Médiathèque baha'ie

Dans la gloire du Père

Une biographie de Baha’u’llah

par H. M. Balyuzi
(traduction Pierre Spierckel)


"Les principes humanitaires et spirituels énoncés par Baha'u'llah, il y a des dizaines d'années, au fin fond de l'Orient, et qu'il élabora en un système cohérent, sont considérés les uns après les autres, par un monde inconscient de leur origine, comme des signes de progrès de la civilisation. Et le sentiment que l'humanité a rompu avec son passé et que les vieux principes ne sont plus utiles devant les urgences du temps présent rend tout homme de réflexion perplexe et consterné, à l'exception de ceux qui ont appris à trouver dans l'histoire de Baha'u'llah le sens de tous les prodiges et présages de notre temps." Shoghi Effendi

Voici l'histoire de Baha'u'llah, dédiée à la gloire inaltérable de son arrière-petit-fils, l'auteur des lignes ci-dessus, le Gardien de la foi baha'ie.

Table des matières

Préface à la version française
Préface du traducteur
Introduction
Prologue

1. Ascendance de Baha'u'llah
2. La famille de Baha'u'llah
3. Les premières années
4. L'aube
5. En route vers la capitale de la Perse
6. Au pays de ses ancêtres
7. Premier emprisonnement
8. La conférence de Badasht
9. De Badasht à Shaykh Tabarsi
10. La chute de Haji Mirza Aqasi
11. Deuxième emprisonnement
12. Une année importante
13. Un an à Kerbéla
14. La chute de l'Amir Kabir
15. La folle tentative d'assassiner Nasiri''-Din Shah
16. Naissance de la révélation baha'ie
17. Les martyrs babis de 1852
18. Histoire d'un jeune Shirazi

19. Libération et exil
20. Bagdad, la première année
21. Sulaymaniyyih
22. Bagdad - Amis et ennemis
23. Bagdad - les dernières années
24. Traces de la Plume très exaltée
25. La marche du Roi de gloire
26. Dans la ville de Constantin
27. Andrinople, la prison lointaine
28. Andrinople. Les dernières années
29. Le bannissement à Acre
30. L'arrivée à Acre
31. Le Seigneur des Armées
32. La vie dans la caserne
33. L'histoire de Badi'
34. Le grand sacrifice
35. Les portes s'ouvrent
36. La roue tourne
37. Le mariage de la Plus-Grande-Branche
38. Dernières années derrière les murs
39. Les années à Bahji
40. Activités des azalis à Istanbul
41. Extraits d'une autobiographie
42. L'ascension de Baha'u'llah

Addenda I. Le règne désastreux de Nasiri'd-Din Shah
Addenda II. Démarches effectuées auprès des consuls lors du bannissement de Baha'u'llah à Acre
Addenda III. Conséquences du siège de Plevna
Addenda IV. Le général Gordon à Haïfa et Acre
Addenda V. Notes bibliographiques
Bibliographie
Glossaire
Références

Maison d'éditions baha'ies (MEB - Bruxelles) - George Ronald Publisher
D/1547/2005/2 - ISBN 2-87203-068-9



Préface à la version française

Ali Nakhjavani

C'est en 1938 que M. Balyuzi écrivit sa première biographie du fondateur de la foi baha'ie sous la forme d'un petit livret intitulé: Baha'u'llah. Shoghi Effendi, le Gardien de la foi baha'ie fut heureux d'inclure cet essai dans le volume VIII du Baha'i World. Il écrivit aussi à l'assemblée spirituelle nationale des îles britanniques en exprimant l'espoir que M. Balyuzi écrirait d'autres ouvrages sur la vie du Bab et sur celle de 'Abdu'l-Baha.

Après le décès de Shoghi Effendi en 1957, M. Balyuzi pensa que le centenaire de la déclaration de Baha'u'llah serait une occasion parfaite pour augmenter le contenu de son premier essai. Ainsi le livret devint un livre et fut publié en 1963 sous le titre de Baha'u'llah, a Brief Life.

M. Balyuzi termina en 1971 sa biographie de 'Abdu'l-Baha et en 1973 celle du Bab, complétant ainsi la trilogie envisagée par le Gardien. Il put de nouveau se consacrer à l'enrichissement de la biographie de Baha'u'llah, d'autant plus que beaucoup de nouveaux documents étaient maintenant accessibles.

Le fruit de ses nobles efforts sera Baha'u'llah, the King of Glory, publié en 1980 qui présente en un seul volume tous les documents alors disponibles sur la vie de Baha'u'llah.

La traduction française de cette troisième et dernière tentative de M. Balyuzi pour écrire une biographie historique de Baha'u'llah est une étape importante dans les annales de l'édition baha'ie francophone. Les premiers érudits européens qui s'intéressèrent à la nouvelle religion et qui écrivirent longuement sur son histoire et sur ses enseignements étaient tous des orientalistes français. Le premier centre baha'i établit sur le sol européen fut ouvert à Paris au début du vingtième siècle. La première encyclopédie à proposer un article sur les babis fut le Grand Larousse du XIXe siècle. Il est donc juste que les baha'is des pays francophones puissent lire, enfin, cette biographie exhaustive de Baha'u'llah en français.

Dans Dieu passe près de nous Shoghi Effendi divise la vie de Baha'u'llah en quatre périodes:

1. Les vingt-sept premières années sont caractérisées par les avantages que sa haute naissance et la richesse lui confèrent, ainsi que par sa constante sollicitude pour les intérêts des pauvres, des malades et des opprimés.

2. Les neuf années suivantes le montrent actif et exemplaire dans la propagation de la religion du Bab.

3. Elles sont suivies par quatre mois d'emprisonnement dans le Siyah-Chal de Téhéran, au cours desquels sa vie sera constamment en danger.

4. Les trente-neuf années de son glorieux ministère qui, d'après Shoghi Effendi, "est sans parallèle dans les annales religieuses de toute l'histoire humaine." (1)

Dans le même ouvrage, Shoghi Effendi évalue le rang du fondateur de la religion baha'ie. Il l'appelle: "celui que la postérité acclamera, et que d'innombrables partisans reconnaissent déjà, comme le juge, le législateur et le rédempteur de toute l'humanité, comme l'organisateur de la planète tout entière, l'unificateur des enfants des hommes, l'inaugurateur du millénaire tant attendu, le promoteur d'un nouveau " cycle universel ", le fondateur de la très grande paix, la source de la très haute justice, le proclamateur de la majorité de toute la race humaine, le créateur d'un nouvel ordre mondial, l'inspirateur et le fondateur d'une civilisation mondiale." (2)

Dans Le livre de la certitude, Baha'u'llah définit la nature et le rang des Manifestations de Dieu: "La porte de toute connaissance de l'Ancien des jours se trouve ainsi fermée à la face de tous les êtres, [...] celui qui est la Source de grâce infinie a fait surgir du royaume de l'esprit, sous la forme du temple humain, ces gemmes lumineuses de sainteté, et il les a manifestées aux hommes, pour qu'elles puissent communiquer au monde les mystères de l'Être immuable et lui expliquer les subtilités de son impérissable Essence." (3) Éclairé par le principe général qui précède, on peut lire ce qui suit dans une des prières de Baha'u'llah: "Ô mon Dieu, lorsque j'envisage la relation qui me lie à toi, j'ai envie de proclamer au monde "En vérité je suis Dieu !" ; et lorsque je me regarde, je me découvre plus grossier que la glaise." (4)

Si les disciples de la religion de Baha'u'llah considèrent sa révélation comme l'accomplissement et le couronnement glorieux des révélations précédentes, ils croient aussi, comme l'écrit le Gardien de la foi baha'ie, qu'elle "maintient sans aucun compromis les vérités éternelles qu'elles recèlent, reconnaît fermement et de manière absolue l'origine divine de leurs auteurs, préserve de toute violation la sainteté de leurs Écritures authentiques, rejette toute intention de diminuer le rang de leurs fondateurs ou de déprécier les idéaux spirituels qu'ils inculquent, éclaircit et coordonne leurs fonctions, réaffirme leur but commun, immuable et fondamental, réconcilie leurs revendications et leurs doctrines en apparence divergentes et admet sans difficulté, et avec gratitude, leurs participations respectives dans le déploiement graduel d'une révélation divine. Cette révélation reconnaît sans hésiter qu'elle est un simple maillon de la chaîne des révélations en continuel développement ; elle ajoute à leurs enseignements des lois et ordonnances obéissant à d'impérieuses nécessités, lois et ordonnances dictées par la réceptivité croissante d'une société en évolution rapide et toujours en transformation ; enfin, elle se déclare prête et à même d'unir et de faire fusionner ces révélations divisées en sectes et en factions opposées, pour établir une fraternité universelle qui oeuvre dans le cadre et en accord avec les préceptes d'un ordre divinement conçu, ordre unificateur et rédempteur pour le monde" (5)

Mon espoir est que ce livre aidera le lecteur - le baha'i comme celui qui étudie les enseignements et les revendications de Baha'u'llah - à mieux comprendre sa vraie nature et le but de sa mission. Baha'u'llah a accepté les souffrances, les revers et les persécutions afin que l'humanité, dont la maturité approche, considère de plus en plus la terre comme un seul pays et les êtres humains comme ses citoyens. Baha'u'llah ajoute que puisque l'humanité approche de sa maturité, elle a besoin d'un renouvellement de la religion: "De même que le corps de l'homme a besoin d'un vêtement pour l'habiller, de même il faut que le corps de l'humanité soit revêtu du manteau de la justice et de la sagesse. Sa robe est la révélation qui lui est accordée par Dieu." (6)

Ali Nakhjavani
décembre 2004


Photo: Aqa Rida-i-Qannad-i-Shirazi


Photo: Aqa Husayn-i-Ashchi de Kashan


Photo: Nabil-i-A'zam, mulla Muhammad-i-Zarandi

Préface du traducteur

Cette biographie de Baha'u'llah fait suite à la Chronique de Nabil qui rapporte les événements tragiques marquant la courte vie du Bab, dont l'une des missions fut de préparer la venue de Celui-que-Dieu-manifestera: Baha'u'llah.

Dans ces pages, le lecteur découvrira - phénomène récurrent mais rare dans l'histoire du monde - la vie d'une Manifestation de Dieu, ses joies, son courage devant l'adversité, sa souffrance face à la trahison et à l'injustice, sa détermination devant les obstacles, son amour des hommes, sa patience envers ses adversaires, sa droiture devant les autorités et sa simplicité avec les gens qui l'entouraient, sa confiance et sa résignation enfin devant les drames qui l'affligèrent. C'est, à ce jour, le récit historique le plus complet sur la vie de Baha'u'llah et des compagnons qui le suivirent dans ses exils successifs. Histoire de dévotion et de dévouement, d'abnégation et de sacrifices, illustration de la lutte immémoriale du bien et du mal, du jour et de la nuit, exemples de force d'âme et de fidélité illustrés par les témoignages inestimables des témoins même de ces événements. En effet, M. Balyuzi a choisi de diversifier ses sources et en donne la liste dans sa préface:

À part quelques documents et témoignages divers, mes sources principales ont été: La partie inédite de l'immortelle chronique de Mulla Muhammad-i-Zarandi, Nabil-i-A'zam, les souvenirs de Aqa Husayn-i-Ashchi et le récit de Aqa Muhammad-Riday-i-Qannad-i-Shirazi.

Aqa Husayn est le fils de Aqa Muhammad-Javad-i-Kashani, un des premiers babis. Orphelin très jeune, il fut emmené à Bagdad où il grandit dans la maison de Baha'u'llah. Il en devint finalement le cuisinier. C'est pourquoi on le connaît sous ce surnom de Ashchi, le faiseur de bouillon.

En décembre 1924, Aqa Husayn-i-Ashchi, très âgé, se préparait à mourir quand Shoghi Effendi, le Gardien de la foi baha'ie, demanda à Aqa 'Abdu'r-Rasul-i-Mansur-i-Kashani de s'asseoir près de son lit et de noter tout ce que le mourant pouvait se souvenir des événements des sept décennies passées. L'histoire que 'Ashchi avait à dire est fascinante, et le rapport étroit entre les réminiscences d'un vieil homme proche de la mort et le récit de Aqa Riday-i-Qannad est étonnant.

Aqa Rida, natif de Chiraz, confiseur de profession et fervent disciple de Baha'u'llah, resta toujours à ses côtés depuis la période de Bagdad jusqu'à son ascension. Il servit ensuite 'Abdu'l-Baha avec autant de zèle et de dévotion jusqu'à sa mort en 1912, alors que 'Abdu'l-Baha était en Amérique.

Aqa Rida a indiqué qu'il écrivit son récit à la demande de Nabil-i-A'zam et qu'il en commença la rédaction au début des années quatre-vingt du dix-neuvième siècle. Dans la copie que je possède, les dernières pages de la copie de son passionnant récit sont manquantes et la date exacte ne peut malheureusement être précisée. J'espère qu'il existe une copie complète quelque part et qu'on la trouvera, mais il est possible que Aqa Rida n'ait pas terminé son inestimable récit.

La grande valeur de ces deux documents tient au fait que leurs auteurs furent des témoins visuels des événements et non des compilateurs de souvenirs et d'anecdotes qu'on leur aurait racontés. Les deux hommes furent personnellement impliqués dans les événements qu'ils décrivent.

La chronique de Nabil-i-A'zam n'a pas besoin d'être présentée. Son premier tome publié en anglais sous le titre: The Dawn-Breakers, l'a déjà fait connaître. Dans la partie inédite, Nabil, comme Aqa Rida et Aqa Husayn, relate principalement des événements ou des incidents dans lesquels il est impliqué et qu'il a vus de ses propres yeux.

L'autobiographie de Haji Mirza Habibu'llah Afnan retrace les mois qu'il vécut à proximité des résidences de Baha'u'llah et son importance est capitale. Je suis reconnaissant envers mon cousin Abu'l-Qasim Afnan de m'avoir fourni ce texte précieux écrit de la main de son père, et pour m'avoir aussi prêté d'autres documents de grande valeur historique.

Les paroles de Baha'u'llah rapportées par les différents chroniqueurs et citées dans ces pages n'ont pas la valeur de ses écrits. C'est un point sur lequel on se doit d'insister. Il se peut que ce soient parfois ses propres paroles, mais personne ne prenait de notes en ce temps-là. La chronique de Nabil est d'une autre catégorie, l'auteur lisant habituellement à Baha'u'llah ce qu'il l'avait entendu dire ; cependant aucune de ces paroles n'a de valeur scripturaire.

Le lecteur occidental trouvera beaucoup de noms persans difficiles à lire, mais il est impossible de ne pas mentionner, dans une biographie de Baha'u'llah, ceux qui ont eu un rapport ou un autre avec lui ; et la seule manière de les identifier c'est leur nom, même s'il est très compliqué. Les Persans n'avaient pas de nom de famille. Une personne était désignée par une combinaison de préfixes et de suffixes autour de son prénom qui évitait de la confondre avec une autre, soit par le nom de son lieu de naissance: Mazandérani, Isfahani, Shirazi, soit par un préfixe ou un suffixe honorifique.

Quelques exemples:
Siyyid = descendant de Muhammad.
Mirza = n'a aucun sens par lui-même, mais peut remplacer Siyyid ou être utilisé en même temps. Après le nom, il désigne un prince royal.
Khan = fut un titre qui perdit peu à peu tout sens, mais resta honorifique.
Haji ou Hajj = indiquait un pèlerinage à La Mecque.

Mashhadi ou Karbila'i = en préfixes, indiquaient un pèlerinage à l'une de ces villes ; en suffixes, le lieu de naissance.

Les souverains persans donnèrent aussi de nombreux titres qui, parfois, désignaient un rang ou une profession mais qui, rapidement devinrent absurdes et furent officiellement supprimés dans les années vingt du vingtième siècle. Ils se terminent par le mot "Dawlih".

Nous avons utilisés des caractères particuliers pour écrire des lettres qui n'existent pas en français et dont nous indiquons ci-dessous le son équivalent approximatif: sh = ch, ch = tch, d = z, a = é, i = é, a = â, i = î… Certaines lettres n'ont pas de son particulier mais représentent des lettres particulières: h, z... Certains signes traduisent des sons discrets: '= un h muet. Pour aider le lecteur français, on a choisi d'écrire en français les noms de lieux et de villes qui ont une graphie connue dans cette langue.

Les citations sont reprises de la dernière traduction en date disponible, notamment celle approuvée par la Commission de traduction. Les textes traduits par l'auteur furent repris lors de la traduction et sont signalés.

La traduction en français du livre de M. Balyuzi fut un travail d'équipe et le traducteur tient à remercier ici Mmes Parivash Ardei, Zakia Nasra, Mirabelle Weck, Annette Zahrai, Margarita Zahrai ; Dr Philippe Réhel ; MM Louis Hénuzet, Ezzat Zahrai et Michel Zahrai pour leur rôle dans la réussite de cette entreprise.

Pierre Spierckel
21 avril 2005 / Ridvan 162



Introduction

La Perse, terre ancienne d'où s'éleva, il y a trois mille ans, la voix de Zoroastre appelant les hommes à la pensée juste, à la parole juste et à l'acte juste, est le berceau de la religion babie et baha'ie. C'est un immense territoire de 1 626 000 km2 où les villages et les villes sont construits à une altitude moyenne de 1500 m. Sur le plateau iranien on trouve des sommets de 5800 m qui culminent au mont Damavand au nord. Son sommet couvert de neige éternelle est visible de Téhéran. Au-delà de la chaîne de l'Elbourz dont fait partie le mont Damavand, s'étendent les provinces caspiennes de Gilan et de Mazandéran, à la végétation luxuriante et aux épaisses forêts. Le massif de Zagros à l'ouest descend vers la plaine irakienne, le pays des deux fleuves: le Tigre et l'Euphrate. Il fut un temps où l'Irak faisait partie de l'empire perse dont les empereurs passaient l'hiver dans la ville de Ctésiphon où l'on peut voir encore la célèbre arche de Chosroes, sur les rives du Tigre.
Au centre et à l'est du plateau iranien s'étendent de grands déserts inhospitaliers: Dasht-i-Kavir et Dasht-i-Lut, ornés sur leurs limites de villes oasis telles que Yazd et Kirman qui ont résisté courageusement aux ravages des siècles, de la nature et de l'homme. Au nord-est, près de la frontière avec ce qui fut l'Union soviétique, on trouve la ville sainte de Mashhad qui abrite le mausolée du huitième Imam, 'Ali Ibn Musa'ar-Rida. La mosquée de Gawhar-Shad dont le mausolée de l'Imam Rida fait partie est un joyau d'architecture considérée comme l'une des plus belles structures du monde. Voici comment la décrivait un Anglais qui, vêtu à la persane, osa y pénétrer:

Me précipitant au travers du sombre bazar, je trouvai le dôme que je contournai à gauche et, arrivé dans une cour ouverte, je m'arrêtai un instant, presque aveuglé par la fanfare de couleurs et de lumière qui m'accueillit. On aurait dit qu'un autre soleil s'était allumé. Le rectangle n'était qu'un jardin de turquoise, de rose, de rouge vif, de bleu profond, avec des touches de pourpre, de vert et de jaune parmi les allées couleur brique. De grandes arabesques blanches ornaient les arches des ivan (portique, galerie ouverte) qui, eux-mêmes, cachaient d'autres jardins, plus ombrés, plantés de fritillaires. Les grands minarets sur les côtés du sanctuaire montaient haut depuis leur base encerclée de lettres coufiques de la taille d'un garçon, incrustées d'un réseau de losanges étincelants, et encadraient le dôme arrondi, bleu océan, décoré de vrilles jaunes.
Mais dans toute cette diversité, le principe d'unité, l'étincelle de vie de cette apparition aveuglante, venait de deux grands textes: l'un, une frise écrite en lettres blanches de style suls courait sur un fond bleu gentiane au sommet des bâtiments qui entouraient le rectangle de la cour ; l'autre, dans le même alphabet, en lettres blanches et jaunes sur fond saphir, se mêlait à un alphabet coufique couleur turquoise et courait sur la bordure intérieure et le long des trois côtés de l'arche de l'ivan principal, entre les minarets. On raconte que ce dernier texte fut dessiné avec foi en Dieu par 'Baisanghor, fils de Shah Rukh, fils de Timour Gurkani (Tamerlan) en 821 (1418). 'Baisanghor [Baysunqur] est ce grand calligraphe qui célébra la munificence de sa mère, Gohar Shad, par une inscription dont la splendeur explique définitivement la joie que ressent l'islam en écrivant sur les murs de son architecture. (1)

La deuxième ville sainte d'Iran est Qom, au sud de la capitale, où l'on rencontre un autre mausolée célèbre, celui de Ma'sumih, une des soeurs du huitième Imam. C'est à Qom, autour du sanctuaire de Ma'sumih, que quelques-uns des monarques safavides et qadjars sont enterrés. Plus au sud encore, sont deux des plus célèbres villes d'Iran: À 414 km de Téhéran, au coeur du pays, Ispahan la ville préférée de 'Abbas le Grand dont on a dit: Isfahan, Nisf-i-Jahan (Ispahan: la moitié du monde), et à 895 km de la capitale, Chiraz où l'aube se leva en l'an 1844. C'est la ville de Sa'di et de Hafiz, la ville préférée d'un dirigeant bienveillant et exemplaire, Karim Khan-i-Zand dont Sa'di a chanté la louange. (2)

Ô divine et bénie sera l'aube
Qui me trouvera de nouveau traversant
Le col Allah-u-Akbar allant vers Chiraz.
Ô, voir encore ce paradis sur terre
où séjourne la sécurité
et non l'oppression du manque et de la disette.

Au dix-neuvième siècle, ces villes de grand renom furent négligées et ruinées par les Qadjars. Le fondateur de cette dynastie, Agha Muhammad Khan s'empara de quelques-unes des majestueuses structures érigées par Karim Khan à Chiraz et, à Ispahan, Sultan-Mas'ud Mirza, le Zillu's-Sultan, fils aîné de Nasiri'd-Din Shah, défigura les beautés prodiguées à cette ville par 'Abbas le Grand. C'est près de Chiraz que sont situées les ruines monumentales de Persépolis, le magnifique palais d'Apadana élevé par Darius et Xerxés et incendié par Alexandre le Grand, ainsi que Naqsh-i-Rustam, la tombe des rois achéménides.

Entre Chiraz et le littoral du Golf Persique on traverse des chaînes de montagnes aux sommets élevés et aux cols difficiles d'accès avant que le plateau ne descende jusqu'au niveau de la mer. Au sud-ouest on trouve à la fois les puits de pétrole et les ruines de la ville de Suse (Shush) qui connut de grands rois et Daniel, le prophète des Israélites. Au-delà du Khuzistan, la province des puits de pétrole, on trouve les provinces du Luristan et du Kurdistan. La chaîne de Zagros avec son sommet le plus élevé, l'Alvand, traverse ces territoires fréquentés par les Lurs et les Kurdes, héritiers de grandes traditions et vaillants guerriers. Sur ses parois de puissants rois d'antan ont fait graver leur histoire. C'est aussi là que se nichent deux autres villes célèbres: Kirmanshah et Hamadan. Près de Hamadan se trouve Ecbatane, la ville des Mèdes. Enfin, c'est au nord-ouest, près des frontières turque et anciennement soviétique, qu'est la ville de Tabriz, illustre capitale de Shah Isma'il, fondateur de la dynastie des Safavides, dont la terre fut sanctifiée au milieu du dix-neuvième siècle par le sang sacré qu'elle but: le Bab y fut exécuté en 1850.

Les territoires situés au nord de la rivière Aras faisaient partie de l'empire iranien avant d'en être soustraits sous le règne de Fath-'Ali Shah. C'est non loin de la rivière Aras (l'Araxes des Grecs) que le Bab passa de nombreux mois en captivité et c'est Hafiz de Chiraz, la ville de naissance du glorieux Bab, qui écrivit (3):

Si tu souffles, ô Zéphyr, sur les berges de l'Aras,
Baise la terre de cette vallée et y rafraîchis ton haleine.

Voilà l'Iran d'aujourd'hui que les disciples de Baha'u'llah, où qu'ils soient, reconnaissent comme "la terre sacrée d'Iran", le berceau de leur religion. En parlant de son futur, 'Abdu'l-Baha, fils de Baha'u'llah et le Centre de son Alliance, écrivait: "le gouvernement du pays natal de Baha'u'llah deviendra le plus respecté de tous les gouvernements et… l'Iran deviendra le plus prospère des pays." (4)

Mais au début du dix-neuvième siècle, la Perse devenait rapidement le plus sombre des pays. Le joug monstrueux des Qadjars venait juste de se poser sur le cou d'une nation étourdie par des coups successifs. Dirigés par des rois ignorants et avares, gouvernés par des fonctionnaires vénaux et des propriétaires terriens rapaces prenant exemple sur leur brutal souverain, les Persans sombraient dans l'hébétude. Le pire de la nature humaine et les tares les plus haïssables de l'être humain dominaient. On ne rencontrait que férocité, envie et cruauté. La Perse devint intellectuellement affamée et moralement corrompue. Prétentieux et intéressé, le clergé manipulait un peuple crédule au gré de ses rivalités insensées, de ses décisions absurdes et de ses déclarations contradictoires ; spirituellement la Perse devint moribonde. Soixante-dix ans auparavant, dans une ville de la côte où résidaient et commerçaient de nombreux étrangers, le gouverneur, sentant la nécessité d'une justice civile, avait établi un tribunal et placé à sa tête un sage enturbanné et bien versé dans la jurisprudence islamique. Immédiatement les religieux s'écrièrent qu'un tribunal civil était Taghut, une idole de l'Arabie pré-islamique. Le gouverneur leur dit alors que, s'ils choisissaient parmi eux celui qui devait être le juge et qu'ensuite tous promettaient d'obéir à ses décisions et de les appliquer, lui, gouverneur, dissoudrait immédiatement ce tribunal civil. Mais ils furent incapables de faire le pas qui concéderait la suprématie d'un des leurs sur les autres. Le tribunal civil subsista et prospéra au grand dam du clergé. Il y avait naturellement des exceptions importantes à ce déclin généralisé ; mais ces exceptions ne servaient qu'à confirmer la règle.

Les Manifestations de Dieu apparaissent toujours parmi le peuple le plus dépravé et le plus amoral de leur temps, dans le pays le plus sot et le plus opprimé. Moïse vint vers un peuple d'esclaves qui n'avait plus de respect pour lui-même et qui était la proie de ses imaginations. Il mit au défi à la fois la puissance du tyran et l'égarement de son propre peuple et il vainquit les deux. Jésus apparut dans les rangs les plus bas du même peuple, les enfants d'Israël, qui avait de nouveau oublié son droit de naissance, était tombé en servitude et avait oublié les conseils et les avertissements de ses prophètes. Il souffrit profondément entre ses mains et aux mains de ses oppresseurs. Mais à la fin il triompha. Muhammad, le prophète arabe, se leva parmi des idolâtres, grossiers et agressifs, qui enterraient leurs filles vivantes, sans lois et prédateurs.
D'un peuple disparate et mélancolique il fit une nation unifiée, lui donna des lois, une vision et une compréhension communes et lui apprit à adorer le seul vrai Dieu. Et au dix-neuvième siècle, dans l'ancien pays d'Iran, parmi un peuple pataugeant dans l'ignominie, apparurent deux Manifestations de Dieu: l'une, de pure lignée, descendant du prophète arabe, l'autre issue de la maison royale d'Iran qui dirigea le pays avant l'islam. Elles avaient le pouvoir de recréer la vie, de conférer aux hommes une deuxième naissance. Dans ces ténèbres presque impénétrables, parmi la noirceur du fanatisme, de l'ignorance et de la rapacité qui enveloppaient le peuple iranien, l'étoile de leur religion brilla comme un million de soleils illuminant, pour d'innombrables hommes et femmes, le chemin vers d'héroïques actions. Et elles ne s'adressaient pas qu'au peuple iranien, leur appel était destiné à toute l'humanité. Elles souffrirent gravement elles aussi, comme Jésus de Nazareth et Muhammad le Mecquois. Mais l'histoire n'offre aucun exemple de quelqu'un qui, osant lever la main pour blesser le Bab, ou Baha'u'llah, ou leurs disciples, put échapper aux conséquences de ses actes.

Les pages qui suivent relatent l'histoire de Baha'u'llah ainsi que l'histoire de la chute d'une nation sous le joug des Qadjars.


Prologue

La grandeur confondante, la majesté envoûtante et la beauté attendrissante de la vie d'une Manifestation de Dieu ne peuvent s'inscrire dans le seul cadre d'événements associés habituellement à une vie sainte. L'immensité d'une telle vie se voit dans la mystérieuse influence qu'elle exerce sur d'innombrables autres vies, influence qui n'agit pas au travers d'un statut social ou de prestige, de richesse, de pouvoir séculier ou de domination terrestre, ni même au travers d'une connaissance supérieure ou de la force d'une réussite intellectuelle.

La Manifestation de Dieu est l'Archétype et sa vie est le modèle suprême. Sa vision, dépassant le temps et l'espace, embrasse le passé et le futur. Elle est le lien nécessaire et suffisant entre un cycle d'évolution sociale et le suivant. Sans elle, l'histoire n'a pas de sens et toute coordination est impossible. De plus, la Manifestation de Dieu libère de profondes réserves de pouvoir spirituel et réveille les forces latentes de l'Homme. C'est par elle, et par elle seule que l'Homme peut connaître une "nouvelle naissance". C'est par elle et par elle seule que l'Homme peut connaître Dieu.

Mirza Husayn 'Ali Nuri que l'histoire connaît sous le nom de Baha'u'llah (la Gloire de Dieu) naquit à l'aube du deuxième jour du mois de Muharram, 1233 de l'hégire, c'est-à-dire le 12 novembre 1817, à Téhéran, capitale de la Perse.


Addenda I. Le règne désastreux de Nasiri'd-Din Shah


Photo: Nasiri'd-Din Shah à Paris en 1889


Photo: Mirza Yusuf-i-Ashtiyani, le Mustawfiyu'l-Mamalik


Photo: Siyyid Jamamlu'd-Din-i-Asadabadi, plus connu sous le nom de Al-Afghani.


Photo: le sultan 'Abdu'l-Hamid II

Les Qadjar furent les Ommeyades de la Perse. C'étaient des usurpateurs ; traîtres, ils ne savaient pas et ne voulaient pas tenir un serment.

En 1795, l'ardeur révolutionnaire de la France s'était calmée, Robespierre, ses oeuvres et les vestiges de la Convention étaient choses du passé ; la grande Catherine, la tsarine de Russie, n'avait plus qu'un an à vivre ; le fondateur de la dynastie qadjar, le méprisable Agha Muhammad Khan devint le monarque incontesté de la Perse. Ainsi commença pour la Perse un long cauchemar, une période absolument désastreuse. Les Qadjar furent, tout à tour, cruels, luxurieux, faibles, obscurantistes et tyranniques. Sous leur joug, la Perse tomba d'une infamie dans une autre.

La Perse a un passé brillant dont elle peut être fière. Elle eut de grands rois, des ministres et des administrateurs remarquables, de grands religieux et de grands mystiques, de grands poètes et hommes de lettre, des hommes de l'art et des bâtisseurs éminents. Mais, sous les Qadjar, elle connut les abîmes de l'humiliation, surtout au cours du désastreux règne de Nasiri'd-Din Shah (1848-1896) qui fit connaître à la Perse souffrances après souffrances, déclin après décadence. La corruption devint généralisée. Intellectuellement affamée, spirituellement moribonde, moralement décrépite, elle cessa de compter dans le choeur des nations. La chute rapide d'une nation qui est montée à de telles hauteurs de réussite est toujours pitoyable, étonnante et tragique.

'Abbas Mirza, le Mulk-Ara, demi-frère de Nasiri'd-Din Shah, qui souffrit toute sa vie par la faute de ce monarque cupide et vindicatif, écrit, dans son autobiographie, cette épitaphe pour lui-même:

Il vaut mieux, pour un homme, laisser derrière lui un bon souvenir:
(le joyeux nom de Nushiravan* est: vivre, associé à justice, mais, depuis longtemps, il n'y a pas de Nushiravan dans le monde)
* [nota: Chosroes I, le monarque sassanide. Ces vers sont de Sa'di.]

À la différence de Nasiri'd-Din Shah qui, après quarante-neuf années [lunaires] de règne, n'a laissé derrière lui qu'ignorance, aliénation, ruine du pays, absence d'éducation pour les fonctionnaires comme pour les sujets du roi, qui a ruiné et pillé la Perse au-delà des possibilités de réforme et de rédemption, qui fit preuve de folie à un point tel que ni les lèvres ni la plume ne peuvent adéquatement en témoigner. (1)

Le Gardien parle ainsi de ce dirigeant qui ruina la Perse:

Nasiri'd-Din Shah, flétri par Baha'u'llah comme le Prince des oppresseurs, comme celui qui avait commis ce qui a provoqué les lamentations des habitants des cités de justice et d'équité, était, à l'époque considérée, en pleine maturité, et avait atteint au sommet du pouvoir despotique. Seul arbitre des destinées d'une nation solidement ancrée dans les traditions immémoriales de l'Orient, (…) chef d'une administration dans laquelle chaque agent était, selon le cas, tour à tour le suborneur ou le suborné, allié, dans son antagonisme contre la foi, à un ordre sacerdotal qui constituait une véritable église d'État, (…), ce capricieux monarque, ne pouvant plus se saisir de la personne de Baha'u'llah, dut se contenter d'essayer d'écraser, sur ses propres États, les restes d'une communauté hautement redoutée qui venait de ressusciter. Après le chah, rang et pouvoir revenaient à ses trois fils aînés auxquels, en vue de l'administration intérieure du pays, il avait pratiquement délégué son autorité et qu'il avait placés à la tête de toutes les provinces de son royaume. Il avait confié la province de l'Azerbaïdjan au faible et timide Muzaffari'd-Din Mirza, héritier du trône, qui était tombé sous l'influence de la secte shaykhi et manifestait un respect marqué aux mullas. Sous l'autorité sévère et brutale du rusé Mas'ud Mirza, couramment appelé Zillu's-Sultan, son fils aîné survivant, dont la mère était d'origine plébéienne, le chah avait placé plus des deux cinquièmes de son royaume, y compris les provinces de Yazd et d'Ispahan, tandis que, à la tête des provinces de Gilan et du Mazandéran, il avait placé Kamran Mirza, son fils préféré, généralement appelé par son titre de Nayibu's-Saltanih*, et l'avait nommé gouverneur de Téhéran, ministre de la guerre et commandant en chef de son armée. Telle était la rivalité entre ces deux derniers princes qui se disputaient les faveurs de leur père, que chacun d'eux, aidé des chefs mujtahids relevant de sa juridiction, tâchait d'éclipser l'autre par des efforts bien intentionnés pour chasser, piller et exterminer les membres d'une communauté sans défense, laquelle, sur l'ordre de Baha'u'llah, avait cessé d'offrir une résistance armée, même en cas de légitime défense, et appliquait son mot d'ordre qu'il vaut mieux être tué que de tuer.

* [nota: Le jour où Nasiri'd-Din Shah fut assassiné, Zillu's-Sultan était à Ispahan ; il offrit immédiatement sa soumission et sa loyauté au frère qu'il méprisait tant et qu'il avait dans le passé tenté de supplanter, car il savait qu'il n'avait aucune chance d'accéder au trône. Kamran Mirza, le Nayibu's-Saltanih, était à Téhéran. Mais lui, qui était ministre de la guerre et gouverneur de la capital était un tel couard qu'il se cacha et que rien ne put le convaincre de revenir s'occuper de ses charges. Il fut même absent à la cérémonie de préparation avant enterrement du corps de son père.]

Dans le clergé, les provocateurs de discorde, Haji Mulla'Aliy-i-Kani et Siyyid Sadiq-i-Tabataba'i, les deux principaux mujtahids de Téhéran, ainsi que leur collègue d'Ispahan, Shaykh Muhammad-Baqir et Mir Muhammad Husayn, l'imam-jum'ih de cette ville, n'étaient pas non plus disposés à laisser passer la moindre occasion de frapper, avec toute la force et l'autorité dont ils disposaient, un adversaire dont ils avaient encore plus de raisons que le souverain lui-même de craindre les influences libérales. (2)

Le même'Abbas Mirza, le Mulk-Ara, se souvient de son horreur devant ce qu'il découvrit lorsqu'il fut envoyé, contre son gré, pour gouverner la ville de Zanjan et ses environs. Trente ans après l'holocauste dont furent victimes le brave Hujjat et ses compagnons, de grandes parties de la ville étaient encore en ruines. La ville grouillait de plaignants qui possédaient des décisions de justice contradictoires prises par différents fonctionnaires ou plusieurs ecclésiastiques. Les finances gouvernementales étaient dans un désordre complet. Les chefs de tribus faisaient chacun leur propre loi. Le peuple n'avait personne vers qui se tourner pour obtenir réparation après les nombreuses extorsions dont il avait été victime. Mulk-Ara avait été exilé en Irak pendant vingt-sept ans et, parce qu'il avait beaucoup souffert lui-même aux mains de Nasiri'd-Din Shah, on ne pouvait pas attendre de lui des critiques objectives. Mais tout impitoyables que soient ses sentiments concernant le chah et le gouvernement délabré de la Perse, ses observations sont largement confirmées par d'autres sources. Muhammad-Hasan Khan, fils de Haji'Ali Khan, le Hajibu'd-Dawlih (qui avait d'abord eu le titre de Sani'u'd-Dawlih, puis celui de I'timadu'-Saltanih, qui servit fidèlement à la cour de Nasiri'd-Din pendant de longues années afin de finir comme ministre des Publications) laissa un volumineux journal intime. Un coup d'oeil rapide dans ce journal, qui couvre une vingtaine d'années, suffit pour découvrir la corruption fondamentale du chah et de ceux qui l'entouraient et qu'il aimait, l'instabilité qui imprégnait la vie quotidienne, les pratiques haïssables et même parfois horribles qui se répandirent pendant ce règne. Muhammad-Hasan Khan, qui parlait français, était bien au courant des coutumes européennes et on lui doit un certain nombre de traductions et d'écrits originaux. Il mourut peu avant son maître, et nous reviendrons plus tard à son journal, remarquable par sa franchise.

Mais voyons d'abord les preuves que nous apporte Valentine Chirol, un célèbre journaliste britannique, qui sera plus tard anobli, et qui visita la Perse. En 1884, il représentait les intérêts commerciaux de Nordenfelt, un Suédois résidant en Angleterre, qui commercialisait un nouveau modèle de mitrailleuse et désirait faire des affaires avec le gouvernement persan. Nordenfelt avait d'abord contacté Mirza Malkam Khan, le Nazimu'd-Dawlih, ambassadeur de Perse à Londres, qui "l'encouragea grandement" et lui conseilla de préparer la voie en présentant un exemplaire de son arme au chah en personne, "afin de s'assurer de l'intérêt personnel de Sa Majesté en cette affaire.

Valentine Chirol écrit:

Nordenfelt, connaissant mon goût des voyages et faisant confiance à l'expérience que j'avais acquise dans les us et coutumes de l'Orient, me demanda d'entreprendre cette mission. La Perse était encore pour moi un nom que j'évoquais avec respect et j'acceptais son offre. Le premier problème à résoudre fut le transport de la mitrailleuse jusqu'à Téhéran. La route la plus courte et la plus pratique, à cette époque-là, passait par la Russie, traversait la Caspienne jusqu'au port d'Enzeli et de là, par la route, si on pouvait appeler cela une route, arrivait à la capitale persane. Mais le gouvernement russe n'avait pas l'intention d'encourager l'introduction d'armes de guerre modernes en Perse et la seule route possible passait par le golf Persique jusqu'à Bouchir, où je devais prendre les choses en main et m'assurer que tout arrive en sécurité à Téhéran, en passant par Chiraz et Ispahan.

Chirol décrit précisément l'ascension du plateau iranien, à travers les très difficiles passes entre Bouchir et Chiraz, ce qui aujourd'hui se fait par des tunnels qui sont des merveilles de réalisation technique. À Ispahan, Zillu's-Sultan insista pour voir la mitrailleuse et voulut la voir fonctionner ce qui décontenança Chirol. Mais il n'y avait pas moyen de l'éviter et il fallut s'exécuter. Zillu's-Sultan fut très satisfait. Chirol continue:

Au cours d'un trajet dans un paysage particulièrement désolé, chauffé à blanc par un soleil brûlant dans un ciel sans nuages, je tombai sur une scène qui illustre bien les méthodes primitives utilisées dans les pays vraiment orientaux pour faire régner la loi et l'ordre. Devant nous, sur la large piste usée par d'innombrables caravanes, sur laquelle on ne trouve aucun indicateur, aucune borne, j'aperçus au loin un poteau de la hauteur d'un homme. En nous en approchant, je vis ce qui avait dû être un visage humain et des épaules. Le pauvre homme qui avait peut-être été, comme on me l'apprit plus tard, un célèbre brigand, avait été enfoncé de force dans un pilier creux formé de pierres soigneusement empilées, puis on avait versé du ciment jusqu'à la hauteur des épaules. On l'avait laissé là quelques heures à vivre jusqu'à ce que les myriades de mouches encombrant son visage, ou plus rapidement, la pitié des oiseaux de proie, mettent un terme à sa torture…

En attendant, j'avais beaucoup de temps pour découvrir les beautés d'Ispahan, bien que de la splendide ville qui excitait l'émerveillement et l'admiration des voyageurs européens du temps où Elisabeth régnait en Angleterre et Akbar à Delhi, ne survécussent que les traces suffisantes pour montrer le contraste entre le seizième et le dix-neuvième siècle. Des quartiers entiers étaient détruits et déserts. Les bazars qui furent les meilleurs et les plus actifs centres commerciaux de l'Asie occidentale, étaient pour certains complètement abandonnés et pour d'autres seulement partiellement actifs. Le Chehar Bagh [Chihar Bagh] existait toujours, mais les platanes géants plantés le long de ses avenues étaient très clairsemés. L'eau ne coulait plus sur ses bords dans des canaux de marbre et des bassins ornés. En dépit de la négligence avec laquelle la dynastie Qadjar semble délibérément traiter les traces de la grandeur de ses prédécesseurs Safavides, la superbe mosquée érigée par Chah Abbas sur le Meidan, est toujours unique, malgré quelques blessures, dans toute la gloire de ses tuiles bleu-vert. Quant à l'ancien palais des princes safavides où Zill-es-Sultan réside en tant que prince-gouverneur, les quelques tentatives maladroites pour le restaurer ont plus endommagé la beauté artistique du bâtiment que les ravages d'un vandalisme délibéré. La population de toute la ville, en y ajoutant les villages des plaines environnantes, atteint les 250 000 habitants, alors que deux siècles et demi auparavant, la population de la ville seule oscillait entre 600 000 et 1 100 0000 habitants et que Chardin avait compté 1500 villages dans un rayon de dix lieues. Envolés sont les jours où le fier peuple d'Ispahan se vantait d'être la moitié du monde…

Puis je me dirigeais vers Sultanabad, le centre de l'industrie des tapis, où j'eus une amusante illustration de cet énorme imposteur qui se prenait pour un gouvernement. Sur les portes du principal atelier dans lequel les meilleurs artisans, payés une misère, tissaient des tapis pour le chah lui-même, on pouvait lire, sur un panneau cloué très ostensiblement, qu'il était interdit sous la menace des plus sévères punitions, d'utiliser des teintures d'aniline "que les méchants essaient d'importer du pays des infidèles". Mais à l'intérieur, on eut du mal à me montrer un seul tapis destiné aux palais royaux pour lequel on n'avait pas utilisé d'aniline. Ainsi, pendant le reste de mon pénible et lent voyage jusqu'à Téhéran, je rencontrai toujours le même contraste dans les méthodes négligées du gouvernement, entre ce qu'on disait et ce qu'on faisait, entre l'abjecte misère d'un grand nombre et le luxe malsain de quelques-uns, entre quelques petites oasis fertiles et de grands espaces stériles de déserts vides.

L'été battait son plein lorsque j'arrivai à Téhéran et j'acceptai avec joie l'hospitalité de l'ambassadeur français, M. de Ballois, dans sa résidence d'été de Tejrish… La légation russe était toute proche et la légation britannique pas beaucoup plus loin dans une autre direction vers Gulaheh. L'Allemagne n'avait même pas de représentant* car Bismark ne désirait pas se lancer dans une politique mondiale. L'Angleterre et la Russie étaient les seules puissances importantes et l'influence britannique sur Téhéran n'était, pour l'instant, pas remise en question. Pendant vingt-cinq ans la Grande-Bretagne avait été représentée par trois ambassadeurs** succcessifs dont l'expérience diplomatique était principalement limitée à la Perse, pour qui Téhéran était le centre de l'univers et le chah le seul potentat d'importance dans leur petit monde… Je n'ai jamais vu autant de jalousies mesquines et de tempêtes dans un verre d'eau que celles qui faisaient rage entre les différentes légations européennes et, parfois, à l'intérieur de chaque légation… En Perse même, la lutte anglo-russe était pour l'instant au point mort. C'était l'année où les troupes russes avaient occupé Merv, et la Russie consolidait la nouvelle position acquise sur la route de Herat, repoussant encore sa frontière vers les frontières afghanes. Nasirid-Din Shah avait visité deux fois l'Europe et avait accueilli quelques Européens qui devaient s'occuper à réformer l'administration. Parmi eux, seul, le général autrichien Schindler accomplit un travail de fond, notamment dans le domaine des sciences et de l'histoire naturelle, qui étaient pourtant en dehors de ses fonctions officielles.

* [nota: En 1878, au cours de son second voyage en Europe, Nasiri'd-Din Shah avait eu des entrevues avec le Kaiser Guillaume 1er et Bismark. En 1883, il contacta Bismark pour qu'ils échangent des représentants. En 1885, Mirza Rida Khan Giranmayih, le Mu'ayyidu's-Saltanih, était nommé envoyé persan à Berlin et Bismark envoyait Graf von Braunschweig à Téhéran. (UMB).]
** [nota: Charles Alison (mort à Téhéran), W. Taylor Thomson, Sir Ronald Thomson. 4HMB)]

Les autres provoquaient l'hilarité générale par la splendeur de leurs uniformes et leur habileté à jouer des faiblesses de leurs employés persans. L'un d'eux qui mettait en place un service postal international avait coutume, quand le vin l'échauffait, de parler du roi des rois familièrement en l'appelant ma vache à lait, et, pour augmenter son salaire officiel, on lui attribuait l'invention d'une pratique, largement adoptée plus tard dans les républiques d'Amérique centrale, qui consistait à publier des timbres postaux qu'il retirait tout de suite après de la circulation, pour ensuite les vendre avec de grands bénéfices aux philatélistes européens. Les scandales de la cour du chah et ses immenses anderouns (l'équivalent persans du harem) étaient aussi honteux que ceux de ses fils et des autres membres de sa famille qui occupaient les plus hauts postes de l'État. Le plus tristement célèbre était Naib-es-Sultaneh, ministre de la guerre qu'on disait manger "une centaine de rations", c'est-à-dire l'équivalent en argent, pour chaque ration que mangeait la populace déguenillée qui composait l'armée persane.

La corruption était endémique, comme je le découvris rapidement à mes dépends. Car, bien que ma mitrailleuse Nordenfelt soit arrivée à temps et que j'eus reçu quelques aimables messages du chah me promettant de fixer un jour pour sa présentation, je n'eus jamais l'occasion de la déballer et, finalement, je la renvoyai en Angleterre via Bouchir. En effet, j'avais compris que la route jusqu'au palais royal devrait être pavée de tomans d'or pour arriver à satisfaire la cupidité de la longue chaîne de fonctionnaires, grands et petits, sans aucun espoir, au final, de faire des affaires sérieuses. Le ministre britannique était trop olympien pour s'occuper de mes petites affaires et le ministre français ne pouvait évidemment me donner aucune aide officielle.

La France ayant peu d'intérêts politiques en Perse, M. de Ballois était devenu un observateur détaché et quelque peu cynique des us et coutumes persanes et, dès mon arrivée, il me prévint que dans ce pays-ci il n'y avait rien à faire pour les honnêtes gens. Nordenfelt, qui avait un grand sens de l'humour, était plus amusé que dégoûté et m'envoya volontiers un télégramme me demandant de rentrer et d'envoyer le chah à Jéricho. Sur le retour, le Zill aurait aimé garder la mitrailleuse à Isfahan, mais il eut peur d'offenser son père qui, je l'appris plus tard, piqua une grosse colère lorsqu'il apprit que j'étais reparti, mais il était trop tard.

Chirol retourna en Angleterre par la Russie. Il espérait découvrir, comme tout journaliste, une partie de la voie ferrée transcaspienne que les Russes commençaient à construire en Asie centrale. La Légation l'avait aidé en lui donnant des lettres de recommandation du ministre russe des affaires étrangères. Mais lorsqu'il arriva à Khrasnovodsk sur les rives orientales de la Caspienne, un jeune aide de camp vint à bord du navire et le conduisit à la résidence du gouverneur où il fut retenu, virtuellement prisonnier, pendant trente-six heures avant d'être reconduit sur le même bateau qui repartait de l'autre côté de la Caspienne. Le gouverneur lui expliqua clairement qu'il ne pouvait s'approcher de la voie ferrée et qu'il serait son hôte jusqu'au départ du navire. Chirol écrit:

Mon hôte, qui était bien sûr général, m'expliqua, au cours d'une soirée où l'abondante consommation de vodka avait délié sa langue, que seule la conscience de son énorme responsabilité en tant que Gouverneur des Marches de l'Asie Centrale pour son auguste maître, le tsar, lui permettait de supporter un endroit aussi morne, après avoir connu, pendant de nombreuses années, les plaisirs de la vie de cour à la capitale. Il est vrai que j'appris de la bouche du capitaine du vapeur que les bénéfices retirés de ce poste était proportionnels à ses responsabilités. Mais j'en avais vu assez pour me convaincre que c'était cette politique d'expansion à long terme en Asie centrale qui, tôt ou tard, se transformerait en suprématie russe à Téhéran, qui expliquait le secret que la Russie imposait, dans cette région désolée, sur la construction d'une grande voie ferrée longeant la frontière russo-persane à l'est de la Caspienne. (3)

Les forces russes prirent Khrasnovdosk en 1869 et, peu après attaquèrent Chikishliyar à l'embouchure de la rivière Atrak. La Perse protesta, sans résultat. Les Turkmènes prédateurs était une épine dans le pied de la Perse comme de la Russie. Ils pénétraient régulièrement très profondément dans le territoire perse, ou russe, et emportaient hommes, femmes et enfants pour les vendre sur leurs marchés aux esclaves. Les efforts russes pour soumettre les Turkmènes réussirent là où les perses avaient échoué.

À la suite des malheureux accords signés dans la partie orientale du territoire qu'il gouvernait, Sultan-Murad Mirza, le Hisamu's-Saltanih, le gouverneur général du Khorassan, qui avait capturé Hirat, se tourna vers le nord. En 1875, il invita huit notables Turkmènes à Mashhad où, fidèle à lui-même, ce fourbe, cet oncle de Nasiri'd-Din Shah les arrêta et les jeta en prison. Ayant momentanément triomphé des Turkmènes de cette infâme manière, Hisamu's-Saltanih conduisit son armée à la conquête de Marv qu'il occupa facilement. Marv, comme Hirat, avait toujours fait partie du Khorassan. Hélas, trois ans plus tard, le gouverneur-général suivant, Hamzih Mirza, le Hishmatu'd-Dawlih (un autre oncle du chah), tout en ayant repris Hirat, fut ignominieusement battu par les Turkmènes et Marv, perdue, retomba dans les griffes russes. Pauvre Hamzih Mirza, il n'avait pas de chance: battu d'abord par Salar puis par les Turkmènes. Il faut porter à son crédit que lorsqu'il était gouverneur général d'Azerbaïdjan, il refusa bravement d'obéir aux ordres de Téhéran lui enjoignant d'exécuter le Bab et Mirza Taqi Khan dut charger son propre frère, Vazir-Nizam, des arrangements et de la supervision de cette injuste mission.

La déroute de Hamzih Mirza eut lieu au cours de la bataille de Marv contre les Turkmènes Takkih qui lui prirent même ses canons. Il perdit aussi, évidemment, son gouvernorat. Nasiri'd-Din était si dégoûté par l'échec de son oncle (qui était largement dû à l'incompétence du vizir du Khorassan), qu'il écrivit sur une photo de ce pauvre oncle le mot najis - l'ignoble Hishmatu'd-Dawlih. Quelques-uns des canons perdus aux Turkmènes furent repris par une expédition lancée contre eux depuis Sarakhs qui devint un poste frontière. Incidemment, les Turkmènes savaient pris tant de prisonniers qu'il en résultat une sérieuse chute des cours sur leurs marchés aux esclaves !

Puis la Russie commença son avance en Transoxiane. Le Khanate de Khivih sur lequel la Perse avait un droit mais n'était pas capable d'exercer son autorité, fut aisément renversé et les Turkmènes Yamut soumis. Mais la manoeuvre du général Lomakin contre les Turkmènes Takkih devait échouer, par manque de préparation. Bien que les Turkmènes aient été sauvagement décimés par l'artillerie à Gi'uk Tappih (la Colline bleue), c'est l'échec des Russes à les déloger et à les mettre à genoux qui fut remarqué dans la campagne du général Lomakin. Ce fut un coup terrible pour le prestige russe. Le général Skobelev remplaça bientôt le général Lomakin, et dès janvier 1881, en dépit de leur résistance désespérée, les Turkmènes perdirent leur position de la Colline bleue et la ville histoirque de Marv, partie indiscutable du Khorassan, devint possession russe. Il est vrai que la victoire russe soulagea la Perse des déprédations turkmènes, mais la perte de la ville de Marv fut ressentie avec tristesse comme une perte humiliante.

La Perse subit, dans le Baloutchistan, une autre perte pendant le règne de Nasiri'd-Din Shah. Cette province avait longtemps connu des troubles. Sir Frederic Golgsmid, le premier directeur des télégraphes de Perse, y rencontra des obstacles insurmontables en 1864 parce qu'il n'y avait personne, à l'ouest de Guwadur, petit port du golf d'Oman, avec qui il pouvait traiter avec confiance. Le Khan de Kalat n'y exerçait qu'une autorité fantoche.

Ces derniers temps la Perse pratique une politique audacieuse à Makran et dans le Baloutchistan, qui commença probablement dès 1856, quand fut signé le traité avec Muscat qui comporte un article demandant au sultan d'aider le passage des troupes perses vers l'est en direction de Bandar'Abbas et sa région. Depuis la rivière Sudaij jusqu'à Chahbar vers l'est, on compte environ 150 miles qui sont au pouvoir d'un puissant chef de tribu Baloutche, Mir'Abdu'llah ibn Murad Muhammad. Il avait reconnu, douze ans auparavant, la suzeraineté perse mais, selon certains chefs baloutches, (…) il attendait une occasion de rejeter cette allégeance. Le dilemme (…) consistait à décider si Mir'Abdu'llah était capable d'agir de sa propre autorité, malgré ses obligations envers la Perse, ou s'il serait injuste pour lui et les autres chefs baloutches dans la même situation, de demander directement à la Perse la permission de construire le télégraphe à travers le territoire qu'ils considéraient comme le leur, bien que son contrôle leur en eut été retiré temporairement par la Perse. Parce que si la souveraineté de la Perse était reconnue de tous, les chefs locaux pouvaient se venger en empêchant la construction du télégraphe.

Chahbar était une petite ville de la côte, soumise à Muscat dont la juridiction s'étendait le long de la côte jusqu'à Gwatar vers l'est. Les villes de Gwaatar et Jiwani, sur l'autre rive de la baie de Gwatar, étaient dirigées par de petits chefs baloutches indépendants. Après Jiwani, on trouvait Gwadur qui (…) avait été donnée à perpétuité à Saiyid Sultan ibn Ahmad de Muscat par un ancien Khan de Kalat. (…) Le Khan de Kalat contrôlait la côte sur quatre-vingt miles, à l'est de Gwadur, et de là jusqu'à la frontière du Sind le pays était sous l'autorité du Jam de Las Bailah qui était de la famille du Khan et son sujet. Aucun des deux (…) n'avait d'objection à la construction du télégraphe à travers leur territoire et tous les deux étaient capables de le protéger. (4)

La côte de Makran, déserte, désolée et inhospitalière, où les armées d'Alexandre de Macédoine avaient incroyablement souffert lors de leur retour de l'Inde, n'avait aucun intérêt à part leur position stratégique et le fait que leur sort était lié à celui du Baloutchistan et du Sistan. Sous le règne de Muhammad Shah la juridiction persane s'était largement étendue sur la côte de Makran, mais lorsque vint le temps de construire la ligne télégraphique, disputes et troubles éclatèrent jusqu'à ce qu'on nomme une commission qui devait dessiner la frontière. Cette commission connut beaucoup de difficultés. Alors Goldsmid alla à Gwadur et le major Lovett qui, selon Sir Percy Sykes, "avait fait une enquête sur la frontière proposée et pouvait compléter les informations déjà réunies" l'y rencontra ; le commissaire britannique décida de tracer la frontière à l'est de Gwatar ce qui fut finalement accepté par Nasiri'd-Din Shah. T. Sykes remarque que bien que le monarque Qadjar n'en voulait pas au début, la décision fut favorable à la Perse.

Il y eut ensuite le délicat problème de Sistan à régler entre la Perse et l'Afghanistan. Ce dernier pays était dans un état de désordre chronique, alimenté en partie par la peur de la Grande-Bretagne. C'était avant l'époque où Amir'Abdu'r-Rahman Khan y ferait régner l'ordre. En tout cas, les autorités persanes pensaient, non sans raison, que la Grande-Bretagne pouvait, si elle le décidait, faire cesser les incursions afghanes dans les régions qui dépendaient sans aucun doute de la Perse. Sir Frederic Goldsmid, secondé par le général Pollock délégué par le vice-roi Lord Mayo, et le docteur Bellew, un orientaliste de renom, établirent un accord entre la Perse et l'Afghanistan. Mir'Alam Khan, l'émir de Qa'inat refusa de collaborer parce que son domaine était contigu à Sistan. Mais Nasiri'd-Din Shah accepta l'accord proposé par Goldsmid.

La frontière entre la Perse et la Turquie sera un sujet de contestation et de conflit jusqu'à la veille de l'entrée de la Turquie dans la première Guerre mondiale. Mais en 1851, Lord Palmerson avait pourtant tenté de régler la question.

En 1870, Nasiri'd-Din Shah décida de visiter les villes saintes d'Irak. On rappela d'Istanbul Haji Mirza Husayn Khan, le Mushiru'd-Dawlih qui devait s'occuper des formalités nécessaires au voyage. C'était la première fois qu'un monarque se rendait à Kerbéla, à Nadjaf et dans les autres mausolées d'Irak en tant que pèlerin. Ses prédécesseurs avaient fait le voyage, mais comme guerriers et conquérants ; Nasiri'd-Din Shah, lui, rédigea un journal de pèlerinage qui fut publié de son vivant.

Pendant le pèlerinage du chah, le vali de Bagdad était Midhat Pasha, le célèbre réformateur et constitutionaliste turc. Il s'avança jusqu'à Khaniqayn pour accueillir le chah et lui souhaiter la bienvenue. Dix ans plus tard, devenu vali de Beyrouth, il invita la Plus-Grande-Branche,'Abdu'l-Baha, à visiter cette ville.

Haji Mirza Haydar-'Ali, cet enseignant expérimenté, qui vers la fin de sa vie était connu des pèlerins baha'is sous le nom d'Ange du Carmel, écrit dans sa biographie inédite de Mirza Abu'l-Fadl de Gulpaygan, à propos de Mushiru'd-Dawlih et des événements de ce temps-là:

Lorsque (…) Nasiri'd-Din Shah quitta Téhéran pour son pèlerinage aux Mausolées sacrées, Mushiru'd-Dawlih bannit les baha'is à Mosul. L'Ambassadeur avait quitté Istanbul, en passant par Alep, pour être à Bagdad à l'arrivée du chah. À Alep, il fit arrêter Shaykh Salman, qui était bien connu et qui avait sur lui deux ou trois cents pétitions destinées à Baha'u'llah. Il confisqua aussi tous les objets et les cadeaux que Shaykh Salman portait avec lui et l'enferma dans une pièce mal entretenue de la maison où Mushiru'd-Dawlih résidait. Shaykh Salman m'a raconté: "Dans la soirée, [Mushiru'd-Dawlih], les consuls et leurs courtisans se promenaient dans la cour. Je le vis et l'entendis dire: "Nous étions certains que la cause de Baha'u'llah était une affaire politique et qu'il ne cherchait qu'à obtenir pouvoir, souveraineté et richesses afin d'être célèbre. C'est pourquoi nous avons fait tous nos efforts pour le détruire.
Mais quelles que soient les blessures infligées, le nombre de bannissements, et tout ce que nous avons pu lui faire subir en plus, son pouvoir, son autorité et sa célébrité, sa grandeur, son éminence ne faisaient que s'accroître. Très étonnés, nous cherchions à en trouver la raison. Et maintenant, je découvre que ce Salman a sur lui environ trois cents pétitions et qu'aucune d'elles ne parle de politique, de gouvernement, d'État, de nation. Toutes les blessures, les emprisonnements, les bannissements, les exécutions et les pillages que subissent les baha'is depuis toujours, on ne les mentionne jamais et on ne trouve aucune plainte dans ces pétitions. Elles ne contiennent que des supplications et ne parlent que de sujets spirituels.
Par exemple: "O Dieu ! protège-moi des maux de l'égoïsme et des désirs charnels, rends-moi constant et fidèle à ta Cause, libère-moi de tout sauf de toi, et fortifie-nous afin que nous puisssions servir tous les peuples du monde, que nous puissions embrasser la main du bourreau et, dansant et claquant des mains, que nous nous précipitions vers l'échafaud." Ensuite, il demanda qu'on lui apporte deux ou trois de ces pétitions et les fit lire à haute voix. Tous admirèrent l'éloquence et l'excellence du style et de la composition. Puis Mushiru'd-Dawlih dit: "Pourquoi opprimer de tels gens, qui aiment Dieu, qui recherchent Dieu et qui lui parlent ? Dans son livre, le Coran, Dieu relate l'histoire du croyant qui vivait dans le palais de Pharaon, afin de nous rappeler que s'il y a tromperie, le faussaire ne durera pas longtemps, mais si celui contre lequel nous luttons détient la vérité, cela nous retombera dessus et il en sera fini de nous ; nous serons les perdants et paierons le prix fort. Je n'ai rien découvert dans leurs actes ni dans leurs paroles qui puisse être dangereux pour l'État. Tout ce que nous avons entendu venait de leurs ennemis, de ceux qui les réfutent ou d'ignorants.
De plus, vous avez tous vu, comme je l'ai moi-même expérimenté, que plus nous les insultons, plus nous les dénigrons, plus nous les tuons, et plus leur nombre augmente, plus ils deviennent forts, puissants et célèbres. Ils vivent aujourd'hui dans l'aisance, en pleine santé et pleine gloire." Mushiru'd-Dawlih parlait ainsi et les autres étaient d'accord, donnant des exemples. Le lendemain matin, il me fit chercher, s'excusa et me dit: "J'ai été induit en erreur et je te remercie, car grâce à toi j'ai compris la vérité. Un gouvernement ne doit pas interférer avec les affaires spirituelles et toutes les questions en rapport avec la croyance et la conscience." Il me rendit toutes les pétitions et ordonna à ses hommes de me redonner toutes les marchandises et les autres objets qu'on m'avait confisqués, ce qu'ils firent sous ses yeux. Il écrivit ensuite une lettre de recommandation pour le vice-consul de Beyrouth, qui disait: "Accordez au shaykh la plus grande considération et votre protection. Veillez à ce qu'il atteigne Acre avec tout ce qu'il transporte et qu'il arrive en présence de Hadrat-i-'Abbas Effendi" Il ajouta pour moi: "Embrasse-lui les mains de ma part, présente-lui mes excuses et demande-lui son pardon. Supplie-le de me confirmer dans mon désir de corriger les erreurs passées.

Et Haji Mirza Haydar-'Ali continue:

Ainsi, lorsque Mushiru'd-Dawlih arriva à Téhéran et que des ministres, de grands personnages et des notables vinrent lui rendre visite, il y avait parmi eux le défunt Haji Mirza Rida-Quli […] le demi-frère de la Perfection bénie. Quelqu'un le présenta comme étant le frère de Baha'u'llah, ce qui l'effraya et il protesta en disant: "Mon père était très connu, pourquoi ne pas me présenter comme son fils ?" Cette remarque mit Mushiru'd-Dawlih en colère et il réprimanda Haji Mirza Rida-Quli: "Vous devriez être fier d'être le frère de Baha'u'llah et vous en glorifier. Qu'il soit persan est une cause de fierté et d'honneur pour la Perse et son peuple. Les princes, les vizirs ou les émirs qui venaient à Istanbul étaient souvent la cause de la honte et du dénigrement du peuple et du gouvernement persans. Jour après jour, abjects, flagorneurs, ils allaient, pleurnichant, d'un vizir chez un pacha, se plaignant et insultant le chah et les notables de Perse, demandant rentes et pensions. Représentant le caractère du peuple de ce pays, ils ne montraient qu'incongruité, bestialité, vénalité et dégradation. Au contraire, Baha'u'llah, bien qu'exilé par le gouvernement, se comporta avec fermeté, calme, assurance et dignité, noblesse et détachement, au point de ranimer la Perse et les Persans et de réjouir leurs yeux. Il ne fréquenta personne. Il ne chercha à rencontrer personne. Tous ceux qui lui rendirent visite furent reçus avec gentillesse. Il leur parla de l'ancienne civilisation persane, des bonnes manières et de l'humanité de ce peuple. Il agit de telle sorte qui tous témoignèrent de sa grandeur et de sa noblesse. Ils comprirent que la Perse compte des hommes cultivés, civilisés et humains."

Haji Mirza Husayn Khan, avait quitté définitivement Istanbul et il accompagna Nasiri'd-Din Shah jusqu'à Téhéran, où ils arrivèrent dans les premiers jours de février 1871. En novembre de la même année, il fut élevé à la position de Sadr-i-A'zam (grand vizir), position restée vacante après la chute et le renvoi de Mirza Aqa Khan, fin août 1858. (Incidemment, la chute de Mirza Aqa Khan provoqua la disgrâce de ses parents de Chiraz qui étaient responsables des atrocités de Nayriz: ses cousins, Mirza Naim et Mikr-'Ali Khan, Shuja'u'l-Mulk, ainsi qu'un fonctionnaire, jusque là bien réputé comme chef du Ministère de la Justice, Haji Hashim Khan.)

Haji Mirza Haydar-'Ali continue, à propos de Mushiru'd-Dawlih:

Régulièrement, dans de nombreuses réunions où notables et grands personnages étaient présents, il disait: "J'ai essayé de lutter contre Baha'u'llah et de lui résister avec l'aide de la puissance de deux États, et l'organisation politique de deux gouvernements. Mais plus j'essayais, plus son pouvoir et son autorité croissaient." et il racontait l'histoire de la détention de Shaykh Salman, de son examen des pétitions que le shaykh portait, grâce à quoi "je compris que les puissances de ce monde sont incapables de résister à cette Cause". Il fit aussi comprendre au chah que s'opposer à ces gens était nuisible pour l'État. À plusieurs reprises, lorsque dans diverses villes et villages de Perse, à l'instigation de gens malveillants, ou à cause de la cupidité des autorités, les amis étaient arrêtés, cet homme remarquable, juste, sage et bon, les fit libérer. Au Conseil d'État, il déclara que le gouvernement avait fait une grosse erreur en bannissant et en expulsant Baha'u'llah, car sa cause, victorieuse, se répandrait dans le monde entier. Il aurait été un prisonnier en Perse, dans le futur les gens seraient venus en pèlerinage à son tombeau de partout, et cela aurait augmenté la richesse de la nation. Tout comme maintenant les Persans dépensent leur argent en pèlerinage à La Mecque et à Médine, et aux mausolées sacrés en dehors de la Perse, dans le futur, les gens dépenseraient leur argent pour visiter la tombe de Baha'u'llah et celles de ses compagnons bannis de ce pays.

Cet homme [Mushiru'd-Dawlih] servait le peuple et le gouvernement de Perse avec une véracité et une perspicacité totales. Après avoir fait tout le mal possible et opprimer au maximum cette Cause, il finit par juger la question avec équité et justice, et rendit autant de services qu'il le put.

Très vite Mushiru'd-Dawlih réussit à persuader Nasiri'Din Shah de visiter l'Europe. Il voulait que son souverain voie de ses propres yeux les progrès faits par l'Europe et les Européens. Cette visite eut lieu au printemps 1873. À Windsor, la reine Victoria décora le chah de l'Ordre de la Jarretière, signe évident de relations amicales.

Le 25 juillet de l'année précédente, le chah avait accordé au baron Julius de Reuter, le fondateur de l'agence d'information mondialement célèbre, une concession aux nombreuses ramifications. Cette décision avait été préparée et dirigée par le nouveau grand vizir. La concession Reuter comprenait des projets comme la construction d'une voie de chemin de fer depuis la mer Caspienne jusqu'au golf Persique, d'une ligne de tramway à Téhéran, et l'exploitation de toutes les ressources minières du pays. Reuter venait alors de choisir la nationalité britannique et la Russie voyait cela avec quelque appréhension. Néanmoins, malgré ces peurs et ces suspicions, le tsar Alexandre II (1855-1881) reçut très chaleureusement le chah à St-Pétersbourg.

En l'absence du chah, le régent était un de ses oncles, Haji Farhad Mirza. Le Mu'tamidu'd-Dawlih et des courtisans menés par le ministre des affaires étrangères, Mirza Sa'id Khan, le Mu'taminu'l-Mulk, avaient formé un parti s'opposant au Sadr-i-A'zam. Cette opposition devint si forte que lorsque le chah retrouva la terre persane au port d'Anzali, il fut contraint de reprendre le poste de grand vizir à Mushiru'd-Dawlih. On a raconté que les Russes s'étaient mis de mèche avec Mirza Sa'id Khan pour provoquer la chute de Mushiru'd-Dawlih qui avait entre-temps reçu le titre supplémentaire de Sipahsalar-i-A'zam. Vrai ou faux, le chah était maintenant très en colère et dès son retour dans la capitale, il entra en action, brisa le parti des courtisans et dispersa tous ceux qui avaient participé au complot. Mirza Sa'id Khan perdit son portefeuille de ministre des Affaires étrangères qui fut donné à Mushiru'd-Dawlih, et il fut exilé à Mashhad comme gardien du mausolée de l'Imam Rida. Et la charge de Sadr-i-A'zam resta, une fois de plus vacante, jusqu'en 1884, lorsqu'elle fut imposée à Mirza Yusuf, le Mustawfiyu'l-Mamalik. La concession Reuter mourut de sa belle mort. Haji Mulla'Aliy-i-Kani et Siyyid Salih-i-'Arab, deux des plus importants religieux de la capitale, étaient aussi impliqués dans le complot contre Mushiru'd-Dawlih qu'ils avaient dénoncé, dans leur obscurantisme, comme un rénégat et un impie. Et certains écrivains alléguèrent que le principal comploteur était Mu'tamidu'd-Dawlih, l'oncle du chah.

Mirza Sa'id Khan était un habitué du ministère des Affaires étrangères, ayant occupé ce poste après la mort de son précédent occupant, Mirza Muhammad-'Ali Khan-i-Shirazi, en février 1852, d'abord comme secrétaire d'État puis comme ministre. En compagnie de Mirza Kazim Khan, le Nizamu'l-Mulk, fils aîné du Nuri Sadr-i-A'zam, il avait pris part à la tuerie des babis de 1852. Ils avaient tiré les premiers sur Mulla Husayn-i-Khurasani. Il était aussi largement responsable du bannissement de Baha'u'llah de l'Irak vers la Turquie, ayant conseillé à Mushiru'd-Dawlih, alors à Istanbul, de persuader les autorités ottomanes de la nécessité d'éloigner Baha'u'llah de la proximité des territoires persans. Mais, épisodiquement, Mirza Sa'id Khan eut quelques gestes amicaux envers les baha'is ce qui fit croire à ces derniers que l'épître connue sous le titre de Shikkar-Shikan Shavand lui était adressée [nota: voir p. 173 au milieu du chapitre 23]. En mai 1880 Mirza Sa'id Khan fut rappelé de Mashhad et reprit son poste aux Affaires étrangères. Il mourut au printemps 1884.

Mirza Yusuf, le Mustawfiyu'l-Mamalik, dont le vizirat ne dura que très peu de temps (il mourut moins de deux ans après sa nomination), était l'un des hommes les plus remarquables de son temps. Profondément droit, incorruptible et sans peur, il était appelé généralement "Aqa" ou "Jinab-i-Aqa", même par Nasiri'd-Din Shah. On l'avait accusé d'avoir participé à l'exécution des babis de 1852 (il aurait été le premier à tirer sur Mulla Zaynu'l-'Abidin-i-Yazdi), mais il l'avait toujours nié fermement, avait écrit à ce sujet à Baha'u'llah et en avait reçu une réponse aimable. (voir addenda V)

Mushiru'd-Dawlih, bien que n'étant plus le Sadr-i-A'zam, réussit à convaincre le chah de visiter une nouvelle fois l'Europe. Cette deuxième visite eut lieu en 1878, l'année du Congrès de Berlin, alors que l'Europe était dans une situation instable. La Russie, bien que directement impliquée dans le conflit, accueillit chaleureusement Nasiri'd-Din Shah. On organisa en son honneur une manoeuvre militaire de grande envergure et il tomba tellement amoureux de l'uniforme, des armes et de l'allure des cosaques russes, qu'il demanda au Tsar Alexandre de mettre à sa disposition quelques officiers russes et quelques instructeurs afin qu'ils organisent pour lui une force similaire. Ce fut le début de la brigade cosaque persane, qui devint plus tard une division, une unité militaire qui allait jouer un rôle important dans le destin de la Perse et qui resterait sous commandement russe jusqu'en automne 1920. Le colonel de Mantovitch (le premier commandant et organisateur de cette unité) et son équipe, arrivèrent à Téhéran en janvier 1879.
À Vienne, le chah engagea aussi des officiers autrichiens qui arrivèrent dans la capitale persane un mois avant les Russes, commandés eux aussi par un colonel nommé Schynovsky. Mais leur mission s'avéra impossible, contrecarrée par la rivalité russe. On prétend que Mirza Sa'id Khan retrouva son ancien poste sur l'insistance de la Russie qui regardait avec méfiance la politique de Mushiru'd-Dawlih. En décembre 1881, Mirza Sa'id Khan signa, avec l'envoyé russe, le traité d'Akhal, par lequel la Perse renonçait à toutes ses prétentions frontalières sur la Transoxanie. Mushiru'd-Dawlih reçut d'abord le poste de gouverneur de sa ville, Qazvin puis, à la suite de l'assasssinat du tsar Alexandre II, il fut nommé à la tête de la mission envoyée à St-Petersbourg porter les condoléances de Nasiri'd-Din Shah à Alexandre III. À son retour, il fut envoyé à Mashhad comme gardien du Mausolée de l'Imam Rida et gouverneur du Khorassan. C'est là qu'il mourut en novembre 1881, et tout le monde s'accorde pour dire qu'il fut probablement empoisonné sur l'ordre de Nasiri'd-Din Shah.

I'timadu's-Saltanih écrit dans son journal que ni le chah ni ses oncles (Mu'tamidu'd-Dawlih et Hisamu's-Saltanih) ne cachèrent leur joie en apprenant le décès de Mushiru'd-Dawlih. Nasiri'd-Din Shah avait pris l'habitude de se servir libéralement des richesses de n'importe quel notable, ou personne connue de son royaume qui mourait riche. Il fit de même avec Mushiru'd-Dawlih le Sipahsalar-i-A'zam, bien que sa veuve soit une fille de Fath-'Ali Shah. On peut lire dans le journal d'I'timadu's-Saltanih: "Durant ces deux derniers jours, tous les ministres ont été très occupés, dans le Conseil, à préparer la liste des manuscrits et des bijoux du défunt Mushiru'd-Dawlih. Son testament et ses comptes bancaires ne sont pas encore connus." Et plus loin: "Hakimu'l-Mulk [Mirza'Ali-Naqi] a été chargé de négocier avec Qamaru's-Saltanih, la veuve du Sipahsalar, en vue d'en obtenir de l'argent en espèces pour le chah…" *(6)

* [nota: Un cas semblable fut celui de 'Imadu'd-Dawlih, un prince qadjar, gouverneur de Kirmanshah. Quand il mourut, d'aucuns ont suggéré qu'I'timadu's-Saltanih aurait dû se précipiter pour collecter des bijoux et d'autres richesses, pour le bénéfice du chah. Mais il refusa cet honneur.]

Le titre de Mushiru'd-Dawlih fut donné alors à Yahya Khan, le Mu'tamidu'l-Mulk, frère de Mirza Husayn Khan, connu aussi sous le titre de Sipahsalar. C'est le nom donné à la magnifique mosquée et au séminaire qu'il a construit à Téhéran et richement doté. Les deux bâtiments qui possèdent l'une des meilleures bibliothèques de Perse, jouèrent un grand rôle dans la suite de l'histoire de la nation. Le Baharistan, le siège de la chambre basse du Parlement, contigu à la mosquée, fut reconstruit après le bombardement qui le ruina au cours du coup d'État de Muhammad-'Ali Shah en 1908, mais on devine encore sa splendeur originale. Le Baharistan était aussi une création du Sipahsalar-i-A'zam que Nasiri'd-Din Shah avait récupérée. C'est son fils, Muzaffari'd-Din Shah qui en fit don à la nation pour qu'il devienne le siège du parlement lorsque la constitution fut promulguée.

Le nouveau Mushiru'd-Dawlih fut aussi ministre des Affaires étrangères pendant quelque temps, et ce fut pendant son ministère qu'en hiver 1882-1883, S.G. Benjamin fut nommé par le président Arthur pour représenter les États-Unis à Téhéran: ce fut le premier représentant américain en Perse. En janvier 1885, Nasiri'd-Din Shah fit l'achat d'un vaisseau allemand de 600 tonneaux, baptisé Persépolis, qui servit dans le golf Persique et d'un vaisseau plus petit, le Shush. Leurs équipages étaient allemands. Le premier ministre allemand, Graf von Braunschweig, ouvrit une école allemande à Téhéran et ses étudiants allaient en Allemagne suivre leurs études supérieures. Le bruit courait que les Allemands avaient obtenu une concession pour la construction d'une voie ferrée. Des Allemands naviguant dans le golf Persique, le fait déplaisait aux Anglais ; la construction d'une voie ferrée au nord inquiétait les Russes. En 1887, le chah fut forcé de promettre à la Russie qu'il n'accorderait jamais, en aucune circonstance, une concession pour la construction d'une voie ferrée à aucun étranger sans le consentement du gouvernement du tsar. Un an plus tard, sur l'insistance des Britanniques, le libre passage de tous les commerçants étrangers le long de la rivière Karun, dans la province du Khuzistan fut officiellement notifié à toutes les représentations diplomatiques de Téhéran. À la suite de cette annonce, une firme britannique, Lynch Brothers, commença à commercer dans le Karun. Il fallut donner à la Russie une compensation pour ce qu'elle considérait comme une victoire anglaise et elle reçut le droit d'utiliser le port d'Anzali sur la mer Caspienne.

La même année 1888, Nasiri'd-Din Shah, qui avait laissé vacant le poste de Sadr-i-A'zam après la mort de Mustawfiyu'l-Mamalik, éleva à ce poste important Mirza'Ali-Asghar, l'Aminu's-Sultan. Comme son adversaire Mirza Malkam Khan le Nazimu'd-Dawlih, qui était alors envoyé persan à la cour d'Angleterre, c'est un personnage controversé de l'histoire de Perse. Il a ses admirateurs et ses détracteurs. C'était, sans nul doute, un homme astucieux et capable ainsi que le prouvera son action rapide au moment de l'assassinat de Nasiri'd-Din Shah. Mais il était très différent d'hommes comme Sipahsalar et Mustawfiyu'l-Mamalik. C'est lui qui persuada cette fois-là le chah d'entreprendre un troisième voyage en Europe. Le chah et son entourage élargi, qui comprenait à la fois Sadr-i-A'zam et notre chroniqueur, I'timadu's-Saltanih (très critique et opposé à l'Aminu's-Sultan), quitta Téhéran en avril 1889 et, par le Caucase, arriva à St-Petersbourg où le tsar Alexandre III, comme son prédécesseur, fit à Nasiri'd-Din Shah un accueil impressionnant. La Grande-Bretagne avait aussi envoyé une invitation au chah. La reine Victoria, le prince de Galles (plus tard Édouard VII) et Lord Salisbury, le Premier ministre, offrirent au chah une réception remarquablement amicale. Il resta en Grande-Bretagne pendant un mois, mais ce long séjour qui pouvait sembler une réussite éminente ne donna que des fruits amers comme nous allons le voir. Un autre résultat de ce troisième voyage en Europe fut sa rencontre à Munich avec Siyyid Jamalu'd-Din-i-Asadabadi, plus connu sous le nom d'Afghani, qui fut invité à visiter une seconde fois le pays de ses ancêtres. Sa visite précédente, en 1886, s'était terminée d'une manière catastrophique ; cette fois, le désastre serait total.

Afghani était un provocateur dans le monde politique oriental, et le principal avocat du panislamisme. Disons clairement qu'il n'avait aucune sympathie pour la religion de Baha'u'llah. C'était sans aucun doute un homme remarquable, plein de talents, éloquant, érudit, passionné en parole et par écrit. Il pouvait être tour à tour doux* et inébranlable.

* [nota: Dans le journal personnel du père de l'auteur, on peut lire à la date du 3 octobre 1886 : " Rendu visite ce matin à Sittid Jamalu'd-Din. Il est logé près de chez moi. C'est un homme très doux et bon, vêtu à l'arabe, la tête couronné d'un petit turban noir. Il est corpulent et a le teint olivâtre. Il a probalement plus de cinquante ans et porte une barbe courte et noire. Il me dit que bien qu'il signe " Afghani ", il est originaire d'Hamadan. Dans sa jeunesse, il était allé dans les villes saintes d'Irak pour poursuivre ses études. C'est de là qu'il était parti, il y a plus de trente ans, pour l'Afghanistan. depuis, il a voyagé ici et là, résidant quelque temps en Égypte. C'est un homme de talent, très érudit. J'ai aimé converser avec lui. "]

Le professeur Elie Kedourie, de l'École des sciences économiques et politiques de Londres, le décrit ainsi: "On peut voir que la carrière réelle du Sage de l'orient ne ressemble pas à sa légende. Ce que sa carrière laissait présager: l'activisme politique et la transformation de la religion en idéologie politique, est maintenant arrivé et les conséquences en sont visibles autour de nous. Il faut aussi noter que cet homme et ses partisans qui, de n'importe quel point de vue, doivent être considérés comme des corrupteurs de l'islam tel que les orthodoxes l'envisagent et le pratiquent, n'ont jamais vu leur doctrine critiquée et encore moins réfutée, par les représentants de l'orthodoxie. (9)" Perspicace et bien informé, un biographe persan de Siyyid Jamalu'd-Din écrit: "Il y a un point à noter, dans cette préface, qui aidera à comprendre Siyyid Jamalu'd-Din et sa pensée: quel que soit le personnage il croyait profondément en ce qu'il savait et ce qu'il faisait ; c'était avant tout un homme d'action. Plus que tout, il détestait les tyrans.
Une de ses brillantes pensées était celle-ci: "Je suis opposé à la fois au tyran et à la victime du tyran. Pour moi, le tyran est un ennemi parce qu'il tyrannise ; et je n'aime pas la victime parce qu'elle lui permet de la tyranniser, rendant le tyran encore pire. (10)" M. Halabi fait aussi un parallèle intéressant entre Midhat Pasha et Siyyid Jamalu'd-Din. Tous les deux souffrirent beaucoup aux mains de deux tyrans implacables. Le sultan'Abdu'l-Hamid maltraita le premier et le chah Nasiri'd-Din, le second. Lorsque Midhat Pasha fut relâché et rejoignit l'Europe, il ne se lança pas dans une longue diatribe contre le sultan ; alors que dès qu'il quitta le sol persan, Siyyid Jamalu'd-Din se lança dans une campagne vitupérante contre le chah qui culmina dans son assassinat. Le siyyid était en pleine activité lorsqu'Edward Browne le rencontra à Londres. Browne écrit: "…je le rencontrai alors que j'étais invité par le défunt prince Malkom Khan à Holland Park qui, jusqu'à la querelle que cet éminent diplomate eut avec le chah en 1889, était la Légation persane… pendant son séjour à Londres, il parla dans différents meetings et écrivit divers articles sur"le règne de la terreur en Perse", attaquant la personne du chah et mettant même en question son état mental, avec une grande violence." (11)

L'éloignement de Mirza (ou prince) Malkam Khan fut un autre résultat de la troisième visite du chah en Europe. Un accord douteux, où chacun arracha des concessions à l'autre, à propos d'une loterie d'État, fit que Malkam (qui, comme Siyyid Jamalu'd-Din, avait une bonne plume), déçu, eut le sentiment d'avoir été humilié par Nasiri'd-Din Shah et son Sadr-i-A'zam, pendant que le cupide monarque eut le sentiment d'avoir été floué. Leur relation s'en ressentit, devint tendue puis, finalement, se brisa. Malkam avait été un protégé de Mirza Husayn Khan, le Mushiru'd-Dawlih qui l'avait sauvé du désert politique dans lequel il était tombé lors d'une première disgrâce. On se rappellera aussi qu'à Bagdad, Baha'u'llah l'avait sorti des griffes de Mirza Buzurg Khan.

Malkam se lança alors dans la publication d'un journal, intitulé Qanun (La Loi). En tout, quarante-et-un numéros seront imprimés à Londres. Il faut y ajouter les pamphlets politiques et sociaux qui sortaient constamment de la plume de Malkam. Aminu's-Sultan était la cible favorite de la critique féroce de Malkam. Qanun était interdit en Perse par édit royal mais beaucoup de personnes influentes le recevaient malgré tout. Et, conseillé par Aminu's-Sultan, le chah continuait à donner des concessions qui eurent des répercussions considérables. En décembre 1889, Reuter obtint une concession pour créer une banque et des billets de banque, et l'on vit naître la Banque impériale de Perse. En janvier 1890, le gouvernement russe reçut une concession pour construire des routes et des voies ferrées dans le nord. En mars de la même année, le Major Gerald F. Talbot gagna une concession pour instituer un monopole sur le commerce du tabac en Perse. Cette concession qu'on appela la régie des tabacs, scandalisa les propriétaires de champs de tabac et un grand nombre de marchands qui achetaient et vendaient le tabac, à tel point qu'une rébellion fut lancée par Mirzay-i-Shirazi l'ecclésiastique le plus influent de l'époque. Il interdit totalement l'usage du tabac et Nasiri'd-Din fut surpris de découvrir que dans son propre harem, les narguilés ou qalyan étaient abandonnés. Un seul religieux important de Téhéran, Siyyid 'Abdu'llah-i-Bihbahani (qui jouera plus tard un grand rôle dans le Mouvement constitutionnel) osa défier l'interdiction et apporta son qalyan jusqu'à la chaire de la mosquée. En avril 1892, à l'encontre de toutes les coutumes, le chah dut emprunter 500 000 livres sterlings à la nouvelle Banque impériale, les donna en compensation à la compagnie anglaise et annula la concession de la régie.

Nasiri'd-Din Shah commença à faire arrêter les partisans de Siyyid Jamalu'd-Din et de Mirza Malkam Khan. L'homme qui allait le tuer un jour se retrouva en prison, avec beaucoup d'autres, à cette occasion. Deux importants baha'is, Haji Abu'l-Hasasn-i-Ardakani, connu sous le nom de Haji Amin, et Haji Mulla'Ali-Akbar-i-Shahmirzadi, appelé Haji Akhund, y étaient aussi emprisonnés. À cette occasion Baha'u'llah révéla la Lawh-i-Dunya (Tablette au monde).

Après l'annulation de la Régie, Nasiri'd-Din Shah n'avait plus que quatre ans à vivre. La veille de son jubilé, le 19 avril 1896, au coeur du mausolée de Hadrat-i-'Abdu'l-'Azim, un fervent partisan de Siyyid Jamalu'd-Din appelé Mirza Riday-i-Kirmani, fit feu sur lui. La balle lui ouvrit le coeur et il mourut sur le coup. Seules la sagacité et l'action rapide d'Aminu's-Sultan, qui réussit à cacher l'assassinat, empêcha la capitale de plonger dans le chaos.

Lorsqu'on demanda à l'assassin pourquoi il avait abattu le monarque plutôt que n'importe lequel des hommes haut placés qui l'entouraient, et notamment Kamran Mirza, le Nayibu's-Saltanih, un fils du chah qui l'avait personnellement fait souffrir, ce disciple de Siyyid Jamalu'd-Din répondit par un vers du Mathnavi, l'oeuvre immortelle de Mawlana Jalali'd-din-i-Rumi: "Un poisson pourrit par la tête, pas par la queue".


Addenda II. Démarches effectuées auprès des consuls lors du bannissement de Baha'u'llah à Acre

Ci-dessous le lecteur trouvera un bref résumé des faits en relation avec certains documents des archives gouvernementales (voir page 281).

Le 6 août 1868, M. John E. Blunt, consul britannique à Andrinople, envoya le message suivant à M. Elliot, le ministre britannique à Istanbul:

J'ai l'honneur de transmettre ci-joint à votre Excellence, une copie de la lettre que le révérend Rosenberg, missionnaire protestant en ce lieu, m'a adressée à propos d'un certain Shek [Shaykh] Mirza Hussein Ali Effendi [Baha'u'llah], chef d'une secte persane appelée "babie" qui est en exil à Andrinople avec une quarantaine de ses adhérents depuis plus de six ans et qui est sur le point d'être déporté à Gallipoli et de là, vers l'intérieur de l'Afrique, me semble-t-il.

Hier, avant que cette lettre me soit adressée, le révérend Rosenberg et Boghos Agha, le chef de la communauté protestante locale, m'ont rendu visite et me demandèrent de tenter de persuader les autorités ottomanes locales de ne pas déporter ce Shek et ses adhérents. Mais comme ils me dirent aussi que la mesure dont se plaint le Shek ne vient pas de ces autorités mais que c'est un ordre impératif qui vient de la Sublime Porte, j'ai respectueusement refusé leur requête.

M. Rosenberg me dit alors qu'il m'adresserait la lettre ci-jointe et exprima l'espoir que je ferai un rapport sur le sujet à Votre Excellence. Je ne connais pas les croyances de cette secte "babie". Le révérend Rosenberg et Boghos Agha pensent qu'ils les tirent des Saintes Écritures, ce qui explique leur sympathie et leur zèle pour le Shek. Tout ce que je peux dire c'est que le Shek en question a mené une vie tout à fait exemplaire dans cette ville. Il est considéré avec une sympathie mêlée de respect et d'estime, par les musulmans locaux, et qu'il fut bien traité par les autorités ottomanes. L'impression générale ici est que la persécution dont il fait maintenant l'objet vient du gouvernement persan et de sa légation à Istanbul." (FO 195 901)

Le révérend Rosenberg cité dans cette dépêche était un missionnaire de la Société Britannique pour la Propagation de l'Évangile parmi les Juifs. C'est lui qui avait attiré l'attention de Blunt sur la situation qui menaçait Baha'u'llah. Quelques jours plus tard, le 10 août 1868, Blunt envoya une autre dépêche concernant un appel que, disait-il, Baha'u'llah lui avait adressé:

En référence à ma dépêche n° 54 du 6 courant relative au cas de Shek Hussein Ali effendi chef de la secte persane appelée "babie", j'ai l'honneur de rapporter à Votre Excellence que ce matin, j'ai reçu du Shek en question, le papier ci-joint qui, écrit en turc, demande la protection de ce consulat. Le même appel a été envoyé par le Shek à mes collègues de la ville.

Peu après que le dit appel m'ait été remis, mon collègue autrichien vint me voir et me demanda ce que je proposais de faire. Je répondis qu'à mon humble avis je ne pouvais pas agir dans ce cas officiellement sans instructions de l'ambassade, et que j'avais déjà informé Votre Excellence de la question. Monsieur de Camerloher semble être du même avis et m'a dit qu'il avait aussi informé le baron Prokesh.

Mais, considérant, avec Monsieur de Camerloher, que nous avons de bonnes raisons de penser que le Shek et son groupe vont probablement être remis par le gouvernement ottoman aux mains des autorités persanes et que le gouvernement ottoman se rendra ainsi coupable d'un abus de confiance envers ces pauvres gens qui mettra leur vie en péril, et qui en conséquence ternira sa réputation, nous avons décidé d'envoyer à nos ambassades respectives le télégramme que nous avons expédié ce matin et dont voici la copie:

"Hussein Ali Effendi et soixante-dix personnes vont être envoyés aujourd'hui à Gallipoli pour y être remis entre les mains d'un agent du chah. Il a adressé un appel écrit demandant la protection du corps consulaire étranger. Les soussignés ont décidé de solliciter des instructions de leurs ambassades respectives avant toute action. Mon collègue demande que ce télégramme soit communiqué au baron Prokesh."

Je prends la liberté d'ajouter que mon collègue autrichien m'a dit que le baron Prokesh connaît personnellement le Shek et qu'il l'a fortement recommandé au consulat autrichien.

Je regrette que le départ rapide du courrier aujourd'hui m'empêche de préparer une traduction du papier que je joins." (FO 195 901)

Malheureusement, la pièce jointe au télégramme de Blunt est absente des fichiers du British Public Record Office. Mais Blunt ayant signalé qu'un appel similaire avait été adressé aux autres consuls d'Andrinople, des recherches furent faites dans les archives des Affaires étrangères françaises. On découvrit que le consul français de l'époque, Ferdinand Ronzevalle, avait bien envoyé le 14 août 1868, cet appel au ministre français, Nicolas Bourée. Le texte de cet appel consiste en huit lignes écrites en turc, signées, avec un sceau sur lequel on peut lire "Husayn 'Ali".

Ainsi, au moins trois ministres de puissances étrangères représentées à Istanbul, faisaient des enquêtes sur Baha'u'llah. Ils reçurent tous la même réponse de la part de 'Ali-Pasha comme de Fu'ad Pasha: les disciples de Baha'u'llah provoquaient des discordes entre musulmans en essayant de les convertir à une nouvelle religion, et la légation persane n'était absolument pas impliquée.

Le 13 août 1868, Blunt fit un rapport:

Je prends la liberté de rapporter que j'ai agi dans cette affaire en conformité avec les ordres de Votre Excellence.

Avant de recevoir ces ordres, Mirza Hussein Ali (…) me demanda, par l'intermédiaire du révérend Rosenberg, de venir le voir, mais je déclinai respectueusement l'invitation car il était aux arrêts dans sa maison et sous la surveillance de la police (…)

Le Mirza et ses adhérents ont été envoyés à Gallipoli dans la soirée de lundi dernier (…)" (FO 195 901)

Mais le révérend Rosenberg continua ses efforts pour aider Baha'u'llah. Le 15 août 1868, il envoya à Blunt une copie de ce qui serait une lettre de Baha'u'llah à l'Alliance Évangélique de Londres, leur demandant d'intervenir auprès des autorités ottomanes afin que la tolérance religieuse soit appliquée aussi aux baha'is. L'Alliance Évangélique se consacrait à obtenir la tolérance religieuse pour les chrétiens dans le monde.


Addenda III. Conséquences du siège de Plevna

Les extraits qui suivent sont extraits du Balkan Volunteers (1). Ce livre consacré aux docteurs et à l'aide humanitaire envoyés d'Angleterre pendant la guerre de 1877-1878, confirme largement l'histoire du capitaine turc qui parlait du "sang qui coulait sous les arbres et sous les pierres". (voir p. 286)

La situation des blessés dans les hôpitaux de Plevna était pire que tout ce qu'ils [les médecins anglais] avaient vu jusque-là. Ryan, le seul docteur présent dans la forteresse assiégée, les conduisit à travers des pièces pleines de blessés pour lesquels il n'avait rien d'autre que du chloroforme, pas de pansements stériles, pas de provisions, pas de soupe. On avait fait des bandages avec les tissus bariolés trouvés au bazar, et les teintures s'étaient révélées empoisonnées. Les blessures avaient été bouchées avec du coton hydrophile. On trouvait des cas de variole, de gangrène, de typhoïde et tous avaient des poux. D'après le correspondant de The Times, l'état des hôpitaux "rendait ridicule la description par Defoe de la léproserie de la Peste"…

Après la chute de Plevna, la grande retraite commença: les troupes turques se retiraient à travers la boue, la neige et la glace [...] jusqu'à Philippopolis [...] puis Varna [...] depuis la frontière serbe jusqu'à Gallipoli puis Salonique. Avec elles, se traînant le long des mêmes sentiers à bestiaux, rampant au flanc des mêmes collines, venaient les réfugiés: le filet d'eau d'il y a six mois était devenu un torrent, toute la population musulmane de Bulgarie et de Roumélie s'enfuyant devant la vengeance des Moscovites… La retraite devint une déroute […].

[...] Lorsque l'ordre d'évacuer l'hôpital d'Andrinople fut donné, la populace turque et le personnel turc s'enfuirent ; les docteurs de Stafford House [britanniques] "se répandirent dans les camps, rattrapèrent les boeufs, les attelèrent et les firent transporter les blessés pour quitter l'hôpital." À Philippolis, huit cent cinquante blessés furent placés dans des hangars vides, le long de la gare, en attente de trains qui ne vinrent jamais. La ville était en proie à la panique, les bâtiments en feu [...] deux jours plus tard, les Russes entrèrent dans la ville. À ce moment-là, les blessés encore vivants n'étaient plus que cent vingt [...]

[...] A Rustchuk, la fin fut encore plus dramatique. Un obus russe tomba sur l'hôpital le 29 décembre 1877. Les deux docteurs, Stiven et Beresford, sortirent précipitamment en agitant vigoureusement le drapeau du Croissant rouge, mais encore plus d'obus éclatèrent. Les docteurs passèrent la nuit à déménager leurs patients, depuis les salles détruites dans les autres. Le lendemain, le bombardement recommença. Terrifiés, tous les patients qui pouvaient marcher, et tous les membres locaux du personnel se précipitèrent dehors, dans la neige. Comme l'écrit Stiven: "Le docteur Beresford et moi étions seuls avec environ quatre-vingt patients, et nous faisions de notre mieux pour assurer leur sécurité." À la tombée de la nuit, entre trente et quarante obus étaient tombés sur l'hôpital. Puis le tir cessa et les deux docteurs transportèrent leurs patients depuis les bâtiments en ruines, jusqu'en ville. Le lendemain, ils les mirent sur un train qui les conduisit à l'hôpital de Varna. [...]

Young Sandwich… et Hume, deux vétérans de la campagne de Serbie, rejoignirent la division Baker Pasha dans sa retraite de Tatar Bazardijk vers Philippopolis puis au-delà des montagnes de Rhodope. Le télégraphe et le train ne fonctionnaient plus et Sandwich se retrouva sur des routes escarpées couvertes de glace. Hume arriva à Philippopolis plus rapidement mais non sans danger, ayant fait le voyage le long de la voie ferrée, d'abord dans une machine qu'il avait réquésitionnée, puis sur un chariot actionné à la main. La retraite vers le sud à travers les montagnes fut un terrible voyage. "De chaque côté, sur la glace, dans la neige, des chevaux trébuchant et tombant, des soldats et des blessés mélangés en effroyable confusion avec des femmes et des enfants qui fuyaient leurs maisons brûlées, tous peinant laborieusement vers les sommets. Dans la plaine en dessous on pouvait voir les Cosaques arrivant au pied des collines et, de là, tirant sur la masse des fuyards." [...]

À la gare de Tatar Bazardijk, des milliers de gens s'entassaient tous les jours dans des wagons ouverts, "blancs, bleus et noirs, gelés" et Bartlett fit ce qu'il pouvait pour leur apporter de la nourriture et de la chaleur, mais il n'y avait aucune organisation possible. Puis on apprit que la voie ferrée avait été coupée un peu plus loin ; l'attente avait été vaine. Ils furent tous forcés de faire retraite au-delà des montagnes Rhodope, jusqu'à la mer.

Robert E. Master qui travaillait pour la Fondation Turque de Compassion, avait eu plus de chance. Il était resté à Sofia pendant un mois avant la prise de la ville par les Russes. Il avait réussi à faire fonctionner une soupe populaire où, pour un penny par jour et par personne, il nourrissait vingt-cinq mille réfugiés ; "chacun recevait trois quarts de litre d'une bonne soupe bien épaisse et assez de bois de chauffage pour leur tenir chaud." Il partit par le train avant que les Russes arrivent, pour un voyage où l'horreur ne fit qu'augmenter. Il fallut trois jours au train pour aller d'Andrinople à Constantinople, ses wagons ouverts remplis à craquer de femmes, d'enfants et de soldats, entassés sans abri, ni chauffage, ni nourriture. Beaucoup moururent, quelques-uns naquirent, d'autres désespéraient de l'avenir tous ou presque, fous de douleur, d'horreur et de faim, jetant leurs enfants dans le vide quand le train passait sur un pont…" Au cours de l'arrêt dans une gare entre Andrinople et Constantinople, Blunt travailla sans cesse pour leur apporter du pain et des vêtements ; mais ils étaient trop nombreux et tout ce qu'il faisait lui semblait inutile. Master, envoyé de Constantinople avec un wagon de nourriture, trouva Blunt épuisé et malade. Il prit les choses en main. "Je réussis à nourrir les gens, mais je ne pouvais pas empêcher le froid. Cadavres après cadavres tombaient des wagons, étaient transportés plus loin et enterrés… C'était affreux à voir et pourtant les réfugiés restaient calmes. Je n'entendais aucun murmure, sauf de la part des Circassiens qui menaçaient de brûler la gare si le chef de gare ne faisait pas partir le train immédiatement. Ces gentlemen attaquèrent même mon fourgon de pain, mais j'arrivai à le refermer à temps."

À Constantinople on attendait les soldats, les blessés, les réfugiés, l'armée russe ou l'Angleterre qui viendrait aider la Turquie."


Addenda IV. Le général Gordon à Haïfa et Acre

Laurence Oliphant écrit, sous le titre de La dernière visite du général Gordon à Haïfa:

Je l'ai rencontré pour la première fois, il y a vingt-neuf ans, dans les tranchées devant Sébastopol. C'était alors un jeune officier inconnu, et j'aurais oublié ces circonstances si nous ne nous étions retrouvés trois ans plus tard en Chine… Je quittais la Chine avant qu'il n'entre au service chinois… Mais j'en avais assez vu pour surveiller sa carrière avec un grand intérêt ; pourtant nos chemins ne se recroisèrent pas jusqu'à ce qu'un jour, il y a deux ans environ [écrit le 10 mai 1885], je reçoive une lettre venant de Jaffa et signée C.G. Gordon qui me demandait des informations sur les conditions de résidence à Haïfa et exprimait son intention de me rendre visite. Comme j'avais plusieurs amis de ce nom-là, je fus déconcerté sur le moment… C'est par hasard que l'après-midi de ce jour, le vice-consul me demanda si je connaissais un certain général Gordon, car il avait reçu quelques lettres à ce nom. Je compris immédiatement qui était mon correspondant et lui envoyai une cordiale invitation à laquelle il répondit rapidement, et nous passâmes ensemble quelques jours très agréables…

Après quelques jours à Haïfa, le général Gordon retourna à Jérusalem en me promettant de revenir deux mois plus tard planter sa tente près de la mienne à Esfia, au sommet du Carmel. J'étais impatient de retrouver sa compagnie pour partager l'agréable étendue sauvage de cette montagne et, dans ma tête, j'avais déjà repéré un endroit à cinquante mètres de ma tente pour qu'il y plante la sienne lorsqu'à mon grand désappointement, je reçus une lettre de lui me disant qu'il était si intéressé par ses études bibliques dans la ville sainte, qu'il pensait être de son devoir de changer ses plans, car il n'aurait peut-être jamais plus la possibilité de vérifier l'exactitude des vues qu'il avait concernant l'aspect typique de la configuration de cette ville…

Vers la fin de l'année il écrivit, disant qu'il avait été nommé au Congo et me disait adieu. Curieusement, dans ma réponse je lui disais seulement au revoir car j'étais certain que je le reverrai avant qu'il quitte le pays. Quelques jours après il arrivait à Haïfa. Il avait embarqué à Jaffa, en route vers Port-Saïd dans un voilier local et le mauvais temps l'avait poussé si loin de sa route d'origine que son équipage était venu ici se reposer… Il y resta une semaine… Un jour, je le vis écrire une note sur une feuille de papier. Il me demanda le prénom des deux amis chez qui nous étions. Je les lui donnai et, pensant sans doute que ma curiosité méritait d'être assouvie, il dit: "Je les ajoute sur ma liste de prières." Un autre jour, après avoir émis des avis très négatifs sur un très haut personnage que je ne nommerai pas, il ajouta: "Je prie pour lui régulièrement." Tout cela sans une once de prétention. Il détestait par-dessus tout l'hypocrisie… Il était très drôle et un compagnon très agréable pour ceux qui le connaissaient intimement. Il ne lançait jamais la conversation sur la question religieuse… Il partit de Haïfa le 18 ou 19 décembre 1883, à pied, jusqu'à Acre où il trouva le vapeur qui devait l'emporter directement jusqu'à Marseille. Ses bagages le suivirent dans une carriole.

Ses derniers mots furent pour dire qu'il était certain cette fois que nous ne nous reverrions jamais. Je répondis qu'il s'était déjà trompé et que j'espérais qu'il se trompait encore. Il me dit non, qu'il avait l'impression d'avoir encore beaucoup de choses à faire pour Dieu sur cette terre et qu'il ne repartirait jamais du Congo. Un mois plus tard, il était en Haute-Égypte.

À Haïfa, pratiquement personne ne le connaissait, et c'était caractéristique de sa personnalité. Apercevant un beau jardin qui appartenait à un riche Syrien, près d'Acre, il entra s'y promener, fut abordé par le propriétaire qui lui demanda qui il était. Il répondit "Gordon Pasha". Mon ami Syrien, qui me raconta l'histoire, rit d'un air incrédule et lui montra poliment la sortie. Gordon partit sans insister sur son identité. Le propriétaire me dit qu'il était certain qu'on se moquait de lui parce que Gordon, lorsqu'on lui parlait en anglais répondait en mauvais arabe et, lorsqu'on lui demanda son nom, il avait à moitié sorti son portefeuille, comme s'il allait donner sa carte, puis après réflexion l'avait laissé dans sa poche et avait répondu verbalement. Ainsi, mon ami perdit sa chance de pouvoir recevoir au dépourvu un ange, ce qu'il ne cessa jamais de regretter, d'autant plus que ses amis prenaient plaisir à le taquiner là-dessus.

La dernière lettre que je reçus de Gordon est datée de Khartoum, le 6 mars."

Sir Valentine Chirol écrit dans Fifty Years in a Changing World (Cinquante ans dans un monde qui change):

"… je me souviens de ma rencontre avec Gordon, quelques mois avant son fol espoir au Soudan, chez Laurence Oliphant sur le mont Carmel. Gordon vivait alors à Jérusalem, entièrement absorbé par l'étude de la topographie biblique. Les Français, toujours plus jaloux et suspicieux de toutes les activités britanniques dans cette région depuis notre occupation de l'Égypte, ne pouvaient pas croire, même un instant, que pour un Anglais, et un général de la réputation mondiale de Gordon, la topographie biblique n'était pas une couverture pour cacher de sinistres activités politiques. Le consulat français de Jérusalem surveillait tous ses mouvements. Il nous raconta qu'il était parti la veille pour son habituelle longue promenade dans la campagne et il remarqua rapidement qu'il était, comme d'habitude, suivi par un Syrien qui devait être employé par les Français pour le surveiller. Aussi, au lieu de revenir après quelques kilomètres, il décida de continuer pour voir si l'homme se fatiguerait. Il lui fallut marcher longtemps pour cela et alors, il était trop tard pour rentrer à Jérusalem avant la nuit. Il décida donc de continuer jusqu'à Naplous, à 35 ou 40 miles et, ayant dormi là, il eut l'idée de continuer le jour suivant jusqu'à Haïfa ; voilà pourquoi il était là, et il se demandait si Oliphant pouvait le loger pour la nuit ?" (p. 60)

Note :

Charles George Gordon (1833-1885) était un Anglais qui servit dans le corps des ingénieurs royaux pendant le siège de Sébastopol et la capture de Pékin. Plus tard (1863-1864) il écrasa, à la tête d'une force chinoise, une formidable révolte et fut reconnu comme l'un des meilleurs soldats de son temps. Après six ans en Angleterre, pendant lesquels il passa son temps libre à soulager les pauvres, à nourrir et à habiller les orphelins sans logis et à visiter les malades, il accepta l'offre du khédive d'Égypte et put ouvrir d'autres territoires dans les régions du Nil équatorial. En 1877, il devint gouverneur du Soudan, explora un vaste territoire et acquit une réputation mondiale pour ses réussites dans le gouvernement et l'industrie. Il démissionna en 1880 pour raison de santé et passa presqu'un an en Palestine. Puis, à la demande du gouvernement britannique, il partit relever les garnisons dans les territoires rebelles d'Égypte. Il atteignit Khartoum mais, un mois plus tard, le Mahdi commença un siège qui devait durer cinq mois. Une force de délivrance arriva d'Angleterre en janvier 1885, découvrit que Khartoum avait été capturée et Gordon assassiné sur les marches du palais.


Addenda V. Notes bliographiques

Les brèves notes qui suivent concernent quelques-unes des personnes mentionnées dans ce livre, qu'elles soient ou non disciples de Baha'u'llah. Certains personnages importants ne sont pas inclus parce que l'information les concernant est disponible dans des ouvrages de référence faciles à trouver.

Ces notes furent écrites par le Dr Moojan Momen et celles qui traitent de baha'is sont en partie basées sur l'ouvrage de 'Abdu'l-Baha Memorials of the Faithful (Mémorial des fidèles). L'auteur remercie M. Sami Doktoroglu pour les informations fournies pour quelques pachas turcs.

'Abdu'l-Ghaffar-i-Isfahani, Aqa :

Aqa 'Abdu'l-Ghaffar-i-Isfahani était un commerçant d'Ispahan qui devint babi au cours d'un voyage à Bagdad. Il fut l'un des compagnons de Baha'u'llah dans son exil à Andrinople. Baha'u'llah l'envoya à Istanbul où il fut arrêté et envoyé en exil à Chypre. Lorsque le navire qui transportait Baha'u'llah et ses compagnons d'exil, arriva à Haïfa, il se jeta dans la mer, incapable de supporter sa séparation avec Baha'u'llah, mais il faut sauvé et envoyé à Chypre. Il réussit à s'en échapper le 29 septembre 1870 et rejoignit Baha'u'llah à Acre. Il s'installa dans le Khan-i-Afranj. Pour se cacher des autorités, il changea de nom et se fit appeler Aqa 'Abdu'llah. Après l'ascension de Baha'u'llah, il alla vivre à Damas où il mourut. (cf. Mémorial des fidèles)

'Abdu'l-Husayn-i-Tihrani, Shaykh :

Shaykh 'Abdu'l-Husayn-i-Tihrani, connu sous le nom de Shaykhu'l-'Iraqayn, était fils de 'Aliy-i-Tihrani. Il eut une éducation religieuse classique et fut l'élève de Haji Siyyid Shafiy-i-Burujirdi. Il vivait à Téhéran, était un proche associé de Mirza Taqi Khan, l'Amir Kabir, et en fut l'exécuteur testamentaire. Avec l'argent de l'héritage, il construisit à Téhéran une mosquée et une madrisih dont il fut directeur. En 1858, Nasiri'd-Din Shah le chargea de la mission de redorer le dôme du tombeau de Husayn à Kerbéla, en Irak. Cette mission réussie, il fut chargé de dorer le dôme du mausolée Askariyayn à Samarra. Il tomba malade à Kazimayn, mourut le 16 décembre 1869 et est enterré à Kerbéla.

Adi Guzal, Mulla ('Aliy-i-Sayyah, Mirza):

Mulla Adi Guzal de Maraghih, mieux connu sous le nom de Mirza 'Aliy-i-Sayyah, devint babi dans les débuts de la religion. Homme de confiance du Bab il était aussi son messager pendant les jours où ce dernier était emprisonné à Mah-Ku et à Chihriq. Le Bab lui confia plusieurs missions ; il fut le premier à visiter le site du combat de Shaykh Tabarsi pour y réciter des prières de souvenance pour les martyrs. Pendant les persécutions babies les plus sévères, Mirza 'Ali s'enfuit en Irak et vécut à Kerbéla. Pendant le séjour de Baha'u'llah à Andrinople, Mirza 'Ali vint dans cette ville mais fut envoyé par Baha'u'llah à Istanbul. Il y fut arrêté et interrogé et, lors de l'exil de Baha'u'llah d'Andrinople à Acre, il fut l'un de ses disciples à être envoyé à Chypre avec Mirza Yahya. Il mourut à Famagouste le 4 août 1871.

'Ali Khan, Haji, Hajibu'd-Dawlih :

Haji 'Ali Khan est né à Maraghih. Il entra au service de Muhammad Shah, qui n'était encore que gouverneur de cette ville, alors que son père était gouverneur d'Azerbaïdjan. Lorsque Muhammad Shah monta sur le trône, Haji 'Ali Khan devint intendant du palais. Il tomba en disgrâce et fut exilé en Irak à la suite de rumeurs concernant des affaires louches entre lui et Mahd-'Ulya, la femme du chah. Mais c'est grâce à l'influence de cette dernière qu'il retrouva sa position et, à la mort du chah, il eut de nouveau le poste d'intendant du palais. Au début de 1849, Mirza Taqi Khan le nomma Farrash-Bashi et il le récompensa de cette faveur en l'assassinant en 1852. En récompense, il fut nommé Hajibu'd-Dawlih. Il continua une carrière en dents de scie, en disgrâce de nouveau lors de la chute de Mirza Aqa Khan, il retrouva son poste, toujours grâce à Mahd-'Ulya. Il mourut en 1876. Son fils était Muhammad-Hasan Khan, I'timadu's-Saltanih. Le Gardien de la foi baha'ie a écrit:

Le Hajibu'd-Dawlih, ce monstre altéré de sang, qui avait pourchassé avec acharnement un si grand nombre de babis innocents et sans défense, tomba victime, à son tour, de la furie des terribles Lurs qui, après l'avoir dépouillé de ses biens, lui coupèrent la barbe et le forcèrent à la manger, puis l'ayant sellé et bridé, montèrent sur son dos et le promenèrent devant la population. Enfin, on se livra à des atrocités honteuses sur les femmes et les enfants appartenant à sa famille. (1)

'Ali Pasha, Muhammad Amin :

Muhammad Amin 'Ali Pasha, fils d'un boutiquier, est né à Istanbul en février 1815. Ayant appris le français, il put obtenir un poste dans le bureau des traductions du gouvernement ottoman en 1833. Il participa à plusieurs missions à l'étranger et fut ambassadeur de Turquie à Londres en 1838-1839. En 1840 il devint ministre des Affaires étrangères pendant une courte période et retrouva cette position en 1846 sous Rashid Pasha. En 1852, il devint grand vizir pendant quelques mois puis, en 1854, fut nommé de nouveau ministre des Affaires étrangères ; en 1855 il redevint grand vizir jusqu'à l'année suivante. Il continua dans ces hautes positions pendant presque tout le reste de sa vie. Il fut ministre des Affaires étrangères en 1857-1858, en juillet 1861 et novembre 1861 à 1867, grand vizir en 1858-1859, en 1861 et en 1867-1871. Après le décès de Fu'ad Pasha en 1869, il combina le poste de grand vizir avec les Affaires étrangères. C'était un bon diplomate et il faisait partie du petit groupe d'hommes d'État turcs qui voulaient faire entrer la Turquie dans le dix-neuvième siècle ; mais il était autoritaire et hautain dans ses manières. Il mourut après trois mois de maladie le 7 septembre 1871.

'Ali-'Askar-i-Tabrizi, Haji :

Haji 'Ali-'Askar-i-Tabrizi, était un marchand connu de Tabriz et un babi du temps du Bab. Persécuté, il finit par quitter sa maison et émigra avec son frère et sa famille jusqu'à Andrinople où il s'installa et gagna sa vie comme colporteur. Il fut arrêté et suivit Baha'u'llah à Acre où il mourut en 1874. (cf Mémorial des fidèles)

'Ali-Shah, Zillu's-Sultan :

'Ali-Shah est le dixième fils de Fath-'Ali Shah, frère consanguin de 'Abbas Mirza, le frère de Muhammad Shah. Il fut gouverneur de Téhéran et, à la mort de Fath-'Ali Shah en 1834, tenta de prendre le trône sous le nom de 'Adil Shah. Après un court règne de quarante jours, qui lui fit presque vider, à la recherche de soutiens, le magot amassé par la cupidité de son père, il fut renversé par Muhammad Shah quand ce dernier arriva à Téhéran. Emprisonné, il réussit à s'évader vers la Russie. Il s'installa finalement à Bagdad où il vivait encore lorsque Baha'u'llah y arriva. Il mourut en 1854.

Ashraf, Aqa Siyyid :

Le père d'Aqa Siyyid Ashraf, Mir Jalil, était un des compagnons de Hujjat. Il se maria dans les premiers jours du soulèvement de Zanjan et Aqa Siyyid Ashraf naquit durant cette période. Mir Jalil fut emprisonné à Téhéran et exécuté, laissant sa femme, Umm-i-Ashraf (le mère d'Ashraf) élever seule ses enfants. Âgé d'un peu plus de vingt ans, Aqa Siyyid Ashraf vint deux fois à Andrinople et rencontra Baha'u'llah. Peu après son retour du deuxième voyage, il fut arrêté et condamné à mort comme babi. La manière dont il refusa fermement de renier sa foi et dont sa mère, qu'on avait amenée pour qu'elle l'encourage à abjurer, l'encouragea à rester ferme, fut louée à plusieurs reprises par Baha'u'llah. Le martyre d'Aqa Siyyid Ashraf eut lieu en 1870.

Baqir-i-Shirazi, Mirza :

Mirza Baqir séjourna quelque temps à Andrinople avant de retourner à Chiraz. Il commença à y enseigner la Foi et, pour cela, voyagea de ville en village. Il vécut quelque temps en Hindiyan puis revint à Chiraz. En 1288 de l'hégire (1871-1872) il fut emprisonné pendant quatre mois avec d'autres babis avant d'être expulsé de la ville. Il partit à Kirman, y enseigna la Foi et fut aussi expulsé de cette ville-là. Il vécut alors à Sirjan mais fut arrêté une nouvelle fois par le gouverneur de Kirman et passa quatre mois en prison avant d'être étranglé. Son corps fut jeté au-delà des remparts de la ville.

Fath-'Ali, Mirza, Fath-i-A'zam:

Mirza Fath-'Ali, nommé Fath-i-A'zam par Baha'u'llah, était un des principaux baha'is d'Ardistan près d'Ispahan. Ils avaient été quelques-uns à accepter le Bab dans cette ville lorsque Mulla 'Ali-Akbar-i-Ardistani et Mulla Sadiq-i-Muqaddas y passèrent, à la suite de la persécution qu'ils avaient subie, avec Quddus, en 1845 à Chiraz. Il fut plus tard l'un des premiers babis à reconnaître le rang de Baha'u'llah. Sans pouvoir l'accompagner, il offrit à Baha'u'llah le cheval qu'il montait lorsqu'il partit pour Istanbul (cf page 197). Il retourna à Ardistan et y servit Baha'u'llah comme point de contact pour distribuer les Épîtres aux croyants de Perse. Il devait parfois user de son jugement pour deviner à qui certaines étaient adressées car le nom du destinataire n'était pas indiqué. Son fils épousa la fille de Mulla 'Ali-Akbar. Il mourut peu avant l'ascension de Baha'u'llah qui révéla une prière de souvenance en son honneur.

Fu'ad Pasha (Keçeci-Zadih Muhammad) :

Fu'ad Pasha naquit à Istanbul en 1815, fils du célèbre poète et érudit, 'Izzat Mulla. Au cours de ses études médicales, il apprit le français. Il passa trois ans comme médecin militaire puis se fit engager en 1837 par le Bureau des traductions. Il fut chargé de plusieurs importantes missions diplomatiques jusqu'en 1852 où il fut nommé ministre des Affaires étrangères sous 'Ali Pasha. Il fut aussi ministre des Affaires étrangères en 1855-1856, 1858-1860, 1861 et 1867 et servit comme grand vizir en 1861-1863 et 1863-1866 en alternance avec 'Ali Pasha. Fu'ad encouragea la modernisation de l'État ottoman et participa grandement au développement de la langue turque. Il mourut le 12 février 1869 à Nice, d'une maladie cardiaque.

Habibu'llah Afnan, Haji Mirza :

Haji Mirza Habibu'llah naquit à Chiraz le 7 février 1875. Il fut prénommé Muhammad-'Ali mais plus tard son père changea de nom pour Habibu'llah par respect pour le fait qu'un des enfants de Baha'u'llah s'appelait Muhammad-'Ali. Haji Mirza Habibu'llah grandit à Chiraz, en contact régulier avec la femme du Bab qui était sa tante. En septembre 1890 il partit, en compagnie de sa mère, ses frères et sa soeur, rejoindre leur père en Égypte. De là, il partirent pour Haïfa où ils restèrent pendant neuf mois en présence de Baha'u'llah. La famille retourna ensuite à Port-Saïd où ils avaient établi un commerce. Après l'ascension de Baha'u'llah, Haji Mirza Habibu'llah resta en Égypte tandis que son père partait pour la Perse. Il était souvent en compagnie de Mirza Abu'l-Fadl qui résidait aussi en Égypte. Il rendit plusieurs fois visite à 'Abdu'l-Baha en Terre sainte. En 1900, 'Abdu'l-Baha lui demanda de retourner à Chiraz pour superviser les travaux de restauration de la maison du Bab et le nomma gardien de cette maison. Il mourut en 1951.

Hamzih Mirza, Hishmatu'd-Dawlih :

Hamzih Mirza était le vingt-et-unième fils de 'Abbas Mirza, un oncle de Nasiri'd-Din Shah. En 1847 il fut nommé gouverneur du Khorassan mais la révolte du Salar l'empêcha d'y exercer son autorité et, lorsqu'à la mort de Muhammad Shah cette rébellion s'intensifia, il fut forcé de s'enfuir en Afghanistan. Gouverneur d'Azerbaïdjan dès 1849, il refusa en 1850 de mettre en oeuvre l'ordre d'exécution du Bab. Nommé de nouveau gouverneur du Khorassan il fut battu par les Turkmènes en 1860-61. Gouverneur de diverses provinces, il mourut en 1880, au cours d'une campagne militaire contre le rebelle Shaykh 'Ubaydu'llah.

Husayn Khan, Haji Mirza, Mushiru'd-Dawlih :

Haji Mirza Husayn Khan, le Mushiru'd-Dawlih et Sipahsalar-i-A'zam, fils aîné de Mirza Nabi Khan-i-Qazvini naquit en 1243 de l'hégire (1827-1828). Il fit son éducation en Europe mais n'y resta pas longtemps. En 1849, il fut nommé consul persan à Bombay par Mirza Taqi Khan et, en 1854, devint consul général à Tiflis. Il fut promu ministre à Istanbul en 1858, reçut le titre de Mushiru'd-Dawlih en 1865 et devint ambassadeur en juin 1869. En novembre et décembre 1870, Nasiri'd-Din Shah fit un pèlerinage à Kerbéla et Najaf. En tant qu'ambassadeur de Perse en Turquie, Mirza Husayn Khan s'occupa de toutes les préparations du voyage et vint d'Istanbul à la rencontre du chah. Favorablement impressionné par son ambassadeur, le chah lui demanda de l'accompagner jusqu'à Téhéran où, en septembre 1871, il fut fait ministre de la Guerre avec le titre de Sipahsalar-i-A'zam. En novembre 1871 il fut officiellement nommé premier ministre. Son ministère fut marqué par un certain nombre de réformes mais on s'en souviendra à cause de la concession Reuter de juillet 1872. En 1873, il prépara le premier voyage européen du chah et l'accompagna. Pendant leur absence, l'opposition à Mirza Husayn Khan se renforça et à son retour en Perse, à Anzali, le chah reçut une avalanche de suppliques pour qu'il renvoie Mirza Husayn Khan. Le chah eut d'abord envie de résister mais céda bientôt aux pressions et renvoya Mirza Husayn Khan en décembre 1873. Il fut nommé ministre des Affaires étrangères et, l'année suivante, ministre de la Guerre également. Il accompagna le chah pendant son deuxième voyage en Europe en 1878. En 1880 il devint gouverneur de Qazvin et, l'année suivante, fut le représentant personnel du chah au couronnement du tsar Alexandre III. Devenu gouverneur du Khorassan, il mourut moins de deux mois plus tard, le 14 novembre 1881, probablement empoisonné.

Husayn-i-Ashchi, Aqa :

Aqa Husayn naquit à Kashan. Son père, Aqa Muhammad-Javad avait rencontré le Bab, pendant le séjour de ce dernier dans cette ville, dans la maison de son oncle Haji Mirza Jani, et était devenu babi. Baha'u'llah était à Bagdad lorsqu'Aqa Muhammad-Javad y arriva et s'installa avec son fils. Baha'u'llah lui confia la mission d'aller à Téhéran demander à son frère, Mirza Muhammad-Hasan, la main de sa fille pour 'Abdu'l-Baha. Au retour de cette mission, il tomba malade à Kirmanshah et mourut en arrivant à Bagdad. Aqa Husayn fut élevé pendant quelque temps par son oncle, Ustad Isma'il mais, au moment de quitter Bagdad, Baha'u'llah lui fit l'honneur de l'accueillir dans sa maisonnée, d'abord pour servir les femmes, puis comme cuisinier. Ashchi veut dire cuisinier, ou faiseur de bouillon. Il accompagna Baha'u'llah dans tous ses exils, jusqu'à Acre. Impliqué dans le meurtre des azalis, il fit un an de prison. Il ouvrit ensuite une petite boutique à Acre et vécut, pendant le ministère de 'Abdu'l-Baha jusqu'au gardiennat de la Foi et mourut en 1346 de l'hégire (1927-1928).

Ja'far-i-Tabrizi, Haji et Taqi-i-Tabrizi, Haji:

Ils étaient trois frères de Tabriz, colporteurs de métier, qui étaient devenus babis du temps du Bab. Le plus âgé, Haji Hasan, rencontra Baha'u'llah à Bagdad. Il devint si connu comme babi et enseigna d'une manière si ouverte, que les ennemis de la Foi l'attirèrent dans un jardin et le tuèrent. Haji Ja'far et son frère Haji Taqi allèrent s'installer à Andrinople. Incapable de supporter la séparation au moment où Baha'u'llah quittait Andrinople, Haji Ja'far se coupa la gorge et lui et son frère attendirent que la blessure cicatrise. Alors, sur l'ordre de Baha'u'llah, ils vinrent deux mois plus tard à Acre. Une nuit, Haji Ja'far tomba du toit du caravansérail et mourut. De même, Haji Taqi mourut d'une chute du toit sur lequel il récitait des prières. Haji Taqi est appelé par certaines sources Karbila'i Taqi et Mashhadi Taqi. (cf Mémorial des fidèles)

Jamshid-i-Gurji, Aqa :

Aqa Jamshid-i-Gurji était, comme son nom l'implique, de Géorgie, mais il grandit à Kashan où il devint babi. Il alla jusqu'à Andrinople pour y rencontrer Baha'u'llah qui, après quelque temps, lui enjoignit de rejoindre Istanbul. C'est là que les efforts de l'ambassade persane réussirent à le faire arrêter et envoyer, avec Ustad Muhammad-'Aliy-i-Salmani jusqu'en Perse dans des conditions très dures. À la frontière, ils furent remis aux mains de chefs de tribus kurdes qui les libérèrent. Ils purent rejoindre ainsi Baha'u'llah à Acre. Aqa Jamshid resta à Acre jusqu'à sa mort.

Khalil Mansur et 'Abdu'llah, Aqa :

Aqa Muhammad-Ibrahim, Khalil Mansur, de Kashan était encore jeune lorsqu'il entendit parler du Bab et crut en lui. Il réussit à convaincre aussi sa mère et ses frères. Il voyagea jusqu'à Bagdad où il rencontra Baha'u'llah. Peu après, il retourna à Kashan et conduisit sa famille à Bagdad où ils s'installèrent. Après le départ de Baha'u'llah, il fut, avec sa famille, parmi ceux qu'on exila à Mosul. Mais, pendant la deuxième année de l'emprisonnement de Baha'u'llah dans la citadelle d'Acre, lui et son frère Aqa 'Abdu'llah vinrent jusqu'à Haïfa où ils s'installèrent comme chaudronniers. Ils purent ainsi rendre de nombreux services aux pèlerins qui arrivaient ainsi que répondre aux besoins de la Sainte Famille. (cf Mémorial des fidèles)

Khurshid Pasha :

voir Muhammad Khurshid Pasha

Mahmud-i-Kashani, Mirza :

Mirza Mahmud-i-Kashani était jeune lorsqu'il devint babi à Kashan et émigra à Bagdad. Il fut partenaire de Aqa Muhammad-Rida dans sa boutique de confiseur, et ils devinrent comme deux frères, partageant tout. Lorsque Baha'u'llah quitta Bagdad, ils l'accompagnèrent constamment jusqu'à Acre. Après le décès de Baha'u'llah, ils continuèrent à servir 'Abdu'l-Baha jusqu'à ce qu'ils meurent, l'un après l'autre, vers 1920. (cf Mémorial des fidèles)

Midhat Pasha :

Midhat Pasha naquit à Istanbul en octobre 1822. Fils d'un juge turc, il tint plusieurs postes gouvernementaux avant de devenir gouverneur des districts danubiens. Lorsqu'en 1864, fut publié le décret réorganisant les vilayats, il eut la tâche de le mettre en application dans cette région. Il réussit très bien cette mission, augmenta la prospérité de la province, administra strictement la justice entre ses habitants tant chrétiens que musulmans. En 1869, il fut envoyé à Bagdad où il continua d'appliquer sa politique de réforme et de modernisation. Nasiri'd-Din Shah fut très impressionné en visitant cette province. En 1872, il fut fait grand vizir, mais fut bientôt renvoyé. Il utilisa sa retraite forcée pour établir les plans d'une constitution turque et, lors de l'accession du sultan 'Abdu'l-Hamid en 1876, il réussit à faire proclamer cette constitution. Il devint lui-même grand vizir. Mais l'arrogant et réactionnaire 'Abdu'l-Hamid ne supportait aucune limite à ses pouvoirs et, dès 1877, Midhat fut renvoyé et exilé. Sous la pression britannique, il fut nommé gouverneur de Syrie en 1878 puis transferé à Smyrne en 1880. Mais 'Abdu'l-Hamid ne pouvait pas lui pardonner. En 1881 il fut arrêté et accusé du meurtre du sultan 'Abdu'l-'Aziz et, bien que l'accusation fût évidemment fausse, il fut déclaré coupable et condamné à mort. La sentence fut muée en exil à Ta'if en Arabie, à la suite de fortes pressions des Puissances européennes. Mais 'Abdu'l-Hamid n'aimait pas être contrecarré dans ses projets et s'arrangea pour que son ennemi soit mis à mort secrètement à Ta'if en avril 1883. Il fut peut-être l'administrateur le plus capable de la Turquie du dix-neuvième siècle.

Muhammad Khurshid Pasha (Mehmed Hourshid Pasa):

Muhammad Khurshid Pasha fut ministre et gouverneur provincial pendant le règne du sultan 'Abdu'l-'Aziz et les premiers jours du règne de 'Abdu'l-Hamid. Esclave de Yahya Pasha il avait été instruit pour être secrétaire au ministère des Affaires étrangères. Il servit en Syrie sous Fu'ad Pasha, et devint gouverneur de Sidon, puis d'Erzeroum. En 1863, il devint ministre des Finances. Pendant qu'il était gouverneur d'Andrinople il fut aussi ministre des Fondations religieuses. Plus tard, il fut parfois gouverneur de Ma'muratu'l-'Aziz, de Sivas et ministre des Finances. Il mourut en 1878 à Ankara alors qu'il était gouverneur de cette ville.

Muhammad-'Aliy-i-Isfahani, Aqa :

Aqa Muhammad-'Ali était un proche parent de l'Imam-Jum'ih d'Ispahan et devint babi lorsque le Bab passa dans cette ville. Il partit plus tard à Bagdad et fut un compagnon de Baha'u'llah jusqu'à sa mort à Acre en 1305 de l'hégire (1887-1888). (cf Mémorial des fidèles)

Muhammad-'Aliy-i-Jilawdar-i-Yazdi, Aqa :

Connu aussi sous le nom de Sabbagh-i-Yazdi, devint babi à Bagdad et accompagna Baha'u'llah jusqu'à Istanbul. Lorsque Baha'u'llah fut exilé à Andrinople, il resta à Istanbul afin d'y aider les pèlerins de passage. Plus tard, il rejoignit Baha'u'llah et fut exilé avec lui à Acre. Plus tard, il monta un commerce à Sidon. Après l'ascension de Baha'u'llah, il revint à Acre où il vécut jusqu'à sa mort. (cf Mémorial des fidèles)

Muhammad-Husayn, Haji, Hakim-i-Qazvini :

Haji Muhammad-Husayn, médecin de Qazvin, résidait à Bagdad. Il faisait partie des babis et rencontra fréquemment Baha'u'llah jusqu'au départ de ce dernier. En 1868, avec d'autres baha'is, il fut exilé à Mosul. Il rejoignit Acre un peu plus tard avant de retourner en Perse y enseigner la Cause. Arrêté à Téhéran, il passa quelque temps en prison. Libéré, il partit pour Bagdad où il fut de nouveau arrêté et condamné à l'exil à Mosul. Mais Mirza Musa Javahiri intercéda en sa faveur et il fut autorisé à vivre le reste de ses jours à Bagdad.

Muhammad-Ibrahim-i-Amir-i-Nayrizi, Aqa:

Aqa Muhammad-Ibrahim, né à Nayriz accepta la religion du Bab dans sa jeunesse. Avec ses deux frères il participa aux deux soulèvements de Nayriz mais ils purent échapper au massacre général qui suivit le second. Bien qu'arrêté par plusieurs soldats, Aqa Muhammad-Ibrahim réussit à détacher ses liens et à libérer ses frères. Il partit ensuite s'installer à Bagdad. Il accompagna Baha'u'llah dans ses exils, de Bagdad jusqu'à Acre où il s'installa. Il épousa Habibih qui était une servante de la maisonnée de Baha'u'llah. Après l'ascension de celui-ci, il fut un temps enseignant des enfants baha'is mais, sa santé déclinant, il mourut et est enterré à Acre. (cf Mémorial des fidèles)

Muhammad-Ibrahim-i-Nazir-i-Kashani, Aqa :

Aqa Muhammad-Ibrahim, émigra de Kashan à Bagdad, puis il accompagna Baha'u'llah dans chaque étape de son exil, jusqu'à Acre. Il gagnait sa vie comme tisserand et charpentier. Plus tard, pendant la période d'Acre, il fut gardien de la maison de Baha'u'llah et lui servait aussi de garçon de bain. Il mourut vers 1920 et est enterré à Acre.

Muhammad-Riday-i-Qannad-i-Shirazi, Aqa :

Aqa Muhammad-Rida, né à Chiraz, vivait à Bagdad quand il entendit parler de la Foi et crut. Il possédait une petite boutique de pâtisserie et Mirza Mahmud-i-Kashani devint son partenaire. 'Abdu'l-Baha dit qu'ils étaient devenus comme deux frères. Il accompagna Baha'u'llah dans tous ses exils et servit Baha'u'llah puis 'Abdu'l-Baha comme intendant jusqu'à sa mort en 1912. Il est enterré à Acre. (cf Mémorial des fidèles)

Muhammad-Sadiq-i-Isfahani, Aqa :

Aqa Muhammad-Sadiq avait trois frères et tous les quatre, avec leur oncle, vivaient près de la maison de Baha'u'llah à Bagdad. C'est ainsi qu'ils connurent la Foi et devinrent des croyants. Lorsque Baha'u'llah quitta Bagdad, Aqa Muhammad-Sadiq l'accompagna jusqu'à Andrinople où il reçut la permission de retrouver sa famille à Bagdad. Il fut parmi les baha'is exilés à Mosul où il mourut.

Muhammad-Taqi, Shaykh, 'Allamiy-i-Nuri:

Shaykh Muhammad-Taqi, connu sous le nom de 'Allamiy-i-Nuri, naquit à Nur en 1787, fils de Mirza 'Ali-Muhammad-i-Mustawfi. Ayant terminé ses études religieuses à Najaf et Kerbéla, il revint à Nur où il devint l'un des principaux mujtahids de son époque et la principale autorité religieuse du Mazandéran. Il donnait des cours à Yalrud et à Sa'adat-Abad où, plus tard, unre mosquée reçut son nom. Mirza Buzurg, le père de Baha'u'llah, en fit son exécuteur testamentaire. Shaykh Muhammad-Taqi mourut en 1259 de l'hégire (1843-1844).

Munir, Mirza Aqay-i-, Jinab-i-Munib :

Mirza Aqay-i- Munir était de Kashan. Son père, un marchand, était un ennemi actif de la religion du Bab. Mirza Aqa rencontra des babis peu après le martyre du Bab et devint un des croyants. Il cacha d'abord sa nouvelle croyance à son père, mais peu à peu, le fait qu'il soit babi fut connu de tous. L'ouléma de Kashan déclara qu'il était un incroyant et réclama son sang. Son père, craignant pour sa propre sécurité décida de se débarrasser de ce fils encombrant et, avec l'aide de quelques complices, le captura, le ligota et l'emporta hors de la ville avec l'intention de le tuer. Mais Mirza Aqa réussit à s'évader et s'enfuit à Bagdad où il s'installa et s'occupa à recopier les textes saints babis. Il revint en Perse, à pied et visita Téhéran, Qazvin, Nayriz et d'autres lieux où il distribuait ces textes aux croyants. Au cours du voyage entre Bagdad et Istanbul, il marcha devant le palanquin de Baha'u'llah en portant une lanterne. À Istanbul, Baha'u'llah lui demanda de retourner en Irak et en Perse pour y enseigner la Cause et confirmer les croyants. C'est pendant qu'il était en Perse qu'il reçut, d'Andrinople, une épître de Baha'u'llah lui enjoignant d'informer les babis d'Iran qu'il avait déclaré être "Celui que Dieu manifestera", le Promis du Bab. Il fut ainsi le premier à l'annoncer aux babis de Téhéran et d'ailleurs. Il revint à Andrinople peu avant le départ de Baha'u'llah pour son dernier exil à Acre. Il insista pour accompagner les exilés malgré la maladie qui le frappait déjà. À bord du bateau il devint de plus en plus malade jusqu'à ce que le capitaine insiste pour le débarquer à Smyrne. 'Abdu'l-Baha le conduisit à l'hôpital de cette ville où il mourut peu après. Baha'u'llah l'a honoré du titre de Ismu'llahu'l-Munib: le Nom de Dieu, le Suzerain. (cf Mémorial des fidèles)

Murtiday-i-Ansari, Shaykh :

Shaykh Murtiday-i-Ansari est né à Dizful, dans le sud-ouest de la Perse vers 1799. Il étudia en Irak, avec les plus grands mujtahids du monde chiite puis voyagea dans toute la Perse avant de s'installer à Najaf en 1833. Vers 1850, après le décès d'autres mujtahids importants, il fut reconnu, tant en Irak qu'en Perse et en Inde, comme le premier des mujtahids du monde chiite. Il était célèbre pour sa mémoire, sa rapidité à résoudre des problèmes difficiles, et son détachement. On dit qu'à sa mort il ne possédait que sept tumans qui étaient la somme de ses dettes, au contraire d'autres mujtahids comme Shaykh Muhammad-Baqir, dit "le Loup" et Haji Mulla 'Aliy-i-Kani qui s'enrichirent énormément. Il mourut à Najaf le 18 novembre 1864.

Mustafa Nuri Pasha :

Mustafa Nuri Pasha était le fils de Hasan Agha, un résident de Qandili. Très tôt orphelin de père, il fut élevé par Ja'far Agha, le mari de sa grand-mère. En 1813, il était employé à la cour royale puis passa au Trésor. Il devint Katib-i-Sirr, secrétaire particulier du sultan. Il fut plusieurs fois gouverneur, notamment à Bagdad de 1860 à 1861. Lorsqu'il mourut en 1879, il était l'un des pachas les plus vieux.

Namiq Pasha (Mehmad Namik Pasa):

Namiq Pasha est né en 1804 à Konya. Il entra dans l'armée récemment transformée par le sultan ottoman Mahmud II et fut envoyé à Paris pour y être entraîné. Lorsqu'il revint, il fut rapidement promu au rang de général et fut plus tard envoyé comme ambassadeur à Londres (1834). Promu au rang de Mushir (maréchal) il créa, avec Ahmed Fevzi Pasha, la première académie militaire de l'empire ottoman. Il occupa ensuite des postes importants, notamment comme gouverneur de Bagdad (1851-1852), Mushir du Tupkhanih (1852), gouverneur de Basrah (1854-1857), gouverneur d'Arabie (1857-1858), puis de nouveau gouverneur de Bagdad (1861-1868). Il revint quelque temps à Paris avant d'arriver au plus haut grade de l'armée: Saraskar. Il occupa aussi plusieurs postes ministériels ; notamment ministre sans portefeuille dans le gouvernement de Muhammad Rushdi, en 1876. Il parlait le français, l'anglais et l'arabe et, bien que connu comme un libéral dans sa jeunesse, avec les années, il devint de plus en plus conservateur. Il était l'un des plus vieux pachas lorsqu'il mourut en 1892.

Nazar-'Ali, Mirza, Hakim-Bashi :

Mirza Nazar-'Ali, né à Qazvin, pratiquait la médecine à Hamadan à l'époque où Muhammad Mirza (qui deviendrait Muhammad Shah) en devint gouverneur. Il fut remarqué par Muhammad Mirza lorsqu'il réussit à le soigner d'une attaque de goutte là où d'autres médecins avaient échoué. Connaissant l'inclination du prince pour le soufisme, Mirza Nazar-'Ali se dota des signes extérieurs d'un soufi afin d'augmenter son influence sur le prince héritier. Lorsque le prince devint chah, Mirza Nazar-'Ali fut nommé Hakim-Bashi et conserva son influence, allant jusqu'à contester l'autorité du premier ministre Haji Mirza Aqasi. L'hostilité entre eux prit de grandes proportions et finalement, après la découverte d'un complot contre le Premier ministre, Mirza Nazar-'Ali fut exilé. Il se réfugia à Qom et y resta jusqu'à la mort de Muhammad Shah. Il fit alors un dernier effort pour devenir Premier ministre, mais il fut renvoyé à Qom où il mourut.

Rida, Aqa:

voir Muhammad-Riday-i-Qannad-i-Shirazi, Aqa

Rida, Shatir-Rida :

Shatir-Rida, d'Ardikan devint un croyant dans les premiers jours de la religion babie, et fut vite connu comme tel. Il rencontra une opposition croissante dans sa ville natale et fut souvent arrêté. Puis il dut quitter Ardikan et vécut pendant quelque temps dans le désert jusqu'à ce qu'il arrive à Bagdad. Il ouvrit une boulangerie à côté de la maison de Baha'u'llah et devint le fournisseur de la Sainte Famille et des croyants. Après le départ de Baha'u'llah, il retourna en Ardikan où il continua à vivre de son pain. Il fut de nouveau forcé de partir et s'installa quelque temps à Yazd. Il mourut à Ardikan à un âge avancé.

Safa, Haji Mirza :

Rida-Quli, appelé aussi Qanbar-'Ali et mieux connu sous le nom de Haji Mirza Safa, naquit dans une famille de Savad-Kuh, dans le Mazandéran. Né en 1212 de l'hégire (1797-1798), il étudia auprès des grands mujtahids d'Irak avant de revêtir le costume d'un derviche de l'ordre Ni'matu'llahi, voyagea dans le proche-orient et l'Afrique du nord et accomplit le pèlerinage à La Mecque au cours de ses errances. Ses voyages l'amenèrent à Istanbul où il devint le murshid (guide spirituel) de Mirza Husayn Khan, l'ambassadeur de Perse. Lorsque Mirza Husayn Khan devint Premier ministre, Haji Mirza Safa vint à Téhéran et résida dans sa demeure. Il continua à exercer une grande influence sur le Premier ministre jusqu'à sa mort en 1874. Mirza Husayn Khan fit construire un mausolée entouré de jardins sur sa tombe.

Sa'id Khan-i-Ansari, Mirza, Mu'taminu'l-Mulk:

Mirza Sa'id Khan-i-Ansari est né en 1231 de l'hégire (1815-1816), fils du Shaykhu'l-Islam de Garmrud. Il reçut l'éducation d'un mollah et le serait probablement resté sans sa rencontre avec Mirza Taqi Khan, l'Amir-Nizam qui l'employa comme son secrétaire privé. Il devint ministre des Affaires étrangères en 1852. Il resta à ce poste jusqu'en 1873, où il fut remplacé par Mirza Husayn Khan, et devint Mutavalli-Bashi du mausolée de l'Imam Rida à Mashhad. Il redevint ministre des Affaires étrangères en 1880 et resta à ce poste jusqu'à sa mort le 5 mars 1884. Trois ans après sa mort, son fils apporta à la Cour un millier de lettres envoyées à son père au cours des années par les diplomates persans à l'étranger et par les diplomates européens à Téhéran ; aucune n'avait été ouverte. C'est ainsi que le ministère des Affaires étrangères de Perse avait été géré pendant un quart de siècle.

Sidq-'Aliy-i-Qazvini, Darvish :

Darvish Sidq-'Ali résidait à Qazvin lorsqu'il entendit parler de la Foi et il quitta la Perse pour Bagdad. Il devint l'un des compagnons de Baha'u'llah et le suivit dans tous ses exils. Baha'u'llah lui fit l'honneur de choisir un jour particulier, chaque année, qui lui est consacré et au cours duquel tous les derviches devraient se réunir. Il mourut en 1299 de l'hégire (1880-1881) et sa tombe est à Acre. (voir Mémorial des fidèles).

'Umar Lütfi Pasha :

Michel Lattas (plus tard, 'Umar Lütfi Pasha) Croate autrichien, est né à Plaski en 1806. À la suite de bouleversements politiques en Hongrie, il se réfugia en Turquie en 1828, se convertit à l'islam et changea de nom. Il devint l'un des principaux dignitaires de l'empire ottoman. Il devint Sardar Akram, commandant en chef des armées turques en 1855 et gouverneur général d'Irak en 1858-1859. Comme gouverneur de Bagddad il fut remarqué pour son traitement sévère de tribus dissidentes. Il mourut à Istanbul en 1871.

Ustad Muhammad-'Aliy-i-Salmani :

Ustad Muhammad-'Ali devint croyant au temps du Bab et perdit une oreille dans la persécution de 1852. Il vint ensuite à Bagdad et accompagna Baha'u'llah jusqu'à Andrinople. Dans ce livre, on parle des événements qu'il connut à Andrinople, de son arrestation et de sa déportation en Perse, de sa libération par les Kurdes et de son arrivée à Acre. Parce que l'eau de la ville n'était pas potable, il décida de transporter de l'eau, dans des peaux de chèvres, sur une longue distance, afin que la Sainte Famille et les compagnons puissent boire de l'eau claire. Il fut impliqué dans le meurtre des azalis et, après sa libération de prison, s'installa dans une petite boutique du bazar où il pratiquait des opérations chirurgicales mineures. Après l'ascension de Baha'u'llah il s'installa à 'Ishqabad jusqu'à sa mort.

Yusuf-i-Ashtiyani, Mirza, Mustawfiyu'l-Mamalik :

Mirza Yusuf-i-Ashtiyani, est né en 1812. Son père, le Mustawfiyu'l-Mamalik, était chargé des Finances et, à la mort de son père en 1845, il hérita du titre et de la position. Très opposé à Mirza Aqa Khan-i-Nuri, il vécut retiré à Ashtiyan pendant tout le temps où ce dernier fut Premier ministre. Après la chute de Mirza Aqa Khan-i-Nuri, il occupa plusieurs positions gouvernementales importantes, sans jamais lâcher le poste prestigieux et très lucratif de ministre des Finances. De 1867 à 1871, il fut le principal ministre du chah. Mais lorsque Mirza Husayn Khan vint au pouvoir en 1871, Mirza Yusuf se retira de nouveau jusqu'à la chute de Mirza Husayn Khan en 1873. Il retrouva alors son ancien poste. Il reçut en 1877 le titre de Vazir-i-A'zam et agit comme Premier ministre sans avoir vraiment le titre de Sadr-i-A'zam avant 1881. Il mourut en 1886.

Yusuf Kamal Pasha :

Yusuf Kamal Pasha est né en 1808. Orphelin dès son plus jeune âge, il fut élevé par son oncle 'Uthman Pasha, un des plus célèbres ministres de son époque. Yusuf Kamal entra au service de l'État comme secrétaire en 1829. Il grimpa progressivement les échelons et arriva à des postes importants, ayant plusieurs fois des responsabilités ministérielles et devenant membre du Conseil d'État. En 1861, il fut nommé adjoint de Fu'ad Pasha, le grand vizir, et le remplaça lorsque celui-ci démissionna. Yusuf Kamal Pasha mourut à Istanbul en 1876.


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Glossaire

'Aba. Cape ou houppelande.

Aghsan. Branches ; ce sont les fils et les descendants mâles de Baha'u'llah.

Ajùdan-Bashi. Adjudant chef.

Amir-i-Divan. Chef de la cour.

Andaruni. Partie intérieure d'une maison, réservée aux dames.

Ayvan, ivan. Véranda, portique.

Azali. Partisan de Mirza Yahya, Subh-i-Azal.

Baba. Père.

Bast. Sanctuaire. Un basti s'y est réfugié.

Big-Bashi. Major dans l'armée turque.

Birùni. Partie extérieure d'une maison, réservée aux hommes.

Cadi. Juge.

Chiites. Disciples du premier lmam, 'Ali, cousin et gendre de Muhammad, l'un de ses successeurs héréditaires ; les sunnites, plus nombreux, s'en tiennent à la suite des califes élus qui commence avec Abù-Bakr.

Derviche. Un soufi ayant fait le voeu de pauvreté.

Farman. Ordre or décret.

Farman-Farma. Commandant.

Farrash. Valet de pied, garde

Farrash-Bashi. Chef des gardes ou chambellan.

Farrash-Khanih. Institution du Farrash-Bashi.

Ghusnu'llahu'l-A'zam (Ghusn-i-A'zam). La Plus-Grande-Branche.

Haji. Musulman qui a fait le pèlerinage à La Mecque, ou Hajj.

Huququ'llah. Droit de Dieu: paiement par les croyants institué dans le Kitab-i-Aqdas.

Ijtihad. Droit des religieux chiites à publier ex cathedra des décrets et des jugements.

Ilkhani. Chef de clan.

Imam. Pour les chiites, concerne en particulier l'un des douze successeurs apostoliques de Muhammad. Un imam est aussi celui qui conduit la prière d'une assemblée.

lmam-Jum'ih. Membre des oulémas qui dirige la grande prière du vendredi.

Jihad. Guerre sainte.

Kad-khuda. Chef d'un village ou du quartier d'une ville.

Kalantar. Maire.

Kashkul. Bol utilisé par les derviches pour mendier.

Khan. Prince ou chef. Un khan est aussi une auberge.

Liman. Prison.

Madrisih. École ou collège religieux.

Mahdi. La Manifestation attendue par les musulmans à la fin des temps.

Mir-Alay. Colonel dans l'armée turque.

Mirza. Prince lorsque placé après le nom, simplement "monsieur" placé avant.

Mudir. Gouverneur local, sous l'autorité du Qa'im-Maqam.

Mujtahid. Docteur de la Loi.

Mulla. Quelqu'un qui a reçu une éducation théologique.

Murshid. Guide spirituel soufi.

Mutasarrif. Gouverneur, sous l'autorité du Vali.

Mutavalli. Gardien d'une fondation religieuse.

Pacha. Titre honorifique donné en Turquie aux gouverneurs de province, aux ministres, aux officiers supérieurs.

Qa'im. "Celui qui se lèvera", le Promis de l'islam chiite.

Qa'im-Maqam. Gouverneur local, sous l'autorité du Mutasarrif.

Qalyan. Narguilé.

Quffih. Bateau rond, couvert.

Sadr-i-A'zam. grand vizir, Premier ministre.

Sardar. Sirdar, chef militaire.

Seraye. Siège du gouvernement, centre administratif du gouvernement.

Shatir-Bashi. Messsager en chef.

Shaykh. Ancien, enseignant, maître derviche, etc.

Shaykhi. Membre de l'école fondée par Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i.

Siyyid. Descendant de Muhammad ; a le droit de porter un turban vert.

Soufi. Mystique musulman.

Surih. Sourate, chapitre du Coran.

Taj. "couronne", couvre-chef en feutre.

Takyih. Séminaire soufi.

Tuman. Unité de monnaie persane.

Ouléma. "Ceux qui savent", théologiens.

Vali, Gouverneur-général d'une province turque.

Vizir, ministre d'État.

Vazir-Nizam. Ministre des armée.

Vilayat. Province turque.

Yùz-Bashi. Centurion, chef d'un groupe de cent hommes.


Références

PRÉFACE À LA VERSION FRANÇAISE
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 101.
2 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p 89.
3 Baha'u'llah, Florilège, n° 19.
4 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 109.
5 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 95.
6 Shoghi Effendi, L'ordre mondial de Baha'u'llah, p. 178.

INTRODUCTION
1 Byron, The Road to Oxiana, p. 243-4 (traduction française P. Spierckel).
2 Traduction d'après H. M. Balyuzi.
3 Traduction d'après H. M. Balyuzi.
4 Tiré d'une compilation publiée il y a quelques années par l'Assemblée
Spirituelle Nationale des Baha'is d'Iran.

LA FAMILLE DE BAHA'U'LLAH
1 Ferrier, Caravan Journeys, p. 503-5.
2 Baha'u'llah, Épître au Fils du Loup, p. 196.

L'AUBE
1 Traduction d'après H. M. Balyuzi.
2 Traduction d'après H. M. Balyuzi.
3 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 3-7.
4 ibid. p. 7.
5 Ross (ed.), A Persian Anthology, p. 72 traduction E. G. Browne. (traduction française P. Spierckel).
6 Nabil, La chronique de Nabil, p. 81.

EN ROUTE VERS LA CAPITALE
1 Nabil, La chronique de Nabil, p. 77.
2 Nabil, La chronique de Nabil, p. 85.
3 Nabil, La chronique de Nabil, p. 99-102.

PREMIER EMPRISONNEMENT
1 Voir Balyuzi, The Bab, p. 166-7.

LA CONFÉRENCE DE BADASHT
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 30.
2 Nabil, La chronique de Nabil, p. 277.
3 Nabil, La chronique de Nabil, p. 279.
4 Nabil, La chronique de Nabil, p. 279.
5 Nabil, La chronique de Nabil, p. 280.
6 Coran, sourate 56, traduction de Kasimirski.
7 Nabil, La chronique de Nabil, p. 282.

DE BADASHT À SHAYKH TABARSI
1 Nabil, La chronique de Nabil, p. 282.
2 Nabil, La chronique de Nabil, p. 330.

DEUXIEME EMPRISONMENT
1 Notes prises par le Dr Lutfu'llah Hakim d'une causerie de 'Abdu'l-Baha's à des pèlerins, en août 1919.
2 Nabil, La chronique de Nabil, p. 345.
3 Nabil, La chronique de Nabil, p. 548.
4 Baha'u'llah, Épître au Fils du Loup, p. 88.

UNE ANNÉE IMPORTANTE
1 Nabil, La chronique de Nabil, p. 432-433.
2 Nabil, La chronique de Nabil, p .406-407.
3 Nabil, La chronique de Nabil, p. 407.
4 Blomfield, The Chosen Highway, p. 22 (traduction française P. Spierckel).
5 Nabil, La chronique de Nabil, p. 472-473.

UN AN À KERBÉLA
1 D'après l'histoire inédite de Nabil.
2 Paraphrase de Nabil, La chronique de Nabil, p. 30.

LA CHUTE DE L'AMIR KABIR
Sykes, History of Persia, vol. 11, P. 346 (3rd edn).

LA FOLLE TENTATIVE D'ASSASSINER NASIRI'D-DIN SHAH
Baha'u'llah, Épître au Fils du Loup, p. 23.

NAISSANCE DE LA RÉVÉLATION BAHA'IE
1 Baha'u'llah, Épître au Fils du Loup, p. 89.
2 Nabil, La chronique de Nabil, p. 582-584.
3 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 96-97, notes. Ce sont les paroles de Baha'u'llah qui sont citées ici.

LES MARTYRS BABIS DE 1852
1 Browne, Materials for the Study of the Babi Religion, p. 268-71.
2 Nabil, La chronique de Nabil, p. 574.
3 Browne, The Traveller's Narrative, vol. 11, p. 334.
4 Nabil, La chronique de Nabil, p. 574.

L'HISTOIRE D'UN JEUNE SHIRAZI
1 Nabil, La chronique de Nabil, p. 77-80.
2 Baha'u'llah, Les paroles cachées révélées en persan n° 4, p. 32-33.
3 Nabil, La chronique de Nabil, p. 584.
4 Thompson, 'Abdul Baha's First Days in America, p. 34.

LIBÉRATION ET EXILS
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 100.
2 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 102.
3 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 103.
4 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 103

BAGDAD, LA PREMIÈRE ANNÉE
1 Baha'u'llah, Épître au Fils du Loup, p. 189.
2 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 109.
3 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 109-110. La phrase entre crochets est une addition de l'auteur tirée de l'histoire inédite de Nabil.
4 Histoire inédite de Nabil.
5 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 110.
6 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 110-111.
7 Histoire inédite de Nabil.
8 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 112-113.

SULAYMANIYYIH
1 Baha'u'llah, Le livre de la certitude, p. 119-120.
2 Nabil, La chronique de Nabil, p. 548-549.
3 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 113, avec des extraits supplémentaires traduits par l'auteur.
4 Thomas (ed.), Memoirs by Commander James Felix Jones, p. 207-8 (traduction française P. Spierckel).
5 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 118.
6 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 119.
7 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 119.

BAGDAD - AMIS ET ENNEMIS
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 119.
2 Baha'u'llah, Le livre de la certitude, p. 120-121.
3 Récit tiré de l'Histoire inédite de Nabil.
4 Récit tiré du journal inédit de Aqa Rida.

BAGDAD, LES DERNIÈRES ANNÉES
1 'Abdu'l-Baha, Les leçons de Saint-Jean d'Acre, chap. 9.
2 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 136.
3 Shoghi Effendi, The Promised Day Is Come, p. 88.
4 Nabil, La chronique de Nabil, p. 132.
5 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 125-126.
6 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 125.
7 ibid. p. 142. La phrase suivante est tirée du Coran, 8:30.
8 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 137-138.

TRACES DE LA PLUME TRÈS EXALTÉE
1 Baha'u'llah, Les paroles cachées en arabe 0, 3, 7, 12, 14, 22, en persan 44, 4, 47, 48, 49, 64.
2 Extraits de Baha'u'llah, Les sept vallées, les quatre vallées, édition Meb 2004.
3 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 132-133.
4 Baha'u'llah, Le livre de la certitude, p. 49-50.
5 Baha'u'llah, Le livre de la certitude, p. 48-49.

LA MARCHE DU ROI DE GLOIRE
1 Baha'u'llah, Extraits des Écrits de Baha'u'llah, sect xiv…
2 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 145.
3 'Abdu'l-Bahà, Memorials of the Faithful, p. 145-6.
4 "Star of the West", vol. XII (1922-3), p. 277-8.
5 Extrait d'un tablette inédite, traduite d'après le texte de H. M. Balyuzi.
6 "Star of the West", idem, p. 278.
7 ibid.
8 La plupart des informations géographique et historiques non-baha'ies sont tirées de Reclus, La géographie universelle.

DANS LA VILLE DE CONSTANTIN
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 152.
2 ibid.
3 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 151.
4 Baha'u'llah, La proclamation de Baha'u'llah, p. 47-54.
5 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 152.
6 Baha'u'llah, Florilège, n° 113.
7 Baha'u'llah, Épitre au Fils du Loup, p. 77-78.
8 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 149-150, 153.

ANDRINOPLE, LA LOINTAINE PRISON
La citation en tête du chapitre est tirée de l'Épître à Ahmad qu'on trouve dans la plupart des livres de prières baha'is.
2 Baha'u'llah, Florilège, n° 152.
3 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 155-158.
4 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 158.
5 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 158-159.
6 Voir Balyuzi, Granville Browne and the Baha 'i Faith, p. 83-4.
7 ibid. p. 36.
8 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 162-163.
9 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 162-16.

ANDRINOPLE, LES DERNIÈRES ANNÉES
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 170.
2 Balyuzi, 'Abdul-Baha, p. 22-23.
3 Balyuzi, The Bab, p. 51-52.
4 ibid. p. 185-8.

LE BANNISSEMENT À ACRE
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 170-71.
2 ibid. p. 171.
3 Cité aussi ibid. p. 171.
4 Shoghi Effendi, Voici le jour promis, chapitre 23.
5 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 172.
6 Tiré de l'histoire inédite de Nabil.

L'ARRIVÉE À ACRE
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 172-173.

LE SEIGNEUR DES ARMÉES
1 La Bible, Psaumes 24: 9-10.
2 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 175.
3 La Bible, Ezéchiel, 43: 1-2, 4.
4 Cité dans Baha'u'llah, Épître au Fils du Loup, p. 179.
5 'Abdu'l-Baha, Les leçons St-Jean-d'Acre, chap 9.
6 La Bible, Esaïe 35: 1-2.
7 La Bible, Amos 1:2.
8 La Bible, Michée 7:12.

LA VIE DANS LA CASERNE
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 179.
2 ibid 178.
3 ibid 178.
4 Traduit d'après H. M. Balyuzi.
5 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 179.

L'HISTOIRE DE BADI'
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 203.
2 D'après l'histoire non publiée de Nabil.
3 Traduction d'après celle de H. M. Balyuzi.
4 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p.191.
5 Traduction d'après celle de H. M. Balyuzi.
6 Cité dans Browne, A Traveller's Narrative, vol. 11, p. 391-2.
7 From Haydar-Ali, Bihjatu's-Sudur, traduit par H. M. Balyuzi.
8 Baha'u'llah, La proclamation de Baha'u'llah, p. 57-60.

LE GRAND SACRIFICE
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 180.
2 ibid, 180.

LES PORTES S'OUVRENT
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 181.
2 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 181.
3 Prières baha'ies, 2002. p. 209-214.
4 Browne, Materials for the Study of the Bàbi Religion, p. 53-4.
5 lshraq-Khavari, Rahiq-i-Makhtum, vol. 11, p. 147, traduit par H. M. Balyuzi.
6 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p.181.
7 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p.182.
8 ibid, 182.
9 ibid, 182.

LA ROUE TOURNE
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p.183.
2 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p.183.
3 Balyuzi, Granville Browne and the Bahà'i Faith, p. 21-3.

LE MARIAGE DE LA PLUS-GRANDE-BRANCHE
1 Ce chapitre est, en grande partie, inspiré par cette autobiographie.
2 Coran 2:81 et 36:2.

DERNIÈRES ANNÉES DERRIÈRE LES MURS
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 204. 250-206.
2 Shoghi Effendi, Synopsis & codification du Kitab-i-Aqdas, p. 3.
3 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p.184.
4 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p.193.
5 Esslemont, Baha'u'llah et l'ère nouvelle, chapitre 3.
6 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p.193.
7 Esslemont, Baha'u'llah et l'ère nouvelle, chapitre 3.

LES ANNÉES À BAHJI
1 Esslemont, Baha'u'llah et l'ère nouvelle chapitre 3, § 12.
2 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 184.
3 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 185.
4 Browne, A Traveller's Narrative, vol. II, xxxix-xl.
5 Baha'u'llah, Florilège, n° 11.
6 Baha'u'llah, Tablettes de Baha'u'llah révélées après le Kitab-i-Aqdas, p. 237.
7 Browne, idem, xxxvi.
8 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p.196-197.
9 ibid. p 197.
10 Mirzà Abu'l-Fadl. The Bahà'i Proofs, p. 70-72.

ACTIVITÉS DES AZALIS À CONSTANTINOPLE
1 Baha'u'llah, Épître au Fils du Loup, p. 161, 163,165.
2 Baha'u'llah, Épître au Fils du Loup, §179-180-181.

EXTRAITS D'UNE AUTOBIOGRAPHIE
Tous les extraits de cette autobiographie furent traduits par H. M. Balyuzi.
1 Traduit par H. M. Balyuzi.
2 Baha'u'llah, Tablettes de Baha'u'llah révélées après le Kitab-i-Aqdas, p. 89.
3 Traduit par H. M. Balyuzi.

L'ASCENSION DE BAHA'U'LLAH
1 Paroles de 'Abdu'l-Bahà citées dans Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 228.
2 ibid. p. 239.
3 Baha'u'llah, Tablettes de Baha'u'llah révélées après le Kitab-i-Aqdas, p. 229.
4 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 229.
5 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 212-213.

LE RÈGNE DÉSASTREUX DE NASIRI'D-DIN SHAH
1 Mulk-Ara, Sharh-Hal-i-'Abbas Mirza, Mulk-Ara, p. 62-5.
2 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p.189-190.
3 Chirol, Fifty Years in a Changing World, p. 144-58, pour les extraits qui suivent.
4 Kelly, Britain and the Persian Gulf, p. 557-8.
5 Traduction de H. M. Balyuzi.
6 I'timadu's-Saltanih, Ruznamiy-i-Khatirat, p. 129, 136, 143, 145.
7 Voir Balyuzi, Edward Granville Browne and the Baha'i Faith, p. 89, 93-4.
8 Voir ibid., dans l'index pour Jamalu'd-Din al-Afghani, Siyyid.
9 Kedourie, Afghani and 'Abduh, p. 63.
10 Halabi, Zindigi va Safarhay-i-Siyyid Jamalu'd-Din-i-Asadabadi, p. 8 de la préface.
11 Browne, The Persian Revolution, p. 11.

CONSÉQUENCES DU SIÈGE DE PLEVNA
1 Anderson, The Balkan Volunteers, p. 148-52, 181-2.

LE GÉNÉRAL GORDON À HAÏFA ET ACRE
1 Oliphant, Haïfa or Life in Modern Palestine, p. 274-80.

NOTES BIOGRAPHIQUES
1 Shoghi Effendi, Dieu passe près de nous, p. 79.

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