Abdu'l-Baha
à Londres
Allocutions et notes de conversations
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3. Article tiré d'une entrevue accordée
par 'Abdu'l-baha au Weekly Budget
23 septembre 1911
QUELQUES-UNES DES EXPÉRIENCES DE SES QUARANTE ANNÉES D'EMPRISONNEMENT
Dans un appartement à Cadogan Gardens (40) est assis un
oriental spirituellement illuminé, dont la récente venue à Londres marque la
dernière jonction entre l'Est et l'Ouest.
L'enseignement de 'Abdu'l-Baha a déjà conduit des milliers d'anglais et d'anglaises
à se mêler à des orientaux venant de tous les endroits de l'Est. Sur la base
de l'aide mutuelle, de la fraternité et de l'adoration de Dieu, sans égard à
la croyance et à la confession, ils ont joint leurs mains avec une ardeur et
un amour fraternel à l'encontre des théories de certains poètes et philosophes
sceptiques.
La plus grande partie de la vie de 'Abdu'l-Baha s'est déroulée dans une prison
orientale, qu'il endura allègrement plutôt que d'abjurer sa foi dont l'un des
principes est l'absolue égalité des âmes sans égard aux différences physiques,
telles que le sexe et la couleur. Il ne reconnaît aucune distinction de classe
exceptée celle conférée par le service et l'esprit d'amour fraternel. Pour cette
opinion et d'autres encore, il fut tenu prisonnier pendant quarante années dans
la ville forteresse de 'Akka (41), en Palestine. Quand
je demandai à m'entretenir avec lui, on me dit de venir tôt, et je vins en conséquence
à neuf heures. C'était déjà la mi-journée pour 'Abdu'l-Baha puisqu'il se levait
à quatre heures, et qu'il avait déjà vu dix-huit personnes avant son petit déjeuner
à six heures et demi du matin.
De nombreuses personnes, de différentes langues et nationalités, l'attendaient
dans la salle de réception.
Nous nous assîmes en cercle en face de 'Abdu'l-Baha qui demanda s'il y avait
des questions que nous souhaitions lui poser. Je lui dis que mon rédacteur en
chef m'avait envoyé m'informer sur sa vie en prison, et 'Abdu'l-Baha aussitôt
relata d'une façon simple et impersonnelle une histoire des plus remarquables
que l'on puisse concevoir.
"A neuf ans, j'accompagnai mon père, Baha'u'llah, dans son exil pour Baghdad.
Septante de ses disciples étaient avec nous. Ce décret d'exil, après de persistantes
persécutions, avait pour but d'effacer de Perse d'une manière frappante ce que
les autorités prenaient pour une religion dangereuse. Baha'u'llah fut banni
et exilé d'un point à un autre avec sa famille et ses disciples. Quand j'avais
vingt-cinq ans, nous fûmes conduits de Constantinople (42)
à Andrinople (43), et de là nous partîmes escortés d'une
garde de soldats à la ville forteresse de 'Akka, où nous fûmes emprisonnés et
surveillés de près".
LE PREMIER ÉTÉ
"Nous n'avions aucune communication avec le monde extérieur. Chaque miche de
pain était coupée et ouverte par le garde pour voir si elle ne contenait pas
de message. Tous ceux qui croyaient en la Manifestation baha'ie, enfants, hommes
et femmes, étaient emprisonnés avec nous. Nous étions cent cinquante dans deux
pièces et nul n'avait la permission de quitter l'endroit à l'exception de quatre
personnes, qui allaient sous escorte au bazar faire le marché tous les matins.
Le premier été fut épouvantable. 'Akka est une ville infestée par la fièvre.
Il était dit qu'un oiseau tentant de voler au-dessus tomberait mort. La nourriture
était pauvre et insuffisante, l'eau était tirée d'un puits infecté et le climat
et les conditions étaient tels, que même les natifs de la ville tombaient malades.
De nombreux soldats succombèrent et huit de nos dix gardes moururent. Durant
l'intense chaleur, la malaria, la fièvre typhoïde et la dysenterie frappèrent
les prisonniers, ce qui fit que tous, hommes, femmes et enfants furent malades
en même temps. Il n'y avait pas de médecins, pas de médicaments, pas de nourriture
saine, et aucun traitement d'aucune sorte.
J'avais l'habitude de faire du bouillon pour les prisonniers, et comme j'avais
beaucoup de pratique, je faisais du bon bouillon" dit 'Abdu'l-Baha en riant.
A cet instant un des Persans m'expliqua que c'était en raison de sa merveilleuse
patience, de sa serviabilité et de son endurance que 'Abdu'l-Baha fut toujours
appelé le 'Maître'. Chacun pouvait facilement sentir son autorité au travers
de sa complète indépendance par rapport au temps et au lieu, et de son détachement
absolu de tout ce qu'une prison turque pouvait infliger.
DE MEILLEURES CONDITIONS
"Après deux années d'emprisonnement des plus stricts, la permission me fut accordée
de trouver une maison afin que nous puissions vivre en dehors des murs de la
prison mais toujours à l'intérieur des fortifications. Beaucoup de croyants
vinrent de Perse pour nous rejoindre mais on ne leur permettait pas de le faire.
Neuf années passèrent. Quelquefois nous étions beaucoup mieux et d'autres fois
nettement moins bien. Cela dépendait du Gouverneur, qui, s'il s'avérait être
un souverain bon et clément, nous accordait la permission de quitter les fortifications,
et permettait aux croyants de se rendre à notre demeure librement; mais quand
le Gouverneur devenait plus rigoureux, davantage de gardes étaient placés autour
de nous, et souvent des pèlerins venus de loin étaient renvoyés".
J'appris par la suite d'un Persan qui durant ces temps troublés était un membre
du foyer de 'Abdu'l-Baha que le gouvernement turc ne pouvait pas croire que
l'intérêt des visiteurs anglais et américains fut purement spirituel et non
politique. Aussi, souvent refusa-t-on à ces pèlerins la permission de le voir,
et, de nombreuses fois, tous les voyageurs venant d'Amérique étaient simplement
récompensés par une vision fugitive de 'Abdu'l-Baha à la fenêtre de sa cellule.
Le gouvernement pensait que le tombeau du Bab, imposant bâtiment sur le Mont
Carmel, était une fortification érigée avec l'aide de l'argent américain, et
qu'il était en train d'être armé et transformé secrètement en garnison. La suspicion
grandit avec chaque nouvelle arrivée. Il en résulta davantage d'espions et de
gardes.
LE COMITÉ DE 'ABDU'L-HAMID
"Un an avant que 'Abdu'l-Hamid ne fut détrôné, il envoya un comité d'investigation
extrêmement arrogant, insultant et perfide. Son président, Arif Bey, était l'un
des hommes du gouverneur, et trois commandants d'armée de rangs divers l'accompagnaient.
Immédiatement après son arrivée, Arif Bey se mit à me dénoncer et à essayer
d'avoir des preuves suffisamment fortes pour justifier que je sois envoyé à
Fizan ou jeté à la mer. Fizan est une station de caravanes à la frontière vers
Tripoli où il n'y avait ni maisons ni eau. C'est à un mois de voyage de 'Akka
à dos de chameau.
Le comité s'enquit deux fois de ce que j'avais à dire pour ma propre défense
et deux fois je répondis: 'je connais votre but, je n'ai rien à dire'.
Cela mit tellement Arif Bey en furie qu'il déclara qu'il retournerait à Constantinople
et rapporterait un ordre du Sultan pour me faire pendre aux portes de 'Akka.
Lui et son comité mirent les voiles munis d'un rapport contenant les accusations
suivantes: ''Abdu'l-Baha est en train d'instituer une nouvelle nation dont il
sera le roi; 'Abdu'l-Baha est en train d'élever la bannière d'une nouvelle religion;
'Abdu'l-Baha a construit ou a été à l'origine de fortifications à Haïfa, un
village voisin, et il est en train d'acheter toutes les terres environnantes'.
A cette époque un bateau italien accosta dans le port envoyé sur ordre du Consul
italien. Il avait été prévu que je m'enfuirais de nuit à son bord. Les baha'is
de 'Akka m'implorèrent pour que je parte mais j'envoyai ce message au capitaine:
'Le Bab ne s'est pas enfui; Baha'u'llah ne s'est pas enfui; je ne m'enfuirai
pas', et le bateau leva les voiles après avoir attendu trois jours et trois
nuits.
C'est pendant le retour du comité du Sultan que le premier obus fut lancé dans
le camp de 'Abdu'l-Hamid et que le premier coup de feu de la liberté fut tiré
dans le foyer du despotisme. C'était l'arme à feu de Dieu", dit 'Abdu'l-Baha
avec un de ses sourires merveilleux.
"Quand le comité atteignit la capitale turque, il fallait penser à des choses
plus urgentes. La ville était en état d'effervescence et de rébellion, et le
comité, en tant que membres du personnel du gouvernement, fut chargé d'enquêter
sur l'insurrection. Pendant ce temps le peuple instaura un gouvernement constitutionnel
et 'Abdu'l-Hamid n'eut aucune chance d'agir".
LA LIBÉRATION
"Avec l'avènement de la suprématie des jeunes Turcs grâce au Comité Union et
Progrès, tous les prisonniers politiques de l'Empire ottoman furent relâchés.
Les événements permirent d'enlever les chaînes de mon cou et de les passer à
celui d'Hamid; 'Abdu'l-Baha sortit de prison et 'Abdu'l-Hamid y entra!"
'Que devint le comité d'investigation?' demanda quelqu'un, rompant le profond
silence qui avait suivi le récit de cette frémissante page d'histoire. "Arif
Bey", continua 'Abdu'l-Baha, "fut tué de trois balles, le général fut exilé,
le gradé suivant mourut, et le troisième homme s'enfuit au Caire, où il rechercha
et reçut l'aide des baha'is".
'Nous direz-vous ce que vous avez ressenti en prison et ce que vous pensez de
votre liberté?' demandai-je. 'Nous sommes heureux que vous soyez libres'.
"Merci", dit-il gracieusement, et continuant:
"La liberté n'est pas une question d'endroit. C'est une condition. J'étais reconnaissant
en prison, et le manque de liberté m'était très plaisant, car ces jours furent
passés dans le sentier du service portant des fruits et des résultats sous les
plus grandes difficultés et les plus grandes épreuves.
A moins d'accepter de dures vicissitudes, on ne peut atteindre cette condition.
Pour moi la prison est la liberté, les troubles me reposent, la mort est la
vie, et être méprisé est un honneur. Voilà pourquoi j'étais heureux durant tout
ce temps en prison. Quand quelqu'un est libéré de la prison du moi, c'est une
vraie libération, car cette prison du moi est la plus grande. Quand cette libération
a lieu, alors on ne peut plus être réellement emprisonné. Quand ils mettaient
mes pieds dans des cales, je disais au garde, 'Vous ne m'emprisonnez pas vraiment,
car ici j'ai de la lumière et de l'air et du pain et de l'eau. Il viendra un
temps où mon corps sera dans la terre, et je n'aurai ni lumière, ni air, ni
nourriture, ni eau mais même à ce moment là je ne serai pas prisonnier'. Les
afflictions que rencontre l'humanité quelquefois braquent notre conscience sur
nos limitations, et cela est une véritable prison. La libération consiste à
faire de notre volonté une porte par laquelle les confirmations de l'Esprit
entrent".
Cela ressemblait tellement à de la théologie ancienne que le moderne en moi
se réveilla me demandant si la discipline pouvait être compensée par l'effort.
'Que voulez-vous dire par les confirmations de l'Esprit?'
"Les confirmations de l'Esprit sont tous ces pouvoirs et ces dons avec lesquels
certains naissent (et que les hommes quelquefois appellent le génie), mais pour
lesquels d'autres doivent faire des efforts pénibles. Elles échoient à l'homme
ou à la femme qui accepte sa vie avec un acquiescement rayonnant".
Un acquiescement rayonnant, telle était la qualité que 'Abdu'l-Baha nous avait
tous soudainement inspirée tandis qu'il nous disait au revoir.
Ce fut une expérience remarquable, d'entendre quelqu'un qui avait passé quarante
ans en prison déclarer 'Il n'y a pas de prison sauf celle du moi'; et ce messager
de l'Est en robe blanche forgeait notre esprit à cette conviction, en nous montrant
la sortie, non par le chemin de la 'Renonciation', mais par celui du 'Détachement'.
Un acquiescement rayonnant - ce sentier lumineux pour sortir de la 'plus grande
prison du moi' comme 'Abdu'l-Baha avait si magnifiquement dénommé ces barreaux
qui nous séparent de notre propre épanouissement.
Isabel Fraser
4. SALUTATIONS D'ADIEU PLEINES D'AFFECTION
Après avoir quitté Londres et durant son séjour de deux mois à Paris, 'Abdu'l-Baha
envoya fréquemment des messages à ces amis anglais dont certains firent le voyage
jusque-là pour y profiter de ses conférences. A la veille de son départ pour
Alexandrie, il donna le message d'adieu suivant en guise d'admonition aux populations
de France et d'Angleterre.
"Travaillez", disait-il sans cesse, "pour le jour de la Paix Universelle. Efforcez-vous
toujours d'être unis. La bonté et l'amour dans le sentier du service doivent
être vos instruments."
"C'est avec une affection débordante que je dis adieu aux gens de France et
d'Angleterre. Je suis très content d'eux. Je leur conseille de fortifier jour
après jour le lien d'amour et d'amitié à cette fin: qu'ils deviennent l'incarnation
sympathique d'une seule nation. Qu'ils développent entre eux une fraternité
universelle pour garder et protéger les intérêts et les droits de toutes les
nations de l'Est, qu'ils déploient la bannière divine de la Justice, qu'ils
traitent chaque nation comme une famille composée d'autant d'enfants de Dieu
et qu'ils sachent qu'aux yeux de Dieu les droits de tous sont égaux. Car nous
sommes tous les enfants d'un seul Père. Dieu est en paix avec tous ses enfants;
pourquoi devraient-ils s'engager dans la lutte et la guerre entre eux? Dieu
fait pleuvoir sa bonté; pourquoi les habitants de ce monde devraient-ils montrer
de la méchanceté et de la cruauté?
Je prierai pour vous afin que vous soyez illuminés par la lumière de l'Eternel".
5. SALUTATIONS DE 'ABDU'L-BAHA ENVOYÉES
DE PARIS POUR LONDRES
Octobre 1911
Compte rendu verbal de Mme Enthoven à l'attention de tous les amis, et maintenant
consigné de mémoire par écrit.
'Abdu'l-Baha envoya ses salutations à tous, demandant à tous de continuer d'acquérir
de la force dans leur foi et du courage dans sa proclamation.
Il parla beaucoup du plaisir qu'il avait ressenti dans l'atmosphère de l'Angleterre.
Il dit qu'il y avait chez les Anglais une force de caractère et une fermeté
qu'il aimait et admirait. Il y avait de l'honnêteté et de la droiture. Ils étaient
lents à démarrer une nouvelle idée, mais, quand ils le faisaient, c'était toujours
parce que leur esprit et leur bon sens leur avaient dit que l'idée était bonne.
Les Anglais en tant que nation lui ont beaucoup plu.
Les croyants, ajouta-t-il, doivent manifester leur foi dans leur vie quotidienne,
afin que le monde puisse voir la lumière briller sur leur visage. Un visage
rayonnant et épanoui réjouit les gens sur leur chemin. Si vous êtes tristes,
lorsque passe un enfant qui rit, l'enfant, voyant votre visage triste, cessera
de rire, ne sachant pourquoi. Si le jour est sombre, combien est prisé un rayon
de soleil! Ainsi donc, que les croyants montrent un visage souriant et heureux,
rayonnant comme les rayons du soleil dans l'obscurité. Que la lumière de la
vérité et de l'honnêteté brillent en eux, afin que tous ceux qui les regardent
sachent que leur parole dans les affaires ou dans les loisirs sera une parole
digne de confiance et à laquelle on peut se fier.
Oubliez votre moi et travaillez pour tout le genre humain. Souvenez-vous toujours
qu'on travaille pour le monde, non pas pour une ville ni même pour un pays;
parce que comme tous sont frères, ainsi chaque pays est comme le nôtre.
Souvenez-vous par dessus tout de l'enseignement de Baha'u'llah concernant les
commérages et les ragots au sujet des autres. Les histoires racontées à propos
des autres sont rarement bonnes. Il vaut mieux une langue silencieuse. Même
le bien peut être préjudiciable, s'il est dit au mauvais moment ou à la mauvaise
personne.
Finalement 'Abdu'l-Baha envoya ses salutations et ses bénédictions à tous, et
m'assura que constamment il pensait à nous et priait pour nous.
A un homme distingué qui le questionnait, il fit remarquer: "Les débuts de toutes
les grandes religions furent purs; mais les prêtres, prenant possession de l'esprit
des gens, les remplirent de dogmes et de superstitions, et la religion devint
peu à peu corrompue. Je ne viens enseigner aucune religion nouvelle. Mon seul
désir est, grâce aux bénédictions de Dieu, de montrer la route vers la grande
lumière". Touchant amicalement l'homme distingué sur l'épaule, comme un père
bienveillant toucherait son fils, il partit en disant: "Je ne suis pas un Prophète,
seulement un homme comme vous".
26 novembre 1911
6. MESSAGE AUX BAHA'IS DE LONDRES POUR
LE JOUR DE 'ABDU'L-BAHA
Gracieusement transmis par Mme Enthoven.
Bonnes nouvelles! Bonnes nouvelles!
Les portes du Royaume de Dieu sont ouvertes!
Bonnes nouvelles! Bonnes nouvelles!
Les armées des anges descendent du Paradis!
Bonnes nouvelles! Bonnes nouvelles!
Le Soleil de Vérité se lève!
Bonnes nouvelles! Bonnes nouvelles!
La nourriture céleste est envoyée de là-haut!
Bonnes nouvelles! Bonnes nouvelles!
La trompette sonne!
Bonnes nouvelles! Bonnes nouvelles!
La bannière de la Plus Grande Paix flotte déployée au loin!
Bonnes nouvelles! Bonnes nouvelles!
La lumière de la lampe de l'unicité de l'humanité brille avec éclat!
Bonnes nouvelles! Bonnes nouvelles!
Le feu de l'amour de Dieu s'embrase!
Bonnes nouvelles! Bonnes nouvelles!
L'Esprit Saint est déversé!
Bonnes nouvelles! Bonnes nouvelles!
Car la vie éternelle est ici!
O vous qui dormez, réveillez-vous!
O vous qui êtes insouciants, apprenez la sagesse!
O aveugles, recevez la vue!
O sourds, entendez!
O muets, parlez!
O morts, levez-vous!
Soyez heureux!
Soyez heureux!
Soyez pleins de joie!
C'est le jour de la proclamation du Bab!
C'est le festival du précurseur de la Beauté Bénie (Baha'u'llah).
C'est le jour de l'aube du Matin de Direction!
7. CHRONOLOGIE DES VOYAGES DE 'ABDU'L-BAHA
DE 1908 A 1913
(44)
1908 septembre 'Abdu'l-Baha recouvre sa liberté
1910 septembre Départ pour l'Egypte
1911 :
11 août Embarquement (en Egypte) à bord du S.S. Corsica pour Marseille
août Bref arrêt à Thonon-les-Bains
04 septembre Arrivée à Londres
08 septembre Fête de l'unité chez Mademoiselle E.J. Rosenberg
09 septembre Première visite à Vanners (Byfleet)
10 septembre Première allocution publique au temple de la cité
13 septembre Réunion chez Madame Thornburgh-Cropper
17 septembre Allocution à l'église de Saint Jean à Westminster
22 septembre Fête de l'unité chez Mesdemoiselles Jack et Herrick
23-25 septembre Visite de Bristol
28 septembre Seconde visite à Vanners (Byfleet)
29 septembre Réunion d'adieu à 'Abdu'l-Baha
30 septembre Allocution au siège de la société théosophique
01 octobre Célébration d'un mariage baha'i
03 octobre Départ de Londres pour Paris
02 décembre Départ de Paris pour l'Egypte
1912 :
25 mars Embarquement (en Egypte) à bord du Cédric pour New-York (via Naples)
29 mars Arrivée à Naples où Shoghi Effendi est contraint par les autorités médicales
de renoncer à accompagner 'Abdu'l-Baha aux Etats-Unis
30 mars Embarquement (à Naples) à bord du Cédric pour New-York
11 avril Arrivée à New-York
05 décembre Embarquement (à New-York) à bord du S.S. Celtic pour Liverpool
13 décembre Arrivée à Liverpool
16 décembre Arrivée à Londres
1913 :
06 janvier Visite de Edimbourg
15 janvier Visite de Bristol
21 janvier Départ de Londres pour Paris
06 février Visite de Versailles
30 mars Départ de Paris pour Stuttgart
09 avril Départ de Stuttgart pour Budapest (via Vienne)
25 avril Retour à Stuttgart
01 mai Départ de Stuttgart pour Paris
13 juin Embarquement (à Marseille) à bord du S.S. Himalaya pour l'Egypte
16 juin Arrivée en Egypte
05 décembre Retour à Haïfa clôturant ses voyages historiques
NOTES
1) N.d.T: Parole cachée révélée en arabe n°2.
2) N.d.T: Cette église située à Smith Square a été bombardée pendant la seconde
guerre mondiale (cf. Baluyzi, 'Abdu'l-Baha, The Centre of the Covenant of Baha'u'llah,
p.145, George Ronald, Oxford, 1987).
3) N.d.T: cf. II Corinthiens, 3:18, La Bible, traduction oecuménique en français.
4) N.d.T: cf. note n°7.
5) N.d.T: Aujourd'hui le Centre Mary Ward (cf. Baluyzi, op.cit., p.153).
6) N.d.T: Pape Gélase Ier (492-496).
7) N.d.T: cf. note n°1.
8) N.d.T: cf. note n°13.
9) N.d.T: Thomas More fut décapité en 1535 pour avoir refusé de récuser l'autorité
du Pape et pour ne pas avoir approuvé le divorce d'Henri VIII de Catherine d'Aragon
(Utopia, Penguin Classics, Harmondsworth, 1984).
10) N.d.T: Utopistes a remplacé Utopiens vers 1790 (Larousse).
11) N.d.T: Ancienne capitale de l'empire ottoman, aujourd'hui connue sous le
nom d'Istanbul.
12) N.d.T: Aujourd'hui Edirne, ville située à la pointe occidentale de la partie
européenne de la Turquie.
13) N.d.T: cf. note n°7.
14) N.d.T: Seconde femme des Iles Britanniques à déclarer sa foi en Baha'u'llah
(O.Z. Whitehead, op. cit.).
15) N.d.T: Première baha'ie des Iles Britanniques, Thomas Breakwell étant le
premier britannique (résidant à l'époque à Paris) à s'être déclaré baha'i (O.Z.
Whitehead, op. cit.).
16) N.d.T: cf. 6ème Ishraq, Tablette des Splendeurs (Ishraqat), (Tablettes de
Baha'u'llah, MEB, Bruxelles, 1994).
17) N.d.T: Les croyants en Baha'u'llah, c'est-à-dire les baha'is.
18) N.d.T: Il s'agit de la première conférence de la Paix à la Haye sur l'arbitrage
international. Elle fut ouverte en mai 1899. Vingt-six Etats furent représentés
à cette conférence de la Paix, mais les résultats ne furent pas à la hauteur
des espérances entretenues dans l'opinion publique européenne. La proposition
russe de porter un coup d'arrêt à l'armement fut rejeté comme "irréaliste et
idéaliste"; on se contentera de recommander une limitation de l'armement, sans
aucun caractère d'obligation. La délégation allemande s'opposera à toute atteinte
à la souveraineté absolue des nations et seule la pression de la Russie et de
l'Angleterre permettront la création d'une Cour internationale d'arbitrage.
Les participants se mettront d'accord cependant pour "humaniser la guerre" et
s'accorderont sur les droits des combattants et des prisonniers de guerre, ainsi
que sur une codification des armes employées (Serge Cosseron et Philippe Faverjon,
L'Europe de 1815 à nos jours, La Manufacture, Besançon, 1991).
19) N.d.T: Le Secrétaire d'État russe Bezobrazoff refusera d'exécuter l'accord
russo-japonais de 1902 prévoyant l'évacuation de la Mandchourie par les Russes
et de la Corée du Nord par les japonais. La guerre russo-japonaise commencera
réellement en février 1904 par une attaque surprise des Japonais sur Port-Arthur.
Grâce à la médiation américaine menée par le Président Théodore Roosevelt, la
Russie cédera, par le traité de Portsmouth d'août 1905, Port-Arthur et partie
de Sakhaline. Cette victoire des Asiatiques sur les Européens marquera le début
de la fin de la suprématie blanche en Asie (Chapitre sur les grands pays, section
sur l'URSS, Quid, Editions Robert Laffont et Sté des Encyclopédies Quid, Paris,1984).
20) N.d.T: Il s'agit de la traduction mot à mot du texte anglais rapportée dans
l'édition originale, mais l'expression habituelle employée en français est:
"En vérité, nous dépendons de la Volonté de Dieu".
21) N.d.T: Il est écrit dans la Tablette de Maqsud: "Vous êtes les fruits d'un
seul arbre, les feuilles d'une seule branche" (Tablettes de Baha'u'llah, p.172,
MEB, Bruxelles, 1994)
22) N.d.T. cf. Jean 3 :3 et 3 :7
23) N.d.T: Plus connue sous le nom de Tahirih. Seule femme parmi les 18 premiers
apôtres du Bab (1819-50), elle était admirée pour son érudition religieuse,
ses explications savantes et sa magnifique poésie. Elle fut la première à se
dévoiler en public. Elle ne cessa jamais de proclamer la grandeur du Bab et
fut pour cela martyrisée.
24) N.d.T. cf. Mathieux 19 :23-24 ; Marc 10 :23-25 et Luc 18 :24-25
25) N.d.T: cf. Mathieu 5:3 et Luc 6:20.
26) N.d.T: cf. Epître de Saint Paul aux Romains, 5:2.
27) N.d.T: Il s'agit de l'acte qui en 1832 réforma le Bill of Rights de 1689
en instaurant le suffrage universel.
28) N.d.T. : cf. 8ème feuille, Tablette des Paroles du Paradis, Tablettes de
Baha'u'llah, MEB, Bruxelles, 1994
29) N.d.T: La citation exacte de Baha'u'llah est: "Quand vous tombez malade,
consultez des médecins compétents", citation tirée d'une compilation préparée
par la Maison Universelle de Justice Health and Healing: 'Some aspects', the
National Spiritual Assembly of the Baha'is of New-Zealand, Auckland, 1981.
30) N.d.T: Ce passage doit être compris dans le sens où un baha'i peut avoir
n'importe quelle origine religieuse et même être d'origine athée. Il ne doit
pas être compris comme si un baha'i pouvait appartenir à plusieurs confessions;
le post-scriptum d'une lettre écrite de la part du Gardien indique: '...Aucun
baha'i ne peut plus longtemps dissimuler sa foi et continuer à pratiquer les
lois et ordonnances d'une Dispensation précédente tout en se déclarant un croyant'
(Helen Hornby, Lights of Guidance, Chapitre IX, lettre du 21 mai 1933, extrait
n°531, Baha'i Publishing Trust, New-Delhi, India, Deuxième édition révisée et
enrichie, 1988). Dans une autre lettre écrite de la part du Gardien il est dit:
'...nous, en tant que baha'is, ne devons avoir aucune affiliation avec des églises
ou des partis politiques... C'est pourquoi nous devrions nous retirer de nos
églises mais, si nous le souhaitons, continuer de fréquenter leurs membres et
leurs ministres' (ibidem, lettre du 24 juin 1947, extrait n°530). Enfin la Maison
Universelle de Justice a clairement statué que: 'Si une personne est inscrite
en tant que membre d'une église ou d'une organisation religieuse similaire,
celle-ci devrait s'en retirer dès qu'elle se déclare baha'ie' (Ibidem, lettre
du 21 novembre 1968, extrait n°532).
31) N.d.T: cf. note n°1.
32) N.d.T: Militantes en faveur du suffrage universel. Le gouvernement de coalition
de Lloyd George fera adopter en janvier 1918 le suffrage universel complet dont
le droit de vote aux femmes de plus de trente ans. En 1928, la limite d'âge
des femmes pour le droit de vote sera ramenée de 30 à 21 ans (Serge Cosseron
et Philippe Faverjon, L'Europe de 1815 à nos jours, La Manufacture, Besançon,
1991). Addendum: les femmes voteront pour la première fois en France en 1945,
lors des élections municipales et cantonales et lors de l'élection de l'Assemblée
constituante.
33) N.d.T: Au 3ème siècle après Jésus Christ sous l'Empereur romain Aurélien.
34) N.d.T. : cf. Marc 16 :10 ; Luc 24 :9 et 24 :22 et Jean 20 :18
35) N.d.T. : cf. Mathieu 19 :30 ; Marc 10 :31 et Luc 13 :30
36 Note d'origine: A rapprocher de "Mon nom est 'Abdu'l-Baha. Ma réalité est
'Abdu'l-Baha, et servir toute la race humaine est ma religion perpétuelle...
'Abdu'l-Baha est la bannière de la Plus Grande Paix... Il est le Héraut du Royaume,
afin qu'il puisse réveiller les peuples de l'Est et de l'Ouest. Il est la voix
de l'amitié, de la vérité et de la réconciliation, vivifiant toutes les régions.
Il n'aura jamais ni nom, ni titre, excepté 'Abdu'l-Baha. Ceci est mon aspiration.
Ceci est mon rang suprême. O vous amis de Dieu! 'Abdu'l-Baha est la manifestation
de servitude et non pas le Christ. Il est le serviteur de l'humanité et non
pas un chef. Conviez le peuple à la station du service de 'Abdu'l-Baha et non
sa chrétienté" (D'une lettre envoyée aux amis de New York, 1er janvier 1907).
37) N.d.T: Résidence officielle du Lord Maire dans la City de Londres.
38) N.d.T: cf. note n°1.
39) N.d.T: Le nom de Parsis (Perses) est celui des habitants du Farsistan actuel,
noyau de la Perse antique où vit de nos jours la majorité des Guèbres (Zoroastriens
demeurés en Iran malgré les persécutions). Religion officielle des empires perses
arsacides et sassanides. Depuis 716, les Parsis, chassés par les Musulmans,
se sont fixés en Inde en quasi-totalité. Ils y ont apporté leur feu sacré et
ont Bombay pour centre religieux depuis 1640 (Chapitre sur les religions, section
sur le Parsisme, zoroastrisme ou mazdéisme, Quid, Editions Robert Laffont et
Sté des Encyclopédies Quid, Paris, 1984).
40) N.d.T: cf. note n°1.
41) N.d.T: cf. note n°7.
42) N.d.T: cf. note n°18.
43) N.d.T: cf. note n°19.
44) Cf. Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, pp.270-271, MEB, Bruxelles,
1976) et 'Abdu'l-Baha, the Center of the Covenant, Baha'i history calendar 1993
- 149/150 Baha'i Era, the National Spiritual Assembly of the Baha'is of Hawaiian
Islands, 1992.
45) N.d.T: Lady Blomfield (Sara Louisa), est née en 1859 en Irlande, d'une mère
protestante et d'un père catholique. Elle acceptera la Révélation de Baha'u'llah
en 1907 à Paris après avoir entendu parler de la Foi par Mademoiselle Bertha
Herbert à l'occasion d'une réception chez Madame Monod. Bertha Herbert lui fera
rencontrer par la suite Mademoiselle Ethel Rosenberg (cf. note n°21) et Hippolyte
Dreyfus (premier français baha'i). De retour à Londres elle rencontrera Madame
Thornburgh-Cropper (cf. note n°22). 'Abdu'l-Baha lui fera l'honneur, en réponse
à son invitation, de résider chez elle à Londres, au 97 Cadogan Gardens, en
septembre 1911. Lady Blomfield suivra 'Abdu'l-Baha à Paris début octobre 1911.
Elle sera l'une des quatre femmes qui, grâce à leurs prises de notes, seront
à l'origine de la publication des Causeries de 'Abdu'l-Baha à Paris. Lors de
sa seconde venue en Grande-Bretagne, 'Abdu'l-Baha retournera à Londres chez
Lady Blomfield. Elle demandera la permission d'envoyer un message au Roi George
V, mais 'Abdu'l-Baha l'en dissuadera pour prévenir toute incompréhension. Lady
Blomfield se mettra au service des blessés durant la première guerre mondiale
tout en restant une active baha'ie. Au printemps 1918, son action auprès de
Lord Lamington permettra que le Secrétaire d'État britannique aux Affaires Etrangères,
Arthur Balfour, télégraphie au Général Allenby de protéger 'Abdu'l-Baha, sa
famille et ses amis. Elle recevra le nom de Sitarih Khanum de 'Abdu'l-Baha.
Elle fera partie des quelques baha'is qui auront à consoler le Gardien Shoghi
Effendi à l'ascension de 'Abdu'l-Baha, et qui l'accompagneront jusqu'à Haïfa
pour commencer à l'assister sur place dans ses lourdes tâches. Elle y servira
plusieurs mois durant l'absence du Gardien en 1922. Plus tard, de retour en
Angleterre elle écrira un livre sur tout ce qu'elle put voir et apprendre lors
de son séjour en Terre sainte. Elle décédera le dernier jour de 1939, quelques
semaines après avoir terminé la rédaction de son livre The Chosen Highway dont
la Main de la Cause de Dieu Hasan Balyuzi écrira à sa demande la préface, mais
qu'elle n'aura jamais l'occasion de lire (O.Z. Whitehead, Some early baha'is
of the West, George Ronald, Oxford, 1976).
46) Nom désignant Baha'u'llah.
47) Cf. note n°2.
48) N.d.T: L'édition anglaise indique l'année 1901 mais en fait 'Abdu'l-Baha
a été libéré en 1908 suite à la révolution des jeunes Turcs. D'ailleurs, 'Abdu'l-Baha
eut soixante-cinq ans en 1909.
49) N.d.T: Pour avoir une vision globale des voyages de 'Abdu'l-Baha après sa
libération du joug ottoman, cf. la chronologie des voyages de 'Abdu'l-Baha de
1908 à 1913 présentée en dernière partie de ce livre.
50) N.d.T: En septembre 1993 on comptait 165 Assemblées nationales, 20.435 Assemblées
locales (forte diminution suite à la révision des limites civiles des unités
électorales en Inde), et la littérature baha'ie était traduite dans 802 langues.
51) N.d.T: Aujourd'hui Acco en Israël, ville encore appelée St Jean d'Acre dans
les ouvrages d'histoire.
REMERCIEMENTS
Le traducteur aimerait évoquer ici tout le soutien qu'il a reçu de la part de
sa famille durant ce long travail. Les encouragements ont été constants et les
relectures du texte français ont été nombreuses, souvent argumentées et toujours
profitables. Toute ma gratitude et ma reconnaissance pour la solidarité pleine
d'affection démontrée à cette occasion et pour toute l'attention et l'application
accordées aux progrès de cette traduction.
Le traducteur aimerait également remercier Madame Jacqueline Martin pour avoir
bien voulu relire le texte dans sa version encore inachevée et Monsieur Simon
Van Pamel pour sa révision méticuleuse et exhaustive qui a consisté à rapprocher
chaque ligne traduite du texte anglais d'origine. Ce travail laborieux a demandé
un grand dévouement et je ne puis que témoigner de mon appréciation sans réserve
des efforts entrepris et de la qualité qui en résulta.
Cette traduction est dédiée à mes deux grand-mères.
Que vous soyez ici-bas
Ou partie dans l'au-delà
Que vous soyez fille de Baha
Ou que vos actes soient votre foi
Il vit en moi un amour roi
Qui jamais ne diminuera
Que vous soyez à mes côtés
Ou simplement dans mes pensées
Que le Très-Haut vous ait guidées
Ou qu'Il vous ait protégées
Il vit en moi un feu de joie
Qui jamais ne s'éteindra
Quand vous vous rejoindrez là-haut
Et que vous danserez la vie
Quand vous serez à nouveau
De vos époux en compagnie
Gardez-vous de nous oublier
Pensez ensemble à vos petits
Et pour qu'ils servent plus, priez
Que tous leurs efforts soient bénis
Qu'ils soient dignes de vous aimer
Et votre mémoire d'honorer
Et puis pour nous n'omettez pas
De bien saluer 'Abdu'l-Baha
Cyril Tirandaz
Mois des Noms, E.B. 153
NOTES DE TRADUCTION
Cet ouvrage est la traduction française du livre anglais 'Abdu'l-Baha in London
(Addresses & Notes of Conversations) publié à l'occasion du 75ème anniversaire
du passage de 'Abdu'l-Baha au Royaume-Uni. Le canevas original de ce livre fut
en fait édité pour la première fois grâce aux bons offices de Lady Blomfield
(45) en 1912.
La présente traduction française a donc été réalisée à partir de l'édition commémorative
de 1987. Il convient de souligner trois points avant que le lecteur n'entreprenne
la lecture de cette traduction.
Premièrement, une note de l'éditeur de l'édition anglaise de 1987 spécifie que
certains matériaux originaux qui ont servi de base à cet ouvrage ne sont plus
disponibles et qu'en conséquence il est dorénavant impossible de vérifier l'exactitude
et la justesse de la traduction de certains mots de 'Abdu'l-Baha. Il va donc
de soi que si l'édition anglaise admet en son sein des mots inappropriés, ceux-ci
se retrouveront inéluctablement dans la traduction française. A ce sujet il
est souhaitable de citer Shoghi Effendi:
"En ce qui concerne 'Abdu'l-Baha à Londres, rien ne peut être considéré comme
de l'histoire sainte tant que nous n'avons pas un texte original. Un compte
rendu sténographique, en persan, de ses paroles serait, bien entendu, plus digne
de confiance qu'un rapport en anglais car il n'a pas toujours été interprété
avec exactitude. Cependant, un tel livre est de valeur, et a certainement sa
place dans notre littérature." (Les Principes de l'Administration Baha'ie, p.42,
compilation, 2ème édition 1983, MEB, Bruxelles).
Deuxièmement, la présente traduction française s'est voulue la plus proche possible
des mots et de la syntaxe d'origine. Cette approche fut choisie pour mettre
en valeur la simplicité des termes et des tournures de phrase utilisés. Comme
toute approche, elle comporte des inconvénients; certains la trouveront trop
anglicisée, d'autres peu académique, mais l'essentiel résidait dans l'authenticité
et la fraîcheur du vocabulaire et du style.
Enfin, il a semblé opportun d'ajouter à la traduction française des notes de
traduction (notées N.d.T par la suite) afin d'enrichir en quelques endroits
la connaissance du lecteur ou simplement afin de lui faciliter la compréhension
de certains passages. Il a égalemetn paru utile de compléter cet ouvrage d'une
chronologie des voyages de 'Abu'l-Baha de 1908 à 1913.
Le traducteur
PRÉFACE DE LA TRADUCTION FRANÇAISE
Parmi les ouvrages de référence de la littérature baha'ie, il en existe plusieurs
dans lesquels on peut trouver une réponse thématique de 'Abdu'l-Baha à certaines
questions ou le contenu d'allocutions qu'il a données lors de ses voyages en
Occident. Les plus connus sont Les leçons de St Jean d'Acre (Some answered questions),
Les causeries de 'Abdu'l-Baha à Paris (Paris talks), 'Abdu'l-Baha à Londres
('Abdu'l-Baha in London) et The promulgation of universal peace.
La présente traduction vient donc enrichir la littérature baha'ie en langue
française du troisième fleuron de ce type d'ouvrages de référence. Seul le livre
The promulgation of universal peace, qui est l'équivalent pour les Etats-Unis
de ceux concernant Paris et Londres, n'a pas encore été traduit en français.
Pourquoi accorder tant d'importance à ces ouvrages? Aussi paradoxal que cela
puisse paraître, les propos de 'Abdu'l-Baha, qui sont ceux d'un homme proche
de septante ans, dont la culture et l'environnement furent exclusivement persan
et moyen-oriental jusqu'avant son départ pour l'Ouest, et dont la vie de huit
ans à soixante-quatre ans fut parsemée d'exils, d'emprisonnements et d'épreuves
en tout genre, les propos de cet homme saint donc, parlent au coeur de l'occidental
jeune, libre et bouillonnant d'énergie.
Peut-être serait-il bon, à l'attention de ceux qui ne sont pas familiers avec
l'histoire de la Foi baha'ie, d'insister sur le rang unique de 'Abdu'l-Baha.
Cet être incarne au plus haut degré les vertus humaines telles que la sagesse,
le contentement, la modestie, la bienveillance, la courtoisie et la modération.
Durant toute sa vie 'Abdu'l-Baha a témoigné d'une fidélité exemplaire à l'égard
de son père Baha'u'llah. Il L'a servi comme nul autre fils ne pourrait servir
son père; il L'a suivi dans Ses exils et jusque dans Ses cellules. Il Lui a
obéi en ne montrant toujours que joie et loyauté; l'idée de se flatter d'être
le fils d'une Manifestation divine ne l'a jamais effleuré; bien au contraire,
sa vie n'a été qu'humilité et service envers autrui. Cette fidélité exemplaire
à l'égard de son père s'est prolongée par une fermeté inébranlable dans l'application
du Testament de la Plume de Gloire (le Kitab-i-'Ahd de Baha'u'llah), Testament
qui faisait de lui le Centre de l'Alliance de Baha'u'llah avec l'humanité. Sans
cette fidélité exemplaire et cette fermeté inébranlable, la Cause divine proclamée
par l'Ancien des Jours (46) n'aurait point l'éclat resplendissant
dont elle s'est ornée au cours de ce second siècle de l'ère baha'ie. Il est
d'ailleurs pertinent de noter que Baha'u'llah surnomma 'Abdu'l-Baha le Mystère
de Dieu, le désigna comme l'exemple parfait et lui attribua le titre de Maître.
'Abdu'l-Baha témoigne d'une compréhension à un degré inégalable par le simple
mortel de la Révélation divine dont Baha'u'llah est la source. Et puis il y
a cette patience et cette virtuosité avec lesquelles il a su expliquer aux peuples
de l'Ouest les enseignements de la Beauté Bénie (47). Quand
on pense à l'âge qu'avait 'Abdu'l-Baha quand il a commencé ses voyages (soixante-sept
ans) et aux conditions dans lesquelles le transport se déroulait à l'époque,
il n'est pas peu dire que cette entreprise fut héroïque.
Trois des quatre ouvrages mentionnés précédemment sont les merveilleux fruits
de ses voyages épiques. Ces ouvrages sont exaltants à lire. Leur lecture génère
un engouement débordant d'enthousiasme. 'Abdu'l-Baha y est céleste et pédagogue,
comme s'il possédait un pied et un oeil dans l'autre monde et nous disait clairement
et sereinement ce qui nous attend là-haut en nous aidant à comprendre comment
accéder à ce Royaume éternel. 'Abdu'l-Baha y est céleste car de son discours
jaillit un océan de dévotion et d'amour à l'égard de Dieu; il y est pédagogue
car ses réponses sont simples et concises, entièrement adaptées à l'oreille
de son auditoire. Voilà pourquoi les propos de cet homme saint parlent au coeur
de l'occidental jeune, libre et bouillonnant d'énergie.
Cyril Tirandaz
TEXTE EN PROSE DATANT DE L'ÉDITION ANGLAISE
DE 1912
Les douleurs du monde qui enfante
Pourquoi les nations sont-elles dans les douleurs de l'enfantement aux derniers
confins de la terre?
De l'Est à l'Ouest quels sont ces signes?
Quel Sauveur naît dans la douleur?
La Chine se réveille de son sommeil séculaire, car la contrée du soleil levant
A montré à l'Est qu'elle peut rivaliser avec l'Ouest en marchandises et en armes
à feu;
Jaune et basané, mongol et maure,
Tu compteras avec ceux-ci, mon fils.
Qui reliera l'Est à l'Ouest? Qui les unira?
Le Seigneur Bouddha, l'Illuminé, ou Celui qui vient de la plaine du Jourdain
Le Prophète d'Allah, ou Celui qui depuis peu a foulé le Carmel de ses pieds?
Le Fils le Plus Saint de Perse qui brilla de la Splendeur de Dieu?
Jamais l'Est ne s'attachera à l'Ouest
Tant que les dieux ne partageront pas la même demeure.
Le musulman dans le Coran entend la vérité qu'il doit apprendre;
L'hindou dans les Védas voit le chemin que ses pieds devraient emprunter;
En Moïse et les Prophètes, le juif restaure son âme;
Le chrétien, dans l'Evangile, trouve la vie qui est le Tout;
Et tous peuvent lire le même discours
Quelqu'en soit le parchemin.
"Que Dieu est un; que les hommes sont un; que la foi est toujours la même;
Que l'amour est toujours le mot le plus proche pour exprimer ce Nom sans nom".
Telle est la croyance de l'Est et de l'Ouest si tu en sondes les profondeurs,
mon fils,
Car la Parole du Seigneur est unité, et la Volonté du Seigneur sera faite.
Les mains sont noires, blanches, jaunes ou marron,
Mais la couleur du coeur est une.
Harrold Johnson
Avec l'aimable autorisation du Daily News.
PRÉFACE DE L'ÉDITION ANGLAISE DE 1987
Sur une période de 23 mois couvrant les années de 1911 à 1913, un 'prisonnier
d'opinion', nom que nous lui donnerions de nos jours, accomplit de nombreux
voyages à travers l'Europe et l'Amérique du Nord. 'Abdu'l-Baha 'Abbas avait
été libéré de sa captivité ottomane en 191 (48) après plus
d'un demi siècle d'exils, d'emprisonnements et de mises en résidence surveillée.
Il avait soixante-cinq ans, et sa santé s'était détériorée au fil des épreuves
qu'il avait subies; cependant, après sa libération, il décida d'entreprendre
cette aventure, dans un esprit dont son nom même porte témoignage.
'Abdu'l-Baha ('le Serviteur de Baha') était le fils aîné de Mirza Husayn-'Ali
Nuri, plus connu dans l'histoire sous le nom de Baha'u'llah, "la Gloire de Dieu",
personnage fondateur de la Foi baha'ie considéré par les baha'is comme étant
la Manifestation ou le Messager de Dieu pour notre époque. Après le décès de
son père en 1892, 'Abdu'l-Baha devint le chef de la religion dont il allait
propager les idéaux et les enseignements.
Il visita l'Angleterre en 1911, restant la plupart du temps à Londres, puis
il y revint à la fin de l'année suivante (49) pour une
tournée de plus grande envergure qui le mena jusqu'à Edimbourgh. Dans ce pays
comme partout ailleurs il fut bien accueilli. Son allure digne et ses manières
pleines de tendresse rallièrent à lui ceux qui le rencontrèrent. Les souffrances
qu'il avait subies sans amertume les émurent. Le message d'amour, d'unité, d'unicité
de l'humanité et d'harmonie des religions qu'il donna, séduisit tous ceux qui
voyaient au-delà des structures rigides de classe, de croyance et de race, qui
prévalaient en ce temps-là.
Les comptes rendus de l'époque et les articles de presse témoignent de l'étendue
et du succès des talents de 'Abdu'l-Baha. Pourtant, de prime abord, le résultat
fut de courte durée, balayé par la frénésie du nationalisme et du militarisme
qui s'abattit sur le monde en août 1908, et défait par le pessimisme et le cynisme
qui suivirent ce que nous appelons encore la Grande Guerre.
En fait, grâce à un développement patient principalement dirigé par Shoghi Effendi,
petit-fils de 'Abdu'l-Baha qui lui succéda à son décès en 1921 et qui prit la
tête de la Foi baha'ie jusqu'à sa propre mort en 1957, la communauté grandit,
s'étendit, s'enracina, et développa la structure administrative qui assurerait
sa survie tout au long de bouleversements ultérieurs. En conséquence, on compte
maintenant des baha'is partout dans le monde, représentés par 150 Assemblées
nationales et 33.000 Assemblées locales (50). La littérature
baha'ie est traduite en près de 800 langues et le statut de la Foi baha'ie en
tant que religion mondiale indépendante est largement reconnu par les autorités
religieuses et civiles.
Les baha'is s'efforcent de mettre en pratique les idéaux dont 'Abdu'l-Baha incarna
l'exemple par sa vie et par son travail. Il est donc opportun, alors que leur
Foi commence à être plus connue du public, que ce petit livre soit réimprimé.
Un célèbre auteur anglais écrivit un jour que "Le passé est un pays étranger:
on y fait les choses différemment". Peut-être, mais l'esprit qui se trouve derrière
certaines choses ne change pas.
Iain S. Palin
Septembre 1987
INTRODUCTION DE L'ÉDITION ANGLAISE DE
1912
Seuls quelques-uns des croyants de Londres et de Paris avaient eu le bonheur
de pouvoir voyager à 'Akka (51) pour rencontrer 'Abdu'l-Baha,
entendre sa voix, être inspirés et spirituellement nourris par sa personne.
Le plus grand nombre demeurait dans l'attente de le voir et de converser avec
lui, mais se heurtèrent à divers empêchements. Le croyant ferme qui avait diligemment
gardé le flambeau en Angleterre avait pu penser que, les fers de l'éducateur
étant brisés et les portes de sa prison ouvertes, il pourrait recouvrer la santé
et trouver une consolation dans le voyage et rendre enfin visite à son peuple
de l'Ouest. Pour eux une telle joie semblait presque inimaginable et quand cette
visite tarda ils s'interrogèrent d'un air dubitatif: 'Et la promesse de sa venue?'
Leur joie explosa lors de sa venue. Il arriva à Londres avec la quiétude de
la Plus Grande Paix, pratiquement sans y avoir été annoncé. Le premier et ultime
dessein de son voyage était l'inauguration sereine de la Plus Grande Paix.
Installé sous le toit de celle qu'il avait appelé sa 'fille respectée', il se
sentit heureux et immédiatement 'chez lui'. Quant à la foule des visiteurs,
elle accourait pour lui rendre hommage et recevoir sa bénédiction continuellement
jour après jour. L'atmosphère qui l'entourait s'harmonisait avec le ton parfait
de sa courtoisie et de sa bienveillance infatigables. Des professeurs de différentes
croyances vinrent et furent conquis par le charme de ses manières et la conviction
de son âme. Son message d'unité pénétra profondément les coeurs de ceux qui
l'écoutaient, quelle que soit la foi à laquelle ces auditeurs adhéraient.
Nombreuses furent les questions et nombreux ceux qui les posèrent. Ses réponses,
bien que probablement altérées par la traduction, surprirent et enchantèrent
ceux qui l'entendaient. Sa maîtrise des questions qui les préoccupaient, ses
réponses vives et ardentes, émerveillèrent et furent reçues cordialement. Quelquefois
on le persuada de marcher dans des rues grouillantes ou dans l'un ou l'autre
des parcs embrasés par les rayons du soleil d'un splendide été. Parfois et pour
le grand plaisir et l'élévation des baha'is il fut convié dans les groupes du
centre ville. Là il prononça des discours, habituellement brefs, mais toujours
précis, portant directement sur sa mission ou sur son message. Sa voix était
toujours vibrante avec des paroles d'unité et de paix. Seulement une fois ou
deux se permit-il le plaisir de rendre visite à des amis à la campagne. Dans
un village typique où il se rendit avec un véhicule motorisé, et à Bristol,
une grande ville dans l'ouest du pays, il trouva non seulement une hospitalité
empreinte de gaieté mais aussi une écoute révérencieuse et attentive. Lors de
certaines journées mémorables, 'Abdu'l-Baha s'adressa à de larges audiences
dans des lieux de culte et de services sociaux. Le pasteur du temple de la cité,
le révérend R.J. Campbell M.A. le présenta avec des paroles pleines d'amabilité,
à une congrégation débordante qui entendit 'Abdu'l-Baha avec un intense intérêt,
l'allocution étant donnée en anglais immédiatement après.
A l'église de Saint Jean à Westminster, le vénérable archidiacre Wilberforce
organisa un office similaire, la congrégation s'agenouillant à sa demande pour
recevoir la bénédiction de 'Abdu'l-Baha. A l'établissement de Passmore Edwards
sur la Place Tavistock, un vaste auditoire s'assembla pour le voir et l'entendre.
Une impression profonde est restée dans l'esprit et la mémoire d'hommes et de
femmes de toutes sortes et de toutes conditions. L'extraordinaire sympathie
de 'Abdu'l-Baha s'avéra être en chaque circonstance aussi utile que son discernement
et sa perspicacité pour traiter de difficultés furent-elles subtiles ou évidentes.
Quiconque l'approcha se sentit compris et fut étonné et réconforté par la maîtrise
avec laquelle 'Abdu'l-Baha analysait les différences entre les religions, et
surtout leurs points communs. Quelquefois dans des discours bref mais magistraux,
ou d'autres fois, par le biais de questions et de réponses, des thèmes d'intérêt
particulier ou général furent exposés et expliqués.
Le séjour de 'Abdu'l-Baha à Londres fut hautement apprécié, et son départ grandement
regretté. Il laissa derrière lui de très nombreux amis. Son amour avait fait
naître l'amour. Son coeur s'était ouvert à l'Ouest et le coeur de l'Occident
avait refermé son étreinte sur cette présence patriarcale venue d'Orient. Ses
paroles produisaient un effet non seulement sur ses auditeurs présents, mais
encore sur les hommes et les femmes en général. Sa vision était si optimiste,
son âme si encline à la proclamation des principes d'unité et de paix, qu'il
n'était pas permis que ses discours et ses réponses ne soient pas rapportés.
Cette tentative de les reproduire au profit de tous ceux qui les liront, est
faite dans l'espoir réel et certain qu'à travers eux, le but et le travail de
l'orateur soient saisis et ses efforts mis en valeur par les adeptes de toutes
les croyances et les habitants de toutes les régions.
Eric Hammond
Maison d'Éditions Baha'ies - Rue du Trône 205 - 1050 Bruxelles, Belgique
Tiré de " 'Abdu'l-Baha in London " - Baha'i Publishing Trust, London
D/1547/1998/1
- ISBN 2-87203-040-9