Le prisonnier de Saint-Jean-d'Acre
Par André Brugiroux, célèbre globe-troteur ayant parcouru le monde en auto-stop


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Chapitre 16. LE GRAND PLAN

Le bien-être de l'humanité sa paix, sa sécurité ne peuvent être obtenus tant que son unité n'est pas fermement établie. Selon Shoghi Effendi, le maître d'oeuvre du nouvel ordre administratif baha'i à travers le monde, "l'unité de la race humaine implique l'établissement d'une communauté universelle où nations, races, classes et croyances seront étroitement et définitivement unies, où l'autorité des dirigeants et la liberté personnelle ainsi que l'initiative des individus qui la composeront seront complètement et pour toujours sauvegardées".

"Cette communauté", poursuit-il, "pour autant que nous puissions l'imaginer, comportera:

- Un CORPS LÉGISLATIF UNIVERSEL, dont les membres, en tant que représentants de la race humaine, auront le contrôle suprême de toutes les ressources des nations et, édictera les lois nécessaires pour régler la vie, satisfaire les besoins et harmoniser les relations de tous les peuples et de toutes les races;

- Un POUVOIR EXÉCUTIF UNIVERSEL, s'appuyant sur une force internationale, veillera à l'exécution des décisions arrêtées par ce corps, à l'application des lois qu'il aura votées et à la sauvegarde de l'unité de la communauté tout entière;

- Un TRIBUNAL UNIVERSEL se prononcera en dernier ressort et fera autorité dans tous les conflits qui pourraient s'élever entre les membres de ce système universel;

- Un mécanisme d'INTERCOMMUNICATION MONDIALE sera imaginé, qui embrassera toute la planète, sera affranchi de toutes les restrictions nationales et fonctionnera avec une merveilleuse rapidité et une régularité parfaite;

- Une CAPIT ALE UNIVERSELLE jouera dans cette civilisation mondiale le rôle de centre nerveux, elle sera le foyer où convergeront toutes le forces unifiantes de la vie et d'où rayonneront toutes les influences vitalisantes;

- Une LANGUE UNIVERSELLE sera inventée ou choisie parmi celles qui existent déjà, et enseigné dans toutes les écoles des nations fédérées comme langue auxiliaire de la langue maternelle;

- Une ÉCRITURE UNIVERSELLE, un SYSTÈME UNIVERSEL et UNIFORME des monnaies, poids et mesures viendront simplifier et faciliter les relations entre les peuples;

- Dans cette société, les deux grandes puissances de la vie humaine, la religion et la science, seront réconciliées, elles coopéreront et se développeront dans l'harmonie ;

- La PRESSE, tout en donnant libre champ à l'expression des vues et convictions diversifiées du genre humain, cessera d'être vendue à des intérêts privés ou publics et sera libérée de l'influence des gouvernements et des peuples en conflit ;

- Les RESSOURCES ÉCONOMIQUES du monde seront organisées, toutes les Sources de matières premières seront exploitées a plein rendement, tous les marchés coordonnés et développés, et la distribution des produits équitablement réglée ;

- Rivalités, haines et intrigues cesseront entre nations

- Animosités et préjugés raciaux feront place à l'amitié raciale, à la compréhension réciproque et à la coopération ;

- Les causes de lutte religieuse seront à jamais écartées, les barrières et les restrictions économiques abolies, et l'anormale distinction entre les classes disparaîtra complètement

- La suppression de la PROPRIÉTÉ cessera d'être envisagée en même temps que cessera l'accumulation de la richesse entre un petit nombre de mains;

- Les immenses ÉNERGIES qu'actuellement absorbe et gaspille la guerre économique ou politique seront consacrées a étendre la portée des inventions humaines et du développement de la technique industrielle, à accroître la productivité du genre humain, à exterminer la maladie, à pousser plus avant le recherche scientifique, à améliorer la santé physique de l'espèce, à rendre le cerveau humain plus aigu et plus subtil, à exploiter les ressources de la planète jusque-là inemployées et insoupçonnées, à prolonger la vie humaine et à développer tout autre moyen propre à stimuler la vie intellectuelle, morale et spirituelle de la race humaine tout entière."

Shoghi Effendi conclut (et ceci avant la guerre): "Un système de fédération universelle qui régira la terre entière et exercera sur ses ressources, d'une inimaginable ampleur, une autorité à l'abri de toute discussion, qui incarnera tout ensemble l'idéal de l'Orient et celui de l'Occident; qui sera affranchi de la malédiction de la guerre et de ses misères, et qui tendra à l'exploitation de toutes les sources d'énergie disponibles à la surface de la planète; un système dans lequel la force sera mise au service du droit et dont la vie sera soutenue par la reconnaissance universelle de Dieu et l'obéissance à une seule Révélation, tel est le but vers lequel les forces unifiantes de la vie poussent l'humanité."

TEL EST LE GRAND PLAN

Le rêve de tous les hommes épris d'équité. Le Paradis promis. La politique divine à laquelle des milliers et des milliers d'hommes de tous les horizons, appelés baha'is, commencent à se dévouer, ainsi que de nombreux autres d'une façon inconsciente.

N'est-ce pas de cela dont parlaient les précurseurs de l'aube, les philosophes des lumières et dont rêvaient les poètes romantiques et tous les socialistes du XIXe siècle?

N'est-ce pas pour ces principes-là que révolutions américaine, française et russe ont ébranlé l'humanité? Que la Chine est secouée de convulsions?

N'est-ce pas à cela qu'une humanité malade aspire??

Est-il autre plan plus complet ?

Toutes les communautés du monde, qu'elles soient religieuses ou politiques, anciennes ou modernes, peuvent trouver dans les enseignements de Baha'u'llah l'expression de leurs plus hautes aspirations. Les sociétés religieuses l'établissement d'une religion universelle, les politiques le fondement de la justice sociale et de la paix mondiale. Les peuples luttant pour leur liberté, l'espérance. Les économistes et planificateurs dont les propositions se sont avérées impraticables des solutions réalistes, applicables à la société sans lui causer de détresse.

Lorsqu'on voit ce qu'ont inspiré les trois ans de prêche du Christ, il est impossible d'imaginer ce que cent treize ans d'écrits "révélés" pourront produire. C'est utopique, certes. Mais l'utopie d'un jour est la réalité du demain. Toute idée nouvelle avant d'être acceptée et appliquée est d'abord vilipendée. Et plus encore quand elle est juste! Dans la nature, ce qui est latent au coeur des choses n'apparaît que graduellement. Baha'u'llah nous assure que la lumière de l'unité est si puissante qu'elle peut illuminer la terre entière. Le nouvel ordre mondial proposé par Baha'u'llah en 1863 apparaît comme une fécondation. Le monde se décompose à allure rapide. Et les effets de cette métamorphose désespèrent l'observateur superficiel, qui ne peut y voir l'élément indispensable pour nourrir une forme de vie plus riche. Comme dans l'oeuf une fois la fécondation entamée, rien ne peut l'arrêter. Un jour , la coquille des systèmes inadaptés se brisera. L'unité est inévitable. Les hommes ne peuvent que la faire progresser ou la retarder.

"Qu'il n'y ait point de malentendu", ajoute Shoghi Effendi au sujet de l'unité de l'humanité, "le principe de cette unité - l'essence même de tous les enseignements de Baha'u'llah - n'est pas une simple manifestation de soudaine sentimentalité ignorante ou l'expression d'un espoir vague et pieux Son appel n'a pas à être identifié avec un réveil de l'esprit de fraternité et de bonne volonté parmi les hommes. Il ne vise pas non plus à seulement entretenir une harmonieuse coopération entre les peuples et des nations autonomes. Ce qu'il renferme est plus profond. Ses aspirations sont plus grandes qu'aucune de celles que les Prophètes du passé furent autorisés à formuler. Son message ne s'adresse pas seulement à l'individu, il s'intéresse en principe à la nature des rapports essentiels qui doivent relier, entre eux, tous les Etats et les nations considérés comme les membres d'une seule famille humaine. Il n'est pas seulement l'énoncé d'un idéal, il est intimement lié à une institution propre à personnifier sa vérité, à démontrer sa validité et à perpétuer son influence. Il exige dans la structure de la société une modification organique telle que le monde n'en a jamais encore expérimenté. Il constitue un défi, à la fois audacieux et universel, pour annihiler les critères des croyances nationalistes. Croyances qui ont eu leur temps et qui, au cours naturel des événements, modelés et dirigés par la Providence, doivent céder le pas à une nouvelle doctrine foncièrement différente et infiniment supérieure à ce que, jusqu'ici, il a été donné au monde de concevoir.

Il n'invite à rien de moins qu'à reconstituer et à démilitariser la totalité du monde civilisé. Il veut un monde organiquement unifié sous tous les aspects essentiels de son existence, de ses organes politiques, de ses aspirations spirituelles, de son commerce et de sa finance, de son écriture et de sa langue. Ce monde, cependant, n'en sera pas moins d'une diversité infinie par les traits caractéristiques nationaux des unités fédérées.

Il représentera l'achèvement de l'évolution humaine"


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