BAHA'U'LLAH
ET L'ÈRE NOUVELLE
Une introduction à la foi baha'ie
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11. PLUSIEURS ORDONNANCES ET ENSEIGNEMENTS
"Sache qu'en
chaque âge, en chaque dispensation, tous les commandements sont rapportés et
adaptés aux exigences de l'époque, sauf la loi d'amour qui, comme une fontaine,
coule perpétuellement et demeure immuable." (BAHA'U'LLAH)
11.1. La vie monacale
Ainsi que le fit déjà Muhammad, Baha'u'llah interdit à ses disciples de mener
une vie de réclusion monastique. Dans la Tablette à Napoléon III, nous lisons:
"Dis! Ô assemblées de moines! Ne restez pas enfermés dans les cloîtres et
les cellules mais, à mon commandement, abandonnez-les pour vous occuper de ce
qui sera profitable à votre âme et à celle d'autrui...
Mariez-vous, afin que quelqu'un puisse vous succéder, car Nous vous avons interdit
les actions hypocrites mais non pas ce qui prouve la fidélité. Abandonnant les
principes de Dieu, vous avez suivi vos propres inclinations. Craignez le Seigneur
et ne restez pas insouciants. Si ce n'était l'homme, qui donc mentionnerait
mon nom sur ma terre et comment mes qualités et mes attributs seraient-ils révélés?
Soyez réfléchis, ne restez pas voilés ou en léthargie. Celui qui ne se maria
jamais (Jésus) n'avait aucun refuge où s'abriter, nul foyer pour se reposer
et cela par l'oeuvre des mains de la perfidie.
La sainteté de son âme ne dépendait pas de ce que vous croyez ou imaginez, mais
plutôt de ce que Nous possédons. Demandez, afin de pouvoir comprendre son rang
qui dépasse toute imagination sur cette terre. Bénis sont ceux qui savent!"
(L'Oeuvre de Baha'u'llah, t. II, pp. 84 et 85.)
La proclamation de Baha'u'llah
N'est-il pas étrange que des sectes chrétiennes aient institué la vie monastique
et le célibat pour le clergé, alors que le Christ choisit pour disciples des
hommes mariés, que lui-même et ses apôtres vécurent une existence de bienfaisance
active, en étroite association et en ayant des rapports familiers avec le peuple?
Nous lisons dans le Qur'an:
"...Jésus, fils de Marie. Nous lui avons donné l'Évangile. Nous avons établi
dans les coeurs de ceux qui le suivent la mansuétude, la compassion et la vie
monastique qu'ils ont instaurée--nous ne la leur avions pas prescrite--uniquement
poussés par la recherche de la satisfaction de Dieu. Mais ils ne l'ont pas observée
comme ils auraient dû le faire."
(Qur'an, LVII: 27.)
Le Coran
Quelles que soient les raisons qui aient pu justifier la vie monacale en des
circonstances et des temps passés, Baha'u'llah déclare que de telles justifications
n'ont plus de raison d'être et, en vérité, il est évident qu'un appauvrissement
spirituel de la race peut se produire si un grand nombre d'êtres pieux, craignant
Dieu, se retirent de toute association avec leurs semblables et rejettent leurs
devoirs et leurs responsabilités familiales.
11.2. Le mariage
Les enseignements baha'is prescrivent la monogamie, et Baha'u'llah fait dépendre
le mariage d'un libre consentement de part et d'autre ainsi que de l'approbation
des parents. Il dit dans le livre de l'Aqdas:
"En vérité, le mariage dépend, selon le Bayan (la révélation du Bab), du
consentement réciproque (des fiancés). Comme Nous désirons instaurer l'amour,
l'amitié et l'unité parmi les serviteurs, Nous avons posé cette condition supplémentaire:
le consentement des parents, afin d'éviter toute discorde et toute mésentente."
À ce sujet, 'Abdu'l-Baha écrivit à un interlocuteur:
"Quant à la question du mariage, selon la loi de Dieu: vous devez premièrement
fixer votre choix, et ensuite tout dépend du consentement des parents. Avant
votre décision, les parents n'ont aucun droit d'intervenir."
(Tablets of 'Abdu'l-Baha, vol. III, p.563.)
Sélection des écrits d'Abdu'l-Baha
'Abdu'l-Baha dit que, grâce à cette précaution de Baha'u'llah, les relations
tendues entre beaux-parents et beaux-enfants--devenues proverbiales dans les
pays chrétiens et musulmans--sont presque inconnues parmi les baha'is, et le
divorce y est aussi très rare. Il écrit au sujet du mariage:
"Le mariage baha'i implique une union et une affection chaleureuse de part
et d'autre. Les mariés doivent se témoigner l'attention la plus courtoise et
apprendre à se connaître mutuellement.
Le pacte ferme qui les lie doit ensuite devenir un lien éternel et leurs efforts
doivent tendre vers l'harmonie, l'amitié, l'unité et la vie éternelles...
Le mariage des baha'is signifie que l'homme et la femme doivent acquérir une
union matérielle et spirituelle, afin d'atteindre à l'unité éternelle qui les
liera dans tous les mondes divins et améliorera la vie spirituelle de l'un et
de l'autre.
Tel est le mariage baha'i."
(Tablets of 'Abdu'l-Baha, vol. II, p.326.)
Sélection des écrits d'Abdu'l-Baha
La cérémonie du mariage baha'i est très simple, la seule condition étant que
le marié et la mariée, en présence d'au moins deux témoins, disent chacun: "En
vérité, nous resterons fidèles à la volonté de Dieu."
11.3. Le divorce
En matière de divorce, comme pour le mariage, les instructions des prophètes
ont varié selon les circonstances et les époques. 'Abdu'l-Baha expose ainsi
les enseignements baha'is concernant le divorce:
"Les amis (baha'is) doivent strictement s'abstenir de divorcer, à moins que
quelque fait ne survienne qui les oblige à se séparer par suite d'une aversion
mutuelle; en ce cas, avec l'approbation de l'assemblée spirituelle, ils peuvent
décider de se séparer. Ils doivent alors patienter pendant une année entière.
Si, au cours de cette période indiquée, l'harmonie n'est pas rétablie entre
eux, alors le divorce peut être prononcé. Le royaume de Dieu est fondé sur l'harmonie
et l'amour, sur l'unité, l'alliance et l'union et non sur les divergences, particulièrement
entre époux. Si l'un d'eux provoque le divorce, de grandes difficultés l'assailliront
certainement; il sera victime de calamités terribles et en proie à de profonds
remords."
(Tablette aux baha'is d'Amérique.)
En ce qui concerne le divorce, comme en toutes circonstances, les baha'is respecteront
non seulement leurs enseignements propres, mais aussi les lois du pays dans
lequel ils résident.
11.4. Le calendrier baha'i
Chez les différents peuples et aux différentes époques, bien des systèmes ont
été utilisés pour la désignation des dates et la mesure du temps et, aujourd'hui
encore, plusieurs calendriers sont en vigueur:
- en Europe occidentale, le calendrier grégorien,
- dans plusieurs pays de l'Europe orientale, le calendrier julien,
- chez les israélites, le calendrier hébreu
- dans les pays islamiques, le calendrier musulman.
Le Bab signala l'importance de la dispensation qu'il annonçait en inaugurant
un calendrier nouveau. Dans celui-ci, comme dans le calendrier grégorien, la
base n'est plus celle du mois lunaire, mais celle de l'année solaire.
L'année baha'ie est constituée de dix-neuf mois de dix-neuf jours (trois cent
soixante et un jours) plus les jours intercalaires (quatre normalement et cinq
dans les années bissextiles) entre le dix-huitième et le dix-neuvième mois,
afin d'ajuster le calendrier à l'année solaire. Le Bab nomma les mois selon
la qualification des attributs de Dieu.
Le jour de l'an baha'i, comme celui de la Perse antique, est défini par l'astronomie;
il commence à l'équinoxe du printemps (21 mars), et l'ère baha'ie commence à
la déclaration du Bab (1844 après J.C.--1260 après l'hégire).
Dans un très proche avenir, il sera indispensable que tous les peuples du monde
s'entendent pour établir un calendrier commun.
Il semble donc désirable que l'ère nouvelle de l'unité possède un calendrier
nouveau, indépendant des diverses communautés, à l'abri des objections qui rendent
chacun des anciens calendriers inacceptables pour une bonne partie de la population
du monde.
Il serait difficile de trouver un arrangement plus simple et plus commode que
celui proposé par le Bab.
Les mois du calendrier baha'i sont les suivants:
arabe
Jours intercalaires: du 26 février au 1er mars inclus
11.5. Les assemblées spirituelles
Avant de terminer sa mission terrestre, 'Abdu'l-Baha avait fixé des bases pour
le développement de l'ordre administratif défini dans les Écrits de Baha'u'llah.
Afin de faire ressortir la haute importance attribuée à l'institution de l'assemblée
spirituelle, 'Abdu'l-Baha, dans une tablette, déclara que toute traduction devait
être approuvée par cette assemblée (en l'occurrence celle du Caire) avant d'être
publiée, même si le texte avait été revu et corrigé par lui.
L'assemblée spirituelle est le corps administratif de neuf personnes, élu annuellement
dans chaque communauté baha'ie locale; c'est un corps investi de l'autorité
nécessaire pour décider de toutes les activités collectives de la communauté.
Sa dénomination actuelle est temporaire puisque, dans l'avenir, les assemblées
spirituelles seront appelées maisons de justice.
Contrairement à l'organisation en vigueur dans les églises, caractérisée par
des institutions ecclésiastiques, ces corps administratifs baha'is sont plutôt
des institutions sociales. En effet, ils appliquent la loi de la consultation
pour toutes questions ou problèmes s'élevant entre baha'is auxquels il est demandé
de ne pas les porter devant la justice civile, mais de chercher à promouvoir
tant l'unité que la justice dans la communauté.
L'assemblée spirituelle ne peut en aucun cas être comparée à la prêtrise ni
au clergé: son rôle est de favoriser la diffusion des enseignements, de stimuler
le service actif, d'organiser les réunions, de maintenir l'unité, de gérer les
biens baha'is confiés par la communauté et d'assurer sa représentation dans
les relations avec le grand public et les autres communautés.
La nature des assemblées spirituelles, locales et nationales, est décrite plus
en détail dans le dernier chapitre du testament de 'Abdu'l-Baha, mais les fonctions
générales en ont été définies comme suit par Shoghi Effendi:
"Les questions relatives à l'enseignement, à l'orientation de celui-ci, aux
modes et aux moyens à employer, au développement et à la consolidation, toutes
choses si essentielles aux progrès de la cause, ne constituent pas le seul objectif
qui doive requérir toute l'attention des assemblées. Une étude approfondie des
tablettes de Baha'u'llah et de 'Abdu'l-Baha révélera d'autres devoirs--non moins
vitaux pour les intérêts de la cause--devoirs dévolus aux représentants élus
par les amis en chaque localité.
Il leur incombe d'être vigilants et circonspects, discrets et attentifs, afin
de protéger en tout temps le temple de la cause des flèches de l'opposition
et des assauts de l'ennemi.
Ils doivent s'efforcer de promouvoir l'amitié et la concorde parmi les amis,
d'effacer de leur coeur toute trace de méfiance, de froideur ou d'éloignement,
et ils doivent assurer, au sein de la communauté, une coopération active et
efficace en faveur de la cause.
Ils doivent en tout temps faire tout ce qu'ils peuvent pour tendre la main au
pauvre, au malade, à l'infirme, à l'orphelin, à la veuve, sans discrimination
de race, de classe ni de croyance.
Par tous les moyens en leur pouvoir, ils doivent fournir à la jeunesse un appui
tant matériel que spirituel, des moyens d'éducation pour les enfants, ils doivent
créer, chaque fois que l'occasion se présente, des institutions baha'ies pour
l'enseignement, organiser et surveiller leurs activités, leur procurer les meilleurs
moyens propres à leur progrès et à leur développement...
Ils ont encore à organiser les réunions régulières entre amis pour les fêtes
et les anniversaires, ainsi que des réunions spéciales destinées à favoriser
les intérêts sociaux, intellectuels et spirituels de leurs semblables.
Enfin, en ces jours où la cause n'est encore que dans sa prime jeunesse, ils
doivent surveiller toutes les publications et traductions baha'ies, assurer
à toute littérature baha'ie en général une présentation digne et correcte et
veiller à sa distribution dans le grand public."
(Ordre administratif de Baha'u'llah, p.26.)
Sommaire des compilations baha'ies
Les possibilités inhérentes aux institutions baha'ies ne peuvent être estimées
à leur juste valeur que si l'on réalise avec quelle rapidité la civilisation
se désagrège en raison de l'absence du pouvoir spirituel, seul capable d'implanter
la conscience des responsabilités et l'humilité nécessaires aux dirigeants,
ainsi que la loyauté individuelle aux membres de la société.
11.6. Fêtes baha'ies, anniversaires et période de jeûne
Fête de Naw-Ruz (nouvel an baha'i), 21 mars.
Fête du Ridvan (déclaration de Baha'u'llah), 21 avril au 2mai.
Déclaration du Bab, 23 mai [Cette date coïncide avec la naissance de 'Abdu'l-Baha].
Ascension de Baha'u'llah, 29 mai.
Martyre du Bab, 9 juillet.
Naissance du Bab, 20 octobre.
Naissance de Baha'u'llah, 12 novembre.
Jour de l'alliance, 26 novembre.
Ascension de 'Abdu'l-Baha, 28 novembre.
Période de jeûne de 19 jours, commençant le 2 mars.
11.7. Fêtes baha'ies
L'allégresse inhérente à la religion baha'ie trouve son expression dans les
nombreuses fêtes et jours fériés de l'année.
En 1912, dans une causerie qu'il fit à Alexandrie (Égypte), à l'occasion de
la fête de Naw-Ruz, 'Abdu'l-Baha a dit:
"Selon les lois sacrées de Dieu, dans chaque cycle, chaque dispensation,
il y a des fêtes bénies, des jours fériés, des jours de repos. Ces jours-là,
toutes les occupations commerciales, industrielles, agricoles ou autres devraient
être suspendues.
Tous devraient se réjouir ensemble, organiser des réunions générales, former
une assemblée unique afin que l'unité et l'harmonie des nations éclatent aux
yeux de tous.
Puisque c'est un jour béni, il ne faut pas que cette occasion soit négligée
ni que ce jour reste stérile par la poursuite du seul plaisir.
En de tels jours, on devrait fonder des institutions dont la valeur reste une
source de bienfait permanent pour tous les peuples...
Aujourd'hui, il n'est pas de résultat plus appréciable, de réalisation plus
utile que de guider le peuple. C'est en de tels jours que les amis de Dieu doivent
laisser des marques tangibles de leur philanthropie et de leur idéal, pas seulement
pour les baha'is, mais pour l'humanité entière. Dans cette dispensation merveilleuse,
les actions philanthropiques doivent profiter à toute l'humanité sans exception,
parce qu'elles sont une manifestation de la générosité divine. Par conséquent,
je garde l'espoir que chacun des amis de Dieu personnifie de plus en plus la
miséricorde de Dieu envers le genre humain."
Les fêtes de Naw-Ruz (Nouvel An) et du Ridvan, les anniversaires de la naissance
du Bab et de Baha'u'llah, celui de la déclaration du Bab (qui est en même temps
celui de la naissance de 'Abdu'l-Baha) sont les principales réjouissances de
l'année pour les baha'is. En Iran on les célèbre par des pique-niques et des
réunions joyeuses auxquels les croyants participent en faisant de la musique,
en chantant des tablettes et des versets ou en prononçant de courtes allocutions
appropriées aux circonstances.
Les jours intercalaires--entre le dix-huitième et le dix-neuvième mois, du 26
février au 1er mars inclus--sont tout spécialement consacrés aux réceptions
entre amis, aux échanges de cadeaux, aux soins à donner aux pauvres et aux malades,
etc.
Les anniversaires du martyre du Bab, de la mort de Baha'u'llah et de 'Abdu'l-Baha
sont solennellement célébrés par des réunions et des allocutions de circonstance,
des prières et des tablettes récitées ou chantées.
11.8. Le jeûne
Le dix-neuvième mois, succédant aux jours intercalaires (réservés à l'hospitalité)
est le mois du jeûne. Ce jeûne consiste à s'abstenir de manger et de boire du
lever au coucher du soleil; il est observé durant dix-neuf jours. Comme ce mois
finit à l'équinoxe de mars, le jeûne a toujours lieu pendant la même saison--c'est-à-dire
à l'arrivée du printemps dans l'hémisphère nord, de l'automne dans l'hémisphère
sud: il ne coïncide jamais avec la chaleur ou le froid extrêmes pendant lesquels
il risquerait d'être pénible.
De plus, en cette saison, la longueur des journées est à peu près la même (de
six heures du matin à six heures du soir) dans toutes les régions habitées du
globe. Le jeûne ne doit pas être observé par les enfants, les malades, ceux
qui voyagent, les personnes trop âgées ou trop faibles, ni par les futures mères
ou celles qui nourrissent un enfant.
Il est prouvé qu'un jeûne périodique, tel que celui qui est prescrit dans les
enseignements baha'is, est très profitable au point de vue de l'hygiène physique
mais, tout comme la réalité des fêtes baha'ies ne doit pas être liée à la consommation
de nourritures terrestres mais à la commémoration de Dieu qui est notre nourriture
spirituelle, ainsi la réalité du jeûne baha'i ne consiste pas dans l'abstention
de nourriture terrestre, bien que cela puisse aider à la purification du corps,
mais dans l'abstention de toute convoitise et de désirs charnels et dans le
détachement de tout, sauf de Dieu.
'Abdu'l-Baha dit:
"Le jeûne est un symbole. Jeûner signifie s'abstenir de tout désir. Le jeûne
physique est le symbole de cette abstinence, c'est un rappel; tandis que l'on
refrène l'appétit physique, il faut s'abstenir des convoitises personnelles
et des désirs égoïstes. Mais se passer uniquement de nourriture n'a aucun effet
sur l'esprit. C'est uniquement un symbole, un rappel. Autrement, cela n'a aucune
importance. Jeûner pour atteindre le détachement ne signifie pas s'abstenir
entièrement de nourriture. La règle d'or est: ni trop ni trop peu. La modération
est nécessaire. Il existe une secte aux Indes dont les membres pratiquent l'abstinence
à l'extrême, réduisant graduellement leur nourriture jusqu'à pouvoir s'en passer
presque complètement. Mais leur intelligence en souffre. Un homme n'est pas
capable de servir Dieu efficacement, tant matériellement que spirituellement,
s'il est affaibli par le manque de nourriture. Il ne possède pas toute sa lucidité."
(Cité par Miss E.S. Stevens dans Fortnightly Review, juin 1911.)
11.9. Les réunions
'Abdu'l-Baha attache la plus grande importance aux réunions régulières des croyants
pour l'adoration en commun, car elles permettent d'expliquer et d'étudier les
enseignements et de se consulter en vue des progrès de la foi. Dans une de ses
tablettes, il dit:
"Il a été décidé, selon le désir de Dieu, qu'en Occident, l'union et l'harmonie
doivent croître de jour en jour parmi les amis de Dieu et les servantes du Miséricordieux.
Tant que ce but ne sera pas atteint, les affaires ne pourront progresser par
aucun moyen, quel qu'il soit. Les plus grandes occasions d'établir cette union
et cette harmonie sont les réunions spirituelles. Ceci est très important: c'est
comme un aimant qui attire des confirmations divines."
(Tablets of 'Abdu'l-Baha, vol. I, pp. 124 et 125.)
Sélection des écrits d'Abdu'l-Baha
Au cours des réunions spirituelles baha'ies, les contestations, les discussions
politiques ou mondaines doivent être soigneusement évitées; le but primordial
des croyants devrait être l'étude et l'enseignement de la vérité divine, la
purification du coeur et de l'âme par l'amour divin, la recherche d'une obéissance
plus parfaite à la volonté divine et la coopération à l'établissement du royaume
de Dieu. Dans une allocution faite à New York en 1912, 'Abdu'l-Baha a dit:
"J'espère que les réunions de l'assemblée baha'ie de New York ressembleront
à celles de l'Assemblée suprême. Lorsque vous vous réunissez, il faudrait refléter
les lumières du royaume céleste. Que vos coeurs soient des miroirs dans lesquels
le rayonnement du Soleil de Vérité est visible. Chaque coeur doit être un relais
télégraphique--dont un fil est attaché au plus profond de l'âme et l'autre relié
au royaume d'Abha--afin que des messages puissent s'échanger. Alors, les opinions
coïncideront avec la vérité; jour après jour, il y aura des progrès et les réunions
deviendront de plus en plus radieuses et spirituelles. Ceci se réalisera grâce
à l'unité et à l'harmonie. Plus régneront l'amour et l'harmonie, plus les confirmations
divines et l'aide de la Beauté bénie vous soutiendront."
Dans une de ses tablettes, il dit encore:
"Au cours de ces réunions, toute conversation s'écartant du sujet devrait
être évitée. Il faudrait plutôt se limiter à chanter des versets, lire les Écritures
saintes, considérer toute question concernant la cause de Dieu, c'est-à-dire
les preuves et les arguments concluants et les Écrits du Bien-Aimé des nations.
Ceux qui assisteront à ces réunions s'y prépareront dans une tenue correcte
et propre, se tourneront vers le royaume d'Abha et s'y rendront ensuite dans
un esprit d'humilité et de soumission. Pendant la lecture des textes, ils resteront
silencieux. Si quelqu'un désire prendre la parole, il le fera en toute humilité,
de manière concise et courtoise."
11.10. La Fête des dix-neuf jours
En raison du développement de l'ordre administratif baha'i, depuis l'ascension
de 'Abdu'l-Baha, la Fête des dix-neuf jours, qui a lieu le premier jour de chaque
mois baha'i, revêt une importance très particulière du fait qu'elle procure
non seulement l'occasion de lire des prières et des textes des Écritures saintes
en commun mais permet, de plus, une consultation générale sur toutes les activités
baha'ies en cours. Cette fête est l'occasion pour l'assemblée spirituelle de
fournir les rapports à la communauté et d'inviter tous les membres à discuter
les plans ou à faire des suggestions susceptibles de renouveler et d'améliorer
les moyens d'action.
11.11. Le Mashriqu'l-Adhkar
[Adhkar : prononcer Azkar en persan]
Baha'u'llah a laissé des instructions pour les temples d'adoration à ériger
par ses adeptes dans chaque pays et chaque ville. Il les appela: Mashriqu'l-Adhkar,
ce qui signifie: "Point d'aurore de la louange de Dieu".
Ce Mashriqu'l-Adhkar doit être un bâtiment à neuf côtés, surmonté d'un dôme;
il doit être aussi artistique que possible, tant par son architecture que par
son exécution. Il sera érigé dans un parc orné de fontaines, d'arbres et de
fleurs. Autour de lui seront construits plusieurs bâtiments complémentaires
réservés à des oeuvres sociales, éducatives et philanthropiques; ainsi, l'adoration
de Dieu dans le temple sera-t-elle toujours étroitement liée, d'une part, au
ravissement déférent qu'on éprouve devant les beautés de la nature et de l'art
et, de l'autre, à des activités concrètes pour l'amélioration des conditions
sociales.
[Il est intéressant de faire le parallèle entre le Mashriqu'l-Adhkar et l'image
décrite en vers par Tennyson. Voici la traduction de ce poème: "J'ai rêvé que
pierre à pierre j'élevais un sanctuaire sacré, un temple: ni pagode, ni mosquée,
ni église, mais plus élevé, plus simple et toujours grand ouvert à tous les
souffles des cieux; et la vérité et la paix et l'amour et la justice venaient
l'habiter." (Akbar's dream, 1892.)]
Jusqu'à présent les baha'is d'Iran ont été empêchés de construire des temples
ouverts au public et le premier grand Mashriqu'l-Adhkar fut construit à 'Ishqabad,
en Russie [Cette première maison d'adoration fut sérieusement endommagée
lors d'un tremblement de terre en 1948 et dut être démolie quelques années plus
tard]. Le second s'élève à Wilmette, au bord du lac Michigan, à quelques
kilomètres au nord de Chicago. 'Abdu'l-Baha en consacra l'emplacement lors de
sa visite en Amérique en 1912 [Ce temple fut achevé en 1953. Depuis, d'autres
temples baha'is ont été construits à Kampala (Uganda), Sydney (Australie) et
Francfort (Allemagne), Panama (Panama), Apia (Samoa Occidental), et New-Delhi
(Inde). Aujourd'hui, en 1989, des terrains ont été acquis pour y bâtir 126 autres
temples (voir épilogue)].
'Abdu'l-Baha, dans ses tablettes se rapportant à ce temple-mère de l'Ouest,
écrit ce qui suit:
"Loué soit Dieu! De tous les pays du monde, en ce moment, chacun apporte
sa contribution, selon ses moyens, pour le fonds destiné à la construction du
Mashriqu'l-Adhkar d'Amérique... Depuis l'époque d'Adam jusqu'à ce jour, l'homme
n'a jamais été témoin d'une chose pareille: des contributions sont parvenues
des pays les plus reculés d'Asie jusqu'en Amérique. Ceci n'est possible que
grâce au pouvoir de l'alliance de Dieu. En vérité, ce fait provoque l'émerveillement
de tous ceux qui sont doués d'intuition. Il est à espérer que les croyants en
Dieu feront preuve de générosité et qu'ils rassembleront une somme importante
pour cette construction... Je désire que chacun soit libre d'agir comme il lui
plaît. Si quelqu'un veut employer son argent à d'autres fins, qu'il le fasse.
N'influencez personne d'aucune manière, mais soyez certains que la chose la
plus importante à l'heure actuelle est la construction du Mashriqu'l-Adhka.
...Le mystère de cet édifice est grand et ne peut encore être dévoilé, mais
sa construction est la plus importante des entreprises actuelles. Le Mashriqu'l-Adhkar
comporte d'importants bâtiments annexes. Ce sont: l'orphelinat, l'hôpital et
le dispensaire pour indigents, la maison pour incurables, l'université pour
l'éducation scientifique et l'hospice. Dans chaque ville, un grand Mashriqu'l-Adhkar
devrait être construit sur ces données. Le Mashriqu'l-Adhkar retentira chaque
matin des louanges rendues à Dieu. Il n'y aura pas d'orgue dans le temple. Dans
les édifices voisins auront lieu des fêtes, des célébrations, des congrès, des
réunions publiques et des assemblées spirituelles, mais, dans le temple, cantiques
et plains-chants s'élèveront sans accompagnement. Et ouvrez toutes grandes ses
portes à l'humanité tout entière!
Lorsque ces institutions: collège, hôpital, hospice, maison de repos, université
des hautes études pour l'obtention des grades supérieurs, et les autres édifices
à caractère philanthropique seront établis, ils seront ouverts à toutes les
nations et à toutes les religions. Toute cloison étanche sera abolie. Les charités
seront dispensées sans distinction de couleur ni de race. Les portails seront
grands ouverts au genre humain, sans préjugé envers qui que ce soit, mais avec
amour. L'édifice central sera consacré à la prière et à l'adoration. Ainsi...
la religion pourra entrer en harmonie avec la science, la science servira la
religion, toutes deux répandant à foison leurs bienfaits matériels et spirituels
sur toute l'humanité."
11.12. La vie après la mort
Baha'u'llah nous dit que la vie dans le corps n'est que le stade embryonnaire
de notre existence et que l'abandon de ce corps constitue une nouvelle naissance
qui ouvre à l'esprit humain une vie plus épanouie et plus libre. Il écrit:
"Sache en vérité que l'âme, après s'être libérée du corps, continuera de
progresser dans un état et des conditions que ne pourront altérer ni la révolution
des âges et des siècles, ni les hasards et vicissitudes de ce monde, jusqu'à
ce qu'elle ait accédé à la présence de Dieu. Elle persistera aussi longtemps
que le royaume de Dieu lui-même, sa souveraineté, son empire et sa puissance.
Elle manifestera les signes de Dieu et ses attributs, elle révélera sa tendre
bonté et sa générosité. Le mouvement qui anime ma plume s'arrête, impuissant
à décrire convenablement la gloire et la noblesse d'un si sublime état. L'honneur
conféré à l'âme par la Main de miséricorde sera tel que ni les mots ni tout
autre moyen ici-bas ne pourraient le révéler ni le décrire de manière adéquate.
Bénie est l'âme qui, à l'heure où elle se sépare du corps, se trouve purifiée
des vaines imaginations des peuples du monde! Une telle âme vit et se meut selon
la volonté de son Créateur et s'élève jusqu'aux régions supérieures du paradis.
Les célestes houris, hôtesses des résidences suprêmes, l'entoureront; les prophètes
de Dieu et ses élus rechercheront sa compagnie. Cette âme conversera librement
avec eux et leur exposera tout ce qu'elle a enduré dans le chemin de Dieu, le
Seigneur de tous les mondes. Si l'homme pouvait prendre conscience de ce qui
est réservé à une telle âme dans les royaumes de Dieu, le Seigneur du trône
céleste et de cette terre, son être entier se consumerait instantanément du
désir d'atteindre un si sublime, un si pur et resplendissant état...
La nature de l'âme après la mort ne peut jamais être décrite, et il n'est ni
opportun ni permis d'en révéler pleinement le caractère aux yeux des hommes.
Les prophètes et les messagers de Dieu ont été envoyés dans le seul but de guider
l'humanité dans le chemin direct vers la vérité. L'objet primordial de leur
révélation est d'instruire les hommes afin qu'ils puissent, à l'heure de la
mort, s'élever vers le trône du Très-Haut, en toute pureté et sainteté, dans
un détachement absolu. De la lumière irradiée par ces âmes dépendent les progrès
du monde et l'avancement des peuples. Elles sont comme un levain qui transforme
l'existence et constituent la force animatrice qui fait éclore les arts et toutes
les merveilles du monde. C'est par elles que les ondées célestes arrosent les
hommes de leurs bienfaits et que la terre prodigue ses fruits. Toute chose a
nécessairement une origine, un pouvoir moteur, un principe animateur.
Ces âmes, symboles de détachement, ont fourni et continueront de fournir l'impulsion
créatrice suprême au monde de l'existence. L'au-delà est aussi différent de
ce monde que l'est notre terre de celui de l'enfant encore dans le sein de sa
mère..."
(Extraits des Écrits de Baha'u'llah, LXXXI, pp. 103 et 104.)
Extraits des Ecrits de Baha'u'llah
De même, 'Abdu'l-Baha écrit:
"Les mystères inaccessibles à l'homme sur la terre lui seront dévoilés dans
le monde céleste; là, il sera informé des secrets de la vérité; à plus forte
raison découvrira-t-il ou reconnaîtra-t-il les personnes avec lesquelles il
a été en rapport! Sans aucun doute, les saintes âmes douées d'une vision pure
et de perception seront, dans le royaume des lumières, informées de tous les
mystères et elles rechercheront la faveur de contempler la réalité de toutes
les grandes âmes. En ce monde, elles contempleront même de façon manifeste la
beauté de Dieu. De plus, elles y retrouveront tous les amis de Dieu, ceux d'autrefois
comme ceux d'aujourd'hui, tous présents au rassemblement céleste.
Les caractéristiques et les distinctions qui existent entre les hommes deviendront
naturellement apparentes après leur départ de ce monde mortel. Cette distinction
ne se rapporte pas aux lieux, mais seulement à l'âme et à la conscience. Car
le royaume de Dieu est sanctifié du temps et de l'espace, c'est un autre monde
et un autre univers.
Sache en toute certitude que dans les mondes divins, les bien-aimés spirituels
se reconnaîtront les uns les autres et qu'ils chercheront à s'unir, mais dans
une union spirituelle. De même, l'amour qu'on a pu éprouver pour quelqu'un ne
sera pas oublié dans le monde du royaume, pas plus que tu n'oublieras ce que
fut ta vie dans le monde matériel."
(Tablets of 'Abdu'l-Baha, vol. I, p.205.)
Sélection des écrits d'Abdu'l-Baha
11.13. Ciel et enfer
Baha'u'llah et 'Abdu'l-Baha considèrent les descriptions du ciel et de l'enfer
données par les anciennes Écritures religieuses et dans l'histoire biblique
de la création comme symboliques et non littéralement vraies. Selon eux, le
ciel est l'état de perfection et l'enfer l'état d'imperfection; le ciel représente
l'harmonie avec la volonté de Dieu et avec nos semblables tandis que l'enfer
est l'absence de cette harmonie; le ciel est la condition de la vie spirituelle,
l'enfer celui de la mort spirituelle. Un homme peut se trouver au ciel ou en
enfer même s'il est encore sur terre. Les joies du paradis sont des joies spirituelles
tandis que les peines de l'enfer consistent en la privation de ces joies.
'Abdu'l-Baha dit:
"Lorsque, par la lumière de la foi, les hommes sont délivrés des noirceurs
du vice, qu'ils sont éclairés par les rayons du Soleil de Vérité et qu'ils s'ennoblissent
de toutes les vertus, ils estiment cet état comme la plus belle des récompenses
et savent qu'il constitue le paradis véritable. De même, ils considèrent comme
un châtiment spirituel... le fait d'être asservi au monde de la nature, d'être
séparé de Dieu, d'être brutal et ignorant, de succomber aux convoitises de la
chair, de céder à des faiblesses animales, d'être caractérisé par de noirs défauts...
pour eux, ce sont les pires châtiments et les pires tortures...
Les récompenses de l'autre monde sont les perfections et la paix que l'on obtient
dans les mondes de l'esprit après avoir quitté celui-ci... les grâces spirituelles,
les divers dons spirituels du royaume de Dieu, la réalisation des désirs de
l'âme et du coeur et la rencontre de Dieu dans le monde de l'éternité. De même,
les châtiments de l'au-delà... consistent en la privation des bénédictions divines
spéciales et des bontés absolues, en la déchéance vers les degrés inférieurs
de l'existence. Celui qui se prive des bienfaits divins, bien que son âme persiste
après la mort, est cependant considéré comme inexistant par le peuple de la
vérité.
La richesse de l'autre monde, c'est la proximité de Dieu. Par conséquent, il
est certain que ceux qui sont près du parvis céleste peuvent intercéder; et
cette intercession reçoit l'approbation de Dieu... Il est même possible à ceux
qui sont morts en état de péché et d'impiété de changer de condition, c'est-à-dire
qu'ils peuvent faire l'objet du pardon par la bonté de Dieu, mais non par sa
justice; car la bonté donne sans compter, tandis que la justice accorde selon
le mérite. De même que nous possédons ici-bas la faculté de prier pour ces âmes,
de même serons-nous doués d'un pouvoir similaire dans l'autre monde qui est
le royaume de Dieu... Par conséquent, le progrès est également possible dans
l'autre monde. Là aussi on peut recevoir la lumière par ses propres supplications,
là aussi on peut demander pardon et recevoir la rémission par ses prières et
ses supplications.
Avant de quitter cette forme matérielle, de même qu'après, nous pouvons progresser
vers la perfection, mais non pas changer d'état... Il n'est pas d'être supérieur
à l'homme parfait. Lorsque l'être humain atteint cette condition, il lui est
toujours possible d'avancer vers plus de perfection mais non de changer son
état, parce qu'il n'existe aucune condition plus élevée qui lui soit accessible.
Il progresse uniquement dans son état humain, car les perfections humaines sont
sans limites. Ainsi, si savant que soit un homme, on peut en imaginer un plus
savant. De sorte que les perfections humaines étant illimitées, l'homme peut
aussi poursuivre son perfectionnement après avoir quitté cette planète."
(Les Leçons de Saint-Jean-d'Acre, pp. 229 à 242.)
Les leçons de Saint-Jean d'Acre
11.14. L'unité des deux mondes
L'unité de l'humanité, telle qu'elle est enseignée par Baha'u'llah, englobe
non seulement les êtres vivant sur la terre mais tous les êtres humains présents
ou disparus. Non seulement tous les habitants de la terre, mais aussi tous ceux
du monde spirituel font partie d'un seul et même organisme dont les deux parties
sont étroitement liées. Leur communion spirituelle, loin d'être impossible ou
surnaturelle, est constante et inévitable. Ceux dont les facultés spirituelles
ne sont pas encore développées n'ont pas conscience de cette connexion vitale,
mais à mesure que nos facultés se développent, les communications avec ceux
qui sont derrière le voile deviennent graduellement plus conscientes et plus
définies. Pour les prophètes et les saints, cette communion spirituelle est
aussi familière et aussi réelle que la vue et la conversation pour le reste
du genre humain.
'Abdu'l-Baha dit:
"Les visions des prophètes ne sont nullement des songes; ce sont des révélations
spirituelles qui ont une valeur réelle. Ils disent par exemple: "J'ai vu tel
personnage sous telle apparence; je lui ai dit telle chose et il m'a fait telle
réponse." Cette vision s'est produite à l'état de veille et non au cours du
sommeil: c'est une révélation spirituelle...
Entre les âmes spirituelles s'établissent une compréhension et des rapports
spirituels, une communion purifiée de toute imagination ou fantaisie, une intimité
dégagée du temps et de l'espace. Ainsi, l'Évangile relate que Moïse et Élie
vinrent trouver Jésus sur le mont Thabor, et il est évident que ce ne fut pas
une réunion matérielle. Ce fut une entrevue spirituelle. De telles communications
sont possibles et elles produisent des effets merveilleux sur les esprits et
les pensées des hommes; elles sont une cause de l'attraction des coeurs."
(Les Leçons de Saint-Jean-d'Acre, pp. 256 à 258.)
Les leçons de Saint-Jean d'Acre
Tout en admettant la réalité des facultés psychiques supra-normales, 'Abdu'l-Baha
condamne toute tentative d'en forcer prématurément le développement. Ces facultés
s'épanouiront tout naturellement quand le moment sera venu pourvu que nous suivions
la voie du progrès spirituel tracée par les prophètes. 'Abdu'l-Baha explique:
"Expérimenter les forces psychiques alors qu'on est encore dans ce monde
affecte la condition de l'âme dans le monde à venir. Ces forces sont réelles,
mais normalement elles sont inactives sur ce plan-ci. L'enfant dans le sein
de sa mère possède des yeux, des oreilles, des mains, des pieds, etc., mais
tout cela n'est pas encore en activité. Le but de la vie dans ce monde matériel
est l'avancement vers le monde de la réalité où ces facultés entreront en action.
Elles appartiennent à cet autre monde."
(Extrait des notes de Miss Buckton, révisées par 'Abdu'l-Baha.)
Il ne faut pas rechercher les communications avec les esprits des disparus,
ni par plaisir ni par vaine curiosité. Cependant, c'est un devoir et un privilège
pour ceux qui sont d'un côté du voile d'aimer et de prier pour ceux qui sont
de l'autre. Il est recommandé aux baha'is de prier pour les morts. 'Abdu'l-Baha
a dit à Miss E.J. Rosenberg en 1904:
"La grâce de l'intercession efficace est l'une des perfections dont les âmes
avancées sont douées ainsi que les manifestations de Dieu. Jésus-Christ avait,
sur terre, le pouvoir d'intercéder pour l'absolution de ses ennemis et il possède
certainement encore ce pouvoir. 'Abdu'l-Baha ne mentionne jamais le nom d'un
disparu sans ajouter: "Que Dieu lui pardonne" ou des paroles analogues. Les
disciples des prophètes ont aussi cette faculté de prier pour le pardon des
âmes. Par conséquent, nous ne devons pas croire que certaines âmes sont condamnées
à un état stationnaire de souffrance ou de privation parce qu'elles ont absolument
ignoré Dieu. Le pouvoir d'intercession en leur faveur existe toujours et il
est efficace...
Dans l'autre monde, le riche peut aider le pauvre, tout comme ici-bas. Dans
tous les mondes, tous sont les créatures de Dieu et tous dépendent toujours
de Lui. Personne n'est indépendant, nul ne peut le devenir. Comme tous relèvent
de Dieu, plus ils demanderont, plus ils recevront. Que possèdent-ils, quel est
leur trésor? Et dans l'autre monde, qu'entend-on par aide et par assistance?
Elles consistent dans l'intercession. Les âmes peu développées doivent progresser,
d'abord par les supplications de ceux qui sont spirituellement riches, ensuite
par leurs propres supplications."
Il dit encore:
"Ceux qui sont dans l'autre monde possèdent des attributs différents de ceux
qui sont encore sur terre, cependant il n'y a pas de séparation réelle. La prière
établit la fusion des deux états, le mélange de ces deux conditions. Priez pour
eux comme ils prient pour vous."
('Abdu'l-Baha in London, p. 97.)
Abdu'l-Baha à Londres
Comme on lui demandait s'il était possible, par la foi et l'amour, de porter
la nouvelle révélation à la connaissance de ceux qui ont quitté cette terre
sans en avoir entendu parler, 'Abdu'l-Baha répondit:
"Oui, certainement! Puisque la prière sincère produit toujours son effet
et qu'elle a une grande influence dans l'autre monde. Nous ne sommes jamais
séparés de ceux qui s'y trouvent. L'influence réelle et véritable produit ses
effets, non dans ce monde-ci, mais dans l'autre."
(Notes de Mary Hanford Ford, Paris 1911.)
D'autre part, Baha'u'llah écrit:
"Selon un ordre de Dieu, le Bien-Aimé, celui qui est digne de louanges, l'assemblée
céleste, le peuple du paradis suprême et tous ceux qui s'abritent sous le dôme
de grandeur prieront pour celui dont la vie est conforme à ce qui lui fut prescrit."
(Tablette traduite en anglais par 'Ali Kuli Khan.)
Lorsqu'on demanda à 'Abdu'l-Baha comment il se fait que le coeur, souvent, se
tourne instinctivement vers quelque ami disparu, il répondit:
"Une loi de la création de Dieu veut que le faible s'appuie sur le fort.
Ceux vers qui vous vous sentez attiré peuvent servir de médiateurs entre la
puissance divine et vous, ainsi qu'ils le pouvaient déjà sur la terre, mais
le Saint-Esprit seul fortifie tous les hommes."
('Abdu'l-Baha in London, p. 98.)
Abdu'l-Baha à Londres
11.15. La non-existence du mal
Selon la philosophie baha'ie, il découle de la doctrine de l'unité de Dieu que
le mal ne peut exister en tant que force positive. Il ne peut y avoir qu'un
seul Infini. S'il existait dans l'univers un autre pouvoir extérieur ou opposé
à l'Unique, alors l'Unique ne serait plus l'Infini. De même que l'obscurité
n'est qu'un manque ou un degré moindre de lumière, le mal n'est que l'absence
ou le degré moindre du bien, l'état intermédiaire de ce qui n'est pas assez
développé.
Un homme méchant est celui qui n'a pas encore développé le côté noble de sa
nature. S'il est égoïste, le mal ne réside pas dans son amour de lui-même; tout
amour, même l'amour de soi est bon, divin. Ce qui est mal, c'est que cet amour
de lui-même soit si limité, si inadéquat, si mal dirigé, et qu'il n'en éprouve
pas pour Dieu et ses semblables. Il se considère seulement comme un genre d'animal
supérieur et il flatte sottement sa nature inférieure, comme on flatterait un
chien favori; mais pour lui, les conséquences sont autrement graves que pour
le chien.
'Abdu'l-Baha dit dans une de ses lettres:
"En réponse à ta remarque, il est exact que 'Abdu'l-Baha ait dit à des croyants
que le mal n'a jamais existé, ou plutôt que c'est une chose inexistante. Ceci
est exact, de telle sorte que le plus grand mal pour l'homme est de s'écarter
du droit chemin et de se trouver séparé de la vérité. L'erreur provient d'un
manque de direction, l'obscurité est l'absence de lumière, l'ignorance, le manque
de connaissances, la fausseté est l'absence de vérité, la cécité, l'inexistence
de la vue et la surdité, l'inexistence de l'ouïe. Donc, l'erreur, la cécité,
la surdité et l'ignorance sont inexistants."
Il dit encore:
"Dans la création, rien n'est mauvais, tout est bon. Tels caractéristiques
et défauts innés en certains hommes, et en apparence blâmables, ne le sont pas
en réalité. Ainsi, chez l'enfant, on peut, dès le début de son existence, déceler
les signes de la colère, du désir et les défauts de son tempérament. On pourrait
donc en déduire que le bien et le mal sont innés dans la nature humaine, et
ceci serait contraire à l'idée du bien absolu dans la nature et la création.
Voici la réponse: le désir qui consiste à demander toujours plus est une qualité
louable, à condition qu'elle s'exerce à propos. Si un homme est animé du désir
d'acquérir la science et la connaissance ou de devenir plus compatissant, plus
généreux et plus juste, cela est très louable. S'il dirige sa colère et sa fureur
contre des tyrans sanguinaires pareils à des bêtes féroces, cela aussi est très
louable. Mais s'il n'exerce pas ces qualités dans la bonne voie, il est blâmable...
... Il en est de même pour toutes les caractéristiques naturelles de l'homme
qui constituent le capital de sa vie; s'il le gère mal ou en dispose illégalement,
elles deviennent blâmables. Il est donc clair que la création est pure bonté."
(Les Leçons de Saint-Jean-d'Acre, p. 221.)
Les leçons de Saint-Jean d'Acre
Le mal est toujours un manque de vitalité. Si le côté inférieur de la nature
de l'homme est développé d'une façon disproportionnée, le remède n'est pas d'en
diminuer la vitalité, mais d'accroître celle de l'être supérieur qui est en
lui, afin de restaurer l'équilibre.
Le Christ a dit: Je suis venu pour vous donner la vie, une vie plus épanouie.
C'est cela qui est le plus nécessaire à tous: vivre plus pleinement une vie
qui soit la vraie vie.
Baha'u'llah a donné le même message que celui du Christ, et il dit:
"Aujourd'hui, ce serviteur est assurément venu pour vivifier le monde [Tablette
au Ra'is]. Et à ses fidèles, il dit: Suivez-moi et Nous ferons de vous les rénovateurs
de la vie humaine."
[Tablette au Pape]
La proclamation de Baha'u'llah