaine mais doit réapparaître sur terre. Ses décrets supplantent le Coran parmi ses disciples qui non seulement le vénère comme le chef de leur foi, mais aussi lui obéissent comme le Souverain temporel du monde auquel toutes les autres monarchies doivent se soumettre. En dehors de cette doctrine peu pratique, ils ont adopté d'autres principes pernicieux à la société. Les fervents de cette secte considèrent que leur propre suprématie a été décrétée et que pour les Saints, il est légal d'acquérir par tous les moyens la richesse et les biens de l'impie.
La conversion par l'épée n'est pas encore déclarée, l'argument et l'inspiration du ciel étant les moyens présents d'instiller ou d'atteindre foi dans la mission du Bab. S'il est laissé à leurs propres mérites les (not) nouvelles doctrines de ce prêcheur tomberont sans aucun doute dans l'insignifiance, c'est une persécution seulement qui peut les sauver de la négligence et du mépris, et malheureusement les prosélytes sont tous de la foi musulmane qui est inflexible dans la punition d'un réfractaire musulman. Ainsi, les autorités à la fois religieuses et temporelles ont un intérêt dans l'extermination de la secte. Il est dans la conjoncture qu'à Téhéran cette religion a acquis des fervents dans chaque classe, n'excluant même pas l'artillerie et l'infanterie régulière. Leur nombre dans cette ville est supposé être d'environ 2000 personnes".

Lorsque Lord Palmerston demanda plus de détails dans une dépêche datée du 2 Mai 1850, Sheil envoya un rapport plus long :
"En conformité avec les instructions de Vôtre Excellence, j'ai l'honneur de joindre un récit de la nouvelle secte du Bab. La déclaration contenue dans la pièce jointe numérotée N° 1 est extrait d'un récit m'ayant été donné par un disciple du Bab et qui, je n'ai aucun doute est correct. L'autre est extrait d'une lettre d'un prêtre principal à Yazd et ne peut être digne de confiance.
C'est la plus simple des religions. Ses principes sont dans le matérialisme, le communisme et l'indifférence absolue du bien et du mal et de toutes actions humaines".

La première pièce jointe dans ce rapport est un document très surprenant depuis qu'il revendique être un récit par un babi et pourtant est plein d'inexactitudes et d'exagérations. A présent il est naturellement vrai que dans cette période turbulente, la grande majorité des babis n'avaient qu'une faible connaissance des écrits et des enseignements du Bab, et il est possible que le contact de Sheil fût de cet ordre et ait répondu des lacunes dans sa connaissance par des déclarations sauvages et fantaisistes. Une autre possibilité cependant est que ce récit soit en fait la propre synthèse de Sheil extrait de plusieurs sources comprenant peut-être une conversation avec un babi (Le livre de Lady Sheil "Glimpses of Life and Manners in Persia" semble indiquer page 178-9 qu'un autre Européen connaissait un babi et avait obtenu des informations de lui. L'implication est que ce babi était un Mirza ou un secrétaire oriental de l'une des Légations - plus probablement la Légation russe. Dans un article sur les dépêches de Dolgoroukov dans "World Order Magazine" ("extraits de dépêches" page 17), il y aussi une mention d'un babi ayant été secrétaire à la Légation russe. A cette époque le beau-frère de Baha'u'llah, Mirza Majid-i-Ahi était secrétaire à la Légation russe et bien qu'il ne fût pas lui-même un babi, il pourrait avoir été regardé comme tel à cause de sa relation à Baha'u'llah. Cela pourrait être l'homme mentionné ici). Certainement ce document n'est pas une traduction honnête d'un récit fournit par un babi. Cela est prouvé par le ton du récit lui-même; un babi est à peine capable d'écrire : "Le matérialisme le plus absolu semble former l'essence de leur croyance" (italiques ajoutés). Aussi, l'ébauche de la dépêche dans la propre main de Sheil a été préservé dans les Archives de l'Ambassade et révèle qu'ayant écrit un brouillon, il revint alors sur le sujet et ajouta des expressions et même des phrases, le rendant encore douteux que ce soit juste une traduction d'un récit babi.
Dans la transcription suivante de ce récit, des crochets ont été utilisés pour indiquer ces mots et ces phrases ajoutés au brouillon orignal:

"Le vrai nom du Bab est Siyyid Ali Mahomed. Il est né à Chiraz où son père était marchand. Son âge est de 32 ans. Cela fait 6 ans qu'il s'était déclaré lui-même être Sahib Zeman ou l'Imam Mihdi, le 12ème Imam ou le Grand Prêtre dans la succession à Ali le beau-fils de Mahomet / qui il y a 1050 années disparût de la terre et dont le retour est espéré/. Bab signifie porte en arabe et il revendique être la porte de la connaissance. Ses disciples sont supposés être 50000 membres (dans la marge, Sheil a écrit que "100000 hommes croyaient être plus près de la vérité") et sont répartis dans toute la Perse et aussi un certain nombre dans le Kurdistan.

Ils croient en Mahomet en tant que prophète et dans l'origine divine du Coran; mais le Bab soutient que jusqu'à ce moment seulement la signification apparente du Coran était compris et qu'il était venu expliquer le vrai secret et l'essence divine du verbe de Dieu. / Mais il sera vu dans une partie ultérieure de ce récit que les mots prophètes et origine divine n'ont aucune signification/.

Il déclare que jusqu'à ce moment tous les principes musulmans en regard à la prière, au jeûne et aux distinctions de nourriture étaient en vigueur; mais qu'à présent, il avait été ordonné de déclarer que la prière n'était pas obligatoire, chaque homme pourrait prier ou non selon ses aspirations, mais qu'en fait un homme devrait toujours penser à Dieu / ou plutôt Godness/; les trente jours de Ramadan et toutes les autres fêtes sont abrogés et toute sorte de nourriture est légale.

La charité est incalculable envers tout; mais parmi les babis la propriété doit être en commun; aucun homme ne doit être plus riche qu'un autre.
/tous les hommes sont semblables; il n'y a aucune distinction de pur ou d'impur comme parmi les Musulmans/.

Les relations des sexes est à peine fait au hasard. Il n'y a aucune règle de mariage; un homme et une femme vivent ensemble aussi longtemps qu'ils leur plaisent et autant qu'ils veulent et si un autre homme désire posséder cette femme, il reste avec elle, non avec l'homme qui a été son mari si il peut ainsi être (termed). /un homme pourrait avoir des femmes sans limite; une femme a une autorisation similaire/.
/Il est légal de capturer la propriété de tous ceux qui ne sont pas babis. Il n'y a aucune distinction de rang, excepté la distinction conférée par la nature de la différence d'esprit/.

C'est un mensonge inventé par les Musulmans que les relations les plus proches peuvent cohabiter ensemble - la relation la plus proche permise est le premier cousin.

Il n'y a ni enfer ni paradis, par conséquent il n'y a aucun après - l'anéantissement est le destin de l'homme en fait - lui avec chaque être vivant et chaque chose végétal, en bref chaque chose partout sera absorbée dans la Divinité. Toute chose est Dieu et par conséquent absorbée, qui est la phrase des Soufis / qui considèrent chaque chose comme un reflet de Dieu/. (Le brouillon contient : "n'est pas le terme exact car l'homme et toute autre chose est déjà Dieu". Il y a besoin de compléter le sens de cette phrase). L'enfer est la souffrance et le paradis est la joie dans ce monde; mais il n'y a pas de choses tels que le crime, ni de (course virtue), seulement lorsqu'elles concernent les relations de l'homme et de l'homme dans ce monde. Une volonté de l'homme est sa loi en toutes choses.

Il est juste de faire des convertis au babisme, mais la force n'est pas autorisée contrairement aux Musulmans, à qui il est en toute occasion légal de tuer car ils sont les ennemis du Bab et de ses disciples, et aussi parce que la chute de la foi musulmane a été décrétée, / c'est à dire doit arriver/ et doit être exécuté.

Chaque chose étant différente, la seule raison de souhaiter de faire des convertis est qu'à travers le babisme l'homme pourrait avancer.

Le matérialisme le plus absolu semble former l'essence de leur croyance. Dieu est un. Chaque substance individuelle et chaque particule vivante ou non est Dieu et tout est Dieu et chaque chose individuelle a toujours été, est toujours et sera toujours.

Le Bab commencer à prêcher à Chiraz mais il fût bientôt arrêté et envoyé dans une forteresse dans les montagnes du Kurdistan où il est à présent. Il n'a pas beaucoup étudié. Son arabe est mauvais du point de vue de la grammaire, mais il prétend qu'il rejette les vieilles lois de la grammaire de ce langage. A côté du Bab de renom étaient deux disciples qui avaient été mujtahids ou docteurs de la loi musulmane et qui furent tués en se battant dans le Mazindaran.

Dans le Fars, Siyyid Yahya /Vahid/, qui se distingua plus tard lui-même à Yazd contre les troupes du Shah, est leur chef. A Zanjan, Agha Mahomed Ali, mujtahid /Hujjat/ est le chef.

A Kirman, un autre prétendant est apparu qui dit qu'il est le vrai Bab (Probablement Haji Mirza Muhammad-Karim Khan-i-Kirmani est destiné. Cette référence est intéressante en deux points. Premièrement, il semblerait indiquer que les babis étaient encore regardés, par certains du moins, comme un groupe éclaté des Shaykhis, même à cette date tardive. Cela confirme aussi l'idée que les dirigeants Shaykhis se réclamaient être les Babs de l'Imam caché).

Le Bab devrait-il être mis à mort, cela ne ferait aucune différence; il y aurait encore le Bab.

Dans le Mazindaran, 575 babis furent tués; mais ils détruisirent 3 ou 4000 de leurs adversaires.

Lorsqu'un babi entre dans une pièce, il dit Allah-u-Akbar (Dieu est grand). Les autres répondent Allah-u-Akbar (Dieu est le Très-Glorieux). / Une femme dit Allah-u-Ajmal (Dieu est magnifique), les autres disent Allah-u-Abha (Dieu est le plus resplendissant/."

Le second compte-rendu dans la dépêche de Sheil vient d'un prêtre principal à Yazd. L'ébauche au brouillon de ce récit ne contient aucun rajout contrairement à la première et semblerait par conséquent être une traduction directe d'une lettre envoyée à Khan Baba Khan, gouverneur de Yazd résidant alors à Téhéran par l'un des mujtahids de Yazd:

"Un récit complet de Siyyid Yahya (Siyyid Yahya, Vahid) (un babi de renom à Yazd) serait fatiguant. Il est le fils de Siyyid Jaffeer de Darab, sa mère est du village de Baghdadabad, près de Yazd et il fût en tout temps une personne séditieuse et rebelle. A cette époque où Mirza Ali Muhammad se donna lui-même le titre de Bab et se qualifia lui-même le successeur de l'Imam Mihdi (le 12ème grand prêtre dans la succession d'Ali, le beau-frère de Mahomet. Mihdi disparut de la terre et il doit revenir), ce Siyyid Yahya se déclara lui-même être un disciple du malin Bab. Petit à petit, il attire les personnes à lui et beaucoup de personnes ignorantes s'attachent eux- mêmes à lui.

Ils l'appellent le malicieux Bab le Seigneur et chacun de ses disciples à un titre spécial. Siyyid Yahya est appelé Shejreh Beha. Un Siyyid (descendant de Mahomet) vint d'(Ohree) et dit qu'il était le Seigneur Jésus et qu'il était venu du ciel, étant venu de Téhéran à Yazd en 42 heures. Beaucoup des disciples ont le titre de Quddus (saint); l'un est appelé Menzereh Ullah (soutien de Dieu); un autre Shan ulla'h (Gloire de Dieu), etc.

Ce qui suit est un bref récit de leur croyance. Un mariage entre les parents les plus proches est légal. Il n'y a aucune obligation de quelque sorte que ce soit (telles que la prière, le jeûne, etc.) excepté la prière du matin. Un homme pourrait se marier avec 17 femmes. Il est légal de faire tout ce qui a été interdit et de négliger tous ce qui a été commandé par Dieu".

Lady Sheil dans "Glimpses of Life and Manners" suit les dépêches de son mari de très près de sorte que l'on forcé de conclure que ces dépêches étaient la source principale de ses informations. Par exemple, elle cite son mari mot pour mot lorsqu'elle écrit :

"C'est la plus simple des religions. Ses principes pourraient être résumés dans le matérialisme, le communisme et l'entière indifférence au bien et au mal et de toute action humaine.". Cependant le livre de Sheil ne contient pas un nombre de déclarations importantes qui ne sont pas dans les dépêches de son mari. Sa description du Bab par exemple peut se trouver page 75 et son récit en tant que témoin oculaire de la terreur causée par l'attentat sur la vie du Shah page 136-8. Lady Sheil était aussi la première à établir une comparaison entre la religion du Bab et les doctrines de Hasan-i-Sabbah et de Mazdak. Cela allait devenir un thème récurrent dans les récits suivants. (Il est intéressant de noter qu'il y a une tradition vieille de plusieurs siècles en Perse d'accuser les minorités religieuses qui menaçaient la religion majoritaire d'immoralité, de communautés de femmes et d'offenses similaires. Ces accusations furent tout d'abord levées contre les Mazdakites au 5ème siècle après J. C et plus tard contre les Ismaëliens au 12ème siècle. Dans le cas de ces derniers, il est impossible d'affirmer la véracité des accusations depuis que les rapports d'eux sont venus à nous de leurs ennemis. En regard à ces derniers, ils sont sans fondement).

Dolgoroukov, le Premier Ministre était d'accord avec Sheil dans son opinion sur les babis et dans une dépêche datée du 5 février 1849 en référence aux babis à Shaykh Tabarsi il écrit : "Cette secte qui promeut le communisme à travers la force des armes". Il était suffisamment alarmé par l'apparente nature insurrectionnelle du mouvement babi pour demander le déménagement du Bab de la proximité des frontières russes à Makku (voir page 72-3). IL est clair cependant que Dolgoroukov reconnaissait aussi la nature religieuse du mouvement car dans une dépêche datée du 5 janvier 1849, il déclare que le Bab s'était déclaré lui-même être 'le représentant" du 12ème Imam.

Il semble qu'autour du milieu de 1850, il vint à l'attention de Dolgoroukov que Sheil avait fait des enquêtes proches sur les babis. Se hâtant de remédier à cette déficience dans son propre rapport, il écrivit à N. H. Anitchkov, le Consul russe à Tabriz le 15 juillet 1850 :
"La doctrine du Bab gagne de nouveaux adhérents en Perse chaque jour. On doit par conséquent donner nôtre attention la plus sérieuse. En conséquence, je vous suggère de faire tous les efforts pour réunir toutes les informations possibles sur les dogmes de cette doctrine et les mouvements de ses sectateurs. Si vous n'envisagez pas de me communiquer tout ce que vous obtiendrez, je comparerai cela avec ce que je suis en position de réunir à Téhéran.
La présence du Bab à Tabriz vous fournira peut-être la possibilité de réunir les informations les plus authentiques sur ce sujet".

Le même jour, il écrivit à Séniavin, le Premier Ministre russe :
"Lord Palmerston a demandé à son Ambassadeur en Perse de lui envoyer un rapport détaillé des croyances de cette secte et j'espère moi-même dans un proche avenir être capable d'envoyer au Ministre impérial un livre qui a été compilé par l'un des célèbres babis et a été mis à ma disposition".(Probablement à travers le secrétaire babi employé par la Légation russe.

Plus tard, suite à l'attentat sur la vie du Shah en 1852, Dolgoroukov écrivit :
"Les babis aussi loin que j'ai été capable de comprendre de ma conversation avec l'Imam-Jumih, sont opposés aux doctrines de l'Islam et les rejettent. Dans le même temps dans la sphère politique, ils posent la revendication de la position du roi. Ils projettent d'établir une nouvelle religion et sont partisans d'une division égale de la propriété. Il est possible d'établir une comparaison entre leurs objectifs sociaux et politiques et ceux des communistes d'Europe".

Ferrier, l'agent français, donne le récit suivant des croyances des babis dans une dépêche datée du 25 juin 1850 au Général de LaHitte : "Il est clair que les babis persans ont les mêmes inclinations que les socialistes français; la religion pour leurs dirigeants est seulement un prétexte et leurs vues politiques sont suffisamment rendues claires par le travail auquel ils placent leurs sectateurs. Si ils triomphent finalement, ce qui est très problématique, la Perse ne gagnerait pas grand chose de ce changement soudain parce qu'il détruirait pour les Persans le seul instinct qui remplace la nationalité parmi eux; la religion nationale disparaîtrait...". (la vision exprimée dans cette dernière phrase est quelque identique à celle exprimée par le professeur E. G. Browne sur la Foi baha'ie du temps du mouvement constitutionnel perse 60 ans plus tard (introduction anglaise au "Nuqtatu'l-kaf page iii).

La première personne à écrire un papier qui donne un récit de la religion babie était un missionnaire américain, le docteur Austin H. Wright. Ce papier intitulé "A Short Chapter in the History of Bâbeism in Persia" fût envoyé à la Société Orientale américaine et lu à ses réunions du 18-19 mai 1853 mais non publié. Une traduction en allemand par le docteur Justin Perkins fût publié en allemand dans "Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft" (1851).
Le docteur Wright écrit :

"Il y a de 8 à 10 ans, un homme apparût dans le sud de la Perse dans la région de Chiraz qui se réclamait être la seule voie pour atteindre Dieu et en conséquence adopta le nom de Bab (le mot arabe pour "Porte"). Il trouva des personnes qui crûrent à son affirmation et qui devinrent ses fidèles. L'une de ses doctrines était que tous les hommes devaient être ses sujets, et le pouvoir exercé par le Shah était par conséquent illégitime. Cela continua à être disséminé et bientôt atteignit les oreilles du Roi. Il fût convoqué dans la capitale, maintenu là-bas pour une longue période et puis bannit à Makku, une région éloignée à 6 jours de voyage d'Urumiyyih sur les frontières de la Turquie. Là il fût sous bonne garde, mais quiconque voulait le voir fût admis et il était permis d'envoyer des lettres à ses amis qui étaient devenus assez nombreux dans différentes parties de la Perse. Il fût visité par plusieurs personnes d'Urumiyyih qui devinrent ses fidèles. Il dicta à un secrétaire quelque chose qu'il appelait son Coran, et les phrases en arabe coulaient si rapidement de sa bouche que beaucoup de Persans qui furent témoins le crûrent inspiré. Il fût aussi dit de lui qu'il faisait des miracles et des groupes entiers de personnes donnaient un crédit spontané à cette rumeur depuis qu'il était connu qu'il vivait une vie extrêmement frugale et passait la plus grande partie de son temps en prière. En conséquence, il fût amené à Chihriq près de Salmas seulement à 2 jours de voyage d'Urumiyyih; là-bas, il fût complètement coupé du monde; pourtant il continua à écrire à ses amis des lettres qu'ils propageaient comme effusions de celui qui est inspiré".

Il est intéressant de noter mais cela est à peine surprenant que les évènements dramatiques associés avec Shaykh Tabarsi, Zanjan et Nayriz ne furent presque pas enregistrés dans la presse contemporaine européenne comme le fût le martyre du Bab lui-même. Aucun de ces évènements de 1848-50 ne vint à l'attention des journaux européens. Les seules références que le rédacteur a été capable de trouver sont les suivants dans "la Revue de l'Orient" (lorsque ce livre fût dans un état avancé de préparation, le rédacteur reçut une copie d'un bref rapport dans la "Gazetta Uffiziale di Venezia" du 12 septembre 1850 basé sur des informations de Tabriz datées du 31 juillet. Ce rapport se réfère au martyre du Bab et le soulèvement de Zanjan).

En 1849, ce journal se réfère au soulèvement Shaykh Tabarsi ainsi :
"La Perse a ses Proudhons, ses Blanquis, etc. Les babis car ils sont appelés ainsi, professent les idées socialistes les plus avancées; aussi fanatique que l'on peut se l'imaginer, ils ont déjà pris les choses avec excès contre les délégués de l'autorité dans le Mazindaran. Leur chef est en prison à Tabriz et ils disent qu'ils ont pris les armes dans le but de se défendre, lui et les dogmes qu'il leur a imposé, et qu'ils acceptent sans un murmure".

Le même journal fait aussi une référence aux troubles babis en 1850, mais cette référence est très confuse car elle se réfère à une conspiration des babis contre le gouverneur d'Azerbaïdjan, sa découverte et l'exécution de 5 babis le 20 mai à Tabriz; toutes déclarations qui ne trouvent aucun parallèle dans les histoires normales du mouvement babi.

Bien qu'aucun auteur ne soit cité dans ces deux récits dans "La Revue de L'Orient", il est probable que ce soit le docteur Cloquet, le médecin du Shah, qui les écrivit car il était un correspondant régulier de ce périodique.

Les évènements de 1852, bien que pas plus remarquables que ceux des années précédentes causèrent une émotion considérable dans les journaux du monde, entraînant comme ils le firent un attentat sur la vie du Shah et un grand nombre d'exécutions horribles dans la ville capitale où beaucoup d'étrangers vivaient. La plupart des journaux de la période imprimèrent au moins certaines mentions de la tentative d'assassinat et beaucoup avaient plus d'un reportage. Cependant, depuis qu'à cette époque aucun journal européen n'avait de correspondants résidants en Perse, ils étaient dépendants des rapports émergeant de Perse par différentes routes. Des nouvelles atteignirent d'abord l'Europe de cet évènement début octobre.
Avec les mois qui s'ensuivirent, de nombreux articles furent imprimés de par le monde, mais la plupart basés sur seulement quelques rapports de Perse, il y eût des "emprunts" considérables entre les journaux :

1. Un rapport du correspondant d'Istanbul du "Standard" (Londres) daté du 23 septembre 1852 et basé sur une lettre l'ayant atteint de Tabriz datée du 28 Août 1852. Ce rapport apparaît dans le "Standard" du 7 octobre 1852. (Il fût reproduit dans la dernière édition du "Morning Herald" (Londres) du octobre et du 8 octobre dans le "Morning Herald" (Londres, p.4), le "Daily News" (Londres, page 5), le "Morning Post" (Londres, page 6) et le "Morning Chronicle" (Londres, page 6); et le 9 octobre dans l' Union" (Paris, page 2) et le Constitutionnel (Paris, page 2); et le 22 octobre dans le "new (Paris, page 2) et le Constitutionnel (Paris, page 2); et le 22 octobre dans le "New York Times" (page 6). Cet article pourra être trouvé page 129.

2. Le même jour, le "Sun" (Londres) publia un article basé sur une lettre de Tabriz datée du 26 août 1852 et qui donne des détails quelque peu différent (Ce rapport fût utilisé le 8 octobre 1852 dans le "Times" (Londres, page 6) et le "Daily News (Londres, page 5), le 13 octobre 1852 dans le "Guardian" (Londres, page 674), le 16 octobre 1852 dans "Allen's Indian Mail" (Londres, page 588), et le 22 février 1853 dans le "Southern Cross" (Auckland, Nouvelle-Zélande, page 4), le dernier nommé ayant tiré son récit du "Melbourne Argus". Des articles très semblables apparurent dans le "Kölnische Zeitung" (8 octobre 1852, page 2, basé sur les informations de Tabriz du 28 août, relayé d'Istanbul le 20 septembre et imprimé dans le "Hamburger Nachrichten ), et le "New York Times" (2 novembre 1852, page 2, basé sur des informations de Tabriz du 28 août, relayé d'Istanbul le 25 septembre). - voir page 128.

3. Le 12 octobre 1852, le journal militaire autrichien "Oesterreichischer Soldatenfreund" imprima une lettre datée du 29 août du Capitaine von Gumoens, un Autrichien travaillant à Téhéran. (Reproduit dans "Augsburger Allgemeine Zeitung" (17 octobre 1852), "Kölnische Zeitung" (23 octobre 1852, page 2) et le "Times" (Londres, page 8, 23 octobre 1852). - voir page 132.

4. Le 13 octobre 1852, le "Times" de Londres imprima un récit des martyres de Haji Sulayman Khan et Qurratu'l-Ayn. Cela fût pris selon toute probabilité d'un autre journal que le rédacteur a été incapable de localiser pour le moment (apparût aussi le 16 octobre 1852 dans "Allen's Indian Mail" (Londres, page 588), le 28 octobre 1852 dans le "New York Times" (page 6), et le 22 février 1853 dans le "Southern Cross" (Auckland, Nouvelle-Zélande, page 3). - voir page 132.

5. Le 13 octobre 1852, le journal de Paris "Le Constitutionnel" publia une lettre de Constantinople qui ajouta un peu aux faits connus. (apparait aussi le 14 octobre 1852 dans le "Morning Herald" (Londres, page 3), et le 15 octobre 1852 dans le "Daily News" (Londres, page 5).

6. Vers la troisième semaine d'octobre 1852, des copies du journal de Téhéran "Ruznamiy-i-Vaqayi-i-Ittifaqiyyih", avec son récit des exécutions des babis, commenca à atteindre l'Occident et furent traduits dans quelques journaux. (par exemple le 18 octobre 1852 dans l'Union" (Paris, page 2) et le 22 octobre 1852 dans "Giornale di Roma" (page 969). - voir page 138-42.

7. Plusieurs journaux utilisèrent le rapport d'une lettre de Tabriz du 27 septembre 1852 qui fût publié dans le "Journal de Constantinople". Des copies de ce journal atteignirent Marseille à bord du Télémaque le 27 octobre (rapporté le 1 novembre 1852 dans le "Morning Post" (Londres, page 3), le "Morning Chronicle" (Londres, page 7), l' "Union" (Paris, page 2), et le 16 novembre 1852 dans le "New York Times" (page 3), le dernier nommé citant du "Sémaphore" de Marseille le 26 octobre. Des rapports similaires apparaissent dans "Giornale di Roma" (20 octobre, page 961-2, basé sur un rapport dans "Osservatore Triste") et "Kölnische Zeitung" (30 novembre, page 2). - voir page 134.

8. Un article de L. Boniface dans "Le Constitutionnel" de Paris se réfère à la participation de Sulayman Khan et de Shaykh Ali dans les évènements. (reproduit le 16 novembre dans "Giornale di Roma" (page 1049).

Ainsi il est clair que les journaux qui ont rapporté de cet épisode, de qui ceux cités au-dessus et dans les notes sont seulement un échantillon, fût intensif et répandu en dépit du manque de correspondants journalistiques à Téhéran elle-même, beaucoup d'informations atteignant l'Europe dans des lettres écrites de Tabriz. (Le lecteur pourrait se demander pourquoi les nouvelles vinrent en Europe à travers des lettres écrites à Tabriz plutôt qu'à Téhéran où les nouvelles eurent lieu. Les raisons de cela sont économiques. Istanbul et Tabriz étaient les deux pôles d'une route commerciale reliant l'Europe et la Perse. Ainsi, les maisons de commerce européennes à Istanbul avaient des agents à Tabriz et c'est probablement comment les nouvelles de cette épisode atteignirent Istanbul et par conséquent l'Europe).

Le "New York Times" rapporta aussi l'attentat sur la vie du Shah. Initialement, il utilisa les rapports apparaissant dans le "Times" de Londres, mais le 8 novembre 1852, il imprima une lettre qui est déclaré avoir été reçue d'un "gentleman Musulman, résidant à Londres". (Probablement les seuls Persans résidants à Londres à cette époque étaient les membres de la mission diplomatique de Mirza Shaf'i Khan à Londres. (parmi les membres de cette mission était Mirza Ya'qu'b Khan, l'oncle de Mirza Malkam Khan). Ainsi, il pourrait être démontré que ce récit est une tentative par le gouvernement persan de justifier sa conduite barbare, comme il est enregistré dans des récits tels que celui de von Gumoëns qui sans aucun doute occasionna des commentaires opposés en Europe et en Amérique du Nord). Le texte de cette lettre est une confusion remarquables des faits et les imaginations les plus extravagantes :

"Une personne du nom de Mulla Sadiq, résidant à Chiraz, fit une déclaration publique que dans l'année de l'Hégire 1255 correspondant avec l'Ere 1839 de l'ère chrétienne, un prophète ferait son apparition et que le nom serait Baub qui signifie que toute la connaissance et le sainteté des prophéties seraient possédées par lui; que sa mission annulerait tous les modes de foi établies par les anciens prophètes et que le monde entier embrasserait sa religion. Il annonça plus tard que Baub recevrait un livre céleste et que tous les trésors de la terre, à la fois ce qui était déjà découvert et ce qui était encore caché dans les entrailles de la terre seraient mis en sa possession.

Peu de temps après son annonce, il déclara lui-même être le Baub prophétisé, fournit un livre qu'il appela céleste et obtint plusieurs fidèles, principalement de la classe ignorante et non éduquée de la population....

Au décès cependant du dernier Roi et l'accession de sa présente Majesté au trône de Perse, l'imposteur retourna à ses anciennes lignes de conduite déclarant que le vieux Roi étant à présent mort, le temps pour sa mission prophétique était arrivée. Il envoya par conséquent des lettres dans chaque direction dans les limites de la Perse; envoya un agent à la ville d'Astrabad pour fomenter des troubles là-bas; et ayant rassemblé autour de lui une bande d'environ entre trois et quatre mille fidèles entichés et acharnés, il commença aussitôt à imposer ses nouvelles doctrines par les moyens du feu et de l'épée. Quiconque refusait d'embrasser sa religion était condamné à être brûlé dans sa propre maison avec sa famille, et dans cette affaire, plusieurs milliers de personnes furent assassinés de manière barbare. Un corps de ces fanatiques dans le même temps fit une attaque sur l'oncle du présent Roi de Perse, mais il parvint à s'enfuir - tandis qu'un jeune frère, qui fût si malheureux comme de tomber entre leurs mains fût brûlé vif selon leur coutume.

Alors que cette religion fanatique apparaissait être gagnant en force, un corps des troupes royales marchaient à présent des frontières du Mazindaran et d'Astrabad dans le but de leur faire échec. Chaque effort fût fait par le moyen de l'exhortation par les commandants royaux de persuader les rebelles de retourner à leur devoir mais sans aucun résultat. Les hommes déterminés se résolurent d'imposer leur principe et regagnèrent du pouvoir par l'effusion de sang et la rapine. Un accrochage sanguinaire eût lieu entre eux et les troupes royales dans lequel non moins de 4000 personnes tombèrent des deux côtés. Parmi les quelques rebelles qui furent faits prisonniers était le vice-régent ou le principal agent de l'imposteur; mais même lui le Roine fût pas mis à mort mais condamné lui et 11 de ces autres fanatiques résolus à être emprisonnés pour la vie.

Sur cela, une représentation fût faite au Roi de Perse de la part du grand corps du peuple montrant que comme la plupart des musulmans instruits avaient prouvés le Baub être un imposteur, il était nécessaire que la condamnation puissent être renforcée, voyant qu'aussi longtemps qu'il leur sera permis de vivre, les habitants paisibles du pays seront en danger constant de l'accès de ses fidèles fanatiques. Sur cette représentation et de l'avis et la recommandation du principal homme du royaume, sa Majesté ordonna qu'il soit décapité. La liberté du fanatisme séditieux que le royaume de Perse se réjouissait de par le haut de 2ans, pourrait être bien citée en preuve de l'effet salutaire de cette décision.

De lettres privées d'amis, aussi bien que des renseignements publics de Perse, je fus informé qu'une personne nommé Haji Sulayman Khan, qui était l'un des Baubs ou croyants du Baub (sic) avait fomenté le dessein de tuer sa Majesté le Roi de Perse, persuaduant ses adhérents et ses complices qu'il allait alors assumer l'Empire en tant que prophète. C'était l'homme qui attenta la vie du Roi et qui fût mis à mort pour le crime".

L'écrivain de ce récit a évidemment confondu le Bab avec un certain Mulla Sadiq qui quelques années auparavant à la venue du Bab avait prêché dans le Caucase qu'un nouveau prophète allait venir. (Un certain Mulla Sadiq d'Urdubad sur la rivière Aras avait été prêché l'avènement du Seigneur de l'Age dans le Caucase et il avait réuni plusieurs milliers de croyants dans l'endroit. Ceci avait causé des troubles qui résultèrent que Mulla Sadiq fût exilé à Varsovie paar les autorités russes. Cependant, l'élève de Mulla Sadiq, Siyyid Abdu'l-Karim-i-Urdubadi, prit la direction du mouvement. Siyyid Abdu'l Karim était en Iraq lorsqu'il entendit parler de l'enseignement du Bab: et il est dit qu'il devint un babi, retourna dans le Caucase et parvint à convertir un nombre de personnes avant que le gouvernement russe ne l'arrête et l'exile à Smolensk. En décembre 1860 et en janvier 1861, Siyyid Abdu'l-Karim écrivit deux lettres à Kazem-Beg de son exil à Smolensk à une époque où ce dernier était en train de réunir des documents pour son livre et ses articles sur les babis. Dans une note, Kazem-Beg déclare que Siyyid Abdu'l-Karim avait été libre et était maintenant à Astrakan (voir Kazem-Beg "Bab et les babis", octobre-novembre 1866, pages 395 ET 399, et décembre 1866, pages 473-81; aussi Kazemzadeh "Deux incidents", page 23).

Le reste des déclarations extravagantes dans ce récit sont inexplicables autre que celles indiquées dans la note page 13.

Le premier livre à mentionner le Bab en Occident était "Dawnings of Light in the East" (1854) par le Révérend Aaron Stern. En avril 1852, Stern était à Barfurush près de l'endroit du soulèvement de Shaykh Tabarsi trois ans auparavant. Ici, il rencontra des babis extrémistes. Il écrit :

"En retournant à mon logement, je rencontrai bon nombre de Musulmans qui s'informèrent si j'avais quelques tracts contre leur prophète. Sur ma demande pourquoi ils voulaient de tels pamphlets, ils répondirent avec grande précaution (car je les vis regardant dans toutes les directions pour voir quelqu'un des "fidèles" était proche) "parce que nous détestons Mahomet et ridiculisons son Coran. (en général, le Bab et les babis vénéraient Muhammad et le Coran. L'évidente animosité de ce groupe de babis que Stern rencontra pourrait peut-être s'expliquer par la persécution féroce que les babis de cette région avaient subie quelques années plus tôt au temps du soulèvement du Mazindaran à Shaykh Tabarsi).
Durant la courte conversation que j'eus avec eux dans la rue, j'appris qu'ils étaient des croyants secrets de Baba, le Perse socialiste renommé dont la communauté menaça il y a deux ans la religion et le trône de Perse. Le fondateur de cette secte et des milliers de ses adhérents moururent d'une mort ignominieuse; mais néanmoins, toute la rigueur qui était appliquée dans le but d'extirper cette hérésie, ils sont encore plusieurs milliers de savants riches et pauvres dans le Mazindaran et d'autres provinces qui vénèrent le Bab et qui regardent sa mort violente comme une calamité nationale".

Le livre suivant à citer les babis est Lady Sheil "Glimpses of Life and Manners in Modern Persia" (1856) qui a été mentionné ci-dessus. En 1857, il apparait un livre intitulé "Journal of Two Year's Travel in Persia, Ceylan, etc." de R. B. M. Binning du service civil de Madras. Malheureusement, ce travail reflète plus l'esprit étroit et bigot de son auteur arrivé en Perse fin 1850 et qui quitta la Perse le 11 février 1852. Il était à Ispahan lorsque des nouvelles de la fin du soulèvement de Zanjan lui parvinrent juste avant Naw-Ruz 1851. Son récit de la fin du siège peut être trouvé page 123-4. Comme pour le reste de son récit du babisme, cela est mieux résumé par le professeur Browne dans les termes suivants : "de tous les récits que j'ai lu, n'excluant pas ceux donnés par les historiens musulmans, celui-ci est le plus hostile, le plus injuste - je dirai presque le plus diffamant. L'écrivain, non content de relier les babis aux Mormons et aux Sadducéens et de décrire leur fondateur comme une sorte d'oriental Joe Smith, jeta le discrédit sur l'honnêteté du Bab et l'accusa presque de vol par beaucoup de mots...En fait de justesse aussi, ce récit laisse beaucoup à désiré".

Bernard Dorn était un orientaliste qui en 1860 voyagea largement à travers le Mazindaran et le Gilan et publia plusieurs récits de ce voyage. Tandis qu'à Barfurush (29 octobre-27 novembre 1860), il obtint une histoire manuscrite du soulèvement à Shaykh Tabarsi; concernant l'acquisition de ce manuscrit, il écrivit :

"Durant mon séjour en 1860 dans le Mazindaran, et plus spécialement à Barfurush où les babis apparurent en 1849, je pris l'opportunité de faire une étude plus serrée d'eux et de leur Coran. Ils s'étaient établis eux-mêmes à environ 3 farsakhs de Barfurush au tombeau de Shaykh Tabarsi, et ils avaient été vaincu et obligés de se soumettre là-bas après une bataille de plusieurs mois. En fait la majorité des prisonniers furent tués de diverses manières à Barfurush même. Les informations ne me donnèrent pas satisfaction comme j'aurai pu l'espéré du témoin oculaire que j'avais questionné..... Je réunissais aussi une histoire des babis à Barfurush à la fois en dialecte mazindarani et persan. Des tentatives avaient été faites de dénier tout mérite à cette histoire excepté de ceux étant composé dans le dialecte mazindarani. Mais même ceux qui connaissaient comment de telles informations et de rapports partiaux sont parfois, furent à peine capable de rejeter toute chose relatée par un témoin oculaire, certains d'eux furent même actifs dans leurs efforts d'exterminer les babis".

En 1864, la Bibliothèque Impériale Orientale obtint de N. V. Khanykov un nombre de manuscrits que le dernier avait obtenu en Perse. Parmi ceux-ci était un livre qui est nommé "Le Coran des Babis". (Browne envoya la partie publiée de ce "Coran des Babis" à Mirza Yahya qui le déclara être le Livre des Noms). Dorn presenta un récit de ce livre et l'histoire manuscrite de Shaykh Tabarsi qu'il avait obtenu dans le Mazindaran en deux papiers lus à la Section historico-philologique de l'Académie des Sciences russes le 3 janvier et le 5 septembre 1865.
Dans le premier de ceux qu'il déclara, concernant "Le Coran des Babis" que pendant qu'il était dans le Mazindaran :

"Personne n'admet (to any) connaissance du "Coran des Babis", en fait la vraie existence d'un tel livre était contestée, même bien qu'ils furent supposés être beaucoup (covert) babis finalement là-bas. Ce déni cependant, n'apparaît pas être bien fondé où se réfère seulement aux babis à Barfurush, car autrement des sources solides confirment non seulement l'existence d'un tel livre, mais qu'il s'est trouvé être écrit comme nôtre manuscrit le montre....... Je peux seulement ajouter et qu'il n'y a aucun doute ne peut être levé de son authenticité, depuis qu'il vint directement du secrétaire (Probablement Siyyid Husayn-Yazdi. Il y a une référence à Siyyid Husayn ayant mis certains écrits dans des mains européennes (Voir Browne "Tarikh-i-Jadid") du Bab lui-même qui voulait avoir ce Coran noté selon les mots parlés de son Seigneur et Maître. Il les avait obtenus de mains européennes de sa prison à Tabriz. La responsabilité pour le contenu, par conséquent, repose sur le secrétaire mentionné".

Trois travaux ultérieurs doivent être mentionnés dans cette section. Premièrement "Persien. Das Land und seine Bewohner" par le docteur Jakob Polak. Publié en 1865, l'importance principale du livre est le fait que l'auteur était à Téhéran à cette époque de la tentative d'assassinat du Shah et en fait il revendique avoir été présent au martyre de Tahereh. Son hommage à son courage apparaît page 144. Il assimila, tout comme la plupart des membres de la communauté européenne de Téhéran, les babis avec des socialistes :

"Un grand mouvement a été crée récemment par la secte des babis. Son fondateur, un Siyyid savant.... s'appela lui-même Babu'd-Din (Porte de la Foi). Il écrivit une règle en arabe, rejetant le Coran, introduisant le communisme dans les possessions et la complète émancipation de la femme et enseigna que quiconque tuait pour la défense et la propagation de la Foi révélée par lui était immortel et au moment de mourir, il renaîtrait à la vie dans un autre endroit....

Certains joignirent le mouvement par conviction, d'autres y furent amenés sous une intoxication, étant mis dans un état de béatitude par complaisance envers le haschisch. Ce narcotique fût alors utilisé par les babis dans le même but que celui des assassins".

Polak ajoute ici un mythe ultérieur en déclarant que les babis amenaient les personnes dans leur religion à travers l'influence du haschisch. Une telle affirmation, en dehors de n'être pas soutenue par des faits, est insoutenable dans une société telle que celle de Perse où l'usage du haschisch était une banalité. (Cette accusation provient probablement d'un désir par un uléma Shiite d'expliquer la grande attraction que la Foi babie opérait pour un grand nombre de Persans. Il est identique à l'histoire farfelue du sirop de grenade supranaturel (voir page 111).

En 1861, Monsieur John Ussher et un ami voyagèrent en Perse. Les soulèvements babis dataient presque d'une décennie mais leur mémoire était encore vive dans les esprits de la population. En regard aux doctrines des babis, il réitéra les déclarations de Sheil et d'autres auteurs : "Les principes de ce réformateur, aussi bien que nous pouvons le vérifier, (pour la secte à présent proscrite qui garde leur vraie croyance précieusement dissimulée) étaient socialistes car ils préconisaient une communauté de propriété et de femmes, alléguant que si tel était le cas, il n'y aurait aucune raison de la plupart des crimes commis par la race humaine".

Eastwick, le secrétaire de la Légation britannique à Téhéran de mai 1860 à mai 1863 et chargé d'Affaires en décembre 1862 durant l'absence de Monsieur Alison, se contente lui-même d'une brève référence de moins d'une demie-page aux babis dans son livre "Journal of a Diplomate's Three Years's Residence in Persia", publié en 1864. Il suit Binning en appelant le Bab le "Joe Smith de l'Iran".

* Gobineau

Si l'on devait choisir un seul livre qui plus que tout autre servit à faire connaître la religion du Bab aux populations de l'Occident pendant le 19ème siècle, on doit se tourner vers le livre de Gobineau "Les Religions et les Philosophies dans l'Asie Centrale" (1865). Bien que contenant plusieurs chapitres sur d'autres sujets, tels que les Soufis et les théâtres religieux en Perse, plus de la moitié du livre est dédié à la religion du Bab.

Il est en fait ironique que les origines de la Foi baha'ie, qui plus tard allait insister et promouvoir le concept de la fraternité de tous les hommes et le besoin de se libérer des préjugés raciaux, auront été proclamé par celui qui, par certains, a été acclamé comme le père du racisme. Si puissant fût l'influence qu'exerça

Gobineau sur ce mouvement, que pendant nombre d'années après lui, il fût appelé Gobinisme. Les écrits de Gobineau cependant, ont peu en commun avec les horreurs du camp de concentration. Car, bien que Gobineau trace beaucoup de ce qu'il considère être la dégénérescence de sa génération aux maux du mélange racial, il considère la situation d'être au-dessus de la rédemption; il n'y a aucune allusion de la "solution finale" dans ses écrits.

"Les Religions et les Philosophies dans l'Asie Centrale" fût publié 2 ans après le retour de Gobineau de Perse, où il était Premier Ministre. Les chapitres relatifs à la religion babie sont les suivants :

Chapitre VI : Commencement du babisme.
Considère la vie du Bab et les premiers disciples jusqu'au moment de la mort de Muhammed Shah. Beaucoup de cela est grossièrement faux, étant basé sur les travaux des historiens de la Cour des Kadjars.

Chapitre VII : Développement du babisme.
Considère la Conférence de Badasht et le cadre des babis à Shaykh Tabarsi.

Chapitre VIII : Batailles et succès des babis dans le Mazindaran.
Porte sur l'histoire du soulèvement de Shaykh Tabarsi au martyre de Mulla Husayn.

Chapitre IX : Chute du Fort de Shaykh Tabarsi. Troubles à Zanjan.
Complète l'histoire du soulèvement du Mazindaran et décrit Mulla Muhammad-Ali, Hujjat, et sa vie au commencement du soulèvement de Zanjan; déclare faussement que le Bab avait été confiné dans sa maison à Chiraz à ce moment là.

Chapitre X : Insurrection à Zanjan. Captivité et mort du Bab.
Décrit le soulèvement de Zanjan; déclare faussement que le Bab avait été directement déménagé de Chiraz à Chihriq. Le Bab est amené à Tabriz - son procès et son martyre.

Chapitre XI : Attentat contre le Roi.
Les babis après le martyre du Bab. L'attentat sur la vie du Shah et le règne ultérieur de la terreur.

Chapitre XII : Les livres et les doctrines des babis.
Les extraits de ce chapitre sont traduits plus loin.

Appendice : "Le Livre des Lois".
C'est une traduction pauvre de la plupart du Bayan Arabe.

Les sources de Gobineau pour la plupart de sa documentation historique de l'histoire officielle de la Cour de Perse est le "Nasikhu't-Tavarikh" par Mirza Taqiy-i-Mustawfi (Lisanul-Mulk, Siphir). (Nicolas, qui n'était pas un grand admirateur du travail de Gobineau sur les babis, insiste trop de sa dépendance sur le "Nasikhu't-i-Tavarikh" lorsqu'il écrit "Je sais bien que Gobineau est aussi de l'avis que l'arabe de Siyyid Ali-Muhammad était mauvais, mais il me doit être permis de suspecter l' appréciation de ce point par nôtre ancien Ministre à Téhéran, qui ne connaissait pas un mot de cette langue, (any more) qu'un Persan; mais cela ne l'empêche pas d'assumer l'accolade de "savant" - savant à bon marché car son travail "Les Religions et les Philosophies dans l' Asie Centrale", qui a été confondu avec un travail original, n'est pas autre chose qu'une traduction brillante mais par endroits inexactes, du "Nasikhu't-i-Tavarikh" fait par un juif qui connaissait un peu le français, dont le nom était Lalizar (Mulla Lalizar-i-Hamadani), et qui était le professeur de Gobineau) (Nicolas "Siyyid Ali Muhammed, page 199-200). Pour la défense de Gobineau, on devrait dire qu'il avait certainement à peu près une connaissance moyenne du travail en persan. Mulla Lalizar, cependant, traduit probablement le "Bayan Arabe" qui forme l'appendice du livre de Gobineau et sa traduction, comme le dit Nicolas, est presque incompréhensible par endroits. Barbier de Meynard, qui était lui-même un orientaliste et avait connu Gobineau personnellement, affirme : "Il s'était mis comme devoir l'étude du persan à l'âge où la mémoire se rebelle contre de nouvelles acquisitions, et quant à la langue du Coran, que tout innovateur dans l'Orient prit pour exemple, il ne la connaissait pas à part au travers du persan et de manière très imparfaite; l'incorrection des mots arabes qu'il cite suffirait par lui-même pour prouver que (par exemple biyyan, hukkam, etc..)... Je n'hésiterai pas à dire que sa traduction des Préceptes, ou tout ce qui est appelé le troisième Bayan du Bab, fût fait sous la dictée d'un secrétaire persan, ou avec l'assistance d'une version en persan écrite pour sa propre utilisation; en tout cas, c'est de seconde main". ("Journal asiatique", 8ème série, volume 20, 1892, page 301). Voir aussi J. Gaulmier dans "Austral. Jour. of Fr. Studies", volume 1, 1964, pages 58-70).

Il est important de faire observer que les faits de Siyyid Yahyay-i-Darabi, Vahid, sont complètement ignorés dans le livre de Gobineau (en contraste au "Nasikhu't-i-Tavarikh". Une autre inexactitude historique est la croyance de Gobineau que Qurratu'l-Ayn et Jinab-i-Mutaharrih (Tahereh) sont deux personnes différentes).

Gobineau connaissait aussi le principal historien de la Cour de la période, Rida-Quli-Khan, Lalih-Bashi, l'auteur d'une partie de "Rawdatu's-Safa", et qui pourrait bien avoir obtenu des informations, où venant de lui ou de son livre, bien que le "Nasikhu't-i-Tavarikh" soit le seul travail mentionné dans "Religions et Philosophies".

Gobineau était aussi en contact avec certains babis à Téhéran. Dans sa dissertation au professeur Browne, Siyyid Mihdiy-i-Dihaji (voir page 293) déclare que Mirza Rida-Quliy-i-Tafrishi et son frère Mirza Nasru'llah, qui étaient babis et beaux-frères de Mirza Yahya, Subh-Azal, étaient au service de la Légation française. Ces deux personnes fournirent probablement à Gobineau beaucoup d'informations qu'il n'avait pas obtenu des histoires de la cour. Ils étaient plus vraisemblablement responsables de l'importance donnée à leur beau-frère, Mirza Yahya dans le récit de Gobineau des évènements suivants le martyre du Bab.

Le livre de Gobineau est aussi d'importance en cela qu'il contient la première référence imprimée dans un livre européen, quoique illogique) à Baha'u'llah. "Il (Mirza Yahya) avait perdu sa mère au moment de sa naissance, et la femme de celui des leaders babis, l'un des membres de l'Unité, qui portait le titre de Jinab-i-Baha (l'Excellence Précieuse) alerté dans un rêve du triste état dans lequel l'auguste enfant se trouvait lui-même, le prit et l'éleva jusqu'à sa 15ème année. A travers une ambiguïté malheureuse dans le français de Gobineau, deux des articles furent discutés brièvement, ceux d'Evans et ceux d'Arbuthnot, firent que Baha eût le nom d'une femme.

Défectueux comme fût le travail de Gobineau d'un point de vue historique, il était encore à cette époque le travail le plus important sur le sujet. En ce qui concerne aussi les enseignements du Bab, Gobineau surpassa tous les auteurs ultérieurs, et son résumé des doctrines du Bab reste à ce jour l'un des plus compréhensibles, même s'il n'est pas exact.

Concernant la nature de Dieu, Gobineau, bien qu'il n'utilise pas en réalité le mot "panthéisme" présente les enseignements du Bab de telle manière que les écrivains ultérieurs en vinrent rapidement à la conclusion qu'ils étaient panthéistes :

"Dieu est unique, immuable, éternel; Il n'a pas de compagnon. C'est la même formule que celle dont les Musulmans font usage; mais la portée en est différente. Les Musulmans actuels entendent dire par là que le Christ n'est pas Dieu, et que la personnalité divine, bornée à elle-même, ne produit pas d'émanation, ni ne se communique d'aucune espèce de manière en dehors de la stricte, complète et absolue unité. Le Bab prétend seulement établir qu'en dehors de Dieu, il n'y a pas de Dieu, qu'il n'existe pas deux puissances divines étrangères l'une à l'autre.... et l'on s'aperçoit bientôt qu'il entend par l'unité divine tout autre chose qu'une individualité renfermée en elle-même....
Dieu est essentiellement créateur parce qu'il est la vie, parce qu'il la répand et que le seul moyen de la répandre c'est de créer; autrement, il la concentrerait tout entière dans sa propre essence; pour créer, Il se sert de sept lettres; j'emprunte les termes bâbys. Cela revient à dire qu'il se sert de la parole et les différentes manifestations de la parole, représentées ici par sept lettres ou mots car l'expression arabe horouf a les deux valeurs. Ces sept lettres sont : la force, la puissance, la volonté, l'action, la condescendance, la gloire et la révélation; c'est ce que nous appellerions des attributs. Dieu en possède bien d'autres, une infinité d'autres.... Seulement, pour ce qui concerne le fait de la création...., le Bab enseigne que sept des vertus seulement ont opéré, et c'est ainsi que ces sept vertus, en créant l'univers actuel, ont manifesté la vérité de cet axiome : "Dieu est l'unité primitive d'où émane l'unité supputée..... En effet, toutes les existences, toutes les individualités émanées de Dieu sont supputées, c'est-à-dire, dans le langage du Bab, qu'elles ne peuvent à leur tour produire aucune action émanatrice sans qu'il y eût aussitôt aussi fractionnement, diminution, destruction. Voilà la distinction entre Dieu et la créature".

Sur la nature des prophètes de Dieu dans la doctrine babie, Gobineau écrit :

"Dans cet état de choses, dans ce courant sympathique qui va de l'être infini à sa portion fini, Dieu prouve sa vitalité par des rapports ininterrompus avec la créature, et ces rapports ont déjà trouvé leur expression dans une des parties constitutives du chiffre sept : la révélation. La nature ignorante, oublieuse, s'élance vers Dieu pour connaître, car la science est le seul moyen qu'elle ait de se régénérer, et Dieu, qui l'aime, la lui dispense avec les précautions qu'exige sa faiblesse, résultat de son écart. Il ramène l'homme, il le tire à lui, en quelque façon, au moyen d'une chaîne et par une série de secousses ménagées; la chaîne, c'est la série de prophètes; les secousses, ce sont les révélations que ces personnages apportent.
Mais les hommes n'ont pas plus compris le caractère vrai, l'essence réelle des mandataires de Dieu, qu'ils n'ont compris Dieu lui-même... Il y a de grands rois; il y a de grands docteurs; l'humanité a fourni, a connu des sages éclatants; pourtant si l'on mesure la distance qui sépare tous ces natures si nobles, si élevées, sans doute, de la véritable nature prophétique telle que le monde l'a révérée dans un très petit nombre d'apparitions inoubliables, on peut bien se convaincre qu'un mandataire de Dieu ne saurait être, à proprement parler, un homme. Que sera-ce donc?
Ce sera comme le monde, comme l'univers lui-même, une émanation de la nature divine. Seulement cette émanation (les prophètes) restant en communication constante avec son origine, et étant un prolongement plus court dans le temps, on reste infiniment plus rapprochée et constituent.... un intermédiaire entre Dieu et l'univers. Au point de vue humain, c'est une personnalité puisque la forme, l'apparence en est rigoureusement déterminée et finie, et que le corps de Jésus, celui de Mahomet, sont bien réellement des apparitions positives; mais au point de vue intellectuel, prophétique, ce sont des souffles de la bouche de Dieu, qui ne sont pas actuellement Dieu, mais qui viennent de lui plus réellement, et retournent à lui plus rapidement que les autres êtres. Ainsi, les prophètes sont à la fois des hommes et même temps Dieu lui-même, sans être tout à fait ni l'un ni l'autre".

En ce qui concerne la progression des prophètes dans l'enseignement du Bab, Gobineau écrit :

"Graduellement, toutefois, et à pas bien chancelants, mais cependant ininterrompus, l'humanité marchait. La loi de Moïse devint bientôt insuffisante, et la nature divine s'incarnant dans Jésus apporta le christianisme. C'était un progrès immense. Le monde en profita assez pour que, après un laps de temps beaucoup moins considérable que celui qui s'est écoulé depuis David, le dernier prophète, ou, si l'on veut, Salomon, jusqu'à Jésus, Mahomet pût apparaître. Il entraîna encore les hommes un peu plus loin que Jésus ne les avait portés. Cependant, non plus que son prédécesseur, il ne vint pas à bout de leur imprimer un mouvement uniforme, et beaucoup d'entre eux restèrent obéissants aux révélations périmées, comme cela était arrivé antérieurement. Enfin le Bab parut à son tour, et sa révélation, plus complète sans doute, et.... plus progressive."

Le Bab prédit clairement la venue d'un prophète antérieur auquel, à travers ses écrits, le Bab se réfère en tant que "Celui que Dieu doit manifester". En écrivant sur le Bayan, Gobineau dit

"Il est donc composé, en principe, de 19 unités ou divisions principales, qui, à leur tour, se subdivisent chacune en 19 paragraphes. Mais le Bab n'a écrit que onze de ces unités, et il a laissé les huit autres au véritable et grand Révélateur, à celui qui complètera la doctrine, et à l'égard duquel le Bab n'est autre chose que ce qu'était saint Jean-Baptiste devant nôtre Seigneur. La doctrine du Bab est donc transitoire; elle sert de préparation à ce qui viendra plus tard; elle déblaie le terrain; elle ouvre les voies.... Ainsi, par exemple, le Bab abolit la kibla, c'est-à-dire l'usage musulman et juif de se tourner vers un point donné de l'horizon lorsqu'on fait la prière..... , mais il ne substitue pas de nouvelle kibla aux anciennes abrogées, et déclare que sur ce point il n'a rien à ordonne, et que ce sera le grand Révélateur qui décidera.
Une grande partie du Biyyan est consacré à annoncer, à expliquer, à faire prévoir l'avènement de cette fraction si importante de la vérité. Le Bab, qui ne veut pourtant pas trop en dire, n'y étant pas autorisé, appelle le Grand Inconnu "Celui que Dieu manifestera"...
Le Bab a prononcé que l'apparition de "Celui que Dieu manifestera" coïnciderait avec les apprêts du Dernier Jugement, et que ce serait ce prophète qui, en réalité, introduirait l'univers purifié dans le sein de la divinité qui l'attend. Sous ce rapport, "Celui que Dieu manifestera" sera l'Imam Mehdi, sera Jésus-Christ arrivant sur les nuées pour juger la terre".

Gobineau mentionne divers autres enseignements:

"... il (Le Bab) fait de l'aumône une obligation étroite. Il rappelle aux riches qu'ils ne sont que des dépositaires, que personne sur terre ne possède rien et que tout est à Dieu; en conséquence, les riches doivent donner pour la religion et pour ceux qui n'ont rien ou qui n'ont pas assez. Mais il défend absolument la mendicité, il la flétrit, ne la tolère sous aucun prétexte...
Lorsque les époux sont mariés, il tolère qu'on prenne une seconde femme, mais il ne la recommande en aucune façon; il interdit sévèrement les concubines, et il est si manifestement opposé d'intention à la polygamie, que ses successeurs considèrent comme mauvais d'user de la tolérance qu'il a montré quant à la dualité des femmes.... il défendit le divorce et abrogea le voile. (43)"

Gobineau réfute l'allégation musulmane de promiscuité parmi les babis:

"... Les musulmans, cependant, accusent les babis d'avoir des agapes secrètes où l'on éteint les lumières et où toutes les promiscuités sont permises. C'est un genre d'accusation respectable par son antiquité, et peut-être doit-on le considérer comme le monument de la haine confessionnelle le plus ancien qui soit au monde. Les juifs et les païens adressaient ce même reproche aux Chrétiens primitifs, et il est plus que douteux qu'ils en fussent les inventeurs. Depuis ce temps, les différentes sectes n'ont pas cessé de se le prêter comme arme de guerre.... Ainsi généralisé, cet argument perd un peu de sa valeur, et d'après ce qu'on vient de lire des prescriptions de l'Altesse sublime (le Bab), il paraît qu'il faut ici le considérer comme une simple injure". (44)

Le succès du livre de Gobineau fut immédiat. En une année, une seconde édition fut nécessaire, un évènement inhabituel en ces jours pour un travail de cette nature. Pendant plusieurs décennies, il continua d'exciter l'élite intellectuelle de l'Europe avec son récit passionnant des héros babis et de leur religion. Presque immédiatement après, un grand nombre de revues et d'articles apparurent dans certains des principaux journaux et périodiques en Europe et en Amérique du Nord basés sur le livre de Gobineau (souvent réunis avec l'article de Kazem-Beg qui sera évoqué tout à l'heure).
En fait, on pourrait dire que ce ne fut qu'à partir des voyages d'Abdu'l-Baha en Occident que la religion babi-baha'ie accomplit une telle renommée autant que dans les années suivants la publication du livre de Gobineau.

Ernest Renan, l'une des plus grandes figures littéraire et religieuse du 19ème siècle, publia son célèbre livre "Les Apôtres" seulement quelques mois après l'apparition du livre de Gobineau. Dans celui-ci, il fait référence aux babis:

"Le babisme en Perse est un phénomène beaucoup plus étonnant. Un homme doux et modeste, une sorte de pieux et modeste Spinoza de caractère et d'opinion, fût soudainement et presque en dépit de lui-même élevé au rang d'un faiseur de miracles et d'une incarnation divine; et il devint la tête d'une secte nombreuse, ardente et fanatique, qui vint presque d'accomplir une révolution comme celle de Muhammad. Des milliers de martyres se ruèrent à la mort pour lui avec un empressement joyeux. La grande boucherie de ses fidèles à Téhéran était une scène peut-être sans parallèle dans l'histoire". 45

Puis Renan continue de faire part du récit de Gobineau et de la féroce persécution qui suivit l'attentat sur la vie du Shah (ce passage du livre de Gobineau peut être trouvé page 144), auquel il ajoute la note suivante:

"Un autre détail que j'ai de sources originales est la suivant: plusieurs des sectateurs, pour les contraindre de se rétracter étaient attachés dans la bouche de canons avec une mèche à combustion lente allumée. L'offre leur était faite d'éteindre la mèche si ils reniaient le Bab. En réponse, ils étendaient seulement leurs mains vers l'étincelle rampante, et l'implorait de se hâter et de consommer leur bonheur". 46

Renan conclut alors:

"Une dévotion absolue est de simplifier aux natures la plus exquise des contentements, et, en fait une nécessité. Dans la persécution babie, les personnes qui ont à peine rejoints la secte viennent et se dénoncent eux-mêmes, afin qu'ils puissent souffrir avec les autres. C'est si doux pour l'homme de souffrir pour quelque chose, que l'attirance du martyre est en lui-même souvent suffisant pour inspirer la foi. Un disciple qui partageait les tortures du Bab, accroché de son côté sur les remparts de Tabriz et attendant une mort lente avait seulement dit un mot - "Maître, êtes-vous satisfait de moi?".
Ceux qui regardent comme ou bien miraculeux ou bien chimérique chaque chose dans l'histoire qui transcende les calculs ordinaires du sentiment commun devraient trouver de tels faits comme ceux-là inexplicables". 47

En regard à la note citée au-dessus, Renan écrit dans une autre notation qu'il avait reçu "des informations de deux individus à Constantinople qui étaient personnellement impliqués dans les affaires du babisme. 48 *en 1864* L'un de ces deux individus était Mirza Malkam Khan, l'aventurier rusé, charmant et énigmatique qui, d'un côté, confère une grande impulsion au mouvement de réforme libéral en Perse à travers ses écrits et de l'autre était dévoué à l'autoglorification et à ses propres intérêts financiers. Renan au cours de son périple de Turquie et Syrie en 1860-61 rencontra Malkam Khan à Istanbul. Ils restèrent en contact durant les années suivantes principalement à travers Mr Brunswick à Istanbul.
Dans une lettre datée du 7 Juin 1866 à ce dernier, Renan, après avoir reconnu la réception d'un portrait de Mirza Malkam Khan, écrit: "Dîtes à Malkam qu'il vient d'apparaître dans le "Journal asiatique" une histoire du babisme, écrit par Mirza Kazem-Beg, professeur à Saint-Pétersbourg. Je crois qu'il serait heureux de cela. Mais certainement, si il veut nous donner ses souvenirs, cela serait encore mieux". 49

Parmi les plus importantes revues et articles basés sur le livre de Gobineau qui apparaissent dans les années suivantes pourrait être listés les suivants (voir la bibliographie pour les détails):

1. L'une des premières revues à apparaître fut celle de l'éminent philosophe juif français Adolphe Franck, en décembre 1865 extrait du "Journal des Savants". Ce dernier apparaît comme un chapitre dans le livre de Franck "Philosophie et religion". Franck dédie 20 pages de cette longue revue aux babis. A la fin de l'article, Franck déclare: "ce système ne se distingue lui-même ni par originalité ni force". 50 Cela provoqua le commentaire suivant de Gobineau dans une lettre à Prokesch-Osten:
"Les Européens sont étonnants. Quelqu'un que j'aime beaucoup parmi d'autres choses pour son extrême candeur et sa bonne foi, Monsieur Franck de l'Institut, a écrit 2 articles dans le "Journal des Savants" sur mon livre et il déclare que la doctrine du Bab n'est pas originale! J'aimerais savoir ce que veut dire original. Visiblement, lui (le Bab) a utilisé des vues existantes pour engendrer ses doctrines et des mots existants pour l'exprimer. Mais en ce jour présent en Asie, je trouvais que chaque chose qu'il voulait créer être très original". 51

2. En Allemagne, le livre de Gobineau fut révisé dans le "Allgemeine Zeitung" (publié à Tübingen en mars 1866), sous le titre: "Les babis en Perse".

3. Une révision du livre de Gobineau par Louis de Ronchaud apparut en mai 1866, extrait du périodique français "La Revue Moderne" sous le titre "Une Religion nouvelle dans l'Asie Centrale". Cet article apparaît comme un chapitre dans le même livre de l'auteur, "Etudes d'Histoire Politique et Religieuse".

4. Cette dernière révision formait la base d'un article éditorial intitulé: "Une nouvelle religion" dans le magazine américain "The Nation" (Juin 1866), cela étant le premier récit complet de la religion du Bab à apparaître en Amérique du Nord. (Selon W.F. Poole et W.I. Fletcher "an Index to Periodical Literature (page 84), cet article a été écrit par le révérend James Bixby (voir page 329). Bien que Bixby écrivit des articles dans "New World (1897) et dans "North American Review (1912) - voir la bibliographie - il semble improbable au rédacteur que ce premier article fut de la même personne).

5. Le périodique parisien "Revue Critique d'Histoire et de Littérature" publia une révision du livre par H. Zotenberg (Juin 1866).

6. En Août 1868, une série de trois papiers intitulés "Le Babysme" apparut dans "Le Temps" de paris par Michel Nicolas, professeur à la faculté de théologie protestante de Montauban.

7. Le Baron von Kremer dans sa "Geschichte der herrschenden Ideen des Islams", publia en 1868, s'appuyant sur les travaux à la fois de Gobineau et de Kazem-Beg pour un chapitre intitulé "Bab und seine Lehre".

8.L'un de quatre importants articles à apparaître en 1869 fut une révision de 134 pages par le philosophe français François Pillon dans "L'Année philosophique". Bien que basé sur les travaux de Gobineau, Kazem-Beg et Franck, c'est Gobineau qui prédomine.

9. Aux Etats- Unis, un récit beaucoup moins long que celui publié dans "The Nation", apparut dans l'édition de "Hours at Home" en janvier 1869, un magazine familial de grande circulation, publié à New- York. L'article était intitulé "Bab and Babism" et il était du professeur Edward P. Evans, professeur de langues modernes à l'université du Michigan. Cet article est basé sur les écrits de Gobineau, Kazem-Beg et Michel Nicolas.
Il commence ainsi: "C'est un fait singulier, que durant le dernier quart de siècle, il aura surgit en Asie centrale une nouvelle religion qui déjà compte ses adhérents par milliers... et que, néanmoins, le Christianisme serait resté presque comme ignorant de ce grand évènement comme si il avait pris place dans la lune ou parmi les habitants d'une autre planète..". 52 (Le missionnaire américain, le Révérend Edwin E. Bliss, de Constantinople, écrivit un article qui apparut dans la question du "Missionnary Herald" en mai 1869 (voir page 192). C'était une réplique à l'article du professeur Evans, qui avait commenté sur le fait qu'aucun magazine missionnaire n'avait mentionné la nouvelle religion).
L'article contient la déclaration significative qui suit: "Le babisme, en fait, est passé à travers toutes les phases des autres grandes religions historiques, et est habilité par conséquent à une place au côté des autres". 53

10. La Grande-Bretagne, aussi, ne manquait pas d'écrivains qui prirent note du livre de Gobineau. Dans la publication dans "All the Year Round" du 17 juillet 1869, le célèbre magazine conduit par Charles Dickens, un article apparut intitulé "A New Religion". (Cet article n'apparaît pas dans la liste des articles qui contribuent au magazine de Charles Dickens lui-même, voir P. Fitzgerald "Memories of Charles Dickens").

11. Un regard plus détaillé sur la nouvelle religion fut entreprit par le Révérend R. K. Arbuthnot, dans un article de 41 pages dans les publications d'Août et d'Octobre 1869 du "Contemporary Review". (Dans le "Wellesley Index to Victorian Periodicals" (1824- 1900), édition W. E. Houghton, l'auteur de cet article est donné comme Arbuthnot, sir Robert Keith, second Baronnet (1801- 1873), domestique civil à Bombay. Mais, depuis que sur la couverture de ce magazine, il est clairement établit Révérend R. K. Arbuthnot, le rédacteur est de l'avis que l'auteur de cet article était le Révérend Robert Keith Arbuthnot). Une nouvelle fois, la source principale est Gobineau avec quelques passages pris de Kazem-Beg.

12. Le livre du docteur Herman Ethé "Essays und Studien" (1872) contiens un chapitre de 61 pages intitulé "Ein Moderner Prophet des Morgenlandes", basé principalement sur Gobineau (mais aussi Gobineau, Vambéry et Wright).

13. La même année que le livre d'Ethé, il apparait un article dans la publication de Juin du "Chuch Missionnary Intelligencer" intitulé "Les Babys" et basé entièrement sur le livre de Gobineau.

14. A Gobineau aussi doit aller beaucoup de crédit pour avoir inspiré le premier poème composé dans une langue occidentale en l'honneur de la nouvelle religion. "Gurret-ül-Eyn: Ein Bbbild aus Persiens Neuzeit" (1874) est un poème épique de Marie von Najmajer (voir figure 10) sur Tahirih.

Si grand que fut l'intérêt que le livre de Gobineau suscita, et si célèbre fut le nom que le Bab devint, qu'à une lecture délivrée devant l'Institut de Birmingham et du Midland le 16 Octobre 1871, (Cette lecture fut imprimé en tant qu'article dans "The Cornhill Magazine (1871) et dans la troisième édition d'Arnold "Essays in Criticism" (1884), voir la bibliographie) l'écrivain et critique Matthew Arnold fut capable de déclarer:

"Le comte de Gobineau, ancien Ministre de France à Téhéran et à Athènes, publia il y a quelques années, un livre intéressant sur l'état présent de la religion et de la philosophie dans l'Asie Centrale.... Ses accomplissements et son intelligence méritent tout respect et dans son livre sur la religion et la philosophie dans l'Asie Centrale, il a le grand avantage d'écrire sur des choses qu'il a suivit de sa propre observation et de sa propre enquête dans les régions où elles se déroulaient. Le but principal du livre est de donner une histoire de la carrière de Mirza Ali Mahommed, un réformateur religieux persan, l'original Bab, et le fondateur du babisme, sur lequel la plupart des gens en Angleterre ont au moins entendu le nom.....".

Pourtant, l'influence du livre de Gobineau ne dura juste que quelques années après sa publication. En 1885, le "Contemporary Review" publia un article intitulé "The Story of the Bab" par Mary F. Wilson, basé sur le livre de Gobineau. Cet article fut reproduit dans les périodiques américains "Littel's Living Age" et "Eclectic Magazine", dans la même année. Vers la fin du 19ème siècle, l'intérêt en Gobineau fut rallumé principalement à travers les efforts de Ludwig Schemann et sa société Gobineau. Les intérêts de Schemann étaient principalement racistes mais au cours de ce réveil général d'intérêt en Gobineau, une troisième édition de "Religions et philosophies" fut publiée en 1900. L'édition fut révisée par Barbier de Meynard dans "Le Journal asiatique" (1899), par G. Maspéro dans "Le Journal des savants" (1900), par F. Justi dans "Archïv für Religionwissenschaft (1901) et par plusieurs autres.

En dernier, le livre de Gobineau fût le moyen par lequel l'intérêt de Edward G. Browne fut éveillé, et mena à ses recherches étendues. Son effet sur A. L. M. Nicolas fut similaire même si pour une raison différente. Browne ne savait virtuellement rien sur les babis lorsqu'il tomba sur le livre de Gobineau, et son récit imagé et passionnant suscita son intérêt; Nicolas, qui avait passé la plus grande partie de sa vie en Perse en connaissait déjà au sujet de la nouvelle religion, et le livre de Gobineau l'incita à prendre la plume pour exposer les nombreuses insuffisances du travail.

* Mirza-Kazem-Beg

La distinction d'avoir été le premier à avoir un livre entier sur la foi babie publié en Occident appartient à Mirza Kazem-Beg (voir figure 1), de l'Université de Saint-Pétersbourg. Il apparut en 1865 sous le titre "Bab i Babidy", et fut écrit en russe. L'année suivante, il publia une longue version française de ce traité dans "Le Journal asiatique" (322 pages écrites entre Avril-Mai, Juin, Août-Septembre, et Octobre-Novembre 1866 en parution).

Les sources de Kazem-Beg comme listées par lui au début de l'article sont:

1."Nasikhu't-Tavarikh", duquel Kazem-Beg apparaît avoir eu accès seulement au volume principal (qui porte sur les évènements de 1851) et non au supplément (qui décrit l'attentat sur la vie du Shah en 1852).

2. L'histoire manuscrite de Shaykh Tabarsi par Shaykhu'l-Ajam procuré par Dorn, que Kazem-Beg considère n'être d'aucune valeur historique.

3. Deux notes sur les babis, l'un par un élève de celui appelé Sevrugin, drogman de la Légation de Téhéran, qui avait été en Perse pendant 20 ans (cela fut communiqué à Kazem-Beg par Khanikov), et l'autre par Mochenin, drogman du Consul général de Russie à Tabriz, un ancien élève de l'Université de Saint-Pétersbourg qui avait voyagé en Perse durant les soulèvements babis (communiqués par Mochenin lui-même).

Un article qui apparaît avoir été inspiré par l'écrit seul de Kazem-Beg est A. de Bellecombe (Dans cet article, Bellecombe est décrit en tant que "Président de la 1ère classe" de l'Institut Historique de France) "Une Réformatrice contemporaine: La Belle Kourret oul Ain, ou La Lumière des Yeux" (dans L'Investigateur 1870), l'une des premières de plusieurs monographies qui sont apparues avec les années sur l'héroïne babie Tahereh. (Même plus tôt, il y eût une très courte note dans le périodique italien "Rivista Orientale" (1ère année, Firenze, 1 Oct. 1867, page 829), intitulé "Héroïne persane" et évidemment tirée d'une autre source dans laquelle Polak est cité.

* Voyageurs

En 1862, il arriva en Perse en tant que médecin d'une mission diplomatique italienne,un homme qui sur ses dernières années parvint à un rang remarquable: Michele Lessona. Selon sa propre déclaration, Lessona rencontra là-bas un persan de haute lignée nommé Davud khan qui parlait italien. De cet homme, Lessona apprit des babis. Lessona rencontra aussi et conversa avec Gobineau, aussi bien qu'il visita certains des endroits reliés avec la l'histoire babie. Lessona retourna en Italie, et vers 1870, il écrivit un livre de 66 pages intitulé "I Babi", qui fut imprimé des années plus tard en 1881 par Vincenzo Bona de Turin. Beaucoup du livre apparaît être dérivé du livre de Gobineau, mais écrit d'expérience personnelle.
Lessona se rappelle les difficultés d'obtenir des informations sur les babis en Perse:

"... En Perse, il est impossible de parler des babis ou d'apprendre quelque chose sur leurs affaires. La terreur que ce nom évoque est tel que personne n'ose parler, où même penser à cela. Les Italiens que j'ai trouvé à Téhéran, et qui se révélèrent extrêmement gentils en toutes circonstances voulaient me dire un peu ou rien sur les babis, ou étaient incapables de le faire; la même chose était vraie d'Européens d'autres nationalités à Téhéran, Tabriz ou Rasht. Nicolas (J.B Nicolas) avec qui j'avais fait le long voyage de Téhéran à Saint-Pétersbourg, commença à me parler d'eux seulement après que nous passions la frontière persane.... le Comte de Gobineau, dans le village de Gezer près de Téhéran, me racontera des épisodes sur la secte, rendant les heures du soir comme illuminées tandis qu'il écrivait son histoire et me lisait certains chapitres. ... Réunir du matériel pour l'histoire du Bab, ce qu'il faisait en ce temps-là, était dangereux au coeur de la Perse, même pour un Ministre de l'Empereur français...". 56

En 1870, Un voyageur polonais, Jablonowski, rencontra les baha'is de Bagdad et il écrivit 2 articles sur la nouvelle religion (voir bibliographie). Il était particulièrement impressionné par l'avancement dans la position sociale des femmes parmi les baha'is.

Vers 1875, un espagnol nommé Adolfo Rivadneyra voyagea à travers la Perse. Il avait, d'une manière ou d'une autre, essayé d'être lui-même accrédité en tant que Consul d'Espagne en Perse bien que l'Espagne n'ait aucun lien diplomatique ancien avec la Perse en ce temps-là. Dans la description de ses voyages à travers la Perse, "Viaje al Interior de Persia", il dédie 10 pages à la religion du Bab.
Encore une fois, l'autorité principale se référa à Gobineau, lorsque l'auteur déclare:

"Dans le but de donner une idée de la peur que, même aujourd'hui, les babis, qui ont été trouvés dans tout l'Iran, inspirent aux gens, il est suffisant de dire que même moi, un européen, n'oserait parler à voix haute du nom de la secte en public, de peur ainsi de commencer un conflit immédiat.
C'est en fait une honte que les apôtres du nouveau Messie n'agissent pas prudemment, autrement ils auraient certainement triomphé..." 57

Madame Carla Serena vista la Perse en 1877-8. Elle voyagea d'Anzali à Téhéran et retourna à Anzali. En dépit de la brièveté de son séjour et la durée limitée de son voyage, son livre "Hommes et choses en Perse" est à la fois intéressant et détaillé, couvrant beaucoup d'aspects de la vie persane. 17 pages de son livre sont dédiés aux babis. dans un note, elle déclare:
"Une grande partie des détails de l'histoire des babis de 1847 à 1852 me furent donnés par un persan qui avait été témoin des évènements qui eurent lieu à Téhéran, lorsque les sectateurs furent exécutés". 58
Néanmoins, il apparaîtra que la plupart de son information venait du livre de Gobineau.

En 1880-81, Monsieur et Madame Dieulafoy voyagèrent à travers la Perse. Monsieur Dieulafoy était un ingénieur qui avait été commissionné par le Ministre français de l'Education pour étudier les anciens monuments de Perse. Madame Jane Dieulafoy (voir figure 2) écrivit un long récit de leur voyage, qui apparût premièrement comme une série d'articles dans le périodique "Tour du Monde (1883-5) et plus tard en tant qu'un livre "La Perse, la Chaldée et la Susiane". A Zanjan, Madame Dieulafoy vint en contact avec les baha'is là-bas. Dans son récit de cela, elle donne une histoire des premiers jours de la religion babie extrait de Gobineau. En donnant l'histoire suivante, elle déclare que le chef de la religion réside maintenant à Akka, mais elle donne de manière erronée son nom en tant que Mirza Yahya - aucun doute sous l'influence de Gobineau. Elle fait, par conséquent, la déclaration surprenante suivante:

"L'année dernière, Nasiru'd-Din-Shah, craignant l'influence grandissante des babis, voulut essayer une réconciliation avec (Baha'u'llah) et lui envoya secrètement l'un de ses Imam-Jumih, qui était particulièrement renommé par le force de ses arguments théologiques et la fermeté de ses croyances, d'une mission de faire revenir la brebis égarée dans le troupeau. Je vous laisse imaginer quelle fut la surprise et l'indignation du souverain lorsque, sur le retour, le vénérable Imam-Jumih avoua à son maître que les arguments de Baha'u'llah l'avait convaincu et le mena sur le chemin de la vérité. Devant un tel succès, on peut facilement comprendre pourquoi le Shah n'a pas envoyé un second ambassadeur à Akka". 59

Un tel épisode n'est enregistré dans aucune histoire baha'ie, et malheureusement Madame Dieulafoy n'établit pas de qui elle a entendu cela. A Zanjan, les Dieulafoy restèrent avec un baha'i nommé Muhammad Aqa Khan, et dans le livre, il y a 2 portraits, intitulés "Jeune fille baby" et "Jeune fille baby de Zendjan". 60

Un voyageur plus tard, dont les écrits sur les babis sont de quelque intérêt est F. C. Andréas, qui était en Perse vers la fin 1870. En 1896, il publia une brochure intitulée "Die Babis in Persien". Ce récit est un résumé utile mais pas souvent exact, amenant l'histoire du mouvement vers 1880. Il tend à perpétuer l'idée de Siyyid Jamalu'l-Din-i-Afghani étant en quelque sorte relié avec le mouvement. Peut-être la plus intéressante partie de la brochure est un récit bien trop bref de la vie de la communauté baha'ie en perse en 1890. (61), communiqué à Andréas par le pasteur Christian Közlz, un missionnaire allemand. Le livre est principalement important pour la large attention qu'il reçut, car il fût reproduit de manière large dans les journaux allemands, et ses contenus furent notés aussi loin que la Finlande, dans un article dans le périodique "Valvoja (1897) par R. Kojanen.

* E. G. Browne.

Il est impossible dans un travail de cette nature de passer en revue de manière correcte les énormes contributions faites par le professeur Browne à l'étude de la religion du Bab et de Baha'u'llah. Il existe d'ailleurs déjà un tel travail, celui de Balyuzi "Edward Granville Browne et la foi Baha'ie".

Edward Granville Browne devint tout d'abord intéressé par la religion du Bab lorsqu'il parcourut de manière accidentelle les passages du livre de Gobineau traitant du sujet. Il devint immédiatement passionnément intéressé et en fait il dédia les six premières années de sa carrière en tant qu'orientaliste à son étude.

L'un des plus importants objectifs de son voyage en Perse en 1887-8 fût de contacter les Babis. L'histoire de comment il fût surpris de découvrir que la majorité écrasante des Babis étaient devenus des fidèles de Baha'u'llah, le voyage en 1890 qui résulta da sa rencontre avec à la fois Baha'u'llah et Mirza Yahya, Subh-Azal, son alignement avec les croyants de Mirza Yahya, et la nature décevante de son travail ultérieur est pleinement traité par Balyuzi. La liste suivante sont les travaux de Browne sur la religion babie-baha'ie :

- Livres entièrement sur le sujet:

1. "A Traveller Narrative" written to illustrate the Episode of the Bab", Cambridge 1891.

vol. 1 : le texte persan de ce livre par Abdu'l-Baha, de l'écriture de Zaynu'l-Muqarrabin. vol. 2 : la traduction de Browne de ce livre, précédé une longue et importante introduction. Après le texte, il y a un total de 26 notes, qui occupent plus de la moitié du livre et qui parlent d'un grand nombre de sujets. Ce second volume est celui auquel les références du présent travail se réfère : "A Traveller's Narrative".

2. "The Tarikh-i-Jahid" ou "New History of Mirza Ali Muhammad the Bab", Cambridge 1893.

Une traduction de cette histoire par Mirza Husayn d'Hamadan. Les appendices comprennent des abrégés des disgressions oubliées dans la traduction, une comparaison avec le Nuqtatu'l-Kaf, le texte et la traduction d'un récit par Subh-i-Azal, et certains documents originaux facsimilés.

3. "Kitab-i-Nuqtatu'l-Kaf", vol. 15 de la série "E. J. W. Gibb Memorial Series", Leyden 1910.

Le texte persan de ce travail attribué par Browne à Haji Mirza Jani. Il y a une longue introduction en anglais et un même plus longue en persan (cette dernière étant quasiment le travail de Mirza Muhammad Khan-i-Qazvini. (Balyuzi, dans "Edward Granville Browne and the Baha'i Faith", a fait remarqué de sérieuses contradictions entre les introductions anglaise et persane, qui indiquent qu'ils furent écrits par deux persones différentes, et chacune sans connaissance de ce que l'autre avait écrit. Qazvini lui-même admet la paternité de son introduction dans un article écrit par lui pour le magazine "Yadgar" - voir la bibliographie. Il existe d'ailleurs, (de sources officieuses), 3 lettres datées du 3 Oct., du 13 et du 19 Janvier 1910, de Qazvini à Browne qui indiquent clairement que ce dernier était en train d'écrire une introduction pour "Nuqtatu'l-Kaf"). Il y a aussi un index des contenus du Bayan persan.

4. "Materials for the Study of the Babi Religion", Cambridge 1918.

Un assemblage de onze sections n'ayant aucun rapport. La plupart du livre est de valeur douteuse, mais des parties telles que les documents contemporains et des papiers du gouvernement, et les récits des récentes persécutions baha'ies sont d'une grande importance.

- Livres avec des références importantes sur le sujet:

1. "A Year among the Persians", Londres 1893, réimprimé à Cambridge en 1926.

Donne un récit de son voyage en Perse en 1887-8 et il dépeint une description vivante de la communauté baha'ie en Perse, aussi bien qu'il donne certains faits historiques importants.

2. "The Persian Revolution of 1905-1910", Cambridge 1910.

Il contient une note intitulée "Attitudes des Baha'is envers la politique de Perse", (p. 424-9), qui comprend des traductions de trois tablettes d'Abdu'l-Baha sur le sujet.

3 . "A Supplementary Handlist of Muhammadan Manuscripts preserved in the Libraries of the University and Colleges of Cambridge", Cambridge 1922.

Il contient des références à 5 manuscrits relatifs à la religion Babi-Baha'i (pages 35, 239, 240).

4. "A Litterary History of Persia", vol. 4 "Modern Times" (1500- 1924) publié à Cambridge en 1924, sous le titre "A History of Persian Literature in Modern Times" (1500- 1924).

Il contient une analyse brève de poésie babi-baha'i réunie avec le texte et la traduction d'un long poème par Na'im (page 194- 220).

- Articles et papiers:

1. "The Babis of Persia". I : Résumé de leur histoire, et expériences personnelles parmi eux. II : Leur littérature et leur doctrine. (Le premier papier fût lu devant la Société royale asiatique le 15Avril 1889, le second le 17 Juin 1889. En suivant la lecture du second papier, il y avait une longue discussion qui est rapportée dans le "Journal Royal Asiatic Society", vol. 21, 1889, Pages 698- 706). "Journal of the Royal Asiatic Society", vol. 21, Londres 1889, pages 485- 526 et 881-1009.

Les résultats des recherches de Browne durant son voyage en Perse en 1887-8. Très précieux.

2. "Babisme". Un article venant de "Religious Systems of the World" (second, 1892, et les éditions après), 8ème édition, 1905, pages 333-53.

Peut-être le meilleur résumé des religions babies et baha'ies, bien qu'un travail (popular).

3. Des remarques sur les textes babis édités par le Baron Victor Rosen "Journal of the Royal Asiatic Society", vol. 24, Londres 1892, pages 259-332.

4. "Catalogue et description de 27 manuscrits babis "Journal of the Royal Asiatic Society", vol. 24, Londres 1892, pages 433- 499 et pages 637-710.

5. "Souvenirs personnels de l'insurrection babi à Zandjan en 1850", "Journal of the Royal Asiatic Society", vol. 29, Londres 1897, pages 761-827.

Des souvenirs de l'un des croyants de Azal, Aqa Abdu'l-Ahad.

6. Introduction à Mr H. Phelps "Abbas Effendi: His Life and Teachings", New York, 1903.

7. "Bab, Babis". Un article venant de Hastings "Encyclopaedia of Religion and Ethics", vol. 2, Edimbourg, pages 299-308.

8. "Babism". Un article provenant de "Encyclopaedia Britannica, 11ème édition, vol. 3, Cambridge, pages 94-5.

- D'autres références mineures dans des articles, etc:

1. Le journal de Londres "Daily News" (30 Octobre 1891, page 5) et le périodique "Pall Mall Gazette" (26 novembre 1891, page 3) rapporte des récits de l'épisode des 7 martyrs de Yazd (voir page 304).

2. "The Times" du 6 Mai 1896 (page 4), le "Daily News" du 12 Mai 1896 (page 5) et le périodique "New Review" (volume 14, Juin 1896, Pages 651-9) publièrent des lettres de Browne qui nient l'idée que l'assassin de Nasirid-Din- Shah était un baha'i (voir page 360).

3. Une révision du texte de Tumanski et une traduction du "Kitabu'l-Aqdas dans "Journal of the Royal Asiatic Society", Londres 1900, pages 354-7.

4. 2 papiers lus devant la "Sociéte de Perse" : "The Literature of Persia", Londres, 1912, références pages 33-4 et "The Religious Influence of Persia", Londres, 1914? Références pages 71-2.

5. "The Press and Poetry of Modern Persia", Cambridge, 1914, de courtes références à par exemple "Star of the West", page 59.

6. "The Persian Constitutionnal Movement", séances de la "British Academy", vol. 8, Londres 1917- 18, une brève référence page 316. Egalement imprimé séparément.

7. Monsieur "Abdu'l-Baha Abbas", "Journal of the Royal Asiatic Society", Londres, 1922, pages 145-6. Nécrologie.

- Travaux posthumes :

1. "A Persian Anthology", Londres 1927.

Edité par E. D. Ross, avec un mémoire introductif par J. B. Atkins, pages 70-73.

2. "Un catalogue descriptif des manuscrits orientaux appartenant à feu E. G. Browne, Cambridge 1932.

Un travail commencé par Browne lui-même et complété par R. A. Nicholson; les pages 53- 87 traitent de "Manuscrits shaykhis et babis" de Browne.

L'aspect le plus frappant du travail de Browne sur le mouvement babi-baha'i lorsqu'on regarde dans son ensemble est la manière avec laquelle son excitation initiale et son enthousiasme comme reflétés dans ses articles pour le "Journal of the Royal Asiatic Society" en 1889 et son "Traveller's Narrative" se transformèrent en l'approche la plus cynique et même hostile de ses travaux ultérieurs, notamment la plupart de son introduction au "Nuqtatu'l-Kaf" et son "Materials for the Study of the Babi Religion". En fait, l'utilité des ses travaux ultérieurs est gâtée par sa préoccupation de raviver une dispute qui était depuis longtemps terminée. Presque 20 ans auparavant, l'intérêt de Browne à ce sujet s'éveilla, Baha'u'llah avait exprimé la revendication d'être "Celui que Dieu manifestera", prédit par le Bab. La grande majorité des babis, comprenant les survivants parmi les Lettres du Vivant du Bab, ceux de la propre famille du Bab qui étaient des croyants, et la majorité des plus importants croyants en vie, acceptèrent cette revendication et rejetaient la piètre et guère inspirante autorité de Mirza Yahya, Subh-Azal. Ainsi, à cette époque, lorsque la religion baha'ie commençait à se renforcer et à atteindre le caractère d'une religion mondiale, lorsqu'elle gagnait des adhérents en Europe et en Amérique du Nord, lorsque son leader Abdu'l-Baha était acclamé par les personnalités dirigeantes religieuses, politiques et intellectuelles en Occident (progrès stupéfiant d'un mouvement obscur qui avait été presque été annihilé par l'Etat et le clergé de Perse seulement 50 années auparavant), Browne était encore en train de rechercher opiniâtrement des arguments stériles et hors de propos.

Pourquoi Browne décida de défendre la cause de Mirza Yahya? Parmi les raisons doivent être :

1. Le fait que le premier contact de Browne avec le mouvement babi arriva à travers sa lecture du livre de Gobineau, un travail qu'il admira grandement. Dans ce livre, l'histoire du mouvement va du temps où les dirigeants babis se réunirent à Bagdad à la suite de l'attentat sur la vie du Shah. A ce moment, Mirza Yahya était le leader désigné des babis, et les informateurs de Gobineau apparaissent avoir grandement embellis leurs récits de lui. Par conséquent, la surprise et même la déception s'exprime dans son "A Year amongst the Persians" lorsque Browne découvrit que dans les années intermédiaires, une révolution s'était déroulée parmi les babis, pour qu'il n'y ait plus jamais quelque mention de l'homme de qui Gobineau avait écrit de tels récits reluisants.

2. L'engagement croissant de Browne à une réforme libérale et le mouvement Constitutionnel en Perse occupa de manière accélérée son temps et ses énergies pour que toute chose fût maintenant jugée de ce point de vue. Browne fût particulièrement déçu lorsqu' Abdu'l-Baha ordonna aux baha'is de ne pas se mêler à la politique de cette Ere. Pour Browne, il semblait que le vrai mouvement qui avait initié et amener la voie en direction de la réforme en Perse faisait à présent demi-tour vers le processus alors que le combat final commençait.

3. En contraste aux baha'is, les disciples de Subh-i-Azal étaient des partisans intéressés, et même certains des dirigeants les plus importants du mouvement réformiste. Et ainsi, lorsque Browne devint impliqué de manière croissante avec la réforme, ses contacts avec les Azalis se multiplièrent en conséquence et ils devinrent plus importants à lui. Ils nourrirent en retour Browne avec des travaux tels que "Hasht Bihisht", qui, du résumé de ses contenus, apparaissent avoir été écrits tout d'abord pour dénigrer et diffamer Baha'u'llah et les baha'is. Bien que Browne déclara tout à fait clairement qu'il n'y avait aucune preuve de supporter les déclarations dans le "Hasht Bihisht", ni que c'était ce qu'il avait pu trouver lui-même dans ce qu'il avait observé lui-même lorsqu'il était avec Baha'u'llah et parmi les baha'is, pourtant il fît imprimé ces accusations, et elles causèrent inévitablement préjudice à ses vues dans une certaine mesure.

4. En Avril 1892, Browne tomba par hasard sur l'un des manuscrits que la Bibliothèque Nationale de Paris avait acheté de parmi les biens de Gobineau. Le titre de ce travail était "Nuqtatu'l-Kaf" mais son auteur n'était pas indiqué. Browne envoya une description du manuscrit à Mirza Yahya qui l'identifia de manière spéculative comme l'histoire écrite par Haji Mirza Jani sur les plutôt faibles raisons que "personne à part lui n'a pu écrire une telle histoire". Ni le fait que même parmi les Azalis, personne ne possédait une copie de ce travail auquel il attribue une telle importance, ni la présence de beaucoup de preuves internes dans le manuscrit pour établir la fausseté de l'idée que son auteur était Haji Mirza Jani (Ainsi par exemple à travers le manuscrit, l'auteur réfère lui-même à plusieurs reprises en tant que "celui qui est misérable",alors que dans d'autres endroits en au moins trois occasions, Haji Mirza Jani y est référé par le nom. Haji Mirza Jani tomba martyr durant l'holocauste qui a suivit l'attentat sur la vie du Shah en 1852, et aussi vers la fin du "Nuqtatu'l-Kaf, son auteur déclare que la religion babie avait des adhérents nombreux à Istanbul, ce qui aurait été déraisonnable durant la période de vie de Haji Mirza Jani et en fait ne fût pas vrai jusqu'à 1866, qui est naturellement aussi la date de la rupture entre Baha'u'llah et Mirza Yahya. Même plus convaincant, à un passage du manuscrit (p. 92 du texte publié), l'auteur donne la date actuelle à cette époque que ce passage avait été écrit comme étant 1270/ 1853 - l'année suivant la mort de Haji Mirza Jani. La date est donnée dans des mots, d'ailleurs, plus que par des chiffres, le rendant moins probable qu'il y aurait eût là quelque erreur de copie, ce qui semble avoir contrarié Browne. Dans sa base assez mauvaise, il construit un argument énorme cherchant à discréditer Baha'u'llah et établir la revendication de Mirza Yahya à la direction.

5. L'un des traits des Anglais qui est manifesté en lui-même par excellence en Browne est leur contrainte à sympathiser avec et de supporter le côté perdant, les désavantagés. Cela a été en fait la caractéristique qui avait tout d'abord attiré Browne dans les études orientales lorsqu'il était étudiant en médecine. Dans "A Year amongst the Persians", il écrit :

"Ce fût la guerre turque avec la Russie en 1877-8 qui tout d'abord attira mon attention pour l'Orient, sur lequel jusqu'à présent, je ne connaissais rien et ne portait attention à rien..... En premier mes penchants n'étaient nullement pour les Turcs; mais le côté perdant, plus particulièrement lorsqu'il continue à se battre vaillamment contre la défaite, il a toujours une attention de nôtre sympathie.
Avant la fin de la guerre, je me serais sacrifié pour sauver la Turquie, et je déplorais la chute de Plevna comme si cela avait été un désastre infligé à mon propre pays. Et ainsi, graduellement, la pitié se transforma en admiration, et l'admiration en enthousiasme, jusqu'à ce que les Turcs devinrent à mes yeux de véritables héros, et le désir de m'identifier moi-même avec leur cause.... remplit mon coeur et mon âme".

On peut discerner le même cours des évènements dans le coeur et l'âme de Browne en regard aux Azalis, qui étaient beaucoup en minorité et les "désavantagés". Dès son séjour en Perse en 1887-8, Il y eût un épisode qui indiquait les sentiments de Browne sur le sujet. Suivant une explosion complètement injustifié et véhémente contre Mirza Yahya par certains baha'is à Kirman, Browne se leva pour la défense des Azalis : J'étais tout d'abord complètement (taken aback) et quelque peu alarmé de leur véhémence, mais la colère de l'attitude injuste et intolérante envers les Azalis qu'ils adoptèrent à présent vint à mon aide, et je leur rappelais que de telles violences et une telle injustice, aussi loin de prouver leur cas, pourrait seulement faire apparaître le plus faible".

6. Le passage cité au-dessus suggère que l'attitude de certains des baha'is eux-mêmes pourrait avoir contribué au désenchantement de Browne. Le mémoire de J. B. Atkins sur Browne pointe aussi sur cela : "De ce qu'il (Browne) me dit, je jugeais que la noblesse essentielle du babisme dans sa forme première aurait fait une marque beaucoup plus profonde sur sa vie si les développements ultérieurs de la foi, et les défections de certains des babis qu'il connaissait ne l'avait pas déçu. Bien qu'il fût ravi par l'imagerie luxuriante dans la conversation de la plupart des babis qu'il rencontra en Perse, et qu'il fût endormi par la subtilité de leurs spéculations philosophiques et théologiques, il fût néanmoins conscient d'un certain dégoût de leur affirmation vaniteuse de divinité - aidé comme cela était par le vin et fumer de l'opium. (Beaucoup de ce passage se réfère aux Azalis et à certains des baha'is de Kirman. La grande majorité des baha'is de Perse étaient obéissants aux lois de Baha'u'llah interdisant à la fois le vin et l'opium, et Browne ne trouva aucune infraction de baha'is dans toute ville autre que Kirman. Ce fût à Kirman que Browne lui-même devint accroc à l'opium sous l'influence des Azalis là-bas. Ce fait augmenta certainement sa répulsion de tout l'épisode de Kirman). Il fût à la fois fasciné et dégoûté.

7. Il n'y a pas de doute que Browne vint sous une considérable critique et pression de passer tant de temps sur ce que beaucoup de gens considéraient être un sujet sans importance. Cela pourrait être la raison pourquoi J. B. Atkins, dans son mémoire sur Browne dit que Browne, bien qu'un remarquable orateur, "ne parlait pas souvent du babisme à Pembroke à l'exception de la présence de quelques amis".

Certaines des critiques étaient sans doute bienveillantes, telles que celle de Sir Denison Ross qui écrivit : "E. G. B. à cette époque était presque entièrement impliqué dans la recherche de l'origine et de l'histoire de la religion babie. C'est une matière à regret qu'il aurait dédié tant d'années aux enquêtes les plus minutieuses sur le sujet". Mais certains des critiques furent rigoureuses et désobligeantes, particulièrement la révision dans le "Oxford Magazine"de "Traveller's Narrative". L'écrivain de cette révision (qui était connu de Browne) en moins d'une page avait fait les commentaires cuisants suivants :

"La (Whole) est établie avec une minutie laborieuse et une impartialité qui est digne d'une plus importante investigation.
Pour parler franchement en tant que profane, nous devons (own) que l'histoire d'une récente secte qui affecté la partie la moins importante du monde musulman (ni cette part très profonde) et est fondée sur une revendication personnelle qui ne supporte pas de recherche pour le moment, nous semble tout à fait indigne de l'apprentissage et du travail que l'auteur a amené à porter sur cela. Une déclaration en (ex parte) de l'histoire banale, un enregistrement d'expériences pas très importantes dans des endroits facilement accessibles comme Famagouste et Acre, et une collection laborieuse et au hasard de témoignages très récents sont à peine réparés par quelques notes intéressantes et estimables sur les points de l'observance et la doctrine shiite. La présentation complète du sujet (smacks) déplaisante de (book-making); l'auteur semble déterminé dans son introduction à élever son thème à la dignité d'un mouvement religieux marquant l'époque sur le principe d'un (omne ignotum pro magnifico) et à cette fin adopte une attitude personnelle presque inconcevable dans un européen rationnel, et un style impardonnable dans un professeur d'université....

Alors que Monsieur Browne semble avoir été "(struck all of a heap ) quand il rencontrait quelque important baha'i quelque part, il avait un temps émotionnel extrêmement à Chypre et en Syrie...

Il n'y a aucun signe que Mirza Ali Muhammad quittera quelque trace permanente sur l'histoire religieuse ou politique.....nous pouvons seulement enregistrer que l'importance donnée au "Bab" est une violation absurde de la perspective historique; et la traduction de "Traveller's Narrative" une perte des pouvoirs et des opportunités d'un érudit persan".

Cette révision piqua Browne au vif. (Dans la plupart des quartiers, cependant, le livre de Brownefût favorablement reçu. Parmi ceux qui louèrent le travail de Browne était Barbier de Meynard (Journal asiatique 8 série, volume 20, 1892, pages 297-302), Vambéry ("The Academy", 12 Mars 1892, pages 245-6), Rubens Duval (Revue critique, vol. 34, 1892, pages 77-9), Paul Horn ("Literarisches Zentralblatt", 23 Juillet 1892, pages 1043-4), et Ethé ("Deutsche Literaturzeitung", 13ème série, 30 Juillet 1892, pages 1014-5). Il y eût aussi des remarques favorables dans le "Spectator" (23 Avril 1892, vol. 68, pages 560-1), et "Athenaeum" (28 Mai 1892, pages 690-1). J. B. Atkins dans son mémoire sur Browne écrit : (Atkins écrit ce commentaire en lien avec "A Year amogst the Persians", mais il n'y a aucun doute du contexte qu'il se réfère en fait à la révision dans le "Oxford Magazine" de "A Traveller's Narrative").

Un critique causa à Browne une peine considérable par une attaque sévère sur la manière du livre, particulièrement l'introduction, qu'il trouvait "inconvenante" de la part d'un professeur d'université. Browne effaça ses sentiments en construisant une petite image hideuse en bouchon, qu'il plaça sur sa cheminée, l'appelant par le nom du critique et pendant quelque temps déversant sur elle des malédictions journalières.

Même 10 ans plus tard, comme indiqué par Balyuzi, Browne était encore irrité de cette critique; dans son introduction au livre de Phelps "Abbas Effendi; His Life and Teachings", il commenta de manière révélatrice : "l'âge et l'expérience grandissant (c'est bien dommage) sont suffisamment (apt), même sans l'assistance du "Oxford Magazine", de modifier nos enthousiasmes.....

Il semblerait probable que de tels commentaires furent au moins partiellement responsables de l'intérêt décroissant de Browne , et quelque part de l'attitude hostile envers les baha'is dans les années suivantes. Ils pourraient aussi avoir résulté dans le (dropping) de certaines publications dans le champ des études babies et baha'ies, sur lesquelles il avait déjà fait un travail considérable - par exemple un texte rassemblé du "Bayan Persan" sur lequel il avait travaillé en 1892.

* A. L. M. Nicolas:

Aucun érudit européen n'a contribué autant à nôtre connaissance de la vie et des enseignements du Bab que Nicolas. Son étude de la vie du Bab et ses traductions de plusieurs importants livres du Bab restent de valeur insurpassable.
Le père de Nicolas, Jean Baptiste Nicolas, était le Consul de France en Perse, et Nicolas lui-même était né à Rasht dans le Gilan en 1864. Selon sa propre déclaration, il pouvait parler persan et russe même avant d'apprendre son français natal. Comme son père, il rejoignit le Consul français et il passa la plupart de sa vie de labeur en Perse.
Nicolas, aussi, tira son inspiration d'étude des babis de Gobineau, mais dans une manière presque diamétralement opposée à Browne. Selon une déclaration faite par Nicolas, son père s'était heurté avec Gobineau :

"Gobineau, en arrivant à la Légation, imbu de préjugés diplomatiques, méprisant ses collaborateurs, entra en lutte avec mon père au sujet d'un manuscrit acheté par celui-ci à un courtier. (Gobineau décrit J. B. Nicolas comme "un drôle" - un vaurien (lettre à sa soeur, voir Hytier "Les Dépêches Diplomatiques", page 148n). Mon père me fit à ce propos des remarques qui m'orientèrent vers l'idée de vérifier par moi-même le fond des choses. Dans ses papiers, il laissa une critique de ce livre de Gobineau "Les Religions et Les Philosophies dans l'Asie Centrale", qui m'incita à en rechercher et réfuter les erreurs, cet ouvrage ayant été écrit sans données suffisantes avec l'aide d'un Israélite (Mulla Lalizar de Hamadan) que Gobineau avait comme professeur de persan et qui ne pouvait apprendre à son élève que le peu qu'il savait de la secte. Je me documentai largement, grâce au secrétaire indigène (probablement à la Légation française) du pays Mirza Ibrahim de Téhéran, que je découvris être baha'i et qui me mit en relation avec les sectateurs.

Nicolas dans la même déclaration continue de décrire comment son intérêt dans le sujet grandit :

"J'étais aidé dans mon travail par un jeune persan, et chaque jour nous allions l'après-midi nous promener hors de la ville en sortant par la porte de Shimiran. La pureté de l'air, la sérénité, la douceur de la température, et à certaines saisons, le parfum des acacias, prédisposaient mon âme à la paix et à la douceur. Les réflexions que je me faisais sur le l'étrange livre ("Les sept Preuves" du Bab) que je traduisais m'envahirent d'une sorte d'ivresse, et je devins peu à peu, profondément et uniquement babi. Plus je me plongeais dans ces réflexions, plus j'admirais la hauteur du génie de celui qui, né à Chiraz, avait rêvé de soulever le monde musulman...".

Dans ces premiers travaux, Nicolas évita le contexte stérile sur lequel Browne s'était égaré - les revendications de Mirza Yahya, Subh-i-Azal. Dans une lettre à Browne en Mars 1902, il écrivit concernant les documents qu'il avait réuni : "Seuls ceux qui sont directement reliés au Bab m'intéresse en ce moment; si cela concerne l'histoire ou le dogme, je considère que la tâche suffit pour le moment, et je m'occuperais plus tard de l'Imamat de Subh-i-Azal et la seconde Manifestation divine en la personne de Baha'u'llah.

La première phase du travail de Nicolas pourrait être considéré avoir été complété en 1914 par la publication du dernier volume du Bayan Persan. Après cela, il y a une interruption et lorsque Nicolas commença à écrire à nouveau sur le sujet en 1933, ses articles étaient manifestement très hostiles et amers envers les baha'is et bien que non vivement recommandant les revendications de Mirza Yahya de la manière que Browne fit, Nicolas était manifestement pas défavorables à eux.

Les raisons principales de l'hostilité de Nicolas aux baha'is à cette époque apparaissent avoir été doubles. Tout d'abord, il semble avoir acquis un profond déplaisir pour le travail historique d'Abdu'l-Baha "A Traveller's Narrative", et il ne perdit aucune opportunité d'attaquer cela. Mais deuxièmement, et beaucoup plus important, Nicolas fût profondément heurté de la désobligeance et de la négligence qu'il sentait que les baha'is montraient envers le Bab. Nicolas considérait que dans "A Traveller's Narrative" et dans d'autres travaux baha'is, la station du Bab et l'importance a été déprécié, ne le rendant que l'insignifiant précurseur, le saint Jean-Baptiste de Baha'u'llah.

Vers la fin de la vie de Nicolas, cependant, il reçut des copies de deux importants travaux de Shoghi Effendi : une traduction de "la Chronique de Nabil" du Bab, et "La Dispensation de Baha'u'llah", dans lesquels la station du Bab en tant que Messager indépendant de Dieu égal en essence à Baha'u'llah est déclarée de manière emphatique. Nicolas fût naturellement ravi.
Il écrivit à la dame qui lui envoya ces livres :

"Je ne sais pas comment vous remercier ni comment exprimer la joie qui coule dans mon coeur. Ainsi, il est nécessaire non seulement d'admettre mais d'aimer et d'admirer le Bab. Pauvre grand prophète né au coeur de la Perse sans aucune instruction et qui, seul au monde, entouré d'ennemis, réussit par la force de son intelligence à créer une religion universel et sage. Que Baha'u'llah lui ait finalement succède, soit, mais je veux qu'on admire la sublimité du Bab qui a par conséquent payer de sa vie, de son sang pour les réformes qu'il prêchait. Citez-moi un autre exemple similaire. Enfin je peux mourir en paix. Glorifié soit Shoghi Effendi qui a calmé mon tourment et mes angoisses, glorifié soit-il qui reconnaît la valeur de Siyyid-Ali-Muhammad, le Bab.
Je suis si heureux que j'embrasse vos mains qui ont écrit mon adresse sur l'enveloppe qui portait le message de Shoghi. Merci mademoiselle; merci du plus profond de mon coeur".

Il est difficile d'être certain que la liste suivante représente l'ensemble des écrits de Nicolas sur le sujet des religions babies et baha'ies, lorsqu'il fait référence aux quelques travaux que l'auteur présent a été incapable de suivre et par conséquent suppose qu'il n'a jamais été imprimé. (Nicolas publia apparemment un article intitulé "Une Causerie sur le Bab", que l'éditeur a été incapable de suivre. Il y a aussi une référence dans "Quelques documents relatifs au Babisme" (voir la liste qui suit) à un travail que Nicolas avait préparé pour une publication intitulé "La voie douloureuse de Siyyid Ali-Muhammad, dit le Bab" qu'il décrit en tant "inséré avec de nombreux documents non publiés" maus qu'aucun éditeur n'a accepté. L'article "Quelques Documents" par conséquent consiste en quelques extraits de ce long travail, qui probablement ne fût jamais publié).

* Histoire:

"Siyyid Ali Mohammed dit le Bab", Paris 1905, 458 pages.

Une histoire du mouvement babi jusqu'en 1852. Nicolas donne une liste des sources pour ce livre pages 48-53. Il es intéressant de noter que parmi ses sources orales, il y a 4 des leaders baha'is de cette période, qui ont été désigné par Baha'u'llah comme "Mains de la Cause" : Mirza Ali-Muhammad, Ibn-i-Asdaq; Mulla Ali-Akbar-i-Shahmirzadi, Haji Akhund; Mirza Muhammad-Taqiy-i-Abhari; Ibn-i-Abhar; et Mirza Hasan-i-Adib. Les deux autres sources orales nommées sont Siyyid Ismu'llah, qui était probablement Siyyid Mihdiy-i-Dijahi, et Mirza Yahya, Subh-i-Azal.

- Traductions des Ecrits du Bab:

1. "Le Livre des Sept Preuves", Paris 1902, 68 pages.

Une traduction du "Dala'il-i-Sab'ih.

2. "Le Bayan Arabe", Paris 1905, 235 pages.

Une traduction du Bayan arabe.

3. "Le Bayan Persan", 4 vol., Paris 1911-14.

Une traduction du Bayan persan.

- Monographes:

1. "Qui est le successeur du Bab ?", Paris 1933, 16 pages.

Ecrit pour démontrer que Mirza Yahya était le vrai successeur du Bab.

2. "Massacres de Babis en Perse", Paris 1936, 42 pages.

Des récits des plusieurs des plus importantes persécutions et martyres des babis et des baha'is. Cités beaucoup dans le présent travail.

- Articles:

1. "A propos de deux manuscrits babis de la Bibliothèque Nationale", "Revue de l'histoire des Religions", volume 47, Paris 1903, pages 58-73.

En ce qui concerne les manuscrits controversés du "Nuqtatu'l-Kaf.

2. "Sur la Volonté Primitive et l'Essence Divine d'après le Bab"; "Revue de l'histoire des Religions", volume 55, Paris 1907, pages 208-12.

Une version abrégée d'une longue note par Nicolas expliquant certains des mots dans les Ecrits babis.

3. "Le Club de la Fraternité", "Revue du monde Musulman", volume 13, Paris 1911, pages 180-184.

Une traduction d'un article par Atrpet dans le journal arménien "Sourhandag" réfutant l'idée que les baha'is jouèrent une part importante dans les soulèvements constitutionnels.

4. "Le Dossier russo-anglais de Siyyid Ali Mohammed dit le Bab", "Revue du monde musulman", volume 14, Paris 1911, pages 357-63.

Des documents trouvés dans les Consulats britannique et russe à Tabriz relatifs à l'épisode du Bab; souvent cité dans le présent travail.

5. "Abdu'l-Béha et la situation", "Revue du monde Musulman", volume 21, Paris 1912, pages 261-7.

Traduction d'un article dans un journal persan "Fikr" qui contient un échange prétendue de lettres entre Abdu'l-Baha et Mirza Ghaffar Zanuzi. Publié sous le pseudonyme "Ghilan".

6. "Le Béhahis et le Bab", "Journal asiatique", volume 222, Paris 1933, pages 257-64.

7. "Quelques documents relatifs au Babisme", "Journal asiatique", volume 224, Paris 1934, pages 107-42.

Des extraits des travaux du Bab, aussi bien que des correspondances du gouvernement persan.

8. "Le Bab astronome", "Revue de l'histoire des Religions", volume 114, Paris 1936, pages 99-101.

- Autres érudits français:

En dehors de Nicolas, il y avait plusieurs autres érudits français qui prirent un intérêt actif dans la religion babi-baha'ie. Hippolyte Dreyfus était lui-même baha'i et l'auteur de plusieurs livres, d'articles et de traductions d'un haut niveau d'érudition sur ce sujet.

Des importants orientalistes français, Clément Huart écrivit largement sur la nouvelle religion. Selon une source, Huart étudia le persan à Istanbul sous Mirza Aqa Khan-i-Kirmani, qui était un Azali et le gendre de Mirza Yahya, Subh-i-Azal. Cela expliquerait la documentation azalie qu'Huart utilise dans son livre "La Religion du Bab". En plus de ce travail, Huart contribua à l'entrée du mot "Bab", "babi" et "Baha'u'llah" pour l'encyclopédie de l'Islam (1913); écrivit plusieurs articles et révisa de manière régulière chaque important livre de la religion babie-baha'ie qui était publié. Le "Journal Asiatique" a trois de ces révisions entre 1909 et 1918; la "Revue de l'histoire des Religions" a 11 de ces révisions entre 1904 et 1924.

* Erudits russes:

Les deux décennies 1890-1910 virent un grande somme de travail faite par des orientalistes dans plusieurs pays différents sur la religion babie et baha'ie. En Grande-Bretagne et en France, les deux principales figures étaient respectivement Browne et Nicolas. Ces deux écrivains s'intéressèrent tout d'abord aux évènements du Ministre du Bab, et aussi loin qu'ils parlèrent de développements ultérieurs, tendirent en faveur de Mirza Yahya. En Russie, cependant, l'accent était sur les Ecrits de Baha'u'llah.

Le premier des deux importants érudits russes à traiter beaucoup de la religion baha'ie fût le Baron Victor Rosen. Il avait d'abord parlé de la nouvelle religion en 1876-86 lorsqu'il catalogua les manuscrits persans et arabes à l'Institut des Langues orientales du Ministère des Affaires étrangères de Russie. Ils consistaient en 4 manuscrits, 2 babis et 2 baha'is. (Les fonctionnaires du Consulat de Russie semblent avoir été particulièrement zélés en réunissant des manuscrits importants. Dans "Collections scientifiques, vol. 3 : Les Manuscrits Persans" (page 50), Rosen liste les 9 manuscrits babis et baha'is alors dans des collections différentes à Saint-Pétersbourg : 4 à l'Institut des Langues orientales du Ministère des Affaires étrangères de Russie, réunis par V. Bezobrazov, consul-général à Tabriz; 1 dans le Musée asiatique de l'Académie des Sciences réunis par Bakulin, Consul à Astarabad; l'un dans la Bibliothèque publique impériale réuni par Khanykov, Consul à Tabriz (page 16); 3 appartenant à Rosen lui-même, l'un d'eux fût obtenu par Ivan G. Grigorovitch, premier drogman à Téhéran, de la bibliothèque de Ali-Quli Mirza, I'tadadu's-Saltanih, et 2 par Vladimir Ignatiev, second drogman au Consulat d'Astarabad. Il y avait aussi le manuscrit du soulèvement de Shaykh Tabarsi réuni par Dorn dans la bibliothèque publique impériale (page 15). George Batyushkov, qui était Consul général de Russie à Beyrouth et qui voyagea en Perse écrivit avec l'aide de Grigorovitch un article intitulé "Babidy: Persidskaya Sekta". Il réunit aussi une copie du "Kitabu'l-Aqdas et un manuscrit des travaux de Tahereh pour le Musée asiatique. D'autres qui aidèrent par des informations supplémentaires d'érudits russes comprend A. D. Levitsky, drogman du Consulat d'Astarabad, P. O. Orlov, drogman au bureau diplomatique à Boukhara, et Melnikov, secrétaire de la mission de Téhéran. Voir aussi Sevrugin et Mochenin (page 26-7) et des informations ultérieures avec Bakulin (page 43). Un autre nom qui pourrait bien être cité ici est celui de Monsieur Gamazov, chef de la section des Langues Orientales du département asiatique du Ministère des Affaires étrangères. Selon Tumanski, Gamazov fût la première personne après Mirza Kazem-Beg à commencer de porter attention à la nouvelle religion et encourage d'autres à l'étudie). Ayant seulement Mirza Kaem-Beg, Gobineau et des travaux similaires avant lui et n'ayant aucune information sur des développements ultérieurs, Rosen eût de grandes difficultés en décrivant "le Livre de la certitude" de Baha'u'llah et la "Suratu'l-Haykal" dans ces catalogues. Plus tard, lorsque Browne publia ses papiers sur les babis et les baha'is, Rosen fût capable de donner un récit plus complet de ceux-ci et d'autres manuscrits. Rosen continua à publier d'autres importants travaux sur ce sujet, le dernier, une collection des tablettes de Baha'u'llah étant publiée à titre posthume.

Le second important érudit russe était le capitaine Alexander Tumanski qui avait selon ses propres déclarations entendu tout d'abord parler des baha'is à travers un récit dans "Reclu's Universal Geography" qu'il avait lu pendant qu'il étudiait pour l'examen d'entrée du cours d'officier à la section d'entrainement militaire des Langues Orientales. Mais c'était en hiver 1889-90, lorsqu'il lût un récit du martyre de Haji Muhammad Rida à Ishqabad et la manière avec laquelle les baha'is étaient intervenus de la part des meurtriers page 297) qu'il se détermina à étudier la religion de plus près. L'été suivant, il demanda une permission spéciale pour avancer en Transcaspienne, et là-bas, il rencontra les baha'is d'Ishqabad. Il cite trois baha'is comme l'ayant particulièrement aidé dans ses études de la religion : Mirza Abdu'l-Karim-i-Ardibili (Asadov), Mirza Yusif-i-Rashti et Ustad Ali-Akbar. Dans ses études ultérieures, Tumanski vint en contact avec le plus grand des érudit baha'i Mirza Abu'l-Fadl-i-Gulpaygani, et il fût ainsi dans la position d'obtenir les informations les plus détaillées et les plus justes sur la nouvelle religion.

Cela étant un bref survol, seule une liste des principaux travaux de ces érudits seront donnés ici : (Zapiski dénote ici le "Zapitski Vostochnago Otdeleniya Imperatorskago Russkago Arkheologicheskago Obshestva" édité par Rosen. L'endroit de la publication (throughout) est Saint Pétersbourg.

- Rosen:

1. "Collections scientifiques de l'Institut des Langues Orientales du Ministère des Affaires Etrangères", volume 1, "Manuscrits Arabes 1877, pages 179-212. vol. 3 "Manuscrits Persans" 1886, pages 1-51; vol. 6, "Manuscrits Arabes 1891, pages 141-255.

2. "Pervuy sbornik poslanii Babida Behaullakha" (une première collection des tablettes du babi, Baha'u'llah), Section Historico-philologique de l'Académie impériale de Saint Pétersbourg, 1908, 186 pages.

Une collection des textes de 63 tablettes de Baha'u'llah.

3. "Novuiya Babidskiya rukopisi" (certains des manuscrits des nouveaux babis), Zapiski, vol. 4, 1889, pages 112-14.

4. "Poslanie : "Blagiya Vesti". Plus sur la "Lawh-i-Bisharat" dans Zapiski, vol. 7, 1892, pages 183-92.

5. "Eschche o poslanii "Blagiya Vesti". Plus sur la "Lawh-i-Bisharat" dans Zapiski, vol. 7, 1892, pages 311-16.

6. "Babidsky antikholernuy talisman" (Un talisman babi anti-choléra) Zapiski, vol. 7, 1892, pages 317-18.

7. Une révision de Browne "A traveller's Narrative" et 3 autres articles de Browne dans Zapiski, vol.7, 1892, pages 370-75.

- Tumanski:

1. "Kitabe Akdes", Zapiski Imperatorskoy Academii Nauk S. Petersburg (Mémoires de l'Académie Impériale des Sciences de St Pétersbourg, 8ème série, vol. 3, n° 6, 1899.

Un texte arabe de Baha'u'llah "Kitabu'l-Aqdas (69 pages) avec une longue introduction (48 pages), une traduction russe et des notes d'autres tablettes (129 pages).

2. "Dva poslednikh Babidskikh otkroveniiya (2 tablettes récentes de babies), zapiski, vol. 6, 1891, pages 314-21.

3. "Poslednee slovo Bekha-ullui (la dernière tablette de Baha'u'llah), Zapiski, vol. 7, 1892, pages 193-203.

Elle contient le texte et la traduction du "Kitab-i-Ahd (Livre du Covenant) aussi bien qu'un poème de Andalib sur la mort de Baha'u'llah.

4. "Iz pis'ma", A. G. Tumanskago (de la lettre de A. G. Tumanski), Zapiski, vol. 7, 1892, pages 310-311.

5. "K vosprosu ob avtorakh istorii babidov, izvestnoi pod imenem Tarikhe Manushchi,... ili Tarikhe Dzhedid.... (l'auteur de l'histoire connu sous le nom de "Tarikh-i-Manukji ou Tarikh-i-Jadid, Zapiski, vol. 8, 1893, pages 33-45.

- Zhukovski:

Une mention doit être aussi faite de deux importants articles en russe, à la fois par le professeur V. A. Zhukovski qui voyagea en Perse en 1883-5.

1. "Nedavnya kazni babidov v gorode Ezde" (Exécutions récentes de babis à Yazd). Basé sur un document fournit par Vladimir Ignatiev du Consulat d'Astarabad.

2. "Rossiyskii Imperatorskii Konsul F. A. Bakulin v istorii izucheniya babizma" (le Consul impérial russe F. A. Bakulin dans l'histoire des études babies).

Cela est un article extrêmement intéressant. Feodor Abramovich Bakulin diplomé de l'Institut de Lazareskaya en 1865. Après avoir servi en tant que secrétaire drogman à Astarabad et Tabriz, il devint Consul à Astarabad où il resta jusqu'à sa mort le 30 Mars 1879. En 1912, les papiers de Bakulin furent présentés à Zhukovski par sa famille. Parmi ses papiers était un album de dessins comprenant l'un avec une inscription en français "Les restes du Bab et de son disciple tués à Tabriz (Abdu'l-Baha dans "A Traveller's Narrrative" (page 45) et Nabil dans sa chronique (Grande-Bretagne, pages 377-8, Etats-Unis pages 518-19) relate à la fois ce qui suivit le martyre du Bab, le Consul russe à Tabriz demanda qu'un croquis soit fait des restes du Bab et de son disciple. Depuis que Bakulin était au Consulat de Tabriz, il pourrait bien avoir obtenu le croquis ou une copie de celle-ci là-bas) avec des écrits de Tahereh, et de la correspondance avec Baumgarten qui était aussi en train d'étudier la nouvelle religion dans le Khurasan.

* Erudits allemands:

Il n'y avait pas en Allemagne quelque érudit qui dédia autant d'attention à la religion babie-baha'ie que Browne, Nicolas ou Tumanski, mais néanmoins un nombre d'intéressants travaux émergea de ce pays. Le plus en vue parmi ceux-là était une dissertation doctorale d'Hermann Roemer dans la Faculté philosophique de l'Université de Tübingen, qui fût publié en 1911 sous le titre "Die Babi-Beha'i". C'est un examen très approfondi du mouvement et amène l'histoire jusqu'à la date de publication comprenant un survol des activités baha'ies en Europe, en Amérique du Nord et le Moyen-Orient. Le journal allemand "Der Islam" publia aussi plusieurs articles.

1. "Verhältnis des Bab zu früheren Sufi Lehrern" (relation du Bab au tôt l'enseignement sufi), par I. Goldziher.

2. "Révision de "Materials for the Study of the Babi Religion" par H. Ritter. Comprend un fac-similé d'une tablette d'Abdu'l-Baha avec traduction.

3. "Von Babismus in Deutschland" par R. Mielk.

* Diplomates et Hommes d'Etat:

Vers la dernière décennie du 19ème siècle, la scène diplomatique à Téhéran apparaît avoir été changée grandement. En 1850, il y avait seulement trois missions diplomatiques. En dehors de l'Ambassade de Turquie, et des Ministres Russes et britanniques, il y avait maintenant des Ministres Français, des Allemands, des Autrichiens, des Américains, des Belges, des Hollandais et des Italiens. Mais en réalité, rien n'avait beaucoup changé. La Grande-Bretagne et la Russie étaient encore en train de jouer "le grand jeu", manoeuvrant pour une influence et une domination à la Cour des Qajars, pendant que le reste des Légations, comme il était dit, comptait les points. A travers un réseau de Consuls et d'agents du pays, la Grande-Bretagne et la Russie avaient complètement pénétrées la Perse tout entière. Beaucoup de conversations qui eurent lieu entre le Shah et Ses Ministres seront reportées aux Ministres britanniques et russes. A peine un important télégramme passera entre le Shah et ses gouverneurs provinciaux mais son texte sera placé sur le bureau de l'un de ces deux Ministres peu de temps après. Souvent ils furent mieux informés sur ce qui se passait dans les provinces que le Shah lui-même.

Le premier Ministre des Etats-Unis en Perse fût Samuel Benjamin, qui était en Perse de 1883 à 1885. Dans son livre "Persia and the Persians", Benjamin donne un récit des babis. Ce récit, écrit avant les enquêtes de Browne, qui avait révélé l'évolution des babis en baha'is est rempli d'erreurs, mais il reconnaît le nombre grandissant et l'influence de la nouvelle religion :

"Mais la plus remarquable secte maintenant en Perse est probablement celle des babis, ou disciples du Bab. Leur importance n'est pas tant du au fait de leurs nombres ou de l'influence politique, comme du fait que la secte est d'origine récente, pleine de zèle prosthétique, et gagnant des convertis chaque jour dans toute la Perse, et dernièrement aussi en Turquie. Les babis présentent l'un des plus importants phénomènes religieux de cet âge. Il doit être admis cependant, qu'ils ressemblent très fortement dans leurs vues communistes aux doctrines énoncés par le célèbre Mazdak, qui fût exécuté par Chosroes Ier après avoir amené l'empire au bord de la destruction par la propagation de ses principes anarchiques...
A cette doctrine fût ajouté un socialisme qui formule l'égalité de tous, balayant les classes sociales et les distinctions, et ordonnant une communauté de propriété et aussi tout d'abord de femmes....
En Perse le titre du chef actuel de la secte est Subh-i-Azal. Comme sa croyance pour le Bab est un secret, son nom n'est pas mentionné dans cette correspondance. De tous ce que j'ai pu réunir de diverses sources, il semble sûr de supposer que les babis de Perse sont maintenant à peu près, sinon tout à fait de 4000 croyants. Ils se trouvent parmi toutes les couches de la société, et c'est étrange à dire, des adhérents sont gagnés parmi le clergé aussi bien que les laïcs. Jusqu'à maintenant, il semble y avoir une activité inhabituelle parmi les babis; des émissaires ou des missionnaires sont secrètement en train d'envahir le pays, non seulement en cherchant à faire des prosélytes mais aussi en présentant des modifications dans la croyance. La communauté de femmes n'est pas (no longer) un principe pratiqué, tandis qu'il est proclamé avec une insistance croissante que le Bab n'est nul autre que Dieu lui-même rendu manifeste dans la chair".

Si la vision exprimée dans le récit au-dessus de Benjamin devait être pris comme typique de la communauté européenne à Téhéran au début des années 1880, il apparaîtrait que leurs idées sur le mouvement babi-baha'i avait à peine progressé pendant les jours de Sheil au début de 1850 en dépit des efforts de Gobineau. Les mêmes déclarations à propos de Mazdak, de la "communauté de femmes" et ainsi de suite envahiraient le récit, et il semble être seulement une faible conscience de l'évolution d'une grande portée du mouvement durant cette période.

Lorsque Sir Henry Drummond Wolff arriva en premier à Téhéran en 1888 comme Ministre britannique là-bas, il apparaît qu'il était mal informé sur les baha'is. Il les relia avec Siyyid Jamalu'd-Din-i-Afghani, l'adversaire du Pan-Islamisme. Suite à un mémorandum sur le mouvement par le colonel Ross au Marquis de Salisbury, il écrit :

"Le colonel Ross compare le babisme au nihilisme et dans la gazette de MacGregor de Perse, il est décrit comme "une religion contre les formes établies". J'ai un petit doute qu'un homme nommé Djellaledin, un Afghan qui erre vers la frontière nord soit un membre de cette secte. C'était un grand ami d'Arabi (Urabi Pasha, le dirigeant nationaliste égyptien qui se révolta contre l'hégémonie britannique sur l'Egypte)".

"L'un des livres les plus remarquables jamais apparu est "Persia and the Persian Question" par George Nathaniel Curzon (plus tard Lord Curzon de Kedleston). Que quelqu'un qui passa seulement un total de 2 ans et demi en Perse (Bien qu'il ait été établit que Curzon fût six mois en Perse (voir par exemple Denis Wright "The English among the Persians, page 165), si on remarque les dates en début de ses lettres au Times écrites sur ce voyage, il sera vu qu'il était à Ishqabad le 10 octobre 1889, au début de son voyage à travers la Perse, et le 31 décembre, il était à Basra ,ayant complété le voyage) et qui n'avait aucune connaissance de la langue puisse produire un récit si détaillé et si perspicace du pays est l'évidence de ce pouvoir intellectuel qui allait quelque temps plus tard dominer la politique britannique étrangère.

Il n'est pas clair dans quelle mesure si (any) Curzon communiqua avec les baha'is pendant qu'il était en Perse (L'éditeur est de l'opinion qu'il n'y avait une telle communication. Curzon ne donne aucun récit des baha'is dans ses lettres au Times écrites durant le voyage (excepté pour une référence passée aux martyres du Roi des martyres et du Bien-Aimé des martyres). Il semble probable que ce fût seulement à son retour en Angleterre et sa lecture de l'article de Browne dans le "Journal of the Royal Asiatic Society" qu'il décida de dédier quelque place à ce sujet dans son livre), mais à son retour, il apparaît avoir fait une recherche minutieuse de la littérature disponible, et le récit de 7 pages de la nouvelle religion trouvé dans son livre est parmi les plus perspicace et équilibré qui ait jamais paru.

Dans ses remarques d'ouverture sur le sujet, Curzon déclare que des écrivains précédents avaient fait beaucoup d'erreurs sur le "mouvement babi", et dans deux notes en bas de pages, il donne une bibliographie sélective des récits les plus vrais de la nouvelle religion et une histoire du mouvement jusqu'en 1852. Puis il trace le développement futur du mouvement et déclare qu'un dix neuvième des babis sont maintenant des disciples de Baha'u'llah. Curzon continue avec une estimation de la force de la communauté baha'ie en Perse (page 248) et il déclare :

"Si une conclusion plus que tout autre a été avancée sur nôtre remarque par la rétrospective à laquelle je me suis prêté, c'est celle d'une dévotion sublime et sans bruit qui a été inculqué par cette nouvelle foi, quelle qu'elle soit. C'est, je crois, mais un exemple d'un babi s'étant rétracté sous pression ou menace de souffrances, et il revint à la foi et fût exécuté deux ans après. Des récits d'héroïsme magnifique illuminent les pages ensanglantés de l'histoire babie. Ignorants et illettrés comme beaucoup sont et ont été de ces fervents, ils sont pourtant préparés à mourir pour leur religion, et les feux de Smithfield n'allumèrent pas un plus noble courage qu'ont rencontré et défié les faiseurs tortures les plus raffinés de Téhéran. Alors, il n'est pas de petit récit qui doit être les principes d'une foi qui peut éveiller en ses croyants un esprit d'autosacrifice".

Curzon, par conséquent, continue d'examiner les principes de la nouvelle religion, et en faisant ainsi table rase de beaucoup d'idées fausses des précédents écrivains :

"Des faits que ce Babisme dans ses premières années se trouva lui-même en conflit avec les pouvoirs civils, et qu'un attentat fût commis par des babis sur la vie du Shah, il en a été faussement déduit que le mouvement était d'origine politique et nihiliste de caractère. Il n'apparait pas de l'étude des écrits ni du Bab ou de ses successeurs, qu'il y ait une fondation pour une telle suspicion. La persécution du gouvernement très tôt conduisit les adhérents de la nouvelle foi en une attitude de rébellion; et dans l'exaspération produit par la lutte, et par la férocité avec lesquels les droits de conquête furent exercés par les vainqueurs, il n'était pas surprenant si des mains fanatiques furent trouvées prêtes à mettre le souverain à terre. A cette époque, les babis étaient également loyaux avec les autres sujets de la Couronne. Ni il apparaît une plus grande justice dans les accusations de socialisme, de communisme, et d'immoralité, qui aient si librement été élevées à la jeune persuasion. Certainement (no such) idées en tant que communisme dans le sentiment européen, une redistribution de force de la propriété, ou en tant que socialisme dans le sentiment du 19ème siècle, la défaite du capital par le travail entra à jamais dans le cerveau du Bab ou de ses disciples. Le seul communisme connu et recommandé par lui était celui du Nouveau Testament, et les premières églises chrétiennes, (viz.), le partage des biens en commun par les membres de la foi, et l'exercice du don de la charité. L'accusation d'immoralité semble avoir s'être élevée en partie des inventions calomnieuses des adversaires, en partie de la plus grande liberté proclamée pour les femmes par le Bab, ce qui dans l'esprit oriental est à peine dissociable de la débauche de conduite...
Le Bab et Beha dans leurs écrits ont enjoint l'abandon du voile, l'abolition du divorce, de la polygamie et du concubinage, en d'autres mots du harem, et une plus grande liberté d'action pour le sexe féminin. Ils recommandent un système d'assistance publique, mais ils déclarent la guerre à la mendicité.... Regardé de manière large, le Babisme pourrait être défini comme une foi de charité, et presque d'humanité commune. L'amour fraternel, la gentillesse pour les enfants, une courtoisie alliée avec la dignité, la sociabilité, l'hospitalité, la liberté envers la bigoterie, l'attitude amicale même envers les Chrétiens sont compris dans ses principes. Que chaque babi reconnaisse ou observe ces préceptes serait une affirmation idiote; mais laissons un prophète, si son évangile doit être en question être juge par son propre prêche.".

Finalement Curzon conclut : "Si le Babisme continue à grandir à sa présente vitesse de progression, le temps pourrait être envisagé où il évincera l'Islam du champ de la Perse...".

Sir Thomas Gordon qui était Secrétaire militaire et plus tard Attaché à la Légation britannique à Téhéran en 1889-93, retourna en Perse en 1895 et écrivit un livre intitulé "Persia revisited". Son récit des Baha'is est beaucoup plus exacte que la plupart et il contient une longue description des troubles et des martyres à Ispahan et à Yazd en 1890-91 durant le temps où l'auteur était à Téhéran. Cependant, jamais, même dans ce livre il y a des idées exprimées qui sont très loin de la vérité. Ainsi, il déclare : ...il est crédible que maintenant une éducation suffisante par laquelle lire et écrire est absolument nécessaire pour le membre.... Il a été dit qu'ils croyaient en la réincarnation de l'âme...

* Les babis et les baha'is dans la littérature:

Comme il a été déjà mentionné, la première à incorporer les évènements spectaculaires de l'histoire babie et baha'ie dans un travail littéraire fût Marie von Najmajer.

Eça de Queiros est généralement connu comme l'un des plus grands romanciers portugais. Il essaya de provoquer une réforme sociale au Portugal dans la dernière moitié du 19ème siècle à travers ses romans. "A Correspondencia de Fradique Mendes" est quelque chose de différent de ses autres travaux. Il crée un caractère intelligent et perspicace nommé Fradique Mendes qui voyage dans divers endroits et écrit sur eux à ses amis et ses relations - le but sous-jacent étant de démontrer les maux dans la société portugaise. Il est dit que Eça de Queiros modela le caractère de Fradique Mendes sur lui-même, et qu'il se révèle lui-même plus clairement dans ce livre que dans tout autre de ses écrits. Introduisant le caractère de Fradique Mendes, il écrit de leur rencontre au Caire:

"En laissant le Moujik, nous étions en train de flâner (along) lorsque soudainement Fradique Mendes s'arrêta et de manière très cérémonieuse échangea un salut - cette salutation orientale dans laquelle les doigts touchent trois endroits, le front, la bouche et le coeur - avec un jeune homme pale aux yeux radieux. Ce fût vraiment renvoyé et je lui reprochais son intimité avec "cet homme avec une tunique verte et un couvre-chef en mitre persan. "
"C'est l'un des ulémas de Bagdad, d'une ancienne lignée et d'une intelligence supérieure", dit Fradique, "et l'un des personnalités les plus élégantes et les plus captivantes que j'ai rencontré en Perse".
Puis, avec une familiarité qui avait commencé à grandir entre nous, je demandai à Fradique ce qui l'avait retenu ainsi en Perse pendant une année et un jour, juste comme dans les contes de fées. Et Fradique confessa avec toute sa sincérité qu'il s'était attardé longtemps sur les rives de l'Euphrate car il était rentré en contact par hasard avec un mouvement religieux appelée Babisme, qui depuis 1849 s'était développé "et avait déjà triomphé en Perse. Bien qu'attiré par cette nouvelle secte par une curiosité critique, et souhaitant aussi observer comment une nouvelle religion était née et établie, il commença progressivement à prendre un très vif intérêt dans le babisme - pas tant par ce qu'il admirait sa doctrine, mais à cause du dévouement de ses apôtres. Le babisme, me dit-il, alors que nous suivions un chemin plus tranquille, plus favorable pour l'échange de confidences, démarra par Mirza Muhammad (Mirza Ali-Muhammad, dit le Bab), l'un de ces Messie qui se sont levés (every day) ou (so) dans l'incessante agitation religieuse de l'Orient, où la religion est l'occupation suprême et la plus préférée de la vie...
Fradique, qui à Bagdad, était devenu familier avec l'un des plus actif et des plus érudit apôtres du babisme, "Said-el-Souriz" (dont il avait guéri un enfant de la malaria par une application de sels purgatifs), me suggéra un jour, tandis qu'ils parlaient tous les deux sur la terrasse sur ces choses de grand intérêt spirituel, l'idée de propager le babisme parmi les agriculteurs de la vallée du Nil et les nomades de Libye. Parmi ces personnes de la secte sunnite, le babisme trouvait un champ aisé pour la conversion, et suivant le progrès traditionnel de mouvements sectaires en Orient (comme partout ailleurs), s'élèvera des masses sincères de la population jusqu'aux classes cultivées. Peut-être cette nouvelle vague d'émotion religieuse commençant avec le fellahin et le bédouin serait capable de pénétrer les salles de certaines des mosquées du Caire, particulièrement la mosquée de Al-Azhar, la grande université de l'Orient, où les plus jeunes ulémas forment un groupe d'enthousiastes toujours à la recherche d'innovations et de débats apostoliques. Gagnant là-bas leur autorité théologique et leur raffinement littéraire, le babisme pourrait alors attaqué avec avantage la vieille forteresse du dogmatisme musulman. Cette idée avait pénétrée profondément en Said-El-Souriz. Ce pâle jeune homme avec qui lui (Fradique) avait échangé un salut serait bientôt envoyé en tant qu'émissaire babiste à Madinat-Abu (l'ancienne Thèbes), pour sonder Shaykh Ali-Husayn, un homme d'influence décisive à travers la vallée du Nil à cause de sa sagesse et de ses vertus; et lui, Fradique, n'ayant pour le moment aucune occupation en Occident qui l'attirait, et plein de curiosité au sujet de cette venue pittoresque, allait aussi partir pour Thèbes en programmant de rencontrer les babistes à la pâleur de la lune à Bani-Suif sur le Nil...
Je ne me souviens pas, après tant d'années, si c'étaient les faits exacts. Je sais seulement que ces révélations par Fradique, poussées en moi durant la fête au Caire, m'impressionnèrent de manière indicible. Pendant qu'il parlait du Bab, et de cette mission apostolique au vieux Shaykh de Thèbes, et de l'augmentation d'une autre foi dans le monde musulman avec ses propres processions de martyres et d'extases, et de la possible fondation d'un empire babiste - ce personnage (le Bab), prit de grandes proportions dans mon esprit. Je n'avais jamais connu quiconque impliqué dans de telles conditions d'exaltation, et je sentais moi-même à la fois fier et intimidé d'avoir eu ce sublime secret confié. Je n'aurais pas été plus remué si j'avais, à la veille du départ de Saint Paul pour la Grèce de prendre le Verbe aux Gentils, marchant avec eux à travers les rues étroites de Séleucie, en écoutant ses espoirs et ses rêves.
Alors que nous discutions de cette façon, nous entrâmes dans les enceintes de la mosquée de Al-Azhar, où la splendeur et la fête très stridente de Bayram allait être célébrée. Mais déjà les surprises de cette fête musulmane manquèrent de retenir mon attention - ni les mendiants dansant au milieu de la splendeur vermillon et d'or, ni les poètes du désert récitant les faits héroïques de Antar, ni les derviches sous leurs tentes en lin, hurlant Dieu dans des louanges rythmées. Envahi par les pensées du Bab, je retournais en silence dans mon esprit le désir confus d'entreprendre l'aventure de cette campagne spirituelle! Devrais-je partir pour Thèbes avec Fradique? Pourquoi pas? J'étais jeune, j'étais enthousiaste. Ce serait plus viril et noble de démarrer une carrière d'évangéliste en Orient que de retourner humblement à la banale Lisbonne et écrire des rames de papiers sous un éclairage au gaz pour la gazette du Portugal! Petit à petit ce désir, comme de l'eau prêt à bouillir, changea lentement dans la vapeur d'une vision. Je me voyais moi-même devenir un disciple du Bab, recevant de l'uléma de Bagdad la nuit même une initiation à la vérité. Maintenant que j'étais prêt à proclamer et à propager le mot babiste, où devrais-je aller? Au Portugal, naturellement, apportant ce salut aux âmes qui me sont chères. Comme Saint Paul, J'embarquerai sur une coquerie; des tempêtes assailliront sa proue apostolique; l'image du Bab m'apparaîtrait au-dessus des eaux, et son regard serein remplirait mon âme d'une force invincible! Un jour, finalement, j'apercevais la terre, et dans la claire lumière du matin, le bateau fendait les eaux limpides de la rivière Tagus où depuis de nombreux siècles aucun apôtre de Dieu n'était entré. Encore à une distance, j'hurlai une insulte aux églises de Lisbonne, aux bâtiments appartenant à l'ancienne et moins pure foi. Je débarquai. Et, ayant quitté mes bagages dans une indifférence presque divine aux biens terrestres, j'avançai vers cette célèbre rue Alécrim au milieu du Square Loreto à la même heure où les directeurs généraux marchent lentement vers les arcades, j'ouvris mes bras en grand et m'écria : "Je suis la Porte!".
Bien, après tout, je ne m'immergerai pas moi-même dans cet apostolat babiste; mais il se passa qu'emporté par ces rêves fantastiques, je perdis Fradique, et je ne pus retrouver le chemin du retour à l'hôtel Shepard - ne pouvant même pas non plus demander car je ne connaissais aucun autre mot d'arabe plus utile qu'eau" et "amour" ".

"A Correspondencia de Fradique Mendes" apparût en 1889. A cette époque, il n'y avait pas beaucoup de grande somme de documentation disponibles sur les religions babies et baha'ies. Seul le livre de Gobineau pourrait avoir inspiré un tel passage. Mais dans l'extrait du dessus, Eça de Queiros montre qu'il est au courant de la propagation de la nouvelle religion en Egypte et sa propagation là-bas - information qui n'est pas dérivé du livre de Gobineau. Il semblerait possible à l'éditeur que durant son voyage en Egypte d'octobre 1869 à Janvier 1870, Eça de Queiros pourrait être entré en contact avec les baha'is là-bas, et cela pourrait l'avoir inspiré pour écrire le passage ci-dessus. Il pourrait être noté qu'il pose sa rencontre fictive avec Fradique Mendes en Egypte en 1871.

Même plus remarquable, en d'autres manières que la référence de Eça de Queiros aux babis est le livre "Un Amour au Pays des Mages (1891), un roman montrant une toile de fond des évènements spectaculaires de l'histoire babie. L'histoire tourne autour d'une romance entre un pauvre derviche, Ali, et la fille d'un mujtahid de Qazvin, Nuru'd-Din; les évènements dans l'histoire babie qui forment la toile de fond de l'histoire comprennent le soulèvement de Zanjan, le martyre du Bab et l'holocauste qui a suivit l'attentat sur la vie du Shah. L'auteur de ce travail, A. de Saint-Quentin, n'était pas une figure littéraire, en fait c'est le seul roman de lui que l'éditeur a été capable de trouver. (Un autre travail, "Le Feu et l'Eau, deux récits dramatiques" (1893) est listé dans le catalogue de la Bibliothèque Nationale, Paris, tandis que "Bibliography of Persia" de Wilson liste "Notes d'un voyage dans les montagnes de l'Elbrouz et le Mazendéran" (1859).

Durant les années 1890, il y eût une reprise de l'intérêt dans le mouvement babi-baha'i dans les cercles intellectuels et littéraires en Europe, allumée, peut-être par la publication des travaux de Browne. Jules Bois, auteur, poète et critique littéraire écrivant dans le périodique américain "Forum" en 1925 attesta :

"Toute l'Europe fût secouée de pitié et d'indignation. L'évènement (le martyre du Bab) eût lieu le 9 Juillet 1850; parmi les littérateurs de ma génération dans le Paris de 1890, le martyre du Bab était encore un sujet aussi nouveau qu'avaient été les premières nouvelles de sa mort. Nous écrivîmes des poèmes sur lui. Sarah Bernhardt supplia Catulle Mendès de faire une pièce de théâtre sur le thème de cette tragédie historique. Alors que nous manquions de fournir un spectacle "Sa Sainteté la Pure" qui parle de l'histoire d'une autre célèbre martyre de la même cause, - une femme, Quarratu'l-Ayn, la Jeanne d'Arc persane et la dirigeante de l'émancipation de la femme en Orient".

En 1911, E. S. Stevens (plus tard Lady Drover) publia un roman plus long "La Montagne de Dieu" qui tournait autour des vies de la communauté baha'ie dans la zone de Haïfa-Akka. Ce roman est en fait seulement peu déguisé en tant que fiction et la plupart des caractères dedans peuvent être facilement identifiés. Il est basé sur les expériences de l'écrivain lui-même lorsqu'il passa six mois à Haïfa. "Abdu'l-Baha lui-même, bien qu'apparaissant seulement une fois en personne dans le livre envahit tout le livre par l'influence qu'il exerce sur les caractères.

L'année suivante, un écrivain américain, Gertrude Atherton, publia "Julia France and Her Times". Dans ce roman, l'héroïne, Julia France va à Akka pour rencontrer Abdu'l-Baha et retourne en Angleterre pour essayer de persuader son ami Nigel, un auteur, d'écrire sur les baha'is.

Une mention doit être finalement faite de certains travaux littéraires russes se référant aux babis et aux baha'is. En mai 1903, Isabella Grineskaya publia à Saint Pétersbourg un poème dramatique en 5 actes appelé "Le Bab". Ce poème fût reçu de manière enthousiaste en Russie et fût joué dans l'un des théâtres principaux de Saint Pétersbourg en janvier 1904. (Après la Révolution de Février, il fût à nouveau joué dans le théâtre Folk à Léningrad en Avril 1917). Le travail qui semble avoir été inspiré principalement par les écrits de Browne est historiquement très inexact, l'écrivain ayant déformé les faits historiques pour rehausser les effets spectaculaires (Ainsi une romance entre le Bab et "Houret" (Qurratu'l-Ayn, Tahereh) forme l'un des thèmes de l'histoire, le Bab étant devenu un enfant adoptif du père de Houret et ayant ainsi grandi avec elle). Comme résultat de ce travail, Madame Grinevskaya vint en contact avec les baha'is résidant en Russie et en particulier avec Mirza Ali-Akbar Nakhjavani à Bakou. Mais ce fût un russe, Nicolas Zazuline, président de la noblesse à Kishinef qui lui conseilla d'écrire un autre travail similaire sur Baha'u'llah. Ainsi elle fit et il fût publié en 1912 et à nouveau reçu des critiques favorables. Madame Grinevskaya voyagea elle-même en Egypte et rencontra Abdu'l-Baha là-bas en 1911. Elle écrivit un récit de ce voyage nommé "A Journey in the Countries of the Sun". Un qui était compétent pour juger la valeur du travail littéraire de Grinevskaya était Gabriel de Wesselitski, l'écrivain et le journaliste russe. Dans un pamphlet intitulé "A New Great Russian Poet" (un discours délivré devant l'Association de Presse étrangère le 15 Février 1907), Wesselitsky, écrivant sur "Le Bab" de Grinevskaya déclare :
"Je fus.... autrefois frappé par la rare combinaison de pensée philosophique avec un grand pouvoir d'expression, de beauté de langage et d'harmonie dans les vers. Je sentais avec enthousiasme le délice de lire un nouveau grand poème et de découvrir une nouvelle poétesse excellente".

Des louanges pour le travail de Grinevskaya vinrent d'une origine même plus éminente, Léon Tolstoï. Wesselitsky écrit : "Durant l'été de cette année (1903), le grand critique russe Stassoff rendit visite à Tolstoï à Yasnaia Poliana, le trouvant profondément immergé en lisant la dramatique "Le Bab" et il fût chargé par lui de donner son appréciation admirative à son auteur".

* Les voyages en Occident d'Abdu'l-Baha.

Dans la période considérée dans ce travail, 1844-1944, l'extension de la connaissance publique et de la conscience en Occident que le mouvement babi et baha'i subit deux grands cycles d'ascension et de chute. Commencé dans une complète obscurité en tant que secte orientale persécutée, il vint un peu en lumière à travers l'holocauste qui a suivit l'attentat sur la vie du Shah. Mais ce fût Gobineau qui, avec son livre "Religions et Philosophies" amena la nouvelle religion à l'attention de l'Occident vers la fin de l'année 1860 comme un mouvement digne d'étude et d'admiration. Cependant, l'effort remarquable de pionnier de Gobineau dans ce domaine ne fût pas suivit tout de suite, et ainsi le sujet tomba encore une fois dans l'obscurité. Les écrits de Browne dans les premières années de 1890 causèrent un certain regain d'intérêt, mais c'était limité principalement aux cercles académiques.
Durant la première décennie du 20ème siècle, il y eût un intérêt croissant en la nouvelle religion principalement par les efforts de la petite communauté de baha'is en Amérique du Nord et en Europe, mais le point culminant indubitablement de ce processus fût les voyages en Occident d'Abdu'l-Baha en 1911-13. Par ces voyages, une quantité sans précédent de publicité fût donné à la Foi baha'ie dans les journaux et les périodiques à travers l'Occident (voir chapitre 23).
Par conséquent, la Foi semble être devenue un sujet de conversation dans nombre de cercles et elle est mentionnée dans la littérature et d'autres écrits de cette période. Cet intérêt se poursuivit pendant un temps, mais progressivement, après la mort d'Abdu'l-Baha durant les années 1920, il commença à décliner.

* Erudits et Ecrivains:

Le grand intérêt dans les cercles intellectuels européens pour le mouvement babi-baha'i avait atteint son apogée suite à la publication du livre de Gobineau en 1865 mais il avait commencé à décliner une nouvelle fois lorsque les travaux de Browne commencèrent à apparaître. Ce qui provoqua un regain d'intérêt dans la nouvelle religion peut être vu dans la lettre suivante datée du 1 avril 1893 d'une figure académique le plus en vue alors en vie, le docteur Benjamin Jowett, Maître au Collège de Baillol. La lettre était destinée à la Comtesse de Wemyss :

"Oui, je vous envoie "L'épisode du Bab" (Browne, "A Traveller's Narrative"), si vous voulez l'accepter et peut-être le lire. Il me semble que c'est le passage le plus curieux dans l'histoire de la religion qui ce soit passé dans les temps modernes. (Bab, ou "La Porte" était un prophète qui fût martyrisé dans nôtre vie dans les années 1852). J'ai souvent entendu parler de lui de Tourguenieff (Turgenev, l'important romancier russe qui était à Oxford en 1879 pour recevoir un titre honorifique) d'un persan vivant à Baillol, (Abu'l-Qasim Khan, Nasiru'l-Mulk, plus tard homme d'état persan important qui devint Premier Ministre. Sa grand-mère était devenue babie après avoir parlé avec Tahereh à Hamadan) et du Général Stuart (Probablement il s'agit du Général Charles Stewart, auteur de "Through Persia in Disguise". Cet homme connaissait certainement des baha'is et il présenta un rapport sur eux à la Société Missionnaire Chrétienne. Il pourrait en toute impartialité avoir été décrit comme un agent secret britannique. Il était à Oxford en 1880), qui était un agent secret dans ces régions, mais aucun récit complet de lui n'a été publié à part celui-ci. Il me semble plus être le récit des Evangiles qu'autre chose que j'aurai lu. Lire particulièrement le récit de la femme Koratelaim (Qurratu'l-Ayn) qui était d'une grande beauté et une poétesse persane populaire".

On devrait noter que suite à Turgenev, on peut en déduire que la religion babie-baha'ie était une source d'intérêt dans les cercles littéraires russes dès le début de 1870.

Une autre grande figure qui prit un profond intérêt dans le mouvement baha'i était le professeur T. K. Cheyne (voir page 11). Son intérêt s'éveilla vers la fin de sa vie lorsqu'il entra en contact avec plusieurs baha'is et en particulier Lutfu'llah Hakim et Lady Blomfield. Abdu'l-Baha fût l'hôte de Cheyne à Oxford le 31 décembre 1912 et ce fût principalement du aux efforts de ce dernier qu'Abdu'l-Baha donna une telle réception notable à Oxford.

Le dernier travail important de Cheyne "The Reconciliation of Races and Religions" est dédié comme une large mesure à la Foi baha'ie, et il est même regardé par certains comme étant devenu baha'i. Son bibliographe écrit :

"Sa position théologique devint dans ses dernières années de plus en plus indéterminé. Son dernier travail "The Reconciliation of Races and Religions"ne concernait pas l'Ancien Testament, mais était digne d'attention pour sa sympathie pour le babisme et le mouvement baha'i. Il parlait encore de lui-même comme un chrétien anglican mais.... on devrait se demander si il pourrait être regardé en tant que chrétien.... mais au moins son coeur était mis dans les plus hautes choses, et dans un monde torturé par la lutte des nations et distrait par le conflit des religions, il chérissait la vision d'unité et de paix".

Dans son livre "Reconciliation of Races and Religions", Cheyne écrivit à Baha'u'llah :

"Là-bas vivait tout à fait dernièrement un être humain d'une telle excellence consommée que beaucoup pensaient qu'il est à la fois permissif et inévitable de l'identifier de manière mystique avec l'invisible direction divine. Admettons, comme le disent certaines personnes que Jésus était la vraie image de Dieu. Mais il vécut à son propre âge et avec son propre peuple; le Jésus des critiques n'a pas beaucoup à dire et aucun problème de vertu rédemptrice de lui à nous. Mais la "Perfection Bénie" comme Baha'u'llah se fait appelé, vit à nôtre âge et il offre sa fête spirituelle aux hommes de toutes les populations. Son histoire, aussi, n'est passible d'aucune diminution des mains des critiques simplement parce que les actes de sa vie sont certains. Il a maintenant disparu de nôtre vue, mais il est encore dans le monde idéal, une image réelle de Dieu et un amoureux vrai de l'homme, et il aide en direction des réformes de tous ceux manifestant des abus qui cachent le ferme établissement du Royaume de Dieu...
S'il y a eu un prophète dans les temps récents, c'est vers Baha'u'llah que nous devons nous tourner.... Le caractère est le jugement final. Beha'u'llah était un homme de la plus haute classe - celle des prophètes. Mais il était libre de la dernière infirmité d'esprits nobles et il voulait certainement ne pas se séparer lui-même des autres. Il avait compris le dicton : "Dieu voudrait que tous les peuples du Seigneur soient des prophètes". Ce qu'il veut dire, cependant, est très fin, "Je ne désire l'autorité sur les autres; je désire que tous les hommes soient même comme je suis".

En ce qui concerne le Bab, Cheyne écrit :

"Un tel de ces prophètes était le Bab: nous l'appelons "prophète" faute d'un meilleur nom; "oui, je vous dis un prophète et plus qu'un prophète". Son mélange de douceur et de pouvoir est si rare que nous avons à le placer dans une ligne d'homme supra normal.... Nous apprenons qu'à des grands moments de sa carrière après qu'il ait été dans une extase, un tel rayonnement de puissance et de majesté émanait de son visage que personne ne pouvait supporter de regarder l'effulgence de sa gloire et de sa beauté. Ni c'était un évènement peu commun pour des incroyants de se baisser involontairement en obéissance humble en contemplant Sa Sainteté...
L'esprit doux du Bab est sûrement en haut dans les cycles de l'éternité. Qui peut manquer, comme le dit le professeur Browne, d'être attiré par lui".

Un troisième théologien et érudit d'Oxford à parler et à écrire du mouvement baha'i était le professeur J. E. Carpenter. Le 31 décembre 1912, lorsque 'Abdu'l-Baha vint à Oxford à l'invitation du professeur Cheyne, Carpenter tint une réunion pour lui au collège de Manchester et présida à la réunion, donna des mots de Cheyne "un discours admirable". Dans sa "Comparative Religion", Carpenter écrit :

"De cette subtile race (les persans) est issue le plus remarquable mouvement que l'Islam moderne a produit..... La nouvelle Foi déclare qu'il n'y a de fin dans la révélation et pendant qu'en reconnaissant le Coran comme un produit des révélations passées, réclama incarner une nouvelle manifestation de la divine unité. Porté à Chicago en 1893 par un babi marchand, il réussit en s'établissant lui-même aux Etats-Unis; et ses missionnaires ont gagné de nouveaux adhérents en Inde. Il revendique aussi être un enseignement universel; il a déjà sa noble armée de martyres et de livres saints; il a en Perse, au milieu de ses misères, donner naissance à une religion qui englobera le monde".

Le grand romancier français Romain Rolland, vainqueur du prix Nobel de littérature, cite Abdu'l-Baha de "Some Answered Questions" dans son roman Clérambault. Il était grandement intéressé par les baha'is et visita le centre baha'i à Genève aussi bien qu'il correspondit avec Tolstoï et Forel à propos des baha'is. Dans une lettre écrite en 1918, il déclare :

"J'ai appris tout d'abord du bahaïsme (développement du Babisme) à Genève, où ils tinrent une réunion de croyants dans la doctrine sur le 19ème siècle de chaque mois...
Il est ou il veut être une fusion de toutes les religions de l'Orient et de L'Occident. Il ne renie personne, il les accepte tous. Il est au-dessus d'une éthique religieuse, qui ne conçoit pas de religion sans la mettre en pratique, et qui cherche à rester en accord avec la science et la raison, sans culte ni prêtres. Le premier devoir est que chacun ait une profession; le travail est sacré, c'est une bénédiction divine.
J'ai remarqué une analogie avec la science chrétienne. Dans mon esprit, je préfère le Baha'isme. Je le trouve plus souple et plus subtile. Et il offre à l'imagination poétique une riche fête. Ses racines sont (sink) dans les grands rêves métaphysiques de l'Orient. Il y a certaines pages lumineuses dans les discours de St Jean d'Acre ("Some Answered Questions") d'Abdu'l-Baha. Baha'u'llah, un prisonnier, lui succéda en écrivant et en répondant par certaines tablettes d'une beauté admirable et morale sous le nom de "l'Opprimé"...

Le remarquable romancier et philosophe Léon Tolstoï était aussi beaucoup intéressé par le mouvement baha'i. Il n'est pas clair comment il entendit pour la première fois parler du mouvement mais il était déjà certainement familier avec lui lorsqu'en 1901, Gabriel Sacy, (en ce qui concerne cet homme, voir Browne page 185-6) un baha'i d'Egypte lui écrivit. Dans sa réponse, Tolstoï déclara :

"Le babisme m'intéressait depuis longtemps. J'ai lu tout ce qui est relatif à lui dans ce qui m'était accessible".

Tolstoï écrivit en 1901 à un homme d'état persan, Arfa'ud-Dawlih :
"Je crois que dans toute chose, comme parmi vous en Perse avec les babis, il y a des personnes qui professent la vraie religion et ce en dépit des persécutions auxquelles ces personnes sont toujours et partout exposées, leurs idées se propagent elles-mêmes de plus en plus et elles triompheront à la fin à travers la barbarie et la férocité des gouvernements et par dessus tout, à travers la tromperie dans laquelle ils essayent de tenir leurs peuples".

A l'automne de 1901, Tolstoï fût visité par le docteur Cleanthes Nicolaides, un allemand de Berlin qui avait voyagé en Perse. En ce qui concerne sa visite, il écrivit qu'il avait trouvé Tolstoï travaillant sur un nouveau livre. Des baha'is, Tolstoï a dit :
"Les enseignements du fondateur de la secte babie représente d'un côté une position intermédiaire entre l'Islam et le Christianisme, et de l'autre côté des buts de libérer l'homme de tout esclavage spirituel. La principale tâche qu'il essaye d'accomplir est la plus haute éducation de l'individu alors que les autres religions restreignent ou même retardent les qualités spirituelles. Le babisme n'a pas de hiérarchie, mais à la place des objectifs pour éduquer chaque croyant individuel de devenir une personne complète, d'être un combattant pour la liberté et l'avancement moral de l'humanité".

En septembre 1902, Mirza Azizu'llah Jadhdhab, un baha'i important du Khurasan rendit visite à Tolstoï à Yasnaya Polyana, sur les instructions d'Abdu'l-Baha et il parla à Tolstoï de la religion baha'ie.

En 1903, le drame poétique de Grinevskaya "Le Bab" était publié et trouva son chemin dans les mains de Tolstoï (voir page 51). Dans une lettre à Grinevskaya, Tolstoï écrit :
"J'ai eu connaissance des babis depuis longtemps et je suis beaucoup intéressé par leurs enseignements. Il me semble qu'ils ont un grand avenir... Parce qu'ils ont jeté les superstructures artificielles qui séparent (les religions) les unes des autres et ont l'objectif d'unir toute l'humanité en une seule religion... Et par conséquent du fait qu'il éduque l'homme à la fraternité et à l'égalité et aux sacrifices de leurs désirs sensuels dans le service à Dieu, je sympathise avec le babisme de tout mon coeur".

Encore jusqu'à la fin de 1908, Tolstoï écrivit à Fridul Khan Wadalbekov :
"Les enseignements des babis qui nous viennent en dehors de l'Islam se sont progressivement développés et maintenant nous présente avec la forme la plus haute et la plus pure de doctrine religieuse".

Cependant les idées de Tolstoï sur la religion baha'ie n'étaient pas complètement optimistes. Dans un article par le docteur Nicolaides cité au-dessus, il donne la déclaration suivante : "Et pourtant j'ai été très déçu par cette nouvelle formation religieuse car elle a montré qu'elle aussi, sans l'aide d'un pouvoir d'état extérieur et des moyens de contrainte, est incapable, de gagner une influence dans la profondeur des masses des gens et de porter ce peuple avec elle à des grands actes".

Le distingué naturaliste, sociologue et philosophe suisse Auguste Forel entendit parler de la foi baha'ie pour la première fois en 1920 et il fût le destinataire d'une tablette célèbre d'Abdu'l-Baha. En 1927, au moment d'une période de persécution des baha'is en Perse, Forel écrivit au Ministère des Affaires Etrangères, amenant le sujet à leur attention. Avant sa mort en 1931, il avait préparé un testament spirituel qui fût lu à ses funérailles. Il comprenait le passage suivant :
"Dans les années 20, à Karlsruhe, je fis tout d'abord connaissance avec la religion mondiale supra confessionnel des baha'i fondée en Orient il y a 70 ans par le persan Baha'u'llah. C'est la vraie religion du bien-être de l'humanité, elle n'a ni prêtres ni dogmes, et elle relie ensemble tous les êtres humains qui habitent ce petit globe. Je suis devenu baha'i. Puisse cette religion continuer et être couronnée de succès; c'est mon désir le plus ardent".

Bien que comme il a été mentionné dans l'introduction, aucun orientaliste européen après Browne n'ait fait beaucoup de recherches sur le mouvement baha'i, plusieurs ont fait des références intéressantes à leurs propres expériences du mouvement. Le grand orientaliste danois, le professeur Arthur Christensen fait allusion très chaudement à ses expériences parmi les baha'is d'Iran lorsqu'il visita ce pays (voir son "Hinsides det Kaspiske Hav", chapitre 10). Il contribua aussi à des articles dans le danois "Dansk Tidsskrift" (1903) et le suédois "Nordisk Tidskrift" (1911) sur la nouvelle religion. Sir Denisson Ross, professeur de persan à l'université de Londres, écrit dans son "Both Ends of the Candle" de ses réunions avec les baha'is à Bakou et Téhéran : "

"Bien que comme il a été mentionné dans l'introduction, aucun orientaliste européen après Browne n'a fait beaucoup de recherches sur le mouvement baha'i, plusieurs ont fait des références intéressantes à leurs propres expériences du mouvement. Le grand orientaliste danois, le professeur Arthur Christensen s'en rapporte très chaleureusement à ses expériences parmi les baha'is d'Iran lorsqu'il visita ce pays. (Voir son "Hinsides det Kaspicke Hav", chapitre 10). Il contribua aussi à des articles dans le "Dansk Tidsskrift" danois (1903) et le "Nordisk Tidskrift" suédois (1911) sur la nouvelle religion. Sir Denisson Ross, professeur de persan à l'université de Londres écrit dans son "Both Ends of the Candle" de ses réunions avec les baha'is à Bakou et Téhéran : "Merci aux écrits d'Edward Browne, je fus profondément intéressé dans le mouvement baha'i qui était maintenant devenu le mouvement baha'i. Ces réunions (des baha'is de Téhéran) me donnèrent le plaisir intellectuel le plus vif ; car les discussions étaient toutes sur la religion et la philosophie..... Ross écrivit aussi un bref récit de la nouvelle religion pour le "North American Review".

En 1939, l'orientaliste russe Mikhail Sergeevich Ivanov publia sa thèse qui fût soumis à l'université de Léningrad pour le diplome "Candidat en science historique" (à peu près un ph. D), "Babidskie vosstaniya v Irane" (1848- 1852). (Soulèvements babis en Iran 1848-1852). La partie principale du livre s'efforce de décrire le mouvement babi en termes d'influences économiques et de philosophie Marxiste-Léniniste. D'un plus grand intérêt sur un point de vue historique est que l'auteur avait accès aux Archives du gouvernement russe et qu'il a publié dans ce livre les dépêches pertinentes de Dolgoroukov, le Ministre russe à Téhéran durant les soulèvements babis. Ces dépêches ont été largement citées à travers la section B de ce travail (voir page XIX).

* Opposants de la foi baha'ie:

Bien que l'opposition à la religion baha'ie ait été un trait notable de l'histoire du mouvement en Orient, l'opposition en Occident fût beaucoup plus lente à se mettre en place. De manière prévisible, l'opposition principale vint des églises et en particulier de ces prêtres qui étaient ou avaient été missionnaires en Orient. L'un de ces missionnaires, l'américain James Bassett, fût l'un des premiers à rapporter dans un livre le fait que Baha'u'llah était à présent le dirigeant des babis en Perse (voir aussi page 244) : dans "Persia, The land of the Imams", il écrit :

"Mirza Hosein Ale de la province du Mazandaran et pour le moment résident à Téhéran était un agent ou le (vakiel) du Bab au moment de la mort de cet homme à Tabriz. Il s'enfuit de Téhéran mais il fût arrêté à Constantinople et durant plusieurs années a été confiné à Akka en Syrie. Il professait être le Bab et il est très généralement reconnu par tous qui à présent s'attachent aux principes de cette secte en Perse. Dans sa forteresse, il reçoit les contributions des fidèles, professe faire un miracle en preuve de sa divinité en écrivant un millier de lettres dans un espace de temps incroyablement court et il envoie ses décrets aux rois et aux populations dans beaucoup d'endroits".

Il y eût d'ailleurs un autre missionnaire américain, le Révérend H. H. Jessup qui était l'auteur d'un papier citant Baha'u'llah qui fût lu au Parlement des Religions à Chicago le 23 septembre 1893 : un évènement qui est souvent indiqué comme la première marche de l'avancement de la Foi Baha'ie en Occident.

Mais plus tard, alors que le nombre de croyants en Occident augmenta et que la Foi devient établie, l'opposition s'éleva et des prêtres chrétiens et des missionnaires tels que Wilson, Frame, Rees, Easton, Vatralsky et même Jessup écrivirent des articles et des livres contre la nouvelle religion. (Les relations entre la communauté baha'ie et les missionnaires chrétiens est le sujet d'un essai par le rédacteur qui il l'espère sera bientôt publié).

* D'autres récits:

Vers le début des années 1890, et particulièrement avec l'établissement de communautés baha'ies en Europe et en Amérique du Nord, il y eût une grande quantité de références à la nouvelle religion. Seuls quelques uns des plus intéressants récits peuvent être cités dans les limites de l'espace disponible.

Le docteur Feuvrier fût le médecin personnel pendant trois ans au début des années 1890. Dans la description de son séjour en Perse "Trois Ans à la Cour de Perse", il s'en réfère aux babis et aux baha'is alors qu'il écrit de Zanjan :

"Le sang de ces martyres, on me le dit par la personne qui me raconta ces tristes évènements, avaient fait plus pour la cause du babisme que leurs prêches. Bien que les babis (no longer) ne se faisaient eux-mêmes connaître ouvertement, ils ont (no fewer) d'eux dans toutes la Perse; ils ont même certains dans la Cour, même dans l'entourage de sa Majesté.
De ce que j'ai appris des moeurs des babis, de l'honorable rôle qu'il assigne à la femme dans la famille, je suis obligé de conclure que c'est pitoyable que cette religion, inspirée par les idées philosophiques les plus élevées, n'est pas prévalue en Perse".

Sir Valentine Chirol était l'un des commentateurs les plus respecté au Moyen Orient et en Inde de sa génération (voir aussi page 222). Pendant 12 ans, il fût le directeur étranger du "Times". Dans son livre "The Middle Eastern Question", un chapitre est intitulé "The Revival of Babism".

Dans ce chapitre il écrit :

"Que le mouvement qui porte le nom apostolique de la religion martyre qui fût mis à mort à Tabriz il y a plus de 50 ans soit encore une force vivante en Perse est presque universellement reconnu. Mais dans quelle mesure et sous quelle forme cette force est probablement de faire elle-même de manière décisive (felt opinions) diffère très grandement...
Une communication régulière est gardée entre la Perse et Akka, à la fois par les pèlerinages et les messagers confidentiels; et les livres sacrés de Baha'u'llah et d'Abdu'l-Baha sont largement lus par les communautés babis. Que ces dernières sont encore très nombreuses et se répandent à travers en long et en large de la Perse, il n'y a aucun doute. Dans toutes les grandes villes, à Chiraz et à Yazd, à Ispahan et à Tabriz, et même dans la capitale, leurs adhérents se retrouvent parmi toutes les couches de la population, parmi les fonctionnaires et les soldats, parmi les marchands et les artisans, aussi bien que parmi les plus modestes des personnes. Parmi la population rurale aussi, et particulièrement dans les villages autour d'Ispahan, de Kum et de Kashan, et à travers le Khurasan, ils sont en grand nombre. Leur force totale est estimée par les autorités compétentes à presque un demi-million ou 20% de la population totale en Perse. Mais de telles estimations doivent être largement des suppositions, car la plupart des babis convaincus ne peuvent ouvertement faire profession de leur foi; et il est difficile de distinguer entre ceux qui ont pleinement accepté les enseignements religieux du babisme et ceux qui sympathisent simplement avec ses tendances réformistes.... La tendance prédominante en ce moment est le fait de donner de l'importance à l'éthique plutôt qu'à l'aspect théologique du babisme, et de ce dernier point de vue, de mettre l'accent sur les vérités essentielles qui sous-tendent toutes "manifestations" d'origine divine plutôt que les formes extérieures qui les différencient. La nouvelle dispensation devrait par conséquent, il est revendiqué, être principalement regardée comme la continuation et l'accomplissement des dispensations mosaïque, chrétienne et musulmane. Les juifs n'attendent-ils pas encore le Messie promis, les chrétiens le second avènement du Christ, les musulmans l'apparition du Mahdi? Mais le babisme est la "manifestation", ils sont tous également espérés, et l'évolution qu'ele a subi, même dans la courte période depuis que le Bab donna son premier message au monde, prévient toute revendication à une finalité doctrinale rigide. Les babis professent certainement et dans la mesure de leurs opportunités limitées, ont pratiqué la tolérance et le bien envers tous, les chrétiens et les juifs, les soufis et les zoroastriens, et ils parlent avec enthousiasme de la fraternité universelle de l'homme et un millénaire dans lequel les combats et les guerres civiles cesseront.
Socialement, l'un des traits les plus intéressants du babisme est l'élévation de la femme sur un plan beaucoup plus élevé qu'il est habituellement admis en Orient. Le Bab lui-même avait ni plus ni moins dédié un disciple que la belle et douée femme, connue comme Kurrat-el-Ain, la "Consolation des Yeux" qui, ayant partagé tous les dangers des premières missions apostoliques dans le nord, défia et souffrit la mort avec une force virile, comme l'un des sept martyres de Téhéran. (en fait en 1852 après l'attentat sur la vie du Shah (voir page 132ff). Aucune mémoire n'est plus profondément vénérée ou n'allume un plus grand enthousiasme qu'elle, et l'influence qu'elle exerça durant sa vie (enures) encore son sexe. Ces femmes, dont l'orthodoxie de l'Islam crédite à peine de la possession d'une âme, qui sont librement admises aux réunions des babis, donnent à leurs ennemis les mullas d'amples occasions de blasphémer. Mais ils n'ont jamais produit un titre d'évidence en soutien de leurs vagues charges d'immoralité qu'ils ont voulu amener contre les croyants de la nouvelle foi. Le communisme et le socialisme leur sont souvent imputés et certains apparaissent avoir emprunté de l'Occident la terminologie de démocratie avancée".

L'une des analyses les plus équilibrée des religions babies et baha'ies se passe dans le récit d'un belge, Auguste Bricteux, de son séjour en Perse "Au Pays du Lion et du Soleil" (1908). Un chapitre entier "La Religion nouvelle" est dédié au sujet. Au début du chapitre, Bricteux écrit :

"Ce qui suit est seulement la traduction fidèle d'un exposé de la doctrine babie qui m'a été dictée, à ma requête, par l'un des plus important homme de la secte. Je suis obligé de cacher son nom pour des raisons que le lecteur comprendra assez aisément. En tout cas, je peux affirmer que l'auteur est l'un des luminaires de la nouvelle foi et qu'il n'y a pas un écrit persan ou arabe relatifs au babisme et au baha'isme qu'il n'ait étudié en profondeur.
En Russie aussi, plusieurs écrivains commencèrent à tourner leur attention vers la Foi baha'ie. S. I. Umanets écrivit plusieurs articles sur la Foi babie et baha'ie et aussi une brochure intitulée "Sovremenniy Babizm" (babisme contemporain) (1904). Dans celui-ci, il réfute l'allégation des journaux russes que l'assassinat de Nasiru'd-Din-Shah fût perpétré par un babi, et il parle de l'évolution du mouvement babi qui a été un peu plus qu'une secte de l'Islam en la Foi baha'ie qui pourrait être regardée comme une religion indépendante. Un autre écrivain qui est intéressé est l'arménien Sargis Mubagajian, Atrpet. De son livre "Imanat : Strana Poklonnikov Imamov" (Imanat : Le pays des adorateurs des Imams) (1909), la seconde moitié est dédié à une considération des babis et des baha'is. Un grand nombre de photographies et de dessins accompagnent le texte comprenant trois du Bab (on le montre suspendu pour l'exécution), deux de Qurratu'l-Ayn et une de Haji Sulayman Khan. Malheureusement, ces photographies ont été enlevées et reproduit dans d'autres livres et ont permis de gagner de l'argent en dépit du fait que certaines (et peut-être toutes) d'entre elles sont de fabrication évidente."

* La Reine de Roumanie:

Il ne serait pas possible de conclure un survol de l'opinion occidentale sur la Foi baha'ie dans la période 1844-1944 sans inclure une mention de la Reine de Roumanie (voir figure 7). L'une des plus remarquables femmes du 20ème siècle, cette grande Reine fût assaillie vers la dernière partie de sa vie par une série de tragédies personnelles. Ce fût juste au début de cette période de tristesse que la Reine Marie rencontra d'abord la Foi baha'ie. Martha Root, décrit par Shoghi Effendi comme l'ambassadrice principale" "de la Foi de Baha'u'llah, était la source du premier contact de la Reine Marie avec la religion. Pendant qu'elle visitait Bucarest en 1926, Martha Root envoya à la Reine une copie de "Baha'u'llah et l'Ere nouvelle" du docteur Esslemont. Cela fût suivit par une audience le 30 janvier 1926. Que la réponse de la Reine Marie au message de Baha'u'llah fût une acceptation immédiate, enthousiaste et courageuse peut être vue de l'article suivant publié en son nom dans le "Toronto Daily Star" quelque temps plus tard, le 4 mai 1926 :

"Une femme m'a amené l'autre jour un livre. Je l'épelle en lettre capitale car c'est un livre glorieux d'amour et de bonté, de force et de beauté.
Elle me le donna car elle avait appris que j'avais du chagrin et de la tristesse et elle voulait m'aider..... Elle le mit dans mes mains disant : "Vous semblez mener la vie comme dans les enseignements". Et lorsque j'ouvris le livre, je vis le nom d'Abdu'l-Baha, prophète d'amour et de douceur, et de son père le grand enseignant de la bonne volonté et de la compréhension internationale - d'une religion qui relie toutes les croyances.
Leurs écrits sont un grand cri vers la paix, atteignant au-delà de toutes les limites des frontières, au-dessus des rites et des dogmes. C'est une religion basée sur l'esprit interne de Dieu, sur la grande (not-to-be) vérité (overcome) que Dieu est amour, signifie juste cela. IL enseigne que toutes les haines, les intrigues, les suspicions, les mots diaboliques, même tout le patriotisme agressif sont en dehors de la seule loi essentielle de Dieu et que ces croyances spéciales ne sont pas des choses en surface bien que le coeur qui bat avec l'amour divin ne connaisse ni tribu ni race.
C'est un message merveilleux que Baha'u'llah et son fils Abdu'l-Baha nous ont donnés. Ils ne l'ont pas mis de manière agressive, sachant que le germe d'éternelle vérité qui ment à son coeur ne peut prendre racine et se propager.
Il y a seulement une grande vérité en cela : l'amour, le mobile principal de toute énergie, de toute tolérance les uns envers les autres, se connaissant les uns les autres, s'aidant les uns les autres, se pardonnant les uns aux autres.
C'est le message du Christ renouvelé presque dans les mêmes mots, mais adapté aux mille ans et plus de différence qui s'étend entre l'année 1 et aujourd'hui. Aucun homme ne peut manquer d'être meilleur à cause de ce livre.
Je le recommande à tous. Si jamais le nom de Baha'u'llah ou d'Abdu'l-Baha vient à vôtre attention, ne rejetez pas leurs écrits loin de vous. Cherchez partout leurs livres, et laissez leurs mots et leurs leçons glorieux, porteurs de paix, créateur d'amour qui coulent dans vos coeurs comme ils coulent dans le mien.
(One's) jour chargé pourrait sembler trop plein pour la religion. Ou quelqu'un pourrait avoir une religion qui le satisfasse. Mais les enseignements de ces hommes doux, sages et gentils sont compatibles avec toutes les religions et avec aucune religion.
Cherchez-les, et soyez les plus heureux...".

Lorsque Shoghi Effendi reçu les nouvelles de cette expression spontanée des sentiments de la Reine à l'égard de la Foi baha'ie, il lui écrivit en exprimant sa "joie admirable et la gratitude" et des baha'is à la fois de l'Orient et de l'Occident pour son noble et courageux hommage à la Foi. Dans sa lettre, il rapporte les récents martyres de Jahrom (voir page 465ff) et de la consolation que son hommage lui amène par rapport à ses souffrances pour la Cause. Dans sa réponse datée du 27 août 1926, Marie se réfère au fait que sa déclaration ouverte de ses vues lui avait causé la désapprobation qui s'exprimait dans les grands cercles :

"Je fus profondément ému à la réception de vôtre lettre.
En fait une grande lumière me vint avec le message de Baha'u'llah et d'Abdu'l-Baha. Il vint comme tous les grands messages viennent à une heure de souffrances affreuses et de conflit interne, de détresse, ainsi la graine s'enfonce profondément.
Ma plus jeune fille trouve aussi une grande force et un confort dans les enseignements des maîtres bien-aimés.
Nous nous passons le message de bouche en bouche et tous ceux à qui nous le donnons de voir soudainement une lumière s'illuminer devant eux et beaucoup de ce qui était obscur et perplexe devient simple, lumineux, et plein d'espoir comme jamais auparavant.
Que ma lettre ouverte soit un baume à ceux qui souffrent pour la Cause est en fait une grande joie pour moi et je le prends comme un signe que Dieu accepte mon humble contribution.
L'occasion m'étant donné d'être capable de m'exprimer moi-même publiquement était aussi Son Travail - car en fait ce fût un concours de circonstances à laquelle chaque lien me mena involontairement une marche plus loin jusqu'à soudainement que tout fût clair devant mes yeux et je compris pourquoi cela avait été.
Ainsi Il nous mène tous finalement à nôtre destinée finale.
Certains de ceux de ma caste s'étonnèrent et désapprouvèrent mon courage de faire un pas en avant en prononçant des mots qui ne sont pas habituels pour des têtes couronnées à prononcer, mais j'avance par une envie intérieure à laquelle je ne peux résister.
Avec la tête inclinée, je reconnais que je suis aussi un instrument dans les Mains très grandes et je me réjouis dans la connaissance.
Petit à petit le voile est levé. Et la souffrance est déchirée en deux. Et la souffrance est aussi une marche me menant à jamais plus près de la vérité, par conséquent je ne crie pas contre la souffrance!.
Puisse vous et ceux proche de vôtre guidance être bénis et soutenus par la force sacrée de ceux partis avant vous.".
Marie

Plus tard dans la même année, suite à un voyage aux Etats-Unis, deux hommages publics ultérieurs à la Foi apparurent dans sa série d'articles qui étaient syndiqués par plusieurs journaux d'Amérique du Nord. L'un de ceux-ci déclare :

"Tout d'abord, nous concevons tous Dieu comme quelque chose ou quelqu'un en dehors de nous-mêmes... Ce n'est pas ainsi. Nous ne pouvons dans nos facultés terrestres saisir complètement Sa signification - ni nous ne pouvons réellement comprendre le signification de l'éternité...
Dieu est tout, est toute chose. Il est le pouvoir derrière tout commencement. Il est source inépuisable de soutien, d'amour, de bonté, de progrès, d'accomplissement. Dieu est par conséquent bonheur.
C'est la voix en nous qui nous montre le bien et le mal.
Mais surtout nous ignorons ou ne comprenons pas cette voix. Par conséquent Il choisit son élu pour descendre parmi nous sur terre pour rendre clair Son verbe, sa réelle signification. Par conséquent les prophètes; par conséquent le Christ, Mahomet, Baha'u'llah, car l'homme a besoin de temps en temps d'une voix sur terre pour amener Dieu à lui, d'aiguiser la réalisation de l'existence du vrai Dieu. Ces voix viennent à nous pour devenir chair afin qu'avec nos oreilles terrestres nous soyons capables d'entendre et de comprendre".

Il est estimé qu'à travers ses séries syndiquées, ces trois articles furent publiés dans plus de 200 journaux aux Etats-Unis et au Canada.

Dans les années qui s'ensuivirent, Martha Root resta en correspondance avec la Reine de Roumanie et elle eût aussi sept interviews avec elle.

Sur cette période, les hommages suivants furent écrits par la Reine la confirmant comme la première tête couronnée d'un pays à embrasser la Foi baha'ie:

"Les enseignements baha'is amènent la paix à l'âme et l'espoir au coeur".

"A ceux qui cherchent l'assurance des mots du Père sont comme une fontaine dans le désert après une longue errance".

"Plus que jamais aujourd'hui lorsque le monde est face à une telle crise de confusion et d'agitation, nous devons rester fermes dans la Foi en cherchant ce qui nous relie les uns les autres au lieu d'être déchirés écartelés".

"A ceux qui cherchent la lumière, les enseignements baha'is offrent une étoile qui les mènera à une compréhension plus profonde, à l'assurance, à la paix et la bonne volonté avec tous les hommes" (voir figure 6)."

"Les enseignements baha'is apportent la paix et la compréhension".

"C'est comme une large étreinte qui réunit tout ensemble tous ceux qui ont longuement cherché des mots d'espoir".

"Elle accepte tous les grands prophètes venus auparavant, elle ne détruit aucune autre foi et elle laisse toutes les portes ouvertes".

"Attristée par le combat continuel parmi les croyants de plusieurs confessions et fatiguée de leur intolérance envers les uns les autres, j'ai découvert dans les enseignements baha'is l'esprit réel du Christ si souvent renié et incompris".

"L'unité au lieu du combat, l'Espoir au lieu de la condamnation, l'Amour au lieu de la haine et un grand réconfort pour tous les hommes".

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