BAHA'U'LLAH ET L'ÈRE NOUVELLE
Une introduction à la foi baha'ie


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8. UNITE RELIGIEUSE

"Ô vous qui demeurez sur la terre! Le trait distinctif qui marque le caractère prééminent de cette suprême révélation consiste en ce que Nous avons, d'une part, effacé des pages du Livre sacré de Dieu tout ce qui a pu être cause de conflits, de malignité et de dommages parmi les enfants des hommes et, d'autre part, imposé les conditions préalables indispensables à la concorde, à la compréhension et à une unité parfaite et durable. Heureux ceux qui observent mes ordonnances." (BAHA'U'LLAH)

8.1. Le sectarisme au dix-neuvième siècle

Jamais peut-être le monde n'avait paru si éloigné de l'unité religieuse qu'au dix-neuvième siècle. Depuis bien longtemps, les grandes communautés religieuses--zoroastrienne, israélite, bouddhiste, chrétienne, musulmane et autres--existaient côte à côte, mais au lieu de se fondre en un ensemble harmonieux, elles se trouvaient constamment opposées et en lutte les unes contre les autres. De plus, chacune d'elles s'était subdivisée en un nombre toujours croissant de sectes souvent violemment dressées les unes contre les autres.

Le Christ, cependant, avait dit: À ceci, tous les hommes connaîtront que vous êtes mes disciples: si vous vous aimez les uns les autres, et Muhammad avait dit: Cette religion, la vôtre, est la vraie religion... Dieu vous a prescrit la foi qu'Il avait prescrite à Noé et que Nous vous avons révélée, foi également prescrite à Abraham, Moïse et Jésus, par ces mots: "Observez cette foi et ne vous divisez pas en sectes."

Le fondateur de chacune des grandes religions avait convié ses disciples à l'amour et à l'unité, mais toujours le but du fondateur fut presque entièrement perdu de vue, noyé dans un cloaque d'intolérance et de bigoterie, de formalisme et d'hypocrisie, de corruption et de fausses interprétations, de schismes et de querelles. Le nombre de sectes plus ou moins hostiles était probablement plus grand au début de l'ère baha'ie qu'à toute autre période de l'histoire. Il semble que l'humanité ait voulu faire l'expérience de toutes les croyances religieuses possibles, de toutes les formes de rites et de cérémonies, de toutes les variétés de codes moraux.

Mais, en même temps, un nombre toujours croissant d'hommes vouaient leur énergie à l'examen critique et à l'investigation intrépide des lois de la nature et des fondements de la foi. Un nouveau savoir scientifique se développait rapidement, des solutions nouvelles étaient trouvées pour maints problèmes de la vie de tous les jours. Le développement d'inventions telles que le bateau à vapeur et le chemin de fer, et les organisations comme l'union postale et la presse contribuaient grandement à la diffusion des idées et au rapprochement fécond de modes très différents de pensée et d'existence.

Le prétendu conflit entre la religion et la science revêtit l'aspect d'une guerre acharnée. Dans le monde chrétien, les exégètes s'unirent aux tenants des sciences physiques pour discuter et, dans une certaine mesure, réfuter l'autorité de la Bible, autorité qui, durant des siècles, avait été la base indiscutée de la foi. Une proportion toujours croissante de la population devint sceptique à l'égard des enseignements des églises, et bien des prêtres même en doutèrent secrètement ou ouvertement, ou firent tout au moins des réserves au sujet des croyances auxquelles adhéraient leurs communautés respectives.

Cette agitation et ces courants d'opinion eurent pour conséquence que, de plus en plus, les vieilles orthodoxies et les dogmes furent reconnus comme désormais inadéquats et que l'on cherchait à grand-peine une connaissance et une compréhension plus complètes. Ces considérations n'étaient pas l'apanage des seuls pays chrétiens; elles se manifestaient plus ou moins, sous des formes différentes, parmi les hommes de tous les pays et de toutes les religions.


8.2. Le message de Baha'u'llah

Alors que cet état de conflit et de confusion était à son paroxysme, Baha'u'llah fit retentir aux oreilles de l'humanité le son de la trompette sacrée:

"Que toutes les nations s'unissent dans la foi et que tous les hommes soient comme des frères; que les liens de l'amitié et de l'unité entre les fils des hommes se resserrent; que la diversité des religions cesse et que les différences de races s'annulent... Ces luttes, ces massacres et ces discordes doivent finir et tous les hommes doivent se considérer comme une seule espèce et une seule famille."
(Paroles dites au professeur Browne.)


C'est un magnifique message, mais comment le mettre en pratique? Des prophètes l'ont prêché, des poètes l'ont chanté et des saints ont prié pour sa réalisation, et cela depuis des milliers d'années, mais les divergences entre religions n'ont pas cessé; les discordes, les luttes et les massacres n'ont pu être supprimés. Qu'est-ce qui prouve que le miracle va s'accomplir maintenant? De nouveaux facteurs sont-ils intervenus pour modifier la situation? La nature humaine n'est-elle pas toujours la même et ne le sera-t-elle pas aussi longtemps que le monde durera? Si deux hommes ou deux nations convoitent le même objet, ne se battront-ils pas pour l'obtenir dans l'avenir, tout comme dans le passé? Si Moïse, Bouddha, le Christ et Muhammad n'ont pas réussi à unifier le monde, Baha'u'llah y parviendra-t-il? Si les précédentes croyances se sont corrompues et morcelées en sectes, la foi baha'ie ne subira-t-elle pas le même sort? Voyons les réponses que les enseignements baha'is donnent à ces questions et à d'autres du même genre.


8.3. La nature humaine peut-elle changer?

L'éducation et la religion sont l'une et l'autre basées sur cette hypothèse qu'il est possible de changer la nature humaine. En fait, un court examen nous suffit pour affirmer que tout être vivant ne peut s'empêcher de changer. Sans changement, il n'y aurait pas de vie. Le règne minéral lui-même subit des modifications, et plus on avance dans l'échelle des créatures, plus variés, plus complexes et plus merveilleux deviennent les changements.

De plus, dans le progrès et le développement des créatures de toute espèce, nous trouvons deux sortes de mutations: l'une est lente, graduelle, souvent imperceptible; l'autre est rapide, soudaine, dramatique. Cette dernière se produit lors de ce que l'on appelle les stades critiques de développement. Pour les minéraux, on peut observer ces stades critiques aux températures de fusion ou d'ébullition, par exemple, quand le solide passe à l'état liquide ou que le liquide devient un gaz. Dans le règne végétal, ces périodes critiques se produisent au début de la germination ou quand le bourgeon éclate. Dans le règne animal, on constate ces phénomènes en maintes circonstances: quand la chrysalide se change en papillon, quand le poussin sort de sa coquille, quand l'enfant naît. Dans la vie plus élevée de l'âme, nous voyons souvent une transformation analogue, lorsque l'homme naît à nouveau et que tout son être change radicalement dans ses pensées, ses activités, son caractère. Souvent, ces stades critiques affectent toute une espèce ou simultanément tout un ensemble d'espèces, comme chez les végétaux d'où jaillit soudain la nouvelle vie du printemps.

Baha'u'llah déclare que, tout comme les choses vivantes d'ordre inférieur naissent subitement à une vie nouvelle et plus large, l'humanité passera aussi, et très prochainement, par un stade critique, une époque de renaissance. Alors, des modes d'existence, qui ont persisté depuis l'aube de l'histoire jusqu'à nos jours, se transformeront rapidement, irrévocablement, et l'humanité entrera dans une nouvelle phase de vie, aussi différente de l'ancienne que le papillon est différent de la chenille ou l'oiseau de l'oeuf.

L'humanité dans son ensemble, à la lumière de la révélation nouvelle, acquerra une vision nouvelle de la vérité; ainsi, lorsqu'une contrée est entièrement illuminée par le soleil levant, tous les habitants voient clair, alors qu'une heure auparavant tout était obscur et terne. "Voici venu le nouveau cycle du pouvoir humain, annonce 'Abdu'l-Baha; tous les horizons du globe sont lumineux et le monde deviendra, en vérité, comme une roseraie, comme un paradis". Les analogies avec la nature confirment une telle conception. Les prophètes de jadis, d'un commun accord, ont prédit la venue de ce jour glorieux; les signes des temps montrent clairement que des transformations profondes, radicales, s'effectuent rapidement en ce moment même dans les idées humaines et les institutions. Alors, quoi de plus futile et de moins fondé que l'argument pessimiste selon lequel la nature humaine ne peut changer, alors que tout change autour d'elle?


8.4. Premiers pas vers l'unité

La plus grande charité et la plus grande tolérance sont les moyens recommandés par Baha'u'llah pour instituer l'unité religieuse; il invite ses disciples "à fréquenter avec joie et plaisir les adeptes de toutes les religions".

Dans son testament, Baha'u'llah écrit:

Les querelles, les conflits ont été strictement interdits dans son Livre; tel est le commandement du Seigneur dans cette suprême révélation, commandement qu'Il a garanti contre toute annulation et paré de sa confirmation.

Ô vous, peuples du monde! La religion de Dieu a pour but l'amour et l'union; n'en faites pas une cause d'inimitié et de conflit... Nous chérissons l'espoir que le peuple de Baha se tournera toujours vers la parole sacrée: "Voyez! Toutes choses viennent de Dieu", la très glorieuse Parole qui, comme une ondée, éteint le feu de la rancune et de la haine qui couve dans les coeurs et les consciences. Par cette seule parole, les différentes sectes du monde atteindront la lumière de l'union réelle. En vérité, ce qu'Il dit est vrai et c'est Lui qui conduit jusqu'au chemin. Il est le Puissant, le Miséricordieux, le Magnifique.


'Abdu'l-Baha dit:

"Tous doivent abandonner les préjugés et doivent même se rendre aux églises et aux mosquées car, en chacun de ces lieux d'adoration, le nom du Tout-Puissant est prononcé. Puisque tous se réunissent pour adorer Dieu, quelle différence y a-t-il entre eux? Aucun d'eux n'adore Satan. Que les musulmans aillent aux églises des chrétiens, aux synagogues des juifs et vice-versa; que juifs et chrétiens se rendent aux mosquées musulmanes. Ils ne se tiennent éloignés les uns des autres qu'à cause de préjugés et de dogmes sans fondement. En Amérique, je suis allé aux synagogues juives qui sont analogues aux églises chrétiennes, et partout j'ai vu les hommes adorer Dieu. En beaucoup de ces lieux, je leur ai parlé des points fondamentaux qui sont à l'origine des religions divines et je leur ai fourni les preuves de la valeur des prophètes de Dieu et des saintes manifestations. Je les ai encouragés à se débarrasser de toute pratique aveugle.
Tous les chefs religieux doivent ainsi aller dans les églises des autres religions et parler des bases et des principes fondamentaux des religions divines. Dans l'harmonie et l'unité les plus profondes, qu'ils adorent Dieu dans les lieux divers de prière et abandonnent tout fanatisme."
(Star of the West, vol. IX, n 3, p. 37.)


Si seulement ces premiers pas étaient faits, si une tolérance réciproque et amicale s'établissait entre les diverses sectes religieuses, quel merveilleux changement se produirait dans le monde! Toutefois, quelque chose de plus est nécessaire à la réalisation de la véritable unité religieuse. Contre la maladie du sectarisme, la tolérance est un palliatif hautement appréciable, mais ce n'est pas un remède radical. Elle ne supprime pas la cause du mal.


8.5. Le problème de l'autorité

Les différentes communautés religieuses n'ont pu s'unir dans le passé parce que leurs fidèles respectifs ont considéré le fondateur de leur propre communauté comme la seule expression de la loi divine et la seule autorité suprême. Tout prophète qui proclamait un message en apparence différent était tenu, par conséquent, pour un ennemi de la vérité. Des raisons analogues ont séparé les différentes sectes d'une même communauté. Les adhérents de chacune d'elles s'en sont remis à une autorité subalterne quelconque et ont considéré une version ou une interprétation particulière du message du fondateur comme l'unique vraie foi, toutes les autres n'étant qu'erreurs. Tant que cet état de choses existera, toute unité véritable sera évidemment impossible.

Baha'u'llah enseigne d'autre part que tous les prophètes nous ont apporté d'authentiques messages de Dieu; que chacun, en son temps, donne les plus hauts enseignements que le peuple soit capable de recevoir, que chacun éduque les hommes pour les préparer à comprendre les enseignements plus élaborés de ses successeurs. Il adjure les fidèles de chaque religion, non de renier l'inspiration divine de leurs propres prophètes, mais de reconnaître l'inspiration divine de tous les autres prophètes, de voir combien les enseignements de tous sont essentiellement en harmonie et font partie d'un vaste plan d'éducation et d'unification de l'humanité. Il adjure les croyants de toutes dénominations de montrer qu'ils révèrent leurs prophètes en vouant leur vie à établir cette unité pour laquelle tous ont peiné et souffert.

Dans sa lettre à la reine Victoria, il compare le monde à un malade dont la maladie s'aggrave du fait qu'il est tombé entre les mains de médecins maladroits; et il dit comment le remède pourrait être appliqué:

"Le remède souverain ordonné par le Seigneur, le moyen le plus puissant pour la guérison du monde entier, c'est l'union de tous ses peuples en une cause universelle, une même foi. Ceci ne peut, en aucune façon, être obtenu sinon par le pouvoir d'un médecin habile, tout-puissant et inspiré. Telle est la vérité, et tout le reste n'est qu'erreur."
(La Proclamation de Baha'u'llah, p. 63.)
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8.6. La révélation progressive

Dans la voie de l'unité religieuse, la grande pierre d'achoppement, pour beaucoup de personnes, est la différence entre les révélations des divers prophètes. Ce qui est commandé par l'un est défendu par l'autre; comment peuvent-ils tous avoir raison et tous proclamer la volonté de Dieu? Certes, la vérité est une et ne peut changer. Oui, la vérité absolue est une et ne peut changer, mais la vérité absolue est infiniment au-dessus du niveau actuel de l'intelligence humaine, et nos conceptions de cette vérité doivent constamment se transformer.

À mesure que le temps s'écoule, nos idées primitives imparfaites seront remplacées, par la grâce de Dieu, par des conceptions de plus en plus adéquates. Baha'u'llah dit, dans une tablette à un zoroastrien:

"Ô peuples! Les paroles sont révélées selon vos capacités afin que les débutants puissent progresser. Le lait divin doit être donné avec mesure, afin que le petit enfant de ce monde puisse entrer dans le royaume de grandeur et s'établir dans la demeure de l'unité."

C'est le lait qui fortifie l'enfant jusqu'à ce qu'il puisse ingérer une nourriture plus solide. Est-ce parce qu'un prophète a raison en prodiguant un certain enseignement à une période déterminée qu'un autre prophète a tort de prodiguer un enseignement différent en un temps ultérieur? Ce serait affirmer que le lait étant la meilleure nourriture pour le nouveau-né, l'homme adulte ne doit absorber que du lait et que tout autre régime lui serait nuisible!

'Abdu'l-Baha dit:

"Chaque révélation divine se divise en deux parties. La première, essentielle, appartient au monde éternel. C'est l'exposé des divines vérités et des principes primordiaux. C'est l'expression de l'amour de Dieu. Elle est semblable dans toutes les religions et immuable. La seconde partie n'est pas éternelle; elle a trait à la vie pratique, aux transactions, aux affaires, et elle change selon l'évolution de l'homme et les nécessités de l'époque où paraît le prophète. Par exemple... pendant le cycle de Moïse, on coupait la main d'un homme pour le punir d'un vol minime; la loi oeil pour oeil, dent pour dent était en vigueur, mais cette loi n'étant plus de circonstance à l'époque du Christ fut abrogée. De même, le divorce était devenu si courant qu'il ne restait aucune loi spécifique pour le mariage; c'est pourquoi Sa Sainteté le Christ interdit le divorce.

Selon les exigences du moment, Sa Sainteté Moïse révéla dix lois dont la transgression entraînait une peine capitale. Il était impossible, en ce temps-là, de protéger la communauté et de conserver une sécurité sociale sans ces mesures rigoureuses, car les enfants d'Israël vivaient dans le désert de Tah où n'existaient ni cour de justice ni pénitenciers. Mais ce code n'était plus nécessaire à l'époque du Christ. L'histoire de cette seconde partie des religions est sans importance parce qu'elle se rapporte uniquement aux usages de cette vie; mais la base de la religion de Dieu est une et Sa Sainteté Baha'u'llah a renouvelé cette base."
(Divine Philosophy, 8e édition, p. 146.)
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La religion de Dieu est l'unique religion et tous les prophètes l'ont enseignée, mais c'est une chose qui vit et se développe et non pas une chose inerte et immuable. L'enseignement de Moïse fut le bouton, celui du Christ la fleur; l'enseignement de Baha'u'llah est le fruit. La fleur ne détruit pas le bouton, le fruit ne détruit pas la fleur.

Il n'y a pas de destruction, mais il y a accomplissement. Les folioles du bouton doivent tomber afin que la fleur s'épanouisse, et les pétales de la fleur doivent tomber à leur tour pour que le fruit se forme et mûrisse. Les folioles et les pétales étaient-ils donc mauvais ou inutiles puisqu'ils ont dû être éliminés? Non, les uns et les autres furent utiles et nécessaires en leur temps; sans eux, il n'aurait pu y avoir de fruits. Ainsi en est-il pour les divers enseignements prophétiques; extérieurement, ils changent d'âge en âge, mais chaque révélation est l'accomplissement des précédentes; elles ne sont ni séparées ni en désaccord mais constituent des stades différents dans l'histoire du développement de la religion unique; celle-ci fut révélée graduellement, comme paraissent successivement la graine, le bouton et la fleur, et elle entre à présent dans la période de fructification.


8.7. Infaillibilité des prophètes

Baha'u'llah enseigne que des preuves suffisantes de l'authenticité de leur mission sont données à tous les prophètes; ils ont le droit d'exiger l'obéissance, et ils ont l'autorité voulue pour abroger et changer les enseignements de leurs prédécesseurs ou les compléter. Nous lisons dans le "Kitab-i-Iqan":

"Ce serait à l'encontre de la bonté du Miséricordieux, de son affectueuse providence et de sa grâce infinie de choisir une âme parmi l'humanité pour guider ses créatures et, d'autre part, de lui refuser la plénitude de son témoignage divin, puis de punir ensuite les hommes en raison de leur incrédulité à l'égard de l'élu! Au contraire, les multiples bontés du Seigneur de tous les êtres ont, de tout temps, inondé la terre et tous ceux qui l'habitaient, grâce aux manifestations de sa divine Essence."
(BAHA'U'LLAH, Le Livre de la certitude, p. 7.) Ouvrir le livre Livre de la certitude

"Et pourtant, le but de chaque révélation n'est-il pas d'amener une transformation à la fois interne et externe de toute l'humanité, qui affectera sa vie morale et sa vie matérielle? Car si les conditions ne changeaient pas sous l'influence des manifestations universelles de Dieu, leur apparition serait inutile."
(BAHA'U'LLAH, Le Livre de la certitude, p. 115.)
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Dieu est l'unique Autorité infaillible, et les prophètes sont infaillibles parce que leur message est le message de Dieu transmis au monde par leur intermédiaire. Ce message reste valable jusqu'à ce qu'il soit remplacé par un message ultérieur donné par ce même prophète ou par un autre.

Dieu est le grand Médecin qui, seul, peut diagnostiquer la maladie du monde et prescrire le remède approprié. Le médicament ordonné à une époque ne convient plus à une époque ultérieure, quand l'état du malade évolue. Suivre l'ancien traitement lorsque le médecin a prescrit un nouveau traitement n'est pas une marque de confiance, mais plutôt de méfiance à son égard. Il se peut qu'un juif soit surpris d'apprendre que certains remèdes prescrits par Moïse pour les maux du monde, il y a plus de trois mille ans, soient à présent surannés et désuets; il se peut aussi qu'un chrétien soit également surpris d'apprendre que Muhammad avait certaines choses utiles et de valeur à ajouter à ce que Jésus prescrivit; et il en est de même pour le musulman lorsqu'on lui propose d'admettre que le Bab ou Baha'u'llah étaient investis d'autorité pour modifier les commandements de Muhammad. Selon la conception baha'ie, la vraie dévotion à Dieu exige que tous ses prophètes soient révérés et qu'on obéisse à ses derniers commandements tels qu'ils sont énoncés par le prophète pour son époque. Ce n'est que par une telle dévotion que la véritable unité pourra être réalisée.


8.8. La suprême Manifestation

Comme tous les autres prophètes, Baha'u'llah annonce sa mission dans les termes les plus clairs.

Dans la Lawh-i-Aqdas tablette spécialement adressée aux chrétiens, il dit:

"Certes, le Père est venu et Il a accompli ce qui vous avait été promis dans le royaume de Dieu. Ceci est la parole que le Fils a voilée quand il a dit à ceux qui l'entouraient qu'ils ne pouvaient pas encore la comprendre. Mais quand le temps voulu se fut écoulé et que l'heure arriva, la parole resplendit À l'horizon de la volonté. Prenez garde, ô congrégation du Fils (c'est-à-dire chrétiens)! Ne la reniez pas, mais attachez-vous à elle. Elle est meilleure pour vous que tout ce qui l'a précédée... Assurément, l'Esprit de Vérité est venu pour vous guider dans toute la vérité. En réalité, il ne parle pas de son propre chef, mais de la part de l'Omnipotent, du Sage. Il est celui que le Fils a glorifié... Abandonnez ce qui est passé, ô peuples de la terre, et prenez ce qui vous est ordonné par celui qui est le Puissant, le Fidèle."
(La Très Sainte Tablette, dans L'Oeuvre de Baha'u'llah, t. I, pp. 12 et 13.)
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Et dans une lettre au pape, écrite d'Andrinople, en 1867, il dit:

"Prenez garde que les célébrations ne vous cachent le Célébré et que les adorations ne vous cachent l'Adoré! Écoutez le Seigneur, le Puissant, l'Omniscient! Il est venu pour donner la vie au monde et pour unir tout ce qui y demeure. Venez, ô peuples, au lieu où pointe l'aube de la révélation! Ne vous attardez pas, même pour une heure! Si vous êtes incapables de reconnaître le Seigneur de gloire, qu'avez-vous donc appris dans l'Évangile?
Cela ne vous convient pas, ô savante congrégation! Dites alors, si vous niez ceci, quelle est la preuve de votre croyance en Dieu? Montrez-nous votre preuve..."
(L'Oeuvre de Baha'u'llah, t.II, p. 68.)
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En ces termes adressés aux chrétiens, il annonce la réalisation des promesses de l'Évangile; de même, il proclame aux musulmans, aux juifs, aux zoroastriens et aux communautés des autres croyances l'accomplissement des promesses de leurs livres sacrés. Il parle à tous les hommes comme à des brebis de Dieu qui ont été jusqu'ici divisées en plusieurs troupeaux et abritées en différents bercails. Son message, dit-il, est la voix de Dieu, le Bon Pasteur qui, au jour de l'accomplissement des temps, est venu rassembler en un seul troupeau ses brebis dispersées, renversant les barrières qui les séparaient, afin qu'il n'y ait plus qu'un seul troupeau et qu'un seul berger.


8.9. Position unique de Baha'u'llah

La position de Baha'u'llah parmi les prophètes est unique et nouvelle, parce que la condition du monde au moment de son avènement était unique et sans précédent. Grâce à une évolution lente et souvent entravée dans les domaines de la religion, des sciences, des arts et de la civilisation, le monde était mûr pour l'enseignement de l'unité. Les barrières qui, durant les siècles précédents, avaient rendu l'unité du monde impossible, étaient prêtes à céder quand parut Baha'u'llah. Et depuis sa naissance, en 1817, et plus spécialement depuis la promulgation de ses enseignements, ces barrières se sont écroulées de la façon la plus étonnante. De quelque manière qu'on l'explique, il ne peut y avoir aucun doute à cet égard.

Au temps des prophètes précédents, les barrières géographiques étaient à elles seules suffisantes pour empêcher l'unité mondiale. Aujourd'hui, cet obstacle a été surmonté. Pour la première fois dans l'histoire du monde, les hommes peuvent rapidement et aisément communiquer entre eux d'un antipode à l'autre; ce qui se passe en Europe est connu le jour suivant dans tous les continents; un discours prononcé aujourd'hui en Amérique sera lu demain en Europe, en Asie et en Afrique.

Les différences de langage constituaient un autre obstacle important. Grâce à l'étude et à l'enseignement des langues étrangères, il a déjà été surmonté dans une large mesure, et il y a tout lieu de croire qu'avant longtemps, une langue auxiliaire internationale sera adoptée et enseignée dans toutes les écoles du monde. Cette difficulté disparaîtra alors complètement.

Le troisième grand obstacle provenait des préjugés religieux et de l'intolérance qui sont aussi en voie de disparition. L'esprit des hommes devient plus ouvert. La tâche de l'éducation échappe de plus en plus aux prêtres sectaires et on ne peut plus, désormais, entraver la pénétration d'idées nouvelles et libérales, même dans les cercles les plus fermés et les plus conservateurs.

Aussi Baha'u'llah est-il le premier des grands prophètes dont le message se soit répandu aussi rapidement dans toutes les parties du globe. Bientôt, les enseignements essentiels de Baha'u'llah, traduits de ses manuscrits authentiques, seront directement accessibles à tous ceux qui savent lire.


8.10. Plénitude de la révélation baha'ie

Par ses annales authentiques, amples et complètes, la révélation baha'ie tient une place unique et sans précédent parmi les religions du monde. Les paroles qu'on peut attribuer avec certitude au Christ, à Moïse, à Zoroastre, à Bouddha, à Krishna sont peu nombreuses et laissent sans réponse maintes questions pratiques importantes de la vie actuelle. Beaucoup d'enseignements communément attribués à ces fondateurs de religion sont d'authenticité douteuse et certains textes sont de toute évidence apocryphes. Les musulmans possèdent dans le Qur'an et dans de nombreuses traditions des données plus complètes sur la vie et les enseignements de leur prophète, mais Muhammad lui-même, bien qu'inspiré, était illettré, ainsi que la plupart de ses premiers disciples. Les méthodes qui ont servi à enregistrer et à répandre ses enseignements sont à bien des égards défectueuses et l'authenticité d'un grand nombre de traditions est douteuse. Il s'ensuit des différences d'interprétation et des conflits d'opinions qui ont causé des divisions et des dissensions dans l'islam, comme cela s'était passé dans toutes les communautés religieuses antérieures.

Par contre, le Bab et Baha'u'llah ont tous deux laissé quantité d'écrits éloquents et vigoureux. Comme il leur fut interdit à l'un et à l'autre de parler en public et qu'ils passèrent la plus grande partie de leur vie en prison (après la déclaration de leur mission), ils employèrent la majeure partie de leur temps à écrire, d'où il résulte qu'aucune des révélations précédentes n'est comparable à la révélation baha'ie quant à la richesse et à l'abondance de textes authentiques. Elle fournit une explication claire et complète d'un grand nombre de vérités qui n'avaient été que vaguement esquissées dans les révélations antérieures, et les principes éternels de vérité que tous les prophètes ont enseignés y sont appliqués aux problèmes qui se posent au monde d'aujourd'hui. Parmi ces problèmes extrêmement ardus et complexes, plusieurs ne s'étaient pas encore présentés au temps des prophètes précédents. Ces annales complètes d'une révélation authentique doivent, de toute évidence, contribuer puissamment à écarter les malentendus futurs et à dissiper ceux du passé qui séparaient les différentes sectes.


8.11. L'alliance baha'ie

La révélation baha'ie est unique et sans précédent pour d'autres raisons encore. Avant sa mort, Baha'u'llah écrivit, à plusieurs reprises, un pacte par lequel son fils aîné, 'Abdu'l-Baha, qu'il désigne souvent sous le nom de "la Branche ou la plus Grande Branche", devient l'interprète autorisé de ses enseignements; il déclare que toute explication ou interprétation donnée par 'Abdu'l-Baha doit être acceptée comme étant aussi valable que ses propres paroles.

Dans son testament, il dit:

"Réfléchissez à ce qui est révélé dans mon livre, le Kitab-i-Aqdas: quand l'océan de ma présence aura reflué et que le livre de ma révélation sera achevé, tournez votre visage vers celui que Dieu a désigné, celui qui est issu de l'Antique Racine! Ce verset se réfère à la plus Grande Branche.

Et dans la "Tablette de la Branche" qui explique le rang de 'Abdu'l-Baha, il dit:

"Ô peuples! Louez Dieu pour la manifestation de la Branche car, en vérité, c'est la plus grande faveur qui vous soit faite et la plus parfaite bénédiction qui vous soit donnée; et par lui, chacun des os qui tombaient en poussière est vivifié. Quiconque s'est tourné vers lui s'est assurément tourné vers Dieu, et quiconque s'est détourné de lui s'est assurément détourné de ma beauté, a nié ma preuve et s'affirme comme un transgresseur."
(Foi mondiale baha'ie, p. 365.)
 Ouvrir le livre Le Covenant

Après la mort de Baha'u'llah, 'Abdu'l-Baha eut de nombreuses occasions, tant chez lui qu'au cours de ses longs voyages, de rencontrer des gens de toutes nationalités et de toutes opinions. Il écouta leurs questions, leurs problèmes, leurs objections et donna des explications précises qui furent soigneusement consignées par écrit. Pendant de longues années, 'Abdu'l-Baha s'employa à élucider les enseignements et à montrer leurs applications aux problèmes les plus variés de la vie moderne. Les divergences d'opinion qui se sont élevées entre les croyants lui ont été soumises et il les a résolues avec autorité; ainsi les risques de malentendus futurs ont-ils été réduits.

De plus, Baha'u'llah a ordonné qu'une Maison Universelle de Justice, représentant tous les baha'is du monde, soit élue pour prendre en charge les affaires de la cause, contrôler et coordonner toutes les activités, empêcher les schismes et les divisions, éclaircir les questions obscures et préserver les enseignements de la corruption et des mauvaises interprétations. Le fait que ce corps administratif suprême puisse non seulement prendre l'initiative en matière législative sur toutes les questions non définies dans le Livre, mais encore annuler ses propres décrets lorsque les conditions nouvelles exigeront des mesures différentes, permet à la foi de se développer et, tel un organisme vivant, de s'adapter aux besoins et aux exigences d'une société en évolution.

D'autre part, Baha'u'llah a expressément interdit à quiconque d'interpréter les enseignements, l'interprète autorisé ayant seul ce droit. Dans son testament, 'Abdu'l-Baha a désigné Shoghi Effendi comme gardien de la foi après lui et comme interprète des Écrits.

Dans mille ans ou plus, une autre Manifestation paraîtra, sous l'ombre de Baha'u'llah, avec des preuves explicites de sa mission. Mais jusqu'à ce moment, les paroles de Baha'u'llah, de 'Abdu'l-Baha et du Gardien ainsi que les décisions de la Maison Universelle de Justice sont les seules autorités vers lesquelles tous les croyants doivent se tourner pour être dirigés. Aucun baha'i n'a le droit de créer une école ni une secte fondée sur une interprétation particulière des principes ni sur une soi-disant révélation divine. Quiconque transgresse ces commandements est considéré comme un "briseur d'alliance" [Voir chapitre 12 pour plus d'explications sur le Gardiennat et la Maison Universelle de Justice].

'Abdu'l-Baha dit:

"Est ennemi de la cause celui qui entreprend d'interpréter les paroles de Baha'u'llah et d'en altérer le sens selon sa propre compréhension, qui attire des adeptes pour former une secte, s'octroyant une dignité supérieure et créant un schisme dans la cause."
(Star of the West, vol. III, p. 8.)


Dans une autre Tablette, il écrit:

"Ces gens (les promoteurs de schisme) sont comme l'écume qui se forme à la surface de la mer; une vague surgira de l'océan de l'alliance et, par la puissance du royaume d'Abha, rejettera cette écume sur le rivage. De telles pensées corrompues émanant de convoitises personnelles et mauvaises s'évanouiront toutes, alors que l'alliance de Dieu demeurera stable et en sécurité."
(Star of the West, vol. X, p. 95).


Rien ne peut empêcher les hommes de trahir la religion s'ils en ont décidé ainsi. 'Abdu'l-Baha dit: Dieu même ne contraint pas l'âme à devenir spirituelle. L'exercice du libre arbitre humain est nécessaire. Toutefois, l'alliance spirituelle rend le sectarisme absolument impossible au sein de la communauté baha'ie.


8.12. Suppression du sacerdoce

La suppression du sacerdoce est un autre trait de l'administration baha'ie qui mérite une mention spéciale. Des contributions volontaires en faveur des dépenses pour l'enseignement sont permises, et bien des personnes consacrent la totalité de leur temps au service de la cause; mais tous les baha'is sont engagés à prendre part à l'oeuvre d'enseignement, selon leurs possibilités et leurs aptitudes; il n'y a, parmi les croyants, aucune classe distincte spécialisée dans l'exercice des fonctions et des prérogatives sacerdotales.

Dans les temps passés, l'institution d'un clergé était nécessaire, parce que le peuple était illettré et sans éducation et dépendait des prêtres pour l'instruction religieuse, la conduite des cérémonies et des rites religieux, pour l'administration de la justice, etc.

Mais les temps ont changé. L'éducation se répand rapidement et, si les commandements de Baha'u'llah sont observés, toutes les filles et tous les garçons du monde recevront une solide instruction. Chaque individu aura la possibilité d'étudier les Écritures par lui-même, de puiser l'eau de la vie directement à la source. Les cérémonies et les rites compliqués qui nécessitent les services d'une caste ou d'une profession spécialisée n'ont point de place dans l'organisation baha'ie; et l'administration de la justice est confiée aux autorités instituées à cet effet.

Un enfant doit avoir un maître, mais le but du maître consciencieux est de former l'élève afin qu'il puisse se passer de lui, voir les choses par ses propres yeux, entendre par ses propres oreilles, comprendre par sa propre intelligence. Ainsi, dans l'enfance de la race, le prêtre fut nécessaire, mais sa tâche véritable était de former les hommes pour qu'ils puissent se passer de lui; qu'ils puissent voir les choses divines par leurs propres yeux, les entendre de leurs propres oreilles, les comprendre par leur propre intelligence. Aujourd'hui, l'oeuvre du prêtre touche à sa fin, et le but de l'enseignement baha'i est de compléter cette oeuvre, de rendre les hommes indépendants de tout sauf de Dieu, afin qu'ils puissent se tourner directement vers Lui, c'est-à-dire vers sa manifestation. Quand tout le monde se tourne vers un seul centre, il ne peut plus y avoir ni buts opposés ni confusion, et plus on se rapproche du centre, plus on se rapproche les uns des autres.


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