BAHA'U'LLAH
ET L'ÈRE NOUVELLE
Une introduction à la foi baha'ie
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8. UNITE RELIGIEUSE
"Ô vous qui
demeurez sur la terre! Le trait distinctif qui marque le caractère prééminent
de cette suprême révélation consiste en ce que Nous avons, d'une part, effacé
des pages du Livre sacré de Dieu tout ce qui a pu être cause de conflits, de
malignité et de dommages parmi les enfants des hommes et, d'autre part, imposé
les conditions préalables indispensables à la concorde, à la compréhension et
à une unité parfaite et durable. Heureux ceux qui observent mes ordonnances."
(BAHA'U'LLAH)
8.1. Le sectarisme au dix-neuvième siècle
Jamais peut-être le monde n'avait paru si éloigné de l'unité religieuse qu'au
dix-neuvième siècle. Depuis bien longtemps, les grandes communautés religieuses--zoroastrienne,
israélite, bouddhiste, chrétienne, musulmane et autres--existaient côte à côte,
mais au lieu de se fondre en un ensemble harmonieux, elles se trouvaient constamment
opposées et en lutte les unes contre les autres. De plus, chacune d'elles s'était
subdivisée en un nombre toujours croissant de sectes souvent violemment dressées
les unes contre les autres.
Le Christ, cependant, avait dit: À ceci, tous les hommes connaîtront que
vous êtes mes disciples: si vous vous aimez les uns les autres, et Muhammad
avait dit: Cette religion, la vôtre, est la vraie religion... Dieu vous a
prescrit la foi qu'Il avait prescrite à Noé et que Nous vous avons révélée,
foi également prescrite à Abraham, Moïse et Jésus, par ces mots: "Observez cette
foi et ne vous divisez pas en sectes."
Le fondateur de chacune des grandes religions avait convié ses disciples à l'amour
et à l'unité, mais toujours le but du fondateur fut presque entièrement perdu
de vue, noyé dans un cloaque d'intolérance et de bigoterie, de formalisme et
d'hypocrisie, de corruption et de fausses interprétations, de schismes et de
querelles. Le nombre de sectes plus ou moins hostiles était probablement plus
grand au début de l'ère baha'ie qu'à toute autre période de l'histoire. Il semble
que l'humanité ait voulu faire l'expérience de toutes les croyances religieuses
possibles, de toutes les formes de rites et de cérémonies, de toutes les variétés
de codes moraux.
Mais, en même temps, un nombre toujours croissant d'hommes vouaient leur énergie
à l'examen critique et à l'investigation intrépide des lois de la nature et
des fondements de la foi. Un nouveau savoir scientifique se développait rapidement,
des solutions nouvelles étaient trouvées pour maints problèmes de la vie de
tous les jours. Le développement d'inventions telles que le bateau à vapeur
et le chemin de fer, et les organisations comme l'union postale et la presse
contribuaient grandement à la diffusion des idées et au rapprochement fécond
de modes très différents de pensée et d'existence.
Le prétendu conflit entre la religion et la science revêtit l'aspect
d'une guerre acharnée. Dans le monde chrétien, les exégètes s'unirent aux tenants
des sciences physiques pour discuter et, dans une certaine mesure, réfuter l'autorité
de la Bible, autorité qui, durant des siècles, avait été la base indiscutée
de la foi. Une proportion toujours croissante de la population devint sceptique
à l'égard des enseignements des églises, et bien des prêtres même en doutèrent
secrètement ou ouvertement, ou firent tout au moins des réserves au sujet des
croyances auxquelles adhéraient leurs communautés respectives.
Cette agitation et ces courants d'opinion eurent pour conséquence que, de plus
en plus, les vieilles orthodoxies et les dogmes furent reconnus comme désormais
inadéquats et que l'on cherchait à grand-peine une connaissance et une compréhension
plus complètes. Ces considérations n'étaient pas l'apanage des seuls pays chrétiens;
elles se manifestaient plus ou moins, sous des formes différentes, parmi les
hommes de tous les pays et de toutes les religions.
8.2. Le message de Baha'u'llah
Alors que cet état de conflit et de confusion était à son paroxysme, Baha'u'llah
fit retentir aux oreilles de l'humanité le son de la trompette sacrée:
"Que toutes les nations s'unissent dans la foi et que tous les hommes soient
comme des frères; que les liens de l'amitié et de l'unité entre les fils des
hommes se resserrent; que la diversité des religions cesse et que les différences
de races s'annulent... Ces luttes, ces massacres et ces discordes doivent finir
et tous les hommes doivent se considérer comme une seule espèce et une seule
famille."
(Paroles dites au professeur Browne.)
C'est un magnifique message, mais comment le mettre en pratique? Des prophètes
l'ont prêché, des poètes l'ont chanté et des saints ont prié pour sa réalisation,
et cela depuis des milliers d'années, mais les divergences entre religions n'ont
pas cessé; les discordes, les luttes et les massacres n'ont pu être supprimés.
Qu'est-ce qui prouve que le miracle va s'accomplir maintenant? De nouveaux facteurs
sont-ils intervenus pour modifier la situation? La nature humaine n'est-elle
pas toujours la même et ne le sera-t-elle pas aussi longtemps que le monde durera?
Si deux hommes ou deux nations convoitent le même objet, ne se battront-ils
pas pour l'obtenir dans l'avenir, tout comme dans le passé? Si Moïse, Bouddha,
le Christ et Muhammad n'ont pas réussi à unifier le monde, Baha'u'llah y parviendra-t-il?
Si les précédentes croyances se sont corrompues et morcelées en sectes, la foi
baha'ie ne subira-t-elle pas le même sort? Voyons les réponses que les enseignements
baha'is donnent à ces questions et à d'autres du même genre.
8.3. La nature humaine peut-elle changer?
L'éducation et la religion sont l'une et l'autre basées sur cette hypothèse
qu'il est possible de changer la nature humaine. En fait, un court examen nous
suffit pour affirmer que tout être vivant ne peut s'empêcher de changer. Sans
changement, il n'y aurait pas de vie. Le règne minéral lui-même subit des modifications,
et plus on avance dans l'échelle des créatures, plus variés, plus complexes
et plus merveilleux deviennent les changements.
De plus, dans le progrès et le développement des créatures de toute espèce,
nous trouvons deux sortes de mutations: l'une est lente, graduelle, souvent
imperceptible; l'autre est rapide, soudaine, dramatique. Cette dernière se produit
lors de ce que l'on appelle les stades critiques de développement. Pour
les minéraux, on peut observer ces stades critiques aux températures de fusion
ou d'ébullition, par exemple, quand le solide passe à l'état liquide ou que
le liquide devient un gaz. Dans le règne végétal, ces périodes critiques se
produisent au début de la germination ou quand le bourgeon éclate. Dans le règne
animal, on constate ces phénomènes en maintes circonstances: quand la chrysalide
se change en papillon, quand le poussin sort de sa coquille, quand l'enfant
naît. Dans la vie plus élevée de l'âme, nous voyons souvent une transformation
analogue, lorsque l'homme naît à nouveau et que tout son être change radicalement
dans ses pensées, ses activités, son caractère. Souvent, ces stades critiques
affectent toute une espèce ou simultanément tout un ensemble d'espèces, comme
chez les végétaux d'où jaillit soudain la nouvelle vie du printemps.
Baha'u'llah déclare que, tout comme les choses vivantes d'ordre inférieur naissent
subitement à une vie nouvelle et plus large, l'humanité passera aussi, et très
prochainement, par un stade critique, une époque de renaissance. Alors, des
modes d'existence, qui ont persisté depuis l'aube de l'histoire jusqu'à nos
jours, se transformeront rapidement, irrévocablement, et l'humanité entrera
dans une nouvelle phase de vie, aussi différente de l'ancienne que le papillon
est différent de la chenille ou l'oiseau de l'oeuf.
L'humanité dans son ensemble, à la lumière de la révélation nouvelle, acquerra
une vision nouvelle de la vérité; ainsi, lorsqu'une contrée est entièrement
illuminée par le soleil levant, tous les habitants voient clair, alors qu'une
heure auparavant tout était obscur et terne. "Voici venu le nouveau cycle
du pouvoir humain, annonce 'Abdu'l-Baha; tous les horizons du globe sont
lumineux et le monde deviendra, en vérité, comme une roseraie, comme un paradis".
Les analogies avec la nature confirment une telle conception. Les prophètes
de jadis, d'un commun accord, ont prédit la venue de ce jour glorieux; les signes
des temps montrent clairement que des transformations profondes, radicales,
s'effectuent rapidement en ce moment même dans les idées humaines et les institutions.
Alors, quoi de plus futile et de moins fondé que l'argument pessimiste selon
lequel la nature humaine ne peut changer, alors que tout change autour d'elle?
8.4. Premiers pas vers l'unité
La plus grande charité et la plus grande tolérance sont les moyens recommandés
par Baha'u'llah pour instituer l'unité religieuse; il invite ses disciples "à
fréquenter avec joie et plaisir les adeptes de toutes les religions".
Dans son testament, Baha'u'llah écrit:
Les querelles, les conflits ont été strictement interdits dans son Livre;
tel est le commandement du Seigneur dans cette suprême révélation, commandement
qu'Il a garanti contre toute annulation et paré de sa confirmation.
Ô vous, peuples du monde! La religion de Dieu a pour but l'amour et l'union;
n'en faites pas une cause d'inimitié et de conflit... Nous chérissons l'espoir
que le peuple de Baha se tournera toujours vers la parole sacrée: "Voyez! Toutes
choses viennent de Dieu", la très glorieuse Parole qui, comme une ondée, éteint
le feu de la rancune et de la haine qui couve dans les coeurs et les consciences.
Par cette seule parole, les différentes sectes du monde atteindront la lumière
de l'union réelle. En vérité, ce qu'Il dit est vrai et c'est Lui qui conduit
jusqu'au chemin. Il est le Puissant, le Miséricordieux, le Magnifique.
'Abdu'l-Baha dit:
"Tous doivent abandonner les préjugés et doivent même se rendre aux églises
et aux mosquées car, en chacun de ces lieux d'adoration, le nom du Tout-Puissant
est prononcé. Puisque tous se réunissent pour adorer Dieu, quelle différence
y a-t-il entre eux? Aucun d'eux n'adore Satan. Que les musulmans aillent aux
églises des chrétiens, aux synagogues des juifs et vice-versa; que juifs et
chrétiens se rendent aux mosquées musulmanes. Ils ne se tiennent éloignés les
uns des autres qu'à cause de préjugés et de dogmes sans fondement. En Amérique,
je suis allé aux synagogues juives qui sont analogues aux églises chrétiennes,
et partout j'ai vu les hommes adorer Dieu. En beaucoup de ces lieux, je leur
ai parlé des points fondamentaux qui sont à l'origine des religions divines
et je leur ai fourni les preuves de la valeur des prophètes de Dieu et des saintes
manifestations. Je les ai encouragés à se débarrasser de toute pratique aveugle.
Tous les chefs religieux doivent ainsi aller dans les églises des autres religions
et parler des bases et des principes fondamentaux des religions divines. Dans
l'harmonie et l'unité les plus profondes, qu'ils adorent Dieu dans les lieux
divers de prière et abandonnent tout fanatisme."
(Star of the West, vol. IX, n 3, p. 37.)
Si seulement ces premiers pas étaient faits, si une tolérance réciproque et
amicale s'établissait entre les diverses sectes religieuses, quel merveilleux
changement se produirait dans le monde! Toutefois, quelque chose de plus est
nécessaire à la réalisation de la véritable unité religieuse. Contre la maladie
du sectarisme, la tolérance est un palliatif hautement appréciable, mais ce
n'est pas un remède radical. Elle ne supprime pas la cause du mal.
8.5. Le problème de l'autorité
Les différentes communautés religieuses n'ont pu s'unir dans le passé parce
que leurs fidèles respectifs ont considéré le fondateur de leur propre communauté
comme la seule expression de la loi divine et la seule autorité suprême. Tout
prophète qui proclamait un message en apparence différent était tenu, par conséquent,
pour un ennemi de la vérité. Des raisons analogues ont séparé les différentes
sectes d'une même communauté. Les adhérents de chacune d'elles s'en sont remis
à une autorité subalterne quelconque et ont considéré une version ou une interprétation
particulière du message du fondateur comme l'unique vraie foi, toutes les autres
n'étant qu'erreurs. Tant que cet état de choses existera, toute unité véritable
sera évidemment impossible.
Baha'u'llah enseigne d'autre part que tous les prophètes nous ont apporté d'authentiques
messages de Dieu; que chacun, en son temps, donne les plus hauts enseignements
que le peuple soit capable de recevoir, que chacun éduque les hommes pour les
préparer à comprendre les enseignements plus élaborés de ses successeurs. Il
adjure les fidèles de chaque religion, non de renier l'inspiration divine de
leurs propres prophètes, mais de reconnaître l'inspiration divine de tous les
autres prophètes, de voir combien les enseignements de tous sont essentiellement
en harmonie et font partie d'un vaste plan d'éducation et d'unification de l'humanité.
Il adjure les croyants de toutes dénominations de montrer qu'ils révèrent leurs
prophètes en vouant leur vie à établir cette unité pour laquelle tous ont peiné
et souffert.
Dans sa lettre à la reine Victoria, il compare le monde à un malade dont la
maladie s'aggrave du fait qu'il est tombé entre les mains de médecins maladroits;
et il dit comment le remède pourrait être appliqué:
"Le remède souverain ordonné par le Seigneur, le moyen le plus puissant pour
la guérison du monde entier, c'est l'union de tous ses peuples en une cause
universelle, une même foi. Ceci ne peut, en aucune façon, être obtenu sinon
par le pouvoir d'un médecin habile, tout-puissant et inspiré. Telle est la vérité,
et tout le reste n'est qu'erreur."
(La Proclamation de Baha'u'llah, p. 63.)
La proclamation de Baha'u'llah
8.6. La révélation progressive
Dans la voie de l'unité religieuse, la grande pierre d'achoppement, pour beaucoup
de personnes, est la différence entre les révélations des divers prophètes.
Ce qui est commandé par l'un est défendu par l'autre; comment peuvent-ils tous
avoir raison et tous proclamer la volonté de Dieu? Certes, la vérité est une
et ne peut changer. Oui, la vérité absolue est une et ne peut changer, mais
la vérité absolue est infiniment au-dessus du niveau actuel de l'intelligence
humaine, et nos conceptions de cette vérité doivent constamment se transformer.
À mesure que le temps s'écoule, nos idées primitives imparfaites seront remplacées,
par la grâce de Dieu, par des conceptions de plus en plus adéquates. Baha'u'llah
dit, dans une tablette à un zoroastrien:
"Ô peuples! Les paroles sont révélées selon vos capacités afin que les
débutants puissent progresser. Le lait divin doit être donné avec mesure, afin
que le petit enfant de ce monde puisse entrer dans le royaume de grandeur et
s'établir dans la demeure de l'unité."
C'est le lait qui fortifie l'enfant jusqu'à ce qu'il puisse ingérer une nourriture
plus solide. Est-ce parce qu'un prophète a raison en prodiguant un certain enseignement
à une période déterminée qu'un autre prophète a tort de prodiguer un enseignement
différent en un temps ultérieur? Ce serait affirmer que le lait étant la meilleure
nourriture pour le nouveau-né, l'homme adulte ne doit absorber que du lait et
que tout autre régime lui serait nuisible!
'Abdu'l-Baha dit:
"Chaque révélation divine se divise en deux parties. La première, essentielle,
appartient au monde éternel. C'est l'exposé des divines vérités et des principes
primordiaux. C'est l'expression de l'amour de Dieu. Elle est semblable dans
toutes les religions et immuable. La seconde partie n'est pas éternelle; elle
a trait à la vie pratique, aux transactions, aux affaires, et elle change selon
l'évolution de l'homme et les nécessités de l'époque où paraît le prophète.
Par exemple... pendant le cycle de Moïse, on coupait la main d'un homme pour
le punir d'un vol minime; la loi oeil pour oeil, dent pour dent était en vigueur,
mais cette loi n'étant plus de circonstance à l'époque du Christ fut abrogée.
De même, le divorce était devenu si courant qu'il ne restait aucune loi spécifique
pour le mariage; c'est pourquoi Sa Sainteté le Christ interdit le divorce.
Selon les exigences du moment, Sa Sainteté Moïse révéla dix lois dont la transgression
entraînait une peine capitale. Il était impossible, en ce temps-là, de protéger
la communauté et de conserver une sécurité sociale sans ces mesures rigoureuses,
car les enfants d'Israël vivaient dans le désert de Tah où n'existaient ni cour
de justice ni pénitenciers. Mais ce code n'était plus nécessaire à l'époque
du Christ. L'histoire de cette seconde partie des religions est sans importance
parce qu'elle se rapporte uniquement aux usages de cette vie; mais la base de
la religion de Dieu est une et Sa Sainteté Baha'u'llah a renouvelé cette base."
(Divine Philosophy, 8e édition, p. 146.)
Sélection des écrits d'Abdu'l-Baha
La religion de Dieu est l'unique religion et tous les prophètes l'ont enseignée,
mais c'est une chose qui vit et se développe et non pas une chose inerte et
immuable. L'enseignement de Moïse fut le bouton, celui du Christ la fleur; l'enseignement
de Baha'u'llah est le fruit. La fleur ne détruit pas le bouton, le fruit ne
détruit pas la fleur.
Il n'y a pas de destruction, mais il y a accomplissement. Les folioles du bouton
doivent tomber afin que la fleur s'épanouisse, et les pétales de la fleur doivent
tomber à leur tour pour que le fruit se forme et mûrisse. Les folioles et les
pétales étaient-ils donc mauvais ou inutiles puisqu'ils ont dû être éliminés?
Non, les uns et les autres furent utiles et nécessaires en leur temps; sans
eux, il n'aurait pu y avoir de fruits. Ainsi en est-il pour les divers enseignements
prophétiques; extérieurement, ils changent d'âge en âge, mais chaque révélation
est l'accomplissement des précédentes; elles ne sont ni séparées ni en désaccord
mais constituent des stades différents dans l'histoire du développement de la
religion unique; celle-ci fut révélée graduellement, comme paraissent successivement
la graine, le bouton et la fleur, et elle entre à présent dans la période de
fructification.
8.7. Infaillibilité des prophètes
Baha'u'llah enseigne que des preuves suffisantes de l'authenticité de leur mission
sont données à tous les prophètes; ils ont le droit d'exiger l'obéissance, et
ils ont l'autorité voulue pour abroger et changer les enseignements de leurs
prédécesseurs ou les compléter. Nous lisons dans le "Kitab-i-Iqan":
"Ce serait à l'encontre de la bonté du Miséricordieux, de son affectueuse
providence et de sa grâce infinie de choisir une âme parmi l'humanité pour guider
ses créatures et, d'autre part, de lui refuser la plénitude de son témoignage
divin, puis de punir ensuite les hommes en raison de leur incrédulité à l'égard
de l'élu! Au contraire, les multiples bontés du Seigneur de tous les êtres ont,
de tout temps, inondé la terre et tous ceux qui l'habitaient, grâce aux manifestations
de sa divine Essence."
(BAHA'U'LLAH, Le Livre de la certitude, p. 7.)
Livre de la certitude
"Et pourtant, le but de chaque révélation n'est-il pas d'amener une transformation
à la fois interne et externe de toute l'humanité, qui affectera sa vie morale
et sa vie matérielle? Car si les conditions ne changeaient pas sous l'influence
des manifestations universelles de Dieu, leur apparition serait inutile."
(BAHA'U'LLAH, Le Livre de la certitude, p. 115.)
Livre de la certitude
Dieu est l'unique Autorité infaillible, et les prophètes sont infaillibles parce
que leur message est le message de Dieu transmis au monde par leur intermédiaire.
Ce message reste valable jusqu'à ce qu'il soit remplacé par un message ultérieur
donné par ce même prophète ou par un autre.
Dieu est le grand Médecin qui, seul, peut diagnostiquer la maladie du monde
et prescrire le remède approprié. Le médicament ordonné à une époque ne convient
plus à une époque ultérieure, quand l'état du malade évolue. Suivre l'ancien
traitement lorsque le médecin a prescrit un nouveau traitement n'est pas une
marque de confiance, mais plutôt de méfiance à son égard. Il se peut qu'un juif
soit surpris d'apprendre que certains remèdes prescrits par Moïse pour les maux
du monde, il y a plus de trois mille ans, soient à présent surannés et désuets;
il se peut aussi qu'un chrétien soit également surpris d'apprendre que Muhammad
avait certaines choses utiles et de valeur à ajouter à ce que Jésus prescrivit;
et il en est de même pour le musulman lorsqu'on lui propose d'admettre que le
Bab ou Baha'u'llah étaient investis d'autorité pour modifier les commandements
de Muhammad. Selon la conception baha'ie, la vraie dévotion à Dieu exige que
tous ses prophètes soient révérés et qu'on obéisse à ses derniers commandements
tels qu'ils sont énoncés par le prophète pour son époque. Ce n'est que par une
telle dévotion que la véritable unité pourra être réalisée.
8.8. La suprême Manifestation
Comme tous les autres prophètes, Baha'u'llah annonce sa mission dans les termes
les plus clairs.
Dans la Lawh-i-Aqdas tablette spécialement adressée aux chrétiens, il dit:
"Certes, le Père est venu et Il a accompli ce qui vous avait été promis dans
le royaume de Dieu. Ceci est la parole que le Fils a voilée quand il a dit à
ceux qui l'entouraient qu'ils ne pouvaient pas encore la comprendre. Mais quand
le temps voulu se fut écoulé et que l'heure arriva, la parole resplendit À l'horizon
de la volonté. Prenez garde, ô congrégation du Fils (c'est-à-dire chrétiens)!
Ne la reniez pas, mais attachez-vous à elle. Elle est meilleure pour vous que
tout ce qui l'a précédée... Assurément, l'Esprit de Vérité est venu pour vous
guider dans toute la vérité. En réalité, il ne parle pas de son propre chef,
mais de la part de l'Omnipotent, du Sage. Il est celui que le Fils a glorifié...
Abandonnez ce qui est passé, ô peuples de la terre, et prenez ce qui vous est
ordonné par celui qui est le Puissant, le Fidèle."
(La Très Sainte Tablette, dans L'Oeuvre de Baha'u'llah, t. I, pp. 12 et 13.)
Les Tablettes de Baha'u'llah
Et dans une lettre au pape, écrite d'Andrinople, en 1867, il dit:
"Prenez garde que les célébrations ne vous cachent le Célébré et que les
adorations ne vous cachent l'Adoré! Écoutez le Seigneur, le Puissant, l'Omniscient!
Il est venu pour donner la vie au monde et pour unir tout ce qui y demeure.
Venez, ô peuples, au lieu où pointe l'aube de la révélation! Ne vous attardez
pas, même pour une heure! Si vous êtes incapables de reconnaître le Seigneur
de gloire, qu'avez-vous donc appris dans l'Évangile?
Cela ne vous convient pas, ô savante congrégation! Dites alors, si vous niez
ceci, quelle est la preuve de votre croyance en Dieu? Montrez-nous votre preuve..."
(L'Oeuvre de Baha'u'llah, t.II, p. 68.)
Les Tablettes de Baha'u'llah
En ces termes adressés aux chrétiens, il annonce la réalisation des promesses
de l'Évangile; de même, il proclame aux musulmans, aux juifs, aux zoroastriens
et aux communautés des autres croyances l'accomplissement des promesses de leurs
livres sacrés. Il parle à tous les hommes comme à des brebis de Dieu qui ont
été jusqu'ici divisées en plusieurs troupeaux et abritées en différents bercails.
Son message, dit-il, est la voix de Dieu, le Bon Pasteur qui, au jour de l'accomplissement
des temps, est venu rassembler en un seul troupeau ses brebis dispersées, renversant
les barrières qui les séparaient, afin qu'il n'y ait plus qu'un seul troupeau
et qu'un seul berger.
8.9. Position unique de Baha'u'llah
La position de Baha'u'llah parmi les prophètes est unique et nouvelle, parce
que la condition du monde au moment de son avènement était unique et sans précédent.
Grâce à une évolution lente et souvent entravée dans les domaines de la religion,
des sciences, des arts et de la civilisation, le monde était mûr pour l'enseignement
de l'unité. Les barrières qui, durant les siècles précédents, avaient rendu
l'unité du monde impossible, étaient prêtes à céder quand parut Baha'u'llah.
Et depuis sa naissance, en 1817, et plus spécialement depuis la promulgation
de ses enseignements, ces barrières se sont écroulées de la façon la plus étonnante.
De quelque manière qu'on l'explique, il ne peut y avoir aucun doute à cet égard.
Au temps des prophètes précédents, les barrières géographiques étaient à elles
seules suffisantes pour empêcher l'unité mondiale. Aujourd'hui, cet obstacle
a été surmonté. Pour la première fois dans l'histoire du monde, les hommes peuvent
rapidement et aisément communiquer entre eux d'un antipode à l'autre; ce qui
se passe en Europe est connu le jour suivant dans tous les continents; un discours
prononcé aujourd'hui en Amérique sera lu demain en Europe, en Asie et en Afrique.
Les différences de langage constituaient un autre obstacle important. Grâce
à l'étude et à l'enseignement des langues étrangères, il a déjà été surmonté
dans une large mesure, et il y a tout lieu de croire qu'avant longtemps, une
langue auxiliaire internationale sera adoptée et enseignée dans toutes les écoles
du monde. Cette difficulté disparaîtra alors complètement.
Le troisième grand obstacle provenait des préjugés religieux et de l'intolérance
qui sont aussi en voie de disparition. L'esprit des hommes devient plus ouvert.
La tâche de l'éducation échappe de plus en plus aux prêtres sectaires et on
ne peut plus, désormais, entraver la pénétration d'idées nouvelles et libérales,
même dans les cercles les plus fermés et les plus conservateurs.
Aussi Baha'u'llah est-il le premier des grands prophètes dont le message se
soit répandu aussi rapidement dans toutes les parties du globe. Bientôt, les
enseignements essentiels de Baha'u'llah, traduits de ses manuscrits authentiques,
seront directement accessibles à tous ceux qui savent lire.
8.10. Plénitude de la révélation baha'ie
Par ses annales authentiques, amples et complètes, la révélation baha'ie tient
une place unique et sans précédent parmi les religions du monde. Les paroles
qu'on peut attribuer avec certitude au Christ, à Moïse, à Zoroastre, à Bouddha,
à Krishna sont peu nombreuses et laissent sans réponse maintes questions pratiques
importantes de la vie actuelle. Beaucoup d'enseignements communément attribués
à ces fondateurs de religion sont d'authenticité douteuse et certains textes
sont de toute évidence apocryphes. Les musulmans possèdent dans le Qur'an et
dans de nombreuses traditions des données plus complètes sur la vie et les enseignements
de leur prophète, mais Muhammad lui-même, bien qu'inspiré, était illettré, ainsi
que la plupart de ses premiers disciples. Les méthodes qui ont servi à enregistrer
et à répandre ses enseignements sont à bien des égards défectueuses et l'authenticité
d'un grand nombre de traditions est douteuse. Il s'ensuit des différences d'interprétation
et des conflits d'opinions qui ont causé des divisions et des dissensions dans
l'islam, comme cela s'était passé dans toutes les communautés religieuses antérieures.
Par contre, le Bab et Baha'u'llah ont tous deux laissé quantité d'écrits éloquents
et vigoureux. Comme il leur fut interdit à l'un et à l'autre de parler en public
et qu'ils passèrent la plus grande partie de leur vie en prison (après la déclaration
de leur mission), ils employèrent la majeure partie de leur temps à écrire,
d'où il résulte qu'aucune des révélations précédentes n'est comparable à la
révélation baha'ie quant à la richesse et à l'abondance de textes authentiques.
Elle fournit une explication claire et complète d'un grand nombre de vérités
qui n'avaient été que vaguement esquissées dans les révélations antérieures,
et les principes éternels de vérité que tous les prophètes ont enseignés y sont
appliqués aux problèmes qui se posent au monde d'aujourd'hui. Parmi ces problèmes
extrêmement ardus et complexes, plusieurs ne s'étaient pas encore présentés
au temps des prophètes précédents. Ces annales complètes d'une révélation authentique
doivent, de toute évidence, contribuer puissamment à écarter les malentendus
futurs et à dissiper ceux du passé qui séparaient les différentes sectes.
8.11. L'alliance baha'ie
La révélation baha'ie est unique et sans précédent pour d'autres raisons encore.
Avant sa mort, Baha'u'llah écrivit, à plusieurs reprises, un pacte par lequel
son fils aîné, 'Abdu'l-Baha, qu'il désigne souvent sous le nom de "la Branche
ou la plus Grande Branche", devient l'interprète autorisé de ses enseignements;
il déclare que toute explication ou interprétation donnée par 'Abdu'l-Baha doit
être acceptée comme étant aussi valable que ses propres paroles.
Dans son testament, il dit:
"Réfléchissez à ce qui est révélé dans mon livre, le Kitab-i-Aqdas: quand
l'océan de ma présence aura reflué et que le livre de ma révélation sera achevé,
tournez votre visage vers celui que Dieu a désigné, celui qui est issu de l'Antique
Racine! Ce verset se réfère à la plus Grande Branche.
Et dans la "Tablette de la Branche" qui explique le rang de 'Abdu'l-Baha,
il dit:
"Ô peuples! Louez Dieu pour la manifestation de la Branche car, en vérité,
c'est la plus grande faveur qui vous soit faite et la plus parfaite bénédiction
qui vous soit donnée; et par lui, chacun des os qui tombaient en poussière est
vivifié. Quiconque s'est tourné vers lui s'est assurément tourné vers Dieu,
et quiconque s'est détourné de lui s'est assurément détourné de ma beauté, a
nié ma preuve et s'affirme comme un transgresseur."
(Foi mondiale baha'ie, p. 365.)
Le Covenant
Après la mort de Baha'u'llah, 'Abdu'l-Baha eut de nombreuses occasions, tant
chez lui qu'au cours de ses longs voyages, de rencontrer des gens de toutes
nationalités et de toutes opinions. Il écouta leurs questions, leurs problèmes,
leurs objections et donna des explications précises qui furent soigneusement
consignées par écrit. Pendant de longues années, 'Abdu'l-Baha s'employa à élucider
les enseignements et à montrer leurs applications aux problèmes les plus variés
de la vie moderne. Les divergences d'opinion qui se sont élevées entre les croyants
lui ont été soumises et il les a résolues avec autorité; ainsi les risques de
malentendus futurs ont-ils été réduits.
De plus, Baha'u'llah a ordonné qu'une Maison Universelle de Justice, représentant
tous les baha'is du monde, soit élue pour prendre en charge les affaires de
la cause, contrôler et coordonner toutes les activités, empêcher les schismes
et les divisions, éclaircir les questions obscures et préserver les enseignements
de la corruption et des mauvaises interprétations. Le fait que ce corps administratif
suprême puisse non seulement prendre l'initiative en matière législative sur
toutes les questions non définies dans le Livre, mais encore annuler ses propres
décrets lorsque les conditions nouvelles exigeront des mesures différentes,
permet à la foi de se développer et, tel un organisme vivant, de s'adapter aux
besoins et aux exigences d'une société en évolution.
D'autre part, Baha'u'llah a expressément interdit à quiconque d'interpréter
les enseignements, l'interprète autorisé ayant seul ce droit. Dans son testament,
'Abdu'l-Baha a désigné Shoghi Effendi comme gardien de la foi après lui et comme
interprète des Écrits.
Dans mille ans ou plus, une autre Manifestation paraîtra, sous l'ombre de Baha'u'llah,
avec des preuves explicites de sa mission. Mais jusqu'à ce moment, les paroles
de Baha'u'llah, de 'Abdu'l-Baha et du Gardien ainsi que les décisions de la
Maison Universelle de Justice sont les seules autorités vers lesquelles tous
les croyants doivent se tourner pour être dirigés. Aucun baha'i n'a le droit
de créer une école ni une secte fondée sur une interprétation particulière des
principes ni sur une soi-disant révélation divine. Quiconque transgresse ces
commandements est considéré comme un "briseur d'alliance" [Voir chapitre
12 pour plus d'explications sur le Gardiennat et la Maison Universelle de Justice].
'Abdu'l-Baha dit:
"Est ennemi de la cause celui qui entreprend d'interpréter les paroles de
Baha'u'llah et d'en altérer le sens selon sa propre compréhension, qui attire
des adeptes pour former une secte, s'octroyant une dignité supérieure et créant
un schisme dans la cause."
(Star of the West, vol. III, p. 8.)
Dans une autre Tablette, il écrit:
"Ces gens (les promoteurs de schisme) sont comme l'écume qui se forme à la
surface de la mer; une vague surgira de l'océan de l'alliance et, par la puissance
du royaume d'Abha, rejettera cette écume sur le rivage. De telles pensées corrompues
émanant de convoitises personnelles et mauvaises s'évanouiront toutes, alors
que l'alliance de Dieu demeurera stable et en sécurité."
(Star of the West, vol. X, p. 95).
Rien ne peut empêcher les hommes de trahir la religion s'ils en ont décidé ainsi.
'Abdu'l-Baha dit: Dieu même ne contraint pas l'âme à devenir spirituelle. L'exercice
du libre arbitre humain est nécessaire. Toutefois, l'alliance spirituelle rend
le sectarisme absolument impossible au sein de la communauté baha'ie.
8.12. Suppression du sacerdoce
La suppression du sacerdoce est un autre trait de l'administration baha'ie qui
mérite une mention spéciale. Des contributions volontaires en faveur des dépenses
pour l'enseignement sont permises, et bien des personnes consacrent la totalité
de leur temps au service de la cause; mais tous les baha'is sont engagés à prendre
part à l'oeuvre d'enseignement, selon leurs possibilités et leurs aptitudes;
il n'y a, parmi les croyants, aucune classe distincte spécialisée dans l'exercice
des fonctions et des prérogatives sacerdotales.
Dans les temps passés, l'institution d'un clergé était nécessaire, parce que
le peuple était illettré et sans éducation et dépendait des prêtres pour l'instruction
religieuse, la conduite des cérémonies et des rites religieux, pour l'administration
de la justice, etc.
Mais les temps ont changé. L'éducation se répand rapidement et, si les commandements
de Baha'u'llah sont observés, toutes les filles et tous les garçons du monde
recevront une solide instruction. Chaque individu aura la possibilité d'étudier
les Écritures par lui-même, de puiser l'eau de la vie directement à la source.
Les cérémonies et les rites compliqués qui nécessitent les services d'une caste
ou d'une profession spécialisée n'ont point de place dans l'organisation baha'ie;
et l'administration de la justice est confiée aux autorités instituées à cet
effet.
Un enfant doit avoir un maître, mais le but du maître consciencieux est de former
l'élève afin qu'il puisse se passer de lui, voir les choses par ses propres
yeux, entendre par ses propres oreilles, comprendre par sa propre intelligence.
Ainsi, dans l'enfance de la race, le prêtre fut nécessaire, mais sa tâche véritable
était de former les hommes pour qu'ils puissent se passer de lui; qu'ils puissent
voir les choses divines par leurs propres yeux, les entendre de leurs propres
oreilles, les comprendre par leur propre intelligence. Aujourd'hui, l'oeuvre
du prêtre touche à sa fin, et le but de l'enseignement baha'i est de compléter
cette oeuvre, de rendre les hommes indépendants de tout sauf de Dieu, afin qu'ils
puissent se tourner directement vers Lui, c'est-à-dire vers sa manifestation.
Quand tout le monde se tourne vers un seul centre, il ne peut plus y avoir ni
buts opposés ni confusion, et plus on se rapproche du centre, plus on se rapproche
les uns des autres.