BAHA'U'LLAH ET L'ÈRE NOUVELLE
Une introduction à la foi baha'ie


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9. LA VRAIE CIVILISATION

"Ô peuples de Dieu! Ne soyez pas occupés de vous-mêmes. Que votre but soit l'amélioration du monde et l'éducation des nations." (BAHA'U'LLAH)

9.1. La religion, base de la civilisation

Selon l'opinion des baha'is, les problèmes de la vie humaine individuelle et collective sont d'une telle complexité que l'intelligence est, par elle-même, incapable de les résoudre directement. Seul, l'Omniscient connaît intégralement le but de la création et le moyen de l'atteindre. Par l'intermédiaire des prophètes, Il enseigne à l'humanité les vraies fins de la vie humaine et la voie directe qui mène au progrès; l'établissement d'une véritable civilisation dépend donc d'une fidèle adhésion aux directives contenues dans la révélation prophétique.

Baha'u'llah précise:

"La religion est le plus parfait instrument pour instaurer l'ordre dans le monde et pour la quiétude de tous les êtres. L'affaiblissement des colonnes de la religion a encouragé les ignorants, les rendant audacieux et agressifs. Je vous le dis, en vérité, tout ce qui abaisse la haute valeur de la religion favorise l'insouciance chez les méchants. Il en résulte finalement un état d'anarchie...

Considérez à quel point la civilisation des peuples occidentaux a causé de commotions et d'agitation dans le monde. Des machines infernales ont été inventées et l'on déploie une telle cruauté pour détruire la vie que le monde n'a jamais rien vu ni entendu de semblable. Il est impossible de refréner ce violent déchaînement de fléaux à moins que les peuples de la terre ne s'unissent dans un but déterminé ou sous l'égide de la religion unique...

Ô peuple de Baha! Chacun des commandements révélés est une puissante forteresse pour la protection du monde."
(Les Paroles du paradis dans Foi mondiale baha'ie, pp. 323, 328 et 329.)
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L'état actuel de l'Europe et du monde en général confirme éloquemment la valeur de ces paroles écrites il y a si longtemps. La négligence à l'égard des commandements prophétiques et la prédominance de l'irréligion ont causé un profond désordre et de terribles destructions; sans le caractère essentiel que possède la vraie religion de transformer les coeurs et de changer les buts, la réforme de la société semblerait absolument irréalisable.


9.2. Justice

Dans l'ouvrage intitulé "Les Paroles cachées" où Baha'u'llah expose brièvement l'essentiel des enseignements prophétiques, son premier conseil concerne la vie individuelle: "Aie le coeur pur, bienveillant et rayonnant". Le second indique le principe fondamental de la vraie vie sociale:

"Ô fils de l'esprit!
À mes yeux, ce que j'aime par-dessus tout est la justice; ne t'en écarte pas si c'est moi que tu désires, et ne la néglige pas afin que je puisse me fier à toi. Par elle, tu pourras voir par tes propres yeux et non par ceux des autres, et tu pourras comprendre par ton propre savoir et non par celui du prochain. Pèse bien ceci: comment dois-tu être? En vérité, la justice est le don que je te fais, le signe de ma tendre bonté. Fixe donc ton regard sur elle."
(Les Paroles cachées, première partie, n 2.)
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Dans la vie sociale, il est essentiel que les individus sachent avant tout discerner le vrai du faux et le bien du mal et estimer les choses à leur juste valeur. Le plus grand responsable de l'égarement spirituel et social, le pire ennemi du progrès social, c'est l'égoïsme.

Baha'u'llah dit:

"Ô fils de l'intelligence!
La mince paupière de l'oeil empêche celui-ci de voir le monde et tout ce qu'il contient. Pense donc à ce qui se produit lorsque le bandeau de l'avidité obscurcit la vue du coeur!"

"Ô peuple!
Les ténèbres de l'avidité et de la convoitise obscurcissent la lumière de l'âme comme le nuage qui empêche les rayons du soleil de s'infiltrer."
(Tablette à un zoroastrien.)


L'expérience du passé commence enfin à convaincre les hommes de l'exactitude de l'enseignement prophétique selon lequel les pensées et les actions égoïstes amènent inévitablement des troubles sociaux; si les humains ne veulent pas périr honteusement, ils doivent attacher aux affaires d'autrui la même importance qu'à leurs propres affaires et subordonner leurs intérêts particuliers à ceux de l'humanité considérée comme un tout. Ainsi, les intérêts de chacun et de tous seront finalement servis au mieux.

Baha'u'llah dit:

"Ô fils de l'homme!
Si tu recherches la miséricorde, renonce à tes propres intérêts et efforce-toi de favoriser ceux de tes semblables. Si tu aspires à la justice, choisis pour les autres ce que tu choisirais pour toi-même."
(Les Paroles du paradis, dans Foi mondiale baha'ie, p. 3.)
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9.3. Gouvernement

Les enseignements de Baha'u'llah contiennent deux sortes de références relatives à la question d'un véritable ordre social. L'une d'elles, que l'on trouve dans les tablettes révélées aux rois, traite des problèmes gouvernementaux tels qu'ils se présentaient au temps de Baha'u'llah. L'autre concerne l'ordre mondial nouveau qui doit se développer au sein même de la communauté baha'ie.

On y trouve des contrastes frappants comme dans ces deux passages:

"Le seul vrai Dieu, exaltée soit sa gloire, a toujours considéré et ne cessera jamais de considérer le coeur de l'homme comme son bien propre, sa propriété exclusive. Tout le reste, tout ce qui concerne la terre et la mer, la gloire ou la richesse, Il l'a laissé aux rois et aux dirigeants de la terre."
(Extraits des Écrits de Baha'u'llah, pp. 135 et 136.) Ouvrir le livre Extraits des Ecrits de Baha'u'llah

"Il convient à tous, en ce jour, de s'attacher fermement au plus Grand Nom et d'établir l'unité de la race humaine. Il n'existe aucun lieu de retraite, nul refuge en dehors de lui."
(Extraits des Écrits de Baha'u'llah, p. 134.)
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La divergence apparente entre ces deux passages s'efface lorsqu'on réfléchit à la distinction faite par Baha'u'llah entre "la moindre paix" et la "paix suprême". Dans ses tablettes aux rois, Baha'u'llah engage ceux-ci à se réunir et à prendre des mesures pour assurer la paix politique, réduire les armements et soulager les pauvres de leur condition misérable et incertaine. Mais ses paroles font clairement ressortir que, faute de satisfaire aux besoins de l'époque, des guerres et des révolutions éclateront et amèneront finalement la chute de l'ordre ancien.

Aussi, d'une part, il dit:

"Ce dont l'humanité a besoin en ce jour, c'est de la soumission envers ceux qui détiennent l'autorité..."

Et d'autre part:

"Ceux qui ont recherché les vanités et les fastes de la terre et qui ont dédaigneusement renoncé à Dieu, ceux-là ont perdu tant leur vie présente que celle du monde futur. Avant longtemps, Dieu--par la main du pouvoir--leur enlèvera toutes leurs possessions et les dépouillera du vêtement de sa bonté... Nous avons fixé votre heure, ô peuples. Si, à l'heure marquée, vous négligez de vous tourner vers Dieu, en vérité, Il vous infligera l'emprise de la violence et de graves afflictions vous assailliront de tous côtés... Les signes de convulsions et de chaos imminents sont dès maintenant discernables, d'autant plus que l'organisation actuelle s'avère lamentablement défectueuse... Nous Nous sommes engagé à assurer ton triomphe sur la terre et à élever notre cause au-dessus de tous, bien que nous n'ayons trouvé aucun souverain disposé à tourner son visage vers toi.

Le grand Être, voulant révéler les conditions préalables nécessaires à la paix et à la prospérité du monde ainsi qu'au progrès des peuples, a écrit: Le temps doit venir où l'impérieuse nécessité de former une vaste assemblée d'hommes représentant le monde entier se fera universellement sentir. Les dirigeants et les rois de la terre devront y assister, prendre part aux délibérations et chercher les moyens d'établir la grande paix entre les hommes. Une telle paix exige une réconciliation intégrale des grandes puissances en faveur du bien-être des peuples de la terre. Si jamais un roi prenait les armes contre un autre, tous devraient se lever et s'unir pour l'en empêcher."
(Extraits des Écrits de Baha'u'llah, pp. 141, 164-165.)
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Par ces conseils, Baha'u'llah a révélé les conditions sur lesquelles la responsabilité publique doit s'appuyer en ce jour de Dieu. Faisant appel, d'une part, à la solidarité internationale, il avertit, d'autre part, clairement les dirigeants que continuer la lutte détruirait leur pouvoir. L'histoire contemporaine voit la confirmation de cet avertissement dans l'énergie destructrice déployée chez les nations civilisées par certains mouvements coercitifs et dans le développement des révoltes, à un degré tel qu'aucun parti ne peut plus remporter la victoire.

"Maintenant que vous avez refusé la paix suprême, attachez-vous à la moindre paix afin de pouvoir améliorer dans une certaine mesure les conditions de vie pour vous-même et pour ceux qui dépendent de vous...
Ce que le Seigneur a ordonné comme le remède souverain, le plus puissant instrument pour la guérison du monde, c'est l'union de tous les peuples en une cause universelle, une foi commune. Ceci ne pourra s'accomplir que par le pouvoir d'un habile médecin, inspiré et tout-puissant."
(Extraits des Écrits de Baha'u'llah, pp. 167, 168.)
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Cette expression, la moindre paix, fait allusion à l'unité politique des États, alors que la paix suprême exige une unité totale tant spirituelle que politique et économique.

"Bientôt le présent ordre des choses sera révolu et un nouvel ordre prendra sa place."
(Extraits des Écrits de Baha'u'llah.)
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Dans les époques passées, le gouvernement pouvait se consacrer aux affaires extérieures et matérielles de l'État, mais aujourd'hui la fonction d'un gouvernement implique une capacité de diriger, une qualité de dévouement et de connaissance spirituelle accessibles seulement à ceux qui sont tournés vers Dieu.


9.4. La liberté politique

Bien que préconisant comme constitution idéale une forme de gouvernement représentatif local, national et international, Baha'u'llah enseigne que cette forme ne pourra se réaliser avant que les hommes n'aient atteint un degré suffisamment élevé de développement individuel et collectif. Accorder subitement un gouvernement démocratique à un peuple non instruit, dominé par des désirs égoïstes, et sans expérience des affaires publiques serait désastreux. Rien n'est plus préjudiciable que la liberté pour ceux qui ne savent pas l'utiliser sagement. Baha'u'llah écrit dans le Kitab-i-Aqdas:

"Considérez l'étroitesse d'esprit des hommes! Ils recherchent ce qui leur nuit et rejettent ce qui leur convient. En vérité, ils sont égarés. Il en est qui veulent la liberté et s'enorgueillissent de leur désir. Ceux-là sont dans une ignorance profonde.

La liberté ne peut en fin de compte que mener à la sédition dont les flammes ne peuvent être éteintes. Ainsi vous en a prévenu celui qui fait les comptes, le Savant. Sachez que la liberté est personnifiée par l'animal. Ce qui convient à l'homme, c'est la soumission dans une mesure telle qu'il soit protégé de sa propre ignorance et garanti contre le tort causé par ceux qui suscitent la discorde. La liberté pousse l'homme à transgresser les limites de la propriété et à détruire la dignité de son état. Elle l'abaisse au niveau extrême de la dépravation et de la méchanceté. L'humanité est comme un troupeau de brebis qui a besoin de la protection d'un berger. Ceci est la vérité, la vérité certaine. Nous approuvons la liberté en certaines circonstances, mais Nous Nous y refusons en d'autres occasions. Nous sommes en vérité l'Omniscient.

Dis: La liberté véritable consiste à obéir à mes commandements, si peu que vous le sachiez. Si les hommes observaient ce qui leur a été envoyé du ciel de la révélation, ils parviendraient certainement à la liberté parfaite. Heureux celui qui a compris le but de Dieu dans tout ce qu'Il a révélé du ciel de sa volonté qui pénètre toutes choses créées.
Dis: La liberté qui vous profitera ne se trouve que dans la servitude complète envers Dieu, la Vérité éternelle. Quiconque en a goûté la douceur ne voudrait pas l'échanger pour tout l'empire du monde et du ciel."
(Extraits des Écrits de Baha'u'llah, p. 321.)
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Pour améliorer la condition des races et des nations arriérées, les enseignements divins sont le remède souverain. Quand les peuples et leurs dirigeants étudieront et adopteront ces enseignements, les nations se trouveront libérées de toutes leurs entraves.


9.5. Dirigeants et sujets

Baha'u'llah interdit la tyrannie et l'oppression dans les termes les plus catégoriques. Dans "Les Paroles cachées", il écrit:

"Ô oppresseurs de la terre!
Cessez toute tyrannie, car je me suis promis de ne pardonner à l'homme aucune de ses injustices. Ceci est mon alliance que j'ai irrévocablement décrétée dans la Tablette préservée et que j'ai scellée de mon sceau de gloire."
(Les Paroles cachées - deuxième partie, n 64.)
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Ceux à qui sont confiées l'élaboration et l'application des lois et des réglementations doivent:

"... se tenir fermement attachés à la corde de la consultation; décider et exécuter tout ce qui engendre la sécurité, la prospérité, le bien-être et la quiétude des peuples, car si les choses se passaient autrement, il n'en résulterait que discorde et agitation."
(Tablette du monde, dans Foi mondiale baha'ie, p. 306.)
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D'autre part, le peuple doit se soumettre à la loi et rester fidèle à un gouvernement juste. Pour améliorer le sort de la nation, il faut pouvoir s'appuyer sur des méthodes éducatives et sur la force du bon exemple, mais non sur la violence.

Baha'u'llah dit:

"Dans chaque pays où résident des membres de cette communauté, ils doivent se comporter envers le gouvernement avec loyauté, honnêteté et obéissance."
(Les Bonnes Nouvelles, dans Foi mondiale baha'ie, p. 342.) Ouvrir le livre Les Tablettes de Baha'u'llah

"Ô peuples de Dieu! Ornez vos temples du manteau de la loyauté et de l'intégrité; puis, aidez votre Seigneur par la multitude des bonnes actions et de la saine moralité. En vérité, Nous avons interdit la sédition et la lutte dans mes Livres et mes Épîtres, mes Écrits et mes Tablettes; Nous n'avons désiré ainsi que votre élévation et votre dignité."
(Les Splendeurs, dans Foi mondiale baha'ie, p. 352.)
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9.6. Nomination et promotion

En ce qui concerne les nominations, le seul critère doit être l'aptitude à l'emploi désigné. Devant cette considération primordiale, toutes les autres telles que: position sociale ou financière, degré d'ancienneté, liens familiaux ou amitiés personnelles doivent s'effacer.

Baha'u'llah dit dans "Les Splendeurs":
"La cinquième splendeur est la connaissance par les gouvernements de la condition de ceux qui sont gouvernés et l'attribution des rangs selon les capacités et les mérites. Il est strictement enjoint à tout chef et dirigeant de rester attentif en cette matière afin que, par un fâcheux hasard, des hommes déloyaux ne puissent usurper la place des honnêtes gens ni des spoliateurs occuper les sièges des gardiens." Ouvrir le livre Les Tablettes de Baha'u'llah

Il est facile de concevoir que, si ce principe était partout admis et pratiqué, notre vie sociale en serait étonnamment transformée. Quand tous recevront la place à laquelle ils sont spécialement destinés par leurs capacités et leurs talents, chacun pourra alors travailler de tout coeur et acquérir la maîtrise dans sa profession, pour son plus grand profit et celui du reste du monde.


9.7. Les problèmes économiques

Les enseignements baha'is insistent dans les termes les plus énergiques sur la nécessité d'introduire des réformes dans les relations économiques du riche et du pauvre.

'Abdu'l-Baha dit:

"L'ajustement des conditions humaines doit être tel que la pauvreté disparaisse, que chacun, autant que possible suivant son rang et sa situation, reçoive sa part de confort et de bien-être. Nous voyons parmi nous, d'un côté, des hommes surchargés de richesses et, de l'autre, des malheureux qui meurent de faim; les uns possèdent plusieurs palais superbes, les autres n'ont rien pour reposer leur tête... Cet état de choses est injuste et il faut y remédier. Cependant, le remède doit être appliqué avec prudence. Il ne s'agit pas d'établir une égalité absolue entre les hommes. L'égalité est une chimère! Elle est tout à fait impraticable. Même si l'égalité venait à s'établir, elle ne pourrait être maintenue; et si son existence était possible, l'ordre du monde tout entier en serait détruit. La loi de l'ordre doit toujours prévaloir dans l'humanité. Le ciel l'a décrété en créant l'homme... L'humanité, tout comme une grande armée, a besoin d'un général, de capitaines, de sous-officiers de tous grades et de soldats, chacun ayant des fonctions déterminées. La hiérarchie est indispensable pour assurer une organisation méthodique. Une armée ne saurait être composée uniquement de généraux ou de capitaines ou seulement de soldats sans chefs.

Il est certain que, les uns étant démesurément riches et les autres lamentablement pauvres, une bonne organisation s'avère nécessaire pour contrôler et améliorer cet état de choses. Il importe de limiter la richesse, comme il est important de limiter la pauvreté. Les situations extrêmes sont nuisibles... Quand la pauvreté touche au dénuement, c'est le signe certain que, quelque part, se trouve la tyrannie. Les hommes doivent se hâter de résoudre cette question et changer sans délai des conditions qui infligent la misère et la pauvreté sordide à un très grand nombre de gens.

Les riches doivent se départir de leur abondance; d'un coeur ému, avec une intelligente compassion, ils doivent se soucier de ces malheureux qui souffrent du manque des choses les plus nécessaires à l'entretien de la vie.

Des lois spéciales doivent être adoptées pour régler ces excès de richesse et de misère... Les gouvernements des pays devraient se conformer à la loi divine qui confère à tous une justice égale... Tant que ceci ne sera pas réalisé, la loi de Dieu n'aura pas été respectée."
(Causeries de 'Abdu'l-Baha à Paris, pp. 133 à 135.)
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9.8. Finances publiques

'Abdu'l-Baha suggère que chaque ville, village ou district reçoive, autant que possible, la charge de l'administration des finances du territoire sous sa juridiction, et qu'il contribue dans de justes proportions aux dépenses du gouvernement général. Une des principales sources de revenus devrait être une taxe proportionnelle aux revenus. Si le salaire d'un homme n'excède pas le minimum vital, il devrait être exonéré de toute taxation; mais dans tous les cas où le revenu excède le minimum vital, un impôt devrait être prélevé dont le pourcentage serait croissant, dans la proportion où le surplus des revenus dépasse le minimum vital.

D'autre part si, en raison d'une maladie, d'une mauvaise récolte ou de toute autre cause involontaire, quelqu'un se trouvait incapable de faire face aux dépenses nécessaires de l'année, le fonds public devrait assurer les moyens d'existence du contribuable et de sa famille.

Il y aura aussi d'autres sources de revenu public: par exemple les biens intestats, les mines, les découvertes de trésors et les contributions volontaires, tandis que les dépenses comprendront les allocations aux malades et aux infirmes, aux orphelins, aux écoles, aux sourds et aveugles et les frais pour le maintien de la santé publique. Ainsi le bien-être et le confort de tous seront assurés. [Pour des détails supplémentaires, voir les discours de 'Abdu'l-Baha qui ont été publiés, en particulier ceux prononcés aux États-Unis d'Amérique.]


9.9. Partages volontaires

Dans une lettre écrite en 1919 à l'Organisation centrale pour une paix durable, 'Abdu'l-Baha dit:

"Parmi les enseignements de Baha'u'llah se trouve la question du partage volontaire des propriétés. Ce partage volontaire est plus méritoire que l'égalité (imposée par la loi) et s'appuie sur le fait que l'on ne doit pas se préférer à son prochain, mais plutôt sacrifier sa vie et ses biens pour les autres. Mais ceci ne doit pas s'imposer par la force jusqu'à en faire une loi qui contraigne l'homme. Non, car l'homme doit, volontairement et de son plein gré, sacrifier ses biens et sa vie pour les autres, donnant délibérément pour les pauvres, comme cela est d'usage en Perse parmi les baha'is."
(Unité de conscience, pp. 20 à 22.)



9.10. Le travail pour tous

Un des enseignements les plus importants de Baha'u'llah concernant les questions économiques est que tous doivent accomplir un travail utile. Il ne faut pas qu'il y ait des bourdons dans la ruche humaine, pas de parasites parmi les gens valides de la société. Il dit:

"Il est enjoint à chacun de s'occuper d'une manière ou d'une autre: art, commerce, etc. Nous avons décidé d'identifier votre labeur à un acte d'adoration envers Dieu, le Véritable. Méditez, ô peuples, sur la grâce de Dieu et les faveurs qui vous sont accordées, et que votre gratitude s'élève vers Lui matin et soir.

Ne gaspillez pas votre temps en paresse et en indolence, et occupez-vous de ce qui est avantageux pour vous et pour les autres. Ainsi en a-t-il été décrété dans cette Tablette surgie de l'horizon où resplendissent le soleil de sagesse et la parole divine. Le plus méprisable des hommes devant Dieu est celui qui s'assoit et qui mendie. Attachez-vous à la corde de l'action, comptant sur l'aide de Dieu, l'Auteur des causes."
(Les Bonnes Nouvelles, dans Foi mondiale baha'ie, p. 348.)
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Que d'énergie gaspillée aujourd'hui dans le monde en luttes stériles et en compétitions qui détruisent et neutralisent les efforts des autres! Et que d'efforts perdus d'une manière encore plus néfaste!

Si tous les humains travaillaient et si tous leurs efforts, manuels ou intellectuels, étaient profitables à l'humanité comme le recommande Baha'u'llah, alors les ressources nécessaires à une vie saine, confortable et digne suffiraient amplement pour tous. Il n'y aurait plus ni taudis ni famine, ni misère ni servage industriel, ni surmenage qui mine la santé.


9.11. L'éthique de la richesse

Selon les enseignements baha'is, les richesses dûment acquises et bien employées sont honorables et méritoires. Tout service rendu doit être équitablement récompensé. Baha'u'llah dit dans Les Ornements:

"Le peuple de Baha ne doit refuser son dû à personne et rendre hommage au talent... Chacun doit parler avec justice et reconnaître la valeur des services rendus." Ouvrir le livre Les Tablettes de Baha'u'llah

Concernant les intérêts à prélever sur les emprunts, Baha'u'llah écrit dans "Les Splendeurs":

"Beaucoup de personnes sont obligées d'y avoir recours; si aucun intérêt n'était admis, les affaires seraient entravées et arrêtées... Il est rare que quelqu'un consente à prêter de l'argent à autrui selon le principe de Qard-i-hasan (littéralement "bon prêt", c'est-à-dire argent avancé sans intérêt, à rembourser au gré de l'emprunteur). Par conséquent, pour aider les serviteurs, Nous avons autorisé le prélèvement d'un intérêt sur l'argent prêté, parmi les autres transactions en usage. C'est-à-dire... qu'il est permis, légal et honnête de fixer un intérêt sur l'argent... mais il faut le faire avec modération et justice. La Plume de gloire s'est abstenue d'en tracer les limites, en signe de sagesse et pour la facilité de ses serviteurs. Nous exhortons les amis de Dieu à agir avec loyauté et probité, de telle manière que la miséricorde et la compassion de ses bien-aimés puissent se manifester envers tous.

L'exécution de telles affaires sera confiée aux soins des membres de la Maison de Justice, afin qu'ils puissent agir avec sagesse selon les exigences de l'époque."
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9.12. Suppression du servage industriel

Dans le livre de l'Aqdas, Baha'u'llah condamne l'esclavage et 'Abdu'l-Baha a expliqué que, non seulement l'esclavage proprement dit, mais aussi l'esclavage industriel sont contraires à la loi de Dieu. Au cours de son séjour aux États-Unis, en 1912, il a dit aux Américains:

"Entre 1860 et 1865, vous avez fait une chose merveilleuse: vous avez aboli l'esclavage; mais aujourd'hui vous devez faire une chose bien plus merveilleuse encore: vous devez abolir l'esclavage industriel...

La solution des problèmes économiques ne peut être apportée par l'organisation du capital contre le travail ou du travail contre le capital ni par les conflits et les luttes, mais par une ferme attitude de bonne volonté de part et d'autre. Alors une justice réelle et durable sera assurée...

Parmi les baha'is, il n'existe aucune pratique tyrannique, mercantile ou injuste, aucune revendication vindicative, aucun soulèvement révolutionnaire contre les gouvernements existants...

À l'avenir, il ne sera plus possible pour les hommes d'amasser de grosses fortunes grâce au travail des autres. Les riches partageront volontairement. Ils s'y accoutumeront peu à peu, de leur propre gré et d'une façon naturelle. Cela ne sera pas accompli par des guerres ou des effusions de sang."
(Star of the West, vol. VII, n 15, p. 147.)


C'est par la collaboration et la consultation amicales, par une association et une juste répartition des bénéfices que les intérêts du travail et du capital seront le mieux préservés. Les mesures sévères comme les grèves et le lock-out sont nuisibles, non seulement aux industries immédiatement atteintes, mais à la communauté entière. Il incombe par conséquent aux gouvernements de trouver le moyen d'empêcher le recours à des méthodes aussi violentes pour régler les différends. 'Abdu'l-Baha a dit à Dublin, New Hampshire, en 1912:

"Maintenant je veux vous parler de la loi de Dieu. Selon la loi divine, les employés ne devraient pas être rétribués seulement par un salaire. Non, ils devraient plutôt être associés dans toutes les entreprises. La question de la socialisation est très compliquée. Elle ne sera pas résolue par des grèves au sujet des salaires. Tous les gouvernements du monde doivent s'unir et établir une assemblée dont les membres seront élus dans les parlements et parmi l'élite de chaque nation. Ceux-ci devront préparer un plan de réforme avec sagesse et fermeté, de façon que les patrons ne souffrent pas de pertes trop lourdes et que les ouvriers ne soient pas lésés. Avec la plus grande modération, ils devront élaborer la législation, puis annoncer publiquement que les droits des classes laborieuses seront efficacement sauvegardés et que les droits des capitalistes seront également protégés.

Quand une telle loi sera généralisée, selon la volonté des deux parties, si une grève se déclarait, tous les gouvernements du monde devraient s'y opposer collectivement. Sinon le travail conduira à trop de destruction, surtout en Europe où des événements désastreux adviendront.

Ce problème, parmi d'autres, fera l'objet d'une guerre générale en Europe. Les propriétaires de mines, d'usines, d'immeubles devraient partager leurs revenus avec leurs employés et accorder impartialement un certain pourcentage des bénéfices à leurs ouvriers, afin qu'en plus de leur salaire, ils participent aux revenus généraux de l'entreprise et qu'ils s'efforcent de travailler en toute conscience."
(HORACE HOLLEY, L'Économie mondiale de Baha'u'llah, pp. 25 à 26.)
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9.13. Legs et héritages

Baha'u'llah précise que chacun devrait rester libre de disposer de ses biens comme il lui plaît pendant toute sa vie. Il importe que chacun rédige un testament écrit indiquant la manière dont ses biens seront répartis après son décès. Si quelqu'un vient à disparaître sans laisser de testament, ses biens devront être évalués et partagés en proportions déterminées entre sept catégories d'héritiers, à savoir: enfants, épouse ou époux, père, mère, frères, soeurs et éducateurs, la part de chacun allant en décroissant du premier au dernier. Si l'une ou plusieurs de ces catégories font défaut, leur part devrait aller au trésor public pour être consacrée aux pauvres, aux orphelins, aux veuves ou à quelque oeuvre d'utilité publique. Si le disparu n'a aucun héritier, tous ses biens vont au trésor public.

Il n'existe aucune spécification dans la loi de Baha'u'llah qui empêche un homme de léguer ses biens à qui bon lui semble; mais les baha'is, en rédigeant leur testament, s'inspireront naturellement de la formule que Baha'u'llah a établie en faveur des biens intestats et qui assure la répartition des propriétés entre un grand nombre d'héritiers.


9.14. Égalité de l'homme et de la femme

D'après l'un des principes sociaux auxquels Baha'u'llah attache beaucoup d'importance, la femme doit être considérée comme l'égale de l'homme, jouissant de droits et de privilèges égaux, d'une éducation semblable et de facilités similaires.

Selon lui, le meilleur moyen d'amener l'émancipation des femmes est l'éducation universelle. Les filles doivent recevoir une éducation aussi soignée que les garçons. En fait, l'éducation des filles est même plus importante que celle des garçons puisque, en temps voulu, elles deviendront mères et, comme telles, elles sont les premières éducatrices de la génération suivante. Les enfants sont comme de frais et tendres rameaux; si leur formation première est bonne, ils poussent droit; si elle est mauvaise, leur croissance dévie, et jusqu'à la fin de leurs jours ils pâtiront du manque de discipline et d'éducation de leurs jeunes années. Aussi, il est de la plus haute importance que les filles soient pourvues d'une bonne et sage éducation!

Au cours de ses voyages en Occident, 'Abdu'l-Baha eut fréquemment l'occasion d'exposer les enseignements baha'is à ce sujet. Dans une réunion de la Ligue pour la liberté des femmes, à Londres, en janvier 1913, il a dit:

"Comme l'oiseau, l'humanité possède deux ailes--l'une mâle, l'autre femelle. Si les deux ailes ne sont pas également fortes et mues par une force commune, l'oiseau ne peut s'envoler vers le ciel. Selon l'esprit de ce cycle, les femmes doivent progresser et remplir leur mission dans tous les domaines de la vie, devenant ainsi les égales des hommes. Elles doivent être au même niveau qu'eux et jouir des mêmes droits. Ceci est mon ardente prière et c'est l'un des principes fondamentaux de Baha'u'llah.

Certains savants ont déclaré que le cerveau des hommes pèse plus que celui des femmes et ils prétendent que ce fait constitue une preuve de la supériorité de l'homme. Cependant, en observant autour de nous, nous voyons des gens, dont la tête est petite et dont le cerveau doit peser peu, faire preuve de la plus haute intelligence et des plus grandes facultés de compréhension, et d'autres qui ont une grosse tête, dont le cerveau doit être lourd, ne sont cependant que des sots. Par conséquent, le poids du cerveau n'indique ni la supériorité ni le véritable degré de l'intelligence.

Lorsque les hommes, comme seconde preuve de leur supériorité, affirment que les femmes n'ont pas su accomplir autant qu'eux, ils se servent d'un pauvre argument démenti par l'histoire. Mieux informés, ils sauraient que des femmes de valeur ont accompli des choses remarquables dans le passé et que, de nos jours, il en existe beaucoup qui accomplissent des tâches importantes."
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Ici, 'Abdu'l-Baha raconta la vie de Zénobie et d'autres femmes célèbres de jadis, terminant par un éloquent hommage à la courageuse Marie-Madeleine dont la foi demeura ferme alors que celle des apôtres chancelait. Il continua:

"Parmi les femmes célèbres de notre époque se trouve Qurratu'l-'Ayn, la fille d'un prêtre musulman. À l'époque de l'apparition du Bab, elle montra tant de fermeté et de courage que tous ceux qui l'entendirent en furent stupéfaits. Elle rejeta son voile en dépit de l'immémoriale coutume persane et, bien que converser avec des hommes fût considéré comme une inconvenance, l'héroïque femme soutint des controverses avec les plus cultivés d'entre eux, et partout elle triompha. Le gouvernement persan la mit en état d'arrestation; elle fut lapidée dans les rues, frappée d'anathème, exilée de ville en ville, menacée de mort, mais jamais elle ne faiblit dans sa détermination de lutter pour la libération de ses soeurs. Elle supporta la persécution et la souffrance avec le plus grand héroïsme; même en prison, elle opéra des conversions.

À un ministre persan chez qui elle était emprisonnée, elle dit: "Vous pouvez me tuer quand vous voudrez, mais vous ne pouvez pas arrêter l'émancipation des femmes." Le terme de sa vie tragique arrivé, elle fut emmenée dans un jardin et étranglée. Elle avait mis ses plus beaux habits, comme si elle se rendait à une fête nuptiale. Elle donna sa vie avec tant de magnanimité et de courage qu'elle étonna et bouleversa tous ceux qui se trouvaient là. Ce fut en vérité une grande héroïne. Aujourd'hui, en Perse, parmi les baha'is, les femmes font aussi preuve d'un courage inflexible et elles sont douées d'une grande inspiration poétique. Elles sont extrêmement éloquentes et parlent devant de grands auditoires.

Les femmes doivent aller de l'avant; pour le perfectionnement de l'humanité, elles doivent étendre leurs connaissances scientifiques, littéraires et historiques. D'ici peu, elles obtiendront leurs droits. Les hommes constateront leur sérieux, leur dignité, les améliorations qu'elles apportent à la vie politique et civile, leur opposition à la guerre et leur désir d'obtenir le suffrage universel et des facilités égales à celles des hommes. J'espère vous voir progresser dans tous les domaines de la vie; alors vos fronts seront couronnés du diadème de la gloire éternelle."



9.15. Les femmes et l'âge nouveau

Quand le point de vue féminin recevra la considération qui lui est due et que la volonté de la femme pourra s'exprimer normalement dans l'organisation de la société, nous pourrons espérer de grands progrès dans maintes questions qui, hélas, ont été trop souvent négligées sous l'ancien régime de prépondérance masculine, comme par exemple: la santé, la tempérance, la paix et le respect de la vie privée. Ces améliorations se feront sentir sur une large échelle par leurs effets bienfaisants. 'Abdu'l-Baha dit:

"Dans le passé, le monde a été gouverné par la force, et l'homme a dominé la femme en raison des caractéristiques plus impétueuses et plus agressives inhérentes tant à son cerveau qu'à sa constitution. Mais la balance penche déjà; la force perd de sa prépondérance, et la vivacité d'esprit, l'intuition, les qualités spirituelles d'amour et de dévouement qui caractérisent la femme acquièrent de plus en plus d'ascendant.

Aussi l'âge nouveau sera-t-il un âge moins masculin et plus imprégné des idéaux féminins ou, pour parler plus exactement, un âge au cours duquel les éléments féminins et masculins de la civilisation se trouveront dans un juste équilibre."
(Star of the West, vol. VIII, n 3, p. 4, tiré d'un compte-rendu de remarques faites en arrivant à New-York à bord du S.S. Cedric.)



9.16. Abolition des méthodes de violence

Pour réaliser l'émancipation de la femme, de même que pour toute autre réforme, Baha'u'llah demande à ses disciples d'éviter toute violence. Un excellent exemple des méthodes baha'ies de réforme sociale a été illustré par les femmes baha'ies d'Iran, d'Égypte et de Syrie. La coutume de ces pays exige que les femmes musulmanes portent, en dehors de leur maison, un voile couvrant le visage. Le Bab indiqua que, dans la nouvelle dispensation, les femmes seraient délivrées de cette coutume fastidieuse, mais Baha'u'llah conseille à ses disciples de se soumettre aux coutumes en vigueur, si toutefois aucune question essentielle de moralité n'est en cause, jusqu'à ce que les masses soient éclairées, afin de ne pas scandaliser l'entourage ni soulever des réprobations inutiles.

Aussi, les femmes baha'ies, bien que convaincues de l'inutilité de cette coutume et du désagrément causé par le port du voile, se résignent-elles à cette incommodité plutôt que de soulever une tempête d'opposition furieuse et de haine fanatique hostile en découvrant leur visage en public. Ce n'est nullement par crainte qu'elles se conforment à cette coutume, mais parce qu'elles accordent toute confiance au pouvoir de l'éducation et aux effets réformateurs et vivifiants de la vraie religion. D

ans ces mêmes régions, les baha'is consacrent toute leur énergie à faire l'éducation de leurs enfants, particulièrement de leurs filles, à répandre et à promouvoir les idéaux baha'is. Ils savent que, au fur et à mesure que la nouvelle vie spirituelle s'accroîtra et s'étendra parmi les peuples, les coutumes désuètes et les préjugés disparaîtront peu à peu aussi naturellement et aussi inévitablement que les folioles du bourgeon tombent au printemps pour permettre aux feuilles et aux fleurs de s'épanouir au soleil.


9.17. Éducation

L'éducation, l'instruction et la formation des hommes, le développement et l'exercice de leurs facultés innées furent le but suprême de tous les saints prophètes depuis le commencement du monde et, dans les enseignements baha'is, l'importance fondamentale et les possibilités illimitées de l'éducation sont affirmées dans les termes les plus clairs. L'éducateur est l'agent civilisateur le plus puissant et sa tâche est la plus noble à laquelle l'homme puisse aspirer. L'éducation commence dans le sein de la mère et dure aussi longtemps que l'individu. Elle est constamment nécessaire pour mener une vie droite et constitue la base du bien-être social et individuel. Lorsque l'éducation bien comprise se généralisera, l'humanité sera transformée et le globe sera comme un paradis.

De nos jours, rencontrer un homme réellement bien éduqué est un fait des plus rares, car presque tout le monde a conservé des préjugés, de faux idéaux, des conceptions erronées ou de mauvaises habitudes incrustées depuis l'enfance. Combien rares sont ceux qui, dès leurs plus jeunes années, ont appris à aimer Dieu de tout leur coeur et à Lui dédier leur vie, à comprendre que le dévouement à l'humanité est le but le plus élevé de l'existence, à développer leurs capacités au maximum pour le bien de tous! Pourtant, ce sont certes là les éléments essentiels d'une bonne éducation. Arithmétique, grammaire, géographie, langues, etc., entassées dans la mémoire, ont relativement peu d'effet pour conduire une existence noble et utile.

Baha'u'llah dit que l'éducation doit être universelle:

"Il est décrété que tout père doit veiller à l'éducation de ses fils et de ses filles, leur enseigner la science et les lettres ainsi que tout ce qui a été ordonné dans la Tablette. Celui qui néglige ce qui a été commandé (relativement à l'éducation) alors qu'il en a les moyens, sera tenu par les administrateurs de la Maison de Justice de verser la somme nécessaire à l'éducation de ses enfants; au cas où les parents ne pourraient y pourvoir, l'éducation sera assurée par la Maison de Justice. En vérité, nous avons fait d'elle (la Maison de Justice) un refuge pour les pauvres et les nécessiteux.
Celui qui veille à l'éducation de son fils ou à celle de tout autre enfant, c'est comme s'il avait éduqué un de mes enfants; sur lui reposent ma gloire, mon aimante bienveillance, ma compassion qui ont entouré le monde."
(Les Splendeurs, dans Foi mondiale baha'ie, p. 357.) Ouvrir le livre Les Tablettes de Baha'u'llah

"Hommes et femmes doivent donner une partie de ce qu'ils gagnent par leur métier, leur commerce, par l'agriculture ou toute autre activité, à une personne digne de confiance; cette somme servira à l'éducation et à l'instruction des enfants, sous la direction des administrateurs (ou membres) de la Maison de Justice."
(Tablette du monde, dans Foi mondiale baha'ie, p. 306.)
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9.18. Différences innées entre les humains

Selon la conception baha'ie, la nature de l'enfant n'est pas semblable à de la cire molle que l'éducateur pourrait modeler indifféremment à sa guise. Non, dès le début, les enfants sont dotés par Dieu d'un caractère et d'une individualité propres qui, dans chaque cas, ne se développeront à leur avantage que d'une manière particulière et unique. Il n'est pas deux personnes douées des mêmes capacités et des mêmes talents, et un éducateur consciencieux ne tentera jamais d'imprimer le même moule à deux personnes. En fait, il n'imposera jamais aucune forme à qui que ce soit. Mais il s'appliquera plutôt à développer, en les respectant, les aptitudes d'une jeune nature, à les stimuler, à les protéger et à leur fournir les éléments et l'assistance nécessaires. Son oeuvre est comparable à celle du jardinier qui soigne différentes plantes. L'une aime le soleil ardent, l'autre l'ombre fraîche; l'une se complaît dans les fonds humides, l'autre dans les terrains secs; l'une grandit mieux dans un sol sablonneux, l'autre dans une terre grasse. Il faut donner à chacun ce qui lui convient, sinon les perfections latentes ne peuvent se révéler pleinement.

'Abdu'l-Baha dit:

"Les prophètes connaissent l'effet puissant de l'éducation sur la race humaine, mais ils insistent sur le fait que les capacités mentales et le degré de compréhension sont originairement différents. Nous voyons certains enfants du même âge, de la même race, nés dans un même pays, que dis-je, d'une même famille, sous la tutelle du même maître, mais dont l'intelligence et les facultés sont différentes. De quelque façon que l'on traite (ou polisse) le coquillage, jamais il ne deviendra une perle éblouissante. La pierre noire ne deviendra pas la gemme qui illumine le monde. Le cactus épineux, même cultivé et développé, ne deviendra jamais l'arbre béni.

En un mot, l'éducation ne change pas la nature essentielle du joyau humain mais elle produit sur lui un effet merveilleux. Par son pouvoir efficace, l'éducation révélera toutes les vertus et toutes les capacités qui existent à l'état latent dans la réalité humaine."
(Tablets of 'Abdu'l-Baha, vol. III, p. 577.)
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9.19. Développement du caractère

Le point le plus important dans l'éducation est le développement du caractère. À cet égard, les exemples sont plus efficaces que les préceptes; le genre de vie et la personnalité des parents, des instituteurs et de l'entourage sont des facteurs de la plus haute importance.

Les prophètes de Dieu sont les éducateurs par excellence de l'humanité; leurs recommandations et l'exemple de leur vie doivent être inculqués à l'enfant dès qu'il peut les comprendre. Les paroles de l'instructeur suprême, Baha'u'llah, sont d'une importance spéciale, car elles révèlent les principes de base selon lesquels la civilisation future doit être édifiée. Il dit:

"Enseignez à vos enfants ce qui a été révélé par la Plume de gloire. Instruisez-les de ce qui est descendu du ciel de grandeur et de puissance. Faites-leur apprendre les tablettes du Miséricordieux; qu'ils les chantent d'une voix des plus mélodieuses dans le sanctuaire du Mashriqu'l-Adhkar."
(Star of the West, vol. IX, n 7, p.81.)



9.20. Arts, sciences, métiers

L'étude des arts, des sciences, des métiers et des professions utiles est aussi importante que nécessaire.

Baha'u'llah dit:

"Les connaissances sont comme des ailes pour l'être humain, ce sont les échelons pour son ascension. Chacun doit acquérir des connaissances, mais dans les seules sciences qui peuvent profiter aux peuples de la terre et non dans celles qui commencent et finissent par de vains mots. La société a une grande dette envers les hommes de science et les artistes. En fait, ce qui fait la véritable richesse de l'homme, c'est son savoir. Le savoir confère l'honneur, la prospérité, la joie, la satisfaction, le bonheur et l'allégresse."
(Les Révélations, dans Foi mondiale baha'ie, p. 339.)
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9.21. Le traitement des criminels

Dans une causerie sur la méthode la plus équitable de traitement des criminels, 'Abdu'l-Baha s'exprima ainsi:

"Pour éviter les crimes, le meilleur moyen est de faire l'éducation des peuples de telle sorte... qu'ils tremblent à l'idée de perpétrer un crime, et que celui-ci leur apparaisse comme le plus grand châtiment en soi, le pire tourment, la suprême condamnation. Ainsi aucun délit méritant châtiment ne sera plus commis...

Si quelqu'un opprime, offense ou fait du tort à une autre personne et que l'offensé lui rende le mal pour le mal, il se venge, ce qui est répréhensible... Si Pierre déshonore Paul, celui-ci n'a pas le droit de déshonorer Pierre; s'il le fait, c'est une pure vengeance et il agit mal. Il doit, au contraire, rendre le bien pour le mal; il doit non seulement pardonner mais encore, si possible, rendre service à son oppresseur. Une telle attitude est celle qui convient à l'homme, car où est l'avantage de la vengeance? Les deux actions se valent; si l'une est répréhensible, elles le sont toutes les deux. La seule différence est que l'une a été commise en premier lieu et l'autre après.

Quant à la communauté, elle a le droit de se protéger et de se défendre; en outre, la société n'éprouve ni haine ni animosité à l'égard du meurtrier; elle le punit et l'emprisonne uniquement pour assurer la protection et la sécurité des autres...

Ainsi, quand le Christ a dit: "Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui l'autre", son but était d'apprendre aux hommes à ne pas exercer de revanche personnelle. Il ne voulait pas dire que si un loup se jetait sur un troupeau de moutons pour le décimer, il faudrait l'encourager. Non, car si le Christ avait appris qu'un loup, entré dans la bergerie, se préparait à tuer les moutons, il l'en aurait certainement empêché...

La constitution des communautés repose sur la justice... Le pardon et la miséricorde préconisés par le Christ n'impliquent pas la soumission à un ennemi tyrannique; si une nation attaque votre pays, si vos maisons sont incendiées, vos biens pillés, vos femmes, vos enfants et vos proches brutalisés, votre honneur outragé, vous ne devez pas vous soumettre à ces ennemis tyranniques ni leur permettre d'exercer la cruauté et l'oppression. Non, les paroles du Christ concernent l'attitude réciproque de deux personnes. Si l'une assaille l'autre, la victime doit pardonner. Mais la société doit protéger les droits de l'homme... Ajoutons cette remarque: les collectivités s'occupent jour et nuit à établir des lois pénales, à préparer et perfectionner des instruments et des moyens de répression. On construit des prisons, on forge des chaînes et des entraves, on installe des lieux d'exil et de bannissement, on met au point différentes sortes de tortures et de peines expiatoires et on espère discipliner les criminels par ces moyens, alors qu'en réalité ils provoquent la destruction de la moralité et la perversion des êtres. La société doit au contraire s'évertuer de tout son coeur, jour et nuit, à faire l'éducation des hommes, à les aider à progresser un peu plus chaque jour, à accroître leur science et leur savoir, à leur permettre d'acquérir les vertus et une saine moralité, à abandonner tout vice afin que le crime ne puisse plus exister."
('ABDU'L-BAHA, Les Leçons de St-Jean-d'Acre, pp. 277 à 281.)
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9.22. Influence de la presse

Baha'u'llah relève l'importance du rôle de la presse en tant qu'auxiliaire pour répandre la connaissance et l'éducation parmi les peuples, ainsi que son pouvoir de civiliser les masses lorsqu'elle est bien dirigée. Il écrit:

"En ce jour, les mystères de la terre sont dévoilés et mis en évidence devant tous les yeux, et les pages de nouvelles publiées dans les journaux sont vraiment le miroir du monde; les faits et les événements qui se produisent en différentes nations y sont relatés et illustrés, informant ainsi le monde. Les journaux sont comme un miroir doué de l'entendement, de la vue et de la parole; c'est un phénomène étonnant, une question d'importance.

Mais il incombe aux rédacteurs et aux éditeurs de journaux de se libérer de tout préjugé, de l'égoïsme et des convoitises et de se distinguer par la parure de la justice et de l'équité. Ils doivent s'efforcer de s'informer aussi complètement que possible afin de connaître les faits réels et les reproduire tels qu'ils se présentent. Ce que les journaux ont publié à propos de cet opprimé était le plus souvent dénué de fondement. Les intentions pures et la véracité occupent une position et un rang élevés, comparables à l'astre qui s'est levé à l'horizon du ciel de la connaissance."
(Les Ornements, dans Foi mondiale baha'ie, p. 304.)
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