Médiathèque baha'ie

Épître au fils du Loup

Révélée par Baha'u'llah


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Nota : "L'Épître au fils du Loup" est une lettre révélée par Baha'u'llah adressant une sévère admonestation à Mohammed Taqi, le cruel et sanglant chef religieux d'Isfahan de Perse. Baha'u'llah tire aussi des Écrits du Bab les preuves de l'authenticité de sa mission.
Nota: Notes de bas de pages


Au nom de Dieu, l'Unique, l'Incomparable, le Tout-Puissant, l'Omniscient, le Très-Sage.

[1]
Louange à Dieu, l'Éternel qui ne périt point, l'Immortel qui ne décline point, l'Absolu qui ne change point. Transcendant en sa souveraineté, il est manifesté par ses signes et caché par ses mystères. Sur son ordre, l'étendard de la Parole la plus exaltée se dresse dans le monde de la création et la bannière de " Il fait tout ce qu'il veut " flotte sur tous les peuples. Il révéla sa cause afin de guider ses créatures, fit descendre ses versets pour manifester sa preuve et son témoignage, et embellit de l'ornement de la parole la préface du Livre de l'homme par ses mots: "Le Dieu de miséricorde a révélé le Coran, a créé l'homme et lui a enseigné le langage articulé. Il n'est pas d'autre Dieu que Lui, l'Unique, l'Incomparable, le Fort, le Puissant, le Bienfaisant".

[2]
Que sur Lui, le Médiateur suprême, la Plume du Très-Haut (1), dont Dieu a fait l'Orient de ses noms et la source de ses attributs les plus nobles, repose la lumière diffusée depuis le paradis de la munificence et de la bénédiction rayonnant de l'Orient de la volonté de Dieu, le Seigneur du royaume des noms. Par Lui, la lumière de l'unité brille au-dessus de l'horizon du monde et la loi de l'unicité se révèle aux nations qui, la face radieuse, se tournent vers l'horizon suprême et reconnaissent ce que la Langue du verbe a exprimé dans le royaume de sa connaissance: "La terre et le ciel, la gloire et l'autorité appartiennent à Dieu, l'Omnipotent, le Tout-Puissant, le Seigneur de grâce abondante".

[3]
Ô illustre savant, prête l'oreille à la voix de cet opprimé. Sincèrement, il t'exhorte pour l'amour de Dieu et te conseille ce qui te rapprochera de lui en toutes circonstances. Il est vraiment celui qui possède tout, le Suprême. Sache que l'oreille de l'homme fut créée pour écouter la voix divine en ce jour que mentionnent tous les livres, les écritures et les épîtres. Purifie d'abord ton âme aux eaux du renoncement. Puis pare ta tête de la couronne de la crainte de Dieu et ton temple de l'ornement de la confiance en lui. Ensuite, la face tournée vers la plus grande Demeure - le point autour duquel gravite tout ce qui habite sur la terre, comme le décrète le Roi éternel -, lève-toi et récite:

[4]
" Ô Dieu, mon Dieu, mon désir, mon adoré, mon maître, mon soutien, ma plus grande espérance et ma suprême aspiration ! Tu me vois tourné vers Toi, tenant fermement la corde de ta bonté, accroché au pan de ta générosité, reconnaissant la sainteté de ton être et la pureté de ton essence et témoignant de ton unité et de ton unicité. Je témoigne que tu es l'Unique, l'Incomparable, l'Éternel. Tu n'as pris ni partenaire dans ton empire, ni choisi de pair sur terre. Toute chose créée témoigne de ce que la Langue de ta grandeur déclara avant sa création. En vérité, tu es Dieu. Il n'est pas d'autre Dieu que Toi ! De toute éternité, tu es sanctifié de la mention de tes serviteurs et exalté au-delà de toute description de tes créatures. Ô Seigneur, tu vois l'ignorant chercher l'océan de ta connaissance, l'assoiffé, les eaux vives de ta parole, l'humilié, le tabernacle de ta gloire, le pauvre, le trésor de tes richesses, le suppliant, l'orient de ta sagesse, le faible, la source de ta force, l'infortuné, le ciel de ta générosité, le muet, le royaume de ta mention".

[5]
" Ô mon Dieu et mon Roi, je témoigne que tu m'as créé pour me souvenir de toi, te glorifier et servir ta cause. Et cependant, j'ai aidé tes ennemis qui brisèrent ton alliance, rejetèrent ton Livre, ne crurent pas en toi et répudièrent tes signes. Hélas ! Hélas pour mon obstination et ma honte, pour les fautes et les méfaits qui m'ont privé des profondeurs de l'océan de ton unité et m'ont empêché de sonder la mer de ta miséricorde ! Hélas ! Trois fois hélas pour mon caractère méprisable et pour la gravité de mes transgressions ! Ô mon Dieu ! Tu m'as appelé à la vie pour exalter ta parole et manifester ta cause. Pourtant, prisonnier de mon aveuglement, j'en fus empêché au point de me lever pour anéantir tes signes et verser le sang de tes bien-aimés, Orients de tes signes, sources de ta révélation et dépositaires de tes mystères".

[6]
" Ô Seigneur, mon Seigneur ! Ô Seigneur, mon Seigneur ! Et encore, ô Seigneur, mon Seigneur ! Je témoigne que les fruits de l'arbre de ta justice sont tombés en raison de mon iniquité, et que le feu de ma rébellion a consumé les coeurs des créatures proches de toi et fait fondre les âmes sincères parmi tes serviteurs. Ô misérable, misérable que je suis ! Ô cruautés, flagrantes cruautés que j'ai commises ! Malheur à moi, malheur à moi pour mon éloignement, mon obstination, mon ignorance, ma bassesse, mon désaveu et mon opposition à ton égard ! Pendant combien de jours n'as-tu pas ordonné à tes serviteurs et à tes bien-aimés de me protéger, tandis que je leur commandais de te nuire et de nuire à ceux en qui tu avais confiance !
Et combien nombreuses furent les nuits durant lesquelles, par ta grâce, tu te souvins de moi et me montras ton chemin, tandis que je me détournais de toi et de tes signes ! Par ta gloire ! Ô Toi qui es l'espoir de ceux qui ont reconnu ton unité et le désir des coeurs de ceux qui sont détachés de tout sauf de toi ! Je ne trouve nul secours excepté toi, nul roi, nul refuge, nul havre en dehors de toi. Hélas, hélas ! En me détournant de toi, j'ai consumé le voile de mon intégrité et, en te reniant, j'ai déchiré ce qui protégeait mon honneur.
Oh ! Que ne puis-je être au plus profond de la terre afin que mes méfaits demeurent ignorés de tes serviteurs ! Ô mon Seigneur ! Tu vois ce pécheur se tourner vers l'orient de ton indulgence et de ta générosité, et cette montagne d'iniquité chercher le ciel de ta miséricorde et de ton pardon. Hélas, hélas !
La gravité de mes péchés m'a empêché de m'approcher de la cour de ta miséricorde, et l'horreur de mes actes m'a éloigné du sanctuaire de ta présence. En vérité, je suis celui qui a failli à ses devoirs envers toi, qui a brisé ton alliance et ton pacte, et qui a commis ce qui suscita les lamentations des habitants des cités de ta justice et des Aurores de ta grâce en tes royaumes.
Ô mon Dieu ! Je témoigne que j'ai négligé tes commandements pour suivre les injonctions de mes passions, que j'ai rejeté les lois de ton Livre pour saisir le livre de mon propre désir.
Ô douleur, ô douleur ! À mesure que croissaient mes iniquités, ton indulgence à mon égard augmentait, et plus le feu de ma rébellion devenait ardent, plus ton pardon et ta grâce cherchaient à en éteindre les flammes. Par la force de ton pouvoir !
Ô Toi qui es le désir du monde et le bien-aimé des nations ! Ta longanimité m'a gonflé d'orgueil et ta patience m'a enhardi. Ô mon Dieu ! Tu vois les larmes que fait couler ma honte et les soupirs que mon insouciance me fait exhaler. Je le jure par la grandeur de ta majesté ! Je ne puis trouver pour moi-même aucune demeure si ce n'est à l'ombre de la cour de ta générosité, aucun refuge si ce n'est sous le dais de ta miséricorde. Tu me vois plongé dans un océan de découragement et de désespoir, après que tu m'aies fait entendre ces mots: "Ne désespère point " Par ton pouvoir ! Ma cruelle injustice a coupé la corde de mon espoir et ma rébellion a noirci ma face devant le trône de ta justice.
Ô mon Dieu ! Tu vois celui qui gît devant la porte de ta faveur, honteux de chercher dans les eaux vives de ton pardon la main de ta tendre bonté. Tu m'as donné une langue pour t'évoquer et te louer ; pourtant, ce qu'elle profère a fait fondre les âmes des élus proches de toi et se consumer les coeurs des êtres sincères parmi les habitants des demeures de sainteté. Tu m'as donné des yeux pour témoigner de tes signes, lire tes versets et contempler les révélations de ton oeuvre ; mais j'ai rejeté ta volonté et j'ai commis ce qui fit gémir tes créatures fidèles et tes serviteurs détachés. Tu m'as donné des oreilles pour entendre ta louange, ta glorification, et ce que tu révélas du ciel de ta bonté et du firmament de ta volonté.
Mais hélas, hélas ! J'ai abandonné ta cause et j'ai ordonné à tes serviteurs de blasphémer contre ceux en qui tu avais confiance et contre tes bien-aimés et j'ai commis, devant le trône de ta justice, des actes qui suscitèrent les douloureuses lamentations de ceux qui ont reconnu ton unité et qui te sont totalement dévoués parmi les habitants de ton royaume. Ô mon Dieu ! Je ne sais lequel de mes méfaits mentionner devant l'océan houleux de ta faveur, ni laquelle de mes offenses déclarer, lorsque je suis face aux splendeurs des soleils de tes dons merveilleux et de tes libéralités".

[7]
" Par les mystères de ton Livre, par ce qui est dissimulé dans ton savoir et par les perles enfouies dans les nacres de l'océan de ta miséricorde, je te supplie, en cet instant, de me compter parmi ceux que tu as mentionnés dans ton Livre et décrits dans tes épîtres. Ô mon Dieu ! As-tu décrété pour moi quelque joie après ces tribulations, quelque soulagement pour succéder à cette affliction, quelque repos après ces malheurs ? Hélas, hélas !
Tu as ordonné que chaque chaire soit réservée à ta mention, à la glorification de ta parole et à la révélation de ta cause, et moi je suis monté pour proclamer la violation de ton alliance, y exprimer, devant tes serviteurs, des paroles telles qu'elles suscitèrent les lamentations des habitants des tabernacles de ta majesté et des résidents des cités de ta sagesse. Combien de fois n'as-tu pas fait descendre la nourriture de ta parole du ciel de ta générosité ? Et moi qui la refusais ! Combien de fois ne m'as-tu pas convié aux douces eaux de ta miséricorde ? Et moi qui choisissais de m'en détourner, pour suivre mon souhait et mon désir !
Par ta gloire ! Je ne sais pour quel péché solliciter ta clémence et implorer ton pardon, ni pour laquelle de mes iniquités me tourner vers la cour de ta générosité et le sanctuaire de ta faveur. Mes offenses et mes péchés sont tels que nul homme ne peut les dénombrer et nulle plume les décrire. Ô Toi qui changes les ténèbres en lumière et dévoiles les mystères du Sinaï de ta révélation ! Je t'implore de m'aider, à tout instant, à placer ma confiance en toi et à m'en remettre à tes soins. Ainsi, ô mon Dieu, permets que je me contente de ce qu'a tracé le doigt de ton décret et écrit la plume de ton commandement. Tu as le pouvoir de faire ce qui te plaît et tu tiens en tes mains les rênes de tout ce qui est dans le ciel et sur la terre. Il n'est pas d'autre Dieu que Toi, l'Omniscient, le Très-Sage".

[8]
Ô Shaykh ! (2) Sache que ni les calomnies des hommes, ni leurs dénégations, ni leurs ergotages ne peuvent nuire à celui qui s'est accroché à la corde de la grâce et qui a saisi le pan de la miséricorde du Seigneur de la création. Par Dieu ! Lui, la Gloire de Dieu (3), n'a point parlé mû par son désir. Celui qui lui a donné la parole est celui qui a fait parler toutes choses, afin qu'elles puissent le louer et le glorifier. Il n'est pas d'autre Dieu que Lui, le Seul, l'Incomparable, le Seigneur de force, l'Inconditionné.

[9]
Ceux dont la vue est perçante, dont les oreilles sont attentives, dont le coeur est éclairé et la poitrine dilatée, reconnaissent le vrai et le faux, et distinguent l'un de l'autre. Récite cette prière qui émane de la bouche de cet opprimé, et médite-la d'un coeur libéré de tout attachement. L'oreille pure et sanctifiée, sois attentif à sa signification en espérant inhaler le souffle du détachement et avoir pitié de toi-même et des autres:

[10]
Mon Dieu, objet de mon adoration, but de mon désir, Toi le Très-Généreux, le Très-Compatissant ! Toute vie est tienne et tout pouvoir réside dans l'étreinte de ton omnipotence. Celui que tu exaltes est élevé au-dessus des anges et atteint le rang de " En vérité, nous l'avons élevé vers une place sublime "(4) ; et celui que tu abaisses est rendu plus vil que la poussière. Que dis-je ! Il est moins que rien. Ô divine Providence ! Mauvais, coupables et intempérants, nous cherchons malgré tout auprès de toi un " séjour de vérité "(5) et désirons ardemment contempler la face du Roi omnipotent.
Il t'appartient de commander, toute souveraineté est tienne et le royaume de puissance s'incline devant ton ordre. Tout ce que tu fais est pure justice, que dis-je, c'est l'essence même de la grâce. Un seul rayon des splendeurs de ton nom, l'infiniment Miséricordieux, suffit à bannir et à effacer du monde toute trace de culpabilité, et un seul souffle des brises du jour de ta révélation suffit à orner toute l'humanité d'une nouvelle parure.
Ô Tout-Puissant ! Aux impuissants donne la puissance et aux morts accorde la vie: qu'ainsi ils te trouvent, qu'ils soient conduits vers l'océan de ta connaissance et restent fermes dans ta cause. Si l'une des nombreuses langues du monde, de l'Orient ou de l'Occident, diffusait au loin le parfum de ta louange, elle serait vraiment appréciée et grandement chérie. Si, toutefois, ces langues étaient dépourvues de ce parfum, elles seraient, assurément, indignes de toute mention, en parole ou même en pensée. Ô Providence ! Nous te prions de montrer ton chemin à tous les hommes et de les bien guider. Tu es, en vérité, le Fort, le Tout-Puissant, l'Omniscient, Celui qui voit tout.

[11]
Nous supplions Dieu de t'aider à être juste et impartial, et de porter à ta connaissance tout ce qui était caché aux yeux des hommes. En vérité, il est le Fort, l'Indépendant. Nous te prions de réfléchir à ce qui fut révélé, et d'être loyal et juste dans ton discours afin que les splendeurs du soleil de vérité et de sincérité apparaissent, te délivrent des ténèbres de l'ignorance et éclairent le monde par la lumière de la connaissance. Cet opprimé n'a fréquenté aucune école, ni assisté aux controverses des savants. Par ma vie ! Je ne me suis pas révélé par ma volonté, mais Dieu, de son propre choix, m'a manifesté. Dans l'épître adressée à Sa Majesté le Shah (6)- que l'assiste Dieu, béni et glorifié soit-il- les paroles suivantes se sont déversées de la bouche de cet opprimé:

[12]
Ô roi ! Je n'étais qu'un homme comme les autres, endormi sur ma couche, lorsque les brises du Très-Glorieux soufflèrent sur moi et me donnèrent la connaissance de tout ce qui fut. Ceci n'est pas de moi mais de celui qui est tout-puissant et omniscient. Il m'ordonna d'élever la voix entre ciel et terre et, pour cela, il m'advint ce qui fait couler les larmes de tout homme doué d'entendement. Le savoir courant parmi les hommes, je ne l'ai pas étudié ; leurs écoles, je ne les ai pas fréquentées. Informe-toi dans la ville où j'habitais, afin d'être assuré que je ne suis pas de ceux qui mentent. Je ne suis qu'une feuille agitée par les vents de la volonté de ton Seigneur, le Tout-Puissant, le Magnifié. Peut-elle rester immobile quand soufflent les vents tempétueux ? Non, par le Seigneur de tous les noms et attributs ! Ils la secouent comme ils veulent. L'éphémère n'est que néant face à l'Eternel. J'ai entendu ses admonitions impérieuses ; elles m'ont amené à célébrer sa louange parmi tous les hommes. En vérité, j'étais comme mort lorsque son ordre fut proféré. La main de la volonté de ton Seigneur, le Compatissant, le Miséricordieux, m'a transformé.

[13]
Le moment est venu de te purifier aux eaux du détachement qui coulent de la Plume suprême (7) et de réfléchir, uniquement pour l'amour de Dieu, à ces choses qui furent envoyées ou manifestées à plusieurs reprises. Ensuite par le pouvoir de la sagesse et par la force de ta parole, efforce-toi d'éteindre le feu de l'inimitié et de la haine qui couve dans le coeur des peuples du monde. Les messagers divins ont été envoyés ici-bas et leurs livres ont été révélés dans le but de faire avancer la connaissance de Dieu et de favoriser l'unité et la solidarité parmi les hommes. Mais, à présent, vois comme ils ont fait de la loi de Dieu une cause et un prétexte de perversité et de haine. Comme il est déplorable et regrettable que la plupart des hommes s'attachent à leurs possessions et s'y noient, alors qu'ils sont inconscients de ce que Dieu possède et en sont séparés comme par un voile !

[14]
Dis: Ô Dieu, mon Dieu ! Pare ma tête de la couronne de la justice et mon temple de l'ornement de l'équité. Tu es, en vérité, le Possesseur de tous les dons et de toutes les générosités.

[15]
Justice et équité sont toutes deux des gardiennes qui veillent sur les hommes. Les paroles saintes et claires qu'elles révèlent sont la source du bien-être du monde et la protection des nations.

[16]
Voici les paroles qui ont coulé de la plume de cet opprimé dans l'une de ses épîtres: Le but du seul vrai Dieu, exaltée soit sa gloire, est d'extraire les gemmes mystiques de la mine de l'homme qui est l'orient de sa Cause et le dépositaire des perles de sa connaissance ; car Dieu lui-même, glorifié soit-il, est l'Invisible, l'Unique, caché aux yeux des hommes. Considère ce que le Miséricordieux révéla dans le Coran: "Les regards des hommes ne l'atteignent pas, mais il scrute les regards. Il est le Subtil, il est parfaitement informé" (8).

[17]
Les diverses confessions de la terre et les multiples systèmes de croyances religieuses ne devraient jamais être autorisés à susciter des sentiments d'animosité parmi les hommes: c'est, en ce jour, l'essence même de la foi de Dieu et de sa religion. Ces principes et ces lois, ces systèmes fermement établis et puissants ont émané d'une seule et même source et sont des rayons d'une seule et même lumière. Qu'ils diffèrent les uns des autres doit être attribué aux nécessités changeantes des époques auxquelles ils furent propagés.

[18]
Ceins-toi les reins pour l'effort, ô peuple de Baha (9), afin que le tumulte des dissensions et des luttes religieuses qui agitent les peuples de la terre soit apaisé, et que toute trace en soit complètement effacée. Pour l'amour de Dieu et de ceux qui le servent, lève-toi pour aider cette sublime et suprême révélation. Le fanatisme religieux et la haine sont un feu dévorant le monde, dont nul ne peut atténuer la violence. Seule la main du pouvoir divin peut délivrer l'humanité de cette désolante affliction. Songe à la guerre qui opposa les deux nations (10) et à la manière dont les deux adversaires abandonnèrent leurs possessions et leur vie. Combien de villages furent rayés de la carte !

[19]
La parole de Dieu est une lampe dont la lumière brille en ces mots: Vous êtes les fruits d'un même arbre et les feuilles d'une même branche. Dans vos rapports les uns avec les autres, faites preuve d'un amour et d'une harmonie extrêmes, ainsi que d'amitié et de fraternité. Celui qui est l'Astre de vérité m'en porte témoignage ! La lumière de l'unité est si puissante qu'elle peut illuminer la terre entière. Le seul vrai Dieu, celui qui connaît toutes choses, témoigne lui-même de la vérité de ces paroles.

[20]
Efforcez-vous d'atteindre cette condition sublime et transcendante qui peut assurer la protection et la sécurité de toute l'humanité. Ce but surpasse tout autre but et cette aspiration est la reine de toutes les aspirations. Toutefois, aussi longtemps que les nuages épais de l'oppression qui obscurcissent le soleil de la justice ne se seront pas dissipés, il sera difficile à la gloire de cette condition d'être dévoilée aux yeux des hommes. Ces épais nuages ne sont autres que les religieux de Perse, propagateurs de vaines imaginations ; nous avons, parfois, parlé le langage du législateur et, parfois, celui du chercheur de vérité et du mystique ; notre intention suprême, notre souhait le plus élevé a toujours été, cependant, de révéler la gloire et la sublimité de cette condition. En vérité, Dieu est un témoin suffisant !

[21]
Fréquentez tous les hommes, ô peuple de Baha, dans un esprit d'amitié et de fraternité. Si vous possédez quelque vérité, joyau dont les autres sont privés, partagez-la en des termes d'une bonté et d'une bienveillance extrêmes. Si elle est acceptée et réalise son dessein, votre objectif est atteint. Si quelqu'un la refuse, laissez-le à lui-même et suppliez Dieu de le guider. Gardez-vous de le traiter avec malveillance. Un langage bienveillant est l'aimant naturel du coeur des hommes. C'est le pain de l'esprit qui donne un sens aux mots, c'est la fontaine lumineuse de la sagesse et de la compréhension.

[22]
Par " religieux ", dans le passage cité plus haut, nous entendons ces hommes qui, extérieurement, se parent des habits du savoir mais qui, intérieurement, en sont dépourvus. Citons à cet égard, de l'épître adressée à Sa Majesté le Shah, certains passages extraits des Paroles cachées qui furent révélées par la Plume d'Abha (11) sous le nom de Livre de Fatimih (12)- que les bénédictions de Dieu soient sur elle !

[23]
Ô vous qui êtes sots et qui cependant passez pour sages ! Pourquoi prenez-vous l'apparence de bergers, alors qu'en vous-mêmes vous êtes devenus des loups acharnés contre mon troupeau ? Vous êtes comme l'étoile qui se lève avant l'aube et qui, bien qu'elle paraisse lumineuse et radieuse, égare les voyageurs de ma cité et les conduit sur les chemins de perdition.

[24]
De même, il dit: Ô vous qui êtes sains en apparence mais intérieurement corrompus ! Vous êtes comme de l'eau claire mais amère, apparemment pure comme du cristal, mais dont pas une goutte ne sera acceptée après avoir été éprouvée par le divin Examinateur. En vérité, le rayon de soleil éclaire identiquement la poussière et le miroir ; mais leurs images réfléchies sont aussi différentes que l'étoile l'est de la terre; Que dis-je ! Cette différence est incommensurable.

[25]
Et il dit également: Ô essence de désir ! Bien des fois à l'aurore, depuis les royaumes de l'infini, je suis venu vers ta demeure et t'ai trouvé sur la couche de repos occupé avec d'autres que moi. Aussi, tel l'éclair de l'esprit, je suis retourné aux royaumes de gloire céleste et, dans mes retraites d'en haut, je n'en ai soufflé mot aux armées de sainteté.

[26]
Et il dit encore: Ô esclave du monde ! Que de fois, à l'aurore, la brise de mon affectueuse bonté est passée sur toi et t'a trouvé profondément endormi sur la couche de l'insouciance. Alors, pleurant sur ta condition, elle est repartie d'où elle était venue.

[27]
Cependant, les savants qui sont vraiment parés de l'ornement du savoir et de la bonté sont, en vérité, comme une tête pour le corps du monde et comme des yeux pour les nations. Les hommes ont toujours été guidés par des âmes aussi nobles, et le seront toujours. Nous supplions Dieu de daigner les aider à faire sa volonté et à suivre son bon plaisir. En vérité, il est le Seigneur de tous les hommes, le Seigneur de ce monde et de l'autre.

[28]
Ô Shaykh ! Nous avons appris que tu t'es détourné de nous et que tu t'es rebellé contre nous ; tu as commandé au peuple de me maudire et tu as ordonné de verser le sang des serviteurs de Dieu. Que Dieu récompense celui qui a dit: J'obéirai de mon plein gré au juge qui a si étrangement décrété que mon sang soit répandu à Hill et à Haram (13). En vérité, je le dis ! L'âme chérit et le coeur désire tout ce qui advient sur le chemin de Dieu.
En son sentier, le poison mortel est miel pur et chaque tribulation, gorgée d'eau cristalline. Dans l'épître à Sa Majesté le Shah, il est écrit: Par celui qui est la vérité ! Je ne redoute aucunes tribulations sur son chemin ni aucune affliction dans mon amour pour lui. En vérité, Dieu a fait de l'adversité une rosée matinale sur son vert pâturage et une mèche pour sa lampe qui éclaire le ciel et la terre.

[29]
Tourne ton coeur vers celui qui est la Kaaba de Dieu, le Secours, l'Absolu, et lève les mains avec une conviction telle qu'elle fera lever les mains de toutes choses créées vers le ciel de la grâce de Dieu, le Seigneur de tous les mondes. Puis tourne ton visage vers lui de telle manière que les visages de tous les êtres se tournent vers son horizon brillant et lumineux, et dis: "Tu me vois, ô mon Seigneur, le visage tourné vers le ciel de ta bonté et l'océan de ta faveur, détaché de tout sauf de Toi.
Par les splendeurs du soleil de ta révélation brillant sur le Sinaï (14) et par le rayonnement de l'astre de ta grâce resplendissant à l'horizon de ton nom, le Magnanime, je te demande de m'accorder ton pardon et d'avoir pitié de moi. De ta plume de gloire, consigne pour moi ce qui, par ton nom, m'élèvera dans le monde de la création. Aide-moi, ô mon Seigneur, à me tourner vers toi et à écouter la voix de tes bien-aimés que les puissances de la terre ne purent affaiblir, que l'emprise des nations ne parvint à éloigner de toi et qui, s'avançant vers toi, dirent: "Dieu est notre Seigneur, le Seigneur de tous ceux qui sont sur la terre et de tous ceux qui sont au ciel".

[30]
Ô Shaykh ! En vérité, je le dis, le sceau du vin de choix (15) a été brisé au nom de l'Absolu ; ne t'en prive point. Cet opprimé ne s'exprime que pour l'amour de Dieu ; toi aussi tu devrais, pour l'amour de Dieu, méditer sur ce qui est envoyé et révélé afin qu'en ce jour béni, prenant ta part des effusions prodigues de celui qui est véritablement le Très-Généreux, tu n'en sois pas privé. Certes, cela ne serait pas difficile pour Dieu: Adam, né de la poussière fut, par la parole de Dieu, élevé au trône céleste ; un simple pêcheur (16) devint le dépositaire de la sagesse divine, et Abu Dhar (17), le berger, devint un prince des nations !

[31]
Ô Shaykh ! Ce jour n'est pas et n'a jamais été le jour où les arts et les sciences des hommes peuvent être considérés comme une juste norme pour eux, car il est démontré que celui qui en était totalement ignorant (18) a gravi le trône d'or le plus pur et occupé le siège d'honneur au conseil du savoir, alors que leur interprète et dépositaire reconnu (19) en demeurait entièrement privé.
Par " arts et sciences ", nous entendons ici ceux qui commencent et se terminent par des mots. Toutefois, les arts et les sciences qui donnent de bons résultats, qui produisent des fruits et contribuent au bien-être et au confort des hommes, ont été et demeurent acceptables devant Dieu. Si tu prêtais l'oreille à ma voix, tu rejetterais toutes tes possessions et tournerais ton visage vers le point d'où surgit l'océan de sagesse et de parole et d'où soufflent les douces senteurs de la tendre bonté de ton Seigneur, le Compatissant.

[32]
À ce propos, nous jugeons bon de relater brièvement certains événements passés afin qu'ils servent à défendre la cause de l'équité et de la justice. À l'époque où Sa Majesté le Shah - que Dieu, son Seigneur, le Très-Miséricordieux, l'assiste par sa grâce fortifiante - envisageait un voyage à Isfahan (20), cet opprimé, ayant obtenu son autorisation, visita les saints et lumineux tombeaux des Imams (21) - que les bénédictions de Dieu soient sur eux !
À notre retour, nous nous rendîmes à Lavasan en raison de la chaleur excessive qui régnait dans la capitale. C'est après notre départ que survint l'attentat à la vie de Sa Majesté - que l'assiste Dieu, béni et glorifié soit-il ! Ce furent des jours troubles et les feux de la haine brûlèrent violemment.
Nombreuses furent les personnes arrêtées et, parmi elles, cet opprimé. Par la justice de Dieu ! Nous n'étions aucunement mêlé à cet acte infâme et notre innocence fut indiscutablement établie par les tribunaux. Néanmoins, on nous arrêta et de Niyavaran (22), qui était alors la résidence de Sa Majesté, l'on nous conduisit, à pied, enchaîné, tête et pieds nus, à la prison de Téhéran (23). Le cavalier brutal qui nous accompagnait arracha notre toque tandis que nous étions entraîné précipitamment par une troupe de bourreaux et de policiers.
Pendant quatre mois, nous fûmes enfermé dans un lieu infect entre tous. Une fosse étroite et sombre eut été préférable au cul de basse-fosse où furent confinés cet opprimé et d'autres comme lui.
À notre arrivée, nous fûmes conduit le long d'un corridor noir comme de l'encre, d'où nous descendîmes trois volées de marches raides pour arriver au lieu de confinement qui nous était assigné. L'endroit était plongé dans une profonde obscurité et le nombre de nos compagnons de prison avoisinait les cent cinquante: voleurs, assassins et brigands.
Bien qu'il fût bondé, il ne comportait pas d'autre issue que le passage par lequel nous étions entré. Aucune plume ne peut dépeindre ce lieu, aucune langue en décrire l'infâme puanteur. La plupart de ces prisonniers n'avaient ni vêtements ni couche sur laquelle reposer. Dieu seul sait ce qui nous advint en ce lieu empesté et lugubre entre tous !

[33]
Nuit et jour, tandis que nous étions confiné dans cette prison, nous méditions sur les actes, la condition et le comportement des babis, nous demandant ce qui avait pu conduire ce peuple si généreux, si noble et d'une telle intelligence, à perpétrer un acte aussi téméraire et aussi monstrueux contre la personne de Sa Majesté. Alors cet opprimé décida qu'après sa libération, il se lèverait pour entreprendre, avec la plus extrême vigueur, la tâche de régénérer ce peuple.

[34]
Une nuit, en rêve, ces paroles exaltées parvinrent de tous côtés à nos oreilles: "En vérité, nous te rendrons victorieux par toi-même et par ta plume. Ne t'afflige point de ce qui t'est advenu, et ne crains point, car tu es en sécurité. Bientôt, Dieu produira les trésors de la terre: des hommes qui t'assisteront par toi-même et par ton nom grâce auquel Dieu a revivifié les coeurs de ceux qui l'ont reconnu".

[35]
Et lorsque cet opprimé quitta sa prison, conformément à l'ordre de Sa Majesté le Shah - qu'il soit protégé par Dieu, exalté soit-il - nous voyageâmes vers l'Irak, escorté par des officiers au service des gouvernements estimés et honorés de Perse et de Russie. Après notre arrivée, avec l'aide de Dieu et de sa divine miséricorde, nous révélâmes, telle une pluie abondante, nos versets que nous envoyâmes en diverses parties du monde. Nous exhortâmes tous les hommes et ce peuple en particulier, par nos sages conseils et nos affectueuses admonitions, leur interdisant de prendre part à des séditions, des querelles, des litiges et des conflits. En conséquence, et par la grâce de Dieu, obstination et déraison se transformèrent en piété et compréhension, et les armes devinrent des instruments de paix.

[36]
En ces jours où je gisais retenu dans la prison de Téhéran, alors que le fardeau des chaînes et l'air fétide ne me laissaient que peu de sommeil, il me semblait que, lors de rares instants d'assoupissement, quelque chose coulait du sommet de ma tête sur ma poitrine, comme un puissant torrent qui se précipite sur la terre de la cime d'une haute montagne. Chaque membre de mon corps en était embrasé. À de tels moments, ma langue récitait ce que nul homme ne pourrait supporter d'entendre.

[37]
Nous citerons à présent quelques passages, extraits d'écrits révélés spécialement pour ce peuple, afin que chacun soit assuré que cet opprimé a agi d'une manière acceptable pour les hommes perspicaces, justes et équitables.

[38]
Ô amis de Dieu dans ses cités et bien-aimés de Dieu sur ses terres ! Cet opprimé vous enjoint l'honnêteté et la piété. Bénie soit la cité qui brille de leurs lumières ! Par elles, l'homme est élevé et la porte de la sécurité s'ouvre à toute la création. Heureux l'homme qui s'attache à ces deux vertus et en reconnaît la valeur ! Malheur à celui qui en nie le rang !

[39]
Une autre fois, furent révélées les paroles suivantes: Nous enjoignons aux serviteurs de Dieu et à ses servantes la pureté et la crainte de Dieu, afin qu'ils secouent la torpeur de leurs désirs corrompus et se tournent vers Dieu, le Façonneur des cieux et de la terre. Ainsi en avons-nous ordonné aux fidèles lorsque l'Astre du monde est apparu à l'horizon de l'Irak. Mon emprisonnement ne me nuit point, pas plus que les tribulations endurées ni ce que m'ont affligé mes oppresseurs. Me blesse, la conduite de ceux qui portent mon Nom et provoquent par leurs actes les lamentations de mon coeur et de ma plume. En vérité, nous désavouons ceux qui propagent le désordre dans le pays, s'emparent des biens d'autrui et pénètrent dans une maison sans l'autorisation de son propriétaire, à moins qu'ils ne se repentent et ne retournent à Dieu, le Magnanime, le Très-Miséricordieux.

[40]
Et, en une autre occasion: Ô peuples de la terre ! Empressez-vous d'accomplir le bon plaisir de Die et guerroyez vaillamment, comme il vous incombe de le faire, afin de proclamer sa cause irrésistible et immuable. Nous avons décrété que la guerre sera menée sur le sentier de Dieu avec les armées de la sagesse, de la parole, de la bonté et des actions méritoires. Ainsi en a-t-il été décidé par celui qui est le Fort, le Tout-Puissant. Il n'est pas de gloire pour celui qui sème le désordre sur terre après qu'elle a été si bien faite. Craignez Dieu, ô peuples, et ne soyez pas de ceux qui agissent injustement.

[41]
En une autre occasion encore: Ne vous injuriez pas. En vérité, nous sommes venu pour unir et souder tout ce qui réside sur terre. En porte témoignage ce que l'océan de notre parole a révélé aux hommes et, pourtant, la plupart d'entre eux se sont égarés. Si quelqu'un vous injurie ou que des adversités vous affectent sur le chemin de Dieu, soyez patients et placez votre confiance en celui qui entend et qui voit. En vérité, il observe, perçoit et fait ce qui lui plaît, par le pouvoir de sa souveraineté. Il est vraiment le Seigneur de force et de puissance. Dans le Livre de Dieu, le Puissant, le Grand, il vous a été interdit de vous engager dans des querelles et des conflits. Attachez-vous fermement à tout ce qui vous profitera, à vous et aux peuples du monde. Ainsi vous commande le Roi de l'éternité qui est manifeste en son plus grand Nom. En vérité, il est l'Ordonnateur, le Très-Sage.

[42]
Et encore, en une autre occasion: Prenez garde de ne point verser le sang d'autrui. Tirez l'épée de votre langue du fourreau de la parole, vous pourrez ainsi conquérir les citadelles du coeur des hommes. Nous avons aboli la loi de la guerre sainte. En vérité, la miséricorde de Dieu a embrassé toutes choses créées, si seulement vous pouviez le comprendre !

[43]
Et, à nouveau: Ô peuple ! Ne sème pas le désordre dans le pays, ne verse le sang de personne, n'utilise pas à tort les biens d'autrui, ne suis pas non plus n'importe quel maudit parleur.

[44]
Et, encore: Le soleil de la parole divine ne peut jamais se coucher ni son éclat être terni. En ce jour, ces paroles sublimes ont été entendues depuis l'Arbre divin (24) au-delà duquel nul ne peut passer: "J'appartiens à celui qui m'aime, qui obéit à mes commandements et qui rejette ce qui lui a été interdit dans mon Livre".

[45]
Et en une autre occasion: Le jour est venu de faire mention de Dieu, de célébrer sa louange et de le servir ; ne vous en privez point ! Vous êtes les lettres des mots et les mots du Livre. Vous êtes les jeunes pousses que la main de la tendre bonté a plantées dans le sol de la miséricorde et qui se sont épanouies sous les ondées de la munificence ; il vous a protégés des vents violents de l'incroyance et des tempêtes de l'impiété. Il vous a nourris des mains de sa tendre providence.
À présent, il est temps pour vous de vous couvrir de feuilles et de donner vos fruits. Les fruits de l'homme sont, et ont toujours été, les bonnes actions et un caractère digne de louange. Ne privez point les insouciants de ces fruits. S'ils sont acceptés, votre but est atteint, ainsi que l'objectif de votre vie. S'ils sont refusés, que les disputes continuent à être leur passe-temps (25). Ô peuple de Dieu ! Luttez pour que les eaux de votre endurance et de votre tendre bonté purifient les coeurs des divers peuples de la terre et les sanctifient de l'animosité et de la haine, afin qu'ils deviennent de dignes et honorables réceptacles des splendeurs du Soleil de vérité.

[46]
Dans la quatrième Splendeur (Ishraq) de l'épître des Splendeurs (Ishraqat), nous avons mentionné: Toute cause a besoin d'aide. Dans cette révélation, les armées capables de la rendre victorieuse sont celles des actes louables et d'un caractère droit. Le commandant en chef de ces armées a toujours été la crainte de Dieu, une crainte qui englobe toutes choses et règne sur toutes choses.

[47]
Dans la troisième Effulgence (Tajalli) du livre des Effulgences (Tajalliyat), nous avons mentionné: Les arts, les métiers et les sciences enrichissent le monde de l'existence et contribuent à son exaltation. La science est comme des ailes pour la vie de l'homme et une échelle pour son ascension. Il incombe à chacun de l'acquérir. Néanmoins, il faudrait acquérir des sciences qui soient profitables aux peuples de la terre, et non celles qui commencent par des mots et finissent par des mots. Grand est le droit des savants et des artisans sur les peuples du monde. De ceci témoigne, de manière évidente, le Livre-Mère (26).

[48]
Certes, la connaissance est pour l'homme un véritable trésor, une source de gloire, de générosité, de joie, d'exaltation, de réjouissance et d'allégresse. Heureux l'homme qui s'y attache et malheur à l'insouciant !

[49]
En toutes circonstances, il t'incombe d'inviter les hommes à manifester des qualités spirituelles et accomplir de bonnes actions, afin que tous prennent conscience de ce qui les élève et se dirigent, par des efforts intenses, vers le rang sublime et le pinacle de gloire. La crainte de Dieu a toujours été le facteur primordial de l'éducation de ses créatures. Heureux ceux qui y sont parvenus!

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