BAHA'U'LLAH ET L'ÈRE NOUVELLE
Une introduction à la foi baha'ie


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15. REGARD SUR LE PASSE ET L'AVENIR

"Je témoigne, ô amis, que la faveur est complète, l'argument confirmé, la preuve manifeste, l'évidence établie. Montrez maintenant quel sera le fruit de vos efforts dans le sentier du détachement. C'est ainsi que la grâce divine s'est pleinement accomplie pour vous et pour tous ceux qui sont au ciel et sur terre. Toutes louanges à Dieu, Seigneur de tous les mondes." (BAHA'U'LLAH)

15.1. Progrès de la cause

Il est malheureusement impossible de décrire en détail, dans un ouvrage succinct, les progrès accomplis par la foi baha'ie dans le monde. On pourrait consacrer bien des chapitres à ce sujet passionnant et raconter maintes histoires émouvantes sur les pionniers et les martyrs de la cause, mais un résumé très bref suffira.

Les premiers adeptes de cette révélation rencontrèrent en Perse la plus violente opposition; ils subirent des persécutions et des supplices de la part de leurs concitoyens mais, à toutes ces calamités, à toutes ces épreuves, ils firent face avec un héroïsme, une fermeté et une patience sublimes. Ils furent baptisés dans leur propre sang, car bien des milliers périrent martyrisés; des milliers d'autres connurent la bastonnade, l'emprisonnement, la destitution de leurs biens; arrachés de leurs foyers, ils furent maltraités de toutes les manières. Durant plus de soixante ans, quiconque, en Perse, osa rendre hommage au Bab et à Baha'u'llah risqua la perte de sa fortune, de sa liberté et même de sa vie. Cependant, cette opposition obstinée et féroce n'eut pas plus d'effet sur le progrès de la cause qu'un nuage de poussière sur le lever du soleil.

On trouve maintenant des baha'is d'un bout à l'autre de la Perse dans presque toutes les cités, villes ou villages et même parmi les tribus nomades. Dans certains villages, la population entière est baha'ie, dans d'autres, on trouve une grande proportion de croyants. Issus de sectes nombreuses et diverses, auparavant cruellement opposées, ils forment maintenant une grande communauté d'amis qui pratiquent la fraternité, non seulement entre eux, mais partout, avec tous les humains; ils travaillent à l'unification et au progrès de l'humanité, à la suppression des préjugés et des conflits et à l'établissement du royaume de Dieu sur la terre. Quel miracle pourrait dépasser celui-ci? Un seul: l'achèvement, dans le monde entier, de la tâche à laquelle ces croyants se sont consacrés. Et les signes ne manquent pas, prouvant que ce prodigieux miracle est aussi en voie de s'accomplir.

La foi montre une vitalité étonnante [Dans son ouvrage intitulé "La Perse et la Question persane" publié en 1892, année de la mort de Baha'u'llah, Lord Curzon écrit: "Le nombre actuel des Babis est au minimum d'un demi-million. Je suis même disposé à croire--après des conversations avec des personnes bien placées pour en parler--que le chiffre réel approche du million. Il s'en trouve partout, parmi les ministres et les nobles de la cour, parmi les balayeurs et les grooms; le clergé musulman lui-même n'est pas le champ le plus réduit de leur activité... Si le Babisme continue à croître à cette allure, on conçoit qu'un jour il supplantera l'islamisme en Perse, ce qui serait impossible, je crois, s'il s'agissait d'une foi hostile. Mais comme il conquiert ses adeptes parmi les meilleurs soldats de la garnison opposée, il a les plus grandes chances de triompher finalement." (Vol. I, pp. 499 à 502.)]: tel un levain, elle transforme les peuples et les sociétés au fur et à mesure qu'elle pénètre la masse de l'humanité. [Le nombre des baha'is augmente chaque année et, en 1986, on en trouvait dans plus de 116.700 localités du monde. (Voir épilogue.)]

Le nombre relativement faible des baha'is peut sembler encore insignifiant si on le compare à celui des adeptes des religions anciennes; mais les baha'is ont la conviction que le divin pouvoir les a bénis et les a investis de ce haut privilège: servir un ordre nouveau vers lequel afflueront prochainement les multitudes de l'Orient et de l'Occident.

C'est pourquoi, bien qu'en tous pays on rencontre des coeurs purs qui réfléchissent la lumière du Saint-Esprit sans même avoir conscience de sa source, et bien qu'on puisse mesurer la croissance de la foi aux nombreuses tentatives effectuées en dehors de la communauté baha'ie pour promouvoir l'un ou l'autre des enseignements de Baha'u'llah, néanmoins les bases précaires sur lesquelles repose l'ordre ancien fournissent cette preuve convaincante: les idéaux du royaume ne peuvent porter leurs fruits que dans le cadre de la communauté baha'ie.


15.2. Le don de prophétie du Bab et de Baha'u'llah

Plus on étudie la vie et les enseignements du Bab et de Baha'u'llah, moins on trouve d'explication à leur grandeur sinon par l'inspiration divine. Élevés dans une atmosphère de fanatisme et de bigoterie, ils ne reçurent qu'une éducation des plus élémentaires. Sans contact avec la culture occidentale, sans soutien politique ou financier, ne demandant rien aux hommes, ils ne rencontrèrent qu'injustice et oppression. Les grands de la terre les ont ignorés ou combattus; flagellés, torturés, emprisonnés et soumis aux pires calamités dans l'accomplissement de leur mission, seuls contre le monde, sans autre aide que celle de Dieu, leur triomphe resplendit cependant déjà, manifeste et merveilleux.

L'élévation sublime de leurs idéaux, leur grandeur d'âme et le désintéressement de toute leur vie, leur foi et leur courage inaltérables, leur science et leur sagesse étonnantes, leur prescience des besoins des peuples orientaux et occidentaux, l'étendue et la valeur de leurs enseignements, leur pouvoir d'inspirer à leurs adeptes une dévotion et un enthousiasme débordants, le degré de puissance et de pénétration de leur influence, le progrès de la cause qu'ils ont fondée constituent un ensemble de preuves éclatantes de leur mission de prophètes capables d'entraîner la même conviction que celles fournies par l'histoire des religions du passé.


15.3. Une magnifique vision d'avenir

La bonne nouvelle baha'ie dévoile une vision de la munificence de Dieu et du progrès futur de l'humanité; c'est certainement la plus grande et la plus glorieuse révélation qui ait jamais été donnée au monde, car c'est le développement et l'accomplissement de toutes celles du passé. Son but n'est autre que la régénération du genre humain, la création de nouveaux cieux et d'une nouvelle terre. C'est à cette même tâche que le Christ et tous les prophètes ont consacré leur vie; aussi n'y a-t-il aucune rivalité entre ces grands instructeurs... Cette oeuvre n'est pas celle d'une Manifestation définie ou d'une autre, mais elle sera menée à bien par toutes les manifestations de Dieu, ensemble.

Comme le dit 'Abdu'l-Baha:

"Il n'est pas nécessaire d'abaisser Abraham pour élever Jésus. Il n'est pas nécessaire d'abaisser Jésus pour reconnaître Baha'u'llah. Nous devons accueillir la vérité de Dieu partout où elle paraît. Tous ces grands messagers sont venus pour soulever la bannière des perfections divines; tel est le coeur de l'enseignement. Tous resplendissent comme des astres au même ciel de la volonté divine, tous donnent la lumière au monde."
(Star of the West, vol. III, n° 8, p. 8.)


Cette tâche est celle de Dieu, et Dieu appelle non seulement les prophètes mais toute l'humanité pour collaborer à cette oeuvre de création. Si nous nous refusons à son appel, nous n'empêcherons pas le travail de continuer, car la volonté de Dieu s'accomplit inéluctablement. Si nous échouons dans notre tâche, il peut susciter d'autres instruments pour exécuter son dessein; mais quant à nous, nous aurons manqué l'objet, le but réel de notre propre vie. Être un avec Dieu--devenir son adorateur, son serviteur, le canal et l'intermédiaire volontaires de son pouvoir créateur, afin de n'être conscient que de sa vie abondante et divine--qui, suivant l'enseignement baha'i, représente le couronnement ineffable et glorieux de l'existence.

Cependant, l'être humain possède un coeur pur car, il est fait à l'image et à la ressemblance de Dieu quand, enfin, il comprendra la vérité, il ne s'obstinera plus dans les sentiers de sa folie. Baha'u'llah nous affirme que, bientôt, l'appel de Dieu sera universellement entendu et que toute l'humanité s'engagera dans la voie de l'équité et de l'obéissance... Tout chagrin sera changé en joie, toute maladie en santé et les royaumes de ce monde deviendront le royaume de notre Seigneur et de son Christ; et Il régnera pour les siècles des siècles. (Apocalypse, XI, 15.) Ouvrir le livre L'Evangile

Tous les habitants, non seulement ceux de la terre, mais aussi ceux du ciel deviendront un en Dieu et se réjouiront éternellement en Lui.


15.4. Renouveau de la religion

L'état actuel du monde offre certainement la preuve évidente que, à de rares exceptions près, les peuples de toutes les religions ont besoin d'être éveillés de nouveau à la signification réelle de leur religion; ce réveil constitue une partie importante de l'oeuvre de Baha'u'llah. Il vient pour que les chrétiens soient de meilleurs chrétiens, les musulmans de véritables musulmans, pour rendre tous les croyants fidèles à l'esprit qui anima leurs prophètes. Il accomplit également leur promesse: celle d'une glorieuse Manifestation qui devait apparaître dans la plénitude des temps, pour couronner et consommer leur oeuvre. Il développe plus complètement que ses prédécesseurs les vérités spirituelles. Il révèle la volonté de Dieu eu égard à tous les problèmes de la vie sociale et individuelle qui nous assaillent aujourd'hui. Il donne un enseignement universel, base d'une fondation solide sur laquelle une civilisation nouvelle et perfectionnée pourra se construire, enseignement adapté aux besoins du monde dans cette ère nouvelle qui s'ouvre maintenant.


15.5. Le besoin d'une nouvelle révélation

L'unification du genre humain, la fusion des diverses religions, la réconciliation de la religion et de la science, l'établissement de la paix universelle, de l'arbitrage international et d'une cour universelle de justice, l'adoption d'une langue internationale, l'émancipation des femmes, l'éducation universelle, l'abolition de l'esclavage domestique et industriel, l'organisation harmonieuse de tout le globe comprenant le respect des droits et des libertés individuelles constituent des problèmes d'une amplitude gigantesque et d'une prodigieuse difficulté; sur ces problèmes, chrétiens, musulmans et adeptes des autres religions professent les opinions les plus diverses et souvent les plus violemment opposées; mais Baha'u'llah a révélé clairement des principes définis qui, adoptés partout, feraient du monde un véritable paradis.


15.6. La vérité pour tous

Bien des gens sont enclins à admettre que les enseignements baha'is sont parfaits pour l'Iran et l'Orient, mais qu'ils sont inutiles ou mal adaptés aux besoins des nations occidentales.

À quelqu'un qui, un jour, émit cette opinion, 'Abdu'l-Baha répondit:

"Tout ce qu'implique la cause de Baha'u'llah peut se traduire ainsi: tout ce qui concerne le bien universel est divin et tout ce qui est divin est fait en vue du bien universel. Ce qui est vrai pour l'un l'est pour tous, ce qui ne l'est pas n'est vrai pour personne; on ne peut donc limiter à l'Orient ou à l'Occident la cause divine du bien universel; car le rayonnement du Soleil de Vérité illumine le levant et le couchant; il répand sa chaleur sans distinction sur le pôle Nord comme sur le pôle Sud. À l'époque de la manifestation du Christ, les Romains et les Grecs croyaient sa mission spécialement destinée aux Juifs. Ils trouvaient parfaite leur propre civilisation et considéraient que les enseignements du Christ n'avaient rien à leur apprendre; cette supposition erronée les priva de sa grâce. De même, sachez que les principes du Christ et les commandements de Baha'u'llah sont identiques et que leurs voies sont les mêmes. Chaque jour apporte un progrès: il fut un temps où cette institution divine (la révélation progressive) était à l'état embryonnaire; puis elle passa par les stades de l'enfance et de l'adolescence intellectuelles; mais aujourd'hui, elle resplendit de beauté et brille du plus grand éclat. Heureux celui qui pénètre ce mystère et prend place au monde des âmes éclairées.


15.7. Le testament de 'Abdu'l-Baha

À la mort de son chef bien-aimé, 'Abdu'l-Baha, la foi baha'ie entra dans une phase nouvelle de son histoire. Cette phase nouvelle représente un état plus élevé dans la vie de cette même institution spirituelle. Elle correspond à l'expression d'une foi plus développée et requiert par conséquent de la part de ses adhérents une conscience accrue de leurs responsabilités. 'Abdu'l-Baha voua son énergie surhumaine et ses capacités incomparables à la tâche de communiquer aux pays de l'Est et de l'Ouest son amour pour Baha'u'llah. Il alluma le flambeau de la foi en d'innombrables coeurs. Il les guida et les prépara à la conquête des attributs caractéristiques de la vie spirituelle. Eu égard à la très grande importance du testament de 'Abdu'l-Baha, tenant compte de la gravité des questions qu'il soulève et de la profonde sagesse de ses stipulations, nous en reproduisons ici quelques extraits qui illustrent, d'une manière vivante, l'esprit et les principes directeurs qui animaient 'Abdu'l-Baha et qui furent, pour ses fidèles disciples, un héritage précieux.

"Ô vous, les bien-aimés du Seigneur! En cette dispensation sacrée, les discordes et les conflits sont formellement interdits; l'agresseur se prive lui-même de la grâce de Dieu. Il incombe à chacun de manifester la droiture, l'honnêteté et l'amour les plus grands et de témoigner une sincère bonté envers tous les peuples et toutes les races, amis ou étrangers. Cet esprit d'amour et de tendre bonté doit être si intense que l'étranger doit se sentir comme un ami, et l'ennemi comme un véritable frère, aucune distinction ne les séparant plus désormais. Car l'universalité vient de Dieu tandis que les limitations viennent de la terre...

Donc, ô mes chers amis! Fréquentez tous les peuples, les races et les adeptes des autres religions en toute sincérité, honnêteté, fidélité, bonté, bonne volonté et amitié, afin que le monde soit plongé dans la sainte extase de la grâce de Baha; que l'ignorance, l'hostilité, la rancune disparaissent de la terre, que la lumière de l'unité disperse les ténèbres de l'éloignement chez tous les peuples et toutes les races du monde. Si d'autres peuples et d'autres nations se montrent infidèles envers vous, soyez-leur fidèles; s'ils sont injustes envers vous, soyez justes pour eux; s'ils se montrent distants, attirez-les; s'ils font acte d'hostilité, agissez amicalement envers eux; s'ils troublent votre vie, adoucissez leur âme, s'ils vous blessent, soyez un baume pour leurs plaies. Tels sont les attributs des sincères, telles sont les qualités des vrais fidèles...

Ô vous, les bien-aimés du Seigneur! Il vous appartient d'être soumis à tout souverain juste et d'être fidèles envers tout roi équitable. Servez les souverains de la terre en toute fidélité et loyauté; montrez-leur obéissance et portez-leur intérêt. Ne vous mêlez pas des affaires politiques sans leur permission ou leur consentement, car manquer de loyauté envers un souverain juste c'est en manquer envers Dieu Lui-même. Tel est mon conseil, tel est le commandement qui vous vient de Dieu. Heureux sont ceux qui s'y conforment...

Seigneur! Tu le vois, toutes choses pleurent sur moi, et mes proches se réjouissent de mes malheurs. Par ta gloire, ô mon Dieu, même parmi mes ennemis, quelques-uns se sont lamentés devant mes souffrances et ma détresse et, parmi les plus envieux, plusieurs ont versé des larmes sur mes soucis, mon exil et mes afflictions. Tout cela parce qu'ils n'avaient trouvé en moi que sollicitude et affection, ils n'avaient vu que bonté et compassion. Quand ils me virent emporté par un flot de tribulations et d'adversités, exposé, tel une cible, aux flèches du destin, leur coeur s'émut de compassion, des larmes leur montèrent aux yeux et ils déclarèrent: "Dieu est témoin que nous n'avons trouvé en lui que fidélité, générosité et compassion extrême." Mais les briseurs d'alliance, tels des oiseaux de mauvais augure, redoublèrent de violence dans leur rancoeur et se réjouirent de me voir en proie à la plus cruelle des épreuves; ils s'acharnèrent contre moi et se divertirent devant les peines déchirantes qui m'assaillaient...

Ô Seigneur, mon Dieu! Par ces paroles, je t'adjure, du fond de mon coeur, de ne pas les payer de retour pour leur cruauté et leurs mauvaises actions, leur ruse et leur perfidie, car ils sont sots et vils et ne savent pas ce qu'ils font. Ils ne savent pas discerner le bien du mal, distinguer le vrai du faux ni la justice de l'injustice. Ils suivent leurs désirs personnels et s'attachent au plus sot et au plus imparfait d'entre eux. Ô mon Seigneur! Aie pitié d'eux, protège-les de toute affliction en ces temps troublés, fais que toutes les épreuves et toutes les oppressions soient le lot de ton serviteur tombé dans ce puits de ténèbres. Choisis-moi entre tous pour subir tous les malheurs et sacrifie-moi pour tous tes bien-aimés. Ô Seigneur, Dieu suprême! Que mon âme, ma vie, ma personnalité, mon esprit, tout mon être leur soit offert. Ô Dieu, mon Dieu! Humble et suppliant, le visage contre terre, je t'invoque et t'implore, de toutes mes forces, de pardonner à tous ceux qui m'ont blessé, à ceux qui ont conspiré contre moi et m'ont offensé, et d'effacer les méfaits de ceux qui ont perpétré l'injustice envers moi. Accorde-leur tes bienfaits, donne-leur la joie, soulage-les de leurs chagrins, dispense-leur la paix et la prospérité, donne-leur ta félicité et répands ta bonté sur eux. Tu es le Puissant, le Clément, le Protecteur dans le danger, celui qui existe par Lui-même.

Les disciples du Christ oublièrent leur moi et toutes les choses de la terre. Ils abandonnèrent toutes leurs affaires et leurs possessions, se purifièrent de tout égoïsme et passion et, avec un absolu détachement, se dispersèrent partout, appelant les peuples à suivre la voie divine jusqu'à ce que, à la fin, ils eussent fait du monde un autre monde et illuminé la surface de la terre. Jusqu'à leur dernière heure, ils firent preuve d'abnégation dans le chemin de ce bien- aimé de Dieu et, finalement, subirent un glorieux martyre en divers pays. Que ceux qui sont hommes d'action suivent leurs traces.

Ô Dieu, mon Dieu! J'en appelle à toi, à tes prophètes, tes messagers, tes saints et tes élus, pour témoigner que j'ai, de façon concluante, exposé tes preuves à tes amis et leur ai clairement expliqué toutes choses, afin qu'ils puissent veiller sur ta foi, garder ton droit chemin et protéger ta loi resplendissante. Tu es en vérité l'Omniscient, l'infiniment Sage!"
(Le Testament de 'Abdu'l-Baha, pp. 27 à 29, 31, 32, 38, 39, 45, 46, éd. 1970.)
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La mort de 'Abdu'l-Baha donna le signal de l'établissement de l'ordre administratif destiné à servir de modèle et de soutien à cet ordre mondial que la religion de Baha'u'llah doit instaurer et qui est sa mission spéciale. Le testament de 'Abdu'l-Baha marque donc un tournant dans l'histoire baha'ie: il clôt l'ère d'enfance et d'irresponsabilité pour inaugurer celle où, étendant leur champ d'action du domaine individuel à celui de la coopération et de l'unité, les baha'is feront fructifier leur foi spirituelle.

Les trois éléments principaux du plan administratif laissé par 'Abdu'l-Baha sont:

1) Le Gardien de la cause de Dieu.
2) Les Mains de la cause de Dieu.
3) Les maisons de justice locales, nationales et internationale.
[Les maisons de justice locales et nationales sont actuellement dénommées assemblées spirituelles locales et nationales comme indiqué ci-avant]



15.8. Le Gardien de la cause de Dieu

'Abdu'l-Baha a désigné Shoghi Effendi, l'aîné de ses petits-fils, pour supporter le rôle, lourd de responsabilité, de gardien de la cause (Valiyy-i-Amru'llah). Shoghi Effendi est le fils aîné de Diya'iyyih Khanum, la fille aînée de 'Abdu'l-Baha. Son père, Mirza Hadi, est parent du Bab (quoique descendant indirect, l'unique enfant du Bab étant décédé en bas âge).

Shoghi Effendi, âgé alors de vingt-cinq ans, faisait ses études au collège de Balliol, à Oxford, lors de la mort de son grand-père.

Dans son testament, 'Abdu'l-Baha exprime ainsi sa volonté:

"Ô mes chers amis! Après la disparition de cet opprimé ['Abdu'l-Baha se désigne ainsi lui-même (Note du comité de traduction.)], il incombe aux Aghsan. [Aghsan: fils et descendants de Baha'u'llah] (Branches), aux Afnan [Afnan: descendants du Bab] (Rameaux) de l'Arbre sacré, aux Mains (piliers) de la cause de Dieu et aux bien-aimés de la Beauté d'Abha [Beauté d'Abha, c'est-à-dire Baha'u'llah] de se tourner vers Shoghi Effendi (la jeune branche issue des deux Arbres sanctifiés et sacrés, le fruit de l'union des deux descendants de l'Arbre de sainteté) car c'est lui le signe de Dieu, la branche élue, le Gardien de la cause de Dieu, celui vers lequel doivent se tourner tous les Aghsan, les Afnan, les Mains de la cause de Dieu ainsi que ses bien-aimés. Il est l'interprète des paroles de Dieu et, après lui, le premier-né de ses descendants directs lui succédera.

La jeune branche sacrée, le Gardien de la cause de Dieu, ainsi que la Maison Universelle de Justice, qui doit être établie par des élections universelles, sont toutes deux sous la garde et la protection de la Beauté d'Abha, sous la sauvegarde et l'infaillible direction de Sa Sainteté l'Altesse Suprême [Sa Sainteté l'Altesse Suprême, c'est-à-dire le Bab], que ma vie leur soit offerte à tous deux. Tout ce qu'ils décident vient de Dieu...

Ô vous, les bien-aimés du Seigneur! Il incombe au Gardien de la cause de Dieu de désigner, de son vivant, celui qui deviendra son successeur, afin qu'après sa disparition des différends ne puissent survenir. Celui qui est désigné doit montrer du détachement pour toute chose terrestre; il doit être l'essence de la pureté, manifester la crainte de Dieu, et faire preuve de savoir, de sagesse et de science. Si le premier-né du Gardien de la cause de Dieu ne manifestait pas la vérité des paroles: "L'enfant est l'essence secrète de son père", c'est-à-dire s'il n'héritait pas de l'élément spirituel qui est en lui (le Gardien), et si la noblesse de son caractère ne répondait pas à sa glorieuse origine, alors, il (le Gardien) devrait choisir une autre branche pour lui succéder.

Les Mains de la cause de Dieu doivent élire, au sein de leur groupe, neuf personnes qui seront constamment occupées aux tâches importantes dans le service du Gardien de la cause de Dieu. L'élection de ces neuf personnes doit avoir lieu, soit à l'unanimité, soit à la majorité des voix de l'ensemble des Mains de la cause de Dieu, et ces neuf élus doivent, par un vote unanime ou majoritaire, agréer celui que le Gardien de la cause de Dieu a choisi comme successeur. Cet assentiment doit être donné de telle façon que les votes "pour" ou "contre" ne soient pas connus (c'est-à-dire au scrutin secret)."
(Testament de 'Abdu'l-Baha, pp. 22 à 26, éd. 1970.)
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15.9. Les Mains de la cause de Dieu

De son vivant, Baha'u'llah avait désigné quatre amis sûrs et éprouvés pour aider à diriger et encourager les activités dans la cause et leur avait donné le titre de Ayadiyi-Amru'llah (littéralement, Mains de la cause de Dieu). Dans son testament, 'Abdu'l-Baha a prévu l'établissement d'un corps permanent qui servira la cause de Dieu et aidera le Gardien de la cause. Il écrit:

"Ô amis! Les Mains de la cause de Dieu doivent être choisies et nommées par le Gardien de la cause de Dieu... Elles ont pour devoir de diffuser les parfums divins, d'édifier les âmes, d'encourager l'étude, d'améliorer le caractère des hommes et d'être, en tout temps et en toutes circonstances, sanctifiées et détachées des choses terrestres. Par leur conduite, leur attitude, leurs actes et leurs paroles, elles doivent manifester la crainte de Dieu.

Ce corps des Mains de la cause est sous la direction du Gardien [Des Mains de la cause nommées par Shoghi Effendi pendant les trente-six années de son ministère, vingt-sept étaient encore en vie lors de son décès. Il institua également en 1954 le corps des auxiliaires dont les membres doivent être désignés par les Mains pour leur servir d'assistants, de délégués et de conseillers] de la cause de Dieu. Il doit les exhorter sans cesse à faire tous les efforts possibles pour diffuser de leur mieux les suaves parfums de Dieu et guider tous les peuples du monde, car c'est la lumière de la direction divine qui cause l'illumination de tout l'univers."
(Testament de 'Abdu'l-Baha, p. 26.)
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15.10. L'ordre administratif

[Ce passage de l'ordre administratif est extrait d'un article d'Horace Holley intitulé The Present-Day Administration of the Baha'i Faith et a été publié en 1933 dans le Baha'i World, Volume V, p.191 et suivantes]

Une des caractéristiques communes à toutes les religions a été que leur phase d'organisation s'est toujours accomplie au détriment de leur influence spirituelle. On peut remarquer la constance avec laquelle le passage au stade de l'organisation ne s'est effectué qu'au préjudice de la transmission dans le monde de leur impulsion initiale.

Invariablement, l'organisation consista pour la religion en une substitution, alors qu'elle aurait dû instaurer une méthode de travail ou être un instrument efficace de propagation spirituelle. La ségrégation des peuples en différents systèmes traditionnels, que n'édulcorait aucune communication à caractère pacifique ou constructif, rendait d'ailleurs ce processus inévitable. En fait, aucun fondateur de religion révélée n'a, jusqu'à ce jour, explicitement posé les principes destinés à assurer le fonctionnement administratif de la foi qu'il a établie.

Dans la cause baha'ie, les principes de l'administration mondiale furent énoncés par Baha'u'llah. Ils furent développés dans les écrits de 'Abdu'l-Baha et spécialement dans son testament.

Cette organisation a pour but de rendre possible une unité réelle et durable entre des races diverses dont les croyances traditionnelles, les intérêts et les caractères sont différents. Une étude approfondie et bienveillante de la cause baha'ie montrera que le but et la méthode de l'administration baha'ie sont si parfaitement adaptés à l'esprit fondamental de la révélation que leurs relations peuvent se comparer à celles du corps et de l'âme. Ce qui caractérise les principes administratifs baha'is, c'est qu'ils représentent la science de la coopération; mis en application, ils fournissent la base d'un type nouveau de moralité, plus élevé et d'une portée mondiale...

La communauté baha'ie diffère des autres associations volontaires en ce qu'elle est établie sur des fondations si profondes et si vastes qu'elle peut accueillir en son sein toute âme sincère. Tandis que les autres associations ont un caractère exclusif dans leur méthode et leurs actes, sinon dans leur idéal ou leur intention, l'association baha'ie est inclusive; elle ne ferme les portes de la fraternité à aucune âme sincère. Dans toute association, il existe une base de sélection, latente ou développée. Dans une religion, elle consiste en une croyance déterminée par la nature historique de son origine; dans la politique, c'est celle d'un parti ou d'un programme; en économie, elle est inspirée par une infortune mutuelle ou un pouvoir commun; dans les arts et les sciences, cette base repose sur des études spéciales, sur des activités ou des intérêts déterminés. En toutes ces questions, plus les bases de sélection sont exclusives, plus le mouvement est puissant, condition diamétralement opposée à celle que l'on trouve dans la cause baha'ie.

C'est pourquoi, malgré sa puissance potentielle de progrès et de croissance, le nombre de ses adhérents actifs n'augmente que lentement. Car les gens sont habitués à l'exclusivisme et à la division dans toutes les affaires. Et la division a toujours été garantie et justifiée par d'importantes sanctions. Accepter la foi baha'ie signifie supprimer toutes ces sanctions, attitude qui, invariablement, expose d'abord celui qui l'adopte à des épreuves et à des souffrances nouvelles; car l'égoïsme humain se révolte contre la loi suprême de l'amour universel. Savants, illettrés et esprits simples doivent s'associer; de même riches et pauvres, Blancs et hommes de couleur, partisans de l'esprit et partisans de la lettre, chrétiens et juifs, musulmans et parsis, et ceci de manière à effacer tous les avantages dus aux prétentions et aux privilèges établis de longue date.

Mais cette difficile épreuve apportera de magnifiques compensations. N'oublions pas que l'art devient stérile s'il se détourne de l'humanité en général; que, de même, la philosophie élaborée dans la solitude s'égare dans ses vues et que la politique et la religion échouent toujours si elles s'éloignent des besoins essentiels de l'être humain. Nous ne connaissons pas encore la nature humaine, car nous avons tous vécu dans un état de défense au point de vue mental, émotif ou social, et cette attitude de psychologie défensive mène à l'inhibition. Mais l'amour de Dieu efface la crainte; celle-ci disparue, les pouvoirs latents sont libérés; par l'association avec autrui dans l'amour spirituel, ces facultés sont amenées à une expression vitale positive. La communauté baha'ie est une association au sein de laquelle, en cette époque, ce processus peut se développer, lentement d'abord, tandis que l'élan nouveau accumule sa force, puis, plus rapidement au fur et à mesure que ses membres prennent conscience des pouvoirs qui font éclore la fleur de l'unité parmi les hommes...

La responsabilité et le contrôle des affaires locales baha'ies reposent sur l'assemblée spirituelle: ce corps constitué de neuf membres est élu annuellement le 21 avril, premier jour du Ridvan (fête qui commémore la déclaration de Baha'u'llah), par tous les croyants majeurs et déclarés de la communauté. La liste des votants est établie par l'assemblée sortante. Concernant le caractère et les attributions de cet organisme, 'Abdu'l-Baha écrit:

"Il incombe à chacun (chaque croyant) de ne prendre aucune mesure (en matière d'activité baha'ie) sans consulter l'assemblée spirituelle. Il est clair qu'il faut obéir de tout son coeur et de toute son âme à ses avis et s'y soumettre afin que toute chose soit décidée et organisée pour le mieux. Sinon, chacun agirait à sa guise, selon son jugement personnel et ses désirs et nuirait ainsi à la cause.

Les premières qualités requises de ceux qui sont appelés à se consulter sont la pureté d'intention, le rayonnement de l'esprit, le détachement de tout ce qui n'est pas Dieu, l'attirance vers ses divins parfums, l'humilité et l'effacement au milieu des bien-aimés de Dieu, la patience et la force d'âme dans les difficultés et la volonté de servir à son seuil exalté. S'ils sont généreusement aidés et s'ils acquièrent ces vertus, alors la victoire leur sera accordée du royaume invisible de Baha. Aujourd'hui, les assemblées spirituelles sont des institutions de la plus grande importance; elles sont d'une nécessité vitale. Leur obéir est donc essentiel et obligatoire.

Les membres doivent se consulter, mais de manière telle qu'aucune occasion de malaise ou de discorde ne puisse surgir entre eux. Ce but sera atteint si chacun peut exprimer ses opinions personnelles en toute liberté et faire valoir ses arguments. S'il arrive qu'un autre membre présente des objections, que personne n'en soit offusqué, car c'est seulement lorsque les questions ont été discutées sous tous leurs aspects que la solution juste peut être trouvée. La brillante étincelle de la vérité ne jaillit qu'au choc des opinions différentes. Si, après la discussion, une décision est prise à l'unanimité, tout est pour le mieux; mais si, au contraire, le Seigneur nous en préserve! des différences de vue persistent, il faut statuer à la majorité des voix...

La première condition est que l'amour et l'harmonie règnent parmi les membres de l'assemblée spirituelle. Ils doivent sentir leur coeur battre à l'unisson et manifester l'unité de Dieu, car ils sont les vagues d'un même océan, les gouttes d'une même rivière, les étoiles d'un même firmament, les rayons d'un même soleil, les arbres d'un même verger, les fleurs d'un même jardin. Si l'harmonie de pensée et l'unité absolue n'étaient pas réalisées dans cette assemblée, mieux vaudrait qu'elle cessât d'exister.

Voici la seconde prescription: à l'ouverture de chaque réunion, que chacun tourne ses pensées vers le monde spirituel et demande l'aide du royaume de gloire... Toutes les discussions se limiteront aux sujets spirituels ayant trait à l'éducation et la discipline des âmes, à l'instruction des enfants, au soulagement des pauvres, à l'assistance aux faibles de toutes classes dans tous les pays, à la bienveillance envers tous les peuples, enfin à la diffusion des parfums de Dieu et à l'exaltation de sa parole sacrée. Si chacun s'efforce de remplir ces conditions, la grâce du Saint-Esprit descendra sur cette assemblée et elle deviendra le centre d'attraction des bénédictions de Dieu; les cohortes célestes de la confirmation divine lui viendront en aide et elle recevra toujours davantage l'effusion de l'Esprit."
(Principes de l'administration baha'ie, pp.50 à 51.)
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Commentant ce thème, Shoghi Effendi écrit:

"... Les amis ne doivent rien communiquer au public qui n'ait été auparavant examiné et approuvé par l'assemblée spirituelle de la localité; et si--comme c'est le plus souvent le cas--la question concerne les intérêts de la cause dans ce pays, il appartient alors à l'assemblée spirituelle locale de la soumettre à l'examen et à l'approbation de l'organisme national représentant toutes les assemblées locales. Ceci s'applique non seulement aux publications, mais encore à toute activité, sans exception aucune, qu'elle soit de nature individuelle ou collective, touchant aux intérêts de la cause de cette localité. Il faut toujours se référer exclusivement à l'assemblée spirituelle locale qui prendra la décision, sauf dans les questions d'intérêt national qui seront soumises au corps national (baha'i). Celui-ci décide également si la question présentée est d'intérêt local ou national. (Par affaires nationales, il ne faut nullement entendre celles qui ont un caractère politique car, dans le monde entier, il est absolument interdit aux amis de Dieu de se mêler en quoi que ce soit des affaires politiques; il s'agit seulement des questions qui concernent les activités spirituelles de l'ensemble des amis résidant sur le territoire.)

Toutefois, il est de la plus haute importance que l'harmonie parfaite et la coopération règnent entre les diverses assemblées locales ainsi qu'entre les membres respectifs et particulièrement entre chaque assemblée et le corps national; car de ces deux conditions dépendent l'unité de la cause de Dieu, la solidarité entre les amis et le rendement maximum rapide et efficace des activités spirituelles de ses bien-aimés..."
(Letters from Shoghi Effendi, pp.23 et 24.)

"L'ensemble des assemblées locales et nationales constitue aujourd'hui l'assise ferme sur laquelle la Maison Universelle de Justice doit, dans l'avenir, être solidement posée et édifiée. Ce n'est que lorsqu'elles auront fait preuve de vigueur et d'harmonie dans leur fonctionnement qu'on pourra espérer voir la fin de la période de transition actuelle... Ayez toujours présent à l'esprit que la note dominante dans la cause de Dieu n'est pas l'autorité dictatoriale mais une attitude modeste et fraternelle, non le pouvoir arbitraire, mais un esprit de consultation dans la franchise et l'amitié. Seul, le véritable esprit baha'i peut permettre de concilier les principes de miséricorde et de justice, de liberté et de soumission, de respect des droits sacrés de la personne humaine, de renoncement individuel, de vigilance, de discrétion et de prudence d'une part et, de l'autre, la confraternité, la franchise et le courage."
(Principes de l'administration baha'ie, pp. 49 et 52.)
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Les assemblées spirituelles locales d'un même pays sont reliées ensemble et coordonnées par cet autre corps élu de neuf membres: l'Assemblée spirituelle nationale. Cet organisme se compose de membres élus chaque année par les délégués représentant les communautés locales baha'ies... La Convention nationale groupant les délégués forme un corps électif constitué selon le principe de la représentation proportionnelle... Ces conventions nationales ont lieu autant que possible pendant la période de Ridvan, c'est-à-dire pendant ces douze jours, à partir du 21 avril, qui commémorent la déclaration de Baha'u'llah au jardin du Ridvan près de Baghdad. C'est à l'Assemblée nationale sortante que revient la tâche d'accueillir les délégués.

La réunion de la Convention nationale est une occasion d'approfondir sa connaissance des diverses activités baha'ies et de se communiquer mutuellement des rapports sur les activités locales et nationales durant l'année écoulée... La tâche d'un délégué baha'i ne se limite pas à assister à la Convention et à participer à l'élection de la nouvelle Assemblée spirituelle nationale. Tandis qu'ils sont réunis, les délégués constituent une commission consultative qui donne des conseils et dont les recommandations doivent être soigneusement prises en considération par les membres de l'Assemblée spirituelle nationale qui auront été élus...

Le lien qui unit l'Assemblée spirituelle nationale aux assemblées spirituelles locales et à l'ensemble des croyants du pays est ainsi défini dans les lettres du Gardien de la cause:

"En ce qui concerne l'établissement des assemblées nationales, il est d'importance vitale que, dans chaque pays où les conditions sont favorables et où le nombre des amis a pris une ampleur considérable, une assemblée... nationale soit immédiatement constituée pour représenter ceux-ci.

Son but immédiat est de stimuler, unifier et coordonner, au moyen de consultations personnelles fréquentes, les nombreuses activités des amis, aussi bien que celles des assemblées locales et, par un contact étroit et suivi avec la Terre sainte, de prendre l'initiative de certaines mesures et de diriger en général les affaires de la cause dans ce pays.

Elle a encore un autre rôle non moins essentiel que le premier, car elle est destinée, quand le temps sera venu, à se transformer en maison de justice (désignée par 'Abdu'l-Baha dans son testament comme "la maison secondaire de justice") D'après le texte explicite du testament, sa mission sera d'élire directement, en liaison avec les autres assemblées nationales du monde baha'i, les membres de la Maison Universelle de Justice, conseil suprême chargé plus tard de diriger, d'organiser et d'unifier les affaires de la cause d'un bout à l'autre du monde...

Cette Assemblée spirituelle nationale qui, pendant la période de formation de la Maison Universelle de Justice, devra être réélue chaque année, assume évidemment de lourdes responsabilités puisqu'elle exerce une pleine autorité sur toutes les assemblées locales de son pays et que c'est à elle qu'incombe le soin de diriger les activités des amis, de sauvegarder avec vigilance la cause de Dieu et, enfin, de contrôler et de surveiller toutes les affaires concernant la cause en général.

Les questions présentant une importance vitale pour les intérêts de la cause dans la contrée, comme les traductions et les publications, le Mashriqu'l-Adhkar, l'enseignement et toutes matières similaires dépassant le cadre des affaires strictement locales, doivent être placées sous le contrôle absolu de l'Assemblée nationale.

Elle devra soumettre chacune de ces questions, comme le font les assemblées locales, à un comité spécial élu par les membres de l'Assemblée spirituelle nationale parmi tous les amis résidant dans ce pays, comité qui se trouve vis-à-vis d'elle dans les mêmes rapports que les comités locaux vis-à-vis de leur assemblée locale respective.

Il lui revient aussi la responsabilité de décider si une question à l'étude est de nature strictement locale, c'est-à-dire du ressort de l'assemblée locale, ou si elle tombe sous sa propre juridiction et nécessite une attention particulière de sa part. (Principes de l'administration baha'ie, pp. 79 et 80, éd. 1968.) Ouvrir le livre Sommaire des compilations baha'ies

Dès qu'ils ont été élus par les délégués réunis à la Convention, les membres de l'Assemblée nationale doivent se pénétrer de la pensée que c'est pour eux un devoir strict vis-à-vis de la cause, que nous aimons et servons tous, de rechercher et d'accueillir avec la plus grande déférence, aussi bien individuellement que collectivement, les avis, les opinions mûrement réfléchies et les sentiments véritables exprimés par les délégués assemblés.

Bannissant parmi eux toute attitude de mystère, de réticence injustifiée et de hauteur dictatoriale, ils doivent, spontanément et largement, faire part aux délégués qui les ont élus, de leurs plans, de leurs espoirs et de leurs préoccupations. Ils doivent les familiariser avec les différentes questions qui seront à examiner dans l'année courante, étudier et peser avec calme et conscience les opinions et les jugements de ces délégués. L'Assemblée nationale nouvellement élue, pendant les quelques jours où la Convention tient session et après la dispersion des délégués, doit chercher les moyens d'améliorer la compréhension, de faciliter et de maintenir les échanges de vues, d'accroître la confiance, de prouver enfin de manière évidente et tangible que le service et le progrès du bien commun constituent son plus cher désir...

Cependant, en raison des limitations qu'on est obligé d'apporter à la fréquence des convocations et à la longueur des sessions de la Convention, c'est l'Assemblée spirituelle nationale qui devra statuer en dernier ressort sur toutes les matières concernant les intérêts de la cause... comme par exemple de décider si une assemblée locale s'inspire bien dans son fonctionnement des principes édictés pour la conduite et le progrès de la cause."
(Principes de l'administration baha'ie, p. 68.)
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Le soin de dresser la liste électorale pour les élections locales annuelles est laissé à chaque assemblée spirituelle locale et, pour la guider dans cette responsabilité, le Gardien a donné les instructions suivantes:

"Voici, indiqués très brièvement et de manière aussi satisfaisante que les circonstances actuelles le permettent, les facteurs principaux à prendre en considération avant de décider si quelqu'un peut ou non être tenu pour un croyant véritable: Reconnaissance pleine et entière des rangs respectifs du précurseur, de l'auteur et du modèle par excellence de la foi baha'ie tels qu'ils ont été définis dans le testament de 'Abdu'l-Baha; adhésion sans réserve et soumission à tout ce qui a été révélé par leur plume; acceptation loyale et ferme de chaque clause du testament sacré de notre Bien-Aimé et association étroite avec l'esprit aussi bien que la forme de l'administration baha'ie actuelle, telles sont, à mon sens, les conditions fondamentales et principales dont il faut s'assurer avec loyauté, discrétion et en toute conscience avant de prendre une décision aussi vitale."
(Principes de l'administration baha'ie, p.15.)
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Les instructions de 'Abdu'l-Baha prévoient le développement ultérieur de l'organisation baha'ie:

"Et maintenant, en ce qui concerne la Maison de Justice que Dieu a instituée comme source de tout bien et qu'Il a affranchie de toute erreur, elle doit être élue au suffrage universel, c'est-à-dire par tous les croyants. Ses membres doivent être les manifestations de la crainte de Dieu, les aurores du savoir et de la compréhension; ils doivent être fermes dans la foi de Dieu et dévoués à toute l'humanité. Il s'agit ici de la Maison Universelle de Justice, c'est-à-dire que, dans chaque pays, une maison secondaire de justice doit être instituée, et ces maisons secondaires de justice éliront les membres de la Maison Universelle de Justice [La Maison Universelle de Justice fut élue pour la première fois le 21 avril 1963 par les membres de cinquante-six assemblées spirituelles nationales] Toutes choses devront être soumises à cet organisme. C'est lui qui édictera toutes les lois et tous les règlements qui ne se trouvent pas dans le texte sacré explicite. C'est par cet organisme que tous les problèmes difficiles seront résolus, et le Gardien de la cause de Dieu en est le chef sacré, le membre éminent et inamovible.

Cette Maison de Justice édictera les lois, et le gouvernement les appliquera. Le corps législatif doit renforcer l'exécutif, l'exécutif doit aider et assister le corps législatif afin que, grâce à l'union et à l'harmonie de ces deux forces, les bases de la justice et de l'équité soient fortes et solides et que le monde entier devienne un véritable paradis."
(Testament de 'Abdu'l-Baha, pp. 29 et 30, éd. 1970.) Ouvrir le livre Le testament d'Abdu'l-Baha

"Vers le très saint Livre, tous doivent se tourner, et tout ce qui n'y est pas expressément mentionné doit être déféré à la Maison Universelle de Justice. La décision que celle-ci prendra, soit à l'unanimité, soit à la majorité des voix, est réellement la vérité et le dessein de Dieu Lui-même. Quiconque s'en écarte est en vérité de ceux qui affectionnent la discorde; celui-là a fait preuve de malignité et s'est détourné du Seigneur de l'alliance."
(Testament de 'Abdu'l-Baha, p. 41, éd. 1970.)
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Déjà à l'heure actuelle, les baha'is de toutes les parties du monde maintiennent entre eux des rapports intimes et cordiaux au moyen de correspondances régulières et de visites individuelles. Ce contact, établi entre des membres de races, de nationalités et de traditions religieuses différentes, prouve de manière tangible que les entraves créées par les préjugés et par les facteurs historiques de division peuvent être entièrement rompues grâce à l'esprit d'unité dispensé par Baha'u'llah.


15.11. L'ordre mondial de Baha'u'llah

Des explications complémentaires ont été données à ce sujet depuis février 1929 par Shoghi Effendi, dans des communications successives adressées à la communauté baha'ie:

"Je ne peux me défendre d'adresser un pressant appel à ceux qui désirent s'identifier avec leur foi, afin qu'ils négligent les idées dominantes et les coutumes éphémères de l'époque présente pour comprendre, comme jamais auparavant, à quel point les théories discréditées et les institutions chancelantes de la civilisation actuelle offrent un contraste frappant avec celles préconisées par Dieu et qui sont destinées à s'élever sur leurs ruines...

Car Baha'u'llah... n'a pas seulement insufflé à l'humanité un esprit régénérateur nouveau. Il ne s'est pas contenté d'énoncer certains principes universels ou de proposer une philosophie particulière, si puissante, si pure et si universelle qu'elle puisse être. Il a, de plus--et 'Abdu'l-Baha après lui--édicté un ensemble de lois, établi des institutions définies et donné les fondements essentiels d'une économie divine, ce qu'on ne trouve dans aucune dispensation du passé. Ces lois et ces institutions sont destinées à servir de modèle pour la société future, modèle qui sera l'instrument parfait pour l'établissement de la paix suprême, le facteur de l'unification du monde et de la proclamation du règne du droit et de la justice sur la terre...

Ce que ni la dispensation du Christ ni celle de Muhammad, ni aucune de celles du passé n'ont révélé, les apôtres de Baha'u'llah, dans tous les pays où ils travaillent et peinent, le possèdent, exprimé en termes formels, catégoriques et non équivoques: toutes les lois, les réglementations, les principes, les institutions et la direction nécessaires à l'accomplissement de leur tâche... C'est là le trait distinctif de la révélation baha'ie; de là vient la force de l'unité de la foi, la valeur d'une révélation qui ne se propose pas de détruire ni d'amoindrir les révélations précédentes mais de les relier les unes aux autres, de les unifier et de réaliser pleinement leurs buts.

Si faible que paraisse, à l'heure actuelle, notre foi aux yeux des hommes qui ne voient en elle qu'un rejeton de l'islam ou bien qui l'ignorent dédaigneusement, la confondant avec ces sectes obscures qui abondent en Orient, ce joyau inestimable de la révélation divine, actuellement encore à l'état embryonnaire, se développera à l'abri du rempart de sa loi; il se façonnera sans se diviser ni s'altérer jusqu'à ce qu'il embrasse tout le globe. C'est uniquement à ceux qui ont déjà reconnu le rang suprême de Baha'u'llah, dont le coeur est touché par son amour, à ceux qui vivent en contact intime avec la puissance de son esprit qu'est donné le pouvoir d'apprécier comme il convient la valeur de cette économie divine, le don inestimable qu'il a fait à l'humanité."
(SHOGHI EFFENDI, The World Order of Baha'u'llah, pp. 19 à 23.) Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah


"C'est vers ce but, celui d'un nouvel ordre mondial d'origine divine, dont la portée embrasse toute chose, équitable en son principe et stimulant dans ses caractéristiques, qu'une humanité harassée doit diriger ses efforts...

Combien pathétiques en effet sont les efforts de ces chefs d'institutions humaines qui, méconnaissant entièrement l'esprit de notre époque, tentent d'appliquer encore les méthodes nationales des âges révolus, où chaque pays était indépendant, à notre âge actuel qui doit réaliser l'unité du monde esquissée par Baha'u'llah ou périr. À une heure aussi critique de l'histoire de la civilisation, il convient aux dirigeants de toutes les nations du monde, grandes ou petites, de l'Est comme de l'Ouest, aux vainqueurs comme aux vaincus, de prêter l'oreille à l'appel éclatant de Baha'u'llah. Puis, pénétrés jusqu'au fond de l'âme de ce sens de la solidarité mondiale qui est la condition "sine qua non" de la loyauté envers sa cause, qu'ils se lèvent courageusement pour appliquer intégralement le remède efficace que lui, le divin médecin, a prescrit pour l'humanité souffrante.

Qu'ils bannissent définitivement toute idée préconçue, tous préjugés nationaux et qu'ils suivent le conseil sublime donné par 'Abdu'l-Baha, l'interprète par excellence des enseignements de Baha'u'llah. À une haute personnalité du gouvernement fédéral des États-Unis qui lui demandait de quelle manière il pouvait le mieux servir les intérêts de son gouvernement et de ses concitoyens, 'Abdu'l-Baha répondit [En 1912]: "Vous servirez au mieux votre pays en vous efforçant, suivant votre pouvoir de citoyen du monde, d'aider à étendre éventuellement ce principe de fédéralisme, base du gouvernement de votre pays, aux relations actuelles entre les peuples et les nations du monde..."

Une forme de super-État mondial devra nécessairement être élaborée, en faveur duquel toutes les nations du globe devront, de leur plein gré, abandonner certains droits à lever des impôts, toute prétention à faire la guerre et tous droits à conserver des armements, sauf ceux qui concernent le maintien de l'ordre à l'intérieur de leurs pays respectifs. Un tel État devra inclure dans le cercle de ses fonctions un pouvoir exécutif international capable d'exercer une autorité suprême et irrécusable sur tout membre récalcitrant de la communauté; un parlement mondial dont les membres seront élus par les peuples des pays respectifs, avec la confirmation subséquente des gouvernements correspondants; enfin, un tribunal suprême dont les jugements seront obligatoires, même si les parties en cause n'avaient pas volontairement consenti à soumettre leur cas à son arbitrage.

Dans cette communauté mondiale, toutes les barrières économiques auront été renversées à jamais et l'interdépendance du capital et du travail aura été définitivement reconnue; la clameur du fanatisme et des luttes religieuses se sera calmée pour toujours; la flamme de l'animosité raciale sera définitivement éteinte; un seul code de lois internationales--issu du jugement mûrement réfléchi des États fédérés--disposera, comme moyen de sanction, de l'intervention immédiate et coercitive des forces combinées des unités fédérées; enfin, la frénésie d'un nationalisme capricieux et militant fera place à une conscience durable du droit de cité mondial. En vérité, tel apparaît, dans ses grandes lignes, cet ordre conçu par Baha'u'llah, ordre qui sera reconnu comme le fruit le plus beau d'un âge qui mûrit lentement...

Qu'il n'y ait aucune appréhension touchant le but qui anime la loi mondiale de Baha'u'llah. Loin de viser à renverser les fondations de la société présente, elle cherche à en élargir les bases, à refondre ses institutions afin qu'elles répondent aux besoins d'un monde en perpétuel changement. Elle ne peut entrer en conflit avec les allégeances légitimes ni miner les loyautés essentielles. Son but n'est pas plus d'étouffer dans le coeur humain la flamme d'un patriotisme sain et intelligent que d'abolir le régime de l'autonomie nationale, indispensable si l'on veut éviter les inconvénients d'une centralisation excessive. Elle n'ignore pas et ne tente pas de supprimer la diversité des origines ethniques, celle du climat, de l'histoire, des langues et des traditions, des pensées et des moeurs, qui différencie les peuples et les nations du monde. Elle demande seulement une fidélité plus large, une aspiration plus vaste que celles qui, jusqu'ici, animèrent la race humaine...

L'appel de Baha'u'llah est, avant tout, dirigé contre toutes les formes d'étroitesse d'esprit, tous les particularismes et tous les préjugés... Car les types de lois, les théories politiques et économiques sont uniquement destinés à sauvegarder les intérêts de l'humanité dans son ensemble; celle-ci n'a pas à être crucifiée à seule fin de conserver une loi ou une doctrine particulière quelle qu'elle soit... Le principe de l'unité de l'humanité--pivot des enseignements de Baha'u'llah--n'est pas un simple accès de sentimentalité ignorante ni l'expression d'un espoir vague et pieux... Il implique quelque chose de plus profond; sa proclamation est plus importante que celles que les prophètes du passé furent autorisés à formuler. Son message ne s'adresse pas seulement à l'individu; il concerne avant tout la nature de ces rapports essentiels qui doivent relier entre eux tous les États et toutes les nations, comme des membres d'une seule famille humaine...

Il représente la consommation de l'évolution humaine...

Que seule la pression d'une catastrophe mondiale soit capable de hâter l'apparition de cette phase nouvelle de la pensée humaine, cela devient hélas de jour en jour plus évident. Seule, une ardente épreuve de feu, à la fois châtiment et préparation pour l'humanité, pourra réussir à implanter dans les esprits ce sens de la responsabilité que les dirigeants de l'ère nouvelle doivent acquérir...

'Abdu'l-Baha n'a-t-il pas lui-même déclaré, en termes non équivoques, qu'une autre guerre, plus terrible que la première, éclaterait certainement?

Cet ordre administratif..., à mesure que ses parties constituantes, ses institutions organiques commenceront à fonctionner avec vigueur et efficacité, affirmera sa prétention et prouvera sa qualité à être considéré, non seulement comme le noyau, mais comme le modèle même du nouvel ordre mondial destiné à embrasser, dans la plénitude des temps, l'humanité tout entière...

Seule parmi toutes les révélations antérieures, cette foi a... réussi à édifier une structure que les adeptes égarés de croyances périmées et défaillantes devraient considérer et examiner avec un sens critique pour rechercher, avant qu'il ne soit trop tard, l'invulnérable sécurité de son universelle protection...

À quoi se rapporteraient les paroles de Baha'u'llah sinon à la puissance et à la majesté que cet ordre administratif est destiné à déployer, en tant que rudiment de la future communauté universelle baha'ie?"
(SHOGHI EFFENDI, Le But d'un nouvel ordre mondial, p. 27, éd. 1968.) Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah


"L'équilibre du monde a été détruit sous la poussée vibrante de ce suprême, de ce nouvel ordre mondial. La vie organisée de l'humanité a été révolutionnée par l'action de ce système unique et merveilleux que les yeux des mortels n'ont jamais contemplé...

La communauté baha'ie de l'avenir dont cet ordre administratif, d'envergure mondiale, forme la seule charpente est, en pratique comme en théorie, non seulement unique dans toute l'histoire des institutions politiques, mais encore sans parallèle dans les annales des divers systèmes religieux du monde. Aucune forme de gouvernement démocratique, aucun mode d'autocratie ou de dictature tant monarchique que républicaine, aucun système intermédiaire d'ordre purement aristocratique ni même aucun type reconnu de théocratie tel que l'État hébreu ou les diverses organisations ecclésiastiques chrétiennes, ou encore l'imamat et le califat dans l'Islam, ne peut être identifié ou déclaré conforme à l'ordre administratif que, de sa main de maître, son parfait architecte a façonné...

Ne permettez à personne, tandis que cet organisme est encore dans son enfance, d'amoindrir sa signification ou de dénaturer ses buts. Les assises sur lesquelles est posé cet ordre administratif sont les desseins immuables de Dieu pour l'humanité de notre époque. La source de son inspiration n'est autre que Baha'u'llah lui-même... Le but central sous-jacent qui l'anime est l'établissement du nouvel ordre mondial tel que l'a esquissé Baha'u'llah. Les méthodes qu'il applique, la doctrine qu'il inculque ne l'inclinent pas plus vers l'Est que vers l'Ouest, pas davantage vers les juifs que vers les gentils, vers les riches que vers les pauvres, vers les Blancs que vers les hommes de couleur. Son mot d'ordre est l'unification de la race humaine, son drapeau celui de la paix suprême..."
(SHOGHI EFFENDI, La Dispensation de Baha'u'llah, pp. 95, 103, éd. 1970.) Ouvrir le livre La dispensation de Baha'u'llah


"Le contraste est aussi clair que frappant entre, d'une part, les preuves, qui s'accumulent, d'une consolidation constante qui accompagne la croissance de l'ordre administratif de la foi de Dieu et, d'autre part, les forces de désintégration qui battent en brèche l'édifice d'une société accablée par l'effort. Chaque jour les signes et les gages croissent en nombre et en importance, tant dans le monde baha'i qu'en dehors, présageant d'une manière mystérieuse la naissance de cet ordre mondial qui doit marquer l'apparition de l'âge d'or de la foi de Dieu...

Bientôt, comme le proclament les paroles mêmes de Baha'u'llah, le présent ordre de choses sera révolu et un nouvel ordre se déroulera à sa place...

La révélation de Baha'u'llah... doit... être considérée comme marquant la venue de l'âge mûr de la race humaine. Il ne faut pas voir en elle simplement une renaissance spirituelle de plus dans la fortune toujours mouvante de l'humanité ni un stade plus élevé dans la chaîne des révélations progressives, ni même le point culminant d'une des séries de cycles prophétiques qui se répètent, mais plutôt le dernier stade, le sommet suprême de l'évolution prodigieuse de la vie collective de l'homme sur cette planète. La naissance d'une communauté mondiale, la conscience d'un civisme mondial, la fondation d'une civilisation et d'une culture communes à tous doivent être considérées, en ce qui concerne cette vie planétaire, comme la limite extrême que puisse atteindre l'organisation de la société humaine, cependant que l'homme, en tant qu'individu, pourra, que dis-je, devra, bien entendu, et en conséquence d'un tel achèvement, continuer à progresser et à se développer indéfiniment...

L'unité de la race humaine, telle qu'elle a été conçue par Baha'u'llah, implique l'établissement d'une communauté mondiale dans laquelle toutes les nations, races, croyances et classes sont étroitement et définitivement unies et où l'autonomie des États membres, la liberté et l'initiative personnelles des individus qui la composent sont complètement et pour toujours sauvegardées.

Cette communauté, pour autant que nous puissions l'imaginer, comportera un corps législatif mondial dont les membres, en tant que mandataires de l'humanité entière, auront le contrôle suprême de toutes les ressources des nations membres et édicteront les lois nécessaires pour régler la vie, pourvoir aux besoins et harmoniser les relations de toutes les races et de tous les peuples.

Un pouvoir exécutif mondial, soutenu par une force internationale, exécutera les décisions prises par ce pouvoir législatif, appliquera les lois votées par celui-ci et veillera à la protection de l'unité organique de la communauté tout entière.

Un tribunal international jugera et prononcera un verdict final et sans appel dans tous les différends susceptibles de s'élever entre les divers éléments constitutifs de ce système universel.

Un mécanisme d'intercommunication mondiale sera imaginé; affranchi de toutes les entraves et restrictions d'ordre national, il fonctionnera sur la planète entière avec une rapidité merveilleuse et une parfaite régularité.

Une capitale mondiale, centre nerveux de la civilisation, sera le foyer vers lequel convergeront toutes les forces unificatrices de la vie et d'où rayonneront les influences stimulantes.

Une langue internationale sera inventée ou choisie parmi celles qui existent déjà et elle sera enseignée comme langue auxiliaire de la langue maternelle.

Une écriture et une littérature mondiales, un système uniforme et universel des monnaies et des poids et mesures simplifieront et faciliteront les échanges et la compréhension mutuelle entre les nations et les races humaines.

Dans une société de ce genre, les deux forces les plus puissantes de la vie humaine, la science et la religion, seront réconciliées; elles coopéreront en se développant harmonieusement.

Dans cette organisation, la presse, tout en donnant libre cours à l'expression des vues et des convictions diversifiées du genre humain, cessera d'être maniée de façon nuisible au gré des intérêts privés ou publics; elle sera libérée de l'influence des gouvernements et des peuples en conflit. Les ressources économiques du monde seront aménagées, ses sources de matières premières seront exploitées et utilisées à plein rendement, ses marchés coordonnés et développés, et la distribution des produits sera équitablement réglée.

Rivalités, haines et intrigues cesseront entre les nations; animosités et préjugés raciaux feront place à l'amitié raciale, à la compréhension réciproque et à la coopération.

Les causes de luttes religieuses seront à jamais écartées, les barrières et les restrictions économiques complètement abolies, et les différences excessives entre les classes s'effaceront. Le dénuement d'un côté et l'accumulation des richesses, de l'autre, disparaîtront. L'immense énergie absorbée et gaspillée pour la guerre tant économique que politique sera utilisée à d'autres buts tels que: étendre le champ des inventions humaines et du développement de la technique, accroître la productivité, exterminer la maladie, étendre les recherches scientifiques, relever le niveau de la santé physique, rendre le cerveau humain plus aigu et plus subtil, exploiter les ressources inemployées ou insoupçonnées de la planète, prolonger la vie humaine et développer par tous les moyens possibles tout ce qui peut stimuler la vie intellectuelle, morale et spirituelle de la race humaine tout entière.

Un système de fédération mondiale régissant le globe, exerçant une autorité indiscutable sur ses ressources d'une ampleur inimaginable, mêlant et incorporant à la fois les idéaux de l'Orient et de l'Occident, affranchi des malédictions de la guerre et de ses misères, résolu à exploiter toutes les ressources d'énergie disponibles à la surface de la terre, système dans lequel la force sera mise au service de la justice, dont l'existence reposera sur la reconnaissance universelle d'un Dieu unique et sur l'obéissance à une révélation commune, tel est le but vers lequel se dirige l'humanité, poussée par les forces unificatrices de la vie...

L'humanité tout entière se lamente et meurt du désir d'atteindre à l'unité et d'en finir avec son long martyre. Et cependant, elle refuse obstinément d'accepter la lumière et de reconnaître la souveraine autorité de la seule Puissance qui puisse la tirer de son embarras et lui épargner les calamités effroyables qui menacent de l'engloutir...

L'unification du genre humain est la marque caractéristique du stade d'évolution dont la société approche aujourd'hui. L'unité de la famille, de la tribu, de la cité et de la nation ont été successivement tentées et pleinement réalisées. L'unité du monde est le but que s'efforce d'atteindre une humanité harassée. L'édification des nations est achevée. L'anarchie inhérente à la souveraineté de l'État approche de son point culminant. Un monde progressant vers sa maturité doit renoncer à ce fétiche, reconnaître l'unité et l'intégralité de la famille humaine et établir une fois pour toutes les institutions capables d'incarner au mieux ce principe fondamental de son existence."
(SHOGHI EFFENDI, Vers l'apogée de la race humaine pp. 5 à 56.)
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Les lettres ci-dessus ont été publiées en un seul volume intitulé "L'Ordre mondial de Baha'u'llah". Ouvrir le livre L'Ordre mondial de Baha'u'llah


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