La chronique de Nabil
Nabil-i-A'zam


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CHAPITRE I : la mission de Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i

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PHOTO: Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i

C'est au moment où l'éclatante réalité de la foi de Muhammad était ternie par l'ignorance, le fanatisme et la perversité des sectes rivales qui y avaient pris naissance, qu'apparut à l'horizon de l'Orient (1.1) cette lumineuse étoile de la direction divine: Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i. (1.2)

Il vit comment ceux qui professaient l'islam avaient ébranlé son unité, sapé sa force, dénaturé son but et avili son saint nom. La vue de la corruption et de l'esprit de lutte qui caractérisaient la secte shi'ah, emplit son âme d'angoisse. Inspiré par la lumière qui brillait en lui, (1.3) il se leva, armé d'une vision infaillible, d'un but déterminé et d'un détachement sublime, pour exprimer sa protestation contre la trahison de la foi perpétrée par ce peuple ignoble. Brûlant de zèle et conscient du caractère sublime de son appel, il s'adressa avec véhémence non seulement aux shi`ahs mais aussi à tous les disciples de Muhammad à travers l'Orient, pour les tirer du sommeil de la négligence et préparer la voie à celui qui devait se manifester à la fin des temps et dont la lumière seule pouvait dissiper les voiles de préjugés et d'ignorance qui avaient enveloppé cette foi. Laissant sa famille et ses parents sur l'une des îles Bahrein, au sud du golfe Persique, il partit, comme invité par une toute-puissante Providence, pour dévoiler les mystères de ces versets des Ecrits islamiques qui prédisaient l'avènement d'une nouvelle Manifestation. Il était parfaitement conscient des dangers et périls que comportait ce chemin, et Réalisait pleinement l'écrasante responsabilité que requérait sa tâche. Il était fermement convaincu de ce qu'aucune réforme au sein de l'islam, fût-elle drastique, ne pouvait accomplir la régénération de ce peuple pervers. Il savait, et la volonté divine l'avait destiné à le démontrer, que rien sinon une nouvelle révélation indépendante comme celle annoncée et confirmée par les Ecritures saintes islamiques, ne pouvait ranimer la prospérité et restaurer la pureté de cette foi décadente. (1.4)

Dépouillé de tout bien terrestre et détaché de tout, sauf de Dieu, il se leva au début du XIIIe siècle de l'hégire, alors qu'il était âgé de quarante ans, pour consacrer le restant de ses jours à la tâche qu'il se sentait appelé à assumer.

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Il se rendit d'abord à Najaf et à Karbila (1.5) où, en quelques années, il se familiarisa avec les idées communes et les normes en cours parmi les érudits de l'Islam. Là, il parvint à être reconnu comme l'un des interprètes autorisés des Ecritures saintes de l'islam, fut déclaré mujtahid et acquit peu après un certain ascendant sur le restant de ses collègues qui visitaient ces villes saintes ou qui y résidaient. Ceux-ci en vinrent d'ailleurs à le considérer comme initié aux mystères de la révélation divine et qualifié pour dévoiler les expressions abstruses de Muhammad et des Imams de la foi. Comme son influence croissait et que le champ de son autorité s'élargissait, il se vit assiégé de tous côtés par un nombre toujours croissant de chercheurs dévoués qui demandaient à être éclairés sur les questions complexes de la foi qu'il expliquait totalement et avec compétence. Par son savoir et son intrépidité il porta la terreur au sein des sufis, des néo-platoniciens et des autres écoles de pensée de ce genre (1.6) qui enviaient son érudition et craignaient son caractère impitoyable. Aussi acquit-il une faveur redoublée auprès de ces théologiens érudits qui considéraient ces sectes comme des mouvements propageant des doctrines obscures et hérétiques. Cependant, malgré sa grande renommée et l'estime universelle dont il jouissait, il dédaigna tous les honneurs que lui prodiguaient ses admirateurs.

PHOTO: vue générale de Najaf

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Il était étonné de voir leur dévotion servile envers la dignité et le rang et refusait résolument de s'associer aux objets de leurs recherches et de leurs désirs.

Ayant accompli son but dans ces villes et sentant le parfum qui lui venait de la Perse, il éprouva en son coeur une envie irrésistible de se hâter vers ce pays. Cependant il ne divulgua pas à ses amis le motif réel qui le poussait à diriger ses pas vers cette contrée. Il partit précipitamment vers le pays de son coeur en passant par le golfe Persique avec, ostensiblement pour but la visite du tombeau de l'Imam Rida à Mashhad. (1.7) Il avait hâte de soulager son âme et cherchait avec zèle ceux à qui il pourrait livrer le secret qu'il n'avait, jusqu'alors, révélé à personne. A son arrivée à Shiraz, ville qui cachait en son sein ce trésor de Dieu et de laquelle la voix du héraut de la nouvelle Manifestation devait être proclamée, il se rendit au Masjid-i-Jum'ih, mosquée qui, par son style et sa forme, ressemblait d'une manière frappante au tombeau sacré de La Mecque. Plus d'une fois, en regardant cet édifice, il observa: "En vérité, de cette maison de Dieu émanent des signes tels que seuls ceux qui sont doués d'entendement peuvent les percevoir. Il me semble que celui qui la conçut et la construisit était inspiré par Dieu." (1.8). Combien de fois et avec quelle passion n'exalta-t-il pas les mérites de cette cité! Les louanges qu'il lui prodiguait étaient telles que ses auditeurs, qui ne connaissaient que trop sa médiocrité, étaient étonnés du ton de son langage. "Ne vous étonnez pas!" disait-il à ceux qui étaient surpris "car, avant peu, le secret de mes paroles vous sera manifesté." "Parmi vous, il

est quelques-uns qui vivront assez longtemps pour contempler la gloire d'un jour que les prophètes du passé ont brûlé de voir." Son autorité était si grande aux yeux des 'ulamas qui le rencontraient et conversaient avec lui qu'ils se déclaraient incapables de saisir le sens de ses mystérieuses allusions et attribuaient leur échec à leur propre compréhension défectueuse.

Ayant semé les germes de la connaissance divine dans le coeur de ceux qu'il trouvait réceptifs à son appel, Shaykh Ahmad partit pour Yazd où il passa quelque temps, continuellement occupé à propager les vérités qu'il s'estimait appelé à révéler. La plupart de ses livres et épîtres furent écrits dans cette ville. (1.9) Il acquit une telle renommée (1.10) que le souverain de la Perse, Fath-'Ali Shah fut poussé à lui adresser de Tihran un message écrit (1.11) le priant d'expliquer certaines questions spécifiques relatives aux enseignements nébuleux de la foi musulmane que les principaux 'ulamas de son royaume avaient été incapables d'éclaircir.

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PHOTO: Fath-'Ali Shah et ses fils

PHOTO: Fath-'Ali Shah

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Le shaykh répondit volontiers à cette requête par une lettre à laquelle il donna le nom de "Risaliy-i-Sultaniyyih". Le shah fut si ravi par le ton et le sujet de cette épître qu'il lui envoya aussitôt un second message l'invitant cette fois à venir rendre visite à sa cour. En réponse à ce deuxième message impérial, le shaykh écrivit ce qui suit: "Etant donné que j'ai toujours eu, depuis mon départ de Najaf et de Karbila, l'intention de visiter et de rendre hommage au tombeau d'Imam Rida à Mashhad, j'ose espérer que Sa Majesté Impériale me permettra gracieusement d'accomplir le voeu que j'ai formulé. Plus tard, si Dieu le veut, il est de mon désir et de mon intention de me prévaloir de l'honneur que Sa Majesté Impériale a daigné me conférer."

Parmi ceux qui, dans la ville de Yazd, furent éveillés par le message de ce porteur de la lumière divine, il y eut notamment Haji 'Abdu'l-Vahhab, homme très pieux, droit et craignant Dieu. Il se rendait tous les jours chez Shaykh Ahmad en compagnie d'un certain Mulla'Abdu'l Khaliq-i-Yazdi, que l'on connaissait pour son autorité et son savoir. A certaines occasions cependant, afin de discuter Confidentiellement avec 'Abdu'l-Vahhab, Shaykh Ahmad, au grand étonnement du savant 'Abdu'l Khaliq, demandait à celui-ci de se retirer et de le laisser seul avec son disciple favori. Cette préférence marquée à l'égard d'un homme aussi modeste et illettré qu"Abdu'l-Vahhab causa une grande surprise à son compagnon, qui n'était que trop conscient de sa propre supériorité et de ses connaissances. Plus tard, cependant, après que Shaykh Ahmad eut quitté Yazd, 'Abdu'l-Vahhab se retira de la société et fut dès lors considéré comme sufi. Il fut toutefois dénoncé comme intrus par les chefs orthodoxes de cette communauté tels que Ni'matu'llahi et Dhahabi, et suspecté de vouloir leur ravir la direction du mouvement. 'Abdu'l-Vahhab, qui n'était pas spécialement attiré par la doctrine sufie, considéra avec dédain leurs fausses accusations et fuit leur compagnie. Il ne s'associa qu'avec Haji Hasan-i-Nayini, qu'il s'était choisi comme ami intime et à qui il avait fait part du secret que son maître lui avait Confié. Lorsqu' 'Abdu'l-Vahhab mourut, cet ami, suivant l'exemple de son compagnon, continua la route qu'il lui avait tracée et annonça à toute âme réceptive, la bonne nouvelle de la toute proche révélation divine.

Mirza Mahmud-i-Qamsari, que je rencontrai à Kashan et qui, en ce temps-là, était un vieillard de plus de 90 ans, que tous ceux qui le connaissaient révéraient et aimaient, me raconta l'histoire ci-après:

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"Je me souviens du temps où, dans ma jeunesse, vivant à Kashan, j'entendis parler d'un homme qui se trouvait à Nayin, qui s'était levé pour annoncer la bonne nouvelle d'une révélation et au charme duquel cédaient tous ceux qui l'entendaient, fussent-ils officiers du gouvernement, érudits ou illettrés de parmi le peuple. Son influence était telle que ceux qui se mettaient en rapport avec lui renonçaient au monde et méprisaient ses richesses. Curieux, je voulus m'assurer de l'exactitude de ces faits et partis, à l'insu de mes amis, pour Nayin où je pus effectivement vérifier les déclarations qui circulaient à son sujet. Sa figure radieuse dénotait la lumière qui avait été allumée en son âme. Je l'entendis un jour, après qu'il eut fait sa prière du matin, prononcer des paroles telles que celles-ci: "Bientôt la terre sera transformée en un paradis. Sous peu, la Perse deviendra le mausolée autour duquel graviteront les peuples de la terre." Un matin, à l'aube, je le trouvai, face contre terre et répétant, tout absorbé par la prière, les mots "Allah-u-Akbar' (1.12) A ma grande surprise, il se tourna vers moi et dit: "Ce que je vous ai annoncé est à présent révélé. A cette heure même, la lumière du Promis a rompu les ténèbres et répand son éclat sur le monde. Ô Mahmud, en vérité je te le dis, tu vivras pour contempler ce jour des jours."

Les paroles que ce saint homme m'adressa résonnèrent dans mes oreilles jusqu'au jour où, en l'an 60, j'eus le privilège d'entendre l'appel lancé de Shiraz. Je ne pus hélas! à cause de mes infirmités, me hâter vers cette cité. Plus tard, lorsque le Bab, le héraut de la nouvelle révélation, vint à Kashan où il passa trois nuits comme invité chez Haji Mirza Jani, je n'étais pas au courant de sa visite et fus ainsi privé de l'honneur de parvenir en sa présence. Quelque temps plus tard, alors que je discutais avec les disciples de la foi, j'appris que l'anniversaire du Bab tombait le 1er jour du mois de muharram de l'année 1235 après l'hégire. (1.13) Je Réalisai alors que le jour auquel Haji Hasan-i-Nayini avait fait allusion ne correspondait pas à cette date et qu'il y avait en réalité une différence de deux ans entre les deux dates. Cette pensée me rendit cruellement perplexe. Longtemps après, cependant, je rencontrai un certain Haji Mirza Kamalu'd-Dini-Naraqi qui m'annonça la révélation de Baha'u'llah à Baghdad et me fit part d'un certain nombre de versets du "Qasidiy-i-Varqa'iyyih" ainsi que de certains passages des "Paroles cachées" en persan et en arabe. Je fus touché jusqu'au plus profond de mon âme lorsque je l'entendis réciter ces paroles sacrées.

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Je me souviens encore d'une manière frappante de ce qui suit: "Ô fils de l'Être! Ton coeur est ma demeure; sanctifie-le pour que j'y descende. Ton esprit est 1e lieu de ma révélation, purifie-le pour que je m'y manifeste. O fils de la terre! Si tu veux me posséder, ne cherche alors personne d'autre que moi et si tu veux contempler ma beauté, ferme les yeux au monde et à tout ce qu'il contient; car ma volonté est celle d'un autre que moi; ainsi le feu et l'eau ne peuvent demeurer ensemble dans un coeur ." Je lui demandai la date de naissance de Baha'u'llah. "L'aube du deuxième jour de muharram de l'an 1233 après l'hégire (1.14)," répondit-il. Je me rappelai aussitôt les paroles de Haji Hasan et le jour où il les avait prononcées. Instinctivement je me jetai à terre et m'exclamai: "Glorifié sois-tu, ô mon Dieu, pour m'avoir permis de parvenir à ce jour promis. Si je dois à présent venir à toi, je mourrai satisfait et rassuré." Cette même année, la 1274e après l'hégire, ce radieux et vénérable vieillard (1.15) rendit son âme à Dieu."

Ce récit, que j'ai entendu de la bouche même de Mirza Mahmùd-i-Qamsari, et qui court encore de bouche en bouche, est assurément une preuve éclatante de la perspicacité de feu Shaykh Ahmad-iAhsa'i et porte en soi un éloquent témoignage de l'influence que ce dernier exerça sur ses disciples les plus proches. La promesse qu'il leur avait donnée s'était dès lors accomplie, et le mystère par lequel il avait enflammé leurs âmes s'était dévoilé dans toute sa gloire.

Durant les jours où Shaykh Ahmad se préparait à quitter Yazd, Siyyid Kazim-i-Rashti (1.16) cet autre flambeau de la direction divine, partit de sa province natale de Gilan avec pour objectif de rendre visite à Shaykh Ahmad avant que celui-ci ne parte en pèlerinage au Khurasan. Au cours de sa première entrevue avec lui, Shaykh Ahmad lui dit ces mots: "Je vous souhaite la bienvenue, ô ami! Combien de temps et avec quel empressement ai-je attendu votre arrivée pour me délivrer de l'arrogance de ce peuple pervers! Je souffre de l'impudence de leurs actes et de la corruption de leurs caractères. En vérité, nous prêchâmes aux cieux, à la terre et aux montagnes, la foi de Dieu, mais ils refusèrent le fardeau et craignirent de le recevoir. L'homme promit de le porter et, en vérité, il se montra injuste et ignorant. "

Ce Siyyid Kazim avait déjà, dès sa tendre enfance, montré les signes d'un pouvoir intellectuel et d'une perspicacité spirituelle remarquables. Il était unique parmi ceux de son rang et de son âge. A l'âge de onze ans, il connaissait par coeur l'intégralité du Qur'an. A quatorze ans, il connaissait, par coeur un nombre prodigieux de prières et de traditions reconnues comme étant de Muhammad.

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À dix-huit ans, il composa un commentaire sur le verset du Qur'an connu sous le nom d'Ayatu'l-Kursi, qui suscita l'émerveillement et l'admiration des plus grands érudits de son époque. Sa piété, la douceur de son caractère et son humilité étaient telles que tous ceux qui le rencontrèrent, fussent-ils jeunes ou vieux, en furent profondément impressionnes.

En l'an 1231 après l'hégire (1.17), alors qu'il n'avait que vingt-deux ans, abandonnant maison, parents, amis, il partit pour Gilan dans le but de rencontrer celui qui s'était levé d'une manière si noble pour annoncer l'aurore prochaine d'une révélation divine. A peine avait-il passé quelques semaines en compagnie de Shaykh Ahmad que se tournant un jour vers lui, il lui parla en ces termes: "Restez chez vous et ne venez plus assister à mes cours.

PHOTO: portrait de Mirza Buzurg (père de Baha'u'llah)

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Ceux de mes disciples qui se sentiront perplexes s'adresseront dorénavant à vous et chercheront à obtenir directement de vous l'aide dont ils auront besoin. Vous résoudrez leurs problèmes, grâce à la connaissance dont le Seigneur notre Dieu vous a pourvu, et vous tranquilliserez leurs coeurs. Par la force de vos paroles, vous aiderez à ranimer la foi si cruellement négligée de Muhammad, votre illustre ancêtre." Ces paroles adressées à Siyyid Kazim suscitèrent le ressentiment et la jalousie des élèves prééminents de Shaykh Ahmad, parmi lesquels figuraient notamment Mulla Muhammad-i-Mamaqani et Mulla 'Abdu'l-Khaliq-i-Yazdi. Cependant, la dignité de Siyyid Kazim était si imposante et les preuves de son savoir et de sa sagesse si remarquables que ces disciples craignirent de l'attaquer et se sentirent obligés de se soumettre.

Shaykh Ahmad, ayant donc laissé ses disciples aux soins de Siyyid Kazim, partit pour le Khurasan. Là il passa quelque temps dans le voisinage immédiat du tombeau sacré de l'Imam Rida à Mashhad. Il poursuivit dans l'enceinte de ce monument, toujours avec la même verve, le cours de ses travaux. Il continua, en résolvant les difficultés qui troublaient l'esprit des chercheurs, à préparer la voie pour l'avènement de la Manifestation prochaine. Dans cette ville, il devint de plus en plus conscient du fait que le jour qui devait témoigner de la naissance du Promis n'était plus si lointain. Il sentait que l'heure promise approchait rapidement. Du côté de Nur, dans la province de Mazindaran, il pouvait percevoir les premières faibles lueurs qui annonçaient l'aurore de la dispensation promise. Pour lui, la révélation que prédisaient les paroles suivantes tirées de la tradition était imminente: "Bientôt vous contemplerez la face de votre Seigneur, resplendissante comme la pleine lune dans toute sa gloire et, cependant, il y en aura parmi vous qui ne reconnaîtront pas sa vérité et n'embrasseront pas sa foi. L'un des signes les plus convaincants qui marqueront l'avènement de l'heure promise est celui-ci: "Une femme donnera naissance à quelqu'un qui sera son Seigneur.

Shaykh Ahmad se tourna par conséquent vers Nur et, en compagnie de Siyyid Kazim et d'un certain nombre de ses disciples distingués, partit pour Tihran. Le shah de Perse étant informé de ce que Shaykh Ahmad se trouvait dans le voisinage de sa capitale, donna l'ordre aux dignitaires et aux officiers de Tihran d'aller à sa rencontre. Il leur enjoignit aussi de lui exprimer en son nom une formule de cordiale bienvenue.

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Le distingué visiteur et ses compagnons furent royalement accueillis par le shah qui les reçut personnellement et qui déclara à Shaykh Ahmad qu'il était "la gloire de sa nation et la parure de son peuple.' (1.18) En ces jours-là, naquit un enfant dans une ancienne et noble famille de Nur. (1.19) Son père, Mirza 'Abbas, mieux connu sous le nom de Mirza Buzurg, était ministre favori de la couronne. Cet enfant, c'était Baha'u'llah. (1.20) A l'aube du second jour de muharram de l'an 1233 après l'hégire (1.21), le monde, alors inconscient de la portée de l'événement, vit naître celui qui était destiné à lui conférer d'aussi innombrables bénédictions. Shaykh Ahmad, qui saisissait dans sa pleine mesure le sens de cet événement prometteur, n'aspirait qu'à passer le restant de ses jours à la cour de ce roi divin qui venait de naître. Mais il ne devait pas en être ainsi; la soif non étanchée et l'aspiration non satisfaite, Shaykh Ahmad se sentit obligé de se soumettre au décret irrévocable de Dieu et, se détournant de la ville de son bien-aimé, partit pour Kirmanshah.

Le gouverneur de Kirmanshah, prince Muhammad'Ali Mirza, fils aîné du shah et membre le plus compétent de sa famille, avait déjà demandé à Sa Majesté Impériale la permission de recevoir chez lui Shaykh Ahmad et de le servir en personne. (1.22) Le prince avait tant d'estime aux yeux du shah, que sa requête fut immédiatement acceptée. Complètement résigné à sa destinée, Shaykh Ahmad fit ses adieux à Tihran. Avant de partir de cette ville, il murmura une prière pour que ses compatriotes gardassent et chérissent ce trésor caché de Dieu qui venait de naître parmi eux, qu'ils puissent reconnaître la pleine mesure de sa grâce et de sa gloire, et qu'ils fussent capables de proclamer sa perfection à toutes les nations et à tous les peuples.

A son arrivée a Kirmanshah Shaykh Ahmad décida de choisir parmi les plus réceptifs de ses disciples shi`ahs, un certain nombre d'entre eux et, en leur accordant ses soins particuliers pour leur éclairer l'esprit, de leur permettre de devenir les partisans actifs de la cause de la révélation promise. Dans la série de livres et d'épîtres dont il entreprit la rédaction, et parmi lesquels figure son oeuvre bien connue Sharhu'z-Ziyarih, il exalta, dans un langage vivant et clair, les vertus des Imams de la foi, et insista particulièrement sur les allusions que ceux-ci avaient faites quant à la venue du Promis. Par ses fréquentes références à Husayn, il entendait le Husayn qui devait se révéler et, par ses allusions répétées au nom de 'Ali, il n'entendait pas le 'Ali qui avait été tué, mais bien celui qui venait de naître.

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A ceux qui l'interrogeaient sur les signes qui devaient annoncer l'avènement du Qa'im, il affirmait avec force le caractère inéluctable de la dispensation promise. L'année même où naquit le Bab, Shaykh Ahmad eut à déplorer la mort de son fils qui s'appelait Shaykh 'Ali. Aux disciples qui étaient attristés par cette mort, il adressait ces paroles de réconfort: "Ne vous attristez pas, ô mes amis, car j'ai offert mon fils, mon propre 'Ali en sacrifice à cet 'Ali dont nous attendons tous l'avènement. Je l'ai élevé et préparé à cette fin."

Le Bab, dont le nom était 'Ali-Muhammad, naquit à Shiraz, le premier muharram de l'an 1235 après l'hégire. Il était issu d'une famille renommée pour sa noblesse et dont l'origine remontait à Muhammad en personne. Son père, Siyyid Muhammad Rida, ainsi que sa mère, étaient des descendants du Prophète et appartenaient à des familles bien connues. La date de la naissance du Bab confirma la vérité des paroles attribuées à l'Imam 'Ali, le Commandeur des fidèles: "J'ai deux ans de moins que mon Seigneur." Le mystère de cette expression resta cependant caché, excepté à ceux qui cherchèrent et reconnurent la vérité de la nouvelle révélation. Ce fut le Bab qui dans son premier livre, le plus important et le plus sublime, révéla ce passage concernant Baha'u'llah: "O toi, Vestige de Dieu! Je me suis entièrement sacrifié pour toi, j'ai accepté d'être maudit pour l'amour de toi et je n'ai aspiré qu'au martyre sur ton sentier. Dieu l'Exalté, le Protecteur, l'Ancien des jours, m'en est témoin."

Pendant son séjour à Kirmanshah, Shaykh Ahmad reçut tant de témoignages de dévotion ardente de la part du prince Muhammad'Ali Mirza, qu'il ne put s'empêcher, lors d'une certaine occasion, de parler du prince en ces termes: "Je considère Muhammad-'Ali comme mon propre fils, bien qu'il soit un descendant de Fatli-'Ali. .

Un nombre considérable de chercheurs et de disciples accoururent chez lui et assistèrent avec intérêt à ses cours. A personne, cependant, il ne se sentit porté à montrer cette considération et cette affectueuse estime qui caractérisaient son attitude envers Siyyid Kazim. Il semblait l'avoir choisi d'entre la foule qui se pressait pour le voir, et paraissait le préparer à continuer, avec une vigueur inlassable, son oeuvre après sa mort. Un jour, un des disciples de Shaykh Ahmad l'interrogea au sujet du mot que le Promis doit prononcer à la fin des temps, un mot si formidable que les trois cent treize chefs et grands de la terre tomberaient tous, sans exception, en consternation, comme écrasés par son poids prodigieux. Shaykh Ahmad répondit ainsi à ce disciple: "Comment pouvez-vous présumer de supporter le poids du mot que les chefs de la terre seront incapables de porter?

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Ne cherchez pas à satisfaire un désir impossible. Cessez de me poser cette question et implorez le pardon de Dieu." Ce questionneur présomptueux insista pour que Shaykh Ahmad lui dévoilât la nature de ce mot. Finalement, Shaykh Ahmad donna cette réponse: "Si vous étiez parvenu à ce jour et si l'on vous disait de répudier la station d' 'Ali et de dénoncer sa validité, que diriez-vous ?" -'Que Dieu me pardonne! s'exclama-t-il. De telles choses ne peuvent jamais arriver. Je ne puis concevoir que de telles paroles émanent de la bouche du Promis." Combien grave était l'erreur qu'il commettait et piteuse la position dans laquelle il se trouvait! Sa foi, mise dans la balance, fut trouvée insuffisante car il n'avait pas compris que celui qui devait se manifester était investi d'une autorité souveraine dont nul homme ne pouvait douter. Il a le droit "d'ordonner ce qu'il lui plaît et de décréter ce qu'il veut". Celui qui hésite, ne fût-ce que l'espace d'un clin d'oeil ou même moins, met en doute son autorité, s'est privé de sa grâce et sera compté parmi ceux qui ont failli dans leur jugement. Et cependant, malgré tout cela, peu, sinon aucun de ceux qui entendirent Shaykh Ahmad parler dans cette ville et dévoiler les mystères des références se trouvant dans les Ecrits saints, ne furent capables d'apprécier la signification de ses paroles ni d'en saisir la portée. Seul Siyyid Kazim, son lieutenant distingué et compétent, pouvait prétendre avoir compris ce que son maître voulait dire. Après la mort du prince Muhammad 'Ali Mirza (1.23), Shaykh Ahmad, libéré des instantes supplications de celui-ci pour qu'il prolonge son séjour à Kirmanshah, transféra sa résidence à Karbila. Tandis qu'il accomplissait certains rites, en particulier celui qui consiste à faire le tour du tombeau du Siyyidu'sh-Shuhada (1.24), l'Imam Husayn, on aurait cru, de prime abord, qu'il le faisait pour celui-ci mais, en réalité, son coeur n'appartenait qu'à ce vrai Husayn, l'unique objet de son adoration. Une foule, composée d''ulamas et de mujtahids des plus distingués, se pressait pour le voir. Plusieurs commencèrent à envier sa réputation, et certains cherchèrent à miner son autorité. Cependant, malgré leurs efforts répétés, ils ne purent ébranler la position incontestée d'érudit prééminent qu'avait Shaykh Ahmad dans cette ville. Finalement, cet éclatant flambeau devait aller répandre sa lumière sur les villes saintes de La Mecque et de Médine. Il devait aller dans ces deux villes y poursuivre, avec une dévotion sans borne, ses travaux, et c'est là qu'il fut inhumé à l'ombre du sépulcre du Prophète pour la compréhension de la foi pour laquelle il avait oeuvré avec tant de fidélité.

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Avant son départ de Karbila, il Confia à Siyyid Kazim, son successeur distingué, le secret de sa mission (1.25). Il lui dit de s'efforcer d'allumer en chaque coeur réceptif le feu qui avait brûlé avec tant d'éclat en lui. Siyyid Kazim eut beau insister pour accompagner son maître jusqu'à Najaf, Shaykh Ahmad refusa d'accéder à sa demande; "Vous n'avez pas de temps à perdre" furent les dernières paroles qu'il lui adressa. "Chaque heure fugitive devrait être employée pleinement et avec sagesse. Vous devez vous ceindre les reins de l'effort et vous attacher, jour et nuit, à écarter par la grâce de Dieu et par la main de sagesse et de tendre bonté, ces voiles de négligence qui ont aveuglé les hommes. En vérité, je le dis: l'heure approche, l'heure pour laquelle j'ai imploré Dieu afin qu'il m'épargne de la vivre, car le tremblement de terre de la dernière heure sera terrible. Vous devriez prier Dieu pour qu'Il vous préserve des épreuves accablantes de ce jour, car aucun de nous n'est capable de résister à sa force qui balaie tout. D'autres, dotés d'une plus grande endurance et d'un plus grand pouvoir sont destinés à en supporter le poids énorme, des hommes dont le coeur est sanctifié de toutes choses terrestres et dont l'énergie est décuplée par la force de son pouvoir.

Ayant prononcé ces paroles, Shaykh Ahmad dit adieu à son successeur, l'exhorta à faire face avec vaillance aux épreuves qui devaient, à coup sûr, l'affliger, et le Confia aux soins de Dieu. A Karbila, Siyyid Kazim se consacra au travail commencé par son maître, développa ses enseignements, défendit sa cause et répondit à toutes les questions qui troublaient l'esprit de ses disciples. La vigueur avec laquelle il poursuivit sa tâche excita l'animosité des ignorants et des envieux. "Pendant quarante ans," s'écriaient ceux-ci, "nous avons toléré la propagation des enseignements prétentieux de Shaykh Ahmad sans nous y opposer d'aucune sorte. Nous ne pouvons plus tolérer de pareilles prétentions de la part de son successeur qui rejette la croyance en la résurrection du corps, qui répudie les interprétations littérales du Mi'Raj, (1.26) qui considère comme allégoriques les signes de l'avènement du jour et qui prêche une doctrine hérétique de caractère et subversive des principes les meilleurs de l'islam orthodoxe." Plus leurs clameurs et protestations augmentaient d'intensité, plus la détermination de Siyyid Kazim à poursuivre sa mission et à accomplir sa tâche s'affermissait. Il adressa à Shaykh Ahmad une épître dans laquelle il exposait en détail les calomnies qu on avait proférées contre lui et l'informait du caractère et de l'ampleur de l'opposition de ses ennemis. Il se hasarda à s'informer du temps pendant lequel il était destiné à subir le fanatisme incessant d'un peuple ignorant et borné, et pria d'être éclairé sur le temps où le Promis serait rendu manifeste.

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Shaykh Ahmad répondit à cette lettre en ces termes: "Soyez assuré de la grâce de votre Dieu. Ne soyez pas attristé par les agissements de ces gens-là. Le mystère de cette cause doit nécessairement devenir manifeste, et le secret de ce message devra forcément être divulgué. (1.27) Je ne puis en dire davantage. Je ne puis fixer de temps. Sa cause sera connue après Hin. (1.28) Ne me demandez pas des choses qui, si elles vous étaient révélées, ne pourraient que vous causer de la peine."

Combien sa cause doit-elle être grande pour que, même à un personnage aussi sublime que Siyyid Kazim, aient été adressées de telles paroles. Cette réponse de Shaykh Ahmad apporta soulagement et force au coeur de Siyyid Kazim qui, avec une détermination redoublée, continua à résister aux assauts d'un ennemi envieux et perfide.

Shaykh Ahmad mourut peu après (1.29), en l'an 1242 après l'hégire, à l'âge de quatre-vingt un ans et son corps fut inhumé au cimetière de Baqi' (1.30), au voisinage immédiat du tombeau de Muhammad, dans la ville sainte de Médine.

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NOTE DU CHAPITRE 1:

(1.1) Sa généalogie, selon son fils Shaykh 'Abdu'llah, est la suivante: "Shaykh Ahmad-ibn-i-Zaynu-d-Din-ibn-i-lbrahim-ibn-i-Sakhr-ibn-i-Ibrahim-ibn-i-Zéhir-ibn-i-Rama-dan-ibn-i-Rashid-ibn-i-Dahim-ibn-i-Chimrukh-ibn-i-sulih." (A.L.M. Nicolas; "Essai sur le Shaykhisme," I,p.l.)

(1.2) Né en Rajah en 1166 A.H., correspondant du 24 avril au 24 mai 1753 dans la ville d'Ahsa, (province d'Ahsa), située au nord-est de la péninsule arabique (A.L.M. Nicolas' "Essai sur le Shaykhisme" I,p.l.) Né shi'ah bien que ses ancêtres fussent sunnites.(p.2.) Selon E.G. Browne (Le récit d'un voyageur) (Remarque E.p.235), Shaykh Ahmad était né en l'an 1157 A.H. et mourut en 1242.

(1.3) Siyyid Kazim, dans son livre intitulé "Dalilu'l-Mutahayyirin" écrit ce qui suit: Notre maître vit une nuit l'Imam Hasan, sur lui soit le salut Cette Altesse lui mit dans la bouche sa langue bénie. De la salive adorable de cette Altesse, il retira les sciences et l'aide de Dieu. Au goût elle était sucrée, plus douce que le miel, plus parfumée que le muse; elle était plutôt chaude. Quand il revint â lui et se réveilla de son sommeil, il devint dans son intime, rayonnant des lumières de la contemplation de Dieu, il déborda de l'inondation de ses bienfaits et fut entièrement séparé de tout ce qui est autre que Dieu. Sa croyance et sa confiance en Dieu augmentèrent en même temps que sa résignation à la Volonté du Très-Haut. Par suite d'un excessif amour, d'un impétueux désir qui naquit en son coeur, il oublia de manger, de se vêtir, si ce n'est juste ce qu'il fallait pour ne pas mourir." (A.L.M. Nicolas, "Essai sur le Shaykhisme, "I,p.6.)

(1.4) Il (Shaykh Ahmad) savait parfaitement qu'il était choisi par Dieu pour préparer le coeur des hommes à recevoir la vérité plus complète qui devait sous peu être révélée et que, grâce à lui, la voie d'accès au 12ème Imam Mahdi caché était de nouveau ouverte. Mais il ne déclara pas ceci en termes clairs et précis, de peur que les "non régénérés" ne se tournassent contre lui et ne le missent en pièces. (Dr. T.K. Cheyne: "Réconciliation of Races and Religions", p. 15.)

(1.5) Karbila est situé à 55 miles environ au sud-ouest de Baghdad sur les bords de l'Euphrate. Le tombeau de Husayn, se trouvant au centre de la ville, et celui de son frère 'Abbés au sud-est de celle-ci, en sont les bâtiments principaux. (C.R. Markham: "Une esquisse générale de l'Histoire de la Perse." p. 486). Les shi'ahs révèrent Najaf en tant que ville renfermant la tombe de l'Imam 'Ali.

(1.6) Les caractères principaux des idées de Shaykh Ahmad semblent avoir été les suivantes: Il déclarait que toute connaissance et toute science se trouvaient dans le Qur'an et que, par conséquent, pour comprendre, dans leur plénitude, les significations intimes de celui-ci, il était nécessaire d'acquérir ces connaissances et ces sciences. Pour le développement de cette doctrine, il avait l'habitude d'employer des méthodes cabalistiques pour interpréter le texte sacré, et s'exerçait à se familiariser avec les diverses sciences connues du monde musulman. Il avait une vénération des plus exagérées pour les Imams et spécialement pour le 6ème d'entre eux par succession, l'Imam Jafar-i-Sadiq, dont il citait souvent les paroles... En ce qui concerne la vie future et la résurrection de la chair, il idées que l'on considérait généralement comme hétérodoxes, ainsi qu'il a été dit plus haut. Il déclarait que le corps de l'homme était composé de différentes parties dérivant chacune éléments et des neuf cieux, et que le corps avec lequel on ressuscitait à la résurrection contenait uniquement les derniers composants, les premiers retournant après la mort à leurs sources Ce corps subtil, qui seul échappait à la destruction, il l'appelait Jism-i-Huriqliyé, la 2ème partie de ce terme étant probablement grecque. Il affirmait que nous le possédions en potentialité dans nos corps actuels, comme du cristal dans de la roche. De même, il déclarait que, dans le cas de l'ascension nocturne du Prophète au Ciel, c'était ce corps, et non son corps matériel, qui avait accompli ce voyage. A cause de ces idées, il fut déclaré hétérodoxe par la majeure partie des 'ulamas et accusé de suivre les doctrines de Mulla Sadra, le plus grand philosophe persan des temps modernes. (Journal of the Royal Asiastic Society, 1889, art. 12, p. 890-91.)

(1.7) Au IXe siècle, les restes de l'Imam Rida, fils de l'Imam Musa et huitième des douze Imams, furent enterrés à Mashhad.

(1.8) Dans la terre de Fa (Fars) se trouve une mosquée au milieu de laquelle s'élève une construction semblable à la Ka'bih (Masjid-i-Jum'ih). Cela n'a été construit que pour que ce soit un signe pour cette terre avant la manifestation de l'ordre de Dieu dans l'élévation de la maison dans cette terre. (Allusion à la nouvelle Mecque, c'est-à-dire, la maison du Bab à Shiraz). Heureux celui qui adore Dieu dans cette terre-là; en vérité nous aussi nous y avons adoré Dieu et là nous avons prié pour celui qui a élevé cette construction. ("le Bayan persan", Vol. Il, p. 151.)

(1.9) A.L.M. Nicolas, dans le chapitre V de son livre "Essai sur le Shaykhisme", donne une liste composée de non moins de 96 volumes représentant la totalité des écrits que cet écrivain fécond a laissés. Parmi eux, les principaux sont les suivants:

1. Commentaire sur le Ziyaratu'l Jami'atu'l Kabirih de Shaykh Hadi.
2. Commentaire sur le verset "Qu'l Huvallah-u-Ahad".
3. Risaliy-i-Shaqaniyyih, en réponse à la question de Fath-Ali-Shah, concernant la supériorité du Qa'im sur ses ancêtres.
4. Sur les rêves.
5. Réponse à Shaykh Musay-i-Bahrayni au sujet de la position et des revendications du Sahibu'z-Zaman.
6. Réponse aux sufis.
7. Réponse à Mulla Mahdiy-i-Astirabadi sur la connaissance de l'âme.
8. Sur les joies et les peines de la vie future.
9. Réponse à Mulla-'Ali-Akbar sur la meilleure voie pour atteindre Dieu.
10. Sur la résurrection.

(1.10) "La nouvelle de son arrivée fit grand bruit et certains 'Ulamas, parmi les plus célèbres, le reçurent avec distinction. Ils l'entourèrent avec beaucoup de considération et les habitants de la ville les imitèrent. Tous les 'Ulamas vinrent le voir. On reconnut qu'il était le plus savant parmi les plus savants." (A.L.M. Nicolas, 'Essai sur le Shaykhisme", p. 18.)

(1.11) A.L.M. Nicolas, dans son livre "Essai sur le Shaykhisme", p. 19-20, fait allusion a une seconde lettre adressée par le Shah à Shaykh Ahmad: "Le Shah, prévenu, lui écrivit de nouveau en lui disant qu'évidemment il était de son devoir à lui, Roi, de se déranger et de venir à Yazd voir l'illustre et saint personnage dont les pieds étaient une bénédiction pour la province sur laquelle il consentait à les poser, mais que, pour des raisons politiques de haute importance, il ne pouvait, en ce moment, quitter la capitale. Que d'ailleurs il était, en cas de déplacement de sa part, obligé d'amener avec lui au moins un corps de dix mille hommes. Or, la ville de Yazd est trop petite, ses champs trop pauvres pour recevoir un tel surcroît de population; l'arrivée de troupes si nombreuses occasionnerait certainement la disette. 'Vous ne voudriez pas d'un pareil malheur, j'en suis certain, et je crois que, quoique je sois bien peu de chose auprès de vous, vous consentirez, cependant, à venir me voir.

(1.12) "Dieu est le plus grand."

(1.13) 20 octobre 1819. (ap. J.C.)

(1.14) 12 novembre 1817. (ap. J.C.)

(1.15) 1857-8 (ap. J.C.)

(1.16) 'Sa famille (celle de Siyyid Kazim) était composée de marchands renommés. Son père se nommait Aqa Siyyid Qasim. Lorsqu'il avait douze ans, il vivait à Ardibil près du tombeau de Shaykh Safi'u'd-Din Ishaq, descendant du septième Imam, Imam Musa Kazim et ancêtre des rois Safavi. Une nuit, dans un rêve, un des illustres ancêtres du saint inhumé lui fit comprendre qu il devait suivre la guidance de Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i qui, en ce temps-là, résidait à Yazd. Conformément à ce conseil, il partit vers cette ville et s'engagea comme disciple du shaykh dans la doctrine duquel il atteignit une telle suprématie qu'à la mort de celui-ci, il fut unanimement reconnu comme chef de l'école shaykhie." (A Traveller's Narrative, Note E, p. 238.)

(1.17) 1815-16 (ap. J.C.)

(1.18) Le Shah sentait croître de jour en jour sa bienveillance et son respect envers le Shaykh. Il ressentait l'obligation de lui obéir et eut considéré comme un blasphème de se mettre en opposition avec lui. D'ailleurs, à cette époque, des tremblements de terre successifs eurent lieu à Rayy et beaucoup de maisons furent détruites. Le Shah eut un songe dans lequel il lui fut déclaré que, si Shaykh Ahmad n'avait pas été là, la ville entière eut été renversée, et tous les habitants tués. Il s'éveilla terrifié, et sa foi dans le Shaykh augmenta d'autant. (A.L.M. Nicolas: "Essai sur le Shaykhisme" 1, p. 21.)

(1.19) Mirza Abdu'l-Fadl affirme dans ses écrits que l'arbre généalogique de Baha'u'llah peut remonter jusqu'aux anciens Prophètes de la Perse, ainsi qu'aux rois qui ont régné sur cette terre avant l'invasion arabe.

(1.20) Il s'appelait Mirza Husayn-'Ali.

(1.21) 12 novembre 1817.

(1.22) "Kirmanshah l'attendait avec beaucoup d'impatience. Le Prince Gouverneur Muhammad'Ali-Mirza avait envoyé la ville entière à Sa rencontre et, l'on avait planté des tentes pour le recevoir à Chah-Qilan. Le Prince vint au-devant de lui jusqu'à Taj-Abad, qui est à quatre farsakhs de la ville." (A.L.M. Nicolas: "Essai sur le Shaykhisme 1, p. 30.)

(1.23). 1237 après l'hégire.

(1.24) "Le prince des martyrs."

(1.25) A.L.M. Nicolas, dans la préface du tome I de son "Essai sur le Shaykhisme, rapporte ce qui suit, en tant que paroles prononcées par Shaykh Ahmad concernant Siyyid Kazim: "Il n'y a que Siyyid Kazim-i-Rashti, qui comprenne mon but, et personne autre que lui ne le comprend... Cherchez la science, après moi, auprès de Siyyid Kazim-i-Rashti, qui l'a acquise directement de moi, qui la tient des Imams, qui l'ont apprise du Prophète à qui Dieu l'avait donnée... Il est le seul à me comprendre!"

(1.26) "L'ascension" de Muhammad au ciel.

(1.27) Le Bab lui-même fait allusion à ce passage et confirme, dans le "Dala'il-i-Sab'ih" : "C'est une chose connue que les paroles du révéré Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i." Or il y a là des indications sans nombre au sujet de la Manifestation. Par exemple, il a écrit de sa propre main à Siyyid Kazimi-Rashti: "De même que pour la construction d'une maison il faut un terrain, de même, pour cette Manifestation, doit se présenter le moment. Mais ici, on ne peut donner une réponse fixant ce moment. Bientôt on le connaîtra d'une façon certaine." Ce que ru as entendu toi-même si souvent de Siyyid Kazim, cela n'est-il pas une explication? Ne répétait-il pas à chaque instant : "Vous ne voulez donc pas que je m'en aille et que Dieu apparaisse?" ("Le livre des sept preuves," traduit par A.L.M. Nicolas, p. 58.) Il y a aussi l'anecdote relative à Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i en route pour la Mecque. Il a été prouvé que cette anecdote est authentique et, dès lors, il y a quelque chose de certain. Des disciples du défunt ont rapporté les propos qu'ils avaient entendus, et parmi eux se trouvaient des personnages tels que Mulla'Abdu'l-Khaliq et Murtada-Quli. Mulla 'Abdu'l-Khaliq rapporte que le Shaykh leur dit un jour: "Priez afin de ne pas vous trouver au début de la Manifestation et du Retour, car il y aura beaucoup de guerres civiles." Il a ajouté: "Si quelqu'un d'entre vous vit encore en ce temps-là, il verra des choses étranges entre les années 60 et 67. Et quelle chose étrange peut être plus étrange que l'Être même de la Manifestation. Tu y seras et tu y verras encore un fait extraordinaire: c'est que Dieu, pour rendre victorieuse cette Manifestation, suscitera un Être qui parlera de lui-même, sans avoir jamais rien appris des autres." (Idem, p. 59-60.)

(1.28) Suivant la notation Abjad, la valeur numérique du mot "HIN" est 68. Ce fut en 1268 de l'hégire que Baha'u'llah, étant alors emprisonné dans le Siyah-chal de Tihran, reçut les premiers signes de sa mission divine. Il fait allusion à cela dans les odes qu'il révéla cette année-là.

(1.29) Il mourut en un lieu appelé Hadith, dans le voisinage de Médine. (A.L.M. Nicolas, "Essai sur le Shaykhisme," 1, p. 60.)

(1.30). "Son corps fut porté à Médine, où il fut enterré dans le cimetière de Baqi' derrière le mur de la coupole du Prophète du côté Sud, sous la gouttière du Mihrab. On dit que là aussi se trouve le tombeau de Fatimah en face du Baytu'l-Hazan." (A.L.M. Nicolas: "Essai sur le Shaykhisme", 1, pp. 60-61). "La mort de Shaykh Ahmad mit, durant quelques jours, un terme à la lutte et les passions semblèrent s'apaiser. D'ailleurs, ce fut à cette époque que l'Islam reçut un coup terrible et que sa puissance fut brisée. L'Empereur de Russie vainquit les nations musulmanes, et la plupart des provinces habitées par les gens de cette religion tombèrent aux mains de l'armée moscovite. (A.L.M. Nicolas': "Essai sur le Shaykhisme' 'Il, p.S.) "D'un autre côté, on pensait que, Shaykh Ahmad mort, sa doctrine disparaissait avec lui sans retour, et la paix dura pendant près de deux années. Mais les musulmans revinrent vite à leurs premiers sentiments dès qu'ils virent que la lumière de la doctrine du défunt resplendissait encore sur le monde, grâce à Siyyid Kazim-i-Rashti, le meilleur, le plus fidèle élève de Shaykh Ahmad et son successeur. (Idem., pp. 5-6.)


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