La communauté mondiale baha'ie et son action
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5. Paix

5.1. Introduction

L'établissement de la paix mondiale est un des objectifs principaux de la Foi baha'ie et occupe une place centrale dans les activités de la communauté baha'ie depuis 1844. Le programme baha'i de paix se compose jusqu'à présent de deux volets principaux mais envisage toutes sortes de dimensions supplémentaires au fur et à mesure que l'humanité se rapprochera de la réalisation de cette paix mondiale.

Le premier aspect de ce programme, et le plus important, est centré sur le concept même de cette paix; le deuxième, d'une importance presque aussi grande, sur la création d'une communauté baha'ie mondiale qui mérite d'être étudiée en tant que prototype d'un nouvel ordre mondial.

La communauté baha'ie offre en effet un modèle de société mondiale disposant des moyens nécessaires pour saisir l'occasion de relever le défi de l'établissement d'un nouvel ordre mondial où la paix devient une réalité, non une utopie. C'est dans ce sens que l'expérience de la communauté baha'ie mérite d'être étudiée par toutes les personnes ou organisations désireuses de se pencher avec serieux sur la question de la paix mondiale.

(Le programme baha'i de paix, pp.1, 11, Dr. Hossain Danesh)


5.2. Point de vue baha'i

5.2.1. UNE QUESTION D'ATTITUDE


La Grande Paix à laquelle ont profondément aspiré les gens de bonne volonté au fil des siècles ... se profile enfin à l'horizon mondial. Il est maintenant possible à chacun, pour la première fois dans l'histoire, de voir toute la planète et les innombrables peuples qui l'habitent dans une perspective globale. La Paix mondiale n'est pas seulement un concept, mais une réalité vers laquelle l'humanité se dirige inéluctablement. C'est la prochaine étape de l'évolution de cette planète - ce qu'un grand penseur a appelé "la planétisation de l'humanité".

La race humaine, en tant qu'unité organique distincte, est passée par des phases d'évolution qui rappellent les phases de bas âge et d'enfance de la vie humaine et elle se trouve maintenant dans la phase culminante de son adolescence troublée, à la veille de l'âge adulte tant attendu.

Nous sommes arrivés au stade où ceux qui prêchent les dogmes du matérialisme, que ce soit de l'Est ou de l'Ouest, que ce soit du capitalisme ou du socialisme, doivent rendre compte de la direction spirituelle qu'ils ont prétendu exercer. Où est le "nouveau monde" annoncé par les idéologies? Où est la paix internationale dont elles affirment promouvoir les idéaux? Où sont les percées dans de nouveaux domaines de réalisation culturelle produites par l'expansion de telle race, nation, ou classe? Pourquoi la vaste majorité des peuples du monde s'enfonce-t-elle sans cesse plus profondément dans la famine et la misère alors que les arbitres actuels des affaires humaines disposent de richesses énormes que n'auraient pu concevoir ni les pharaons, ni les empereurs romains, ni même les puissances impérialistes du dix-neuvième siècle?

Il est évident que des efforts conjoints doivent être entrepris de toute urgence pour remédier à ces problèmes. C'est d'abord et avant tout une question d'attitude. L'humanité continuera-t-elle à s'entêter dans les mauvais chemins, à s'accrocher à des concepts dépassés et à des hypothèses inapplicables? Ou bien ses dirigeants iront-ils de l'avant et, faisant fi de leurs idéologies, décideront-ils de se consulter pour rechercher conjointement des solutions appropriées?

La paix découle essentiellement d'un état d'âme reposant sur une attitude morale ou spirituelle et c'est principalement en évoquant cette attitude que l'on pourra parvenir à des solutions durables...

L'ordre mondial ne peut se fonder que sur la conscience inébranlable de l'unité de la race humaine, une vérité que confirment toutes les sciences humaines. L'anthropologie, la physiologie et la psychologie ne reconnaissent qu'une espèce humaine, même si celle-ci est infiniment variée en ce qui concerne les aspects secondaires de la vie. La reconnaissance de cette vérité est subordonnée à l'abandon de tout préjugé de race, de classe, de couleur, de croyance, de nation, de sexe, de degré de civilisation matérielle, autrement dit, de tout ce qui permet aux gens de se considérer comme supérieurs aux autres.

La Maison Universelle de Justice

(Extraits de "La promesse de la paix mondiale", Les Baha'is, p.71)


5.2.2. LE PROGRAMME BAHA'I DE PAIX

Dès ses débuts, la communauté baha'ie a essayé, à plusieurs reprises, d'attirer l'attention des dirigeants et des peuples du monde sur le fait que la réalisation de la paix mondiale est le plus grand défi auquel doit faire face l'humanité. Le prophète fondateur de la Foi baha'ie, Baha'u'llah (1817-1892), a adressé différentes épîtres aux dirigeants et aux peuples du monde, les exhortant à concentrer leur attention sur la question de la paix mondiale.

Le successeur immédiat de Baha'u'llah, 'Abdu'l-Baha, consacra également sa vie et son oeuvre à la cause de la paix.

Des années vingt aux années cinquante, période au cours de laquelle l'humanité s'est débattue dans les affres de deux grandes guerres mondiales, le Gardien de la Foi baha'ie, Shoghi Effendi, a offert à la communauté baha'ie du monde entier une vision pénétrante et révélatrice d'un futur ordre mondial.

En 1967, centenaire de la proclamation de Baha'u'llah aux rois et aux dirigeants du monde, les baha'is publièrent La proclamation de Baha'u'llah, livre destiné à attirer une fois de plus l'attention des dirigeants sur le message original de paix proclamé par Baha'u'llah. A l'heure actuelle, la Communauté internationale baha'ie entreprend la présentation de son programme de paix aux dirigeants et aux peuples du monde.

a) L'unité : condition préalable à la paix

"Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité ne pourront être obtenus si son unité n'est pas fermement établie", nous dit Baha'u'llah.

Le concept baha'i d'unité est à la fois vaste et précis. Vaste, parce qu'il préconise la réalisation de l'unité de l'humanité en tant que condition préalable à l'établissement de la paix mondiale. Précis, parce que pour réaliser une paix durable, il est essentiel de promouvoir l'unité dans différents autres domaines importants: notamment, l'émancipation des femmes et leur participation à part entière à tous les domaines de l'activité humaine.

L'harmonie entre la science et la religion est un autre exemple d'un domaine précis où l'unité est nécessaire en vue de la réalisation de la paix mondiale.

De plus, différents autres principes sociaux sont considérés par les baha'is comme étant des compléments nécessaires à tout programme visant l'établissement d'une paix durable : l'instruction universelle et l'élimination de l'ignorance, cause principale des préjugés ; l'adoption de mesures législatives destinées à mettre fin au racisme, un des obstacles les plus importants à la réalisation de la paix ; l'élimination des extrêmes de richesse et de pauvreté, sources de grandes souffrances et responsables de l'instabilité du monde ; finalement, la substitution d'un nationalisme effréné par une plus grande loyauté envers l'humanité toute entière.

b) Le concept de la croissance collective de l'humanité

Si l'unité est la condition préalable à l'établissement de la paix mondiale, la maturité est la condition nécessaire à cette unité. Comme Shoghi Effendi nous le dit :

"Les longs siècles de première et de seconde enfance par lesquels devait passer l'humanité sont aujourd'hui révolus. Elle connaît maintenant les troubles inhérents au stade le plus tumultueux de son évolution, le stade de l'adolescence, alors que l'impétuosité de la jeunesse atteint un point culminant, pour faire place graduellement au calme et à la sagesse de l'âge mûr . ... [le monde] reconnaîtra l'unité et l'intégrité des liens de parenté humaine, et établir aune fois pour toutes la structure capable d'incarner au mieux ce principe fondamental de son existence."

La démilitarisation et la reconstruction du monde préconisées par Shoghi Effendi sont maintenant possibles, l'humanité approchant finalement l'âge de la maturité. L'enfance et l'adolescence sont caractérisées par la rivalité et la concurrence dues aux sentiments profonds de doute et de crainte auxquels sont en proie les êtres humains au cours de cette période de leur vie. De la même façon, la rivalité, la concurrence, le manque de confiance et l'arrogance qui caractérisent les affaires mondiales montrent bien que l'humanité traverse actuellement sa phase d'adolescence.

c) La nature spirituelle de l'homme

Un point de vue radicalement différent et fondamentalement positif de la nature de l'homme en tant qu'être spirituel est inhérent au concept baha'i de la croissance collective de l'humanité. Les qualités spirituelles telles que l'amour, la justice, la compréhension, la sincérité et l'humilité se manifestent le plus fortement dans le cadre d'une société mûre et chez les individus ayant atteint un degré suffisant de maturité. Une fois la maturité de l'humanité atteinte, ces qualités spirituelles deviendront plus apparentes et hommes et femmes pourront se libérer de la servitude des forces de l'instinct. En fin de compte, c'est la capacité d'utiliser les qualités spécifiquement humaines de connaissance, d'amour et de volonté qui distinguera le monde de l'humanité du monde animal et qui annoncera une ère d'unité, de collaboration et de créativité.

La haine est essentiellement une absence d'amour. Là où l'amour existe, la haine ne peut subsister. De même, une fois la paix établie, elle apporte avec la créativité, vie, progrès et ne laisse pas de place à la guerre. Dans une perspective baha'ie, la solution aux maux de l'humanité découlera de l'acquisition et de la promotion de ces qualités véritablement humaines, non de l'attention que l'on portera aux problèmes résultant de l'absence de ces qualités.

d) L'ordre mondial de Baha'u'llah

Depuis longtemps, l'humanité attend la création d'un nouvel ordre mondial ; son établissement doit devenir l'objectif principal de tous.

Shoghi Effendi précise en quoi consiste le but ultime de l'ordre mondial envisagé par Baha'u'llah : "L'unité de la race humaine, telle que l'a envisagée Baha'u'llah, implique l'établissement d'une fédération universelle au sein de laquelle toutes les nations, races, classes et croyances seront étroitement et définitivement unies; où l'autonomie des États membres, et la liberté personnelle ainsi que l'initiative des individus qui les composent, seront complètement et pour toujours sauvegardées. Cette fédération pour autant que nous puissions l'imaginer doit comporter un corps législatif mondial dont les membres en tant que représentants de l'humanité entière auront le contrôle suprême sur toutes les ressources des nations composantes; corps qui édictera les lois requises pour régler la vie, satisfaire aux besoins et harmoniser les relations de tous les peuples et de toutes les races. Un exécutif mondial s'appuyant sur une force internationale veillera à l'exécution des décisions prises par ce corps législatif, appliquera des lois qu'il aura décrétées et garantira l'unité organique de la communauté toute entière. Un tribunal mondial jugera et rendra un verdict ultime et obligatoire dans tous les cas de différends qui pourraient surgir entre les divers éléments faisant partie de ce système universel."

e) La communauté baha'ie : du concept à l'application

La Foi baha'ie, au cours de son siècle et demi d'existence, a consacré ses efforts à créer le noyau d'une communauté mondiale composée d'hommes et de femmes unis dans leurs pensées et ayant comme objectif commun la promotion d'une civilisation mondiale. La Foi baha'ie a pu créer un prototype d'une communauté mondiale capable d'administrer les affaires humaines de façon humaine, constructive et pacifique au sein de laquelle la recherche du pouvoir et l'exaltation de soi sont canalisées et contrôlées avec succès.

La communauté mondiale baha'ie, qui compte dans tous les coins du globe plusieurs millions d'adhérants représentant la plupart des nations, races, religions et langues de la terre, est un excellent exemple d'une société unifiée qui s'est engagée à oeuvrer conformément aux principes de la justice, de l'égalité et de la liberté. De plus, l'unité qui règne au sein de la communauté baha'ie est empreinte de tolérance, puisque cette communauté n'envisage aucune séparation avec le reste de l'humanité, adoptant pour principe que "la terre est un seul pays dont tous les hommes sont les citoyens".

(Le programme baha'i de paix, Dr. Hossain Danesh)


5.2.3. UNITÉ DE L'HUMANITÉ

Le processus du Sommet de la Terre a mis en évidence à la fois la complexité et l'interdépendance des problèmes auxquels est confrontée l'humanité. Aucun de ces problèmes - qu'il s'agisse des injustices débilitantes du développement, des menaces apocalyptiques du réchauffement de l'atmosphère et de la diminution de la couche d'ozone, de l'oppression des femmes, du fait de ne pas prendre en compte les enfants et les marginaux, pour n'en citer que quelques-uns - ne peut être traité de manière réaliste sans que tous les autres ne soient pris en considération. Pas un seul problème ne peut être traité sous tous ses aspects sans que la coopération et la coordination à tous les niveaux ne prennent une envergure dépassant largement l'expérience collective de l'humanité à ce jour.

Le potentiel d'une telle coopération est cependant miné par la dégradation générale du caractère humain. Bien qu'elles ne soient habituellement pas discutées dans le cadre des défis de l'environnement et du développement, il existe actuellement dans le monde certaines tendances, parmi lesquelles le manque généralisé de discipline morale, la glorification de la cupidité et de l'accumulation des biens matériels, la décomposition accélérée de la famille et de la communauté, la multiplication des actes illégaux et l'accroissement du désordre, la montée du racisme et du fanatisme et la priorité accordée aux intérêts nationaux au détriment du bien-être de l'humanité, qui détruisent la confiance, fondement de la collaboration.

L'inversion de ces tendances est essentielle pour instaurer l'unité et la coopération. Cette inversion exigera une compréhension plus profonde de la nature humaine. En effet, bien que les sciences économiques et politiques, la sociologie et les sciences exactes offrent d'importants instruments d'analyse des crises interdépendantes auxquelles l'humanité est confrontée, l'état critique dans lequel se trouvent les affaires du monde ne pourra vraiment être résolu que lorsque la dimension spirituelle de la nature humaine sera prise en considération et le coeur des hommes transformé.

Bien qu'il y ait des aspects mystiques qui ne soient pas faciles à expliquer, la dimension spirituelle de la nature humaine peut être comprise, en termes pratiques, comme étant la source des qualités qui transcendent l'égocentrisme. De telles qualités, englobant l'amour, la compassion, la patience, l'honneur, le courage, l'humilité, la coopération et la volonté de se sacrifier pour le bien-être de tous, sont celles de citoyens éclairés capables de construire une civilisation mondiale unifiée.

Les changements profonds et à longue portée, l'unité et la coopération sans précédent qu'exige la nouvelle orientation du monde vers un avenir écologique et juste ne seront possible que lorsque l'on touchera l'esprit humain, que l'on fera appel aux qualités universelles qui seules peuvent donner aux individus et aux peuples le pouvoir d'agir en accord avec les intérêts à long terme de la planète et de l'humanité dans son ensemble. Une fois exploitée, cette source de motivation individuelle et collective, puissante et dynamique, libérera un esprit de coopération si intense et salutaire parmi les peuples de la Terre qu'aucun pouvoir ne sera à même de résister à sa force unifiante.

La vérité spirituelle fondamentale de notre époque est l'unité de l'humanité. L'acceptation universelle de ce principe - avec ses implications de justice sociale et économique, de participation universelle à des prises de décision exemptes d'hostilité, de paix et de sécurité collective, d'égalité des sexes et d'éducation universelle - permettra la réorganisation et l'administration du monde, considéré comme un seul pays, le foyer de la race humaine.

Il y a plus de cent ans, Baha'u'llah lança un défi aux dirigeants et aux peuples de la terre, celui d'adopter une vision globale du monde: "Ce n'est point d'aimer son propre pays qu'il convient de se glorifier, c'est d'aimer le monde tout entier." Ce défi doit maintenant être relevé.

(Le développement durable de l'esprit humain)


5.2.4. QUALITÉS SPIRITUELLES - SOURCE DE PAIX

Dans le contexte des questions sociales, les baha'is voient le monde spirituel comme source de ces qualités humaines qui engendrent la paix et l'harmonie, qui conduisent au discernement et à la compréhension et qui rendent possibles les entreprises communes.

Les êtres humains sont plus que des animaux particulièrement intelligents ou que des machines organiques extrêmement complexes. Une fois le seuil de l'éveil personnel franchi, quelque chose de plus émerge : une âme rationnelle. Dans son essence cette réalité ne se satisfait pas que d'éléments matériels : nourriture, air, boisson et abri, encore qu'ils soient indispensables à un certain niveau. Elle ne peut pas non plus trouver son accomplissement ultime dans le stade suivant, celui des réussites matérielles : reconnaissance, pouvoir et prospérité. Enfin, l'accomplissement intellectuel lui-même ne comble pas le besoin le plus profond.

Réalisation et progrès social ne voient le jour qu'au travers de ces qualités qui favorisent l'unité et l'intégrité et permettent à la confiance et à la loyauté de s'épanouir. De nature essentiellement spirituelle, du point de vue baha'i, elles constituent la base fondamentale bien que non apparente de la société humaine. Elles comprennent l'amour, le courage, le sacrifice de soi et l'humilité.

Au cours des âges, les grands enseignants religieux ont conduit l'humanité à cultiver ces facultés et, en ce sens, ont fourni la poussée directrice de la civilisation.

Selon la compréhension des baha'is, l'ensemble de l'humanité a atteint un nouveau stade de son existence en tant que collectivité. Tel un adolescent atteignant l'âge adulte, l'humanité approche maintenant de sa maturité. Alors les entreprises globales, jusque-là impensables, sont devenues possibles. De telles entreprises comprennent l'établissement de la paix mondiale, la réalisation d'une justice sociale universelle et celle d'un équilibre harmonieux entre la technologie, le développement, les valeurs humaines et l'environnement naturel.

Les germes de cette transition historique se perçoivent aujourd'hui dans toutes les directions, spécialement dans les tendances inexorables à une interdépendance mondiale toujours croissante. Il y a plus de cent ans, Baha'u'llah, fondateur de la Foi baha'ie eut la vision de la transformation prochaine de l'humanité et exposa un modèle de lois et d'enseignements capables de promouvoir le progrès social dans cet âge nouveau.

Ses enseignements mettent l'accent sur l'unité, ils s'adressent à toute l'humanité. "Que ta vision embrasse le monde entier plutôt que de se limiter à toi-même", écrit Baha'u'llah, révélant un programme pour la transformation sociale et spirituelle qui souligne l'égalité de l'homme et de la femme ainsi que l'élimination de toutes formes de préjugés, qui favorise la justice économique pour tous et appelle à la création d'une confédération mondiale unifiée.

Ce programme, qui répond à l'aspiration actuelle du coeur des peuples, représente un nouveau mode de vie pour une humanité plus mûre. Lorsqu'il est réalisé au travers du système de prise de décision en groupe proposé par Baha'u'llah, ce programme démontre la nécessité d'une direction spirituelle pour la progression aisée de l'humanité vers l'âge adulte.

Bien que ces principes soient communs à plusieurs mouvements progressistes, le fait de les comprendre dans le cadre de valeurs spirituelles rejoint les racines des motivations de l'esprit humain. Pour le croyant, ils sont imprégnés d'une autorité et d'une importance qui va au delà du contexte social traditionnel. Pour le non-croyant une telle analyse offre un nouveau prisme au travers duquel s'observent les forces et les processus de l'histoire.

(One Country n°9, pp.2-3)


5.3. Actions baha'ies

5.3.1. AUTOUR DU MONDE, UNE CAMPAGNE POUR LA PAIX


En 1985, en préparation de l'Année internationale de la Paix, les baha'is du monde entier ont lancé une campagne pour essayer d'extirper de la conscience collective les attitudes et les comportements ancestraux qui pendant si longtemps ont constitué des obstacles apparemment insurmontables à la réalisation de la paix mondiale.

Cette campagne a commencé par une lettre intitulée "La promesse de la Paix mondiale", adressée aux "Peuples du monde". Elle invitait les dirigeants du globe à se réunir et à réfléchir aux moyens par lesquels la paix mondiale pourrait être instaurée. Plus qu'une simple demande d'action aux hommes politiques de la terre, le message analysait les raisons pour lesquelles la paix mondiale avait été considérée irréalisable pendant si longtemps, en mentionnant le nationalisme, le racisme, la misère, et les querelles religieuses, et indiquait de nouvelles voies possibles pour la suppression de ces barrières.

Rédigée par la Maison Universelle de Justice, la missive précisait que, puisque l'humanité était entrée dans sa maturité, ces barrières pouvaient au moins être éliminées et que, à présent, la paix devenait inéluctable, quoi qu'on fasse : soit par une collaboration intelligente soit à la suite de conflits désastreux.

Galvanisée par ce message, la communauté mondiale baha'ie a lancé une campagne systématique pour diffuser ces idées à travers le monde. En quelques années, plus d'un million de copies de ce traité ont été distribuées, dont un grand nombre personnellement, à des membres de gouvernements, à des intellectuels et universitaires. En fait, presque tous les chefs d'Etat du monde en ont reçu un exemplaire. Le texte a également été publié intégralement ou en partie dans des revues ou journaux. Parallèlement, les baha'is du monde entier ont organisé des milliers de conférences locales, régionales ou nationales sur la paix, ainsi que des cours, des concerts, des pièces de théâtre, des expositions et des foires.

En 1987, la Communauté internationale baha'ie et cinq communautés nationales ont été récompensées par l'Organisation des Nations unies avec le prix du "Messager de la paix" destiné à reconnaître la contribution d'organisations non gouvernementales pendant l'Année internationale de la paix.

(Les Baha'is, p. 70)


5.3.2. CHAIRE D'ENSEIGNEMENT BAHA'IE SUR LA PAIX - MARYLAND, Etats-Unis

La première chaire baha'ie pour la paix mondiale a été inaugurée le vendredi 22 janvier 1993 à l'université de Maryland, College Park, chaire dont le Prof. Suheil Bushrui est le premier titulaire.

La chaire baha'ie de la paix mondiale a été créée par le Centre universitaire pour le développement international et la gestion des conflits (CIDCM) et la communauté baha'ie des Etats-Unis.

Comme l'a expliqué le Prof. Bushrui, la chaire a pour but de proposer des alternatives à la résolution violente des conflits à travers leur gestion intelligente, l'éducation mondiale, le développement international, une approche spirituelle et des échanges commerciaux. L'experience baha'ie pouvant servir comme un modèle pour étudier la construction d'une société mondiale.

"Le succès de la communauté mondiale baha'ie, qui réussit à rassembler harmonieusement des cultures disparates, mérite d'être étudié en tant que phénomène" dit Suheil Bushrui, spécialiste international reconnu en littératures anglo-irlandaise, anglaise et arabe ainsi que des enseignements baha'is. "Même aujourd'hui, où le risque le plus redoutable d'une guerre entre les Etats-Unis et l'Union soviétique est écarté, le sens de l'unité du mouvement baha'i, unique en son genre, doit être étudié."

Le but essentiel de cette chaire est, d'une manière générale, de mener et publier des recherches, préparer des cours et organiser des séminaires et des conférences internationales pour comprendre les facteurs qui engendrent les conflits ethniques et religieux au sein des nations elles-mêmes et chercher des solutions pacifiques à ces conflits.

(One Country n°14, p.8)


5.3.3. DIFUSSION DE LA PROMESSE DE LA PAIX MONDIALE EN EX UNION SOVIÉTIQUE - KAZAN


Comme de nombreux autres jeunes en ex Union soviétique, Elaine Goncharova a souvent discuté du problème de la paix dans le monde.

Cette pétulante jeune fille âgée de dix neuf ans, étudiante de l'Université de Kazan, a donc été étonnée de découvrir tant d'idées nouvelles sur la paix dans la déclaration qu'elle a reçue, en décembre 1989, lors de la visite d'un groupe de 62 baha'is dans cette ville jadis interdite, capitale de la République autonome des Tatares en Russie centrale.

Le message auquel Elaine Goncharova faisait allusion est La promesse da la paix mondiale, une déclaration sur les conditions requises pour l'instauration de la paix à l'échelle internationale, fondée sur les enseignements de la Foi baha'ie. Depuis 1985, année où fut publiée cette déclaration, plus d'un million de personnes en ont reçu des exemplaires et, parmi elles, la plupart des chefs d'État du monde.

Une visite de 12 jours à Moscou et Kazan, en novembre-décembre 1989, par un groupe de 62 baha'is originaires de huit pays, créa une nouvelle occasion de partager cette déclaration sur la paix avec la population locale. Et, bien que l'enthousiasme manifesté à l'égard de ce document fût sans doute provoqué par la nouvelle liberté spirituelle et intellectuelle régnant en ex Union soviétique, le chaleureux écho rencontré dans la population soviétique n'était pas spécifique à ce pays. Partout dans le monde, des personnes de toutes les couches sociales ont apprécié cette déclaration.

Les organisateurs du voyage, qui n'étaient pas des baha'is, avaient été si impressionnés par le document sur la paix, qu'ils avaient organisé une tournée spéciale sur ce thème. L'organisation intitulée "Youth Ambassadors International", (Les jeunes ambassadeurs internationaux), siégeant dans l'État de Washington, a invité les jeunes baha'is de Hawaii à participer à un voyage spécial en ex URSS destiné à partager le message de paix avec la population .

Pour les baha'is, le message présente un intérêt universel. "Bien qu'il soit publié par un mouvement, la déclaration n'est pas un document de nature sectaire", dit M. Gary Morrison, alors Secrétaire de la communauté baha'ie des îles Hawaii, qui patronnait ce voyage. "Elle traite de sujets qui ne sont pas toujours associés au processus de paix, tels notre compréhension de l'unité de l'humanité et l'explication de la paralysie qui a si longtemps entravé la paix. Ainsi, le document paraît projeter constamment une nouvelle dimension sur la manière dont les hommes peuvent vivre en harmonie."

Au cours de leur voyage, les baha'is ont rencontré des citoyens soviétiques dans des écoles, des universités, des usines, et même dans un orphelinat partiellement subventionné par le ex K.G.B., le Comité soviétique pour la sécurité de l'État. Lors de chaque rencontre le message de paix fut distribué. Ceci a favorisé une discussion approfondie sur les idées développées non seulement dans la déclaration sur la paix, mais encore sur la religion en général.

Dans un lycée de Kazan, le professeur d'éthique, Sonya Graburov, a sollicité l'autorisation d'utiliser La promesse de la paix mondiale dans ses cours. "Ce message de paix", a-t-elle déclaré, "nous apporte de nouveaux thèmes de discussion. ainsi, par exemple : La paix dans le monde est-elle inévitable? La comportement égoïste et agressif de l'homme est-il une expression véritable de sa personne, ou bien un altération de celle-ci? Les hommes peuvent-ils éliminer les préjugés et la disparité entre riches et pauvres?"

De son côté M. Shamil Fattakhov, producteur d'un programme de la télévision soviétique destiné à la jeunesse, a déclaré que la réceptivité de la population au message de paix et aux principes de la Foi baha'ie en général n'ont rien de surprenant étant donné les récents événements survenus dans son pays.

"Nous nous sommes efforcés, depuis le Révolution, de mettre notre esprit en harmonie avec la culture, l'histoire, l'art et la littérature mais, pendant toutes ces décennies, nous avons dû réprimer la face spirituelle de notre nature", a dit M. Fattakhov. "Nous avons un vide à combler, et ce vide se double d'une forte spiritualité nationale. Ce qui nous manque, ce sont des vérités religieuses susceptibles de le combler."

A l'Université de Kazan, une rencontre réunissant 250 étudiants avec les baha'is a permis des discussions prolongées, par petits groupes, sur le message de paix de la Foi baha'ie. Alexei Kolpakov, étudiant diplômé en biologie, a estimé que le message renfermait une application pratique de la religion. "Je pense que le concept baha'i de la nécessité d'un fondement spirituel pour la gestion du monde est essentiel", a-t-il dit. "Nous devons permettre aux valeurs humaines de nous guider vers des solutions aux problèmes de société."

(One Country n°5, pp.1, 8-9)


5.3.4. L'ÉCOLE DES NATIONS - MACAO

Chaque semaine, Lisa Jacobson choisit parmi les élèves de ses deux classes à l'École des nations, celui qui mérite le titre peu ordinaire de "Artisan de paix de la semaine". La photo des élus est accrochée en bonne place en haut du mur de la classe.

Certains diplomates pourraient bien avoir des difficultés avec ce concept alors que, pour la plupart, ces enfants de 7, 8 et 9 ans n'en ont pas, même si un front se plisse encore de temps en temps lorsqu'il s'agit de définir "la paix".

"Qu'est-ce qu'un artisan de la paix ? " demandait dernièrement l'enseignante américaine de 27 ans, avant de décerner la récompense. Des mains impatientes se lèvent bien haut.

"Les gens ne se battent pas et utilisent des mots pour régler les problèmes", répond Kam Leong, 9 ans.

"Celui qui ne dit pas de gros mots", dit Lai Yin Yin, 8 ans.

"Ne pas faire la grimace aux autres gens", dit Carlos de Silva, 8 ans.

Après quelques autres réponses du genre, Mme Jacobson décerne la récompense à Arnon Songlumjiak et Daniel Lai. "Ils se sont aidés mutuellement pour étudier", dit-elle. "Ils étaient dans le même groupe de lecture. Arnon lit plus lentement et ils se sont entraidés pour les mots difficiles."

Le fait de souligner la coopération et l'unité est courant dans les classes de l'école, à la fois maternelle et primaire, dans cette petite colonie urbaine portuguaise de la côte chinoise.

C'est en 1986 que l'École des nations fut fondée par la communauté baha'ie locale après l'étude de rapports révélant que plus de 2.000 enfants étaient privés d'école à Macao. Elle est rapidement devenue une des institutions les plus respectées de la colonie et le terrain de nombreuses expériences éducatives.

En plus de l'accent qu'elle met sur l'internationalisme et l'éducation morale, l'Artisan de paix en est un exemple, l'École des Nations s'attache à promouvoir l'éducation écologique. Les élèves apprennent également le chinois-mandarin, c'est la seule école où le mandarin véhicule l'instruction dans cette colonie de langue cantonaise. L'enseignement est surtout fait en anglais. Avec l'utilisation des deux langues, l'école offre une préparation exceptionnelle pour 1999 lorsque le contrôle de Macao reviendra à la Chine.

"Pour nous, l'École des nations représente davantage qu'une école primaire", dit Anula Samuel, directeur de l'école. "C'est également un projet de développement social créé pour aider la population de Macao à préparer 1999. Nous espérons que certains seront capables d'utiliser le mandarin pour aider, le moment venu, leur communauté à communiquer avec les continentaux."

L'école s'est rapidement développée depuis l'ouverture de ses portes avec 6 élèves, en 1988. Cent élèves étaient inscrits pour l'année scolaire 1989-90 et 220 en 1990-91. Cette année il y en a 91 en maternelle et 171 en primaire, soit 262.

a) Soutien financier et moral du gouvernement

Cette expansion s'est en partie réalisée grâce à l'aide du gouvernement de Macao. Le département de l'éducation a versé une subvention conséquente l'année dernière. Son montant a servi à l'acquisition des locaux pour l'expansion de l'école primaire. "Il est remarquable que le gouvernement accorde son aide à une école privée pour des travaux", déclare Mme Chistiana Almeida, directeur adjoint du département de l'éducation."Et cela témoigne de son intérêt pour l'école et de son soutien."

"L'École des nations offre des choses plutôt nouvelles à Macao mais qui sont exactement ce dont nous avons besoin ici", ajoute-t-elle. "Car Macao est réellement un micocosme culturel, et l'éducation multi-culturelle de l'école parait très utile pour l'avenir."

Mme Almeida ajoute également que l'accent mis par l'école sur les compétences en mandarin devrait s'avérer utile pour l'avenir de Macao. "Car pour ceux qui voudront rester à Macao après 1999, le fait de parler mandarin permettra d'aider à développer une sorte de groupe de spécialistes qui pourra à son tour développer des organismes de concert avec les Chinois. D'une façon générale nous avons de plus en plus besoin de personnes parlant le mandarin pour développer nos rapports avec la Chine continentale."

Le mandarin est même enseigné à la maternelle où trois enseignants chinois viennent dispenser des notions élémentaires en mandarin. Et, dans l'approche du développement des tout-petits, une large place est laissée à l'éducation morale.

"Ici nous parlons de gentillesse, du partage des choses avec les autres, pas de canons ni de combats. Et, comme nos élèves sont issus de tant de cultures et de pays différents, nous démontrons que nous sommes tous des membres de la même famille humaine", dit Jinous Nouri, directrice de la maternelle.

Les parents semblent apprécier ce sentiment d'internationalisme. "J'aime bien la façon dont se retrouvent les élèves de différentes ethnies", déclare M. Lee Veng-Fat dont la petite fille de 3 ans fréquente l'école." J'ai entendu dire du bien de l'école, alors je suis venu voir et cela m'a plu."

Dans le primaire, les parents et les enfants semblent tout aussi satisfaits. ""Le système du perroquet" est souvent de mise dans les écoles", dit M. Mak, PDG d'une firme locale, qui a deux enfants à l'école primaire. "Il consiste à apprendre et réciter sans comprendre et à faire beaucoup de devoirs à la maison. Mais cela n'apprend pas aux enfants à penser par eux-mêmes. A l'École des nations, c'est bien différent."

"Il y a un grand échange entres élèves et professeurs", ajoute-t-il. "J'ai aussi choisi cette école pour que mes enfants y grandissent dans un environnement plus international, là où ils peuvent rencontrer des gens du monde entier."

Des élèves de 24 nationalités sont actuellement inscrits à l'école, signe d'un engagement international.

"Nous veillons à la préparation des élèves qui participeront à la création d'une civilisation mondiale", dit Alan Fryback qui gère l'école avec Mme Samuel. "Cela signifie que nous essayons de prendre en compte tous les aspects de l'éducation et d'éliminer ce qui fait obstacle à l'émergence de cette civilisation, tels le nationalisme, le racisme, le matérialisme et le sexisme."

L'école tente également d'impliquer étroitement les parents au processus éducatif. "De nombreuses écoles fonctionnent avec l'idée traditionnelle qu'elles seules, et non les parents, savent comment éduquer les enfants", dit Alan Fryback. "Mais bon nombre de nos buts ne peuvent être atteints que si les parents sont impliqués."

A l'École des nations, les enseignants ont, eux aussi, conscience de participer à une expérience éducative. C'est le cas de Mahin Kleinhenz, enseignante d'origine iranienne mariée à un Américain, qui a contribué à l'introduction des cours sur l'environnement à l'école. Récemment, elle a fait fabriquer du papier recyclé à ses élèves.

"Nous avons fait le tour des corbeilles à papier et récolté leur contenu", dit-elle. "Nous avons découpé les parties blanches pour en faire du papier en utilisant un procédé traditionnel de pâte à papier et des écrans de séchage."

Mme Jacobson, elle, a choisi une approche créative de l'éducation à la paix, c'était le thème de sa thèse à l'Université de Stanford aux États-Unis. "Pour moi, l'éducation à la paix s'organise autour de deux pôles : le développement du caractère et la reconnaissance d'une citoyenneté mondiale. Je suis venue ici car je voulais vraiment m'impliquer dans la mise en pratique des principes baha'is dans le domaine de l'éducation", déclare-t-elle. "L'école s'appuie sur cette prise de conscience selon laquelle nous devons bâtir et travailler en vue d'une société globale. Et cela est un défi ! "

(One Country n°10, pp.6-7, 13)


5.4. Coopération

5.4.1. CONFÉRENCE À L'UNIVERSITÉ DE MARYLAND : RELIGION : SOURCE DE CONFLITS OU SOURCE DE PAIX ? - COLLEGE PARK, Maryland, USA


Un concert a clôturé la conférence du 9-11 avril 1994 qui a eu lieu à l'université de Maryland sur le thème "Quand les empires se meurent : la religion, l'ethnicité et les possibilités pour la paix." L'harmonie qu'on a pu voir sur scène entre un israélien et un palestinien était un symbole de l'espoir d'une résolution paisible du conflit au Moyen-Orient - l'un des 40 conflits actuels dans le monde basés sur des différences religieuses ou culturelles.

La question de savoir comment les facteurs de religion ou d'ethnicité peuvent aider ou retarder le processus de paix a été étudiée à travers des manifestations artistiques, des conférences et des groupes de discussions.

"Se sont réunies des personnes qui normalement ne se fréquentent pas, par exemple des représentants du Moyen- Orient et des représentants de différentes régions de l'Afrique", a déclaré Bernard Cooperman, l'un des trois organisateurs de la conférence, directeur du Centre d'études juives Joseph et Rebecca Meyerhoff. Les deux autres organisateurs étaient le département d'histoire et la Chaire baha'ie pour la paix mondiale de l'université de Maryland.

Plus de 700 personnes, dont des étudiants, des universitaires et des personnalités publiques sont venues du monde entier, et ont représenté un échantillon de différentes idéologies politiques et religieuses.

Les conférenciers et les 30 animateurs d'atelier ont parlé des possibilités uniques pour la paix qui se sont présentées à la fin de la guerre froide, ainsi que des opportunités pour rediriger les ressources militaires vers des problèmes mondiaux urgents.

L'une des idées principales qui est ressortie était que la religion, souvent considérée comme source de conflit, peut être source de paix.

Mona Grieser, directeur de Glovis Inc., une société pour le développement de la communication, a déclaré que les paramètres économiques actuels ignorent les composants psychologiques et spirituels qui sont à la base du développement des pays du tiers-monde.

"La spiritualité, quand elle s'adresse aux problèmes mondiaux collectifs et individuels, pourrait établir un nouveau programme mondial basé sur une vision partagée", a-t-elle affirmé. "La spiritualité peut donner l'autorité morale et la motivation nécessaires pour réaliser une nouvelle politique et des programmes conçus selon de nouvelles priorités."

Paul-Marc Henry, Ambassadeur de France, a dit qu' "un décalage spirituel" est en partie responsable de la "profonde crise" que traverse le monde, comme le démontrent la détérioration des travaux publiques, du système éducatif, le chômage qui ne cesse de croître et la violence causée par la frustration des jeunes.

"Le fait que le monde universitaire se rende compte que la religion est un facteur important pour le développement de la paix ou pour préparer les conditions pour une meilleure compré-hension entre des peuples différents, parfois ennemis, est déjà un fait remarquable", a dit Suheil Bushrui, qui occupe la Chaire baha'ie pour la paix mondiale.

(One Country n°18, pp.10-11)


5.4.2. VERDUN, INAUGURATION DU CENTRE MONDIAL DE LA PAIX - VERDUN, France

Au coeur de l'Europe, en Région Lorraine , cette ville-héroïque juchée sur sa colline, cette ville-mémoire du XXème siècle a été longtemps associée aux horreurs de la guerre, aux batailles les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale, et à ses six cent mille morts.

Au delà de l'indispensable rappel des faits et des leçons du passé, Verdun souhaite offrir un autre visage que celui de la discorde et des conflits, celui de la réconciliation et l'espoir d'un nouveau souffle.

Hier, ville-martyre, aujourd'hui Verdun est devenue un symbole européen de paix et de progrès, la Capitale mondiale des villes de la Paix.

Cette volonté s'était déjà affirmée en 1987 par la remise du diplôme de la Paix de l'ONU à la ville de Verdun et en 1984, lorsqu'elle a été l'hôte d'une cérémonie de réaffirmation des efforts pour la paix des gouvernements français et allemand, par l'émouvante poignée de main entre le Président François Mitterand et le Chancelier Helmut Kohl, debouts l'un à côté de l'autre dans l'immense cimetière.

Le dernier événement en date à marquer ces efforts a été l'inauguration du nouveau Centre Mondial de la Paix, des Libertés et des Droits de l'Homme.

Dorénavant, les 500 000 personnes qui visitent chaque année Verdun et ses champs de bataille pourront également découvrir ce que sera le Paix.

Implanté dans le Palais Épiscopal du XVIIIème, le Centre Mondial de la Paix a ouvert ses portes au public.

La contribution de la communauté baha'ie au Centre de la Paix est la maquette du Temple baha'i de l'Inde, le "Lotus". La maquette a été fabriquée par M. T. Toosky aux États-Unis. Inau-gurée en 1986, cette "Maison d'adoration" a reçu des louanges de partout dans le monde pour son architecture audacieuse et d'avant-garde.

Ayant pour inspiration la fleur de lotus, le temple a neuf côtés et neuf portes. Il est donc possible d'y entrer de n'importe quel côté, ce qui symbolise ainsi l'unité de tous les peuples et de toutes les religions.

Madame Ruhiyyih Rabbani, figure éminente de la communauté baha'ie, était parmi les 50 premières personnalités internationales religieuses, culturelles et politiques à parrainer la création du Centre. Le Comité de parrainage comprend aussi Sadruddin Aga Khan ; l'économiste John Kenneth Galbraith ; l'ancien Président de la République Tchèque et Slovaque Vaclav Havel ; l'ancien Premier ministre britannique Edward Heath; Oumar Konare, Président de la République du Mali et un certain nombre de lauréats du Prix Nobel, comme Jean Dausset, Gérard Debreu, et des lauréats du Prix de la Paix, comme Mairead Maguire, Rigo-berta Menchu et Elie Wiesel.

Le but du Centre est de stimuler une nouvelle forme de pensée pour découvrir comment promouvoir la paix, selon son Directeur Denis Maréchal. Les archives réuniront des documents du Conseil européen, des Nations unies, des différentes associations des droits de l'homme et des agences humanitaires. Ces documents seront disponibles pour les chercheurs et aussi pour les "classes de la paix" des jeunes.

"Ces classes vont préparer les jeunes à réfléchir sur la paix et elles vont leur apprendre une autre façon de penser", a dit M. Maréchal. "Par exemple, nous organisons des films sur la guerre et sur la paix pour le centre de documentation que nous sommes en train de créer. Nous avons découvert qu'il y a beaucoup de films disponibles sur la guerre, mais très peu sur la paix. Nous allons mettre en valeur la paix."

(One Country n°18, pp.8-9, 13)


5.4.3. CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA PAIX EN RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE MONGOLIE - ULAN BATOR, République Populaire de Mongolie

Le nouvel esprit d'ouverture qui balaye les pays de l'Est offre de nouvelles possibilités de collaboration entre organisations religieuses non-gouvernementales de l'Est et de l'Ouest. Cet esprit s'est révélé tout au long d'une conférence internationale sur la paix qui s'est tenue en septembre 1990.

La huitième Assemblée générale de la Conférence bouddhiste d'Asie pour la Paix (CBAP) a réuni des organisations non-gouvernementales (ONG) du monde entier, dont la Communauté internationale baha'ie. Les thèmes débattus s'étendaient du mouvement mondial pour la paix au Sommet des Nations unies pour l'enfance, de l'éducation à l'environnement.

Des possibilités de collaboration entre la Communauté internationale baha'ie et des ONG en Mongolie et en URSS ont été identifiées et étudiées dans plusieurs domaines. Notamment un échange de chercheurs et une coopération sur les problèmes d'environnement liés au désert de Gobi et à la région du lac Baïkal.

Parmi les possibilités de coopération entre les baha'is et les ONG de Mongolie, on note, selon M. Bos , les projets suivants:

• L'organisation, avec l'aide du Bureau de l'environnement de la Communauté internationale baha'ie, d'une visite de spécialistes dans le désert de Gobi afin de consulter avec des membres du "Mouvement Gobi" sur les problèmes liés à l'environnement dans leur région.

• Une offre, du Monastère Gandan à Ulan Bator, d'accueillir un chercheur baha'i. Le monastère a pris, au cours de la conférence, la décision d'établir un centre de recherche sur le bouddhisme et la paix.

• Un programme d'échange d'informations entre la Fondation du Lac Baïkal en Sibérie Orientale et des communautés baha'ies vivant près d'autres grands lacs du monde.

"A notre avis, la conférence a fourni une grande occasion d'échange de perspectives relatives aux problèmes auxquels le monde se trouve aujourd'hui confronté", devait dire Wytze Bos, et "nous avons beaucoup appris, en particulier sur l'approche bouddhiste de l'environnement, son respect de la nature et ses principes d'amour pour toutes les créatures vivantes. D'autrepart, je crois que, réciproquement, l'approche baha'ie de la paix et de l'environnement a été mieux comprise."

"Comprendre nos enseignements respectifs sur de tels sujets nous aidera à formuler une approche commune", a-t-il ajouté, "ainsi, les bouddhistes et les baha'is partagent un engagement aussi profond vis à vis de la paix et de la justice sociale".

Plus de cinquante organisations étaient représentées à la Conférence générale, du 18 au 23 septembre 1990. Un grand nombre de documents et de déclarations présentés concernaient la nécessité d'établir la paix entre les nations et les religions du monde.

(One Country n° 7, pp.16-17)


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