La renaissance de la civilisation
Par David Hofman


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Chapitre 3. UNE RELIGION PURIFIÉE

Il est nécessaire que l’esprit humain, lorsqu’il atteint sa maturité, trouve des moyens adéquats pour s’exprimer.

Le monde actuel offre les caractéristiques propres à son stade d’adolescence : un nationalisme nanti d’un esprit de compétition, une société divisée en classes sociales, des systèmes politiques entachés de partisanerie et des religions éclatées en une multitude de sectes.

Nous avons besoin de nouvelles institutions à caractère universel, d’un système économique international, d’un gouvernement mondial, d’une société mondiale, d’un État qui comprenne tout le genre humain.

Cependant, seuls des humains déjà à l’âge de la maturité peuvent créer un tel ordre. On ne saurait l’imposer avec succès à des êtres qui, au point de vue moral ou intellectuel, sont encore des adolescents. Si les hommes continuent d’être cupides, égoïstes et dénués de conscience sociale, aucun système ne rendra la vie digne d’être vécue. Avant donc d’examiner les enseignements de Baha’u’llah sur l’organisation mondiale, voyons si on peut espérer apaiser les passions et les haines, et transformer l’égoïsme et l’obscurité morale de notre génération en véritables fraternité et lumière.

Qui peut changer le coeur de l’homme? Qui peut galvaniser un esprit indolent de façon à le lancer, plein d’une activité radieuse, sur la voie du progrès spirituel?

Jésus avait un tel pouvoir, mais pas le christianisme d’aujourd’hui. Muhammad le détenait également, mais pas I’islam moderne. Aucun des systèmes religieux ne se montre capable d’amorcer une renaissance mondiale, ni même de donner au monde un personnage aussi impressionnant que saint François d’Assise. Le judaïsme, le christianisme et l’islam se limitent à conserver leurs propres rites et cérémonies; le bouddhisme et l’hindouisme paraissent perdus dans les dédales de leur propre mysticisme. Un grand nombre de sectes nouvelles, de cultes nouveaux, flammes intenses qui se consument rapidement, envahissent les rangs de l’orthodoxie. L’athéisme et le matérialisme prélèvent sur toutes les religions un contingent d’esprits qui se refusent à la passivité ou à une acceptation aveugle.

Où chercher alors le salut? Qui peut purifier la religion des poussières et des voiles qui la cachent? Qui peut répondre au cri de ces milliers d’êtres désillusionnés, de ces brebis affamées qui cherchent leur nourriture sans la trouver?

La foi baha’ie n’a ni clergé, ni culte, ni sacrements. Les corps élus n’ont pas le droit d’imposer des articles de foi ni de formuler un credo, et les textes sacrés sont conservés dans leur forme manuscrite originelle.

Devant une élimination aussi énergique des fastes traditionnels de la religion, beaucoup de personnes demandent: «Mais alors, comment se pratique cette religion? Que faites-vous?» Le lecteur trouvera au chapitre huit une description générale de l’ordre administratif baha’i. Nous nous penchons pour l’instant sur l’abandon des superstitions, des préjugés et des enseignements irrationnels qui marquent la pratique religieuse actuelle.

Le premier principe religieux, principe que Baha’u’llah affirme avec insistance, est celui de la manifestation de Dieu. L’attribution d’une nature divine aux fondateurs des religions a souvent causé des conflits, et a même été une source d’athéisme chez plusieurs. Aussi est-il important d’éclaircir cette question.

Dieu ne s’incarne pas. Il ne revêt jamais la forme d’un temple humain. Il ne vit jamais sur la terre.

Cette affirmation est, bien entendu, en conflit avec l’enseignement officiel de l’Église chrétienne. Mais les paroles de Jésus n’appuient pas cet enseignement de l’Église. La doctrine de la Trinité, qui embrasse celles de l’incarnation et de la triple nature de Dieu, fut adoptée officiellement au Concile de Nicée, en l’an 324. Jésus n’a jamais revendiqué l’égalité avec Dieu; sa vie entière et tout son enseignement dépendaient étroitement du «Père». Toutefois, il prétendait révéler Dieu à l’humanité: «Celui qui m’a vu, a vu le Père [32].»

Baha’u’llah écrit à ce sujet:

«Pour tous les coeurs éclairés et pleins de discernement, il est évident que Dieu, l’inconnaissable Essence, l’Être Divin, s’élève incommensurablement au-delà de tout attribut humain tel que l’existence, l’ascension et la descente, le progrès et la régression... Il est, et Il a toujours été voilé dans l’antique éternité de son essence, et Il restera dans sa réalité perpétuellement caché à la vue des hommes... [33]»

«De temps immémorial, Lui, l’Être divin, a été voilé dans la sainteté ineffable de son Être exalté, et il restera à jamais enveloppé dans l’impénétrable mystère de son Essence inconnaissable... [34]»

«La porte de la connaissance de l’Ancien des jours se trouvant ainsi fermée à la face de tous les êtres, Lui, la Source de grâce infinie, a fait apparaître, du royaume de l’Esprit, sous la noble forme du temple humain, ces gemmes lumineuses de sainteté, et Il les a manifestées à tous les hommes pour qu’elles puissent communiquer au monde les mystères de l’Être immuable et lui révéler les subtilités de son impérissable Essence... Tous les prophètes de Dieu, ses élus bien-aimés, ses messagers sacrés et choisis sont, sans exception, les porteurs de ses noms et incarnent ses attributs... Ces tabernacles de sainteté, ces miroirs primordiaux qui reflètent la lumière de gloire impérissable ne sont que des expressions de celui qui est l’Invisible des invisibles [35]

‘Abdu’l-Baha offre toujours des analogies et des métaphores parfaites pour éclaircir des points obscurs et subtils. Il compare l’état des manifestations à la réflexion du soleil dans un miroir parfait qui, une fois poli et dirigé directement vers le soleil, reflète fidèlement sa lumière et sa chaleur, sa forme, son rayonnement et ses autres attributs. La manifestation de Dieu est le miroir parfait qui reflète toute la puissance et le savoir de Dieu, du Soleil de vérité. Celui qui regarde le miroir et dit «Voici le soleil!», dit la vérité. De même, celui qui, voyant une manifestation de Dieu, dit «Voici Dieu!», dit aussi la vérité [36]. Mais de la même manière que le soleil ne quitte pas sa position dans les cieux pour venir habiter le miroir dans sa forme phénoménale, ainsi Dieu, l’Esprit omniprésent de l’univers, ne restreint pas son Être à la capacité limitée d’un temple humain.

Shoghi Effendi, le Gardien de la foi baha’ie, souligne ce point capital en disant:

«Le temple humain qui a été fait le véhicule d’une aussi formidable révélation doit, si nous demeurons fidèles aux doctrines de notre foi, être parfaitement distinct du “plus mystérieux Esprit des Esprits» et «éternelle Essence des Essences” – car quelque exaltée que soit la divinité que nous puissions attribuer aux manifestations terrestres de ce Dieu invisible, bien que rationnel, elles ne peuvent nullement incarner dans la forme concrète et limitée d’un être mortel, son infinie, son incommensurable, son incorruptible et tout englobante réalité. En vérité, suivant les enseignements de Baha’u’llah, le Dieu qui incarnerait ainsi sa propre réalité cesserait d’être Dieu. Une théorie de l’incarnation divine à ce point grossière et fantastique est aussi éloignée de la croyance baha’ie et incompatible avec elle que les inadmissibles conceptions panthéistes et anthropomorphiques de Dieu répudiées énergiquement dans tous les dires de Baha’u’llah qui en dénoncent le caractère sophistique [37]

Selon les enseignements de Baha’u’llah, Dieu ne peut être connu de l’homme que par l’intermédiaire de ses Manifestations, de ses messies qui viennent en chaque âge «du royaume de l’esprit, sous la noble forme de temples humains» pour révéler à la compréhension humaine, au fur et à mesure qu’elle se développe, les mystères de «l’Être immuable».

C’est là une explication beaucoup plus rationnelle que celle que la théologie chrétienne offre en général, et les livres sacrés de toutes les religions du monde la soutiennent. Elle ne nie rien de la Bible, de l’Évangile ni du Qur’an tout en étant acceptable pour l’esprit moderne.

Elle conduit directement aussi à un autre fait spécifiquement confirmé par Baha’u’llah et reconnu par un nombre croissant de savants, à savoir que Dieu s’est révélé aux hommes à plus d’une reprise au cours de l’histoire. La doctrine du «Fils unique» est un autre exemple de dogme qui ne trouve aucun appui dans les déclarations de Jésus. Au contraire, Jésus reconnaît les révélations faites avant la sienne - celles de Moïse et d’Abraham - et il en prédit d’autres après lui. L’Église prétend posséder la seule clef du salut et du «royaume des cieux», mais sa revendication s’écroule devant cette vérité, et les humains ne sont plus tenus d’appliquer, dans les conditions modernes de la vie, des lois prescrites il y a plus de deux mille ans. En fait, l’humanité s’en est déjà libérée malgré l’Église; le divorce en est un exemple.

Baha’u’llah enseigne que la révélation est progressive et que chaque manifestation de Dieu répond au besoin de son époque. Ce besoin s’exprime de deux façons. D’une part, il y a le besoin d’une nourriture spirituelle, la satisfaction de la vie intérieure, la «connaissance de Dieu», la foi. Ce besoin est toujours exaucé de la même manière, par des enseignements spirituels, par une effusion d’amour et par un renouveau de la vigueur de l’âme. D’autre part, il y a le besoin de lois destinées à modérer les excès, à abroger les coutumes tombées en désuétude et à organiser la vie quotidienne.

Ces deux besoins trouvent leur réponse dans la foi baha'ie. Moïse a réveillé la foi des israélites captifs et leur a donné des lois. Jésus a donné à boire «de cette eau qui, en vérité, est la vie», mais il a abrogé la loi rigide du sabbat et, pour corriger les excès de son époque, il a interdit le divorce. Muhammad a donné à son peuple la foi en même temps que des lois et des préceptes qui se montrèrent d’une très grande valeur. Répondant à notre appel, Baha’u’llah nous donne non seulement l’eau de la vie, mais aussi des lois et des conseils pour résoudre nos problèmes modernes.

«Sache, à n’en point douter, qu’à chaque Dispensation, la lumière de la Révélation divine a été dosée aux hommes en raison directe de leur capacité spirituelle. Considère le soleil. Combien faibles sont ses rayons quand il paraît à l’Orient et comme sa chaleur et sa puissance vont croissant à mesure qu’il approche de son zénith, ménageant ainsi à toutes choses créées la possibilité de s’adapter à l’accroissement d’intensité de sa lumière! Et comme il décline graduellement jusqu’à ce qu’il atteigne le point où il se couche. S’il manifestait tout d’un coup les énergies qui sont en lui latentes, nul doute qu’il n’en résultât un dommage pour toutes choses créées... De même, si, dès les premiers stades de sa manifestation, le Soleil de vérité révélait soudain la pleine mesure des forces dont l’a doté la providence du Tout-Puissant, la terre de l’intelligence humaine en serait consumée; car jamais les coeurs des hommes ne pourraient soutenir l’intensité d’une telle révélation, ni par conséquent refléter l’éclat de sa lumière. Ils en éprouveraient une telle terreur qu’ils périraient aussitôt [38]

La révélation baha’ie ne fait pas exception à ce principe fondamental.

«Si grande que soit la puissance manifestée par cette révélation, et quelque élevé que puisse être le rang de la dispensation que son auteur a inaugurée, il ne faut jamais oublier qu’elle repousse énergiquement la prétention d’être regardée comme l’expression finale de la volonté de Dieu ainsi que de ses vues à l’égard du genre humain. Soutenir une telle conception de son caractère et de ses fonctions équivaudrait à une trahison de sa cause et au reniement de sa vérité. Ce serait forcément entrer en conflit avec le principe fondamental qui constitue l’assise la plus solide de la croyance baha’ie, c’est-à-dire le principe d’après lequel la vérité religieuse est relative et non absolue, que la révélation divine est méthodique, incessante, progressive et point spasmodique ou finale. À la vérité, les adeptes de Baha’u’llah qui repoussent catégoriquement toute prétention à la finalité pour la révélation à laquelle ils s’identifient, rejettent aussi clairement et avec la dernière vigueur, la finalité à laquelle ont prétendu certains systèmes religieux inaugurés par des prophètes du passé [39]

Il n’existe qu’une seule religion.

Il n’existe qu’un seul Dieu, bien qu’Il ait plusieurs noms. Il n’y a qu’une seule race humaine. Il ne peut donc y avoir qu’une seule religion. Mais cette religion unique a de nombreux messagers et elle s’exprime de plusieurs façons.

La vie et le progrès de l’homme dépendent de la parole de Dieu. Dans les temps passés, le genre humain était divisé par des océans, des chaînes de montagnes, des forêts, des déserts, par tous les obstacles physiques que les inventions modernes ont réussi à surmonter. C’est pour cette raison que plusieurs prophètes ont dû révéler la parole de Dieu, de façon à ce que toute l’humanité puisse l’entendre [40].

Une autre raison est que la religion a tendance à se corrompre. Elle perd toujours sa vigueur primitive et dégénère en institutions auxquelles manquent les forces spirituelles nécessaires pour stimuler la vie intérieure de l’homme. Par conséquent, il faut qu’elle soit renouvelée et purifiée. L’influence d’un messie, d’un nouveau messager, réalise cette purification.

Il y a aussi une autre raison. Au cours des périodes successives de civilisation et de déclin, l’homme développe sa compréhension et sa capacité de vivre en société. Il lui faut donc une mesure toujours plus grande de cette vérité réelle et essentielle qui est à la fois la nourriture de son esprit et l’inspiration de sa nouvelle civilisation. Cette vérité est révélée par un messager divin.

Baha’u’llah enseigne :

- que la révélation religieuse est progressive;
- que les pratiques désuètes et les anciennes institutions doivent céder la place à de nouveaux modèles;
- que la révélation répond aux besoins et à la capacité de chaque époque.

Le premier enseignement est confirmé par la Bible et par le Qur’an, par la Bhagavad Gita et par la doctrine de Bouddha. L’Ancien Testament contient l’histoire des révélations successives jusqu’au commencement de l’ère chrétienne. L’Évangile confirme les enseignements de l’Ancien Testament, réalise un grand nombre de ses prophéties et renouvelle formellement la promesse de la venue d’un messie (ou du retour du Messie). Le Qur’an confirme à la fois l’Ancien et le Nouveau Testament et renouvelle encore cette promesse.

Le deuxième enseignement reconnaît ce qui est nécessaire à chaque nouvelle phase de la vie, mais que l’on n’applique pas, sans raison évidente, aux institutions religieuses. Et pourquoi donc? Elles aussi sont mortelles et doivent céder la place à de nouvelles institutions. Jésus a dit: «Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point[41].» Le ciel est la demeure du soleil, c’est la synagogue, l’église, la mosquée ou le temple d’où rayonne la lumière de la religion; la terre qui reçoit la lumière représente l’ordre social. Tous deux passeront, mais la lumière ne s’éteindra pas.

Jésus soutient également le troisième enseignement, à savoir que la révélation religieuse est appropriée aux capacités et aux besoins de l’humanité : «J’ai encore beaucoup de choses à vous dire mais vous ne pouvez les supporter maintenant. Lorsque l’Esprit de vérité viendra, Il vous conduira vers la vérité entière. [42]» «Vous ne pouvez les supporter maintenant» : si les hommes sont assez sages pour éduquer leurs enfants selon ce principe, Dieu n’en fera pas moins.

Le véritable éducateur de l’humanité est le fondateur de la religion. Il lui apprend la morale et les vertus les plus élevées et lui révèle sa réalité spirituelle. Tous les prophètes ont poursuivi ce but. Ils ont enseigné aux hommes l’honnêteté, la sincérité, la loyauté, le respect, la modestie, l’obéissance civile et le sacrifice de soi. La doctrine essentielle de toutes les religions est la même.

Les noms des messagers diffèrent et, bien que les vérités spirituelles restent toujours les mêmes, leurs enseignements sociaux diffèrent aussi selon les conditions de l’époque à laquelle ils apparaissent. Par exemple, il fut un temps où la justice se réduisait au fameux principe «oeil pour oeil, et dent pour dent», mais aujourd’hui l’application de ce principe paraîtrait barbare. À certaines époques, le divorce fut permis, à d’autres, il fut interdit. Lorsque les femmes étaient considérées comme des biens et qu’elles ne jouissaient d’aucune protection si elles n’étaient pas sous la responsabilité d’un homme, la polygamie était autorisée [43]. Dans certains pays chauds, pour donner un autre exemple, il était défendu de manger du porc. Enfin, selon plusieurs traditions religieuses, un jour de la semaine devait être consacré au repos, une pratique qu’ont conservée les musulmans, les juifs et les chrétiens qui suspendent le travail le vendredi, le samedi et le dimanche respectivement.

Les différents besoins des époques au cours desquelles naissent des révélations sont à l’origine des diverses pratiques qui opposent les religions. L’hostilité entre les religions est donc simplement due aux préjugés et à l’ignorance.

«Sache avec certitude que l’essence de tous les Prophètes de Dieu est la même. Leur unité est absolue. Dieu, le Créateur, dit: “Il n’existe aucune différence entre les porteurs de mon message. Ils n’ont qu’un seul but; leur secret est le même.” Il est donc clair et évident que toute différence apparente dans l’intensité de leur lumière n’est pas inhérente à la lumière elle-même mais qu’il faudrait plutôt l’attribuer au degré variable de réceptivité d’un monde en transformation constante. Le Créateur tout-puissant et incomparable confie un message à chacun des prophètes qu’Il envoie aux peuples de la terre, et lui ordonne d’agir de la manière qui répondra le mieux aux besoins de l’époque dans laquelle il apparaît [44]

C’est là un enseignement qui s’accorde avec la raison et avec l’évidence historique, et qui peut éliminer les inimitiés religieuses et fournir la base d’une fraternité spirituelle véritable entre les peuples [45].

La foi baha’ie interdit la confession, la vie monacale, les rites et le sacerdoce :

«Les actes pieux des moines et des prêtres parmi les disciples de l’Esprit [Jésus], – que la paix de Dieu soit sur eux – sont rappelés en sa présence. En ce jour cependant, qu’ils abandonnent leur vie de solitude et dirigent leurs pas vers le monde ouvert, qu’ils oeuvrent pour leur profit et celui des autres. Nous leur avons donné la permission de se marier afin qu’ils puissent mettre au monde un enfant qui fera mention de Dieu, le Seigneur des choses visibles et invisibles, le Seigneur du trône élevé  […]

La confession publique des péchés et des transgressions n’est pas acceptable, car elle n’a jamais conduit et ne conduira jamais au pardon divin. En outre, une telle confession publique engendre l’humiliation et l’abaissement de la personne, et Dieu – exaltée soit sa gloire – ne souhaite pas l’humiliation de ses serviteurs. Il est en vérité le Compatissant, le Miséricordieux [46]

La religion a été purifiée. En effet, Baha’u’llah l’a libérée du cléricalisme, de l’austérité, des superstitions et des intrigues ecclésiastiques. Une acceptation aveugle de la foi n’est plus permise; on ne doit plus interdire la lecture de certains livres. Le commandement donné à tous est de poursuivre indépendamment leur recherche, de chercher la vérité par tous les moyens possibles dans la science, dans l’art, dans le travail, dans la prière et dans la méditation.

Jaillissant d’une nouvelle source, la vérité religieuse est une fois de plus en voie de refaçonner la vie de l’humanité et de donner une nouvelle orientation à la destinée de la race humaine. La religion a pris une nouvelle signification. Elle n’est plus une arme pour intimider les masses ni une consolation pour les coeurs faibles. Elle est une force vibrante et dynamique qui, par l’amour, pousse les hommes à se distinguer dans l’art divin de vivre, un art dont ‘Abdu’l-Baha a été l’exemple parfait. Par cet exemple, il a fixé un mode de vie qui s’éloigne totalement du matérialisme de notre époque avec ses abus, ses satisfactions égoïstes, sa violence. En faisant de la loi du Christ, «Aimez-vous les uns les autres», un principe de la morale quotidienne, ‘Abdu’l-Baha démontre que vivre véritablement signifie:

« Si vous rencontrez de l’opposition, faites preuve de douceur. Si l’on vous contredit, restez fermes dans votre foi. Si quelqu’un vous délaisse et vous fuit, recherchez-le pour lui témoigner votre bienveillance. Ne faites de mal à personne. Priez pour tous. Tâchez de faire rayonner votre lumière sur le monde et de faire flotter votre étendard bien haut dans les cieux. Le parfum suave de vos vies pénétrera partout. La lumière de vérité allumée dans vos coeurs resplendira jusqu’au lointain horizon [47]


Notes

[32] Jean, 14, 9.
[33] Baha'u'llah, cité dans Shoghi Effendi, L’ordre mondial de Baha'u'llah, Bruxelles, Maisons d’éditions baha'ies, 1993, p. 108-109.
[34] Baha'u'llah cité dans L’ordre mondial de Baha'u'llah, p. 109.
[35] Baha'u'llah, Le livre de la certitude, Paris, Presses universitaires de France, 1987, p. 48-50.
[36] « Celui qui m’a vu, a vu le Père. »
[37] Shoghi Effendi, La dispensation de Baha'u'llah, Bruxelles, Maison d’éditions baha'ies, 1970, p. 34-35.
[38] Baha'u'llah, cité dans Shoghi Effendi, La dispensation de Baha'u'llah, p. 43.
[39] Shoghi Effendi, La dispensation de Baha'u'llah, p. 39-40.
[40] Il n’existe pas de société sans religion. Les civilisations « primitives » présentent un enseignement religieux très défini et parfaitement adapté à leur situation.
[41] Matthieu, 24, 35.
[42] Jean, 16, 12-13.
[43] C’est un article de foi chez beaucoup de chrétiens que Jésus enseigna la monogamie alors qu’en réalité, la question n’est pas soulevée dans l’Évangile.
[44] Baha'u'llah, Extraits des Écrits de Baha'u'llah, Bruxelles, Maison d'éditions baha'ies, 1979, p. 53-54.
[45] Pour de plus amples informations sur l’unité de la religion, voir le chapitre quatre.
[46] Baha'u'llah, Les Tablettes de Baha'u'llah, Bruxelles, Maison d’éditions baha'ies, 1994, p. 23-24.
[47] Baha'u'llah, Les Tablettes de Baha'u'llah, p. 24.

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