Voici le Jour promis
Shoghi Effendi


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Chapitres 5 à 8

5. Un monde éloigné de Lui

Après près d'un siècle, si l'on étudie la scène internationale et si l'on se penche sur les tout premiers débuts de l'histoire baha'ie, que rencontre l'oeil ?
Un monde qui se tord d'angoisse face aux systèmes, aux races et aux nations en lutte, empêtré dans les mailles de ses erreurs accumulées, s'éloignant de plus en plus de Celui qui est le seul Auteur de ses destinées, et sombrant de plus en plus profondément dans un carnage suicidaire qu'ont précipité sa négligence envers Celui qui est son Rédempteur et sa persécution.
Une Foi toujours interdite et cependant jaillissant de sa chrysalide, émergeant de l'obscurité d'un siècle de persécution, confrontée aux redoutables manifestations de la grande colère de Dieu et destinée à s'élever au-dessus des ruines d'une civilisation en état de choc.
Un monde spirituellement démissionnaire, moralement détruit, politiquement disloqué, socialement ébranlé, économiquement paralysé, crispé, ensanglanté, anéanti sous la baguette vengeresse de Dieu.
Une Foi dont l'appel resta sans réponse, dont les affirmations furent rejetées, dont les mises en garde furent balayées, dont les disciples furent fauchés, dont les buts et desseins furent calomniés, dont les appels aux dirigeants de la terre furent ignorés, dont le héraut but jusqu'à la lie la coupe du martyre, dont l'auteur fut submergé d'une mer d'épreuves sans précédent, et dont le modèle sombra sous le poids de peines qui durèrent une vie et de terribles malheurs.
Un monde qui est désorienté, où la flamme brillante de la religion s'éteint rapidement, où les forces d'un nationalisme et d'un racisme criards ont usurpé les droits et les prérogatives de Dieu Lui-même, où un matérialisme flagrant - la conséquence directe de l'irréligion - a levé sa tête triomphante et impose ses vilains concepts, où la "la majesté de la royauté" est en disgrâce et où ceux qui en portent les emblèmes ont été détrônés pour la plupart, où les autorités hiérarchiques ecclésiastiques de l'Islam jadis toutes-puissantes et, dans une moindre mesure , du Christianisme se sont discréditées et où le virus des préjugés et de la corruption ronge les organes vitaux d'une société déjà gravement malade.
Une Foi dont les institutions - modèle et gloire suprême de l'âge à venir - ont été ignorées et dans certains cas, piétinées et arrachées, dont le système qui se déroule a été bafoué et partiellement supprimé et amputé, dont l'ordre nouveau - le seul refuge d'une civilisation aux prises avec le destin - a été repoussé et défié, dont le temple mère a été saisi et dilapidé, et dont la "maison" - la "Petite Ourse d'un monde en adoration" - a été livrée aux mains de ses implacables ennemis à la suite d'une grossière erreur de justice, comme en témoigne le plus haut tribunal du monde, et violée par eux.

Nous vivons en fait une époque qui, si nous voulions la décrire correctement, peut être considérée comme une époque témoin d'un double phénomène. Le premier marque l'agonie d'un ordre, caduc et impie, qui a obstinément refusé, malgré les signes et les prédictions d'une révélation vieille de cent ans, d'accorder ses processus aux préceptes et aux idéaux que cette Foi venue du ciel lui offrait. Le second proclame la naissance d'un ordre, divin et rédempteur, qui supplantera immanquablement le précédent, et dans la structure administrative duquel une civilisation embryonnaire, incomparable et mondiale, arrive imperceptiblement à maturité. L'un se meurt et s'enfonce dans l'oppression, le sang et la ruine. L'autre ouvre des perspectives d'une justice, d'une unité, d'une paix, d'une culture comme nulle époque ne les a encore connues. L'ancien a dépensé ses forces, démontré sa fausseté et son vide, perdu irrémédiablement son occasion, et court à sa perte. Le nouveau, viril et invincible, brise ses chaînes et revendique son titre de seul refuge où une humanité durement éprouvée, purifiée de son impureté, peut accomplir sa destinée.

Baha'u'llah lui-même a prophétisé : Bientôt, l'ordre actuel touchera sa fin et un nouvel ordre surgira à sa place. Et aussi : "Par moi-même ! Le jour approche où nous aurons supplanté le monde et tout ce qui s'y trouve et établi un nouvel ordre à sa place. Le jour approche où Dieu suscitera un peuple qui se souviendra de nos jours, qui racontera l'histoire de nos malheurs, qui demandera la restitution de nos droits à ceux qui, sans l'ombre d'une preuve, nous ont traité avec une flagrante injustice.

Chers amis ! Ceux aux mains desquels furent remises les rênes de l'autorité civile et ecclésiastique portent une responsabilité effroyable et inéluctable dans les épreuves infligées à la Foi de Baha'u'llah. Les rois de la terre et les dirigeants religieux du monde sont les premiers à devoir soutenir le poids d'une si terrible responsabilité.

Baha'u'llah lui-même affirme : Tout le monde sait très bien que tous les rois se sont détournés de Lui et que toutes les religions se sont opposées à Lui. Depuis des temps immémoriaux, déclare-t-il, ceux qui ont été investis en apparence de l'autorité ont empêché les hommes de tourner leur visage vers Dieu. Ils n'appréciaient pas que les hommes puissent se réunir autour du très grand Océan car ils considéraient et considèrent encore qu'un tel rassemblement peut constituer la cause et le motif d'une dislocation de leur souveraineté. Les rois écrit-il en outre, ont reconnu qu'il n'était pas dans leur intérêt de me reconnaître et il en fut de même pour les ministres et les religieux, bien que mon dessein ait été explicitement révélé dans les Tablettes et les Livres divins, et que le Véritable ait clairement proclamé que cette très grande révélation était apparue pour améliorer le monde et exalter les nations.

Dieu de grâce !
écrit le Bab dans le Dala'il-i-Sab`ih (les Sept Preuves) se référant aux "sept puissants souverains dominant le monde" en son jour, Aucun d'entre eux n'a été informé de sa manifestation [celle du Bab] et s'ils l'étaient, aucun n'a cru en lui. Qui sait, peut-être quitteront-ils ce monde d'en-bas remplis de désir et sans avoir pris conscience que ce qu'ils attendaient était passé. C'est ce qu'il advint aux monarques qui s'accrochèrent à l'Evangile. Ils attendaient la venue du prophète de Dieu [Muhammad] et lorsqu'il apparut, ils n'ont pu le reconnaître. Voyez les sommes que dépensent ces souverains sans même penser à nommer un responsable chargé de leur faire prendre connaissance de la manifestation de Dieu dans leur propre royaume ! Ils auraient de cette façon poursuivi le but pour lequel ils avaient été créés. Toutes leurs aspirations se sont résumées et se résument encore à laisser derrière eux des traces de leur nom.

Le Bab en outre, dans ce même traité, condamnant l'incapacité des théologiens de la religion chrétienne de reconnaître la vérité de la mission de Muhammad, fait cette lumineuse déclaration : La faute en est à leurs docteurs (théologiens) car s'ils avaient cru, ils auraient été suivis par la grande masse de leurs concitoyens. Voyez alors ce qui est arrivé ! Les érudits de la chrétienté sont considérés comme tels parce qu'ils sauvegardent les enseignements du Christ et voyez cependant comme ils ont été eux-mêmes la cause de l'incapacité des hommes à accepter la Foi et à atteindre le salut !


6. Les destinataires du message

Il ne faut pas oublier que c'était avant tout les rois de la terre et les responsables religieux du monde qui étaient, plus que toute autre catégorie sociale, les destinataires directs du message proclamé par le Bab et par Baha'u'llah. C'étaient eux qui étaient délibérément visés dans de nombreuses Tablettes historiques, eux à qui l'ont demandait de répondre à l'appel de Dieu, eux à qui s'adressaient, dans un langage clair et énergique, les prières, les remontrances et les mises en garde de ses messagers persécutés. C'étaient eux qui, lorsque naquit la Foi et plus tard, lorsque sa mission fut proclamée, possédaient encore, pour la plupart, une autorité civile et ecclésiastique incontestée et absolue sur leurs sujets et leurs disciples. C'étaient eux qui, se glorifiant dans le faste et l'apparat d'une royauté rarement peu limitée constitutionnellement, ou retranchés dans les forteresses d'un pouvoir ecclésiastique apparemment inviolable, assumaient la responsabilité finale de tout dommage infligé par ceux dont ils contrôlaient la destinée immédiate.

Ce ne serait pas exagérer que de dire que dans la plupart des pays de l'Europe et de l'Asie, l'absolutisme d'une part, et la subordination totale aux autorités ecclésiastiques d'autre part, constituaient encore les faits marquants de la vie politique et religieuse des masses. Celles-ci, dominées et prisonnières, étaient dépouillées de la liberté nécessaire qui leur aurait permis soit d'évaluer les revendications et les mérites du message qui leur était délivré, soit d'embrasser sans réserve sa vérité.

Pas étonnant alors que l'auteur de la Foi baha'ie et, dans une moindre mesure, son héraut, aient adressé aux plus hauts dirigeants et responsables religieux la pleine force de leurs messages, leur aient destinés certaines de leurs Tablettes très sublimes, et les aient invités, dans un langage clair et insistant, à écouter leur appel. Peu étonnant qu'ils aient pris la peine de dévoiler à leurs yeux les vérités de leurs révélations respectives et qu'ils se soient étendus sur leurs malheurs et leurs souffrances. Peu étonnant qu'ils aient souligné la valeur de cette occasion que ces dirigeants et responsables avaient le pouvoir de saisir, qu'ils les aient mis en garde, sur un ton inquiétant, contre les grandes responsabilités qu'entraînerait le rejet du message de Dieu, et qu'ils leur aient prédit, lorsqu'ils furent repoussés et rejetés, les terribles conséquences qu'un tel rejet impliquait. Peu étonnant que celui qui est le roi des rois et le vice-régent de Dieu Lui-même aient prononcé cette prophétie épigrammatique et capitale, alors qu'il était abandonné, méprisé et persécuté : Le pouvoir a été saisi par deux catégories d'hommes : les rois et les religieux.

L'attitude vis-à-vis de la Foi de Baha'u'llah des rois et des empereurs qui, non seulement symbolisaient en eux la majesté de l'autorité terrestre, mais qui, aussi, pour la plupart, détenaient véritablement un pouvoir sans égal sur la masse de leurs sujets, constitue l'un des épisodes les plus éclairants dans l'histoire des âges héroïques et formateurs de cette Foi. L'appel divin qui s'adressait à un si grand nombre de têtes couronnées d'Europe et d'Asie; le sujet et le langage des messages qui les mettaient en contact direct avec la source de la révélation de Dieu; la nature de leur réaction à un choc aussi extraordinaire; les conséquences qui s'ensuivirent et qui sont encore visibles aujourd'hui, sont les faits saillants d'un sujet que je ne peux qu'approcher partiellement et qui sera complètement et correctement traité par les futurs historiens baha'is.

L'Empereur des Français, le dirigeant le plus puissant à l'époque en Europe, Napoléon III; le Pape Pie IX, chef suprême de la plus grande église de la chrétienté, détenteur de l'autorité à la fois temporelle et spirituelle; le Tsar tout-puissant du vaste empire russe, Alexandre II; la célèbre Reine Victoria, dont la souveraineté s'étendait sur la plus grande association politique que le monde ait connu; William I, le conquérant de Napoléon III, Roi de Prusse et nouveau monarque acclamé d'une Allemagne unifiée; François Joseph, le roi-empereur autocratique de la monarchie austro-hongroise, l'héritier du très célèbre Saint Empire Romain; le tyrannique 'Abdu'l-`Aziz, incarnation du pouvoir concentré revêtu dans les sultanats et les califats; le fameux Nasiri'd-Din Shah, le despotique dirigeant de la Perse et le plus puissant potentat de l'Islam Shi'ih - bref, la plupart des incarnations du pouvoir et de la souveraineté en son jour, furent, l'un après l'autre, l'objet de l'attention particulière de Baha'u'llah et durent soutenir, à des degrés divers, le poids de la force communiquée par ses appels et ses mises en garde.

Il faut cependant savoir que Baha'u'llah n'a pas limité la portée de son message à quelques souverains isolés, quelle que soit la puissance du sceptre que chacun d'eux détenait et quelle que soit la grandeur des espaces qu'ils dirigeaient. Sa Plume s'est adressée collectivement à tous les rois de la terre, les a interpellés, les a mis en garde, à une époque où l'étoile de sa révélation atteignait son zénith et alors qu'Il n'était qu'un prisonnier aux mains de son royal ennemi, et à proximité de sa court. Dans une Tablette mémorable, appelée le Suriy-i-Muluk (Sourate des rois), qui est destinée spécifiquement au Sultan lui-même et à ses ministres, aux rois de la chrétienté, aux ambassadeurs français et persans accrédités à la Porte sublime, aux dirigeants religieux musulmans de Constantinople, à ses sages et à ses habitants, au peuple de Perse et aux philosophes du monde, et qui les admoneste, il adresse ainsi ses paroles à tous les monarques de l'Est et de l'Ouest :


7. Tablettes aux rois

O rois de la terre ! Prêtez l'oreille à la voix de Dieu appelant de cet Arbre sublime, chargé de fruits, qui a surgi sur la colline pourpre qui domine la sainte plaine en proférant ces paroles : "Il n'y a pas d'autre Dieu que Lui, le Fort, le Tout-Puissant, le très-Sage"...
Craignez Dieu, O rassemblement de rois, et ne souffrez pas d'être privés de cette grâce très sublime. Rejetez donc ce que vous possédez et saisissez fermement la prise de Dieu, l'Exalté, le Grand. Tournez votre coeur vers la face de Dieu, abandonnez ce que vos désirs vous ont ordonné de suivre et ne soyez pas parmi ceux qui périssent. Raconte-leur, O serviteur, l'histoire d'`Ali [le Bab], lorsqu'il vint à eux avec la vérité, tenant son Livre glorieux et important, avec, dans les mains, un témoignage et une preuve de Dieu et des signes bénis et sacrés venant de Lui.
Et pourtant, O rois, vous n'avez pu écouter le souvenir de Dieu en ses jours et vous laisser guider par les lumières naissantes s'élevant au-dessus de l'horizon d'un ciel resplendissant. Vous n'avez pas examiné sa Cause alors que cela eut mieux valu pour vous que tout ce sur quoi le soleil brille, si seulement vous vous en rendiez compte. Vous êtes restés impassibles lorsque les théologiens de Perse - ces hommes cruels - l'ont jugé et injustement massacré. Son esprit monta vers Dieu et les yeux des habitants du Paradis et des anges qui sont près de Lui pleurèrent amèrement devant cette cruauté.
Prenez garde de ne plus être dorénavant aussi insouciants que vous ne l'avez été auparavant. Retournez alors à Dieu, votre Créateur, et ne soyez pas du nombre des imprudents... Ma face est apparue à travers les voiles et a illuminé tout ce qui est dans le ciel et sur terre; et pourtant vous ne vous êtes pas tournés vers Lui, O rois, malgré que vous ayez été créé pour Lui ! Alors suivez ce que je vous dis et écoutez avec votre coeur, ne soyez pas du nombre de ceux qui se sont détournés. Car votre gloire ne réside pas en votre souveraineté mais bien en votre proximité de Dieu, en votre obéissance à ses commandements envoyés dans ses Tablettes saintes et conservées.
Si l'un d'entre vous devait régner sur toute la terre et sur tout ce qui existe dedans et au-dessus, sur ses mers, ses territoires, ses montagnes et ses plaines, et être pourtant ignoré de Dieu, tout cela ne lui serait d'aucun profit, si seulement vous le saviez...Alors levez-vous, tenez-vous fermement sur vos pieds, réparez ce qui vous a échappé et tournez-vous vers sa sainte cour, sur le rivage de son puissant océan afin que les perles de la connaissance et de la sagesse que Dieu a gardées dans le coquillage de son coeur lumineux vous soient révélées.... Prenez garde de ne pas empêcher la brise de Dieu de souffler sur votre coeur, cette brise qui ranime le coeur de ceux qui se sont tournés vers Lui...


Dans cette même Tablette, il a révélé : N'ignorez pas la peur de Dieu, rois de la terre, et veillez à ne pas transgresser les frontières fixées par le Tout-Puissant. Obéissez aux injonctions qui vous sont adressées dans son Livre et prenez bien soin de ne point outrepasser leurs limites. Soyez vigilants afin de ne point commettre d'injustice envers quiconque, même aussi légère et infime qu'un grain de moutarde. Marchez sur le chemin de la justice car il est en vérité le droit chemin.
Accommodez-vous de vos différences et réduisez vos armements afin que le poids de vos dépenses en soit allégé et que votre esprit et votre coeur retrouvent la quiétude. Guérissez les dissensions qui vous divisent et vous n'aurez plus besoin d'armes si ce n'est pour la protection de vos villes et de vos territoires. Craignez Dieu, prenez garde de ne point dépasser les frontières de la modération et de ne point compter parmi les déraisonnables. Nous avons appris que vous augmentiez vos dépenses chaque année et que vous en faisiez porter le fardeau à vos sujets. Ceci en vérité est plus que ce qu'ils peuvent supporter et c'est une grave injustice. Décidez avec équité parmi les hommes et soyez pour eux les symboles de la justice. Il vous appartient de juger équitablement, cela sied à votre rang.

Prenez garde de ne point traiter injustement l'homme qui en appelle à vous et qui entre sous votre protection. Marchez dans la peur de Dieu et soyez parmi ceux qui vivent pieusement. Ne vous reposez pas sur votre puissance, sur vos armées et sur vos trésors. Mettez toute votre confiance et votre espoir en Dieu qui vous a créés et recherchez son aide en toutes circonstances. Le secours ne vient que de Lui seul. Il sauve qui Il veut avec les armées des cieux et de la terre.

Sachez que les pauvres sont l'espoir de Dieu parmi vous. Veillez à ne pas trahir sa confiance, à ne pas les traiter injustement et à ne pas marcher sur le chemin du traître. Vous devrez plus que certainement répondre de sa confiance le jour où la balance de la justice sera utilisée, le jour où chacun recevra son dû, le jour où les actions de tous les hommes seront pesées, qu'ils soient riches ou pauvres.

Si vous n'écoutez pas les conseils que nous avons révélés dans cette Tablette, dans un langage incomparable et sans équivoque, le châtiment divin s'abattra sur vous de toutes parts et vous serez condamnés par sa justice. Ce jour-là, vous n'aurez aucun pouvoir pour Lui résister et vous reconnaîtrez votre propre impuissance. Ayez pitié de vous et de ceux en-dessous de vous et jugez-les en suivant les préceptes prescrits par Dieu dans sa très sublime et très exalté Tablette, une Tablette où Il a attribué à chacun et à chaque chose sa propre mesure, où Il a clairement expliqué toutes choses et qui est en soi un avertissement pour ceux qui croient en Lui.

Examinez notre Cause, voyez ce qui nous est arrivé, choisissez équitablement entre nous et nos ennemis et soyez parmi ceux qui agissent avec justice envers leurs voisins. Si vous n'arrêtez pas la main de l'oppresseur, si vous n'arrivez pas à sauvegarder les droits des opprimés, quel droit auriez-vous de vous glorifier alors parmi les hommes ? De quoi pourriez-vous à juste titre vous vanter ? Est-ce de votre nourriture ou de vos boissons que vous vous glorifiez, des richesses que vous entassez dans vos trésors, de la diversité et du coût des ornements dont vous vous couvrez ? Si la vraie gloire consistait à posséder de tels objets périssables, alors la terre sur laquelle nous marchons serait certainement plus louable que vous car elle vous fournit, elle vous accorde ces objets mêmes, comme l'a décrété le Tout-Puissant.
Ses entrailles recèlent, comme Dieu l'a ordonné, tout ce que vous possédez. D'elle, en signe de sa grâce, vous retirez vos richesses. Voyez alors votre état, ce dont vous vous glorifiez ! Serait-il possible que vous le perceviez ? Non ! Par Celui qui tient entre ses mains le royaume de la création toute entière ! Votre véritable gloire, votre gloire immuable ne réside qu'en votre ferme adhésion aux préceptes de Dieu, en votre sincère obéissance à ses lois, en votre volonté de veiller à ce qu'elles ne restent pas ignorées et de suivre obstinément le droit chemin...


Et de nouveau, dans cette même Tablette : Vingt années se sont écoulées, O rois, pendant lesquelles nous avons chaque jour connu l'angoisse d'une nouvelle épreuve. Nul parmi ceux qui nous ont précédé n'a enduré les choses que nous avons endurées. Si seulement vous pouviez le percevoir ! Ceux qui se sont élevés contre nous nous ont condamné à mort, ont répandu notre sang, ont pillé notre propriété et ont violé notre honneur. Bien que conscients de la plupart de nos malheurs, vous n'avez pu cependant arrêter la main de l'agresseur. Car n'est-il pas clairement de votre devoir évident de contenir la tyrannie de l'oppresseur et de traiter équitablement vos sujets, de telle sorte que votre sens aigu de la justice soit pleinement démontré face à l'humanité toute entière ?

Dieu a déposé entre vos mains les rênes du gouvernement sur les peuples afin que vous les dirigiez avec justice, que vous sauvegardiez les droits des opprimés et punissiez les injustes. Si vous négligez les devoirs que Dieu vous a destinés dans son Livre, Il comptera votre nom parmi ceux des injustes à sa vue. Et votre erreur sera grande en fait. Restez-vous fidèles à ce que votre imagination a inventé et rejetez-vous les commandements de Dieu, le très Exalté, l'Inaccessible, l'Irrésistible, le Tout-Puissant ? Abandonnez ce que vous possédez et accrochez-vous à ce que Dieu vous a ordonné d'observer. Recherchez sa grâce, car celui qui la recherche marche sur le droit chemin.

Regardez l'état où nous nous trouvons et voyez les maux et les malheurs que nous avons connus. Ne nous négligez pas, ne serait-ce qu'un moment, et jugez équitablement entre nous et nos ennemis. Ceci représentera certainement pour vous un avantage manifeste. C'est pourquoi nous vous racontons notre histoire et rapportons les choses qui nous sont arrivées afin que vous adoucissiez nos maux et allégiez notre fardeau. Laissez celui qui le désire nous soulager de notre épreuve; et pour celui qui ne le désire pas, mon Seigneur est assurément le meilleur des sauveurs.

Préviens les hommes, O serviteur, et fais-leur connaître les choses que nous t'avons envoyées, ne laisse la peur de personne t'ébranler et ne sois pas parmi ceux qui tremblotent. Le jour approche où Dieu exaltera sa Cause et magnifiera son témoignage aux yeux de tous ceux qui sont dans les cieux et sur la terre. Mets en toutes circonstances ta totale confiance en ton Seigneur, fixe ton regard sur Lui et détourne-toi de tous ceux qui nient sa vérité. Laisse Dieu, ton Seigneur, être ton seul Rédempteur et Sauveur. Nous nous sommes engagés à assurer ton triomphe sur terre et à élever notre Cause au-dessus de tous les hommes, bien qu'on ne puisse trouver aucun roi qui tournerait son visage vers Toi...


Dans le Kitab-i-Aqdas (le très saint Livre), ce trésor incomparable contenant pour toujours les productions les plus brillantes de l'esprit de Baha'u'llah, la charte de son ordre mondial, le principal dépositaire de ses lois, le messager de son alliance, l'oeuvre essentielle renfermant certaines de ses plus nobles exhortations, de ses plus importantes déclarations et de funestes prophéties, ce Livre qui fut révélé pendant toute l'époque de ses tribulations, alors que les dirigeants de la terre l'avaient définitivement abandonné - dans ce Livre, nous lisons ce qui suit :

O rois de la terre ! Celui qui est le Seigneur souverain de tous est arrivé. Le royaume est à Dieu, le Protecteur omnipotent, Celui qui subsiste par Lui-même. Ne vénérez que Dieu et, le coeur rayonnant, levez le visage vers votre Seigneur, le Seigneur de tous les noms. Ceci est une révélation à laquelle rien de ce que vous possédez ne peut être comparé, si seulement vous le saviez. Nous vous voyons vous réjouir de ce que vous avez amassé pour d'autres et vous exclure des mondes que seule ma Tablette modérée peut compter. Les trésors que vous avez amassés vous ont éloignés de votre but ultime. Ce mal vous appartient, puissiez-vous seulement le comprendre. Lavez votre coeur de toute profanation terrestre et hâtez-vous d'entrer dans le royaume de votre Seigneur, le Créateur de la terre et du ciel, celui qui fait trembler le monde et gémir tous ses peuples sauf ceux qui ont renoncé à tout et qui se sont attachés à ce qu'a ordonné la Tablette cachée...


8. La très grande loi révélée

Plus loin : O rois de la terre ! La très grande loi a été révélée en ce lieu, sur cette scène d'un éclat transcendant. Tout ce qui était caché a été mis en lumière, suivant la volonté de l'Ordonnateur suprême, Celui qui a annoncé la dernière heure, Celui qui a fait se disloquer la lune, et qui a exposé tous les décrets irrévocables ont été exposés.

Vous n'êtes que des vassaux O rois de la terre ! Celui qui est le Roi des rois est apparu, couronné de sa très prodigieuse gloire, et Il vous appelle à Lui, le Secours dans le péril, Celui qui subsiste par Lui-même. Prenez garde que la fierté ne vous empêche de reconnaître la source de la révélation; que les choses de ce monde ne vous retiennent, comme un voile, loin de Celui qui est le Créateur des cieux. Levez-vous et servez Celui qui est le Désir de toutes les nations, celui qui vous a créés d'un seul mot de sa bouche et qui a voulu que vous soyez, en tous temps, les emblèmes de sa souveraineté.

Par la justice de Dieu ! Nous ne désirons pas faire main basse sur votre royaume. Notre mission est de saisir et de posséder le coeur des hommes. Les yeux de Baha sont fixés sur eux. Le royaume des noms en témoigne, puissiez-vous seulement le comprendre ! Quiconque suit son Seigneur renoncera au monde et à tout ce qui s'y trouve; alors O combien supérieur doit être le détachement de celui qui occupe un rang si auguste ! Abandonnez vos palaces et hâtez-vous d'entrer en son royaume. Cela en réalité vous sera profitable en ce monde et dans le monde à venir. Le Seigneur du royaume des cieux en témoigne, puissiez-vous seulement le savoir.

Qu'elle est grande la bénédiction qui attend le roi qui se lèvera pour aider ma Cause en mon royaume, qui se détachera de tout sauf de moi ! Un tel roi est compté parmi les compagnons de l'Arche pourpre, l'Arche que Dieu a préparée pour le peuple de Baha. Tous doivent glorifier son nom, vénérer son rang et l'aider à ouvrir les cités avec les clés de mon nom, le tout-puissant Protecteur de tous les habitants des royaumes visibles et invisibles. Un tel roi est l'oeil même de l'humanité, le lumineux ornement du front de la création, la source de bénédictions pour le monde entier. O peuple de Baha, offrez votre fortune, non, votre vie même, pour l'aider.


Et plus loin, dans ce même Livre, cette accusation : Nous ne vous avons rien demandé. Pour l'amour de Dieu en vérité nous vous exhortons et nous ferons preuve de la même patience envers vous qu'envers ce qui nous est arrivé entre vos mains, O rassemblement de rois !

De plus, dans sa Tablette à la Reine Victoria, Baha'u'llah s'adresse en ces termes aux rois de la terre, les appelant à la moindre paix, qui diffère de la très grande paix que seuls ceux qui sont pleinement conscients du pouvoir de sa révélation et qui professent ouvertement les principes de sa foi proclament et finiront par établir :

O rois de la terre ! Nous vous voyons accroître chaque année vos dépenses et en faire porter le fardeau par vos sujets. Ceci en vérité est complètement et grossièrement injuste. Craignez les soupirs et les larmes de cet Opprimé et ne soumettez pas votre peuple à des fardeaux excessifs. Ne les volez pas pour vous ériger des palais; mais choisissez plutôt pour eux ce que vous choisiriez pour vous-même. Ainsi dévoilons-nous à vos yeux ce qui vous est profitable, puissiez-vous seulement le percevoir. Votre peuple est votre trésor. Prenez garde que vos décisions ne soient pas en violation avec les commandements de Dieu et que vous ne remettiez pas votre tutelle aux mains des voleurs. C'est par eux qui vous dirigez, grâce à leurs mains que vous subsistez, grâce à leur soutien que vous conquérez. Et pourtant, comme vous les considérez avec dédain ! Comme cela est étrange, vraiment très étrange !

Maintenant que vous avez refusé la très grande paix, adoptez la moindre paix afin de pouvoir peut-être, dans une certaine mesure, améliorer votre propre condition et celle de ceux qui dépendent de vous.

O dirigeants du monde ! Réconciliez-vous afin que vous n'ayez plus besoin d'armes si ce n'est pour défendre vos territoires et vos possessions. Prenez garde de ne pas ignorer le conseil de l'Omniscient, du Loyal.

Soyez unis, O rois de la terre, car de cette façon la tempête de la discorde s'apaisera et votre peuple trouvera le repos, puissiez-vous être parmi ceux qui comprennent. Si l'un d'entre vous devait prendre les armes contre un autre, levez-vous tous contre lui car ceci n'est que pure justice.


Aux rois chrétiens, Baha'u'llah en outre adresse plus particulièrement son blâme et, dans un langage sans équivoque, il dévoile le vrai caractère de sa révélation :

O rois de la chrétienté ! N'avez-vous pas entendu les paroles de Jésus, l'Esprit de Dieu "Je m'en vais et reviendrai parmi vous" ? Pourquoi alors n'avez-vous pu, lorsqu'il revint vers vous dans les nuages des cieux, vous rapprocher de lui afin de contempler sa face et d'être parmi ceux qui atteignent sa présence ? Dans un autre passage il dit : "Lorsque celui qui est l'Esprit de la vérité arrivera, il vous guidera vers toutes les vérités".
Et pourtant, voyez comment, lorsqu'il apporta la vérité, vous avez refusé de tourner votre visage vers lui et vous avez persisté à vous amuser à vos loisirs et à vos fantaisies. Vous ne l'avez pas accueilli, vous n'avez pas recherché sa présence pour entendre les versets de Dieu de sa propre bouche et partager la sagesse infiniment variée du Tout-Puissant, du Tout-Glorieux, du Très-Sage. Vous avez empêché par votre faute le souffle de Dieu de vous transporter et la douceur de son parfum d'enivrer votre âme. Vous continuez à errer avec délices dans la vallée de vos désirs corrompus. Vous et tout ce que vous possédez disparaîtra. Vous retournerez assurément à Dieu et vous aurez à répondre de vos actes en présence de Celui qui rassemblera la création toute entière...


En outre le Bab, dans le Qayyum-i-Asma', son célèbre commentaire sur la sourate de Joseph, révélé la première année de sa mission et considéré par Baha'u'llah comme le premier, le plus grand, le plus puissant de tous les livres de la dispensation babi, a lancé cet appel poignant aux rois et aux princes de la terre :

O rassemblement de rois et de fils de rois ! Désintéressez-vous une fois pour toutes de votre pouvoir qui appartient à Dieu .... Vain en réalité est votre pouvoir car Dieu a rejeté les possessions terrestres de ceux qui L'ont renié.... O rassemblement de rois ! Récitez avec vérité et diligence les versets que nous avons envoyés aux peuples de Turquie et des Indes et au-delà, avec pouvoir et vérité, aux pays de l'est et de l'ouest.... Par Dieu ! Si vous agissez bien, c'est dans votre propre intérêt; et si vous reniez Dieu et ses signes, nous pouvons très bien, en toute vérité, en ayant Dieu, nous passer de toutes les créatures et de tout pouvoir terrestre.

Ensuite : Craignez Dieu O rassemblement de rois, craignez de rester loin de celui qui est son souvenir [le Bab] après que la vérité soit venue avec un Livre et des signes de Dieu, révélée par la langue merveilleuse de celui qui est son souvenir. Recherchez la grâce de Dieu car Dieu vous a réservé, après que vous ayez cru en Lui, un jardin aussi vaste que le paradis.

Voilà pour les mises en garde et les conseils de l'époque formulés à la fois par le Bab et Baha'u'llah aux souverains de la terre et plus particulièrement adressés aux rois de la chrétienté. Je serais incomplet si j'ignorais ou même si j'écartais rapidement ces interpellations individuelles, audacieuses, prophétiques, de monarques, qui, rois ou empereurs, ont soit considéré avec une froide indifférence les tribulations des deux fondateurs de notre foi, soit rejeté avec mépris leurs mises en garde.

Je ne peux citer aussi complètement que je le désirerais les quelque deux mille versets et plus qui ont coulé de la plume de Baha'u'llah et, dans une moindre mesure, de celle du Bab, adressés individuellement aux monarques d'Europe et d'Asie, et je n'ai pas non plus l'intention de m'étendre sur les circonstances qui ont entraîné ces paroles stupéfiantes ou sur les conséquences qui en ont découlé. Les futurs historiens, ayant une vue plus large et plus complète des événements marquants de l'époque apostolique et formative de la foi de Baha'u'llah, pourront sans nul doute évaluer avec précision et décrire de façon circonstanciée les causes, les implications et les effets de ces messages divins dont la portée et l'impression sont tout à fait sans précédent dans les annales religieuses de l'humanité.

A l'Empereur français Napoléon III, Baha'u'llah adressa ces mots : O Roi de Paris ! Dis aux prêtres de ne plus sonner les cloches. Par Dieu, le Véritable ! La cloche la plus puissante est apparue sous la forme de celui qui est le très grand nom et les doigts de la volonté de ton Seigneur, le très Exalté, le très Haut, la font retentir dans le ciel de l'immortalité, en son nom, le Tout-Glorieux. Ainsi les versets puissants de ton Seigneur t'ont-ils à nouveau été envoyés, afin que tu te lèves pour te souvenir de Dieu, le Créateur de la terre et du ciel, à cette époque où tous les peuples de la terre se lamentent, où les fondations des villes tremblent, et où la poussière de l'incroyance recouvre tous les hommes sauf ceux qu'il a plu à ton Seigneur, l'Omniscient, le Sage, d'épargner....

Ecoute O Roi la voix qui s'élève du feu qui brûle dans cet arbre verdoyant sur ce Sinaï au-dessus de cet endroit sanctifié et immaculé, au-delà de la cité éternelle : "En vérité il n'y a pas d'autre Dieu que Moi, Celui qui toujours pardonne, le très Miséricordieux !" En vérité nous avons envoyé celui que nous avons aidé avec l'Esprit Saint [Jésus] afin qu'il vous annonce cette lumière qui est apparue à l'horizon de la volonté de votre Seigneur, le très Exalté, le Tout-Glorieux, et dont les signes ont été révélés à l'ouest afin que vous tourniez votre visage vers lui [Baha'u'llah] en ce jour que Dieu a exalté au-dessus de tous les autres jours et où le Tout-Miséricordieux a fait briller l'éclat de sa gloire resplendissante sur tous ceux qui sont dans le ciel et sur la terre.
Lève-toi pour servir Dieu et pour aider sa Cause. Il t'aidera en vérité avec les armées visibles et invisibles et te fera roi de tout ce sur quoi le soleil se lève. Ton Seigneur en vérité est le Tout-Puissant, l'Omnipotent.... Orne ton temple de mon nom, ta bouche de mon souvenir, ton coeur d'amour pour Moi, le Tout-Puissant, le très Haut. Nous ne voulons rien d'autre pour toi que ce qui t'est plus profitable que ce que tu possèdes et que tous les trésors de la terre ! Ton Seigneur en vérité sait tout, est informé de tout....

O Roi ! Nous avons entendu ce que tu as répondu au Tsar de Russie au sujet de la décision prise sur la guerre [la guerre de Crimée]. Ton Seigneur en vérité sait tout, Il est informé de tout. Tu as dit : "J'étais endormi sur mon lit quand les cris des opprimés que l'on noyaient dans la Mer Noire m'ont réveillé" C'est ce que nous t'avons entendu dire et en vérité ton Seigneur m'en est témoin. Nous affirmons que ce qui t'a réveillé ce n'était pas leurs cris, mais bien les élans de tes propres passions car nous t'avons testé et t'avons trouvé en défaut. Comprends la signification de mes paroles et sois parmi ceux qui ont du discernement....

Si tes paroles avaient été sincères, tu n'aurais pas rejeté derrière toi le Livre de Dieu lorsqu'il te fut envoyé par celui qui est le Tout-Puissant, le Très-Sage. Nous t'avons ainsi éprouvé et nous t'avons trouvé autre que ce que tu affirmes être. Lève-toi et répare ce qui t'a échappé. Bientôt le monde et tout ce que tu possèdes périra et le royaume restera à Dieu, ton Seigneur et le Seigneur de tes pères jadis. Il t'appartient de ne point mener tes affaires en suivant les diktats de tes désirs. Crains les soupirs de cet Opprimé et protège-le des javelots de ceux qui agissent avec injustice.

A cause de ce que tu as fait, ton royaume sera jeté dans le tumulte et ton empire t'échappera pour te punir de tes actes. Alors tu sauras combien tu as vraiment erré. La confusion s'emparera de tous le peuple de ce pays à moins que tu ne te lèves pour aider cette Cause et que tu ne suives celui qui est l'Esprit de Dieu [Jésus] sur le droit chemin. Ton faste a-t-il fait ta fierté ? Par ma vie ! Cela ne durera pas; non, cela cessera bientôt, à moins que tu ne saisisses cette corde ferme. Nous voyons l'humiliation se hâter vers toi, alors que tu te trouves parmi les insouciants.... Abandonne tes palais aux hommes des tombeaux et ton empire à quiconque le désire, et tourne-toi alors vers le royaume. Ceci en vérité est ce que Dieu a choisi pour toi, si seulement tu étais parmi ceux qui se tournent vers Lui.... Si tu désires porter le poids de ton empire, porte-le alors pour aider la Cause de ton Seigneur. Glorifié soit ce rang où quiconque l'atteint, accède de ce fait à tout le bien qui provient de Celui qui est l'Omniscient, le Très-Sage....

Exultes-tu face aux trésors que tu possèdes, tout en sachant qu'ils périront ? Te réjouis-tu de gouverner un petit morceau de la terre alors que le monde entier, d'après le peuple de Baha, ne vaut pas plus que le noir dans l'oeil d'une fourmi morte ? Abandonne cela à ceux qui s'y attachent et tourne-toi vers celui qui est le Désir du monde. Où s'ont passés les fiers et leurs palais ? Contemple leur tombeau afin de tirer profit de cet exemple car nous en avons fait une leçon pour ceux qui en sont témoins. Si les brises de la révélation devaient te saisir, tu fuirais le monde, tu te tournerais vers le royaume, tu dépenserais tout ce que tu possèdes pour t'approcher de cette sublime vision.



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